Le Palais de la Porte Dorée accueille l’exposition immigrationniste confuse et inintéressante « Chaque vie est une histoire. Art et Récits. 200 regards sur l’immigration et le Palais », qui associe des sections historique, artistique et autre sans lien, sans cohérence. Le tout en évoquant la Shoah et la "Palestine", mais sans évoquer le cadre juridique, affairiste, politique, diplomatique, religieux, civilisationnel de ces "migrants".
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« Le Palais de la Porte Dorée accueille une double exposition inédite, « Chaque vie est une histoire », qui investit pour la première fois l’ensemble du Palais, de ses espaces historiques au Musée national de l’histoire de l’immigration en passant par l’Aquarium. 200 regards, artistiques, historiques et témoins, viennent explorer la mémoire, l’invisibilité et l’anonymat pour retrouver des visages et retracer des histoires. »
« Cette exposition propose d’abord une déambulation artistique et poétique à travers un ensemble d’œuvres monumentales inspirées du Palais et de ses habitants. Sur une invitation de Jean de Loisy et Raphaël Giannésini, 13 artistes internationaux investissent les espaces historiques du Palais et inventent des créations in situ qui en retracent la mémoire et viennent révéler le monument sous un nouveau jour. »
« L’exposition se poursuit à l’étage par un parcours intime et sensible qui présente la collection du Musée sous le prisme de l’invisibilité. Art contemporain, histoire et témoignages dialoguent pour lever le voile sur les récits, singuliers et collectifs, de l’immigration. De Climbing down de Barthélémy Toguo aux témoignages de migrants à Mayotte en passant par les photos du Studio Rex à Marseille, le visiteur pourra découvrir un panorama de cette collection unique, initiée il y a maintenant vingt ans. »
L'exposition immigrationniste vise à inspirer la compassion envers les migrants. Associant des sections historique, artistique et autre sans lien, sans cohérence, elle est si confuse que les rédacteurs du dossier de presse ont renoncé à retracer son parcours, à décrire les sections composant cette exposition ennuyante, au faible niveau "scientifique" et politisée. Une banderole de Sud Express Paris Sorbonne indique : "Français, étrangers, nous sommes tous des immigrés" ! Une réécriture de l'Histoire niant que la France n'a été un pays d'immigration qu'à partir du XIXe siècle, que les immigrés russes fuyant la Russie bolchévique ou les artistes juifs russes ayant formé l'Ecole de Paris diffèrent des immigrés venant du monde islamique munis d'un téléphone portable leur ayant permis de choisir parmi les Etats européens celui qui leur offre les meilleurs avantages sociaux et médicaux. Des informations précieuses fournies gracieusement par des associations ou ONG gavées d'argent public, dont le business est constitué par l'arrivée d'immigrés et dont certains dirigeants mènent un train de vie fastueux (futur procès d’Arthur Anane, ancien directeur d’Equalis, pour détournement de fonds publics). L'avant-dernière section évoque la déportation de Juifs de France vers le camp nazi d'Auschwitz-Birkenau !? Une banalisation de la Shoah.
Lors du vernissage presse, Taysir Batniji a évoqué « Naplouse en Palestine d’où je viens ». Le photographe Gilles Delmas a enchainé : « Il y a 20 ans, j’étais dans la bande de Gaza. Ce qui se passe à Gaza ne me surprend pas ». « Et le 7 octobre 2023, cela ne vous a rien fait ? », ai-je interrogé les artistes. « Oui », a répondu Gilles Delmas. Comme d'habitude, j'étais bien seule face à des journalistes et commissaires d'exposition "politiquement corrects".
Quel rapport entre les pauvres habitant la Zone de Paris à la fin du XIXe siècle et les migrants du XXIe siècle ? Mystère non élucidé.
L'exposition est dotée d'un site Internet.
« CARTE BLANCHE À 13 ARTISTES SUR LE PALAIS »
« Le Palais de la Porte Dorée, terrain de jeu de la création contemporaine »
« Invité pour une exposition carte blanche, Jean de Loisy décrit le Palais de la Porte Dorée comme « un être humain au destin singulier, qui a connu, au cours de presque un siècle, une multitude de vies ». En réponse à cette invitation, il s’associe au commissaire Raphaël Giannésini, et propose à 13 artistes internationaux, d’investir les espaces historiques du Palais et d’en sonder l’esprit à travers des créations in situ. »
« Chacun d’eux s’emparent de ce lieu si particulier en convoquant les mémoires de celles et ceux qui aujourd’hui y travaillent ou simplement le visitent. »
« Ainsi, les sculptures, dessins, films et installations réalisés pour cette exposition sont pour la plupart conçus avec la participation des usagers de ce Palais-Musée-Aquarium. »
« Souvent monumentales et empreintes de spiritualité, ces commandes dessinent un parcours d’art contemporain inédit prenant la forme d’un travail mémoriel qui relie à notre présent la culture des ancêtres, le souvenir des morts, comme de celles et ceux qui sont loin. »
« Mémoire familiale des arrivants et de leurs tribulations, mémoire historique du Palais lui-même, mémoire des personnes qui y ont travaillé ou qui y travaillent encore, mémoire perdue de celles et ceux qui sont représentés dans son imposant décor, mémoire immédiate ou ancienne, mémoire politique ou affective des visiteurs, toutes ces mémoires ont été convoquées pour participer à la création de ce parcours. »
COMMISSARIAT DE L’EXPOSITION
Jean de Loisy
« Jean de Loisy est historien d’art et commissaire d’exposition indépendant. Il a été, entre autres, inspecteur à la Création au ministère de la Culture, conservateur à la Fondation Cartier et au Centre Georges Pompidou. Il a dirigé et co-dirigé divers lieux d’art en France, notamment le Palais de Tokyo de 2011 à 2017 et l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris de 2018 à 2022. De 2011 à 2022, il est producteur à France Culture des émissions Les Regardeurs puis L’Art est la matière. »
Christine Piquéras
« Architecte de formation, Christine Piquéras occupe depuis 2016 le poste de directrice du monument historique, de l’immobilier et de la sécurité au sein du Palais de la Porte Dorée.
