Citations

« Le goût de la vérité n’empêche pas la prise de parti. » (Albert Camus)
« La lucidité est la blessure la plus rapprochée du Soleil. » (René Char).
« Il faut commencer par le commencement, et le commencement de tout est le courage. » (Vladimir Jankélévitch)
« Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort. Il est de porter la plume dans la plaie. » (Albert Londres)
« Le plus difficile n'est pas de dire ce que l'on voit, mais d'accepter de voir ce que l'on voit. » (Charles Péguy)

dimanche 23 février 2025

Vente d'objets « Hébraïca-Judaïca » de la collection du couple Szapiro

Francine Szapiro, journaliste et galeriste, et son époux Elie Szapiro (1939-2013), médecin, poète, galeristelibraire et expert en art judaïca, avaient ouvert trois galeries, dont deux demeurent centrées sur l'art : les galeries Saphir au Marais (Paris) et à Dinard. Ils ont aussi constitué une collection « Hébraïca-Judaïca » d'une valeur remarquable par la qualité, la diversité et l'intérêt des objets : livres et tableaux. La vente aux enchères cataloguée exceptionnelle d'une partie de cette collection sera assurée par l'étude Ader, 3 rue Favart 75002 Paris le mercredi 26 février 2025 - exposition le mardi 25 février 2025 et le 26 février au matinPour toutes les bourses ! Inscription obligatoire en live.

C'est une vente aux enchères qui fera date dans le monde des études juives et du livre ancien.

Bibles, essais, grammaires de l'hébreu, brevet de joaillier, passeport royal, récit historique, poésie, musiques synagogales, traité de science politique louant la "République des Hébreux" comme modèle pour les Provinces-Unies (Republiek der Zeven Verenigde Nederlanden, république des sept Provinces-Unies des Pays-Bas), biographies de la célèbre tragédienne Rachel... Un bel éclectisme. Le judaïsme alsacien est bien représenté avec une thèse de droit consacrée au statut des juifs en Alsace d’après le droit romain, allemand et alsacien (1763). 

« La vente du 26 février 2025 sera particulièrement prestigieuse et attendue du public érudit, des collectionneurs de judaïca et des bibliophiles : des éditions rarissimes, originales de textes fondamentaux du judaïsme, des incunables (livres imprimés avant 1500), des livres de prières d’anciens rites comtadins ou alsaciens, des traités des plus importants grammairiens de l’hébreu, des reliures somptueuses, des manuscrits et autres pièces uniques sur l’histoire des juifs en France, des inédits concernant l’empereur Napoléon Ier ou l’affaire Dreyfus et beaucoup d’autres », a précisé Peter Nahon, philologue et chargé de recherche au CNRS (Centre national de la recherche scientifique), membre de la Société des études juives et contributeur au catalogue de la vente à l’étude Ader. 

COMTAT VENAISSIN - Lot 22
"Armand Lunel, Esther de Carpentras. Avec un portrait de l'auteur gravé sur bois par Georges Aubert. Paris, NRF, 1926, un vol. in 18 br. sous couv. imp. (quelques rousseurs). Exemplaire numéroté LXXXIII, un des 118 exemplaires hors commerce.
Édition originale de cette célèbre pièce de théâtre du grand écrivain juif comtadin Armand Lunel, dépeignant d’une façon pittoresque la vie dans les «carrières» juives du Vaucluse, précédée d’une étude sur la littérature des juifs comtadins et la fête de Pourim dans le Midi de la France. Rare dans le tirage numéroté".

