Pour les Etats-Unis et la Chine, le cinéma constitue à la fois une activité économique générant des revenus dans le monde, et un vecteur de soft power. Le tout sur un fond de rivalité pour la place de première puissance mondiale. Arte diffusera le 12 mars 2025 à 23 h « Hollywood sous influence chinoise » (China vs. Hollywood - Traumfabrik Unter Kontrolle) de Mario Sixtus.
« Autant en emporte le vent » par Victor Fleming, George Cukor et Sam Wood
« L’Homme qui tua Liberty Valance » par John Ford
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« War Story, 1995-1996 » de Mikael Levin
« 1945. L'ouverture des camps en Allemagne », par Serge Viallet
« Images de la libération des camps. Chronique d’un film inachevé », par André Singer
Filmer la guerre : les Soviétiques face à la Shoah (1941-1946)
« Shoah, les oubliés de l’histoire », par Véronique Lagoarde-Ségot
Cinéma et Shoah, de l’affiche au dossier de presse
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Pour les Etats-Unis et la Chine - un des premiers marchés au monde, une société en mutations et avec l'essor d'une bourgeoisie moyenne -, le cinéma constitue à la fois une activité économique générant des revenus estimés en milliards de dollars dans le monde, et un vecteur de soft power. Le tout sur un fond de rivalité pour la place de première puissance mondiale.
"Les liens entre Hollywood et la Chine remontent aux années 1920, où l’influence hollywoodienne est perceptible dans le cinéma de Shanghai, le premier centre cinématographique de la Chine. Entre les années 1930 et 1940, les films américains représentaient 75 % du marché chinois [1]. Après la révolution de 1949, le gouvernement a progressivement bloqué la diffusion des productions hollywoodiennes. Après le déclenchement de la guerre en Corée, les films américains ont été totalement interdits en Chine, où l’industrie a été nationalisée en 1953 sur le modèle soviétique. Un seul film américain y est sorti en 1960, Le Sel de la terre, de Herbert J. Biberman (1954), l’histoire d’une révolte minière au Mexique, principalement l’œuvre d’artistes dont le nom figurait sur la liste noire anticommuniste d’Hollywood. Malgré leur interdiction, les films américains ont continué d’exercer une profonde influence sur le cinéma hongkongais et taiwanais. Après les réformes économiques initiées en 1979 et l’avènement de l’« économie socialiste de marché », le cinéma américain est progressivement revenu sur les écrans chinois, bien qu’il ait dû passer par la censure stricte du gouvernement communiste. L’importation a ensuite été interrompue de 1990 à 1992, après les manifestations de Tiananmen", a écrit Vincent Dozol (Hollywood à l’heure chinoise - Comment la Chine transforme le cinéma mondial, Revue du Crieur 6, 2017/1 N° 6, pages 90 à 101, La Découverte).
Et Vincent Dozol de souligner : "Une nouvelle règle a été édictée en 1994 pour redynamiser le marché domestique : dix blockbusters étrangers ont pu être diffusés chaque année à compter de cette date. Les studios américains ont alors commencé à investir dans des coproductions en Chine, à Taiwan et Hong Kong, et à intégrer des acteurs (Jackie Chan, Jet Li), des chorégraphes spécialistes d’arts martiaux (Yuen Woo-Ping, Cheung-Yan Yuen), quelques réalisateurs (John Woo, Ang Lee, Tsui Hark) et des thématiques chinois dans les productions américaines. Cette tendance concernait essentiellement les films de genre (kung-fu, wu xia pian (« films de chevalerie martiale »), films de sabre, films d’action et films noirs), qui sont devenus des zones de contact entre deux industries et deux cultures. Le volume des investissements américains dans l’industrie cinématographique chinoise a relancé le secteur."
La Chine a recouru à une stratégie efficace soutenue par le pouvoir politique étatique. Elle s'est affirmée dans la production comme un agent majeur. "En 2012, le groupe chinois Wanda a racheté la chaîne américaine de cinéma AMC, pour 2,6 milliards de dollars (2,14 milliards d'euros). En 2016, le même groupe est devenu propriétaire pour 3,5 milliards de dollars (2,88 milliards d'euros) du studio Legendary Pictures, celui de Batman, Interstellar ou encore Warcraft. Et en 2017, la célèbre Paramount a vendu un quart de ses parts pour 1 milliard de dollars (820 millions d'euros) à la société d'Etat Shanghai Film Group Corporation."
