La Sicile est la plus grande ile de la Méditerranée. La présence juive remonte au premier siècle de l'ère commune. Après près de deux siècles d'occupation musulmane, la Sicile vit l'ère normande (1060 - 1194) caractérisée par la libération pour les juifs et chrétiens du statut cruel et inhumain de la dhimmitude, la prospérité économique et une brillante vie artistique. Arte diffusera le 8 mars 2025 à 20 h 55 « La Sicile normande », documentaire de Klaus T. Steindl.
Manuscrits hébreux d’Italie dans les collections de la BnF
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« Le résolu » (Il Risoluto. Piero, Mussolinis Kindersoldat ; The Resolute) par Giovanni Donfrancesco
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Durant l'Antiquité, des colonies grecques sont fondées en Sicile (735 - 275 avant l'ère commune), puis l'île est romanisée (241 avant l'ère commune - 535). La présence juive est attestée dès le Ier siècle. Au cours des premiers siècles, les juifs vivent à Palerme, Messine et Catane.
Pendant quatre siècles, la Sicile devient byzantine (535 - 902). Par le djihad durant un siècle et demi (raids, pillage de Syracuse en 669, sièges), l'île est conquise par des musulmans (827 - 1091). Les Normands libèrent et dirigent la Sicile (1060 - 1194) avant la conquête souabe (1194 - 1268).
Avec le soutien de 300 navires envoyés par les Omeyyades de l'émirat de Cordoue en 830, les musulmans conquièrent en 831 Palerme devenue leur capitale. En plus d'un demi-siècle, ils s'emparent de Messine (842 ou 843), Enna (859), Syracuse (878) après un siège de neuf mois, Taormine (902) et Rometta (965). En 916, la Sicile est dirigée par les Fatimides conquérants de l'Afrique du Nord aidés par les Kabyles de la tribu Kutâma. Les Kalbites des Banû Abî l-Husayn s'imposent en émirs héréditaires presque indépendants jusqu'en 1040.
Juifs et chrétiens sous domination islamique sont régis par la dhimmitude : ils sont astreints notamment au paiement de la djizîa (impôt par tête) et du kharâj (impôt foncier augmenté).
Aux Xe et XIe siècles, des colons arabes et berbères fuient la misère et la famine en Afrique du nord et se fixent dans une Sicile florissante, à l'agriculture développée. Ils sont rejoints par leurs coreligionnaires d'Espagne, de Syrie, de Perse et d'Inde. Des tensions surgissent entre ces musulmans aux origines diverses.
A l'aube du XIe siècle, des divisions politiques et coups d'Etats affaiblissent le pouvoir islamique. La répression exercée par Dja'far s'avère brutale : Berbères exilés en Ifriqiya, esclaves noirs tués. Des rivalités dynastiques induisent une opportunité pour les Romains d'Orient qui, en 1037, organisent une expédition de reconquête placée sous l'autorité du général Georges Maniakès. Forts de "15 000 chrétiens siciliens et des mercenaires normands prêtés par le prince lombard Guaimar IV de Salerne", ils conquièrent Messine et des sites près de l'Etna. Profitant du départ du général Maniakès pour Constantinople, les Arabes récupèrent en 1042 tous les lieux perdus.
Des frères hobereaux normands, domine la Calabre. "Avec l'onction du pape Nicolas II, le comte Robert, dit Guiscard, investi duc de Pouille, de Calabre, et de la Sicile à conquérir, et son frère cadet Roger, envahissent l'île pour la reprendre aux Arabes."
Une trentaine d'années sont nécessaires à la conquête normande de la Sicile (1060-1090). En 1072, après six mois de siège, Palerme se livre aux Normands. Les deux frères normands se répartissent le pouvoir : Robert est duc de Pouille et de Calabre, Roger est grand-comte de Sicile, autonome malgré la souveraineté de son frère qui conserve la suzeraineté sur Palerme, la moitié de Messine et le Val Demone. Malgré d'insuffisants ressources financières et soldats, la conquête de la Sicile par les Normands se poursuit par les prises de Trapani (1077), Taormine (1079), Syracuse (1085), Agrigente et Castrogiovanni (1086) et Noto (1091).
Roger devient un des souverains les plus riches et puissants d'Occident, et dirige la Sicile devenue un Etat indépendant. Il est nommé par le pape légat apostolique (1098). Sa dynastie autorise les musulmans à pratiquer la sharia.
Le fils du Grand comte, Roger II, renforce son pouvoir en Italie face à l’empereur d’Allemagne et la papauté bénéficiant du soutien de rois chrétiens, et aux républiques marchandes italiennes et Byzance. Il conquiert l'Ifriqiya jusqu'à Kairouan. Légitimé « roi de Sicile, du duché de Pouille et de la principauté de Capoue » par le pape Innocent II en 1139, il organise les Assises d'Ariano de 1140 qui assouplissent le féodalisme, introduit par les Normands, par des influences théocratiques byzantines, et dirige une administration royale efficace.
Les rois normands tolérants gardent une administration composée de Juifs, de Grecs, de Lombards, de Français, d'Anglais, et d'Arabes. L'économie, essentiellement agricole, prospère, bénéficiant de la position géographique de la Sicile ; ce qui favorise le commerce maritime en mer Méditerranée. L'art associe des éléments romans, grecs et islamiques, notamment dans l'édification de basiliques. Les intellectuels affluent à la cour du roi de Sicile.
Les Juifs obtiennent la protection et la préservation dirigée. Ils ont le droit de travailler dans la fonction publique, dans le respect de la patrie. En 1171, Benjamin de Tudèle, juif navarrais, mentionne dans son journal de voyage la présence de communautés juives à Palerme et à Messine.
Cependant, les principaux souverains chrétiens, notamment français, anglais et allemands, s'opposent, nouent des alliances fragiles impliquant le Pape. La Sicile est en proie aussi aux révoltes des musulmans. L'ensemble mène à la fin de la période Normande, et l'avènement de l'ère souabe (1194 - 1268). Des rabbins siciliens communiquent avec Moïse Maïmonide sur des thèmes religieux.
Dès le XIIe siècle, débutent des persécutions antisémites - ghettos, port de la rouelle rouge, le Saint empereur romain Frédéric II les protège des Croisés, la communauté juive de Vizzini est expulsée par la reine Blanca en 1415 -, qui culminent avec leur expulsion de Sicile en 1493. Si la plus grande partie des juifs quittent la Sicile essentiellement pour bénéficier de la protection du roi Ferdinand Ier de Naples en se réfugiant dans les Pouilles, en Calabre et à Naples puis à Salonique ou au Caire, environ 9000 juifs se convertissent au christianisme. Par la proclamation du 3 février 1740, les Juifs sont invités à retourner en Sicile. Peu répondent positivement à cette invitation.
Depuis 2008, une vie juive renait en Sicile, notamment à l'initiative du rabbin Stephano Di Mauro, américano-italien descendant de Neofiti d' Italie du Sud.
« La Sicile normande »
Arte diffusera le 8 mars 2025 à 20 h 55 « La Sicile normande », documentaire de Klaus T. Steindl.
« Comment, du milieu du XIe à la toute fin du XIIe siècle, des mercenaires normands ont conquis la Sicile sarrasine pour y bâtir avec Arabes et Grecs l'un des royaumes les plus avancés de ce temps. » Avec les Juifs aussi.
« En 1061, une poignée de mercenaires normands, avec à leur tête un fils de famille noble arrivé d'un petit village du bocage normand, Hauteville-la-Guichard, prend pied sur la côte sicilienne. »
« Roger de Hauteville et sa troupe ont été mandatés par le pape pour reconquérir l'île et l'arracher aux Arabes, qui s'en sont emparés en 831. »
« Ces guerriers redoutables vont mettre trente années à parvenir à leurs fins, mais quand ils entrent enfin dans Palerme, en 1071, leur chef se mue en souverain éclairé. »
« S'appuyant sur la grande qualité de l'administration arabe locale, notamment en matière fiscale, il entreprend de bâtir ce qui sera l'un des royaumes les plus prospères et les plus avancés de son temps. »
« Son fils Roger II de Hauteville, sa petite-fille Constance et son arrière-petit-fils Frédéric II de Hohenstaufen, qui sera l'un des plus grands souverains du Saint Empire romain germanique, vont perpétuer et parachever son œuvre. »
« Comment sont-ils parvenus à ériger une culture cosmopolite qui nous a légué tant de merveilles, notamment architecturales, mais aussi scientifiques ? »
« Un passionnant retour sur une histoire aussi brève que féconde, fruit d'une coopération exceptionnelle entre les peuples réunis sur ce petit territoire : Normands et Arabes, d'abord, mais aussi juifs, Grecs ou Lombards. » Cette manière d'Arte de reléguer les juifs en dernières positions...
« Par le biais de reconstitutions, mais aussi d'entretiens approfondis avec les meilleurs spécialistes de cette période, ce documentaire-fiction retrace en détail l'histoire d'un âge d'or aussi intense que bref, dont toute la Sicile, et Palerme en premier lieu, porte encore le témoignage. »
« La Sicile normande » de Klaus T. Steindl
Autriche, 2022, 1 h 27 mn
Production : Epo-Film
Sur arte.tv du 07/03/2025 au 06/04/2025
Visuels : © Harald Erschbaumer/EPO-Film
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