Citations

« Le goût de la vérité n’empêche pas la prise de parti. » (Albert Camus)
« La lucidité est la blessure la plus rapprochée du Soleil. » (René Char).
« Il faut commencer par le commencement, et le commencement de tout est le courage. » (Vladimir Jankélévitch)
« Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort. Il est de porter la plume dans la plaie. » (Albert Londres)
« Le plus difficile n'est pas de dire ce que l'on voit, mais d'accepter de voir ce que l'on voit. » (Charles Péguy)

vendredi 10 janvier 2025

Heinz Berggruen (1914-2007)

Heinz Berggruen (1914-2007) était un journaliste (Frankfurter Zeitung, San Francisco Chronicle), collectionneur, galeriste et marchand d'art juif allemand. Exilé aux Etats-Unis en 1936, il retourne en Allemagne à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, et se fixe en 1947 à Paris où il ouvre sa
 galerie place Dauphine, sur l'île de la Cité. Cézanne, Matisse, Klee, Picasso, Giacometti... Les œuvres des plus grands artistes d'art moderne ont constitué sa collection donnée en 2000 à l'Etat allemand. Le Musée de l’Orangerie présente l’exposition « Heinz Berggruen, un marchand et sa collection. Matisse - Picasso - Klee - Giacometti. Chefs-d’œuvre du Museum Berggruen / Neue Nationalgalerie Berlin ».

 « L’atelier en plein air. Les Impressionnistes en Normandie
Le monde d'Albert Kahn. La fin d'une époque
Paul Rosenberg (1881-1959)
« Une élite parisienne. Les familles de la grande bourgeoisie juive (1870-1939) » par Cyril Grange

« Il paraît difficile de parler de « destin tout tracé » pour définir la vie de Heinz Berggruen. Né dans une famille juive à Berlin en 1914, il s’exile en Californie à l’orée de la Seconde Guerre mondiale. Après des études littéraires et journalistiques en France, il a ses premiers contacts avec le monde de l’art au San Francisco Museum of Modern Art. Peu habitué à la vie américaine, Berggruen préfère retourner sur le vieux continent au lendemain de la guerre, d’abord dans son pays natal où il travaille, en tant que rédacteur en chef adjoint, pour le service culturel de l’armée américaine qui publie un magazine de rééducation démocratique, puis au siège de l’UNESCO à Paris. Lassé, il s’engouffre petit à petit dans le marché de l’art : après une première galerie Place Dauphine, il s’installe définitivement rue de l’Université où il se spécialise notamment dans les arts graphiques des artistes modernes. »

« Passionné, il noue très rapidement des contacts avec la sphère culturelle parisienne et rencontre autant les artistes à exposer que les poètes, marchands, historiens, critiques et collectionneurs de l’époque. Berggruen se fait une place certaine dans la capitale et fort de son succès, il devient son « meilleur client ». En effet, guidé par ses propres goûts et affinités, il constitue une solide collection d’œuvres du XXème siècle autour de ses deux maîtres favoris : Picasso et Klee. »

« La collection du Museum Berggruen entre en parfaite résonnance avec la nouvelle programmation scientifique du musée de l’Orangerie consacrée aux acteurs du marché de l’art du XXème siècle. Cédé à l’État allemand en 2000, quelques années avant la mort du collectionneur, ce vaste ensemble trouve un écho particulier avec la collection Walter-Guillaume du musée de l’Orangerie. La centaine de chefs-d'œuvre de Picasso, Klee, Matisse ou encore Giacometti montre le rôle majeur de cet acteur du marché de l’art parisien de la deuxième moitié du XXème siècle. »

« Le parcours de l’exposition, organisée en collaboration avec le Museum Berggruen / Neue Nationalgalerie Berlin, alliant ensembles monographiques et focus thématiques, souligne avant tout les goûts particuliers et personnels de Berggruen. Ainsi, l’exposition se structure autour des choix d’Heinz Berggruen, de ses rencontres et ses affinités, qui ont présidé à la constitution de cette collection ; elle met toutefois en avant les ensembles très complets de Picasso et de Klee qu’il a rassemblé en couvrant de manière quasi systématique leur carrière, tout comme les remarquables papiers collés de Matisse ou les sculptures filiformes de Giacometti. »

Le Commissariat général est assuré par Claire Bernardi, directrice, musée de l’Orangerie, Gabriel Montua, directeur, Museum Berggruen, et le Commissariat âr Guillaume Fabius, attaché de conservation, musée de l'Orangerie, et Veronika Rudorfer, adjointe de recherche, Museum Berggruen.

