Citations

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jeudi 2 janvier 2025

Richard Strauss (1864-1949)

Richard Georg Strauss (1864-1949) était un compositeur - auteur des opéras Salomé, Elektra, Der Rosenkavalier, et des poèmes symphoniques Ainsi parlait Zarathoustra, Mort et Transfiguration, Till l'Espiègle, Don Juan - et chef d'orchestre allemand. Arte diffusera le 5 janvier 2025 à 23 h 45 « Richard Strauss, l'ambivalence d'un destin. Le compositeur et le IIIe Reich » de Holger Preuße et Philipp Quiring, puis le 6 janvier 2025 à 00 h 35 « Richard Strauss - Salomé » réalisé par Marcus Richardt.

Paul Dessau (1894-1979)
Saleem Ashkar
Daniel Barenboim  
« Requiem pour la vie », de Doug Schulz

« Les autres composent, moi je fais l’Histoire de la musique », a confié Richard Strauss au chef d’orchestre Otmar Nussio. 

Enfant doué fils d'un corniste, Richard Georg Strauss (1864-1949) - ce nom signifie « bouquet » - étudie les compositeurs allemands classiques. 

Il débute une carrière de chef d'orchestre, puis découvre Franz Liszt et Richard Wagner.

Richard Strauss était un compositeur et chef d'orchestre bavarois allemand, sans lien de parenté avec les viennois Johann Strauss (père et fils), « rois de la valse ».

Richard Strauss est célèbre pour ses opéras Salomé (1904–15), drame en un acte d'après la pièce d'Oscar Wilde, Elektra (1906-1908) et Der Rosenkavalier (Le Chevalier à la rose, 1909-1910) sur des livrets de l'écrivain, poète et dramaturge autrichien en partie d'origine juive Hugo von Hofmannsthal (1874-1929) - représentant du « modernisme viennois » (Die Wiener Moderne), membre du mouvement littéraire et artistique Jeune Vienne (Jung-Wien) créé par Hermann Bahr et réunissant notamment Arthur Schnitzler, Felix Salten, Richard Beer-Hofmann, Peter Altenberg, Karl Kraus et Stefan Zweig, cofondateur du Festival de Salzbourg -, et des poèmes symphoniques Ainsi parlait Zarathoustra, Mort et TransfigurationTill l'Espiègle, Don Juan. 

En 1894, Richard Strauss a épousé Pauline de Ahna. Le couple a un fils, Franz Alexander, né en 1897.

Richard Strauss admirait Mendelssohn, et avait des amis juifs.

A la tête de l'Allgemeiner Deutscher Musikverein (ADMV) créée par Franz Liszt en 1859, puis de la Genossenschaft deutscher Tonsetzer (GDT), il a œuvré à  défendre les droits des compositeurs, notamment leur rémunération, face aux éditeurs de musique et producteurs d'opéras ou de concerts.

Politiquement, Richard Strauss est conservateur, marqué par l'hyperinflation des débuts de la République de Weimar (juin 1921-janvier 1924). A l'avènement du nazisme, il est célèbre, admiré.

Sous le régime nazi l'attitude de Strauss s'avère complexe : sa belle-fille, Alice, est « demi-juive » selon la terminologie nazie, et ses petits-enfants le sont aussi. 

Richard Strauss refuse l'antisémitisme du régime, et de participer au processus d'« aryanisation » du monde musical : il s'oppose au retrait du nom de l'auteur du livret de La Femme silencieuse (Die Schweigsame Frau) créée à Dresde sous la direction de Karl Böhm en juin 1935, l'écrivain autrichien juif Stefan Zweig (1881–1942). Il a signé un manifeste anti-Thomas Mann au début de 1933, et lorsqu'un concert du chef d'orchestre juif Bruno Walter fut annulé à la dernière minute, il accepta de le remplacer. En juillet 1933, c’est Arturo Toscanini qui annule sa venue en Allemagne pour protester contre le régime. Strauss le remplace à Bayreuth pour diriger Parsifal, à l’occasion des 50 ans de la mort de Wagner. Winifred Wagner le présente à Hitler et Goebbels pendant le deuxième entracte. Après une seconde entrevue en octobre 1933, Goebbels lui propose la présidence de la Reichsmusikkammer (Chambre de Musique du Reich ou RMK). Strauss accepte immédiatement. L’inauguration de la RMK le 15 novembre 1933 est l’occasion de célébrer officiellement le compositeur", souligne Elise Petit. A la RMK, il se heurte à Havemann et Furtwängler.

En 1935, il démissionne de son poste de Président de la Reichsmusikkammer quand la Gestapo saisit une de ses lettres à Zweig : il exhorte le romancier à minorer sa judéité et lui demande : « Croyez-vous que Mozart a délibérément composé de façon aryenne ?... Parce que je mime le Président de la Chambre de musique du Reich ? C’est pour faire du bien et empêcher de plus grands maux. Simplement par sens du devoir artistique ! J’aurais accepté cette fonction honoraire, riche en contrariétés, sous n’importe quel gouvernement, mais ni l’empereur Guillaume ni M. Rathenau ne me l’ont proposée.» Cette lettre suscite la fureur de Goebbels : « La lettre est culottée et, de plus, monstrueusement bête. Strauss aussi doit partir. Congé sans tambour ni trompette. » Strauss "écrit une lettre personnelle à Hitler, l'assurant que la lettre à Zweig « ne représentait ni ma vision du monde ni mes véritables convictions » et souhaitant le rencontrer. Il ne reçut jamais de réponse". Succédant à Strauss, Peter Raabe "se chargea avec zèle de la « déjudaïsation » de la RMK et atteindra les objectifs fixés par Goebbels", a écrit Elise Petit. 

Des photographes saisissent Strauss en compagnie de Joseph Goebbels. Le 11 juin 1934, pour son 70e anniversaire, Richard Strauss "a reçu des portraits encadrés et autographiés d'Hitler et de Goebbels, dédiés au « vénérable grand maître du son avec une respectueuse gratitude ».

Strauss compose des œuvres pour des événements de dimension internationale : Hymne olympique est interprété sous sa direction en ouverture des Jeux d’hiver à Garmisch-Partenkirchen et interprété lors des Jeux Olympiques à Berlin en 1936 et une Musique de fête japonaise pour une festivité nouant le rapprochement entre le Troisième Reich et l'Empire nippon. Jusqu'en 1942, ses opéras sont créés ou/et représentés : Friedenstag (Jour de Paix) en 1936, Daphné en 1937 et L'Amour de Danaé en 1940,  sur un livret de Joseph Gregor, Capriccio en 1942. Strauss dirige Arabella et Festliches Präludium aux Journées musicales du Reich de mai 1938.

En 1944, le nom de Strauss est inscrit sur la Sonderliste de la Gottbegnadeten-Liste établie par le ministère du Reich à l'Éducation du peuple et à la Propagande et par Adolf Hitler. Elle réunit les noms d'artistes allemands célèbres, vivant en Allemagne nazie, et indispensables à l'effort de guerre. Le nom du compositeur figure "sur la « liste spéciale des artistes irremplaçables » de la « liste des artistes bénis de Dieu » (Gottbegnadeten-Liste)"

Richard Strauss "put utiliser ses relations personnelles pour protéger sa famille de toute la violence des persécutions pendant  la Nuit de Cristal  en novembre 1938. Le 11 juin 1939, à l’occasion du concert de célébration de son 75e anniversaire à Vienne, il s’entretient avec Goebbels, qui l’assure qu’il demandera à Hitler la protection pour sa belle-fille et ses deux petits-fils, protection finalement jamais obtenue. En septembre 1941, il emménage avec la famille de son fils à Vienne. Il ne rentrera à Garmisch qu’en juin 1943. En 1942 il déménagea avec sa  famille à Vienne, où tous bénéficièrent de la protection du  chef des Jeunesses hitlériennes  et gauleiter de Vienne Baldur von Schirach. Vers la fin de la guerre, cependant, alors que Strauss était absent, les nazis arrêtèrent Alice et la détinrent pendant plusieurs jours ; Strauss eut du mal à obtenir sa libération, la transférant avec sa famille à Garmisch, où ils furent assignés à résidence jusqu'à la fin de la guerre. De plus, de nombreux membres de la famille immédiate d'Alice furent déportés à Theresienstadt. Lorsque les lettres de Strauss demandant leur libération furent infructueuses, le compositeur se rendit personnellement au camp, mais en vain ; tous moururent ou furent assassinés, à Theresienstadt et dans d'autres camps."

"Afin d’échapper à l’humiliation d’un procès, après la fin des combats, Strauss quitte l’Allemagne dès 1945. Grâce à la protection d’officiers américains admirateurs de sa musique, notamment John de Lancie, pour qui il composera son Concerto pour hautbois, il réussit à partir pour la Suisse, d’où il effectue des voyages réguliers en Europe. À la fin de l’année 1946, la presse américaine se fait le relais d’accusations de collaboration avec le régime nazi, auxquelles il répond dans une lettre remise à l’acteur Lionel Barrymore en janvier 1947 : « Mon intention de quitter l’Allemagne pour la Suisse n’a pas pu se concrétiser car je n’ai réussi qu’avec de grandes difficultés à sauver ma famille de l’extermination par les nazis, et mes diverses demandes pour quitter l’Allemagne ont toujours été rejetées par la Gestapo », ajoutant en outre qu’il n’avait jamais dirigé à aucun événement politique lié au parti nazi. Son procès en dénazification s’ouvre en mai 1947, en son absence. Privé d’une partie de ses revenus, Strauss peut cependant compter sur nombre de soutiens financiers dans le monde musical, notamment hors de l’Allemagne : du 5 au 29 octobre 1947, son ami le chef d’orchestre Sir Thomas Beecham met ainsi en place un cycle de concerts en son honneur à Londres. Strauss y dirige à deux reprises l’orchestre symphonique de la BBC au Royal Albert Hall. En juin 1948, il est acquitté par le tribunal en dénazification ; il s’établira à nouveau à Garmisch-Partenkirchen jusqu’à sa mort en septembre 1949", a écrit Elise Petit.  Thomas Mann l'a qualifié, injustement, de "compositeur hitlérien". « À Richard Strauss, le compositeur, je tire mon chapeau. À Richard Strauss, l’homme, je le remets », a déclaré un jour le chef d’orchestre Arturo Toscanini.  

