Arte diffusera dès le 14 janvier 2025 à 21 h « Vroum. Une brève histoire de l'automobile », série documentaire en trois parties de Jean-Christophe Ribot. « Étroitement liée à l’histoire du capitalisme, la voiture a révolutionné nos modes de vie, imprégné les imaginaires, bouleversé le travail, transfiguré les villes et les campagnes. Tout en archives, cette série foisonnante, traversant l’histoire du XXe siècle, porte un regard acéré sur cet objet aux mille facettes désormais au cœur d’une crise écologique et civilisationnelle planétaire. » 13 janvier 2025 à 19 h : Avant-première au cinéma Le Lincoln, 14 rue Lincoln – 75008 Paris. Projection de 58 minutes en présence de l’équipe du film.
« Symbole d’une course irrésistible au progrès, emblème de la société de consommation, la voiture, devenue en un temps record le moteur du monde, se trouve désormais au cœur d’une crise écologique et civilisationnelle planétaire. »
« Fordisme, privatisation de l’espace public, pollution, mais aussi désenclavement, liberté de mouvement, développement économique et amélioration du confort de vie… : plusieurs pages ne suffiraient pas à raconter son impact sur le quotidien de milliards d’êtres humains. »
« À l’image de son passionnant sujet, cette foisonnante série documentaire de Jean-Christophe Ribot (Le business du bonheur, L'odyssée Rosetta – 900 jours sur une comète) s’appuie sur une profusion d’archives pour porter un regard riche et nuancé sur l’histoire de l’automobile : à travers ses inventeurs, ses usines et ses modèles légendaires, c’est aussi celle du XXe siècle qui défile sous nos yeux ».
« Au fil des trois parties, ce récit chronologique, qui offre des incursions en URSS ou dans la Chine de Mao, convoque les imaginaires des sociétés occidentales, exhumant des campagnes de publicité iconiques, des extraits de grands prix mythiques ou des vidéos effarantes produites par les lobbys. »
« Chacun s’émerveillera ou s’épouvantera devant l’odyssée de cet engin aux mille facettes, qui incarne plus que tout autre les paradoxes du développement fiévreux de notre civilisation ».
Romans, poèmes, films, jouets, sculptures... La voiture a inspiré petits et grands, artistes et politiciens.
Elle symbolise l'autonomie, la possibilité d'explorer des espaces lointains (Croisière noire et Croisière jaune imaginées dans l'entre-deux guerres par André Citroën.
En 1973, après la guerre du Kippour, pour faire pression sur l'Occident et réduire son soutien à Israël, les Pays producteurs de pétrole augmentent brutalement le prix du baril de brut : ce premier choc pétrolier bouleverse une société de consommation fondée sur un prix modique de l'énergie.
L'automobile a fondé la puissance économique d'Etats, notamment européens, qui depuis quelques décennies, en raison des délocalisations essentiellement vers la Chine, par une monnaie européenne, l'euro, très forte, et sous l'influence des écologistes, tuent une industrie florissante, pourvoyeuse d'emplois notamment pour des entreprises sous-traitantes, et représentant une part importante du commerce extérieur.
Ce qui touche à l'automobile demeure sensible. En octobre 2018, l'annonce par le gouvernement d'Edouard Philippe de la hausse du prix des carburants automobiles issue de la hausse de la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) suscite la révolte d'automobilistes. Ainsi naît le mouvement des Gilets jaunes qui manifeste généralement les samedis dans les villes, se réunit dans les ronds-points. A ces manifestations, durement réprimées, se joignent les gauchistes ou black blocs et les racailles. Début décembre 2018, le gouvernement et le Président de la République Emmanuel Macron renoncent à l'augmentation de la TICPE et des mesures, ainsi qu'un grand débat national. Le Chef de l'Etat annonce une baisse d'impôts pour les classes moyennes et la réindexation des petites retraites. Sans stopper ce mouvement des habitants de la France périphérique, de classe moyennes paupérisées.
Imposées sans fondement scientifique, excluant les plus pauvres, des mesures, adoptées aux niveaux nationaux et européens sans étude préalable, donc sans connaitre tous les effets induits, des mesures ont imposé le changement de véhicules thermiques par des automobiles électriques, ont exclu à peine d'amendes certaines automobiles de zones délimitées, les Zones à faibles émissions (ZFE) en France. "Depuis le 1er janvier 2025, une trentaine d’agglomérations de plus de 150 000 habitants voient leur circulation impactée par ce dispositif. Une mesure prévue par la loi d’orientation des mobilités (LOM) de 2019, renforcée par la loi « climat et résilience » de 2021, qui vise à améliorer la qualité de l’air dans nos villes. Elle incite notamment les automobilistes à opter pour des véhicules moins polluants et donc en général plus récents, ou à privilégier les déplacements en transports en commun ou le vélo". Un régime discriminatoire, compliquant la vie des plus faibles, conçu "pour notre bien, pour décarboner les villes, pour sauver la Terre" et mis en oeuvre par la bureaucratie. "Au niveau national, ce sont ainsi 8,84 millions de voitures qui sont potentiellement concernées".