« Dans la continuité de la politique portée par les musées d'Orsay et de l'Orangerie, la scénographie de cette exposition a été élaborée en prenant en compte les enjeux environnementaux et s’inscrit dans une démarche d’économie circulaire. La majorité des éléments de mobilier et les matériaux utilisés (cimaises, podiums, bancs, vitrines, etc.) est issue du réemploi, une partie a vocation à être réemployée pour de futures expositions. Toutes les œuvres présentées proviennent d’Europe et ont été transportées exclusivement par voie terrestre. »

La provenance des œuvres de la collection du musée Berggruen
« Le musée Berggruen doit son existence au collectionneur et marchand d’art Heinz Berggruen (1914-2007) qui, après avoir passé plus de 30 ans à Paris à la tête d’une galerie d’art moderne portant son nom, retourne dans sa ville natale en 1996 pour y exposer sa collection. On peut notamment y admirer l’évolution de Picasso à travers plus d’une centaine d’œuvres produites durant neuf décennies consécutives de sa longue carrière, mais aussi Paul Klee, surtout de sa période Bauhaus, ainsi que des chefs-d'œuvre choisis de Matisse, Giacometti, Braque ou Cézanne. La qualité exceptionnelle de cette collection qui, tout en étant marquée par les goûts personnels du collectionneur, regroupe un échantillon de quelques artistes incontournables du XXe siècle, a rapidement convaincu l’état allemand qui en fait l’acquisition pour les musées de Berlin en 2000. Le musée Berggruen fait partie de la Neue Nationalgalerie, des musées d’États de Berlin et de la Fondation du patrimoine culturel prussien. Depuis la mort de Heinz Berggruen en 2007, la collection accueille également des œuvres que ses descendants y ont placées en dépôt permanent. »

« Entre 2015 et 2018, le Musée Berggruen effectue un travail de recherche sur les provenances des œuvres de la collection créées avant 1945 et appartenant à l’Etat allemand. Cette étude, réalisée avec le soutien du Deutsche Zentrum Kulturgutverluste (DZK/ German Lost Art Foundation), a bénéficié d’une exposition temporaire à Berlin en 2018 - 2019, « Les Vies des Images. Provenances au Musée Berggruen », accompagnée d’un catalogue détaillant ces travaux. L’historique de l'ensemble des œuvres exposées ici et la collection du musée Berggruen en général est accessible à travers la base de données Staatliche Museen zu Berlin (Musées d’Etat de Berlin). »
« Des questions de provenance restent ouvertes pour certaines œuvres, dont trois sont présentées dans l'exposition. Chacune d'elles dispose, en salle, d’un QR code détaillant l’historique des provenances connu et publié sur la base de données du DZK, consultable à travers les liens suivants :
 Pablo Picasso, Nature morte avec verre et jeu de cartes (Hommage à Max Jacob), 1914 : Lost Art-ID583026
 Pablo Picasso, Portrait de Jaime Sabartès, 1914 : Lost Art-ID583029
 Georges Braque, Nature morte à la pipe (Le Quotidien du Midi), 1914 : Lost Art-ID583030 »
« Le musée Berggruen et le musée de l’Orangerie espèrent que cette exposition puisse participer à poursuivre ce travail de recherche et clarifier la provenance de ces œuvres. »

Autour de l'exposition, le musée propose un audioguide, un "livret en gros caractères pour les personnes malvoyantes reprenant les textes de sections" de  l'exposition et a organisé diverses manifestations.
Journée d’étude • « De la galerie au musée. Histoires de collections de marchands d’art  »
Mardi 8 octobre 2024, 10h-18h
Musée de l’Orangerie et Centre Allemand d’Histoire de l’Art
« En écho à celle de Paul Guillaume, dont la collection constitue le cœur du musée de l’Orangerie, la trajectoire parisienne du marchand allemand Heinz Berggruen invite à se pencher sur les collections de marchands. Des spécialistes du collectionnisme moderne replaceront son exemple dans un ensemble plus vaste et se demanderont, à travers des cas précis, ce qu’elles ont de spécifique ; pourquoi les marchands ont le souci de voir leurs collections pérennisées et comment présenter au public des musées les collections de marchands. »
« Cette journée d'étude se déroula au musée de l'Orangerie le matin (dans les salles d’exposition) et au Centre allemand d'Histoire de l'art l'après-midi. »
En partenariat avec le Centre Allemand d’Histoire de l’Art de Paris.
Journée d’étude organisée par : Claire Bernardi (Musée de l’Orangerie) • Julia Drost (DFK Paris) • Peter Geimer (DFK Paris) • Scarlett Reliquet (Musée d’Orsay et de l’Orangerie)