La dernière oeuvre de Richard Strauss, un cycle de lieder avec orchestre, les Quatre derniers lieder (1948), sur trois poèmes de Hermann Hesse et un poème d'Eichendorff, est créée au Royal Albert Hall de Londres par Kirsten Flagstad et l'Orchestre Philharmonia dirigé par Wilhelm Furtwängler le 22 mai 1950. 

"Le 11 juin 1964, les célébrations du centenaire de Strauss furent particulièrement discrètes. Bien qu’elle ait été autorisée par une commission de dénazification allemande en juin 1948, sa musique était encore stigmatisée. Comme celle de Wagner, elle fut interdite en Israël et réprimée, rejetée, voire vilipendée ailleurs, en raison du malaise suscité par le rôle officiel que le compositeur avait joué dans l’Allemagne nazie."

"En 2014, au contraire, les organisations musicales célèbrent en fanfare ce qui aurait dû être son 150e anniversaire. Partout dans le monde, ses opéras révolutionnaires (Salomé, Elektra, Le Chevalier à la rose), ses magnifiques poèmes symphoniques (Don Juan, Don Quichotte, Macbeth), ses grandes symphonies et ses mélodies exquises sont interprétés avec amour par les meilleurs orchestres, chefs d'orchestre et solistes. Sur BBC Radio 3, disponible gratuitement en ligne, sa musique envahit les ondes". 

Comme le critique musical Michael Kennedy le souligne dans sa biographie magistrale "Richard Strauss: Man, Musician, Enigma", après l’arrivée au pouvoir d’Hitler en janvier 1933, Strauss se trouve confronté à un dilemme moral et professionnel (comme tous les musiciens professionnels en Allemagne à l’époque). Il est ambitieux et plutôt égocentrique, mais il est avant tout pragmatique. « J’ai fait de la musique sous le Kaiser », aurait-il dit à sa famille. « Je survivrai aussi sous ce régime. » Se considérant au-dessus de la politique, il a également déclaré : « Je reste assis ici à Garmisch [sa maison, près de Munich] et je compose. Tout le reste ne m’intéresse pas. »

« J’espérais pouvoir faire le bien et éviter des malheurs encore plus graves », a déclaré plus tard Richard Strauss. Si son objectif principal semblait être d’améliorer la situation économique des musiciens, d’accroître leur sécurité d’emploi, d’assurer davantage de subventions gouvernementales et en particulier de protéger les droits des compositeurs (il a exercé une forte pression pour que l’Allemagne signe la Convention de Berne sur le droit d’auteur), il a également refusé de mettre sur la liste noire les compositeurs juifs et est resté publiquement fidèle à ses amis et collègues juifs qui se heurtaient aux autorités nazies « aryanisantes ».

« Strauss, l'ambivalence d'un destin »
Arte diffusera le 5 janvier 2025 à 23 h 45 « Richard Strauss, l'ambivalence d'un destin. Le compositeur et le IIIe Reich » de Holger Preuße et Philipp Quiring.

« Pendant le IIIe Reich, Richard Strauss (1864-1949) adopte une posture pleine d’ambiguïtés vis-à-vis du régime nazi. Ce documentaire explore tout à la fois ses tentatives prudentes de distance et son rôle dans la propagande du parti. » 

« Quand Hitler accède au pouvoir en 1933, Richard Strauss, né en 1864, s’impose comme le compositeur allemand le plus célébré du moment. »

« Profondément attaché à la culture germanique et trop conservateur sans doute pour se rallier à la République de Weimar, le musicien constitue alors une proie facile pour les nazis. »

« Convaincu qu’il peut s’accommoder du régime tout en adoptant une distance prétendument apolitique, le musicien, qui ne prendra jamais sa carte au parti, accepte toutefois de présider la Reichsmusikkammer, quand Goebbels le lui propose. »

« Strauss est persuadé de pouvoir exercer une influence sur la vie musicale de l’époque tout en empêchant les nazis d’écarter les artistes juifs de la scène allemande. Mais le vieil homme ne réalise pas qu’il sert surtout d’instrument de propagande. »

« Dans une lettre adressée à Stefan Zweig, il écrit ne faire que "mimer" le rôle exigé par le poste, un courrier qui lui vaudra d’être démis de ses fonctions en 1935. »

« Mais les nazis n’ont pas fini d’utiliser sa notoriété. Lors des Jeux olympiques de Berlin en 1936, Richard Strauss dirige devant le monde entier l’hymne qu’il a composé pour l’occasion. »

« En même temps, il lutte pour protéger la famille juive de sa belle-fille. S’il parvient à sauver cette dernière, ainsi que ses petits-enfants, plus de vingt-cinq de ses proches périront dans les camps. À la fin de la guerre, il ne peut que constater l’ampleur d’une catastrophe qu’il n’a pas vue venir. »

« Explorant les contradictions et ambiguïtés de Richard Strauss au cours du IIIe Reich, ce documentaire, nourri d’impressionnantes archives, donne la parole aux musicologues Michael Walter et Joy Calico, aux chefs d’orchestre Christian Thielemann, Marie Jacquot et Philippe Jordan, ainsi qu’aux chanteurs Äneas Humm, Lise Davidsen et Elsa Dreisig. Cette dernière soprano ponctue le récit en interprétant des lieder de Strauss illustrant les différentes étapes de la vie du compositeur. »

« Un portrait nuancé, qui plonge au cœur de la personnalité complexe d’un musicien de génie. »

« Richard Strauss – Salomé Opéra de Hambourg »
Arte diffusera le 6 janvier 2025 à 00 h 35 « Richard Strauss - Salomé  » réalisé par Marcus Richardt.

« Un beau-père aux fantasmes incestueux, un prophète mystérieux et une princesse prête à tout pour assouvir son désir : "Salomé" de Richard Strauss, dans une nouvelle production signée Dmitri Tcherniakov, avec l'éblouissante Asmik Grigorian dans le rôle-titre, dirigée par Kent Nagano. »

« En Galilée, au début de notre ère, le roi Hérode a épousé sa belle-sœur Hérodiade, mais il est irrésistiblement attiré par la fille de cette dernière, la princesse Salomé. Alors que ses mœurs sont fortement réprouvées par le prophète Jochanaan (Jean-Baptiste), le roi ordonne l’arrestation du prédicateur et le fait enfermer dans une citerne. Quand Salomé l’entend prêcher depuis sa geôle, elle est fascinée et exige qu'on lui amène le prisonnier, et son intérêt se transforme en désir. Salomé finit par embrasser Jochanaan, mais le prophète rejette ses avances, l’exhortant à demander pardon pour ses péchés. Plus tard, Hérode supplie Salomé de danser pour lui, et promet de réaliser tous ses vœux. Se soumettant à l’injonction incestueuse, la princesse exécute la célèbre danse des sept voiles, à l’issue de laquelle elle révèle la récompense à laquelle elle aspire : la tête de Jochanaan sur un plateau d'argent... »

« Une dizaine d’années après la publication de la pièce en français d’Oscar Wilde, Richard Strauss choisit cette tragédie sulfureuse pour son troisième opéra, rédigeant lui-même le livret à partir d’une traduction allemande de Hedwig Lachmann. »

« Créée en 1905, l’œuvre est accueillie par le public entre stupeur et émerveillement, son thème audacieux mêlant religion et érotisme, alors que son langage musical novateur déconcerte. »

« Dans sa nouvelle production en 2023 à l’Opéra de Hambourg, le metteur en scène russe Dmitri Tcherniakov choisit de souligner les similitudes entre Salomé – qu’il transpose de nos jours – et Elektra, opéra du même compositeur qu’il avait présenté ici quelques années plus tôt. »


« Considéré comme l’un des plus inventifs de sa génération, il réutilise ainsi l’appartement bourgeois contemporain qui avait déjà été taché du sang des Atrides où les protagonistes sont réunis autour d’une longue table pour un somptueux dîner. »

« Dmitri Tcherniakov y fait évoluer une Asmik Grigorian éblouissante d’énergie en obsessionnelle Salomé, dirigée par le maestro américain Kent Nagano. »

Enregistré le 29/10/2023 à l’Opéra national de Hambourg 


Allemagne, France, Autriche, 2024, 53 min
Production : Claus Wischmann sounding images Gmbh 
Sur Arte le 5 janvier 2025 à 23 h 45
Sur arte.tv du 05/01/2025 au 04/04/2025
Visuels :
© Sebastian Hattop
© Richard-Strauss-Institut
© Sebastian Hattop

Allemagne, 2024, 107 min
Production : FAVO Film 
Livret : Richard Strauss d’après la traduction de Hedwig Lachmann de la tragédie d'Oscar Wilde 
Mise en scène : Dmitri Tcherniakov
Réalisation TV : Marcus Richardt
Direction musicale : Kent Nagano
Orchestre : Philharmonisches Staatsorchester Hamburg
Costumes : Elena Zaytseva
Lumière : Gleb Filshtinsky
Dramaturgie : Tatiana Werestchagina
Avec Asmik Grigorian (Salomé), Kyle Ketelsen (Jochanaan), John Daszak (Hérode), Violeta Urmana (Hérodias), Oleksiy Palchykov (Narraboth), Jana Kurucová (Page)
Sur Arte le 6 janvier 2025 à 00 h 35
Sur arte.tv du 05/01/2025 au 03/07/2025
Visuels : © Monika Rittershaus



Les citations sur les films proviennent d'Arte.

