Conrad Veidt (1893-1943) était un acteur allemand chrétien qui s’est illustré dans des classiques du cinéma expressionniste germanique - Le Cabinet du docteur Caligari (1920), Les Mains d'Orlac (Orlacs Hände) de Robert Wiene (1924) - et du cinéma européen. Antinazi, époux de l'actrice juive allemande Flora Ilona Prager, il a fui l’Allemagne nazie pour se réfugier en Grande-Bretagne, puis à Hollywood. Ses interprétations de personnages parfois terrifiants ont influé sur Tim Burton (« Edward aux mains d'argent » et Jack Nicholson (Joker). La Fondation Jérôme Seydoux-Pathé propose la rétrospective « Conrad Veidt. Un acteur hanté de Berlin à Hollywood ».
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Conrad Veidt (1893-1943), dont le père est fonctionnaire, arrête sa scolarité durant son adolescence pour étudier l'art dramatique auprès de Max Reinhardt.
En 1916, il débute sa carrière cinématographique.
Après la Première Guerre mondiale, Conrad Veidt excelle dans les films « d'éducation sexuelle » qui rencontrent un grand succès public durant la république de Weimar.
Le mouvement expressionniste allemand recourt à cet acteur pour incarner des personnages fous, criminels, sadiques. Les plus grands réalisateurs l'emploient : Paul Leni - Le Cabinet des figures de cire (Das Wachsfigurenkabinett) de Paul Leni et Leo Birinski (1924) -, Robert Wiene - Les Mains d'Orlac (Orlacs Hände) de Robert Wiene (1924) -, Ewald André Dupont - Menschen im Käfig (1930) -, Reinhold Schünzel - Der Graf von Cagliostro (1920) - et Friedrich Wilhelm Murnau (La Marche dans la nuit, Der Gang in die Nacht, 1921).
De 1926 à 1929, Conrad Veidt joue le rôle du Marquis de Sade dans le Napoléon d'Abel Gance, et à Hollywood dans quatre films, notamment L'Homme qui rit (1928) de Paul Leni avec Mary Philbin.
A l'avènement du cinéma parlant, Conrad Veidt revient en Allemagne. En 1930, il joue Raspoutine, le « moine » démoniaque (faux moine) dans le film éponyme, puis le prince Metternich dans Le Congrès s'amuse (1931) d'Erik Charell.
Après l'arrivée au pouvoir d'Hitler, marié à l'actrice juive Ilona Prager, Conrad Veidt répond au questionnaire de Goebbels à la question sur sa "race" : "Jude" ("Juif"). Sur intervention diplomatique britannique, le couple peut quitter l'Allemagne nazie dès 1933. Au Royaume-Uni, Conrad Veidt tourne sous la direction de Maurice Elvey, Victor Saville, Michael Powell, Lothar Mendes (Le Juif Süss, Jew Süss, 1934), Maurice Elvey (Le Juif errant, The Wandering Jew, 1933) ainsi que Ludwig Berger, Michael Powell et Tim Whelan (Le Voleur de Bagdad, The Thief of Bagdad, 1940). En France, il est dirigé par Jean Dréville (Le Joueur d’échecs, 1938) avec Françoise Rosay. En 1939, il acquiert la nationalité britannique. L'année suivante, Conrad Veidt se rend aux États-Unis pour les scènes du film Le Voleur de Bagdad, où il interprète Jaffar, le méchant vizir. Il se fixe en Californie et tourne souvent des personnages de nazis : Il était une fois de George Cukor (1940), Échec à la Gestapo de Vincent Sherman (1941) et Casablanca de Michael Curtiz.
De 1916 à 1943, dans sa filmographie d'une centaine de films - Journal d'une fille perdue (Das Tagebuch einer Verlorenen) de Richard Oswald (1918) -, figurent des classiques du septième art.
En 1943, il décède d’un infarctus, peu après avoir achevé le tournage d'Un espion a disparu (Above suspicion).
