Créé en 1900, le club de football Bayern Münich, club bavarois, a été surnommé au début du XXe siècle le « club des juifs » en raison du rôle décisif joué par les juifs, généralement allemands, notamment son président Kurt Landauer (1884-1961), dans sa fondation et dans son essor. Une étude historique récente a révélé l'aryanisation et les persécutions antisémites dans ce club sous le régime nazi. Arte diffusera dès le 7 janvier 2025 à 23 h 45 « Beckenbauer, le dernier empereur », série documentaire de Torsten Körner sur un illustre joueur de ce club bavarois.
« Alfred Nakache, le nageur d’Auschwitz » de Christian Meunier
Victor Younki, dit « Young » Perez (1911-1945)
Victor Younki, dit « Young » Perez (1911-1945)
Créé en 1900, le club de football Bayern Münich, club bavarois, a été surnommé au début du XXe siècle le « club des juifs » (Judenklub) en raison du rôle décisif joué par les juifs généralement allemands dans sa fondation et dans son essor : l’entraîneur, masseur et directeur commercial autrichien Richard Kohn, dit Richard Dombi, Little Dombi ou Jack (1888-1963), le responsable des équipes juniors Otto Beer. l'homme d'affaires, footballeur et président du club Bayern Munich (1913-1914, 1919-1921, 1922-1933, 1947-1951) Kurt Landauer (1884-1961). Grâce à cette équipe, en 1932, le Bayern avait remporté son seul titre de champion d'Allemagne de l'entre-deux guerres. "Dès son plus jeune âge, mon oncle Kurt Landauer a été littéralement possédé par le FC Bayern. C'était tout simplement son club", raconte Uri Siegel, 91 ans, son neveu, dans le magazine Kicker en 2014. Et pourtant cette figure tutélaire a été occultée pendant des décennies par le club.
Dès l'avènement d'Hitler au pouvoir, ce club sportif avait été "aryanisé" : ses dirigeants juifs avaient été contraints de démissionner. Kurt Landauer a été arrêté par les Nazis en 1938, déporté au camp de Dachau, libéré car vétéran de la Première Guerre mondiale, exilé en Suisse en 1939 - quatre de ses cinq frères et sœurs sont assassinés lors de la Shoah. Mais les joueurs du Bayern Munich étaient restés loyaux, reconnaissants envers Kurt Landauer qu'ils avaient salué lors d'une rencontre sportive en 1940 à Genève (Suisse).
Dès l'aryanisation, "le nombre de membres et de spectateurs a chuté drastiquement. Durant les 12 années de la dictature fasciste, le club avait perdu sa place au sommet du football allemand, et avait chuté à la 81e place au classement du Reich", avait reconnu le club qui s'était auparavant victimisé après 1945.
En mai 2016, Der Spiegel avait publié un article de l'historien Markwart Herzog, qui, sur le fondement de l'étude de comptes-rendus d'assemblées générales du club inédits, a contesté le mythe longtemps propagé par le Bayern Munich, notamment dans son musée du football, selon lequel il se serait "tenu à distance des nazis". Le Bayern Munich s'était accommodé de la dictature nazie (1933-1945). Ce qu'a alors contesté Dietrich Schulze-Marmeling, auteur du livre « Le FC Bayern et ses Juifs ».
Le 30 septembre 2016, Le Monde a publié la tribune d'Albrecht Sonntag, Professeur au Groupe ESC Troyes, intitulée "Le Bayern, mis au pas comme les autres par le régime hitlérien" :
"Ce n’est que depuis une quinzaine d’années que les historiens allemands se sont penchés sur le rôle du sport dans les années noires du nazisme. Pendant un demi-siècle, les fédérations et les clubs n’étaient pas très disposés à ouvrir leurs archives aux chercheurs, préférant mettre en avant les récits plus que vagues qu’on pouvait trouver dans leurs publications commémoratives de circonstance.