Le 31 décembre 2024, l'écrivain Alexandre Jardin a posté sur X, ex-Twitter : "À partir de demain, 2,2 M de gueux ne pourront utiliser leur véhicule là où ils vivent. Pas si grave, c’est des gueux. Le système ZFE est remarquable : vous ne savez jamais exactement si vous êtes dans la légalité. Le citoyen devient un suspect". Le 7 janvier 2025, il a posté ce texte sur X : "Ce post du 31/12 a été vu 506 000 fois. Il a lancé le mot #gueux , le nom de la révolte d’un peuple courageux qui jamais n’acceptera que les villes soient interdites aux pauvres. La classe politique qui a voté les #ZFE reculera. Mon pays restera une République."
Et ce, malgré la pollution des mines d'extraction de minerais nécessaires (lithium) et leur fragilité (risques d'incendie, de pénurie en pleine utilisation du véhicule et de l'air conditionné ou du chauffage), l'impossibilité de trouver des acheteurs de ces automobiles électriques sur le marché de l'occasion, et le coût élevé des primes et autres incitations financières. Ce qui a aggravé la dépendance à l'égard de la Chine.
Quant à l'alternative représentée par la voiture à hydrogène, le public la boude : réseau d'infrastructure peu dense, hausse du prix de l'hydrogène, etc. "Dans le monde, la mobilité à hydrogène a effectué 5 918 immatriculations en 2021. En 2024, le bilan des 11 premiers mois n’est que de 1 702, la voiture à hydrogène a effectué 529 immatriculations en France. L’hydrogène pourrait se retrouver uniquement sur des voitures spécifiques, comme des voitures de course ou des sportives d’exception. Une décision plutôt logique puisque ces véhicules sont produits à des volumes relativement faibles". Une déception pour le constructeur japonais Toyota.
1ère partie : « Le génie humain »
« 1889. À l’Exposition universelle de Paris, un ingénieur allemand, Carl Benz, dévoile une invention révolutionnaire : le tricycle motorisé. »
« Onze ans plus tard, lors du même événement dans la capitale française, quelque 80 constructeurs automobiles sont représentés, annonçant le crépuscule d’un monde alors dominé par l’attelage. »
« Symbole du génie humain, ce nouveau véhicule, qui concentre les technologies les plus complexes de l’époque et s'appuie sur des matières premières venues des colonies, va devenir un produit diffusé en masse. »
« Leader du secteur, la France se voit dépassée dès 1907 par les États-Unis : le plus grand complexe industriel au monde sort de terre à Detroit, où Ford révolutionne le travail à la chaîne. »
« Après la Première Guerre mondiale, au cours de laquelle elle a prouvé son utilité en acheminant hommes et matériel jusqu’au front, la voiture s’empare progressivement de l’espace public et pénètre en tueuse dans les villes.
Les protestations face aux nombreux accidents mortels causés par les véhicules motorisés vont alors donner naissance, en réaction, au lobby de l’automobile. »
2e partie : « La société de consommation »
« Après la Seconde Guerre mondiale, la voiture devient l’objet fétiche de la société d’abondance qui émerge du chaos. D’immenses chantiers sont lancés en Europe pour permettre une plus grande circulation des personnes – et des marchandises. »
« Les citoyens découvrent la route des vacances, le pique-nique au bord de la départementale, la mer et les stations de ski. »
« Aux États-Unis, le phénomène prend des proportions démesurées, avec 55 000 kilomètres de routes construites en dix ans, au détriment du chemin de fer. Cette densification du réseau s’accompagne de l'édification de "malls", ces gigantesques centres commerciaux desservis par des voies express. »
« La voiture, qui redessine les villes, inspire aussi le cinéma, entre road-movie et courses-poursuites. »
« Mais ce symbole de liberté continue de tuer, obligeant les constructeurs à revoir les normes de sécurité, tandis qu’une grave crise énergétique se prépare… »
3e partie : « Schizophrénie »
« Avec le choc pétrolier de 1973, les populations occidentales découvrent brutalement que leur mode de vie dépend d’équilibres géopolitiques instables. Les constructeurs automobiles se livrent une guerre économique toujours plus féroce, dans laquelle les Japonais tirent leur épingle du jeu. »
« Un phénomène se généralise, qui fragilise les ouvriers des pays riches : les délocalisations. Les entreprises, elles, se rachètent, fusionnent, disparaissent… »
« Aujourd’hui, la production est devenue le fruit d’une ingénierie mondialisée qui échappe à tout ancrage géographique, alors que dans les grandes villes européennes les voitures, ciblées pour leur impact environnemental, commencent à être chassées. »
«Nouvel horizon des industriels, les véhicules électriques permettront-ils de conjuguer expansion du marché et respect de l’environnement ? »
« Auto-persuasion(s) »
« La voiture a pu compter sur des ambassadeurs zélés pour s’imposer dans les imaginaires et s’approprier l’espace public. Voyage dans le temps et l’espace à la découverte de quatre de ses plus fructueuses conquêtes. Par Raphaël Badache.