Depuis 2018, elle met en oeuvre « L’Envers du décor », temps fort du Palais qui met en débat son passé et s’ouvre sur de nouveaux horizons artistiques. Elle a assuré le commissariat de l’exposition « les statues meurent aussi, sur les traces de l’histoire coloniale française de Falk Messerschmidt. Christine Piquéras a, au cours de son parcours, exercé en libéral et travaillé pour différentes institutions telles que le ministère de la Culture en tant architecte urbaniste de l’État. »
Raphaël Giannésini
« Diplômé de la Central Saint Martins à Londres, Raphaël Giannesini, commissaire d’exposition, a mis en place « Explorers », un programme itinérant visant à instaurer un dialogue singulier entre la jeune création française et les scènes artistiques internationales. En collaboration avec diverses institutions et galeries parisiennes, il privilégie une approche transhistorique, où l’objet, chargé d’histoire et de mémoire plurielles, devient un point de rencontre entre différentes cultures, disciplines et usages. »
Cécile Vermorel
« Commençant son parcours d’accompagnement de projets artistiques au festival d’art contemporain Le Printemps de Septembre, Cécile Vermorel travaille ensuite aux côtés des chorégraphes et performeurs François Chaignaud et Cecilia Bengolea, puis d’Emmanuel Demarcy-Mota au Théâtre de la Ville. Comme déléguée générale du Ballet de l’Opéra national de Lyon, elle découvre le répertoire de la post-modern dance avec notamment Lucinda Childs et Merce Cunningham, qui ont entretenu des relations inextricables avec les autres champs artistiques, les arts visuels et la musique en premier lieu. Cette rencontre renforce son attachement à une libre circulation entre les formes de création contemporaine. Elle est actuellement cheffe du service de la programmation culturelle du Palais de la Porte Dorée. »
3 QUESTIONS À JEAN DE LOISY
Commissaire de l’exposition
« Comment est né ce projet d’exposition et comment avez-vous travaillé autour du Palais de la Porte Dorée ?
Avec quelques complices, nous avons interrogé les membres de l’équipe sur leur relation à ce lieu dont l’histoire est si extraordinaire. Avec Raphaël Giannésini nous avons été frappés de l’attachement des visiteurs et des équipes aux tribulations de ce grand bâtiment qui comme un navire, est parvenu à régler ses voiles, à adapter ses navigations aux vents incertains.
Comme les épreuves qui rident les visages, le lieu est fabriqué et marqué par les aléas de ces traversées, parfois pénible, parfois heureuse. Il nous a semblé utile de demander aux artistes de réagir à cette importance de la mémoire, et d’abord, celle de ceux qui fréquentent ce Palais, ceux qui l’habitent, ceux qui sont autour.
Comment avez-vous choisi avec Raphaël Giannésini les 13 artistes internationaux qui investissent aujourd’hui ce monument chargé d’histoire ?
Nous avons cherché des artistes dont le travail est ouvert à la collaboration avec les autres, artistes de générations diverses, d’origines diverses et qui construisent leurs formes pour qu’elles puissent être habitées par les actions, les objets ou les pensées des autres. Ainsi ces créateurs, qu’ils vivent en France ou ailleurs, brassent dans leurs parcours l’empreinte des cultures, des individus, des récits, des rêves, des épreuves qu’eux-mêmes ou leurs interlocuteurs ont traversés. Au fond, quelles que soient les formes, ce sont des chants vitaux qui s’expriment là. L’être est une plante vivace qui, bien qu’agitée par les vents, tient bon par des racines tenaces qui se sont infiltrées entre les peines du présent.
Parlez-nous de leur processus de création ?
Toutes les œuvres et les installations ont été conçues à l’occasion de l’exposition à l’exception de l’œuvre de Rirkrit Tiravanija et Vivien Zhang qui existait déjà et qui a été modifiée par eux, adaptée en réponse aux espaces et aux significations. Une partie des œuvres a été finalisée en dialogue avec des habitants : équipes, visiteurs, voisins… D’autres seront en développement pendant la durée de l’exposition pour accueillir dans leur structure, paroles, objets mémoriels, vœux, points de vue des personnes, échanges de dons. L’ensemble est un parcours, un chemin hasardeux qui permet de passer d’une forme à une autre comme en bateau, entre dépressions, anticyclones et marais barométriques. Là, entre les isobares de nos vies, des vents incertains. »
PARCOURS DE L’EXPOSITION
KATINKA BOCK
Assemblée élargie (constellation 0)
« Visible dès le hall d’honneur du Palais de la Porte Dorée, cette oeuvre affirme d’emblée l’enjeu d’une exposition conçue spécialement pour le lieu et élaborée avec la participation de celles et ceux qui le font vivre. »
« Accroché au plafond, un mobile se balance, étrange constellation de sculptures porteuses de la mémoire d’échanges entre l’artiste et des personnes travaillant au Palais de la Porte Dorée, qui prennent physiquement soin du monument et des animaux qui l’habitent. Elle a engagé un travail de don et contre-don avec l’équipe de nettoyage et celle des aquariologistes. Au cours d’entretiens, elle a collecté des objets symboliques donnés par ces personnes, et les a enveloppés de feuilles de céramique avant de les passer au grand feu. Calcinés dans le processus de cuisson, les objets échangés sont mis au secret dans l’argile. Leur forme influence la sculpture qui en résulte, sans que l’on puisse deviner ce qui a été remis. Comme si la sculpture n’était que la rumeur d’une conversation. »
Qu’est-ce qui vous a inspiré au Palais de la Porte Dorée et comment travaillez-vous la question de la mémoire ?
« Le tissu social navigue souvent entre l’image de la parure et le système viscéral de son corps. Le Palais de la Porte Dorée assume pleinement les contradictions de notre temps qui en résultent. »
« La mémoire m’intéresse sous la forme de l’amnésie, car elle nous permet de nous rappeler différemment et de raconter en bégayant. »
CLAUDE CLOSKY
Oiseaux migrateurs
« Collés dans le vaste ciel du hall d’honneur, des poèmes au nombre de pieds soigneusement calculé, planent au-dessus des visiteurs. Ils forment un grand vol d’oiseaux noirs ou de vaisseaux spatiaux glissant à la surface des murs et du plafond. Les textes sont inspirés de dialogues tirés de films de science-fiction et retravaillés par Claude Closky. Invasion de territoire, domination sociale et culturelle, usage de la violence, exploitation des ressources ou exportations de déchets : nombreux sont les parallèles entre l’histoire coloniale et le cinéma d’anticipation. »
« Associant des personnels du Palais à son enquête, l’artiste nous immerge dans un monde dystopique où rôdent d’inquiétantes silhouettes. »
« Qu’est-ce qui vous a inspiré au Palais de la Porte Dorée et comment travaillez-vous la question de la mémoire ? »
« Le Palais m’a interpellé par son abondance de témoignages, de documents et d’artefacts, et surtout par l’exposition des croisements entre des actions et des créations provenant de champs variés : militantisme, musique, presse, cinéma, télévision, art contemporain... Quant à la mémoire, qui ne peut être que sélective, elle m’intéresse davantage pour ce qu’elle révèle du présent qui l’a convoquée, que du passé dont elle est coupée. »