Gustave Eiffel (1832-1923)

Gustave Eiffel 
(1832-1923) était un ingénieur centralien novateur centralien et un industriel français. Il a contribué à l'édification de la Tour Eiffel à Paris, du pont ferroviaire sur la Garonne à Bordeaux en 1858, du viaduc de Garabit (1884), de la statue de la Liberté, dessinée par Auguste Bartholdi, à New York, de la gare de Budapest-Nyugati (« gare de l'Ouest ») à Pest (Budapest) en 1875, de la structure du Palais de fer d'Orizaba (Mexique) en 1894, et de la poste centrale de Saïgon. A Paris, les Archives nationales proposent, dans le cadre du cycle « Les Remarquables », l’exposition « 1887 La Tour Eiffel. La convention de construction » qui réunit notamment des plans et des photographies sur la genèse de ce monument emblématique de la capitale française. Entrée libre. Livret de visite gratuit.


Gustave Eiffel est né en 1832 à Dijon dans une famille bourgeoise conservatrice, originaire de Marmagen, près de Cologne (province d’Eifel, Allemagne) où elle portait le nom de Boenickhausen.  "C'est en 1879 que Gustave Bonickhausen dit Eiffel obtient légalement l'autorisation de remplacer son patronyme à consonance germanique par celui de Eiffel qu'il utilise déjà couramment dans le cadre privé et dans le monde des affaires".

« Gustave Eiffel. Le magicien du fer » est la biographie détaillée et passionnante de cet ingénieur rigoureux, inventif et soucieux de son image, remarquable organisateur et gestionnaire. C’est le catalogue de l’
exposition éponyme à l’Hôtel de Ville de Paris (7 mai-30 septembre 2009), un des événements marquant le 120e anniversaire de l’Exposition universelle (1889) où triomphe la Tour Eiffel. Présentant « plans, dessins, photographies, lettres et objets personnels », puisant dans les archives familiales léguées à l’Etat, cette exposition retraçait « l’immense carrière de cet ingénieur d’exception et son éclatante activité de chercheur grâce à un riche ensemble de documents originaux ». « Une personnalité à la Jules Verne ».

La carrière de ce centralien - "il sort de l'École au 13e rang sur 80" - est lancée en 1858 quand son employeur, la compagnie belge des Matériels de chemins de fer, lui confie la construction du pont de Bordeaux. "Destiné à relier le réseau d'Orléans et du Midi, ce projet novateur utilise la technique de l'air comprimé pour établir des fondations profondes, ouvrant ainsi la voie à un succès fulgurant. Fort de cette réussite, Eiffel entreprend la construction de plusieurs ponts, dont celui de Cubzac (1879-1883), sur la Dordogne, en remplacement d'un ancien pont suspendu. Ce nouvel ouvrage, caractérisé par une poutre droite métallique fixe, témoigne de l'innovation apportée par Eiffel, qui combine habilement les procédés de lançage et de porte-à-faux."

En 1862, « après plusieurs tentatives d’alliance infructueuses », Gustave Eiffel épouse Marie Gaudelet. Le couple a cinq enfants.

En 1866, Gustave Eiffel s’installe à son compte à Paris et implante en 1867 les locaux de sa société, les Établissements Eiffel, à Levallois-Perret (banlieue limitrophe de Paris). Là, il imagine et réalise une œuvre protéiforme, associant esthétique artistique et prouesses techniques novatrices en réponses audacieuses à des défis variés. Il se révèle un « inventeur génial, constructeur avant-gardiste, dénicheur d’idées et de formes », en France et à l’étranger : Portugal (pont Maria Pia sur le Douro), Hongrie (gare de Budapest), Roumanie, Égypte, Mexique, États-Unis, Vietnam, Cambodge et Laos.

Il se distingue par une subtile alliance d’« imagination, de souplesse et d’ingéniosité » révélées dans ses œuvres d’art. Quelques exemples : le viaduc de Garabit – « arc de 160 mètres d’ouverture, reposant directement sur les rives, et monté sans aucun échafaudage » - (1880-1884), les « ponts portatifs » en acier envoyés en kits jusque dans les années 1940, la structure de la statue de la Liberté (1881-1884) à la demande du sculpteur Frédéric-Auguste Bartholdi, la charpente du Bon Marché et du Crédit Lyonnais (Paris) et la coupole aisément orientable de l’Observatoire de Nice (1885).

En 1884, les ingénieurs Émile Nouguier et Maurice Koechlin des établissements Eiffel lui présentent « le dessin d’un pylône de 300 mètres pour l'Exposition universelle de 1889 ». Eiffel n’est guère convaincu. « Il les laisse travailler sur le projet, dont il leur achète le brevet » en étant séduit par les « embellissements dessinés par Stephen Sauvestre, architecte ».

Sur la Tour Eiffel, œuvre majestueuse de 300 mètres de haut devenue le symbole de la capitale française, ce livre présente les projets ayant accompagné sa genèse – concours (1886), « intentions concurrentes, idées de transformations parfois inattendues » – et son influence sur les artistes au XXe siècle : peintres (Dufy, Léger, Delaunay), musiciens, photographes (Else Thalemann), cinéastes (René Clair) et architectes/urbanistes (Le Corbusier).

L’idée initiale visait à « célébrer le centenaire de la Révolution française et les vertus de l’industrie ». Gustave Eiffel finance sa Tour « presque totalement en contrepartie de la jouissance de l’exploitation de l’édifice pendant 20 ans ». Objet de polémiques architecturales et artistiques dès la présentation du projet en 1887, cette « Tour du Champ de Mars » rencontre un succès public immédiat – 1,953 million de visiteurs pendant les six mois de l’Exposition universelle -, bénéficie de l’électricité, « a marqué l’imaginaire populaire » et révolutionné « le paysage parisien ».

Dès les années 1890, à l'apogée de sa carrière professionnelle d'ingénieur et d'entrepreneur, Eiffel est touché par le « scandale de Panama » - son système d’écluses est ingénieux. "En tant qu'actionnaire et membre du conseil d'administration de la Compagnie universelle du canal interocéanique, Eiffel se trouve associé à cette entreprise qui fait faillite en 1889 en raison de difficultés techniques, financières et sanitaires. Bien qu'il ne soit pas directement impliqué dans les actes de corruption qui ont entraîné le scandale, son nom est entaché en raison de son rôle de premier plan au sein de la compagnie. Gustave Eiffel est poursuivi et condamné en appel le 9 février 1893 pour « abus de confiance pendant la durée de son entreprise ». Le pourvoi Eiffel est enregistré le 22 février 1893 dans le registre du greffe de la Cour de cassation. Pendant la durée des débats, Eiffel est écroué à la prison de la Conciergerie. La décision de la Cour de cassation, rendue le 15 juin 1893, en vertu des articles 637 et 638 du Code d'instruction criminelle, aboutit à l'annulation des peines d'emprisonnement pour escroquerie et abus de confiance en raison de la prescription."

Il « se retire des affaires et se consacre à la science pure en ouvrant des laboratoires aérodynamiques », résume Caroline Mathieu, commissaire de l’exposition. Entre 1890 et 1892, Il étudie trois projets qui ne seront pas réalisés : un chemin de fer métropolitain, un « pont sous la Manche » et un observatoire sur le mont Blanc. Eiffel livre sa « bataille du vent » (Martin Peter) et se passionne pour l’aviation : il fonde un laboratoire à Auteuil qui collabore avec Breguet et Farman ; il conçoit une soufflerie qui fonctionne toujours et un « avion de chasse à grande vitesse ».

Pour éviter la démolition de la Tour Eiffel prévue au bout de 20 ans, bravant la Pétition des artistes hostiles - Guy de Maupassant, Charles Garnier, Charles Gounod - (1887), Gustave Eiffel s’efforce d’en prouver l’utilité en l’utilisant pour des perfectionnements scientifiques et des recherches sur l’aérodynamique. En 1898, il installe à son sommet un laboratoire de météorologie, et en 1903 un émetteur permanent de T. S. F. (télégraphie sans fil). Mais « c’est sa position stratégique pour l’armée française et son rôle dans la guerre de 1914-1918 qui la sauvent définitivement de la démolition : grâce à une communication interceptée dans la station de la Tour, le général Gallieni organise la contre-offensive de la Marne en 1914 ».

Gustave Eiffel meurt en 1923, âgé de 91 ans. Une foule nombreuse, où l’on reconnaît maintes personnalités, assiste, le 31 décembre 1923, à ses obsèques au cimetière de Levallois-Perret.

« L’épopée tour Eiffel » (jusqu’au 31 décembre 2009), exposition-parcours à la Tour Eiffel, invite à découvrir « la genèse du monument, le succès incroyable de son image, ses fastes, sa « descendance », des bibelots aux grandes tours contemporaines, ses dessous cachés ».

« 1887. La convention de construction »
« Les Archives nationales inscrivent leur programmation dans une démarche résolument participative. Le public a voté pour les documents qu’il souhaite voir exposer dans le cadre du cycle Les Remarquables : des documents exceptionnels par leur forme, leur contenu, les acteurs et les objets auxquels ils font référence. » « Des documents emblématiques par leur sujet ou étonnants par leur forme que présentent depuis 2023 les Archives nationales », a écrit Bruno Ricard, Directeur des Archives nationales. 