HISTORIOGRAPHIE JUIVE - SHELOMO IBN VERGA - Lot 41
"(SALOMON IBN VERGA) – Historia Judaica res judaeorum ab eversa aede hierosolymitana, ad haec fere tempora usque, complexa de hebraeo in latinum versa a Georgio Gentio. Amsterdam, Niellis, 1651, 1 vol. petit in 4° carré, rel. ép. plein vélin rigide à recouvrements, dos lisse portant le titre manuscrit, tranches mouchetées. Ex-libris gravé aux armes de Daniel Huet collé sur le premier contreplat et une page de notes autographes de celui-ci au verso du dernier feuillet de garde.
Écrit par un célèbre rabbin espagnol, Salomon Ibn Verga, ce livre, traduit en latin par l’orientaliste allemand Georges Gentius (1618-1687), publié en hébreu dès 1550, est à la fois une chronique très documentée des persécutions subies par les Juifs jusqu’au XVIe siècle et une des premières réflexions profondes sur les origines de l’antisémitisme. L’auteur, à la fois médecin, rabbin et homme d’état, avait quitté l’Espagne pour le Portugal en 1492, avait été la victime de la conversion forcée de 1497 et n’avait pu fuir la péninsule ibérique et l’Inquisition qu’en 1508.
L’exemplaire provient d’une des plus importantes bibliothèques françaises de l’époque, celle du grand humaniste Daniel Huet (1630-1721), auteur de nombreux ouvrages et de Mémoires, académicien et familier de Mesdames de Sévigné, de La Fayette, de Scudéry et de Rambouillet. Comme le rappelle l’ex libris gravé, Daniel Huet, évêque de Soissons puis d’Avranches, sous précepteur (choisi par le duc de Montausier, gendre de Madame de Rambouillet) du Dauphin fils de Louis XIV, avait, de son vivant (en 1692), donné sa bibliothèque à la Maison professe des jésuites, dont l’ex-libris manuscrit figure sur le feuillet de titre. Daniel Huet annotait rarement ses livres, et la présence d’une page entière autographe, à la fin, est exceptionnelle. A la réserve d’une mouillure claire sur la page de titre, bel exemplaire en condition d’époque"

INCUNABLE – MÉDECINE JUIVE - Lot 42
"Liber Rasis ad almansorem ; Divisiones eiusdem ; Liber de iuncturarum egritudibus eiusdem ; Liber de egritudinibus puerorum eiusdem ; Aphorismi ipsius ; Antidotarium quoddam ipsius ; Tractatus de preservatione ad egritudine lapidis eiusdem ; Introductorium medicine eiusdem ; Liber de sectionibus et cauterijs et ventosis eiusdem ; Casus quodam qui ad manus eius per venerunt ; Sinonima eiusdem ; Tabula omnium antidotorum in operibus rasis contentorum ; De proprietatibus iuvamentis et nocumentis sexaginta animalium. Afforismi Rabi Moysi. Afforismi damasceni. Liber secretorum y[pocrates] ; Liber pronosticationis sim lunam in signis et aspectu planetarum y[pocrates] ; Liber qui dicitur capsula eburnea y[pocratres] ; Liber de elementis sive de humana natura hipocratis ; Liber de aere et aqua et regionibus y[pocrates] ; Liber de farmaciis y[pocrates] ; Liber de [in]somniis y[pocrates]. Libellus [Aven]zoar de cura lapidis.
Imprimé à Venise en 1497 chez Ottaviano Scotto et Boneto Locatelli.
"Expensis nobilis viri domini Octaviani Scoti civis modoetiensis. Per Botenum Locatellum Bergomensem. 1497. die septimo mensis Octobris".

In-4 imprimé en deux colonnes, lettre gothique, capitales ornementées, Signatures: a-t8, v7, 159 ff. Reliure en plein vélin à recouvrement XVIIe, restaurée. Intérieur frais malgré quelques mouillures, restaurations dans les coins. Les ff. 75 à 96 et 113 sont en retirage sur papier ancien.
Recueil de traités de médecine de l’Antiquité et du Moyen Âge, comprenant en premier lieu l’œuvre de Rhazès (865-925), plusieurs pièces du corpus hippocratique traduites du grec, et surtout les aphorismes de Maïmonide, dont ils constituent la première édition imprimée. Rédigés à l’origine en arabe entre 1187 et 1190, les Aphorismes de Maïmonide sont un condensé des enseignements de Galien, reposant notamment sur des traités conservés encore du temps de Maïmonide mais perdus depuis. La version imprimée ici est un traduction latine anonyme du XIIIe siècle.
Ce « livre est basé presque entièrement sur la médecine rationnelle, l’observation indépendante et la méthode scientifique » (The Medical Legacy of Moses Maimonides. Fred. Rosner 1998).
Maïmonide, comme ses précurseurs et contemporains arabes, se considérait comme l’un des héritiers du savoir grec ancien. Comme certains d’entre eux, par exemple Al-Farabi et Rhazès parmi les Arabes, et Rabbi Schem Tov parmi les Juifs, Maïmonide n’a pas accepté cet héritage sans esprit critique, et une grande place est accordée à la démonstration des incohérences dans les écrits de Galien et à un plaidoyer en faveur de l’observation rationnelle.