MATHIEU ABONNENC
In The Skeleton of the Stars
« Poursuivant leur parcours vers le salon Afrique, les visiteurs en devinent l’aménagement et le mobilier de Jacques-Émile Ruhlmann, ainsi que le décor composé des fresques de Louis Bouquet. Mathieu Abonnenc y conçoit une installation vidéo directement inspirée du lieu. »
« Réalisé in situ et projeté sur un immense écran vertical installé au centre de l’espace circulaire, le film nous plonge dans des récits de rêves recueillis par l’artiste auprès du personnel du Palais, ainsi que de séquences chorégraphiées et interprétées par une danseuse en divinité céleste inconnue. Entre jeux de résonance et d’échelle, l’écran devient alors un portail vers d’autres temporalités. »
« Qu’est-ce qui vous a inspiré au Palais de la Porte Dorée et comment travaillez-vous la question de la mémoire ? »
« Le Palais de la Porte Dorée est en lui-même un dispositif mémoriel complexe, traversé de récits, de désirs et d’intentions contradictoires. Visiter ce lieu c’est faire un voyage dans le temps orienté, qui nous amène à des périodes importantes de l’histoire du monde, tout en nous permettant de mesurer par moment les distances qui nous séparent ou nous rapprochent de ces périodes. »
« C’est précisément ce que j’ai tenté de faire ici. Imaginer un travail qui tente d’interroger les échelles et la perception de ces échelles. Par ailleurs, les rêves m’intéressent car se souvenir, c’est déjà reconstruire une fiction à partir de quelque chose de fugace et fragile. »
RIRKRIT TIRAVANIJA & VIVIEN ZHANG
untitled 2023 (invasives)
« À l’entrée de l’ancienne médiathèque, un long espace est couvert d’un papier peint et de tableaux, indiquant une généalogie végétale dont le sens résonne avec le musée et l’idée de migration. Cette installation, conçue en 2023 par Rirkrit Tiravanija et Vivien Zhang, est ici réadaptée en écho à l’histoire du Palais et au sens de l’exposition. L’arbre de vie répété est issu de la représentation du célèbre naturaliste Ernst Haeckel, première représentation de l’origine de la biodiversité. L’artiste Rirkrit Tiravanija y a incorporé 40 noms d’espèces considérées comme invasives dont l’Ailanthus altissima, variété chinoise introduite en Europe comme arbre d’ornement et devenue mondialement invasive. Les tableaux floraux de Vivien Zhang rythment cette installation et leur style évoque une culture digitale qui se serait peu à peu substituée aux styles régionaux, caractérisant une génération déracinée ou nomade, déliée, en tout cas, de ses origines culturelles. »
TERESA FERNANDEZ-PELLO
En Crypt
« Installée dans la perspective digitale créée par l’oeuvre commune de Rirkrit Tiravanija et Vivien Zhang, l’oeuvre de Teresa Fernández-Pello évoque à son tour un monde électronique et l’infini mémoire des data. Elle accueille en son cœur le grand To’o Mata* des îles Marquises. »
« Les matériaux high-techs disposés, connectés, façonnés par l’artiste, portent dans leur organisation et les formes qu’ils produisent la réminiscence des espaces cérémoniels. Ils renvoient par leurs fonctions, même détournées, à l’utilité mémorielle de ces cordelettes sacrées. Ce cœur symbolique de l’exposition est signifié par les battements lumineux qui émanent des combinaisons électroniques fabriquées par l’artiste. »
« Qu’est-ce qui vous a inspiré au Palais de la Porte Dorée et comment travaillez-vous la question de la mémoire ? »
« Les bas-reliefs et les motifs géométriques des décors Art déco du Palais m’ont inspirée car je suis sensible aux symboles et aux liens entre les visions du monde des débuts de l’ère moderne et les motifs géométriques et épurés de l’Art déco. Quant à la mémoire, je m’intéresse à la manière dont les nouvelles technologies influent sur cette dernière. La façon dont nous « stockons » l’information par le biais de supports numériques influencent la manière dont nous évaluons et définissons la mémoire. Sans les ordinateurs, nos souvenirs varieraient certainement en termes de durée de vie, de définition et de précision. »
* Le To’o Mata, un objet des Îles Marquise éminent, ancien, puissant, riche de signification condense cet enjeu mémoriel et sa nécessité réparatrice. Objet rituel composé de cordelettes tressées, le To’o Mata est un aide-mémoire. Les noeuds successifs qui ponctuent chacune de ses tresses retiennent l’histoire de la tribu, ses filiations, les événements légendaires ou réels majeurs par lesquels s’est construite une culture commune. Un prêt du Muséum Emmanuel Liais de Cherbourg.
AMALIA LAURENT
À l’usage des fantômes
« Dans l’espace monumental du Forum, Amalia Laurent déploie un immense voilage peint qui joue des effets de transparence et de lumière. Transgressant les frontières entre monde réel et mondes parallèles, elle révèle les harmonies et vibrations qui unissent matière physique et croyances dans les pratiques ritualisées, dans un esprit qui rejoint les effets subtils de la musique traditionnelle javanaise qu’elle pratique. Inspirée de la tapisserie de pierre ornant la façade du bâtiment ainsi que des fresques du Forum, l’oeuvre en retrouve les couleurs, gardant l’anonymat des personnages dont certains visages arrivent à se détacher. Comme si leur présence s’intégrait au rythme coloré que l’artiste invente en leur hommage. »
« Qu’est-ce qui vous a inspiré au Palais de la Porte Dorée et comment travaillez-vous la question de la mémoire ? »
« Selon moi, la mémoire est liée à la carte c’est-à-dire à la manière dont on découpe, ordonne et traverse un espace. Au Palais de la Porte Dorée, ce qui m’a frappé avant tout, c’est le travail cartographique et de stratégie des représentations. La pièce faite in situ pour le Palais de la Porte Dorée fait alors dialoguer les deux portraits du monde. Pour que ces deux cartes puissent s’entretenir, j’ai repris les routes maritimes du début du XXe siècle enseignées dans les écoles au XXIe siècle. Ce sont alors les déplacements —le trajet des bateaux ou la marche des visiteurs dans le Palais de la Porte Dorée— qui dans ce tissu permettent de relier les anonymes qui peuplent le palais. »
CHARLIE AUBRY & SEHAM BOUTATA
En souvenance
« À la suite de l’autel électronique très structuré de Teresa Fernández-Pello, l’installation de Charlie Aubry mêle sons, paroles enregistrées, projections vidéo, objets électroniques détournés et mobilier historique du Palais dans le savant désordre d’une création sonore et visuelle foisonnante. Avec l’autrice et documentariste Seham Boutata, spécialiste de l’oralité et des récits populaires, ils ont recueilli des paroles d’enfants, de visiteurs, d’employés. Leur idée ? Restituer aux personnages et animaux représentés sur l’imposante façade sculptée du monument une histoire, un passé, une réalité qui dépassent les stéréotypes ayant inspiré leur création. »
« Qu’est-ce qui vous a inspiré au Palais de la Porte Dorée et comment travaillez-vous la question de la mémoire ? »