A Paris, les Archives nationales proposent, dans le cadre du cycle « Les Remarquables », l’exposition « 1887 La Tour Eiffel. La convention de construction. » 

Le Commissariat scientifique est assuré par Magalie Bonnet, responsable de fonds au département de l’Environnement, de l’Aménagement du territoire et de l’Agriculture, Archives nationales, et Thomas Roche, responsable du département de l’Environnement, de l’Aménagement du territoire et de l’Agriculture, Archives nationales, et le Commissariat technique par Alexandra Hauchecorne et Régis Lapasin, service des expositions, département de l’Action culturelle et éducative, Archives nationales.

« La tour Eiffel, un monument de science et de technique »
« Tout le monde la connaît, reconnaît sa silhouette originale et singulière.
Il n’est sans doute pas étonnant que le vote du public pour désigner Les Remarquables, organisé à l’été 2023, se soit porté sur la convention conclue, en 1887, pour la construction de ce que l’on appelait déjà la « tour Eiffel ».

« Le contrat du monument le plus célèbre de France figure ainsi au centre de cette nouvelle exposition au format resserré, accompagné de plans, de photographies et d’autres documents qui éclairent la genèse de la tour, les aspects techniques de sa construction mais aussi les expérimentations scientifiques qui en ont finalement permis la sauvegarde. »

« La tour dans l’histoire des techniques »
« La tour Eiffel est, fondamentalement, un monument de science et de technique. Monument dédié à la science, comme le rappellent les noms des 72 savants inscrits en lettres d’or au pourtour de son premier étage, elle a été construite pour être le « clou » d’une exposition universelle, dont la vocation première est de présenter les avancées industrielles. Quelle est sa place dans l’histoire des sciences et des techniques ? »

« Une innovation ? Pas tout à fait. L’esquisse même du monument fait écho aux piles des ponts métalliques qui se sont multipliés au 19e siècle et dont Eiffel n’est qu’un des plus talentueux ingénieurs. Le matériau retenu, les procédés techniques, sont ceux d’un âge industriel n’entamant qu’à peine sa transition vers l’ère de l’acier et de l’électricité. »

« Un chantier bien mené ? Assurément, l’expérience des ingénieurs, dans la précision des calculs et la préparation des pièces dont seul l’assemblage a lieu sur place, tout comme celle des ouvriers, habitués à des conditions difficiles, a été un atout pour tenir un calendrier serré, avec un nombre d’accidents graves limité, sans toutefois être nul. »

« Symbole de la victoire de l’ingénieur et du métal sur l’architecte et la pierre ? Elle marque plutôt de nouvelles formes de collaboration entre les deux professions : aurait-elle vu le jour sans l’intervention de l’architecte Sauvestre sur les premières esquisses des ingénieurs Koechlin et Nouguier, tout comme le palais des Machines, œuvre conjointe de l’architecte Dutert et de l’ingénieur Contamin ? Plus grande construction métallique de son temps, ce dernier devait rester la trace pérenne de l’Exposition de 1889, mais fut finalement démonté en 1900… »

« Finalement c’est la tour, sauvée par son utilité scientifique, défendue par Eiffel dès la présentation du projet, et portant désormais avec son antenne la marque de l’innovation technologique qu’est la radio, qui s’enracine dans le paysage d’une ville et d’un pays dont elle est devenue le symbole. »

« Deux tours pour un centenaire »
« En France, la première exposition industrielle voit le jour à Paris en 1798 dans le but de revigorer et de protéger l’industrie nationale après les bouleversements révolutionnaires. En 1851, une exposition à laquelle sont admis les industriels du monde entier est organisée à Londres, marquant l’avènement d’une nouvelle ère de manifestations internationales. Le succès londonien inspire le Second Empire qui ouvre en 1855 une grande exposition à Paris. » 

« Désormais dite universelle, elle élargit son programme aux productions intellectuelles, notamment aux beaux-arts. »

Dès lors, les expositions universelles se succèdent à un rythme effréné, tous les onze ans environ. Après celles de 1867 et de 1878, l’année 1889 s’impose. »

"Lors de l'exposition de 1878, Gustave Eiffel conçoit le bâtiment de la Ville de Paris, initialement prévu en maçonnerie avec un revêtement de plâtre. Les contraintes saisonnières conduisent à une modification du projet : une construction entièrement métallique, mieux adaptée aux circonstances. Gustave Eiffel est également chargé de la construction de la grande galerie, qui forme la façade principale de l'exposition et nécessite l'utilisation de 3000 tonnes de métal. C'est lors de cette exposition qu'est dévoilée la tête de la statue de la Liberté, œuvre d'Auguste Bartholdi. Son armature en fer, qui constitue le support de la « peau » en cuivre de la statue, est conçue par Eiffel et ses ingénieurs. La statue, offerte par les Français aux Américains, est financée par des fonds privés, Bartholdi faisant notamment payer les visites des éléments exposés. À Philadelphie, en 1876, le flambeau et une partie du bras sont exposés et, lors de l'exposition de 1878 à Paris, les visiteurs peuvent monter au sommet de la tête grâce à un escalier en fer."

"Au-delà de ses exploits dans le domaine des ponts, l'entreprise Eiffel laisse également son empreinte dans la construction d'édifices publics et privés, aussi bien en France qu'à l'étranger. Lors des expositions universelles à Paris, Gustave Eiffel se distingue en réalisant divers ouvrages, dont la Galerie des beaux-arts et d'archéologie à l'exposition de 1867. En janvier 1866, il obtient le contrat pour la construction de la partie métallique de la galerie, tandis que les maçonneries et les terrassements sont confiés à d'autres entrepreneurs (Audraud et Jullien). Ce projet imposant, couvrant 500 mètres de long sur 15 mètres de large, nécessite l'utilisation de 30 000 kilogrammes de fer."

"C'est à l'occasion de ces réalisations que Gustave Eiffel reçoit la Légion d'honneur, le 1er mai 1878. Il est fait officier le 2 avril 1899."

« L’Exposition de 1889 est prévue comme une célébration du centenaire de la Révolution française et, par extension, de la chute de la monarchie ; plusieurs puissances monarchiques refusent alors d’y envoyer une délégation officielle. Elle vise non seulement à mettre en valeur le meilleur de l’industrie et de l’artisanat français, mais elle est aussi l’occasion pour la France de se repositionner en tant que puissance militaire majeure et grand empire colonial. 
»

« Destinée à être le théâtre d’exploits techniques et de prouesses architecturales, cette Exposition doit marquer les esprits. »

« C’est dans ce contexte qu’émerge l’idée d’une tour de trois cents mètres. » 

« Ce projet ambitieux n’est pas nouveau. La première initiative est celle de l’ingénieur anglais Richard Trevithick en 1833, suivie de celle de deux ingénieurs américains, Clarke et Reeves, qui imaginent en 1874, pour l’Exposition de 1876 à Philadelphie, une tour de mille pieds (environ 300 mètres). Mais ces projets sont abandonnés. »

« En juin 1884, Maurice Koechlin et Émile Nouguier, tous deux ingénieurs employés d’Eiffel, conçoivent un avant-projet de « pylône de 300 mètres » qu’ils présentent à Gustave Eiffel. D’abord peu convaincu, Eiffel change d’avis lorsque l’architecte Stephen Sauvestre lui apporte des améliorations esthétiques (arcs décoratifs, ajout de salles vitrées aux deux premiers étages pour recevoir du public). »

« Dans le même temps, un autre concept de tour émerge : celui imaginé par l’architecte Jules Bourdais qui propose de construire un phare monumental de 370 mètres de haut, baptisé la Colonne Soleil. »

« Artistes et journalistes prennent rapidement position en faveur de l’un ou l’autre des projets concurrents, présentant parfois le duel entre la tour de pierre et celle de fer comme un combat des architectes contre les ingénieurs – une opposition en fait à nuancer. »

« Eiffel, fermement convaincu de la viabilité de ce projet, se lance pleinement dans l’aventure. En décembre 1884, il procède à l’acquisition des brevets détenus par ses ingénieurs, mobilisant également ses contacts dans les cercles des ingénieurs, du monde financier et du milieu politique pour soutenir son entreprise. »

« En fer contre le vent »
« Le paysage parisien ne serait aujourd’hui pas le même sans la silhouette de la tour Eiffel. Symbole d’une « Belle Époque » industrielle, clou de l’Exposition universelle de 1889, monument dédié à la science autant que de science, quelle est la place de la tour dans l’histoire des savoirs et des techniques ? »

« L’annonce d’une exposition universelle prévue à Paris en 1889 pour célébrer le centenaire de la Révolution suscite de nombreuses initiatives. »

"Le viaduc de Garabit, qui franchit la vallée de la Truyère dans le Cantal à une hauteur vertigineuse de 122 mètres, constitue une autre prouesse de Gustave Eiffel. Inspirée du viaduc Maria Pia à Porto, l'arche principale adopte la forme d'un arc métallique désormais célèbre sous le nom d'arc parabolique (système Eiffel). Avec une portée de 165 mètres, cette arche détient le record de la plus grande portée au monde lors de sa construction entre 1880 et 1884." 