Citroën, la folie des grandeurs
Après la Première Guerre mondiale, les industriels veulent transformer la voiture en bien destiné aux classes moyennes et populaires. Dans l’ombre des usines Ford, les chaînes de production européennes sortent des modèles robustes, facilement réparables et moins chers. Parmi tous ces constructeurs guidés par une quête de productivité maximale, André Citroën marque l’imaginaire collectif. Publicitaire visionnaire, il envoie des convois de ses véhicules à travers le Sahara ou en Chine, immortalisés par des équipes cinématographiques. Les épopées Citroën ravivent la mémoire des grands explorateurs et confèrent à la voiture un parfum d’aventure. À Paris, l’industriel fait inscrire son nom en lettres de lumière sur la tour Eiffel durant huit ans, pendant que Joséphine Baker chante les louanges de la marque. Seulement, les ventes ne compensent pas ces investissements démesurés : l’entreprise est mise en liquidation en 1934 et son fondateur meurt quelques mois plus tard. Racheté par Michelin, son principal créancier, Citroën repartira de plus belle.
Les lobbys américains face au tramway
Dans les années 1930, la voiture s’est emparée de pans entiers de l’espace public urbain. Les enfants ne peuvent plus jouer librement dans les rues, les piétons se cantonnent aux trottoirs, les attelages sont interdits et les déplacements, encadrés. Le triomphe de l’automobile est tel que ses promoteurs font face à un nouveau défi : la congestion. Il faut faire de la place, et la cible est toute trouvée : le tramway. À Paris, malgré ses 122 lignes, le voilà démantelé. Idem à Marseille, Berlin, Vienne et presque partout en Europe. Aux États-Unis, les compagnies de tramway engagent une guerre de communication. Les lobbys de l’automobile répliquent en les attaquant sur leur lenteur, leur non-rentabilité, leur obsolescence. Avant le coup de grâce : General Motors, la Standard Oil et le fabricant de pneus Firestone s’associent en secret pour racheter les compagnies dans une trentaine de villes et les liquider progressivement. Dans les rues, le spectacle de tramways incendiés symbolise la fin d’un monde. Les lobbys préparent déjà le coup d’après : créer de larges axes routiers à l’intérieur même des villes.
L’offensive de la "Dame de fer"
Royaume-Uni, 1977. Alors que le conglomérat automobile British Leyland affiche des résultats désastreux, Margaret Thatcher se rend au Japon pour percer à jour l’efficacité nipponne. Le dévouement des ouvriers de Nissan l’inspire. En 1979, devenue Première ministre, elle privatise les entreprises nationales pour les rendre compétitives. Parallèlement, elle permet l’implantation de la première usine Nissan sur le sol européen, en promettant au constructeur d’accéder au marché de l’Europe des Neuf, avec ses plus de 250 millions de consommateurs. Mais les véhicules sortant de l’usine britannique doivent-ils être considérés comme anglais ou japonais ? Sous l’impulsion de la France, de l’Allemagne et de l’Italie, la Communauté économique européenne, qui protège son industrie automobile en limitant les importations, proteste. Qu’importe : à l’heure du néolibéralisme, la stratégie de détournement des quotas de la "Dame de fer" finit par s’imposer. Il faut libérer le commerce, abolir les réglementations… Les voitures japonaises peuvent inonder le marché européen.
Volkswagen et le "Dieselgate"
Au début des années 2000, l’industrie automobile, critiquée pour son impact environnemental, doit se réinventer. Alors que fabriquer des voitures moins polluantes devient un argument de vente, Volkswagen reverdit l’image de sa technologie diesel, désormais dite "propre", pour convaincre les Américains. Cela fonctionne : en 2009, la Jetta TDI est élue “voiture verte” de l’année outre-Atlantique. Mais en 2015, un laboratoire découvre l’entourloupe. Derrière ce succès mondial se cache un tour de passe-passe des ingénieurs allemands, qui ont mis en place un dispositif pour truquer les contrôles. Les mesures dépassent quarante fois les normes légales pour le dioxyde d’azote ! Cinq cent mille voitures sont rappelées, les propriétaires sont indemnisés et le constructeur doit s’acquitter d’une amende record de 25 milliards d’euros pour régler le dossier du "Dieselgate" aux États-Unis. La fin pour Volkswagen ? Au contraire. Dès 2018, soit trois ans après la révélation du scandale, le fleuron allemand enregistrait les meilleures ventes de son histoire. »
« Vroum. Une brève histoire de l'automobile » de Jean-Christophe Ribot
France, 2022
Coproduction : ARTE France, ZED
Visuels :
© Getty Images
© ZED
1ère partie : les 14 janvier 2025 à 21 h, 03 février 2025 à 9 h 25
Visuels :
"L' Histoire de l' automobile" , série documentaire de Jean-Chirstophe Ribot, épisode 1 : " La production de masse" qui débute avec l' invention de l' automobile dans la dernière partie du 19ème siècle, et s' achève à l' interruption des productions au début de la deuxième guerre mondiale
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Gaumont Pathé Archives
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Visuels :
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Sur arte.tv du 07/01/2025 au 12/02/2025
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