« Ce Palais construit il y a presque 100 ans, nous en dit long sur les époques qu’il a traversées. Il est empreint d’une grande violence par son histoire, ses représentations et sa vocation première au service du colonialisme. Ce qui m’intéresse, c’est de voir l’évolution de la société à travers lui. »
« Par ailleurs, la question de la mémoire m’importe car j’ai parfois la sensation d’être dépossédé de mon histoire, de mon quotidien, de mon propre récit de vie. C’est politique de raconter, de transmettre, cela évite la réécriture de l’histoire, des histoires. »
« Tout est inspirant au Palais de la Porte Dorée : sa fresque gigantesque et étourdissante, ses salles vertigineuses tellement vides et en même temps tellement oppressantes... Son musée, son aquarium, ses sous-sols, sans oublier ses habitants et ses fantômes. Je me considère moi-même comme une passeuse de mémoires. Exploratrice sonore et littéraire, je voyage entre mémoires collectives et mémoires personnelles pour raconter une histoire au présent. »
KOKOU FERDINAND MAKOUVIA
Aze Ze Ame Adre (Les Sept vases de sorcellerie)
« En pénétrant dans le vaste Hall Marie Curie, les visiteurs sont confrontés aux sept colonnes de céramique du sculpteur togolais Kokou Ferdinand Makouvia. Modelées par l’artiste comme des vases de tailles différentes, elles rappellent les sept jours de la semaine. À l’intérieur de chaque vase, l’artiste a déposé des feuilles de kpatima (Newbouldia laevis), plante d’Afrique de l’Ouest aux multiples qualités mystiques et thérapeutiques, qui diffusent leurs vertus purificatrices au travers de l’argile poreuse. Entre les jointures des fûts et dans une urne, les visiteurs sont invités à déposer des mots, souhaits, messages, adressés à eux-mêmes, à des aïeux, à des lointains ou à une divinité. Ces messages sont régulièrement brûlés par l’artiste, et leurs cendres sont utilisées pour créer une encre qui permet aux visiteurs suivants de rédiger à leur tour de nouveaux messages. »
« Qu’est-ce qui vous a inspiré au Palais de la Porte Dorée et comment travaillez-vous la question de la mémoire ? »
« Lors de ma première visite au Palais de la Porte Dorée en février 2024, j’ai été frappé par les vibrations étranges qui habitent ce lieu, submergé par ce bruit de foule, envahi par ce brouhaha dont j’ignore l’origine. Cela m’interroge sur l’histoire du monument, de son architecture, du décor et des objets qui la composent. »
« À travers mon processus de création, je veux restituer ce cri qui résonne dans les murs du Palais et m’incliner devant la mémoire de nos ancêtres. »
AUNG KO
Myanmar house et Around Me Project
« Artiste d’origine birmane ayant fui le Myanmar à la suite du coup d’État en 2021, Aung Ko réalise une oeuvre inspirée des maisons traditionnelles de son pays d’origine. Les paysages de son village natal, les traumatismes de la guerre civile, la perte, l’exil, le conduisent à développer à Paris, où il est réfugié, un travail autour de la notion de communauté. »
« Dans le Hall Marie Curie du Palais de la Porte Dorée, pendant plusieurs semaines, il construit un refuge, un espace de travail et de convivialité, avec l’aide des visiteurs invités à coudre avec lui l’habillage de cet abri à partir de vêtements collectés à cette fin. Vêtements de proches, de disparus, ou portés lors de moments importants, bref les dépouilles de nos souvenirs qui nous aident à reconstruire le présent. »
« Avec Around Me Project, Aung Ko réalise également des portraits enlevés d’habitants du Palais ou de personnes de passage. Pour lui, dessiner est une manière d’entrer en connexion avec l’autre lorsqu’il n’existe pas de langage commun pour communiquer. »
« Qu’est-ce qui vous a inspiré au Palais de la Porte Dorée et comment travaillez-vous la question de la mémoire ? »
« J’ai vraiment découvert le Palais de la Porte Dorée en 2022, à l’occasion de l’exposition « Immigrations est et sud-est asiatiques depuis 1860 » et j’ai été émerveillé. Parce que c’est l’histoire, la véritable histoire, de tous les pays, petits comme grands. J’ai alors réalisé combien la mémoire était importante pour chacun d’entre nous. C’est pourquoi j’ai eu envie de créer quelque chose de spécial entre les personnes qui travaillent au Palais, ses visiteurs et moi. »
NGE LAY
Anchoring
« Nge Lay a elle aussi fui son pays, la Birmanie, laissant derrière elle famille, amis et effets personnels. Dans une démarche empreinte de spiritualité, l’artiste arpente les territoires qui l’entourent en poursuivant son travail sur l’histoire et la mémoire. Pour elle, les mutations culturelles et politiques mondiales nous affectent physiquement et émotionnellement. »
« Dans le hall Marie Curie, elle imagine une oeuvre composée d’immenses moustiquaires noires sur lesquelles des mots brodés à larges traits sont comme les fils d’un destin mis en jeu. »
« En s’inspirant de son expérience personnelle et d’échanges avec des personnes migrantes dans le cadre de workshops qu’elle a menés pour ce projet, elle suggère la complexité du quotidien des réfugiés, et met en lumière le destin de milliers de gens. »
« Qu’est-ce qui vous a inspiré au Palais de la Porte Dorée et comment travaillez-vous la question de la mémoire ? »
« Les migrations ce ne sont pas seulement des déplacements physiques, ce sont aussi des bouleversements émotionnels, psychologiques et culturels. »
« À travers ma création, je souhaite remettre en question les récits stéréotypés sur la migration et encourager le dialogue. En mettant en lumière l’humanité commune qui nous lie tous, j’aspire à cultiver l’empathie et la compréhension de l’autre dans un monde de plus en plus interconnecté. »
JULIETTE GREEN
« Que ressent-on lorsqu’on vit avec deux cultures ?
Depuis l’école, Juliette Green, artiste du labyrinthe de la vie, note ses réflexions et enlumine ses écrits. Il s’agit le plus souvent de propos, profonds ou absurdes, sur le sens des choses, l’énigme du destin, le mystère des lieux ou des objets. Par cette pratique, qui va de la simple feuille de papier au dessin monumental de plusieurs dizaines de mètres, elle donne aux motifs une plasticité sans cesse réinventée, et trouve une équivalence plastique entre ses sujets et leur forme.
Avec cette technique unique, Juliette Green réalise en bas de l’escalier d’honneur une série de portraits inspirés de longs échanges avec des membres de l’équipe du Palais de la Porte Dorée issus, comme elle, de familles biculturelles, en leur adressant cette question : « Chez vous, comment s’exprime la coexistence de deux cultures ? » Ils se reconnaîtront peut-être.
L’exploration continue dans l’Aquarium avec deux oeuvres surprenantes. On y retrouve Juliette Green.
Voyager sous l’eau
L’univers poétique de Juliette Green rencontre l’espace insolite de l’Aquarium tropical. Au milieu des nombreux bassins, elle réalise une oeuvre faite de verre bleu sur lequel elle a gravé des récits inédits résultant d’échanges avec l’équipe scientifique. Prenant pour point de départ la question suivante : « Les poissons connaissent-ils les frontières ?», elle met en relief les destinées des habitants non humains du Palais.
Qu’est-ce qui vous a inspiré au Palais de la Porte Dorée et comment travaillez-vous la question de la mémoire ?