« Conrad Veidt, un acteur hanté, de Berlin à Hollywood »
La Fondation Jérôme Seydoux-Pathé propose la rétrospective « Conrad Veidt. Un acteur hanté de Berlin à Hollywood ».
Les séances cinématographiques sont accompagnées par les pianistes issus de la classe d'improvisation de Jean-François Zygel (CNSMDP).
« Peu connu du grand public, Conrad Veidt fait pourtant discrètement partie de la culture populaire. Cet acteur allemand incarne en 1924, le personnage de Gwynplaine dans L’Homme qui rit de Paul Leni, adapté de l’œuvre de Victor Hugo. C’est ainsi que deux jeunes dessinateurs, Bob Kane et Jerry Robinson, se souviendront de ce personnage mutilé par des trafiquants au niveau de la bouche pour lui infliger une grimace permanente. Le visage terrifiant de Conrad Veidt arborant un large rictus leur inspirera le personnage du Joker, l’ennemi juré de leur Batman. »
La Fondation Jérôme Seydoux-Pathé nous « replonge dans la filmographie de cet acteur aux yeux immenses, au corps désarticulé et aux gestes ralentis qui incarne à lui seul l’expressionnisme allemand. Ouvertement antinazi au temps où Hitler monte au pouvoir, incarnant aussi le rôle d’un homosexuel dans l’un des premiers films sur l’homosexualité masculine alors qu’il n’était pas gay (Anders als die Andern / Différent des autres, réalisé par Richard Oswald en 1919), Conrad Veidt mérite, par ce qu’il a incarné et apporté au cinéma mondial, qu’on s’arrête quelques semaines sur sa carrière exceptionnelle. »
Une conférence de Bernard Eisenschitz « Conrad Veidt. Le somnambule » accompagne la rétrospective. « Pour l’histoire du cinéma, Conrad Veidt est le somnambule du Cabinet du Dr Caligari. Mais, de 1918 à 1942, il a aussi raconté l’histoire de l’entre-deux-guerres : c’est encore un récit de somnambulisme où se croisent des maharadjahs, des marginaux rejetés par la société, Asta Nielsen, Richard Oswald et F.W. Murnau, Ivan le terrible et Raspoutine, le Juif Süss et les espions de Goebbels. Par ailleurs, Conrad Veidt était un acteur aux cent rôles. »
« Yeux immenses, corps désarticulé, gestes au ralenti : avec son rôle de Cesare, l’hypnotisé meurtrier, dans Le Cabinet du Dr Caligari (1920), Conrad Veidt est devenu l’emblème de l’imaginaire cauchemardesque qui déferle alors sur le cinéma allemand, et que Lotte H. Eisner devait appeler l’Ecran démoniaque. Avec ce rôle et quelques autres tout aussi novateurs de la « procession des tyrans », Veidt devenait du même coup, à 27 ans, l’une des stars du cinéma européen si pauvre en visages, en corps expressifs, en jeunesse », a résumé Bernard Eisenschitz.
Et Bernard Eisenschitz de poursuivre : « Même s’il a connu brièvement l’enseignement du grand créateur de théâtre Max Reinhardt, c’est le cinéma qui a formé Conrad Veidt en tant que comédien. À la fin de la guerre, lors de l’effondrement du pays, l’industrie du film est ouverte aux improvisations, aux expériences. Veidt est happé par le suractif Richard Oswald. Producteur-réalisateur boulimique, celui-ci emploie à la chaîne une troupe de comédiens talentueux et désargentés, pour quelques dollars quotidiens échappant à l’inflation, dans des sujets brûlants ou polémiques qui fascinent le public : prostitution, homosexualité, avortement, maladies vénériennes... En quatre ans (1918-1921), Veidt est distribué dans dix-sept de ses films. Avec le grand F.W. Murnau, il en interprète cinq, dont un seul hélas est conservé (L’Entrée dans la nuit, 1921). »
« Jeune premier à la beauté magnétique et ambiguë, il est une image des incertitudes et des aveuglements de la société allemande à l’âge de sa première république, avec l’inflation, la libération sexuelle, la violence politique… La fêlure apparaît dans des doubles rôles : L’Etudiant de Prague (version conte fantastique, Henrik Galeen 1926) ou Les Frères Schellenberg (version drame bourgeois, Karl Grune, 1926), avant qu’il devienne une vedette internationale », a rappelé Bernard Eisenschitz.