Et comme il fallait s’y attendre dans un milieu où l’attachement à un club est fondé sur des émotions et des croyances collectives, les publications historiques ont accouché de nombre de mythes et de légendes.
Que l’un de ces mythes concerne le FC Bayern de Munich – à l’époque, un club parmi d’autres avec un millier d’adhérents, mais aujourd’hui le plus grand club sportif du monde avec ses 277 000 membres – n’est guère étonnant. La légende voulait que contrairement à son rival local, le TSV Munich de 1860, le Bayern avait fait preuve de résistance passive durant le IIIe Reich. En gros, il aurait traîné des pieds quand les nazis s’attaquèrent au sport dans leur « mise au pas » de toutes les sphères de la société.
L’histoire du club qui aurait tout fait pour essayer de protéger ses membres juifs, parmi lesquels son président emblématique Kurt Landauer, a été popularisée ces dernières années non pas par le club lui-même, mais par des ouvrages et des films qui se voulaient sérieux et bien documentés.
Or, il s’avère qu’il n’en était rien. Que le Bayern n’était ni meilleur ni pire que la très grande majorité des organisations sportives de l’époque. Qu’il s’empressait en fait de « nettoyer » ses rangs de membres juifs de manière rapide et rigoureuse dès le printemps 1933, au-delà même des attentes du nouveau régime, tout en prenant soin de ne pas trop froisser l’opinion publique internationale avant les JO de Berlin de 1936.
Le plus surprenant, selon Markwart Herzog, éditeur d’un récent ouvrage remarquable sur la mise au pas du sport dans l’Allemagne nazie, qui contient également son article sur l’aryanisation du FC Bayern, est que ces informations étaient disponibles depuis des années et libres d’accès au tribunal d’enregistrement de Munich, où les associations déposent leurs statuts initiaux et l’ensemble des modifications ultérieures. Ce qu’il y a trouvé, c’est l’histoire d’un club comme les autres, dont les dirigeants ont tout fait pour plaire au nouveau régime, les uns par conviction, les autres motivés par la peur d’être un jour interdits de jouer au ballon.
Dans le Landerneau des historiens allemands du sport, son article a fait grand bruit, tant il a révélé la légèreté de certains travaux antérieurs. Sur les réseaux sociaux, comme il fallait s’y attendre, les insultes ont fusé. Et le grand Bayern ? Le club lui-même n’avait jamais activement mis en avant sa prétendue attitude « héroïque » sous la dictature. Sage décision. Cela lui évite maintenant de devoir se justifier et cela lui permet de laisser les (bons) historiens faire leur travail."
En novembre 2017, le club a mandaté une équipe de chercheurs indépendants de l'Institut d'histoire contemporaine de Munich pour retracer son histoire sous le régime nazi. Le rapport de ces chercheurs a été rendu public, et correspond à la thèse de doctorat de Gregor Hofmann. "L'étude montre qu'entre 1933 et 1945, plus de la moitié des dirigeants du FC Bayern étaient également membres du Parti national-socialiste des travailleurs allemands. Le FC Bayern ne se différenciait pas des autres clubs à cet égard. En revanche, le FC Bayern a conservé plus longtemps ses membres juifs – y compris publiquement".
En août 2020, la WeKickCorona Initiative, fonds lancé cette année par les joueurs du Bayern de Munich Leon Goretzka et Joshua Kimmich, a donné 80 000 dollars au musée d’Auschwitz (Pologne) qui avait demandé "des contributions du public dans le sillage de l'épidémie de coronavirus, qui a paralysé le tourisme". "Kimmich et Goretzka, tous les deux âgés de 25 ans, jouent également dans l’équipe nationale allemande. « Auschwitz fait partie de notre histoire et sa mémoire est omniprésente 75 ans après le début de la guerre. C’est de notre responsabilité collective que l’un des chapitres les plus sombres de l’histoire humaine ne se répète pas. Pour nous, c’est important de nous assurer que la culture du souvenir se poursuive même pendant l’épidémie du coronavirus », a déclaré la WeKickCorona Initiative dans un communiqué.