« Les ingénieurs Émile Nouguier et Maurice Koechlin, s’inspirant notamment des pylônes du viaduc de Garabit (achevé en 1884), proposent à leur patron Gustave Eiffel un projet de tour en fer de 300 mètres, une hauteur inouïe pour l’époque. Le choix du fer s’impose pour proposer une construction légère mais robuste et limitant la surface au vent, principal risque anticipé pour l’édifice. »

« Retravaillé par l’architecte Stephen Sauvestre, le projet avec les calculs des ingénieurs est présenté publiquement par Eiffel en 1885. S’il suscite quelques réactions outrées dans le milieu des architectes et des artistes, il séduit le ministre du Commerce, Édouard Lockroy, en tant que symbole du progrès technique qu’il entend promouvoir à l’exposition. »

« Le 20 mai 1885, lors d’une réunion à la Société des ingénieurs civils, Eiffel explique que l’idée de construire une tour en fer a émergé des études conjointes menées sur les grandes structures métalliques des viaducs. Il est à noter que l’assemblage de l’arche de Garabit a été achevé un an auparavant, faisant de ce viaduc un véritable « laboratoire » pour les techniques qui vont être utilisées dans la tour. »

« En défendant l’utilisation du fer et en exposant les calculs démontrant la solidité de sa tour, Eiffel remet indirectement en question la crédibilité technique du projet de son rival, Jules Bourdais. »

« En outre, Eiffel réussit à obtenir un entretien privé avec le nouveau ministre du Commerce et de l’Industrie, Édouard Lockroy. Lors de cette rencontre, il affirme pouvoir financer entièrement le projet, en échange d’une concession d’exploitation, et garantit être le seul capable de livrer la tour dans les délais impartis. »

« En 1886, des décisions cruciales sont prises : le 1er mai, le Journal officiel publie le règlement du concours d’architecture. Un article du programme invite les participants à « étudier la possibilité d’élever sur le Champ-de-Mars une tour en fer à base carrée, de 125 mètres de côté à la base et de 300 mètres de hauteur », ce qui fait clairement référence au projet d’Eiffel. » 

« La compétition est redoutable, avec 107 propositions soumises. Gustave Eiffel remporte le premier prix ex aequo avec Ferdinand Dutert et Jean Camille Formigé. Dutert se voit confier la construction du palais des Machines, Formigé celle des palais des Beaux-Arts et des Arts libéraux, tandis qu’Eiffel se voit attribuer la tour de 300 mètres. Sa proposition est jugée la seule techniquement viable par la commission d’experts, formée le 12 mai pour examiner les projets. »

La "conception de la tour donne lieu à l'élaboration d'un nombre très important de dessins, notamment plus de 200 dessins d'exécution, transmis à Victor Contamin, ingénieur en chef du contrôle à la direction des travaux, entre mars et septembre 1887. Ces dessins sont soumis à son approbation, conformément aux dispositions de la convention établie le 8 janvier 1887, qui régit la construction et l'exploitation de la tour."

« Les discussions sur les modalités de construction et d’exploitation de la tour se poursuivent laborieusement jusqu’au 8 janvier 1887 et la signature d’une convention, établissant les modalités de financement et d’exploitation de la tour, tout en fixant son emplacement définitif au Champ-de-Mars, entre le ministre Édouard Lockroy, Eugène Poubelle, préfet de la Seine, représentant la Ville de Paris, et Gustave Eiffel. Ce dernier s’engage ainsi à ériger une tour de 300 mètres avant l’ouverture de l’Exposition. En contrepartie, il reçoit une subvention d’un million et demi de francs ainsi que l’autorisation d’exploiter la tour pendant toute la durée de la manifestation et les vingt années suivantes, à compter du 1er janvier 1890. »

« Pour certains architectes, peintres ou encore écrivains, la tour est perçue comme « inutile et monstrueuse ». Le 14 février 1887, une pétition contre la construction de la tour est publiée dans le journal Le Temps. Alerté par le rédacteur du journal, Eiffel apporte une réponse qui paraît le même jour. Dans son argumentaire, il fait valoir que cette protestation est tardive car tous les contrats sont déjà conclus. D’ailleurs, le chantier de la tour a déjà débuté quelques semaines plus tôt, le 28 janvier 1887. »

« Un chantier au défi de la hauteur »
« Le chantier de construction de la « Tour de 300 mètres » n’innove pas : il recourt à des techniques éprouvées depuis le milieu du 19e siècle. Il bénéficie de plus de l’expérience, tant humaine que méthodologique, des précédents chantiers d’Eiffel. »

« Les opérations sont menées du 28 janvier 1887 au 31 mars 1889, malgré deux interruptions en 1888 en raison des revendications salariales des ouvriers et de leurs préoccupations concernant les conditions de sécurité sur le site, et même si des travaux se poursuivent après cette date retenue pour l’inauguration officielle de la tour. »  Transcription de la pétition ci-contre des ouvriers demandant l’établissement de filets protecteurs, novembre 1888 : « Les soussignés, considérant les accidents journaliers et quelquefois multiples dans une même journée qui se produisent dans la construction de la tour Eiffel, invitent instamment M. le Préfet de Police à faire respecter l’ordonnance qui prescrit aux entrepreneurs de travaux l’établissement de filets protecteurs. »

« Le chantier de construction de la « tour de 300 mètres » n’innove pas : il recourt à des techniques éprouvées depuis le milieu du 19e siècle. Il bénéficie de plus de l’expérience, tant humaine que méthodologique, des précédents chantiers des établissements Eiffel, appliquée cette fois à un projet qui n’a d’autre ambition que d’être le plus haut du monde... et d’être terminé à temps pour l’ouverture de l’Exposition, le 5 mai 1889. »

« La première difficulté à surmonter est celle des fondations, en fonte et en maçonnerie, élément essentiel pour assurer la stabilité de l’édifice. En effet, l’emplacement finalement retenu pour la tour dans la convention, une partie du Champ-de-Mars appartenant à la Ville de Paris, est en bordure de la Seine. Pour les deux piles les plus proches du fleuve, Eiffel et ses ingénieurs recourent donc à des caissons à air comprimé* pour creuser les fondations des piles les plus proches de la Seine. »

« Le travail est harassant : les efforts faits par les ouvriers en milieu sous pression, puis les effets de la décompression à leur sortie, provoquent le fameux « mal des caissons » qui se caractérise par des malaises. »

« Venu le temps du montage, la caractéristique du chantier est son organisation millimétrée. La tour est en fait une construction « en kit ». Les ingénieurs calculent les dimensions et dessinent au millimètre près les pièces nécessaires. Les éléments de la charpente métallique, en fer puddlé*, sont fabriqués et prémontés aux ateliers d’Eiffel à Levallois-Perret puis transportés jusqu’au Champ-de-Mars. Sur place, des grues mobiles aident à la manutention, d’abord placées au niveau des futurs emplacements des ascenseurs, puis suivant l’élévation de la tour, et les ouvriers procèdent aux derniers assemblages par rivetage*. Plus de 18 000 pièces en fer et 2 millions et demi de rivets sont utilisés lors du chantier, où travaillent environ 250 employés d’Eiffel, permanents ou journaliers. »

« Le fer puddlé (de l’anglais to puddle, brasser) est issu de l’affinage de la fonte (alliage de fer et de carbone), qui permet d’en réduire la quantité de carbone, selon un procédé mis au point en Grande-Bretagne à la fin du 18e siècle. Il est moins fragile et plus robuste que la fonte ; il est aussi moins cher et plus lourd que l’acier, même s’il est moins résistant. Son usage caractérise l’industrie métallurgique du 19e siècle, car sa préparation ne nécessite que de la houille (et non plus du charbon de bois) et il est très adapté au rivetage. Il s’efface progressivement face à l’acier à partir de la fin du siècle. Le fer qui a servi pour la tour vient de Lorraine. »

« Le rivetage est l’assemblage de deux pièces grâce à un rivet, un élément métallique en forme de tige cylindrique, dotée d’une tête, passant par un trou fait dans chacune d’entre elles. Le procédé est largement répandu au 19e siècle avant la diffusion de la soudure. Sa pose fait intervenir plusieurs types d’ouvriers : le « chauffeur » chauffe le rivet sur une forge portative ; le « teneur de tas » et le « teneur de bourderolle » le maintiennent avec des outils spécifiques, chacun d’un côté, après l’avoir introduit dans le trou d’assemblage ; le « riveur » vient frapper l’extrémité chauffée du rivet afin de constituer une seconde tête, fixant ainsi l’assemblage. Deux millions et demi de rivets ont ainsi été posés, par tous les temps, lors du chantier de la tour. »

« Pour permettre le creusement des fondations des piles les plus proches de la Seine, Gustave Eiffel recourt à une technique mise au point au milieu du 19e siècle et qu’il a lui-même expérimentée, dès le début de sa carrière, sur le chantier du pont de Bordeaux. Le caisson à air comprimé est une enceinte étanche, dans laquelle l’eau est pompée et l’air maintenu sous pression, qui permet aux ouvriers de travailler au sec, y compris, comme au Champ-de-Mars, lorsqu’ils creusent un sol sablonneux sous le niveau du fleuve. »

« Un moment délicat du chantier est la jonction des quatre piles au niveau du premier étage. Des vérins placés sous les pieds de la tour permettent d’assurer au millimètre près l’ajustage des poutrelles métalliques. »

« Les ouvriers expérimentés, souvent des anciens des chantiers de Porto et de Garabit, travaillent au-dessus du vide, sur des structures métalliques en porte-à-faux, pour une durée de travail calée sur les heures de soleil et sous des températures très chaudes l’été (1888 est caniculaire) et glaciales l’hiver. Si les accidents graves sont rares sur le chantier, les blessures légères liées au maniement des marteaux, aux incidents de rivetage ou à la chute d’outils, sont fréquentes : un tous les quatre jours en moyenne, malgré les précautions réelles prises par Eiffel et ses chefs d’équipe. Eiffel assure aussi à ses hommes des augmentations, en fonction du calendrier tenu, et des avantages, comme une cantine au premier étage de la tour, ce qui lui permet de mettre rapidement fin aux deux grèves qui sont lancées en 1888, au nom des revendications salariales et des préoccupations concernant la sécurité du chantier. »

« Contrairement à ce qui est souvent répété, les archives du service médical de l’Exposition montrent que plusieurs ouvriers ont trouvé la mort sur le chantier : Émile Desjardins, un jeune « chauffeur » de 15 ans tombé le 7 mars 1888 ; Emmanuel Barré, décédé des suites de ses blessures le 14 août 1888 après une lourde chute ; Lucien Béchlage (28 mars 1889) et Eugène Giron (1er avril 1889), deux sous-traitants ; Ange Scagliotti, pris dans une chaîne d’ascenseur le 24 m ai 1889, alors que les travaux se poursuivent après l’inauguration. »

« Le récit du décès d’un ouvrier ayant chuté en faisant visiter le chantier de la tour à sa fiancée semble être tout droit sorti de l’imagination de la presse de l’époque, à propos de l’accident de Scagliotti (et largement repris par la suite sans être vérifié…). Plusieurs ouvriers sont également victimes de fractures multiples, par exemple Félix Granjard, le premier ouvrier à s’être grièvement blessé en tombant de la tour le 10 août 1887, qui survit à sa chute et reprend le travail après son rétablissement. »

« Le dernier défi, le plus épineux en tout cas, est celui de l’installation des ascenseurs, prévus pour assurer l’accès du public d’étage en étage jusqu’au troisième étage dans les meilleures conditions. Leur mise en service s’avère délicate : ils ne sont pas encore en place le jour de l’inauguration ! »

"La construction, achevée en deux ans, deux mois et cinq jours, comprend un appartement au troisième étage réservé à Gustave Eiffel, avec un salon-salle à manger, une cuisine, une salle de bain. Cet espace, bien que principalement dédié aux installations techniques (ascenseur et escalier), sert également de laboratoires où Eiffel mène des recherches scientifiques avant-gardistes."

« Une tour de science »
« Après le succès de la tour lors de l’Exposition de 1889, Gustave Eiffel doit démontrer son utilité. En effet, à l’expiration de sa concession en 1910, la tour pourrait être détruite, comme le sont la plupart des structures érigées pour les expositions. »

« La tour est un monument dédié à la science : au premier étage, Eiffel a fait inscrire en lettres d’or les noms de 72 savants français, d’Arago à Vicat en passant par Gay-Lussac ou Le Verrier. »

« Afin de justifier sa préservation à long terme, Eiffel la transforme en un véritable laboratoire scientifique. Il offre gracieusement son accès aux chercheurs pour leurs expérimentations et y effectue lui-même des recherches dans les domaines de la météorologie, de l’aérodynamique et de la radiotélégraphie. »

« Gustave Eiffel a défendu, dès la présentation du projet, l’utilité que pourrait présenter un édifice d’une telle hauteur pour de nouvelles expériences scientifiques. L’appartement qu’il a fait installer au troisième étage de la tour comporte ainsi plusieurs laboratoires. Un observatoire météorologique y est implanté pendant l’Exposition de 1889. Eiffel lui-même y procède à des expériences sur la chute libre et l’aérodynamisme, avant de déplacer son laboratoire à Auteuil. »

« Dès la fin de la construction de la tour, l’une des premières initiatives de Gustave Eiffel est de collaborer avec le physicien Éleuthère Mascart pour placer une station d’observation météorologique au sommet. De 1906 à 1912, il en publie les relevés à ses frais. Cette contribution a favorisé les progrès de la météorologie naissante en démontrant l’importance de collecter des données sur de longues périodes. »

« Eiffel s’intéresse également aux effets du vent sur les structures. En 1903, il installe un câble vertical entre le deuxième étage de la tour et le sol pour étudier la chute libre d’objets. Cette expérience permet d’évaluer la résistance de l’air pendant leur descente. En 1909, il construit une soufflerie au pied de la tour pour simuler le vent autour de formes fixes, facilitant les mesures et offrant la possibilité de contrôler la vitesse du vent. La tour et son laboratoire ont ainsi contribué aux progrès de l’aérostation (ballons et dirigeables) et de l’aviation émergente. En 1912, la soufflerie est déplacée dans un bâtiment permanent à Auteuil, où elle est toujours opérationnelle ».

« Des essais de signalisation lumineuse sont réalisés par l’armée : la lumière de la tour est alors visible jusqu’à Bar-sur-Aube, à plus de 200 km de Paris. Mais c’est le succès des expériences de transmission par ondes radio, initiées par Eugène Ducretet et Ernest Roger et poursuivies, pour leurs applications militaires, par le capitaine Ferrié qui confirme le potentiel stratégique de la tour… et la protège définitivement de la destruction. »

« La télégraphie sans fil (TSF) a joué un rôle décisif dans l’histoire de la tour Eiffel en assurant sa sauvegarde. En 1898, les scientifiques Eugène Ducretet et Ernest Roger réussissent à établir une première liaison par TSF entre la tour et le Panthéon. En 1903, Gustave Eiffel met la tour à la disposition du capitaine Ferrié pour étudier les applications militaires de la TSF. Les efforts de Gustave Ferrié permettent d’établir des liaisons réussies avec l’Est de la France en 1906, puis les côtes algériennes en 1908. Dès lors, la tour gagne une importance stratégique et Eiffel obtient une prolongation de sa concession. »

« Après le succès de la TSF dans le domaine militaire, son usage est étendu à des fins civiles. La tour est également équipée dans l’entre-deux-guerres d’antennes pour la radio puis la télédiffusion à destination du grand public. À partir de 1921, Ferrié mène des expérimentations dans le domaine de la radiodiffusion. Ces premières tentatives fructueuses conduisent à l'inauguration officielle de Radio Tour Eiffel en 1922, proposant chaque jour un bulletin d’information, des prévisions météorologiques et un concert. La radio étoffe progressivement ses programmes pour offrir une gamme variée d'émissions, au point que les organismes utilisant le poste de la tour Eiffel doivent harmoniser les priorités et les horaires de diffusion. »

« Après-guerre, sa vocation touristique s’affirme. Pour autant, c’est toujours la convention de 1887, plusieurs fois prolongée, qui assure le cadre juridique et économique de son exploitation jusqu’en 1980. »

« Que retenir ? »
« Synthèse de conceptions, de procédés et de techniques éprouvés de son temps, la tour Eiffel n’en représente pas moins une prouesse industrielle majeure. Destinée à n’être que l’attraction éphémère de l’Exposition universelle du centenaire, elle est restée le monument le plus élevé du monde pendant quarante-deux ans avec ses 312 mètres. »

« Outre son utilisation dans diverses expériences scientifiques, la tour a joué un rôle stratégique pendant la Première Guerre mondiale et a offert aux Français des divertissements culturels sans précédent. Elle est surtout devenue le symbole de Paris et de la France. »

« Bien que son exploitation n’ait initialement été concédée à Eiffel, et à la société qu’il met en place à cet effet, que pour une durée de vingt ans, la tour n’a pas été démolie. De renouvellement en prolongation pour compenser les réquisitions des périodes de guerre, la convention signée le 8 janvier 1887 est restée en vigueur jusqu’en 1980, date à laquelle l’exploitation est reprise par la Ville de Paris, par le truchement de plusieurs sociétés d’économie mixte. »

Autour de l'exposition
« Pour prolonger l’exposition, un cycle de conférences s’est tenu de septembre à décembre 2024, aux Archives nationales, à l’Hôtel de Soubise.
• Samedi 21 septembre 2024, 11 h
Le premier chantier de Gustave Eiffel : le pont de Bordeaux
par Myriam Larnaudie-Eiffel
• Samedi 30 novembre 2024, 14h30
Gustave Eiffel : avant la Tour, les ponts !
par Claire Guitton et François Blanchetière
• Samedi 23 novembre 2024, 14h30
Gustave Eiffel, l’aérodynamicien
par Martin Peter
• Samedi 7 décembre 2024, 14h30
Radio et télévision. Comment la tour Eiffel est redevenue moderne et populaire (1920-1937)
par Agnès D'Angio-Barros »

« Eiffel, la guerre des tours »
Arte diffusa le 18 novembre 2023 à 20 h 50 « Eiffel, la guerre des tours », documentaire français de Mathieu Schwartz et Savin Yeatman-Eiffel.

"À l’occasion du centenaire de la mort de Gustave Eiffel (1832-1923) dont ils revisitent la carrière, le film de Mathieu Schwartz et Savin Yeatman-Eiffel, un descendant du célèbre ingénieur, explore cette période charnière au travers d'un matériau foisonnant : scènes de reconstitution, archives, animations graphiques et entretiens avec des spécialistes (historiens, architecte, ingénieure, biographes…)" 

« Disparu il y a cent ans, Gustave Eiffel a livré bataille pour imposer sa fameuse tour, la plus haute du monde en son temps. Ce documentaire passionnant replace cette lutte dans le contexte de transformation radicale de l’époque, en revisitant la carrière de l’ingénieur visionnaire. »

"Pour imposer sa tour, devenue le symbole de Paris, l’ingénieur Gustave Eiffel a ferraillé avec l’architecte Jules Bourdais et son projet de colonne en pierre".

"Au-delà des ego, cette « guerre des tours », qui s’inscrit dans une course mondiale au gigantisme, cristallise le conflit entre industrie et beaux-arts, entre partisans du progrès et tenants de la tradition."

« En mai 1884, le Tout-Paris des bâtisseurs est en émoi : le gouvernement vient d’annoncer la tenue d’une Exposition universelle dans la capitale en 1889, à l’occasion du centenaire de la révolution. »

« Alors que le pays organisateur se doit de dévoiler un édifice d’exception pour cette fête du progrès, l’idée d’ériger une tour de mille pieds (300 mètres) s’impose dans les esprits. »

« Deux hommes vont alors s’affronter : Jules Bourdais, le célèbre architecte du palais du Trocadéro – détruit en 1937 –, et l’ingénieur Gustave Eiffel, auquel on doit déjà le viaduc de Garabit ou la gare de Budapest. »

« Le premier veut bâtir un gigantesque phare en pierre pour éclairer Paris, le second a imaginé une audacieuse tour en fer – un matériau inédit pour un bâtiment de prestige. »

« Début 1886, leur duel, d’abord médiatique, se déplace sur le terrain politique. Si Bourdais a le soutien du président du Conseil Charles de Freycinet, Gustave Eiffel trouve l’argument imparable pour convaincre Édouard Lockroy, le nouveau ministre de l’Économie, de choisir son projet : il s'engage à prendre en charge les frais de construction en échange d’une concession de dix ans. »

« Fin mai 1886, le concours biaisé qui le couronne provoque un tollé dans la presse. Mais malgré les difficultés techniques (le terrain est gorgé d’eau) et les attaques répétées des opposants au projet (emmenés par l’architecte Charles Garnier), l’ingénieur remporte son pari : le 31 mars 1889, la tour Eiffel est inaugurée en temps et en heure, et attire deux millions de visiteurs en six mois. »

« Ce succès n’empêche pas le monument d’être menacé de destruction à l’issue de la concession, finalement de vingt ans. »

« C’est son usage militaire, via la télégraphie sans fil, qui le sauvera définitivement. »

« Pour élever et préserver sa tour, devenue un emblème national, Gustave Eiffel a dû ferrailler. »

« Au-delà des ego, son duel avec Bourdais, qui s’inscrit dans une course mondiale au gigantisme, cristallisa le conflit entre industrie et beaux-arts, entre partisans du progrès et tenants de la tradition. »



LES PROTAGONISTES

Édouard Lockroy (1838-1913)
« secrétaire d’Ernest Renan, compagnon d’armes de Garibaldi, défenseur des Communards, est élu député en 1871. À partir de 1886, il participe régulièrement au gouvernement, souvent comme ministre de la Marine. Mais c’est lors de son bref passage au ministère du Commerce qu’il apporte un soutien décisif à Eiffel, en organisant un concours qui le favorise très largement. »

Eugène Poubelle (1813-1907)
« est préfet de la Seine de 1883 à 1896 et dirige l’administration de la Ville de Paris. On retient de son mandat les réglementations en matière de gestion des ordures – avec l’obligation de déposer les déchets dans une boîte fermée, que les Parisiens baptisent de son nom – et du tout-à-l’égout. Mais il est aussi le premier à autoriser les femmes à s’inscrire au concours de l’internat de médecine. »

Maurice Koechlin (1856-1946)
« rejoint l’entreprise d’Eiffel en 1879 en tant que chef du bureau des études. Ayant participé au projet du viaduc de Garabit, il dessine l’ossature métallique de la statue de la Liberté de Bartholdi. Il dresse la première ébauche de la « tour de 300 mètres » en fer en juin 1884, qu’il affine avec l’aide de Nouguier puis de Sauvestre. Il prend la tête de la Société de construction de Levallois-Perret après le départ de Gustave Eiffel en 1893. »

Émile Nouguier (1840-1897)
« entre au service de Gustave Eiffel en 1876 et s’illustre dans plusieurs de ses plus fameux chantiers, tels le viaduc de Garabit ou le pont sur le Douro à Porto. Mais son oeuvre la plus célèbre demeure la « tour de 300 mètres », qu’il conçoit avec Koechlin et Sauvestre. Il quitte les établissements Eiffel en 1893 pour fonder son propre bureau d’études. »

Eugène Ducretet (1844-1915)
« conçoit des instruments de précision à destination des établissements scientifiques et industriels. Il recrute en 1887 l’ingénieur Ernest Roger (1864-1943). Travaillant tour à tour à l’application des rayons X ou aux usages de l’électricité, ils mettent au point un équipement de télégraphie sans fil en 1898, qu’ils testent par une première transmission entre la tour Eiffel et le Panthéon. »

Stephen Sauvestre (1847-1919)
« architecte, donne au projet imaginé par Koechlin et Nouguier la silhouette qu’on lui connaît, en incurvant ses courbes, en prévoyant des plateformes à plusieurs niveaux et en ornant ses piles d’un arc. Il conçoit aussi pour l’Exposition plusieurs pavillons dont le palais des Colonies et le pavillon du Nicaragua. »

Gustave Ferrié (1863-1932)
« officier du génie, est missionné en 1900 par le ministre de la Guerre Freycinet pour développer un système de télégraphie sans fil (TSF) à l’usage de l’armée. Il propose alors l’installation d’une antenne sur la tour, une idée soutenue par Eiffel lui-même. La valeur stratégique de cette installation ayant été démontrée lors de la guerre de 1914-1918, Ferrié étend dans les années 1920 ses expérimentations à la radiodiffusion. »

« Que dit la convention ? »

« Entre M. Édouard Lockroy, ministre du Commerce et de l’Industrie, commissaire général de l’Exposition universelle de 1889, agissant au nom de l’État ; M. Eugène Poubelle, préfet de la Seine, agissant au nom de la Ville de Paris […], d’une part ; Et M. Eiffel, ingénieur-constructeur […], agissant en son nom personnel, d’autre part ;
Ont été faites les conventions suivantes :

ARTICLE PREMIER
M. Eiffel s’engage […] à construire […] au Champ de Mars, la Tour en fer de 300 mètres de hauteur faisant partie des constructions de l’Exposition, dont le dessin et le devis sont annexées à la présente convention. Cette Tour devra être achevée et mise en exploitation à l’ouverture de l’Exposition de 1889.

ARTICLE 2
La Tour sera édifiée dans une partie du Champ de Mars mise à cet effet à la disposition du Ministre du Commerce et de l’Industrie par la Ville de Paris […].

ARTICLE 4
L’entreprise comprendra les fondations en sous-sol, les soubassements en maçonnerie, l’ossature métallique complète, la construction et l’aménagement intérieur des salles des étages […].

ARTICLE 5
La Tour sera construite conformément aux avant-projets qui ont été soumis à la commission spéciale nommée par M. le Ministre du Commerce et de l’Industrie […]. Le projet sera d’ailleurs complété au point de vue de l’électricité atmosphérique […].

ARTICLE 6
Dans ces conditions M. Eiffel sera chargé des études définitives et de l’exécution complète de la Tour [… et] devra faire approuver tous les projets de détail et notamment ceux des ascenseurs à employer dans l’intérieur de la Tour […].

ARTICLE 7
Pour prix de ces travaux […]
il est accordé en paiement à M. Eiffel une somme de 1.500.000 francs sur les crédits alloués à l’Exposition […]. Pendant toute la durée de l’Exposition, M. Eiffel exploitera à son profit et à ses risques et périls ladite construction de la manière qu’il jugera la plus conforme à ses intérêts, tant comme ascension du public que comme installation de restaurants, cafés, etc. Il restera notamment maître de la fixation des tarifs à appliquer […].

ARTICLE 8
Dans le but de faciliter les expériences scientifiques ou militaires, M. Eiffel réservera à chaque étage une salle spéciale qui restera gratuitement à disposition des personnes désignées par le ministre commissaire général […].

ARTICLE 11
Après l’Exposition […], la Ville deviendra propriétaire de la Tour […], mais M. Eiffel, en complément du prix des travaux, en conservera la jouissance jusqu’à l’expiration des 20 années qui compteront à dater du 1er janvier 1890 […].
La remise de la Tour sera faite […] en bon état d’usage et d’entretien […].

ARTICLE 12
Pendant toute la durée de son exploitation, M. Eiffel […] aura à payer à la Ville de Paris une redevance de 100 francs par an […].

ARTICLE 13
En cas de guerre ou de déclaration d’état de siège, l’État sera de plein droit substitué, activement et passivement, à M. Eiffel dans la jouissance de la Tour. […]

ARTICLE 14
M. Eiffel aura, à tout moment, le droit de former une société, soit pour la construction, soit pour l’exploitation de la Tour […]. 
Les présentes conventions faites en triples originaux à Paris, le 8 janvier 1887. »

26 janvier 1887 Démarrage du chantier et des fondations
1er juillet 1887 Début du montage des piles
1er avril 1888   Achèvement du premier étage
14 août 1888    Achèvement du deuxième étage
31 mars 1889  Achèvement du sommet et de la construction

LES CHIFFRES CLÉS

« • 2 ans, 2 mois et 5 jours (durée du chantier)
• 312 mètres de haut
• Plus de 18 000 pièces en fer
• 2 millions et demi de rivets utilisés
• 250 employés permanents et journaliers »


« Au cours du XIXe siècle, la barre des 300 mètres de haut devient l’objet d’une compétition entre grandes puissances, remportée par la France de Gustave Eiffel. Zoom sur cinq projets de tours avortés. Par Manon Dampierre. » 

Reform Tower
« En 1832, à Londres, Richard Trevithick, inventeur de la locomotive à vapeur, imagine une tour de 1 000 pieds composée de modules de fonte ajourés et assemblés par des boulons. La structure abrite en son centre ce qu’on appellera bientôt un ascenseur, propulsé à l’aide de vapeur sous pression. Mais ses plans à peine achevés, l’ingénieur succombe à une pneumonie… »
 
« Glass Tower
Fin 1851, le Crystal Palace, éblouissant édifice de verre et de métal bâti à Londres pour la première Exposition universelle, doit être démonté. L’architecte Charles Burton propose de réutiliser les matériaux pour ériger une gigantesque tour, qui s’affine en s’élevant. Le projet, précurseur des gratte-ciel de verre, ne convainc pas les promoteurs. Le Crystal Palace est transféré et agrandi ailleurs. »

Centennial Tower
« À l’occasion de l’Exposition universelle de Philadelphie en 1876, qui marque le centenaire de l’indépendance des États-Unis, les ingénieurs américains Clarke et Reeves, producteurs de fer et constructeurs de ponts métalliques, dévoilent un projet valorisant leur savoir-faire : un pylône cylindrique constitué de tubes de métal, renfermant une colonne centrale équipée d’ascenseurs. La tour ne verra jamais le jour, l’entreprise échouant à réunir le million de dollars nécessaire à sa construction. »
 