La deuxième partie comprend les Aphorismes de Jean Damascène, le De secretis in medicinis de Mohammed Rhasis et la Capsula eburnea du pseudo-Hippocrate. Ce dernier est un bref traité sur les signes extérieurs de la mort imminente. Selon son introduction, Hippocrate demanda à ses serviteurs d'enterrer avec lui un coffre en ivoire dans lequel il avait placé certains secrets médicaux. Apprenant cela, César ordonna que le tombeau soit ouvert et le coffre enlevé, révélant ce traité. Il est imprimé dans la traduction latine réalisée à partir d'une version arabe par Gérard de Crémone au XIIe siècle.
Cette édition comprend également les aphorismes de Johannes Damascenus ou Mesue, un médecin bagdadien du IXe siècle responsable de la traduction d'ouvrages médicaux grecs en arabe. En fin de volume, le court traité d’Ibn Zuhr (Avenzohar) De curatione lapidis apparaît ici dans sa première édition imprimée.
Maïmonide est né à Cordoue et fut chassé d'Espagne pour avoir refusé de se convertir à l'islam; il s'installa définitivement au Caire. Son érudition et ses compétences médicales lui valurent d'être nommé médecin à la cour de Saladin, sultan d'Égypte. Ses écrits médicaux ont profondément influencé non seulement les médecins musulmans et juifs mais aussi chrétiens, par exemple Henri de Mondeville et Guy de Chauliac. À partir de 1177, Maïmonide était à la tête de la communauté juive d'Égypte. Cet ouvrage, écrit vers la fin de sa vie, fut écrit à l'origine en arabe, puis traduit en hébreu au XIIIe siècle, et en latin pour être publié sous forme imprimée. C'est l'ouvrage le plus important et le plus influent du plus connu des premiers médecins juifs".

JUIFS ALSACIENS – PASSEPORTS 1784-1808 - Lot 44
"Suite remarquable de quatre passeports ou sauf-conduits accordés par le roi Louis XVI, puis la République, à des Juifs vivants ou voyageant en France:
- Calleman Schwich (ou Isaac Schweich, originaire de Trèves et Mohel à Metz en 1780), Versailles, 1784 (signé Louis XVI).
- Seligman Moijs et sa femme Constance, Ingenheim (Bas-Rhin), 1808
- Lazare Manuel, sujet du duché de Parme, à Bergues (Nord), 1803
- Isaac Jacob, marchand allant en Suisse, Strasbourg, 1800."