Et Bernard Eisenschitz d’analyser : « À la différence de ses amis Emil Jannings ou Werner Krauss, Veidt maintient une frontière stricte entre son image à l’écran et sa vie privée. Ses amis se souviennent d’un camarade sociable, à l’humour typiquement berlinois, dont la distraction préférée était le golf. Pourtant, ce fils de fonctionnaire impérial, incarnation du chic de l’entre-deux-guerres, est aussi un homme honnête et un antiraciste, un antinazi résolu. Quand il annonce que son prochain rôle sera celui du Juif Süss dans le roman historique de Lion Feuchtwanger (1925), rôle qu’il convoite depuis 1928, la presse aux ordres du Troisième Reich se déchaîne. Josef Goebbels se vengera du Jew Süss britannique (1934), voulu par Veidt et réalisé par Lothar Mendes, en produisant quelques années après sa propre version du Juif Süss (1940), un des pires films antisémites. »
« Conrad Veidt ne retournera plus en Allemagne. Naturalisé citoyen britannique, il met ses moyens financiers au service de la lutte contre l’hitlérisme. Les rôles que lui offrent Londres et Hollywood sont pour la plupart, selon les exigences de l’actualité, ceux de nazis, culminant avec son major Strasser dans le légendaire Casablanca de Michael Curtiz (1942). Encore un film après celui-ci et, à cinquante ans, il est frappé par une crise cardiaque pendant une partie de golf », a conclu Bernard Eisenschitz.
« Veidt ne cessa de se réincarner en imprégnant le jeu de différents acteurs. Aujourd'hui, son ombre plane chez Tim Burton dans « Edward aux mains d'argent », où Johnny Depp retrouve le mince profil du somnambule de « Caligari », et c'est avec les yeux d'Orléac qu'il regarde les sécateurs qui pendent au bout de ses bras. De même, dans « Batman », Jack Nicholson emprunte son sourire grimaçant à « L'homme qui rit ». Ainsi, en léguant son corps à Caligari, Conrad Veidt l'a offert à tout le cinéma. Pour le grand public, son nom s'est effacé mais son art et l'héritage expressionniste ont à jamais contaminé les écrans », a analysé Adrien Gombeaud (Les Echos, 25 oct. 2006)
« Conrad Veidt - My Life »
Le documentaire de Mark Rappaport « Conrad Veidt - My Life (2019 ) est un « film essai sur la vie et la carrière de Conrad Veidt, star du cinéma muet allemand après son rôle de Cesare, le somnambule du Cabinet du Docteur Caligari. Comme beaucoup d'autres artistes de l'Allemagne nazie, il s'enfuit en 1933. Il devient alors un acteur marquant du cinéma britannique mais lorsque l'Allemagne attaque Londres, il émigre aux États-Unis où il se retrouve bien souvent à jouer des nazis - un sort qui a frappé de nombreux acteurs allemands réfugiés. Conrad Veidt meurt d'une crise cardiaque sur un terrain de golf à Hollywood en 1943. »
73 avenue des Gobelins. 75013 Paris
Visuels :
The Man Who Laughs, Paul Leni, 1928,
Courtesy of Park Circus Universal
Le Cabinet des figures de cire (Paul Leni, 1924)
© Deutsches Filminstitut
Anders als die Andern (Richard Oswald, 1919)
© Edition Filmmuseum, Filmmuseum München
Le Cabinet du Dr Caligari (Robert Wiene, 1920)
© Murnau Stiftung
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