DISPOSITIF IN SITU
Salle numérique • « Au cœur du réseau d’un marchand d’art »
« De ses débuts journalistiques dans les années 1930, jusqu’à l’ouverture de son musée à Berlin en 1996, Heinz Berggruen a côtoyé des acteurs majeurs de l’art et la culture. Dans ses mémoires, il montre que son parcours dans le monde de l'art a été jalonné de rencontres diverses, d’opportunités et de heureux hasards. »
« Une salle numérique complète la visite de l’exposition, invitant à découvrir le réseau d’artistes, auteurs, historiens, conservateurs, qui ont marqué la vie d’Heinz Berggruen et fait le succès du marchand d’art et collectionneur. »
« Projection murale et écrans interactifs à disposition des visiteurs. »

Parcours de l’exposition
« L’exposition se divise en 5 sections thématiques et comprend environ 90 œuvres et documents d’archives, dont 30 peintures, 9 sculptures, 50 œuvres d’arts graphiques »
« INTRODUCTION
1. Un monde de choses
2. Visages multiples
3. La Figure humaine
4. Territoires abstraits
5. Heinz Berggruen & Cie »

En 1997, L'Arche a publié J'étais mon meilleur client. Souvenirs d'un marchand d'art d'Heinz Berggruen. "Après avoir dû quitter Berlin en 1936 avec dix marks en poche, après avoir émigré aux États-Unis, Heinz Berggruen s’installe au lendemain de la guerre à Paris et ouvre une petite galerie. Quelques années plus tard, elle figure comme l’une des premières adresses en Europe. Aujourd’hui, les tableaux du collectionneur sont exposés au Metropolitan Museum de New York et la ville de Berlin leur a consacré un musée entier. Dans sa biographie traduite par Laurent Muhleisen, il évoque ses rencontres avec des hommes et des femmes qui ont influencé de manière décisive l’art du XXe siècle. Frida Kahlo, Gertrude Stein, Peggy Guggenheim, Nina Kandinsky, Matisse, Miró, Man Ray et, bien sûr, Picasso ont croisé son chemin."

En 2006, le même éditeur, L'Arche, a publié "Mon premier Picasso" d'Heinz Berggruen. Traduites par Louis-Charles Sirjacq, "les anecdotes du grand marchand d'art et collectionneur s'enchaînent avec légèreté, mais cette légèreté n'empêche pas un regard lucide et utile à tous ceux qui aiment l'art et le milieu qui lui est propre."

"Je ne suis ni français, ni allemand, je suis européen. Et j'aimerais beaucoup qu'il y ait une nationalité européenne. Mais là, je crois que je rêve", a dit le collectionneur et galeriste Heinz Berggruen.


Textes de salles

INTRODUCTION
« Ma collection débuta de façon tout à fait modeste, aussi modestement que ma galerie, avant de devenir, au fil des années, une passion. Plus tard, il m'arriva d'avoir l'impression que ma galerie n'était qu'un prétexte pour agrandir ma collection. Petit à petit, je devenais mon « meilleur client ».
Heinz Berggruen, J’étais mon meilleur client, 1997

« Heinz Berggruen (1914-2007), marchand d’art et collectionneur est célèbre pour sa galerie parisienne qui tient une place majeure sur le marché de l’art de la deuxième moitié du 20e siècle. Né dans une famille juive à Berlin en 1914, Berggruen quitte l’Allemagne pour les États-Unis en 1936 en raison des persécutions nazies, avant de s’établir définitivement à Paris après la Seconde Guerre mondiale. Il y ouvre sa galerie rue de l’Université, spécialisée dans les œuvres graphiques des artistes modernes. Au fil de sa carrière, il se rapproche des artistes de son temps et devient lui-même un collectionneur passionné. Vers 1980, fort de son succès, il se consacre pleinement à rassembler ses maîtres favoris. En 2000, Berggruen, après une vie passée entre les États-Unis et la France, cède sa collection à l’État allemand. »

« En collaboration avec le Museum Berggruen / Neue Nationalgalerie Berlin, cette exposition met en lumière un échantillon de la collection personnelle du marchand d’art, qui rassemble des chefs-d'œuvre de Picasso, Klee, Matisse et Giacometti. Échantillon d’un goût qui s’est forgé tout au long de sa vie, cette collection démontre un attachement profond à l’art moderne et à ses figures emblématiques, auxquelles Berggruen restera toujours dévoué. »