"Dès 2018, la Chine inaugure en grande pompe l’ouverture à Qingdao de sa nouvelle cité du cinéma, déjà surnommée Chinawood. Grande comme 500 terrains de football, elle compte une quarantaine de studios parmi lesquels le plus grand du monde. L’objectif : concurrencer les productions d’Hollywood avec des superproductions à gros budgets, stars en tête d’affiche et effets spéciaux à profusion. Un des derniers blockbusters en date : Creation of Gods, une trilogie au budget vertigineux de 440 millions de dollars inspirée d’une légende du 16e siècle. Ces productions restent toutefois sous contrôle étroit du PCC (Parti communiste chinois) avec des thématiques qui oscillent entre glorification de l’histoire chinoise et fonction moralisatrice. Xi Jinping, qui souhaite faire de la Chine “un pays socialiste moderne à tous égards” précisait dans son plan quinquennal 2021-2025 que la République Populaire devait devenir une “forte puissance cinématographique” en 2035." (Radio France, 16 mai 2024)
"Depuis 2007, le nombre de salles cinémas en Chine a été multiplié par 20, pour atteindre 70 000 [en 2020] ! A titre de comparaison, il n’y a qu’un peu plus de 5 200 salles en France… Le nombre de productions chinoises a été multiplié par 5 en moins de 10 ans. [En 2020], 85% des films projetés en Chine sont locaux et 8 des 10 plus grosses recettes, aussi. En 2018, la Chine a produit un millier de films et dessins animés – une autre grande spécialité locale. Les deux seuls pays au monde qui en produisent plus, c’est l’Inde et, on le sait moins, le Nigéria : Bollywood et Nollywood. Au début des années 90, les Chinois ne voulaient voir que des films américains. Or le Parti communiste chinois n’a pas voulu que l’adversaire américain monopolise la narration de l’Histoire, de l’avenir et impose ses valeurs aussi facilement ! D’abord, la Chine a instauré un quota très strict de films étrangers : 35 en 2018, 38 en 2019. Ensuite, elle s’est mise à investir massivement en s’appuyant notamment sur l’expérience cinématographique occidentalisée de Hong Kong. Aujourd’hui, elle triomphe et n’a même plus besoin des films hollywoodiens pour assurer la recette de ses salles. Lorsque les cinémas ont rouvert en juillet, les films américains avaient tous été reportés. Qu’à cela ne tienne, la production locale a pris le relai." (Radio France, 21 octobre 2020)
Année de la pandémie de coronavirus et de confinements dans de nombreux Etats dont la Chine et la France, "2020 a marqué un tournant dans l’histoire du cinéma mondial. Hollywood a dû décrocher son nom tout en haut de l’affiche et céder son leadership à la Chine. Durement touché par la crise sanitaire, le box-office américain a eu bien de la peine à atteindre les 2,3 milliards de dollars, selon les données de Comscore. Une chute vertigineuse de plus de 80 % par rapport aux 11,4 milliards de dollars de 2019. La Chine n’a pas été épargnée non plus. Avec 3,1 milliards de dollars engrangés d’après la plateforme de billetterie Maoyan Entertainment, les salles ont essuyé une baisse de plus de 68 % des recettes comparé aux 9,2 milliards de dollars de l’année précédente. Mais cela ne l’a pas empêchée de devenir le premier marché cinématographique au monde. Au global, il s’est vendu 548 millions de tickets en Chine. À titre de comparaison, les États-Unis en ont écoulé 232 millions, rapporte le site de data The Numbers. Et la France? À peine 65 millions…"
La Chine avait rivalisé, avec succès, notamment sur des superproductions, des films à grand spectacle. Plus d'1,4 milliard de Chinois ont vu The Eight Hundred, cette superproduction "projetée quasi exclusivement en Chine. Il s’agit pourtant du plus gros succès de l’année au box-office mondial. Les recettes de ce film de guerre produit par Huayi Brothers aux accents très nationalistes dont le budget s’élève à 80 millions de dollars ont atteint, entre le 21 août et le 11 octobre 2020, 460 millions de dollars. C’est plus que les 426 millions de Bad Boys, la franchise de Sony Pictures avec Will Smith et Martin Lawrence. Mieux, également, que Tenet , la superproduction américaine de Christopher Nolan et ses 323 millions de dollars. Une exception? Même pas. My People, My Homeland, un autre long-métrage chinois, a déjà récolté 325 millions de dollars après deux semaines d’exploitation en salles, alors qu’il en a fallu six à Tenet pour amasser la même somme. Au palmarès des plus gros succès mondiaux, il faudra aussi compter sur le film d’animation de Beijing Enlight Picture".