RELIURES AUX ARMES - Lot 84
"Abbé Fleury, Les Mœurs des Israélites et des Chrétiens. Paris, Hérissant, 1771. Un volume; Suivi de:
(Anonyme) – Essais historiques et critiques sur les juifs anciens et modernes ou supplément aux mœurs des Israélites de Monsieur l’abbé Fleuri (sic). Lyon, Barret, 1771. Quatre parties à titres et paginations séparés en deux volumes.
L’ensemble relié en trois volumes in-12, plein maroquin rouge, triple filet d’encadrement doré autour des plats, armoiries dorées au centre, dos à cinq nerfs orné de filets et fleurons dorés, titres et tomaisons dorés sur pièces de maroquin vert, tranches dorées, doublures et gardes de tabis bleu.
Dans ce texte célèbre, dont la première édition avait paru en 1680 avec une approbation de Bossuet et qui fut très souvent réédité jusqu’au XIXe siècle, l’abbé Fleury (1640 – 1723), précepteur des petits-fils de Louis XIV, confesseur de Louis XV et membre de l’Académie Française, exaltait les vertus des juifs vétéro-testamentaires pour les donner en exemple aux chrétiens de son temps. Précieux exemplaire complété par les deux volumes des Essais Historiques sur les Juifs anciens et modernes, parus à Lyon en 1771 et restés anonymes (ni Barbier, ni le catalogue de la Bibliothèque nationale de France ne donnent de nom d’auteur).
Provenances :
Les trois volumes ont été placés anciennement dans trois très belles et fraîches reliures homogènes aux armes du duc de Penthièvre (petit-fils de Louis XIV et Grand Amiral de France). Selon une annotation à l’encre datée de 1856, une note au crayon, sur un feuillet de garde du troisième volume, serait de la main du Duc d’Aumale, fils de Louis Philippe et célèbre bibliophile (lors de ce remboîtage, les premiers feuillets du tome II des Essais Historiques ont été lavés – quelques taches restant visibles – et les pièces de titre et de tomaison ont été habilement remplacées; dos légèrement passés).
Ex-libris gravé et armorié de William van Mildert (1765 - 1836, dernier prince – évêque de Durham et l’un des fondateurs de l’université de cette ville) et, sans armoiries, de Giorgio Di Veroli (probablement le banquier italien qui se réfugia aux USA quand les lois anti-juives firent leur apparition en Italie) au verso du premier plat de chaque volume".

"Ḥamishah ḥumshe Torah vehu tiqun sofrim im perush Rashi ve-Abravanel (Les cinq livres de la Torah avec les gloses pour les scribes et les commentaires de Rachi et Abrabanel), Amsterdam, Leib b. Moshe Soesmans, 1768. Frontispices gravés en taille douce, figurant des scènes liturgiques de synagogue, par Aaron Santcroos.
5 vol. in-4, reliure d' époque plein veau granité, filets et fleurons sur les plats, dos à cinq nerfs orné de filets et fleurons dorés, titre doré sur veau beige, nom de possesseur doré en queue, tranches bleues, lanières d’attache en ruban vert (petites éraflures sur les coiffes, sinon très bel exemplaire en condition strictement d’époque).
Provenance : Lipman Calmer, dont le nom (CALMER) figure en lettres dorées en queue du dos des cinq volumes, et en ex-libris manuscrit en hébreu (Lipman b’r Kalmer z’l) sur les pièces de titres de tous les volumes.
Exceptionnelle Bible liturgique juive ayant appartenu au juif français le plus fameux du XVIIIe siècle : Lipman (ou Liefmann) Calmer (1711 - 1784), premier noble juif français. Né à Aurich, dans le Hanovre, il s’installa à Paris où il fit fortune dans le commerce et devint fournisseur officiel de Louis XV. En 1769, il reçut la nationalité française et acquit en 1774 la baronnie de Picquigny avec des privilèges féodaux, notamment celui de nommer des prêtres. Cela lui attira la colère de l’Église et la vente fut annulée. Calmer était administrateur des Juifs « allemands » à Paris. Voir à son sujet : Isidore Loeb, « Un baron juif français au XVIIIe siècle », in Annuaire des Archives Israélites, 1885-1886, p. 136.
Cet ensemble est remarquable par la beauté de la reliure et de l’impression, qui le place parmi les plus élégantes éditions du Pentateuque à usage liturgique (Torah et Haftarot) du XVIIIe siècle. Il est pourvu de frontispices gravés par le peintre, enlumineur et graveur juif Aaron Santcroos.
(Vinograd 1951)"

RÉPUBLIQUE DES HÉBREUX – ELZEVIR - Lot 90
"Petrus Cunaeus (Petrus Van der Kun, 1586-1638), De Republica Hebraeorum libri III. Leyde, Elzévir 1632, 12 f. n. c. titre frontispice compris, 502 p.c. et un f. d'errata en un vol. in 24 rel. ép. plein vélin blanc à recouvrement, dos lisse avec titre manuscrit, titre-frontispice gravé. Bel exemplaire en condition strictement d'époque de ce livre, un des plus recherchés de la collection des « républiques » elzéviriennes. Petite découpe marginale au frontispice pour enlever un exlibris daté de 1660. Reste sur le premier f. de garde un exlibris daté de Montlhéry de 1692. Pour Cunaeus, qui base son raisonnement sur la Bible, sur Flavius Josèphe et sur Maïmonide, l'état juif est le modèle vers lequel doivent tendre tous les états, et son livre a beaucoup inspiré les institutions de la toute jeune république des Pays Bas. Il a par ailleurs été à l'époque un réel succès de librairie, avec de multiples éditions et des traductions dans les principales langues européennes dès le XVIIe siècle (Willems 362, note)."