1. Un monde de choses
« Heinz Berggruen est fasciné par le cubisme dès ses premières incursions dans la sphère culturelle parisienne, à la fin des années 1940. Quarante ans après la naissance du mouvement, Berggruen s’emploie à en rassembler un panorama à travers une sélection de natures mortes. Dans la lignée de Cézanne, les œuvres de Picasso et de Braque dont il a fait l’acquisition, notamment celles du premier cubisme (1909-1912) et de ses développements plus synthétiques, démontrent comment ces artistes ont déconstruit et reconstruit la réalité sur la toile. La collection de Berggruen témoigne d’un intérêt profond pour cette période charnière, où l'art moderne a commencé à repenser la représentation de l'objet dans l'espace. »

2. Visages multiples
« Après leur rencontre en 1949, Berggruen reste attaché à l’oeuvre de Picasso. Outre les natures mortes, il est très sensible aux portraits peints de l’Espagnol, notamment à ses expérimentations des années 1906-1907 menant au cubisme, puis à la plastique plus affirmée des années 1930. Cette sélection illustre non seulement le développement artistique de Picasso mais aussi la propension de Berggruen pour identifier et rassembler des pièces qui interrogent, à leur manière, la psyché humaine. C’est également le cas avec les autres artistes de la collection, confrontés ici par leurs travaux esthétiques explorant la représentation du visage humain. »

3. La Figure humaine
« La collection Berggruen reflète également les diverses recherches des artistes modernes pour représenter la figure humaine. Cette section souligne la façon dont les artistes de la collection relèvent chacun à leur manière le défi de la représentation du corps humain. La variété des techniques, des poses et des styles employés témoigne de la singularité de chacune de ces approches artistiques. Cette sélection met en évidence à la fois la cohérence et la profondeur de la collection Berggruen, témoignant de son engagement pour l’art moderne et de sa propre sensibilité. »

4. Territoires abstraits
« Entre 1919 et 1933, l’Allemagne connaît une période de profonde innovation de l'enseignement artistique, notamment avec l’école du Bauhaus dont Paul Klee fait partie. Naviguant entre abstraction et figuration, les travaux du peintre mettent en lumière la dualité de son approche artistique. Klee, qui n'a jamais abandonné la figuration au profit de l'abstraction totale, offre à travers ses expérimentations techniques des paysages et compositions abstraites qui forment un nouveau langage visuel. Berggruen, alors en exil en Californie quand l’artiste meurt en Suisse en 1940, ne le rencontre jamais – cependant, il ne cessera d’acquérir un grand nombre de travaux réalisés notamment durant cette période d’entre deux-guerres. L'investissement de Berggruen dans la promotion de l'oeuvre de Klee témoigne de sa fascination pour l’artiste, le collectionneur jouant un rôle clé dans la reconnaissance de la contribution ».

5. Berggruen & Cie
« Les tableaux que je possède sont tous « enregistrés » dans ma tête. Je les garde
comme on garde des souvenirs, je vis dans la conscience de leur existence. Mais seul le fait
qu’ils soient accrochés dans un espace public, signifie pour moi qu’ils respirent. »
Heinz Berggruen, J’étais mon meilleur client, 1997

« Après une première galerie sur l’Île de la Cité, Heinz Berggruen ouvre en 1950 « Berggruen & Cie » au 70 rue de l’Université, un espace d’exposition plus vaste qu’il dirige pendant plus de trente ans, et s’impose sur la scène artistique parisienne de l'après-guerre. S’attachant d’abord à présenter des œuvres dadaïstes et surréalistes puis les arts graphiques modernes, Berggruen & Cie propose ensuite une programmation riche, mettant en avant à la fois des maîtres – Picasso, Matisse, Miró – et des artistes moins reconnus à l’époque – Kurt Schwitters, Karel Appel, Pierre Soulages. »

« En présentant des œuvres-clés intimement liées à la vie du marchand et des catalogues originaux produits durant la carrière de Berggruen, la sélection met en avant la manière dont il a introduit et soutenu des artistes modernes majeurs. »

Focus artistes

Paul Klee (Münchenbuchsee, Suisse 1879 – 1940 Muralto, Suisse)
« Le monde de Klee, selon moi, est aussi peu abstrait que Klee lui-même fut peintre abstrait. C'est un monde qui nous relie à ce qui nous entoure tout en nous en éloignant. Un monde de mystères, de fantasmagories et de rêves, un monde magique sans jamais être arbitraire. »
Heinz Berggruen, J’étais mon meilleur client, 1997