En 2022, "avec près de 7,4 milliards de dollars de recettes accumulés au box-office, en hausse de 65 %, les États-Unis sont redevenus le premier marché cinématographique au monde, selon les données de Box Office Mojo. Devant la Chine, qui a chuté de quasiment 40 % et totalisé à peine 4,4 milliards de dollars, soit 3 milliards de moins que l’an passé. Le règne de l’empire du Milieu sur le cinéma mondial n’aura duré que deux ans. Dans le monde, la vente de tickets de cinéma a rebondi de près de 27 %, à 26 milliards de dollars, selon les estimations de Gower Street Analytics. Le secteur dans son ensemble a repris des couleurs, sans pour autant recouvrer toutes ses forces. Avant la crise sanitaire, les recettes culminaient à plus de 42 milliards de dollars… Sacré à nouveau roi du box-office mondial, Hollywood a davantage profité de l’embellie que son rival chinois."
La censure chinoise veille sur les scénarios : c'est "la règle des 3 T : Tibet, Taïwan et Tian’anmen. Ces sujets ultrasensibles passent à la trappe. D’autres sujets également. Certains peuvent paraître anodins, comme les fantômes. D’autres le sont moins, comme tout ce qui a trait à l’homosexualité. Dans « Les Animaux fantastiques », d’après J.K. Rowling, les deux répliques où Dumbledore évoque son homosexualité sont coupées pour la diffusion en Chine. Ce type de censure est prévu dès l’écriture du scénario, de sorte que la coupure n’affecte pas la compréhension de l’intrigue".
Les enjeux culturels, financiers, géopolitiques sont tels que le Président conservateur Donald Trump a nommé, dès le début de son second mandat, trois stars hollywoodiennes, le sexagénaire Mel Gibson, le septuagénaire Sylvester Stallone (Rocky, 1976) et l'octogénaire Jon Voight comme ses « ambassadeurs ». « Ces trois personnes très talentueuses seront mes yeux et mes oreilles, et je ferai ce qu’elles me suggéreront. Ce sera à nouveau […] l’âge d’or de Hollywood ! Ramener l’industrie hollywoodienne, qui a vu beaucoup de ses affaires exportées à l’étranger ces quatre dernières années, sur le sol américain – plus grande, plus belle et plus forte que jamais » a écrit Donald Trump sur son réseau social Truth.
Soit MHGA (Make Hollywood Great Again) afin de récolter des Prix cinématographiques tout en engrangeant de confortables bénéfices dans les salles de cinéma du monde entier et véhiculant les valeurs telles les libertés et la démocratie.
Un défi tant Hollywood est un bastion démocrate, progressiste. Cependant, Disney a abandonné en février 2025 le programme Diversité Équité et Inclusion (DEI) car ses films déplaisaient au public, ce qui pénalisait aussi ses produits dérivés.
"Selon les données de ProdPro, la production globale aux États-Unis a baissé de 26 % par rapport à 2021. Dans l'agglomération de Los Angeles, les productions ont baissé de 5,6 % par rapport à 2023, selon FilmLA, soit le niveau le plus bas depuis 2020".
Dans les années 1980, nombre d'experts et de journalistes prédisaient la fin de Hollywood convoitée par des investisseurs étrangers. Interrogé, le réalisateur Milos Forman se montrait confiant dans la capacité de Hollywood à garder son indépendance et à retrouver sa puissance...
"Feeding the Dragon"
En 2020, a été publié "Feeding the Dragon: Inside the Trillion Dollar Dilemma Facing Hollywood, the NBA, & American Business" ("Nourrir le dragon") de Chris Fenton (Post Hill Press).