PORTRAIT GRAVÉ – RABBIN ALLEMAND XVIIIe - Lot 119
"Portrait célèbre à l’eau-forte de Michel Hirsch (Jechiel Michel) (vers 1719-1777), rabbin de Potsdam à partir de 1743). Il fit fortune en étant propriétaire d'une usine de chanvre en Westphalie et à Potsdam, dont il détenait le monopole des produits dans tout le Brandebourg. Il était également trésorier de la communauté juive.
L’auteur de la gravure est Georg Friedrich Schmidt (1712-1775), élève de Nicolas Larmessin. En 1742, il fut admis à l'Académie française. En 1744, il accepta une charge de graveur de cour à Berlin et en 1757 à Saint-Pétersbourg, où il grava, entre autres, le portrait de l'impératrice Elisabeth et organisa une école de gravure. À partir de 1762, il travailla de nouveau à Berlin et y mourut le 25 janvier 1775. Son style s’inspire de celui de Rembrandt.
Épreuve du premier état connu avant effaçage de la lettre. Bel exemplaire. 13,1 x 17 cm (cuvette), 13,8 x 17,6 cm (papier).
Lettre: Hirsch Michael / praesentirt an Isaac Onis durch Aaron Monceca zu Berlin in Jahre 1762 ; G.F. Schmidt ad vivum faciebat Berol. (G. F. Schmidt a exécuté d’après nature à Berlin, 1762) (Wessely 69)"

Édouard LŒVY (1857-1910) - Lot 132
"Esther et son père
Dessin à l'encre de Chine.
28 x 25 cm
Illustration du conte Aman et Esther. Esther apparaît vêtue d'une splendide kazabaika (veste en fourrure) devant son père aveugle.
Peintre et décorateur polonais, sociétaire des Artistes Français, Édouard Lœvy travailla notamment pour l'encyclopédie Larousse.
Léopold Sacher-Masoch (Lviv 1836-Mannheim 1895) est né en Galicie, dans une famille noble. Auteur prolifique, il n'est pas seulement le disciple d'un érotisme sulfureux auquel le psychiatre Krafft-Ebing a donné pour nom le masochisme. Révolté par l'antisémitisme des aristocrates de Galicie et fasciné par les communautés juives, il publie en 1888 un recueil entièrement rédigé en français qu'il intitule Contes juifs."

Léon Mignon (1847-1898) - Lot 133
"Ragazzo Israelita
Bronze, cire perdue. Socle en marbre.
Hauteur : 37 cm
Sculpture avec une belle patine brune sur un élégant socle en marbre porphyré en forme de pied douche.
Léon Mignon, né en 1847 à Liège et mort le 30 septembre 1898 à Schaerbeek, est un sculpteur belge. Il est formé à l'Académie des Beaux-Arts de Liège, où il est l'élève de Prosper Drion. Il expose ses premières œuvres au Salon de Gand. Il travaille en Italie (1872-1875). Il s'établit en 1876 dans les environs de Paris en compagnie du sculpteur Paul de Vigne avant de s'installer définitivement à Schaerbeek. Léon Mignon a remporté la médaille d'or au salon de Paris pour sa sculpture Le dompteur de taureau (Li Tore)".

Henri-Guillaume Schlesinger (1814-1893) - Lot 134
"Galeb Jekarim
Lavis rehaussé de gouache
Signature en bas à gauche.
43 x 46 cm
Scène extraite du conte Galeb Jekarim (Contes Juifs de Sacher-Masoch) où, dans une ambiance mystérieuse, une femme tentatrice apparaît à Galeb qui ne pense qu'à Jérusalem.
L’éditeur Quantin attribue par erreur dans les Contes Juifs la paternité de cette œuvre à Alphonse Lévy.
Léopold Sacher-Masoch (Lviv 1836-Mannheim 1895) est né en Galicie, dans une famille noble. Auteur prolifique, il n'est pas seulement le disciple d'un érotisme sulfureux auquel le psychiatre Krafft-Ebing a donné pour nom le masochisme. Révolté par l'antisémitisme des aristocrates de Galicie et fasciné par les communautés juives, il publie en 1888 un recueil entièrement rédigé en français qu'il intitule Contes juifs."