« Les œuvres de Klee « exercent immédiatement une grande fascination » sur le jeune Berggruen lorsqu’il les découvre au San Francisco Museum of Modern Art. Cet artiste allemand atteint la reconnaissance dans les années 1920, alors qu’il enseigne au Bauhaus de Weimar puis à Dessau, écoles d’art et de design avant-gardistes proposant des approches fonctionnelles et esthétiques modernes. Il rejoint en 1931 l’Académie des beaux-arts de Düsseldorf, mais contraint à l’exil en 1933 pour fuir le régime nazi qui le considère comme un artiste « dégénéré », il s’installe en Suisse où il décède en 1940. »

« L’année de la mort de l’artiste, en 1940, Berggruen acquiert à Chicago sa toute première oeuvre, une aquarelle datant de 1920, qui restera longtemps son « talisman ». Il s’en sépare en 1984 pour la donner au Metropolitan Museum of Art. Perspective de salle à la porte de sombre est acquise par Berggruen dix ans plus tard. Elle fait écho formellement au sein de sa collection, à ce premier coup de cœur. »

Pablo Picasso (Malaga, Espagne 1881 – 1973 Mougins, France)
« Je n'ai jamais prétendu pouvoir explorer la richesse de Picasso dans toute sa diversité, mais j'ai tenté, en collectionnant ses œuvres avec persévérance et rigueur, de donner une idée du cosmos de cet homme qui, comme aucun autre, incarna tout un siècle. »
Heinz Berggruen, J’étais mon meilleur client, 1997

« Quand Berggruen établit sa première galerie à la fin des années 1940, Picasso est un artiste déjà largement renommé. Par l’entremise du poète Tristan Tzara, le marchand rencontre Picasso et particulièrement le convainc de lui confier des œuvres graphiques pour sa galerie (dessins ou estampes sur papier). Il négocie également la réédition de certaines de ses sculptures. »

« Artiste prolifique, Picasso multiplie les styles et les techniques et a une grande influence sur le monde de l’art depuis ses expérimentations radicales du début du siècle. Berggruen tient à rassembler dans sa collection cette diversité, notamment en acquérant d’importantes natures mortes de sa période cubiste mais aussi de nombreux portraits, comme le Portrait de Georges Braque, chefs-d'œuvre emblématique du cubisme analytique. Berggruen entretient une longue relation professionnelle et amicale avec Picasso, qu’il admire particulièrement. »

Henri Matisse (Le Cateau-Cambrésis, France 1869 – 1954 Nice, France)
« Très rares sont les artistes de notre temps qui sont parvenus à ponctuer leur œuvre complète par un accord final aussi fort et impressionnant que Matisse.
À mes yeux, les papiers découpés, qui se meuvent à la limite de l'abstraction, ont quelque chose de magique qu'il est difficile à définir. »
Heinz Berggruen, J’étais mon meilleur client, 1997

« Un des doyens de l’art moderne en France, Matisse est d’abord assimilé au mouvement fauve avant de se concentrer sur un style plus personnel qui ne cesse d’évoluer jusqu’à sa mort. Reconnu comme l’un des plus grands peintres français du XXème siècle, ses expérimentations picturales n’ont cessé d’influencer les artistes. »

« Au début des années 1950, Berggruen achète à Matisse un ensemble de dessins. Se noue alors une étroite collaboration entre le galeriste débutant et l’artiste reconnu. Plusieurs expositions sont organisées, pour lesquelles Matisse conçoit affiches et couvertures de catalogues, au moyen de papiers découpés. En 1953, Berggruen présente une exposition de Matisse exclusivement dédiée à cette technique. Il contribue ainsi à la reconnaissance de cette production, une invention de l’artiste sans précédent dans l'histoire de l'art. »

« De cette période, le musée Berggruen conserve le Nu Bleu, Sauteuse de Corde (1952). Avec cette figure découpée dans du papier gouaché, Matisse cherche, au moyen des ciseaux, à rendre sensible la dynamique du corps en mouvement. »

Quelques cartels développés

Pablo Picasso (1881-1973)
Bouteille, verre à absinthe, éventail, pipe, violon, clarinette sur un piano, dit aussi Nature morte sur un piano
1911-1912
Huile et fusain sur toile
50 × 130 cm
Museum Berggruen, Neue Nationalgalerie, Stiftung Preußischer Kulturbesitz
Photo © Bpk / Nationalgalerie, SMB, Museum Berggruen / Jens Ziehe
© Succession Picasso 2024
« Un collectionneur italien confie en 1965 cette Nature morte sur un piano de Picasso à son ami Christian Zervos, critique et éditeur d’art d’origine grecque. Espérant la vendre plus rapidement, il l’envoie à New York. Berggruen, qui la considère comme “une oeuvre majeure du cubisme, un morceau de bravoure optique, contenant à lui seul tout le vocabulaire cubiste”, ne peut passer à côté de celle-ci. Il traverse donc l’Atlantique et l’achète. »