Les deux oeuvres sont directement inspirées d’entretiens réalisés avec le personnel du Palais de la Porte Dorée. Le projet portant sur les familles qui vivent avec deux cultures a été créé avec 18 volontaires. Leurs situations sont variables : certaines personnes ont un ou deux parents provenant de l’étranger, d’autres sont en couple avec une personne d’une autre nationalité, d’autres sont nées à l’étranger et vivent actuellement en France. Leur mémoire est la matière première de l’oeuvre. »
KATINKA BOCK
Assemblée élargie (constellation -1)
« Au-dessus de la fosse aux alligators, Katinka Bock réalise une sculpture résultant d’échanges d’objets avec le personnel de l’Aquarium, dans le même esprit que le grand mobile présenté dans le hall d’honneur. Fascinée par l’incroyable réseau de plomberie qui serpente en sous-sol pour alimenter les bassins, elle intègre à sa composition un long tuyau de cuivre issu des réserves du Palais qui appartenait autrefois à ce réseau. L’artiste établit des parallèles entre le bâtiment et le corps humain et, par cette présence, donne à voir le système invisible, mais vital, infiniment complexe qui irrigue le Palais. »
« 200 REGARDS SUR L’IMMIGRATION »
« Retour inédit sur 20 ans d’acquisitions »
« Chaque vie est une histoire revient sur vingt ans d’acquisitions de la collection et de ses trois fonds - histoire, témoignages et société, art contemporain - pour en proposer un nouveau récit à travers le prisme de l’invisibilité qui est, à bien des égards, liée à l’immigration. »
« Rendre visible une réalité faite d’invisibilité est la mission première du Musée national de l’histoire de l’immigration : « changer les regards », faire connaitre et reconnaitre l’histoire de l’immigration en France, contribuer à la reconnaissance de ceux qui ont aussi fait la France. »
Comment donner corps et visages à des anonymes, relégués aux marges, tolérés dans l’invisibilité, mais contestés lorsqu’ils deviennent visibles ? Comment mettre en perspective et en lumière l’histoire collective et les parcours individuels ? »
« Ces questionnements, au cœur des collections du Musée, sont explorés dans cette nouvelle exposition. Près de 200 œuvres d’art, documents d’archives, photographies, vidéos, peintures, objets et récits de migrations appartenant aux trois fonds dialoguent afi n d’exhumer cette part de notre histoire et transmettre la mémoire ainsi que la parole des témoins de ces odyssées contemporaines. »
COMMISSAIRES DE L'EXPOSITION
« Emilie Gandon
Diplômée de l’Institut national du patrimoine et de l’Université de Paris Nanterre, elle est responsable de la collection Histoire du Musée national de l’histoire de l’immigration depuis 2017.
Conservatrice du patrimoine, son parcours professionnel l’a mené à évoluer dans différentes institutions culturelles comme la Direction régionale des affaires culturelles de Normandie, le Centre de Recherche et de Restauration des musées de France ou encore le Musée de l’immigration d’Ellis Island de New York.
Elisabeth Jolys-Shimells
Conservatrice en chef du patrimoine, cheffe du service des collections du Musée national de l’histoire de l’immigration. Spécialisée dans la muséologie sociale, ses travaux scientifiques s’articulent autour des enjeux patrimoniaux du témoignage ainsi que de la relecture des collections au prisme des évolutions historiographiques et sociales. Ceux-ci trouvent notamment un écho au sein du groupe de travail national « Patrimoine des migrations humaines » qu’elle a mis en place et pilote depuis 2019.
Isabelle Renard
Directrice par intérim de la conservation et des expositions, Isabelle Renard est également responsable du fonds art contemporain au Musée. À ce titre, elle a élaboré une collection d’oeuvres questionnant les notions d’exil, de frontières, d’identité, d’hybridation des pratiques culturelles et artistiques. Depuis 2008, elle a assuré le commissariat de plusieurs expositions. Diplômée en sciences politiques et titulaire d’un master en art contemporain, Isabelle Renard est docteure en histoire culturelle. »
3 QUESTIONS À ISABELLE RENARD
Directrice par intérim de la conservation et des expositions, responsable du fonds « Art contemporain » et co-commissaire de l’exposition
« Comment se construit l’ADN de la collection du Musée national de l’histoire de l’immigration ?
Le Musée national de l’histoire de l’immigration peut se prévaloir d’une histoire tout à fait singulière dans le champ des musées nationaux. Créé sans collection préexistante et sans aucun transfert provenant d’autres institutions, il lui a fallu constituer, dans un temps restreint, une collection patrimoniale originale.
Comment raconter ces migrations qui ont façonné la France ? Comment mettre en récit, rendre accessible et visible cette histoire ? Pour répondre à ces questions, le musée a collecté et acquis des documents, photographies documentaires, objets, témoignages mais aussi des œuvres d’art moderne et contemporain. Dès le départ, il a privilégié la mise en perspective des regards et des approches donnant naissance à une collection articulée autour de trois fonds : « Histoire », « Témoignages et Société », « Art contemporain ».
Que racontent ces 200 regards sur l’immigration ?
L’ensemble des archives, objets, témoignages, récits, œuvres présentés dans l’exposition racontent les odyssées migratoires contemporaines. Ils rappellent les départs et les rives que l’on quitte, les déchirements de l’exil mais aussi les possibles reconstructions des mémoires et des êtres. Ils en révèlent la dimension humaine, tentent de sortir de l’ombre des visages anonymes, croisent trajectoires intimes et grande histoire.
Pour cette exposition, nous avons eu l’honneur de travailler avec l’autrice d’origine mauricienne Nathacha Appanah qui a notamment signé le Dernier frère, Tropique de la violence, Rien ne t’appartient et La Mémoire délavée. Tout en justesse, délicatesse et poésie, elle a su traduire, non seulement les différentes facettes d’une collection mais aussi la complexité d’une histoire de l’immigration avec ses fantômes, ses douleurs, ses espoirs et ses promesses.
Comment a été pensé le parcours de l’exposition ?
Avec Émilie Gandon et Élisabeth Jolys-Shimells, co-commissaires de l’exposition, nous avons souhaité revisiter la collection dans sa pluralité de regards et de médiums mais aussi au prisme de l’invisibilité. Trois chapitres scandent le parcours. « Présence-absence » relate les départs et les manières de combler l’absence. « La vie au bord de la vie », rappelle la précarité des conditions de vie de ces anonymes et de ces figures de l’ombre. Un troisième et dernier temps « Lever le voile, gonfler la voile » évoque la solidarité et la fraternité mais aussi les mémoires retissées.
Enfin, la réflexion menée par Jean de Loisy et l’équipe curatoriale autour du Palais de la Porte Dorée a largement inspiré notre démarche. En résonance, les expositions questionnent à la fois l’esprit des lieux et la complexité d’un musée pour tenter de dire ce que nous sommes. »
PARCOURS DE L’EXPOSITION
Présence/Absence
« Présence-Absence » s’attache aux périples de migrants partis loin, parfois disparus à jamais. »
« Cette première partie donne à voir les traces directes ou indirectes témoignant des passages des migrants mais aussi des œuvres qui rendent manifeste cette invisibilité. Les départs et les rives que l’on quitte, les manières de combler la déchirure de la séparation, de réparer l’absence sont les thématiques qui émergent dans cette section. »
« Laisser surgir l’absence : une enfance qu’on laisse derrière soi, un linge délavé, une langue oubliée, une photo jaunie, une identité dispersée, un parfum évaporé. »
Nathacha Appanah
ZOOM SUR
Taysir Batniji
2012
Savons de Marseille gravés sur socle
© Adagp, Paris, 2024
« L’oeuvre poétique et politique de Taysir Batniji puise son inspiration dans l’histoire, l’actualité et l’expérience personnelle de l’artiste. L’homme ne vit pas seulement de pain #2 renvoie à l’article 13 de la Déclaration universelle des droits de l’homme. « Le choix de cet article correspond à un moment particulier de mon parcours, où j’ai senti que ma liberté était menacée. » En 2006, alors qu’il était retourné s’installer en Palestine six mois plus tôt, Batniji s’est rendu en Jordanie pour une exposition. N’ayant pu revenir à Gaza sous blocus, il s’est retrouvé contraint de rentrer à Paris. L’oeuvre réalisée à partir de savons de Marseille fait écho à la ville portuaire, emblème des migrations anciennes et contemporaines. Mais elle rappelle aussi que la liberté de circulation, aussi universelle que soit cette aspiration humaine, se heurte à l’actualité et aux possibilités de son application en fonction du lieu de son exercice. »
ZOOM SUR
Cartes téléphoniques de la famille H.
Groupe Tati
Vers 1975
Matière plastique
« Quand Emna, la fille de Ferid H., pense à la manière de transmettre l’histoire de sa famille franco-tunisienne, lui reviennent les conversations téléphoniques entre son père et sa famille, dans les années 1990. C’étaient les seules occasions où la langue arabe résonnait dans la maison. Ces cartes téléphoniques évoquent également le souvenir de la chaîne de magasins Tati, très fréquentés par les milieux populaires immigrés. Nombre de cadeaux ramenés à la famille restée au pays provenaient de ces boutiques dont le motif vichy rose incarnait, ici comme là-bas, un idéal de consommation accessible à tous. »
ZOOM SUR
Lettre en 3 feuillets recto verso, adressée à Renée, sur papier à en-tête, de Lisbonne
Moïse Kisling
19 octobre 1940
Encre sur papier
« Né à Cracovie en 1891, Moïse Kisling arrive à Paris en 1910, poussé par son désir de peindre. »
« Naturalisé français en 1924, l’artiste devient une figure majeure de l’École de Paris.
En 1940, il est contraint à l’exil en raison de ses origines juives. Il embarque à Marseille en septembre 1940 pour rejoindre le Portugal où il séjourne six mois chez son beau-frère, le peintre Adriano de Sousa Lopes. »
« Au début de l’année 1941, il gagne les États-Unis où il résidera, principalement à New York, jusqu’à son retour en France en octobre 1946. »
« À sa femme Renée, restée en France avec leurs enfants, il ne cessera d’écrire durant toute la période de son exil. Manière de combler l’absence, cette correspondance dévoile les liens maintenus entre deux époux séparés par les frontières. »
La vie au bord de la vie
« La vie au bord de la vie » explore la collection du musée, peuplée de visages, d’hommes et de femmes anonymes. Qu’ils soient travailleurs, passants, familles, sans papiers : qui sont-ils, d’où viennent-ils ? Photographes comme artistes se sont emparés de ces figures pour révéler leur présence. La précarité des conditions de vie et de logement gomme l’identité de ces hommes et femmes noyés dans une multitude sans nom. Les représenter, les « donner à voir » est une manière pour les artistes et les musées de les sortir de l’ombre. Pour certains artistes et photographes, s’attacher aux logements spartiates devient un acte d’engagement afin de souligner la précarité de ces refoulés de l’histoire. En dépit des risques, les personnes « sans-papiers » s’exposent au grand jour et combattent l’anonymat forcé par la clandestinité. »
« Images et objets conservés par le musée retracent les luttes pour la reconnaissance des droits. »
« C’est dans un balluchon que cette nouvelle vie doit rentrer, c’est dans une poche secrète qu’elle doit pouvoir se cacher, c’est dans la bouche qu’elle doit se taire. »
Nathacha Appanah
ZOOM SUR
Enseigne du Studio Rex
Anonyme
1965
Néon, plexiglas, métal, verre et mercure
« Situé dans le quartier populaire de Belsunce à Marseille, le Studio Rex voit défiler derrière son objectif, de 1933 à sa fermeture, une clientèle majoritairement immigrée, originaire d’Afrique du Nord et de l’Ouest. »
« La principale activité du studio se concentre sur la production de portraits : portraits d’identité à des fins administratives, portraits en pied, portraits de famille, mais aussi d’hommes seuls, en grande partie destinés à être envoyés à la famille restée au pays d’origine. »
« Le Studio Rex produisait également des tirages rehaussés au pastel, très appréciés de sa clientèle. Ces montages, réalisés à partir de photographies disparates apportées par les clients, permettaient de réunir sur un même tirage les membres d’une famille séparés par la distance et les frontières. »
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Those who wait
Anonyme
1965
Néon, plexiglas, métal, verre et mercure
« Dans les dernières séries d’œuvres de Julie Polidoro, le raffinement chromatique contraste avec la tragique destinée des migrants. »
« Profondément marquée par les enjeux contemporains, en particulier des désordres climatiques et des migrations, l’artiste s’est créé un réservoir d’images collectées sur internet. Elle puise dans ce recueil pour transposer en peinture les nombreuses photographies ou vidéos qui envahissent le web. »
« Dans Those who wait, elle donne à voir celles et ceux que nous finissons par ne plus regarder : ces « invisibles » condamnés à l’exil. »
« Aux photographies « saturées » servant à la diffusion de l’information, Julie Polidoro oppose des images comme inachevées, avec des vides. »
ZOOM SUR
La Zone
Louis Chifflot
Paris 1895 - ?
1938
Tirages gélatino-argentiques noir et blanc
« La zone de Paris, espace non constructible autour des fortifications de Thiers, fut très tôt investie par des personnes qui n’avaient pas les moyens de se loger décemment dans la capitale ou en banlieue. »
« Un monde marginal s’y développa, vivant dans un habitat précaire (tentes, bicoques en bois ou en tôle, roulottes) immortalisé par les chroniqueurs, les photographes ou les cinéastes. Malgré les efforts des pouvoirs publics pour la résorber, la zone subsista, en certains endroits, jusqu’aux années 1960. »
« Avec ce reportage, Chifflot s’inscrit dans une longue lignée de photographes qui dénoncèrent les conditions de vie des plus pauvres, depuis Jacob Riis ou Lewis Hine aux États-Unis jusqu’à Henri Salesse en France. »
Lever le voile, gonfler la voile
« Lever le voile, gonfler la voile » met en lumière des parcours de vie dans lesquels l’histoire intime touche à l’universel mais aussi des initiatives individuelles ou localisées, sortes de « part du colibri » - légende chère à Pierre Rabhi - fondées sur les valeurs de solidarité et de fraternité. Cette dernière partie met aussi en exergue le travail d’enquête, mené à la fois par les descendants, les chercheurs, qui permet de retisser les fils des histoires singulières et de transmettre la mémoire des migrations. »
« Comprendre les songes et les promesses du mouvement migratoire, souligner les merveilleuses tentatives artistiques, reconnaître ceux qui, avant nous et pour nous, ont tout quitté. »
Nathacha Appanah
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Sans titre
Ceija Stojka
04/05/2003
Acrylique sur toile
© Adagp, Paris, 2024
« Issue d’une famille rom de marchands de chevaux, Ceija Stojka est arrêtée en 1943, puis déportée avec sa famille, parce qu’ils sont roms. Elle survivra à trois camps de concentration : Auschwitz-Birkenau, Ravensbrück et Bergen-Belsen. »
« En 1988, elle éprouve le besoin de briser le silence, décidée à ne plus taire l’innommable. « Elle témoignera, en autodidacte, à travers l’écriture, la peinture et le dessin. »
« Sans titre se situe dans ce balancier de l’ombre et de la lumière. Si le vert d’une nature luxuriante domine le tableau et rappelle les temps heureux de la « vie d’avant », en roulotte au milieu de la campagne autrichienne, les croix gammées arborées par les militaires nazis fixent le basculement dans l’horreur, au moment de la traque. »
« À travers ses souvenirs d’enfant et sa façon d’imprimer la toile de ses visions terrifiantes trop longtemps enfouies, Ceija Stojka compose une oeuvre puissante où l’intime touche à l’universel. »
« Son témoignage personnel devient un témoignage global sur le génocide des Tsiganes. »
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Pour une poignée de polenta
planche 14
Vincent Vanoli
2012
Encre de Chine et craie noire sur papier
« Clin d’oeil appuyé aux westerns-spaghetti et à la polenta, plat populaire italien par excellence, le titre de ce roman graphique de Vincent Vanoli est une double référence aux origines italiennes de l’auteur. Coutumier du récit autobiographique, il relate son histoire familiale à travers le portrait de ses parents et de ses grands-parents, venus d’Italie dans les années 1930, et il questionne avec drôlerie son lien à l’Italie, pays de ses ancêtres. »
« Ce récit tendre et émouvant est également l’occasion de revenir sur sa région natale, la Lorraine, vieille terre d’immigration où s’installe la famille paternelle qui comptera sept enfants, dont son père, Alfredo. »
« La craie noire utilisée par l’illustrateur crée une esthétique dense et charbonneuse se jouant du noir et blanc, pour mieux évoquer le passé oublié et les souvenirs épars de l’enfance. Vincent Vanoli parvient ainsi à reconstituer une histoire familiale faite de peines et de labeur mais aussi d’espoirs et de petits bonheurs. »
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La famille Kousnetzoff
Anonyme
Portrait de Marie Kousnetzo. (1895-1970)
Vers 1940
Tirage gélatino-argentique sur papier
« Originaires d’Ukraine et de Saint-Pétersbourg, Marie Stenbock-Fermor (1896-1970) et Nicolas Kousnetzo (1888-1951) ont quitté la Russie en 1920 à partir d’Odessa. »
« Après un séjour à Constantinople, où ils se sont mariés, ils ont vécu à Berlin, puis en Belgique, avant de se fixer en France vers 1927. À Chatou, Marie fut employée à l’usine Pathé avant d’exercer comme traductrice et interprète. »
« Leurs deux fils, Dimitri (1928-2010) et Nicolas (1932-1993), furent scolarisés à l’école des cadets de Versailles. »
« Autour de ce noyau central, la famille compte un cercle rapproché, la famille de Marie : son père, qui vivait chez son autre fille, Olga, au Perreux ; leur tante maternelle, Nadine Somo., dite « Baba Nadia » ; hors de France, le cousin Léo, ingénieur dans les travaux publics en Belgique, puis en Afrique, et la tante Liouba, en Suisse. »
LA COLLECTION DU MUSÉE NATIONAL DE L’HISTOIRE DE L’IMMIGRATION
« Une collection du musée en trois regards pour tisser une histoire commune »
« Constituée à partir de 2005, la collection du Musée national de l’histoire de l’immigration compte aujourd’hui plus de 8000 documents, vidéos, oeuvres d’art contemporain, objets et témoignages. Chaque année, la collection s’enrichit grâce à des acquisitions. »
« Afin de restituer au mieux la complexité de l’histoire et des traces laissées par les migrations en France, le Musée a opté pour le croisement des regards : socio-historique, artistique et témoignages. En instaurant ce dialogue, le Musée souhaite aider à comprendre et ouvrir à la connaissance. »
Le fonds Histoire
« Rassemblant près de 5000 œuvres et documents relevant majoritairement des domaines de la photographie et des arts graphiques, le fonds histoire conserve également peintures, objets et archives. Les œuvres et objets de ce fonds sont des témoins des grands jalons de l’histoire de l’immigration en France et des conditions d’existence des immigrés sur le territoire. »
« Le fonds conserve des œuvres de photographes, peintres, illustrateurs, artistes engagés ou observateurs concernés, qui se sont saisis du sujet de l’immigration, tantôt pour mettre la présence étrangère sur le devant de la scène, témoigner des conditions de vie des immigrés, ou encore porter avec un humour parfois acide, un regard acéré sur la question de l’immigration en France. »
« À côté de ces œuvres, le fonds histoire conserve objets, photographies de famille, documents administratifs, cartes postales, affiches politiques et militantes, produits dans un tout autre but que de témoigner de l’histoire de l’immigration, mais qui rassemblés par le musée, constituent les traces matérielles de cette histoire. »
Le fonds Art contemporain
« Le fonds art contemporain compte à ce jour un millier d’œuvres de plus d’une soixantaine d’artistes émergents ou reconnus de la scène internationale, résidant et travaillant en France ou à l’étranger. »
« Des champs d’interrogation majeurs se dessinent autour des notions de circulation, passages et frontières, d’exil, d’identité, d’hospitalité et de transmission. Situé au Palais de la Porte Dorée, le Musée se trouve au cœur des débats les plus actuels et élargit ses domaines d’analyse aux questions coloniales et post coloniales, mais aussi à celles du racisme et de la discrimination. »
« L’oeuvre d’art, dans sa polysémie, sa diversité formelle et de médiums, permet une approche esthétique, et intellectuelle qui cristallise des enjeux contemporains sous une forme sensible, symbolique et peut amener le visiteur à se questionner et à se confronter au monde actuel. »
« Parmi les oeuvres de ce fonds, celles d’artistes tels Kader Attia, Bruno Boudjelal, Chen Zhen, Claire Fontaine, Samuel Fosso, Ghazel, Bilal Hamdad, Laura Henno, Bouchra Khalili, Kimsooja, Malik Nejmi, Enrique Ramirez, Moussa Sarr, Zineb Sedira, Djamel Tatah, Barthélémy Toguo… »
Le fonds Témoignages et Société
« Dans ce fonds, les objets, documents, photographies sont associés à un témoignage, écrit et/ou oral, qui les contextualise. Ces parcours de vie alimentent le patrimoine national d’histoires singulières qui complètent la trame du récit de l’histoire de France lue au prisme des migrations. Il ne s’agit pas d’illustrer, encore moins d’essentialiser les trajectoires, mais de donner à voir et entendre la complexité des destins, la polyphonie des expériences. »
« Aujourd’hui composé de plus de mille numéros, le fonds « Témoignages et société » recèle des objets de tous matériaux et dimensions, principalement datés après les années 1920. Personnes migrantes, héritiers, personnes impliquées dans le champ associatif ou institutionnel des migrations : les propositions de spontanées sont accueillies et guidées dans le processus de patrimonialisation. En parallèle, pour ne pas restreindre la conservation aux seuls connaisseurs ou personnes se sentant légitimes, le Musée déploie efforts, réseaux et créativité pour identifier des voix singulières en dehors de son cercle. »
« Ce fonds part de la conviction que le témoignage est une composante légitime de l’écriture de l’Histoire, et donc du patrimoine, qui conserve les traces, matérielles et immatérielles. Comme un oeuvre d’art, il enrichit les archives, les artefacts, d’un point de vue : celui du témoin. Comme une oeuvre d’art, il faut le prendre tel qu’il est et pour ce qu’il est : la part vivante d’une histoire commune. »
« Histoire du Musée national de l’histoire de l’immigration et de sa collection
Dates clés et expositions phares »
« 2003 : Lancement du projet de préfiguration de la Cité nationale de l’histoire de l’immigration présidé par Jacques Toubon.