« Colonne-Soleil
Architecte renommé, Jules Bourdais concourt pour l’Exposition universelle de 1889 avec un phare en maçonnerie de 370 mètres de haut : sur un soubassement se dresse une tour ornée de colonnades, surmontée d’une plate-forme pouvant accueillir mille personnes et d’un système d’éclairage. Avec ce colosse de pierre, le rival d’Eiffel promet d’apporter la lumière dans les rues de Paris et même dans les appartements, grâce à des réflecteurs. Malgré ses relations, Bourdais perd son combat face au génie du fer. »
  
« Tour de Watkin
Piqués au vif par le succès de la France, Américains et Britanniques entendent la surpasser. L’homme d’affaires anglais Edward Watkin, qui a fait fortune dans les chemins de fer, décide d’installer une tour dans le nord de Londres. Après avoir sollicité en vain… Gustave Eiffel, il lance un concours dont le vainqueur propose une copie quasi conforme de la dame de fer parisienne. Alors que les travaux s’enlisent, Watkin ouvre le premier étage au public en 1894 afin de renflouer ses caisses. Mais l’édifice d’à peine 50 mètres se met à pencher, au point d’être abandonné… Il faudra attendre 1930 et le Chrysler Building pour que la tour Eiffel soit détrônée. »

ADDENDUM

Arte diffusa le 15 décembre 2015 La statue de la Liberté. Naissance d'un symbole, documentaire de Mark Daniels.


Le 5 mai 2017, deux jours avant le second tour de l'élection présidentielle, Greenpeace a déployé la banderole "Liberté Egalité Fraternité #Resist" au niveau du 1er étage de la Tour Eiffel. Et ce, afin de "rappeler leurs valeurs" et lutter contre le Front national.

Le 4 août 2017, C8 diffusa  "Tour Eiffel : l'histoire d'un pari impossible". "Plus qu’un monument, elle est le symbole de notre pays ! Impossible d’imaginer qu’elle ne fasse pas partie de notre décor. Derrière ce qui nous apparait aujourd’hui comme une évidence, il y a l’histoire d’un combat. Celui de Gustave Eiffel. Un homme bien décidé envers et contre tout à construire la tour la plus haute de la planète en plein Paris ! Vous allez comprendre jusqu’où il a dû aller, jusqu’où il a dû se battre pour l’imposer alors que personne n’en voulait. Vous allez voir pourquoi il a frôlé la banqueroute, subit le déshonneur et même risqué la prison pour faire de la cette tour une réalité. C’est une épopée méconnue que nous allons vous raconter, l’incroyable histoire de la Tour Eiffel".

Adopté par le Conseil de Paris en 2017, un "mur de verre" pare-balles, protégeant sur deux côtés la Tour Eiffel d'attentats terroristes - une grille métallique protégera les deux autres côtés -, et d'un coût de 35 millions d'euros financé par la Société d'exploitation de la tour Eiffel (Sete), a été inauguré en 2018. Un dispositif de protection contre les véhicules-béliers et une vidéo-surveillance compléteront le système de protection.

Le 15 décembre 2019, RMC Découverte diffusa à 20 h 55 "Gustave Eiffel, la technologie derrière le génie" - "Avec 7 millions de visiteurs par an, la Tour Eiffel est devenue le chef d´oeuvre de Gustave Eiffel. Pourtant cet ingénieur de génie a imaginé, conçu et supervisé pas moins de 350 ouvrages à travers le monde : des ponts, des viaducs, des chemins de fer, des usines et même des églises, des gares ou encore des observatoires. Avec l`avènement de la métallurgie, Gustave Eiffel, visionnaire et inventeur de génie, a métamorphosé l´industrie par ses techniques révolutionnaires. Il défiait les lois de la gravité en bâtissant toujours plus haut et plus léger. Enfant de la révolution industrielle, magicien du métal, Gustave Eiffel fait partie des esprits les plus brillants du XIXème siècle, et de ceux qui ont fait entrer la France dans l´Ère moderne" - et à 22 h 10 "Tour Eiffel : la grande épopée" (86 minutes) : "Depuis 125 ans, la Tour Eiffel veille sur la capitale et rayonne à travers le monde. A l'origine éphémère, ce projet pharaonique continue de traverser le temps avec une modernité inégalée. A l'aide de modélisations 3D spectaculaires et de séquences exclusives tournées au coeur de l'édifice, découvrez un visage inédit de la Tour Eiffel. " Tour Eiffel : la grande épopée " retrace 125 années d'invention, de construction et d'évolution permanentes. et raconte ainsi l'aventure historique et technologique d'une structure hors norme".


Sous la direction de Caroline Mathieu, avec la collaboration notamment d’Amélie Granet-Garoscio et Bertrand Lemoine, Gustave Eiffel, le magicien du fer. Skira Flammarion, 2009. 256 pages. ISBN : 978-2-0812-2502-2. 35 € (broché).

Du 18 septembre 2024-6 janvier 2025
Hôtel de Soubise
60, rue des Francs-Bourgeois. 75003 Paris
Du lundi au vendredi : 10 h - 17 h 30
Samedi et dimanche : 14 h - 19 h
Visuels :
Affiche de la tour Eiffel (1889), F/12/3896
© Archives nationales de France

Convention relative à la tour Eiffel, 8 janvier 1887, F/12/3770
Archives nationales/Christelle Bordesoules

Rapport de l’inspecteur au contrôle des constructions métalliques sur la vérification de la verticalité de la tour, 4 janv. 1889, F/12/3896
Archives nationales/Rémi Champseit

Commissariat général de l’Exposition universelle de 1889. Décret du 8 novembre 1884 relatif à l’ouverture de l’Exposition universelle de 1889, F/12/3790/B
Archives nationales/Rémi Champseit

Le Figaro, édition spéciale imprimée à la tour Eiffel, 9 septembre 1889, F/12/3932/A
Archives nationales/Rémi Champseit

Élévation du viaduc de Garabit, dressée par M. Boyer, de concert avec G. Eiffel, 3 février 1880, F/12/3908
Archives nationales/Christelle Bordesoules

Mémoire de présentation du projet de tour de 300 mètres lu par Gustave Eiffel à la Société des ingénieurs civils le 20 mars 1885, F/12/3970
Archives nationales/Rémi Champseit

Mémoire de présentation du projet de tour de 300 mètres lu par Gustave Eiffel à la Société des ingénieurs civils le 20 mars 1885, F/12/3970
Archives nationales/Rémi Champseit

Commissariat général de l’Exposition universelle de 1889. Vue perspective du Champ de Mars, CP/F/12/4055/B/1P1
Archives nationales/Rémi Champseit

Pétition adressée au préfet de Police en novembre 1888 au sujet des accidents qui se produiraient sur le chantier de construction de la tour Eiffel et des mesures qu’il y aurait lieu de prendre pour éviter ces accidents, F/12/3896
Archives nationales/Rémi Champseit

Rapport de l’inspecteur au contrôle des constructions métalliques sur la vérification de la verticalité de la tour, 4 janv. 1889, F/12/3896
Archives nationales/Rémi Champseit

Tour Eiffel, diagramme de montage des ascenseurs, état d’avancement des travaux au 8 janvier 1888, F/12/3871
Archives nationales/Rémi Champseit

Commissariat général de l’Exposition universelle de 1889. Affiche de la tour Eiffel, F/12/3896
Archives nationales/Rémi Champseit

Convention relative à la tour Eiffel, 8 janvier 1887, F/12/3770
Archives nationales/Christelle Bordesoules


« Eiffel, la guerre des tours » de Mathieu Schwartz et Savin Yeatman-Eiffel
France, 2023, 93 min
Coproduction : ARTE France, Zed, en partenariat avec le musée d'Orsay
Sur Arte les 18 novembre 2023 à 20 h 50, 23 novembre 2023 à 9 h 25, 03 décembre 2023 à 15 h 40
Disponible du 11/11/2023 au 16/01/2024
Visuels :
Dessins de la Tour Eiffel
Détail de la Tour Eiffel
Illustration Usine
© ZED

« Gustave Eiffel. Le magicien du fer »
Visuels, de haut en bas :
Charles Chambon - Pont de Bordeaux, vue perspective
© RMN (Musée d’Orsay) / Jean Schormans

Le pont Maria-Pia sur le Douro à Porto (Portugal), montage de l’arc
© RMN (Musée d’Orsay) / © Hervé Lewandowski

Le montage de la statue de la Liberté aux trois quarts du corps, dans les ateliers Gaget, Gauthier et Cie, à Paris, 1883
© Musée Bartholdi - Colmar. Reproduction Christian Kempf

Robert Delaunay - La tour Eiffel, 1926
© L & M services B.V. The Hague 20090103 / © Photo CNAC/MNAM, Dist. RMN. / © Droits réservés

V. Langonnet - Coupe de la soufflerie du laboratoire aérodynamique Eiffel rue Boileau
© Laboratoire aérodynamique Eiffel / CSTB /© Jean-Michel Seguin

A lire sur ce blog :

Cet article a été publié en une version plus concise dans le n° 612 (mai 2009) de L’Arche et le 22 octobre 2009 sur ce blog. Il a été republié les 2 octobre 2013, et
- 23 décembre 2013, à l'approche de la diffusion de La vraie raison de la Tour Eiffel, dans le cadre de Brèves d'histoire, sur la chaîne Histoire, les 25 décembre 2013 et 13 janvier 2014, 13 décembre 2015 ;
- 10 mai et 5 août 2017, 16 décembre 2019, 15 novembre 2023.
Les citations proviennent d'Arte et des dossiers de presse des expositions.