Pablo Picasso (1881-1973)
Nature morte devant une fenêtre à Saint-Raphaël
1919
Gouache et crayon sur papier
35,5 × 25 cm
Museum Berggruen, Neue Nationalgalerie, Stiftung Preußischer Kulturbesitz
Photo © Bpk / Nationalgalerie, SMB, Museum Berggruen / Jens Ziehe
© Succession Picasso 2024
« Peinte au bord de la Méditerranée, destination de prédilection des artistes en France, cette petite oeuvre ouvre un nouveau tournant dans la carrière de Picasso. Achetée en 1979 à la succession du marchand Paul Rosenberg, ce “tableau heureux” selon Berggruen montre en effet la transition entre un cubisme tardif et un retour aux formes classicistes, tout en utilisant un langage visuel proche de l’oeuvre de Matisse, que Picasso regardait. »

Paul Cézanne (1839-1906)
Madame Cézanne
Vers 1885
Huile sur toile
46 × 38 cm
Prêt de la famille Berggruen
Museum Berggruen, Neue Nationalgalerie, Stiftung Preußischer Kulturbesitz
Photo © Bpk / Nationalgalerie, SMB, Museum Berggruen / Jens Ziehe
« Berggruen découvre ce tableau de Paul Cézanne à Genève chez le marchand d’art Max Moos. Désirant « par-dessus tout posséder ce tableau » qui le touche particulièrement, il se heurte à Moos qui le considère comme « le joyau de [sa] collection ». Berggruen l’acquiert finalement deux ans plus tard pour une somme considérable puis l’offre à sa femme. »

Paul Klee (1879 -1940)
Maigres mots de l’homme économe [Karge Worte des Sparsamen]
1924
Transfert de peinture à l’huile et aquarelle sur papier monté sur carton
44,8 × 29,3 cm
Museum Berggruen, Neue Nationalgalerie, Stiftung Preußischer Kulturbesitz
Photo © Bpk / Nationalgalerie, SMB, Museum Berggruen / Jens Ziehe
« Entre exercice formel et auto-caricature, Klee travaille toujours ses visages sous le prisme de l’étude de la condition humaine. Les traits et les formes simples, l’unité de couleur et les mots allemands abrégés reprennent le titre malicieux de l’oeuvre. Klee « doit regarder à l’intérieur » quand il dépeint une personne : ici, probablement lui-même, souvent décrit comme silencieux par ses collègues et élèves. Il fait en effet régulièrement « l’éloge de l’économie », autant dans l’art que dans le quotidien. »

Pablo Picasso (1881-1973)
Grand nu couché
1942
Huile sur toile
129,5 × 195 cm
Museum Berggruen, Neue Nationalgalerie, Stiftung Preußischer
Kulturbesitz
Photo © Bpk / Nationalgalerie, SMB, Museum Berggruen / Jens Ziehe
© Succession Picasso 2024
« Alors à Paris sous l’Occupation nazie, Picasso revient à un vocabulaire cubiste marqué. Cette oeuvre, la plus grande de la collection de Berggruen, par son traitement fracturé du thème classique du nu et sa palette sombre, reflète les horreurs de la guerre. Berggruen, qui l’achète en 1997, souligne que c’est « une peinture sévère, pas facile à vivre » mais qu’il est important, pour lui, de montrer au public allemand. »

Paul Klee (1879-1940)
Architecture de la plaine [Architektur der Ebene],
1923
Aquarelle et crayon sur carton
28,2 × 18,1 cm
Museum Berggruen, Neue Nationalgalerie, Stiftung Preußischer Kulturbesitz
Photo © Bpk / Nationalgalerie, SMB, Museum Berggruen / Jens Ziehe
« Berggruen privilégie dans ses achats la période d’enseignement de Klee au Bauhaus, entre 1919 et 1931. Cette aquarelle montre les réflexions de l’artiste autour de l’abstraction, des formes et des couleurs. »
« Toutefois, la grille est tracée à main levée, et sous ce manque de précision combiné au jeu de transparence de l’aquarelle peut transparaître sans doute une critique des théories rigoureuses du néerlandais Piet Mondrian. »