Elie et Francine Szapiro
Elie Szapiro (1939-2013) nait à Cahors en 1939. Il est descendant d’une « lignée de lettrés et de rabbins » polonais – « mon grand père maternel Samuel Wakwasser, directeur d’une école juive à Opatov puis à Varsovie, avait une très importante bibliothèque, brûlée dans le ghetto de Varsovie où il est mort ». Ingénieur, son père Oszer est fait prisonnier en 1939 et restera prisonnier jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale, sans être dénoncé comme Juif par ses camarades. A la libération, la famille Szapiro se retrouve miraculeusement rescapée de la Shoah.

Elie Szapiro étudie la médecine à Toulouse. Là, il fonde la loge Maïmonide du B'nai B'rith. Il se marie et s'installe à Paris. Il est recruté par une firme pharmaceutique, rivale de celle où travaille son beau-père. Diplômé du Centre de perfectionnement aux affaires dans les années 1970, il poursuit cette carrière brillante. Avec son épouse Francine, il ouvre une galerie d'art près du musée du Moyen-âge dans le quartier Saint-Michel (Paris), puis, le succès venant, il ouvre une deuxième galerie d'art spécialisée dans la mode dans le XVIIe arrondissement, puis une troisième qui jouxte le Musée d'art et d'histoire du Judaïsme. 

Libraire érudit, Elie Szapiro a privilégié, dans sa collection, les manuscrits et livres, ainsi que le Midi de la France - marranes du Sud-ouest, du Comtat Venaissin et de Provence - où il a grandi. Il a participé à la fondation des Archives Juives Il avait co-fondé les Journées européennes de la culture et du patrimoine Juifs-France.

En juin 2013, Elie Szapiro est décédé des suites d'une longue maladie qu'il a combattue avec courage. C'était un homme cultivé et sioniste, un poète dont le recueil de poèmes Repaires Repris a été republié avec des illustrations de Vladimir Kara, un ancien édile amoureux de Dinard. Ses obsèques ont eu lieu le 4 juin 2013 à 11 h au cimetière du Montparnasse (Paris), 3 boulevard Edgar Quinet.

Quant à son épouse Francine, journaliste critique d’art dont la famille est implantée à Paris depuis le XVIIIe siècle, en Alsace et en Lorraine, elle a été motivée par le besoin « de retrouver un patrimoine culturel qui ne [lui] avait pas été transmis », et inspirée par son goût pour les arts décoratifs qui l’a orientée vers les lampes de Hanoucca ou le gobelet de kiddoush ((bénédiction prononcée sur une coupe de vin, de pain ou de boisson alcoolisée cacher, lors du chabbat ou d'un jour de fête Juive, et avant la séouda qui est un repas) en opaline.

Au fil des décennies et de ses « chines », avec passion, patience et émotion, le couple Szapiro a sauvé de la disparition des objets alors négligés et témoins de l’histoire et de la culture juives.


INTERVIEW DE FRANCINE SZAPIRO PAR L’ETUDE ADER

« POUVEZ-VOUS NOUS PARLER DE LA COLLECTION QUE VOTRE MARI A CONSTITUEE ?
Il n’a jamais cherché à se constituer une collection. Passionné d’Histoire, il y voyait un moyen de comprendre et de faire progresser le monde. Son engagement humaniste passait par le dialogue interreligieux et la justice sociale. Il parlait souvent de la nécessité de se forger un idéal, au-delà des considérations matérielles. Son sionisme était une conviction vitale, liée à la survie et à la fierté du peuple juif. La recherche de livres, manuscrits, gravures ou peintures était pour lui un moteur de vie, une manière de reconstruire l’Histoire, la sienne, celle d’un peuple, et plus largement celle de l’Humanité. Il refusait les limites dans cette quête, considérant que chaque culture et chaque peuple méritaient d’être étudiés. Les manuscrits et les livres, du Moyen-âge au XXe siècle, étaient ses compagnons essentiels. Aujourd’hui, la dispersion de sa bibliothèque Judaïca-Hebraïca est une transmission confiée à David Nordmann, en qui il avait toute confiance. Puisse cette vente honorer sa mémoire.