2005 : Première commission des acquisitions et première oeuvre acquise Mother Tongue (2002) de Zineb Sedira
2007 : Inauguration de la Cité nationale de l’histoire de l’immigration au Palais de la Porte Dorée.
2011 : L’exposition J’ai deux amours présente pour la première fois les œuvres du fonds Art contemporain récemment acquises et pour certaines jamais exposées.
2012 : Création de l’Établissement public du Palais de la Porte Dorée. La Cité nationale de l’histoire de l’immigration et l’Aquarium tropical sont réunis dans un nouvel établissement culturel public national, chargé de développer chacun des deux projets scientifiques et culturels qui le composent et de mettre en valeur l’ensemble patrimonial du Palais de la Porte Dorée.
2013 : Acquisition de 56 planches originales de bande dessinée à la suite de l’exposition Albums, bande dessinée et immigration.
2014 : Inauguration officielle et nouveau nom. Après sept années d’existence, le Musée est inauguré officiellement par le président de la République François Hollande le 15 décembre 2014. Il prend le nom de Musée national de l’histoire de l’immigration.
2019 : L’association SOS MÉDITERRANÉE fait don au Musée de près de soixante objets, témoins de l’histoire de l’Aquarius. Cette entrée dans la collection permet de traiter du fait migratoire contemporain.
2023 : À l’occasion des 40 ans de la marche de 1983 pour l’égalité et contre le racisme, le Musée lance un appel à collecte national de témoignages et d’objets pour porter la mémoire de ce mouvement. Suite à cet appel et jusqu’à maintenant, 220 items ont rejoint la collection du Musée et certains sont exposés dans l’exposition permanente.
2023 : Ouverture du nouveau Musée national de l’histoire de l’immigration. Le Musée national de l’histoire de l’immigration présente depuis 2023 une exposition permanente totalement renouvelée, intégrant les recherches récentes sur l’immigration en France. Ce nouveau parcours fait dialoguer les trois fonds de sa collection : Art contemporain, Histoire, Témoignages et société.
2024 : Acquisition du Kwassa-kwassa, présenté pour la première fois à l’occasion de l’exposition Chaque vie est une histoire. Un Kwassa-kwassa, est un bateau utilisé dans l’archipel des Comores, aujourd’hui associé aux migrations clandestines entre les îles de l’Union des Comores et Mayotte, département français. Sa collecte a été menée conjointement avec le Musée de Mayotte.
2024 : Exposition Chaque vie est une histoire. Une exposition dont le parcours intime et sensible présente plus de 200 objets, récits de migrations et regards d’artistes des collections du Musée sous le prisme de l’invisibilité, qui est, à bien des égards, liée à l’immigration. »
ÉDITORIAL DE CONSTANCE RIVIÈRE
Directrice générale du Palais de la Porte Dorée
« À la fois monument, Musée et Aquarium, le Palais de la Porte Dorée est un lieu unique. Son histoire, celle de ses habitants, qu’ils y travaillent ou qu’ils le visitent, celle aussi des personnes exilées, immigrées en France, trop souvent laissées dans l’ombre de notre Histoire, sont mises en lumière par une double exposition dont le titre est en soi une déclaration : Chaque vie est une histoire.
Dans une première partie, l’exposition prend la forme d’une carte blanche confiée à 13 artistes qui transforment le monument en un véritable laboratoire de création. Chacun d’eux s’est approprié l’histoire, les espaces et les symboles du Palais de la Porte Dorée pour y créer des œuvres puissantes et inédites. Sous la direction artistique de Jean de Loisy, associé à Raphaël Giannésini, ce projet hors norme a pris forme en immersion complète au Palais, au fil de deux années de réflexion et de création collective rassemblant visiteurs, collaborateurs, anthropologues et artistes. Cette exposition collaborative dévoile une dimension nouvelle de ce lieu chargé d’histoire, ancien monument de propagande coloniale devenu Musée national de l’histoire de l’immigration par l’effet d’un retournement qui laisse forcément des traces, un lieu où s’entrelacent les ombres, les rêves et les mémoires qui hantent encore les relations entre la France et ses anciennes colonies.
Dévoiler, révéler, rendre visible l’invisible, tel est aussi le sens du second volet de cette exposition. Dans un contexte marqué par la montée des stigmatisations, la mission du Musée national de l’histoire de l’immigration est de sortir l’immigration des généralités abstraites, souvent fausses, souvent déshumanisantes aussi, pour retrouver les noms, les visages et les récits qui en sont à la fois l’histoire et le présent.
À l’occasion du 20e anniversaire de sa collection, le Musée présente donc pour la première fois une exposition réunissant exclusivement des œuvres issues de ses trois fonds -art contemporain, histoire, témoignages et société -afin de révéler des histoires individuelles dont les fils tressés sont la matrice humaine de notre histoire collective, l’histoire de France. Sous le regard de l’autrice invitée Nathacha Appanah, cette exposition sensible, poétique et engagée donne une voix indispensable aux objets et récits du passé, tout en jetant une lumière précieuse sur le présent.
Dès le 8 novembre, nous vous invitons à découvrir cette double exposition qui se déploie dans l’ensemble du Palais, des profondeurs de l’Aquarium aux étages du Musée, en passant par le Forum et des espaces qui n’avaient encore jamais été investis d’œuvres que vous découvrirez à cette occasion. »
Aquarium Tropical
293, avenue Daumesnil - 75012 Paris
Du mardi au vendredi, de 10h à 17h30.
Le samedi et le dimanche, de 10h à 19h.
Fermeture des caisses 1 heure avant la fermeture.
Visuel :
Kwassa-kwassa
2022
Témoignages de migrants à Mayotte
Source Musée national de l’histoire de l’immigration - EPPPD
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