CHRONOLOGIE

1914 – 1939
« Heinz Berggruen naît le 6 janvier 1914 à Wilmersdorf, un quartier du centre-ouest de Berlin, de parents juifs de classe moyenne. »
« Il entreprend des études de lettres et de journalisme à Berlin, puis en France, à Grenoble et Toulouse. En Allemagne, il publie ponctuellement des articles dans les journaux. Face à la montée du régime nazi, il ne peut bientôt plus signer ses articles de son propre nom et doit se résoudre à quitter l’Allemagne.
« En 1936, il obtient une bourse d’études à l’Université de Berkeley, en Californie. Il y rencontre une américaine, Lillian Zellerbach, avec laquelle il se marie et a deux enfants, John et Helen. »
En 1939, il est engagé au San Francisco Museum of Modern Art où il assiste notamment le muraliste mexicain Diego Rivera. Il rencontre la peintre Frida Kahlo, avec laquelle il aurait entretenu une liaison « de quelques semaines. »
1940 – 1949
« En 1940, à Chicago, Berggruen achète sa première oeuvre, un dessin de Paul Klee (Perspective Fantomatique, 1920, Metropolitan museum of Art, New York), qu’il considère longtemps comme son « talisman », un objet qui lui porte chance et le suit partout. »
« À la fin de la guerre, il revient en Allemagne sous l’uniforme militaire américain, ayant été naturalisé durant son séjour. »
« Il contribue brièvement au journal munichois Heute (« Aujourd’hui »), avant de rejoindre Zurich puis Paris où on lui offre un poste administratif à l’UNESCO, dont il se lasse rapidement. Il se familiarise avec le marché de l’art et se lance en tant que marchand. En 1948, il ouvre sa première galerie-librairie place Dauphine (Île de la Cité). »
« En 1950, il déménage pour un plus grand espace, Berggruen & Cie, rue de l’Université (7ème arrondissement). »
1950 – 1980
« Dans son nouveau quartier, il rencontre Tristan Tzara et Paul Éluard et fait la connaissance de Pablo Picasso, Henri Matisse et Alberto Giacometti, artistes qu’il exposera dans sa galerie. »
« Il consacre la première exposition d’ampleur de sa galerie aux gravures de Paul Klee et édite à cette occasion le premier d’une série d’une centaine de catalogues soignés, reconnaissables à leur format vertical et leur graphisme affirmé. »
« En 1953, il est le premier en France à exposer les « papiers découpés » de Matisse. Rapidement, sa galerie attire d’autres artistes ainsi que de nombreux acteurs de la sphère culturelle parisienne et internationale. »
« En 1961, il se marie avec l’actrice allemande Bettina Moissi, avec laquelle il a deux fils, Nicolas et Olivier. »
« Fort de son succès commercial, il collectionne, à titre privé, les artistes qu’il expose, notamment Klee et Picasso. »
1981-2007
« Au début des années 1980, Berggruen prend sa retraite de marchand d’art mais continue à enrichir sa collection personnelle et réfléchit à sa future destination. »
« Il offre de nombreuses œuvres de Klee au Musée national d’Art moderne à Paris (1972), ainsi qu’au Metropolitan Museum of Art à New York (1984). »
« Sa collection est exposée dans plusieurs musées, comme le Musée d’art et d’histoire de Genève (1988) ou la National Gallery à Londres (de 1991 à 1996). »
« En 1996, Berggruen se rapproche de son pays natal et reprend la nationalité allemande. Il retourne vivre à Berlin. »
« Afin de resserrer sa collection sur l’art du 20ème siècle, il se sépare de chefs-d'œuvre de Georges Seurat, Paul Cézanne et Vincent van Gogh. »
« La présentation de sa collection est inaugurée à Charlottenburg sous le nom de « Collection Berggruen – Picasso et son Temps ». C’est un véritable succès et les musées nationaux de Berlin, via la Fondation du Patrimoine Culturel Prussien, en font l’acquisition en 2000. »
« En 2004, pour les quatre-vingt-dix ans de Heinz Berggruen, le bâtiment et sa collection sont renommés Museum Berggruen. »
« Berggruen meurt le 23 février 2007 à Neuilly-sur-Seine, à l’âge de quatre-vingt-treize ans. »


Du 02 octobre 2024 au 27 janvier 2025
Jardin des Tuileries (côté Seine)
Espace d’exposition temporaire, niveau -2
Place de la Concorde 75001 Paris
Tél. : 01 44 50 43 00
Lundi, mercredi, jeudi, samedi, dimanche de 9 h à 18 h (dernier accès à 17 h 15)
Nocturnes exceptionnelles de 18h à 21h tous les vendredis durant la période de l’exposition (dernier accès à 20h15)
Mardi : jour de fermeture
Visuels :
Affiche 
Paul Klee (1879-1940)
Paysage en bleu [Landschaft in Blau]
1917
Aquarelle, crayon, stylo et encre sur papier apprêté sur carton
18,3 × 24,5 cm
Prêt de la famille Berggruen
Photo © Bpk / Nationalgalerie, SMB, Museum Berggruen / Jens Ziehe