COMMENT DECRIRIEZ-VOUS SA VISION SUR SA MANIERE DE COLLECTIONNER ?
Il ne collectionnait pas pour accumuler, mais pour échanger, comprendre et approfondir. Chaque livre, chaque manuscrit avait une vie propre et s’inscrivait dans une histoire. Ses acquisitions étaient toujours le fruit d’une rencontre, d’un hasard dirigé, d’une quête intellectuelle. Pensant devenir chartiste, il avait étudié la paléographie en parallèle de la médecine, qu’il pratiqua avec passion pour son humanisme. Lorsqu’il m’a connue, il a repris ses études d’histoire, et nous partagions les bancs de La Sorbonne. Chez Sandoz, il a dirigé la revue Psychopathologie de l’expression, explorant l’histoire de la médecine hébraïque. Passionné par l’imprimerie et l’édition, il siégeait au bureau du SLAM et devint le premier expert en Judaïca, publiant un précis sur l’imprimerie hébraïque. Poète, il fit éditer Repaires repris, illustré par Vladimir Kara. Libraire, il tenait à “laisser trace”, privilégiant les institutions et multipliant les dons. Un fonds à nos deux noms existe à l’Alliance Israélite Universelle. Dès 13 ans, il acheta son premier manuscrit et commença très tôt à acheter, échanger et bâtir sa bibliothèque. Partout où nous allions, les librairies et les foires rythmaient nos vies.

AU-DELA DE LA VALEUR HISTORIQUE, POURQUOI L’ART HEBRAÏQUE ETAIT-IL AU CŒUR DE SA QUETE ?
L’art hébraïque était au cœur de ses recherches. Sa bibliothèque et l’ouverture de sa galerie répondaient à un projet essentiel : tenter de reconstituer un patrimoine détruit et dispersé pendant la Seconde Guerre mondiale. Après la guerre, nombre de juifs en France cherchaient à s’intégrer en effaçant leur judéité. Beaucoup avaient caché ou perdu leurs traces culturelles, mais une poignée de collectionneurs, comme Victor Klagsbald, s’efforçaient de rassembler ces vestiges. Élie en faisait partie. Marqué par la Shoah, survivant d’une famille décimée en Lituanie et à Varsovie, il portait la responsabilité de reconstruire son histoire à travers les Hebraïca-Judaïca. Pour lui, l’histoire juive transcendait les frontières, reliant les exils et les renaissances à travers l’Europe, l’Afrique du Nord et l’Empire Ottoman. Sa collection incarnait cette vision, intégrant histoire, sciences, littérature et arts. C’est dans cet esprit que nous avons fondé la galerie Saphir en 1979, soutenus par Élie Wiesel, Anne Sinclair, Simone Veil et d’autres figures majeures dont il espérait voir perdurer la mémoire.

QUELLE ETAIT SA RELATION AVEC CES PIECES QU’IL COLLECTIONNAIT ?
Il avait besoin de vivre avec elles et de savoir qu’elles étaient à ses côtés. »


Salle des ventes Favart
3, rue Favart, 75002 Paris
Catalogue visible sur www.ader-paris.fr
Téléphone pendant l’exposition : 01 53 40 77 10
Contact étude : Élodie DELABALLE
elodie.delaballe@ader-paris.fr
Consultant : Peter Nahon

Exposition publique
Mardi 25 février de 11 h à 18 h
Mercredi 26 février de 10 h à 12 h

Vente aux enchères publiques
Mercredi 26 février à 14 h 30
Enchérissez en direct sur www.drouotlive.com
Inscription obligatoire en live

Visuel :
En couverture : Lot 11 www.interencheres.com


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