Depuis 2023, Daniel Peretz né en 2000 à Tel Aviv (Israël), footballeur international israélien, joue comme gardien de but au Bayern Munich.
"En Allemagne, lors d’un match opposant le Bayern de Munich au SC Fribourg, des supporters ont déployé en tribune une banderole en mémoire de l’otage Hersh Goldberg-Polin, assassiné il y a quelques jours par le Hamas.
Un grand merci à eux pour ce geste magnifique et émouvant ! ❤️"
Franz Beckenbauer (1945-2024)
Franz Beckenbauer (1945-2024) était un footballeur libéro (défenseur) et meneur de jeu, notamment pour le Bayern Munich, puis entraineur allemand, à la carrière internationale.
Capitaine de l'équipe de la RFA (République fédérale d'Allemagne, ou Allemagne de l'Ouest), il a gagné le Championnat d'Europe de 1972 et la Coupe du monde en 1974.
Il a propulsé son club du Bayern Munich au triplé en Coupe des clubs champions européens (1974-76) et été distingué par le Ballon d'or en 1972 et 1976 - un des trois seuls défenseurs, avec Matthias Sammer du Borussia Dortmund (1996) et Fabio Cannavaro de la Juve (2006) à avoir obtenu cette récompense prestigieuse.
Sélectionneur de l'Allemagne, il a gagné notamment la Coupe du monde 1990. Il est considéré, avec Paolo Maldini, Franco Baresi et Bobby Moore comme un des meilleurs défenseurs centraux de l'histoire du football.
Dès 1968, il était surnommé « der Kaiser » (l'empereur). Selon ce footballeur bavarois, l'origine de son surnom était liée à une photo prise lors d'un match amical à Vienne (Autriche) et le montrant près d’un buste de l'empereur François-Joseph Ier (Kaiser Franz Joseph I, en allemand). Les journaux ont titré la photo Fußball-Kaiser (« empereur du football »).
Franz Beckenbauer a présidé le club FC Bayern Munich (1994-2009) dont il est devenu Président d'honneur jusqu'à son décès.
Franz Beckenbauer a été vice-président de la DFB (Deutscher Fußball-Bund, fédération allemande de football) de 1998 à 2010, et membre du comité exécutif de la FIFA (Fédération internationale de football association) de 2007 à 2011. Il a aussi dirigé le comité d'organisation de la Coupe du monde 2006.
Avec Mário Zagallo et Didier Deschamps, il a été une des trois personnalités de l'histoire du football, à avoir gagné la Coupe du monde comme joueur et sélectionneur.
« Beckenbauer, le dernier empereur »
Arte diffusera dès le 7 janvier 2025 à 23 h 45 « Beckenbauer, le dernier empereur », série documentaire de Torsten Körner.
« Pour les aficionados du football, le style de Franz Beckenbauer est reconnaissable entre mille. Buste droit et tête haute, le joueur légendaire a, pendant plus de vingt ans, révolutionné le jeu du défenseur, plus impliqué dans l’organisation offensive, grâce notamment à ses longues passes souvent frappées de l'extérieur du pied. »
« Doté d’une autorité et d’une élégance naturelles, ce seigneur, considéré comme un des meilleurs joueurs de tous les temps, s’est constitué un palmarès impressionnant, remportant la Coupe du monde comme joueur en 1974, et comme sélectionneur en 1990. Mais l’aura de l’enfant munichois sacré deux fois Ballon d’or dépasse largement les frontières du sport. »
« Incarnant l’image de la reconstruction réussie de l’Allemagne, le "Kaiser" devient peu à peu une star du show-business, s’imposant durablement en véritable icône, malgré les soupçons de corruption dont il fera l’objet vers la fin de sa vie. »
« La trilogie documentaire « Beckenbauer. Dernier empereur » retrace le parcours de l’icône du sport. Des stars du sport, des politiciens, des historiens et des personnalités du monde de la culture expliquent à quel point la biographie de Franz Beckenbauer est liée à l'évolution sociale, politique et culturelle de l'Allemagne depuis 1945 et comment il est devenu un véritable médiateur avec le monde.