U.H. Mayer
Heinz Berggruen devant sa galerie au 70, rue de l’Université, Paris, 1971
© Berggruen Archive. Photo: U.H. Mayer, Düsseldorf

Paul Klee (1879-1940)
Perspective de salle à la porte sombre [Zimmerperspective m.[it] d.[er] dunklen Tür]
1921
Dessin transféré à l'huile et aquarelle sur papier monté sur carton
48 × 31,5 cm
Museum Berggruen, Neue Nationalgalerie, Stiftung Preußischer Kulturbesitz
Photo © Bpk / Nationalgalerie, SMB, Museum Berggruen / Jens Ziehe

Alberto Giacometti (1901-1966)
Lustre
1949 – 1950
Plâtre original
60 × 136 cm
Paris, Centre Pompidou – Musée national d’Art moderne / Centre de création industrielle, don de M. Heinz Berggruen, 1983, AM 1983-468
Photo © Centre Pompidou, MNAM-CCI, dist. RMN-Grand Palais / Adam Rzepka
© Succession Alberto Giacometti / Adagp, Paris 2024

Georges Braque (1882-1963)
Nature morte au verre et au journal (Le Guéridon)
1913
Craie noire, fusain et huile sur toile
98,7 × 72,5 cm
Museum Berggruen, Neue Nationalgalerie, Stiftung Preußischer Kulturbesitz
Photo © Bpk / Nationalgalerie, SMB, Museum Berggruen / Jens Ziehe
© Adagp, Paris, 2024

Pablo Picasso (1881-1973)
Bouteille, verre à absinthe, éventail, pipe, violon, clarinette sur un piano, dit aussi Nature morte sur un piano
1911-1912
Huile et fusain sur toile
50 × 130 cm
Museum Berggruen, Neue Nationalgalerie, Stiftung Preußischer Kulturbesitz
Photo © Bpk / Nationalgalerie, SMB, Museum Berggruen / Jens Ziehe
© Succession Picasso 2024

Paul Cézanne (1839-1906)
Madame Cézanne
Vers 1885
Huile sur toile
46 × 38 cm
Prêt de la famille Berggruen
Museum Berggruen, Neue Nationalgalerie, Stiftung Preußischer Kulturbesitz
Photo © Bpk / Nationalgalerie, SMB, Museum Berggruen / Jens Ziehe

Pablo Picasso (1881-1973)
Grand nu couché
1942
Huile sur toile
129,5 × 195 cm
Museum Berggruen, Neue Nationalgalerie, Stiftung Preußischer Kulturbesitz
Photo © Bpk / Nationalgalerie, SMB, Museum Berggruen / Jens Ziehe
© Succession Picasso 2024

Paul Klee (1879-1940)
Architecture de la plaine [Architektur der Ebene]
1923
Aquarelle et crayon sur carton
28,2 × 18,1 cm
Museum Berggruen, Neue Nationalgalerie, Stiftung Preußischer Kulturbesitz
Photo © Bpk / Nationalgalerie, SMB, Museum Berggruen / Jens Ziehe

Henri Matisse (1869-1854)
Maquette pour l’affiche de l’exposition « The Sculpture of Matisse » (Tate Gallery, Londres, 1953)
1952
Encre de Chine et gouache découpée sur papier
82,4 × 57,5 cm
Museum Berggruen, Neue Nationalgalerie, Stiftung Preußischer Kulturbesitz
Photo © Bpk / Nationalgalerie, SMB, Museum Berggruen / Andres Kilger
© Succession H. Matisse 2024

Henri Matisse (1869-1854)
Nu bleu, sauteuse de corde
1952
Gouache découpée sur papier
145 × 98 cm
Photo © Bpk / Nationalgalerie, SMB, Museum Berggruen / Jens Ziehe
© Succession H. Matisse 2024

Affiche
Pablo Picasso (1881-1973)
La Lecture
1953
Staatliche Museen zu Berlin, Nationalgalerie, Museum Berggruen, Photo 
© Bpk / Nationalgalerie, SMB, Museum Berggruen / Jens Ziehe 
© Succession Picasso 2024.



Les citations proviennent du dossier de presse.

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