"Rythmé comme un thriller, avec des doses comparables d'intrigues et de conflits internationaux, le mémoire d'affaires d'une franchise vivifiante de Chris Fenton, Feeding the Dragon, plonge le lecteur dans les coulisses de l'implantation fragile d'Hollywood en Chine. Traiter au plus haut niveau avec des responsables du gouvernement chinois et de grandes marques américaines comme Disney, Marvel et la NBA, l'ancien serveur d'Olive Garden devenu courtier en pouvoir de l'industrie du divertissement a désarmé et défié les autorités des deux côtés du fossé des superpuissances pour gagner des milliards – et entrer dans l'histoire. Grâce à un style narratif vif et captivant et à un point de vue impartial et privilégié, élaboré au fil des décennies, Feeding the Dragon parvient à être à la fois intemporel et actuel. Des détails captivants sur Robert Downey Jr., LeBron James, Kurt Cobain, Michael Phelps et le génie créatif de l'univers Marvel, Kevin Feige (entre autres), captiveront les fans lambda comme les magnats en herbe. Mais le cœur du récit reste le récit pragmatique de Fenton d'un parcours qui a fait la une des journaux. En fin de compte, l'intrépide dirigeant défend avec brio le pouvoir de la « diplomatie culturelle » : des échanges mutuellement bénéfiques, fondés sur le partage du soft power, comme une meilleure voie à suivre que les lignes de front radicales qui se dessinent à Pékin, Washington et Los Angeles. Riche d'éclairages cruciaux sur des alliances improbables et des idées fausses dangereuses, « Feeding the Dragon » est un livre incontournable pour quiconque s'intéresse à l'avenir des relations sino-américaines et aux réalités du show-business et du sport professionnel d'aujourd'hui. Mieux encore, c'est une aventure extrêmement divertissante pour tous ceux qui aiment les belles histoires…"
"Chris Fenton a produit et supervisé une vingtaine de films au sein de DMG Entertainment, une société chinoise de production cinématographique. On lui doit notamment Looper, avec Bruce Willis, et Iron Man 3. Le producteur dénonce les compromis politiques consentis par l'industrie du cinéma pour ne pas froisser Pékin : "Tout ce que les studios américains ont à faire, affirme-t-il, c'est de se demander : 'Est-ce que ce qu'on fait va plaire au Parti communiste chinois ?' Donc, évite de produire des sujets qui les heurtent. Si ton film implique Taïwan, le Tibet ou encore Hong Kong, ou même les droits de l'homme, ton projet est mort. Tu ne peux pas produire ce genre d'histoire si tu veux faire du business avec la Chine." Son engagement pour la cause tibétaine aurait ainsi coûté de nombreux rôles au célèbre acteur américain Richard Gere. Selon Chris Fenton, "pour profiter du marché", les studios sont prêts à faire des coupes dans un film quand certaines scènes (par exemple de nudité, ou qui montrent la consommation de drogue en Chine) ou certains éléments du scénario (comme un personnage de "méchant" chinois) ne plaisent pas à leurs interlocuteurs chinois." (FranceInfo, 25 février 2021)
"Red Carpet"
En 2022, a été publié "Red Carpet: Hollywood, China, and the Global Battle for Cultural Supremacy" d'Erich Schwartzel (Penguin Random House)
« Red Carpet est l'histoire du lien qui s'est formé lorsque Hollywood a réalisé qu'il avait besoin de l'argent de la Chine, et que la Chine a réalisé qu'elle pouvait d'abord manipuler, puis s'approprier, les dons particuliers d'Hollywood pour l'enchantement, la coercition, le contrôle du mode de vie… »
"Du commerce à la technologie en passant par la puissance militaire, la concurrence entre les États-Unis et la Chine domine le paysage de la politique étrangère. Mais cette lutte pour l'influence mondiale se joue également dans un domaine étrange et inattendu : le cinéma."
"L'industrie cinématographique, explique Erich Schwartzel, journaliste au Wall Street Journal , est le dernier champ de bataille en date dans la rivalité tendue et complexe entre ces deux puissances mondiales. Ces dernières décennies, la Chine, devenue un géant de l'économie internationale, est devenue une source de revenus essentielle pour l'industrie cinématographique américaine."
"Les studios hollywoodiens font désormais tout ce qu'ils peuvent pour produire des films qui plairont aux citoyens chinois et qui obtiendront l'approbation des sévères censeurs du Parti communiste. Dans le même temps, et avec l'aide involontaire des États-Unis, la Chine a fait de sa propre industrie cinématographique un élément essentiel de son plan visant à exporter son programme national vers le reste du monde."
"La concurrence entre ces deux industries cinématographiques est une véritable guerre froide pour ce siècle, un affrontement qui détermine si les valeurs démocratiques ou autoritaires seront diffusées avec le plus de force dans le monde."
"Le tapis rouge regorge de personnages mémorables qui ont, consciemment ou non, joué un rôle clé dans ce réseau industriel complexe : non seulement des stars de premier plan comme Matt Damon, Angelina Jolie et Richard Gere, mais aussi des milliardaires chinois excentriques, des cinéastes expatriés loufoques et des starlettes qui disparaissent de la vie publique sans explication ni trace."
"Schwartzel combine des reportages originaux, l'histoire politique et l'intrigue du show-biz dans une visite exaltante du divertissement mondial, des plateaux de tournage de films de propagande à Pékin aux salles de conférence des studios hollywoodiens jusqu'aux salons au Kenya où les familles décident de regarder un film américain ou chinois."
"Alarmant, parfois absurde et extrêmement divertissant, Red Carpet va non seulement modifier notre façon de regarder les films, mais offrir également une nouvelle perspective essentielle sur la lutte de pouvoir de ce siècle."
"Pour accéder à ce marché [chinois] à la croissance exponentielle (passée de 180 millions de dollars de recettes, en 2004, à plus de 9 milliards, en 2019, soit 8,6 milliards d’euros), les grands studios américains ont multiplié les gestes amicaux – à chaque superproduction sa vedette chinoise – et les investissements, dont le plus spectaculaire fut l’ouverture du parc Disneyland de Shanghai. Mais aussi les gestes d’autocensure. De la sortie sabotée par Disney de Kundun, la biographie filmée du dalaï-lama réalisée par Martin Scorsese en 1997, à la modification, vingt ans plus tard, de la séquence finale de Transformers : The Last Knight, pour donner le beau rôle à l’Armée populaire, Erich Schwartzel, dans Red Carpet : Hollywood, China, and the Global Battle for Cultural Supremacy (« tapis rouge : Hollywood, la Chine et la bataille mondiale pour la suprématie culturelle », Penguin Press, 400 pages, 26,50 euros, non traduit) raconte une histoire ressemblant étonnamment à celle des studios américains face à l’Allemagne nazie, entre 1933 et 1941, faite de compromis finalement inutiles. Pour le journaliste américain, la confiance d’Hollywood dans le pouvoir transformatif du « soft power » américain s’est brisée sur le projet politique du régime chinois. Ce dernier a, en effet, réussi aussi bien à s’assurer la domination du marché intérieur par des productions nationales qu’à limiter la part qui revient aux studios américains." (Le Monde, 13 mai 2022)
« Hollywood sous influence chinoise » de Mario Sixtus
Arte diffusera le 12 mars 2025 à 23 h « Hollywood sous influence chinoise » (China vs. Hollywood - Traumfabrik Unter Kontrolle) de Mario Sixtus. « Depuis plus de vingt ans, alléché par la taille du marché chinois, Hollywood s'est plié à la censure de l'Empire du Milieu. Finis les sujets sensibles comme le Tibet ou Taïwan, finis les personnages LGBTQIA+... : retour sur les compromissions de l'usine à rêves. »
« Le tournant date de 1997. Cette année-là, la sortie en salle de trois films – Sept ans au Tibet de Jean-Jacques Annaud, Kundun de Martin Scorsese et Red Corner de Jon Avnet – suscite la réprobation du gouvernement chinois. Pékin dénonce la mauvaise image de la Chine véhiculée par ces productions, place les studios concernés sur une liste noire et menace d'exclure de son gigantesque marché les films qui ne lui conviendraient pas. »
« À Hollywood, le message est reçu cinq sur cinq… En quelques années, l'usine à rêve se met au pas de la censure chinoise : finis certains sujets sensibles tels que le Tibet, le Dalaï-Lama ou Taïwan ; finis les thrillers avec de méchants Chinois ; finis les personnages LGBTQIA+… »
« Les scénarios sont caviardés, les scènes coupées, principalement dans les versions chinoises, comme pour Iron Man 3 (2013), mais aussi parfois dans la version originale, à l’instar de Looper (2012). »
« L'usine à rêves ne fait pas que s'autocensurer : elle laisse aussi tomber l'une de ses plus grandes stars, Richard Gere, parce que son engagement pour les droits humains et pour un Tibet libre déplaisait à Pékin… »
« En 2020, l’association Pen America, qui lutte pour défendre la liberté d’expression aux États-Unis, a publié un rapport très complet sur la manière dont la censure chinoise a influencé la réalisation et la distribution de plusieurs films américains. »
« Son auteur, James Tagger, témoigne dans ce documentaire aux côtés de plusieurs acteurs de l'industrie du cinéma – le journaliste spécialisé Erich Schwartzel, le producteur Chris Fenton, le scénariste Jeremy Passmore… »
« Hollywood sous influence chinoise » de Mario Sixtus
Allemagne, 2024, 52 mn
Production : Kinescope Film, en association avec ZDF/ARTE
Sur Arte le 12 mars 2025 à 23 h
Sur arte.tv du 12/03/2025 au 09/06/2025
Visuels : © Susanna Salonen/Kinescope Film
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Les citations sont d'Arte.
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