« Nourri de témoignages et de références à la culture populaire, ce documentaire « Beckenbauer. Dernier empereur » en trois épisodes offre un percutant portrait de l’empereur du football allemand, mettant autant l’accent sur sa lumière que sur ses zones d’ombre. »
« Enfant de l’Allemagne d’après-guerre, joueur star à l’impressionnant palmarès, sélectionneur de talent et dirigeant terni par des soupçons de corruption… En trois épisodes, un portrait du "Kaiser" Franz Beckenbauer, légende du football, icône et star du show-business ».
1ère partie : « Pères et fils »
« Né dans l’Allemagne en ruines d’après-guerre, Franz Beckenbauer grandit dans un quartier modeste de Munich, où il passe son enfance à taper dans un ballon de fortune. »
« Malgré les réticences de son père, percepteur des postes qui méprise le football, il intègre les rangs du Bayern Munich, où il impose peu à peu une élégance rare et un style de jeu novateur, plus offensif, avant de s’illustrer sous le maillot ouest-allemand lors de la Coupe du monde de 1966, en Angleterre. »
« En pleine ascension, il confie la gestion de sa carrière à Robert Schwan et devient ainsi le premier footballeur à disposer de son propre manager. Le début de la ruée vers l’or. »
2e partie : « L'âge d'or »
« Au sommet de sa carrière, Franz Beckenbauer se présente à la Coupe du monde de 1974, qui se déroule en Allemagne, dans une ambiance extrêmement tendue, le footballeur étant engagé dans un conflit financier avec sa fédération. »
« Alors qu’en pleine guerre froide la RFA s’incline face à la RDA au premier tour, le match incarnant l’affrontement entre les deux blocs, l’Allemagne de l’Ouest est finalement sacrée championne du monde après avoir remporté la finale contre des Pays-Bas emmenés par Johan Cruyff. »
« Multipliant les apparitions dans les médias, Beckenbauer devient, aux côtés de son épouse Brigitte, une figure emblématique du show-business. Mais alors qu’il s’est imposé comme une véritable icône de son pays, il est transféré au New York Cosmos en 1977. »
3e partie : « Contes et mythes »
« Jouant ses dernières saisons entre New York et Hambourg, Franz Beckenbauer raccroche le maillot en 1983, affaibli par de multiples blessures. Mais il effectue un retour triomphal dès l’année suivante, cette fois en tant que sélectionneur. »
« En 1990, son équipe remporte la victoire finale face à l’Argentine de Maradona lors de la Coupe du monde. Le Kaiser y gagne cet autre surnom de "lumière du football allemand". »
« Mais impliqué dans l’organisation du Mondial en Allemagne en 2006, son nom se retrouve mêlé aux scandales de corruption qui éclaboussent la FIFA : l’ex-champion a-t-il acheté l’attribution du championnat à son pays ? »
« Beckenbauer. dernier empereur » de Torsten Körner
Allemagne, 2024, 3x52mn
Coproduction : ARTE/ZDF, Broadview TV
Sur Arte
1ère partie (49 min) : les 7 janvier 2025 à 23 h 45, 18 janvier 2025 à 5 h 20
© IMAGO / Fred Joch
2e partie (54 min) : les 8 janvier 2025 à 00 h 35, 18 janvier 2025 à 6 h 15
© Picture alliance/SZ Photo/WERE
3e partie (53 min) : les 8 janvier 2025 à 01 h 30, 18 janvier 2025 à 7 h 10
Sur arte.tv du 31/12/2024 au 06/04/2025
© Getty Images/Bongarts
Visuels : © IMAGO/Horst Müller
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire