Citations

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« La lucidité est la blessure la plus rapprochée du Soleil. » (René Char).
« Il faut commencer par le commencement, et le commencement de tout est le courage. » (Vladimir Jankélévitch)
« Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort. Il est de porter la plume dans la plaie. » (Albert Londres)
« Le plus difficile n'est pas de dire ce que l'on voit, mais d'accepter de voir ce que l'on voit. » (Charles Péguy)

jeudi 6 mars 2025

Une tragi-comédie communautaire française

Depuis le déclenchement de l’Intifada II par Yasser Arafat en 2000, sont apparus des associations ou Collectifs dont certains ont contesté la doxa « politiquement correcte », en matière de lutte contre l’antisémitisme, des Consistoires, du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) et du Fonds Social Juif Unifié (FSJU) aux dirigeants semblant déconnectés de la réalité et figés dans des « postures morales » anti-« extrêême-droââte ». Un conflit non larvé oppose aussi ces deux « camps » sur la représentativité des Français juifs ainsi que sur les modalités de la démocratie au sein de ces fédérations. Et ce, sur fond d’aliyah et de bouleversements géopolitiques.

Le MRAP débouté de sa plainte contre Laurent Dominati
Un sondage français biaisé sur l’évolution de la relation à l’autre 
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Qui représente les Français juifs, principalement face aux pouvoirs publics ? En d’autres termes, le CRIF ou des Consistoires, de France ou de Paris Ile-de-France, acceptent-ils que des associations communautaires dialoguent avec les pouvoirs publics sur des thèmes, identiques ou similaires aux leurs, voire interviennent sur la scène politique ou médiatique hors de leur doxa, et soient susceptibles de percevoir des subventions publiques ?

Des faits récents et passés inaperçus révèlent des mutations profondes qui se sont ancrées, en près d’un quart de siècle, dans communauté juive française. Et le leadership communautaire ne semble pas en avoir tiré toutes les conséquences.

Dialogue avec le RN
Le 18 décembre 2024, le CRIF a reposté sur X, ex-Twitter, le post du FSJU (Fonds social juif unifié) félicitant le « Dr Marc Djebali membre élu de notre Comité Directeur et Président du réseau Ezra qui vient d’être élu président des CCJ 95. Nous lui souhaitons tous les succès dans son departement du Val d’Oise  ».

Quésaco « les CCJ 95 » ? Pourquoi avoir quasi-claironné cette annonce et (re)posté ce message ?

Flash-back. En 2003, Albert Myara et ses amis ont fondé l’Union des CCJ d'Ile-de-France (UCCJIF) qui regroupe les Conseils de Communautés Juives (CCJ) d’Ile-de-France créés dans chaque département d’Ile-de-Francd, et indépendants d’institutions juives françaises, tels les Consistoires, le CRIF, et le FSJU.

Elu en 2010, René Taieb est le dernier président élu du CCJ 95 (Val d’Oise, département de la banlieue au nord de Paris) ; son mandat était d’une durée de cinq ans. N’ayant pas pu obtenir la communication de documents réglementaires du CCJ 95, René Taieb a créé une nouvelle association, l’UCJ 95 (Union des Collectivités du Val-d'Oise), aux missions identiques à celles du CCJ 95, notamment en matière de lutte contre l’antisémitisme et de soutien à l’Etat d’Israël.

En 2019, deux dirigeants communautaires du Val-d’Oise ont décidé de réactiver le CCJ 95, jusque-là mis en sommeil. En avril 2024, une déclaration modificative de l'association CCJ 95 est déposée en préfecture.

Huit mois plus tard, ce 18 décembre 2024, le FSJU nous apprend donc que Marc Djebali a été élu président de ce CCJ 95… inactif depuis 14 ans.

Pourquoi cette réactivation ? Pourquoi cette zizanie entre dirigeants communautaires ? Animosités personnelles ? Volonté de détenir le leadership communautaire local ? Opposition sur la stratégie d’actions ? Ou tout cela à la fois ?

A l’origine, il y a un bouleversement de la vie politique française qui ne peut laisser indifférents les dirigeants communautaires : au fil des élections, locales, nationales ou européennes, le Rassemblement national (RN) a engrangé un nombre croissant de voix, notamment parmi des électeurs français juifs, et d’élus.

Pour le CRIF, les Consistoires et le FSJU, le RN et sa précédente dénomination jusqu’en 2018, Front national (FN), c’est « l’extrêême-droââte » fantasmée, jamais définie, et Marine Le Pen, ancienne Présidente du RN (2011-2021), ainsi que feu son père Jean-Marie Le Pen, co-fondateur avec d’anciens Waffen-SS du FN, c’est du pareil au même : le « Mal absolu ». Est-ce vrai ? Le RN affiche son soutien à l’Etat d’Israël et n’a pas émis de déclaration antisémite. Et il est loué par Serge Klarsfeld, Président des Filles et Fils des déportés juifs de France (FFDJF), et par son fils Me Arno Klarsfeld que l’on ne peut pas soupçonner de la moindre indulgence envers les antisémites, notamment les négationnistes.

Alors que s’effondre la condition juive française et que perdure à un haut niveau le nombre d’agressions antisémites, alors que des résultats électoraux montrent une droitisation d’une partie importante de l’électorat notamment juif, une organisation juive française peut-elle ignorer un parti politique qui enregistre de tels résultats électoraux : 5,28 millions de voix  et 23,34% des suffrages exprimés aux élections européennes de 2019, 8,13 millions de voix  et 23,15% des suffrages exprimés au premier tour de l’élection présidentielle de 2022 – la candidate RN Marine Le Pen recueille 13,28 millions de voix et 41,45% des suffrages exprimés au second tour -, 4,24 millions de voix  et 18,68% des suffrages exprimés lors du premier tour de celles législatives de 2022 (3e position) ?

Par un courrier collectif du 12 novembre 2023, 17 présidents de communautés issus des huit départements d'Ile-de-France, dont René Taieb, Albert Myara, Philippe Besnainou et Albert Elharrar, avaient demandé au CRIF d’« ouvrir un canal de communication » avec Marine Le Pen, Présidente du groupe RN à l’Assemblée nationale, afin qu'elle indique sa position sur des sujets fondamentaux comme la che’hita (abattage rituel juif).

En effet, depuis plusieurs années, des dirigeants du RN, dont Marine Le Pen et Jordan Bardella, Président du RN depuis 2021 et eurodéputé, avaient exprimé leur opposition à l’abattage sans étourdissement préalable, ce qui signifiait l’interdiction de la che’hita – la position du culte musulman a varié sur l’étourdissement -, et leur souhait d’interdiction de l’importation de viande issue de l’abattage rituel. Ce qui inquiétait profondément des Français juifs et hypothéquait leur avenir en France en cas d’arrivée au pouvoir du RN.

A cette demande de 17 dirigeants communautaires franciliens, le CRIF a opposé un refus. Pourtant, le 24 avril 2023, le même CRIF  avait participé, avec l’Union des étudiants juifs de France (UEJF) et la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (LICRA ), à un colloque sur « L’antisémitisme, l’écologie et la gauche : un nécessaire état des lieux » organisé au Sénat par Europe Écologie Les Verts (EELV), un mouvement d’une écologie jamais dénazifiée.

« La démarche d’EELV de regarder ce qui vient de son propre camp est singulière et justifie que l’on y participe », a expliqué  Yonathan Arfi, Président du CRIF, au quotidien La Croix. Parmi les partenaires, invités et intervenants : le CRIF, l’UEJF, l’American Jewish Committee (AJC) Paris, la LICRA, et le rabbin orthodoxe moderne Emile Ackermann.

« Une initiative inédite pour entamer un dialogue franc autour de l'antisémitisme contemporain à gauche. Antisionisme, islamisme, complotisme : tous les sujets ont été abordés », a alors posté  le CRIF sur X, ex-Twitter. Non, pas tous. Le passé de l’ingénieur agronome René Dumont  (1904-2001), premier candidat écologiste à l'élection présidentielle de 1974, demeure tabou : admirateur de la politique agricole du IIIe Reich, ce « pacifiste intégral  » était « contre la guerre avec l'Allemagne nazie », a écrit des articles dans La Terre française, « hebdomadaire de l'agriculture et de l'artisanat rural » contrôlé par le gouvernement du maréchal Philippe Pétain et financé par l’Allemagne nazie… Aucun mouvement écologiste ne s’est distancé de cette figure politique.

Un colloque sur l’antisémitisme, réunissant des orateurs du CRIF et du RN, serait-il envisageable ? On peut en douter.

Elections
Surprise politique imprévisible : le 9 juin 2024, dès les résultats des élections européennes (RN en tête avec 7 ,76 millions de voix , 31,37% des suffrages exprimés) connus, le Président de la République Emmanuel Macron a dissous l’Assemblée nationale.

Deuxième surprise politique. Le 23 juin 2024 : lors de la campagne des élections législatives, Sébastien Chenu, porte-parole du RN, a annoncé  sur Radio J, radio juive de la fréquence francilienne : « On va réunir les cultes pour savoir s’ils sont prêts à faire des efforts. S’ils ne le sont pas, il y aura une exception… Chacun pourra continuer à manger cacher si c'est son souhait... [Le RN envisage] « la possibilité d'importation (de viande issue d'abattage rituel sans étourdissement) et la possibilité de continuer dans un cadre religieux cet abattage sans étourdissement ». Un double revirement majeur.

Le 30 juin 2024, au soir du premier tour des élections législatives anticipées, le RN est arrivé en tête (9,37 millions de voix , 29,26% des suffrages exprimés), et certains lui prédisaient une majorité à l’Assemblée nationale à l’issue du second tour, le 7 juillet 2024.

Le 1er juillet 2024, une délégation d’une trentaine de dirigeants communautaires de Paris et d’Ile-de-France, menée par René Taieb, a rencontré Marine Le Pen pour évoquer les thèmes intéressant les Français juifs : la cacherout, la circoncision, la lutte contre l’antisémitisme, la position envers l’Etat d’Israël, etc. Marine Le Pen leur a tenu un discours rassurant. Et crédible : au regard de la dette publique  de 3228,4 milliards d'euros (soit 112 % du PIB), d’une immigration de masse incontrôlée, ne s’intégrant généralement pas en France et surreprésentée dans les prisons, des gangs de narcobanditisme corrupteurs et minant la souveraineté de l’Etat, de la menace djihadiste et de l’insécurité générale , des services publics délabrés, des thèmes comme la che'hita ne représentaient objectivement aucune urgence.

« L'extrême droite est aux portes du pouvoir », a allégué  le 30 juin 2024 au soir le Premier ministre macronien Gabriel Attal, appelant à « empêcher le Rassemblement national d'avoir une majorité absolue » à l’Assemblée nationale, quitte à glisser un bulletin LFI dans l’enveloppe . « Face au Rassemblement national, l'heure est à un large rassemblement clairement démocrate et républicain pour le second tour », a affirmé  Emmanuel Macron dans une déclaration écrite transmise aux médias dès 20 heures. Selon BFM, le Président de la République a demandé à ses équipes d'étudier chaque circonscription pour trouver des alliances, y compris avec certains candidats insoumis - même si des ténors de son camp semblaient jusqu'ici plutôt pencher pour un "ni RN, ni La France insoumise. "Jamais le Rassemblement national", scande l'union de la gauche baptisée Nouveau Front populaire. Quelques jours avant le premier tour, la présidente des écologistes, Marine Tondelier, a écrit aux chefs de partis du camp macroniste (Horizons, Renaissance, Modem, UDI) pour les convaincre d'accepter un "désistement républicain" afin de battre le RN au second tour, en cas de triangulaires. Souvent le fait des parties politiques, mais aussi de plus en plus celui de personnes influentes issue de la société civile, la consigne de vote est lancée sur les plateaux, martelée sur les réseaux sociaux. »

A un « barrage républicain » contre le RN et LFI, – mais pas contre l’extrême–centre macronien !? - ont exhorté le CRIF, qui communiquait ses argumentaires contre ces deux partis politiques, le Consistoire de France et le FSJU, trois des principales organisations juives françaises. 

Force est de constater que ces trois organisations n’ont pas été massivement écoutées par leurs coreligionnaires. D’où un survote juif pour le RN. Des exemples ? A Sarcelles, les bureaux de votes où se déplacent les électeurs français juifs ont réalisé des scores proches de 70% pour le candidat du RN, et à Saint Brice-sous-forêt où vivent près de 1400 familles juives, le candidat du RN est arrivé en tête ! Pour n’avoir pas suivi les consignes de ces organisations, ces électeurs français juifs n’auraient pas été « fidèles aux valeurs de la République » selon les propres termes du CRI, du Consistoire de France et du FSJU ?

Même survote en faveur du candidat Eric Zemmour à l’élection présidentielle de 2022.

Noué entre les deux tours, le « barrage républicain » (alliance de facto entre l’extrême-centre macroniste, la Droite et le Nouveau Front Populaire) contre le seul RN a rogné la victoire électorale de ce Rassemblement, empêché une majorité absolue à l’Assemblée nationale, induit l’instabilité gouvernementale (deux gouvernements en six mois, trois en un an) et a interdit aux députés RN tout poste-clé dans le bureau  ainsi que dans les commissions de cette Assemblée essentielle à la démocratie. Et ce, en violation du règlement intérieur  du Palais Bourbon, et de la démocratie.

Diner-test réussi
Environ six mois après cette réunion du 1er juillet 2024, Gérard Uzan et Albert Myara, dirigeants du CCJ 94, en partenariat avec René Taieb, président de l'UCJ 95, ont coorganisé leur dîner républicain  annuel le 3 décembre 2024, au Pavillon Baltard (Nogent-sur-Marne) sous la Présidence d'honneur de Jacques J.P. Martin, maire nogentais. Un diner valant test.

Une salle pleine d’environ 650 convives dont des représentants de premier rang de préfectures, le Président du Conseil départemental du 94, des maires, des conseillers municipaux et généraux, des parlementaires, des dirigeants de communautés et d’associations, des centaines de coreligionnaires, des essayistes musulmans et politiciens algériens kabyles… C’est une victoire éclatante pour le CCJ 94 et l'UCJ 95.

Notons que tous les présidents d'institutions communautaires importantes, pourtant invités, se sont illustrés par leur absence à ce diner-républicain, et ce, alors qu'ils avaient toujours honoré de leur présence ces dîners républicains depuis la première édition en 2001.

Le CCJ 94 et l'UCJ 95 ont prouvé qu’une autre voie, une autre ligne politique est possible et viable sans être ostracisé par le pouvoir politique, national ou local, sans être boycotté par les Français juifs, ou ignoré par des personnalités politiques, des associations cultuelles, ou des médias communautaires. Ils bénéficient toujours du soutien de leurs coreligionnaires, malgré les injonctions du « camp du bien républicain » autoproclamé.

Le fait qu’une alternative soit réalisable sans perdre l’oreille des interlocuteurs publics officiels contrevient à la ligne politique d’un leadership déconnecté de la base communautaire, généralement dépourvu de tout lien direct avec ses coreligionnaires lambda, surtout trop proche du pouvoir macronien ou trop lié à une gauche (PS) ou extrême-gauche (EELV) dominée par La France Insoumise (LFI). Incapable de s’adapter à la réalité actuelle. Et surtout refusant le débat inhérent à la démocratie.

On ne peut s’émanciper de la dépendance envers le pouvoir politique que si on dispose de la base juive. C’est ce qu’a prouvé le diner républicain. Si le pouvoir politique boycottait le diner du Crif, combien ce dernier aurait-il de convives ?

Coïncidence ? Volonté de ne pas laisser les CCJ être les uniques interlocuteurs des pouvoirs publics, étatiques ou locaux, dans les départements d’Ile-de-France ? Le 12 décembre 2024, « à l’initiative du sénateur Laurent Lafon », le Président du CRIF Yonathan Arfi, accompagné de la vice-présidente Nathalie Beizermann, rencontraient  au Sénat des élus du Val-de-Marne, département au sud-est de Paris. « Ces échanges étaient l’occasion d’évoquer la résurgence d’antisémitisme qui a suivi les attaques du 7 octobre 2023, attestée par les résultats du récent sondage mené par IPSOS pour le Crif. Au cours de cette discussion ont été abordées les différentes solutions à envisager, tant au niveau national que local, pour combattre la haine des Juifs et plus largement pour défendre et préserver les principes républicains essentiels tels que la laïcité. » Quelles « solutions » ? « Envisager » seulement ? 
Cette réunion aurait-elle été le premier acte de la stratégie d’un leadership communautaire dont le deuxième acte aurait été l’élection du Dr Marc Djebali à la Présidence du CCJ 95, et le troisième acte serait peut-être l’implantation d’associations franciliennes visant à réduire l’influence d’Albert Myara et de ses amis, souvent affublés d’épithètes infamants ?

Coquilles quasi-vides, pratiques critiquables
Un quart de siècle après la recrudescence d’actes antisémites en France liée à l’Intifada II déclenchée par Yasser Arafat, quel est le bilan d’instances menant une lutte contre l’antisémitisme : le CRIF, les Consistoires, le FSJU ? Quelle est leur stratégie ? Que représentent-elles ? Quelle image donnent-elles ? 

Ont-elles su freiner l’exode des Juifs des quartiers exposés à un antisémitisme virulent ? Leur doxa est-elle en phase avec les opinions de leurs concitoyens juifs dont beaucoup ont voté, par adhésion ou par opposition à la Macronie, pour une droite souveraine, identitaire ? Le décès de Jean-Marie Le Pen le 7 janvier 2025 a-t-il modifié leur position ? Non.

Qui a décidé de la ligne politique « ni extrêême-drooââte » ni extrême gauche ? Ne serait-il pas temps de voir la réalité en face et la dire avec la même vigueur et persistance : représentant l’extrême centre macronien, le Chef de l’Etat Emmanuel Macron a exprimé un blood libel (accusation portée contre les Juifs soupçonnés de tuer des enfants non juifs pour utiliser leur sang dans la fabrication de matsot) dès le 10 novembre 2023, a rétrogradé dédaigneusement les juifs le 11 novembre 2023, a refusé de manifester contre l’antisémitisme le 12 novembre 2023, a initié le boycott d’entreprises israéliennes à des Salons internationaux de la défense (Eurosatory et Euronaval) en 2024, délégitime l’Etat Juif en disant notamment : « On ne défend pas une civilisation en semant la barbarie ». Aucun dirigeant communautaire n’a réagi à la hauteur de ces actes ni prononcé ces mots : antisémitisme d’Etat.

Etudions quelques dirigeants et instances communautaires.

Elu Grand rabbin de France (GRF) en 2014, et réélu le 6 juin 2021, Haïm Korsia a noué, selon Le Monde, une « une amicale complicité  » avec le Président de la République Emmanuel Macron. En quoi les Français juifs en bénéficient-ils ? Erreurs ou fautes partagées avec d'autres dirigeants communautaire lors de l'affaire Sarah Halimi  et la pandémie de coronavirus, silence commun avec des dirigeants communautaires durant des semaines sur l'agression et la mort de Jérémie Cohen le 16 février 2022 à quelques mois de l’élection présidentielle – « pour ne pas faire le jeu du RN » ? -, absence de réaction dans les réseaux sociaux face au meurtre de René Hadjadj le 17 mai 2022, inaction dans l’affaire du Dr Lionel Krief spolié par le « gouvernement des juges », prestation problématique de cet esprit fin le 26 août 2024 sur BFM TV concernant la guerre menée par Israël – en près d’un an, aucun dirigeant communautaire ne semble disposer d’argumentaires -… Le bilan ne semble pas très positif. 

Sur Eric Zemmour, le Grand Rabbin de France Haïm Korsia a déclaré  lors de l’émission Télématin sur France 2 le 26 octobre 2021 : « Antisémite certainement, raciste évidemment. Quand vous dites simplement qu’il y a trop de tels ou tels, moi qui porte un texte qui s’appelle la Constitution qui est fondée sur l’idée des droits de l’homme et qui porte aussi un texte qui s’appelle la Bible et qui dit ‘tu aimeras l’étranger car tu as été étranger en terre d’Egypte’, je ne peux pas être en phase avec ce discours. » Un ordre révélateur. Combien d’étrangers le Grand rabbin Haïm Korsia , si favorable à l’accueil des migrants en France dès 2015, a-t-il hébergé chez lui et à ses frais ? 

On invitera ce constitutionnaliste à relire le préambule de la Constitution de 1958  qui débute ainsi : « Le peuple français proclame solennellement son attachement aux Droits de l'homme et aux principes de la souveraineté nationale tels qu'ils ont été définis par la Déclaration de 1789 ». Oui, le « peuple français » ! « Le principe [de la République] est : gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple » (article 2). La constitution n’est pas fondée uniquement sur les droits de l’homme, mais a été conçue pour résoudre les défauts de la Constitution de 1946, notamment l’instabilité gouvernementale, pour répondre aux idées gaullistes et dans une tradition française d’un pouvoir exécutif fort. En quoi « l’idée des droits de l’homme » serait-elle inconciliable avec une politique migratoire nationale ? Au fait, que dit la Bible sur le « Lachone hara » (médisance, en hébreu) ?

Passons au CRIF qui fédère une soixantaine d’associations dont au moins un tiers est inactif et compte très très très peu de membres, souvent âgés. Malgré ses délégations régionales, le CRIF manque de base communautaire. Et deux cursus institutionnels apparaissent : d’une part, après deux mandats, le Président devient Président d’honneur ou est nommé, comme Francis Kalifat, président du conseil du Congrès juif européen (CJE), et, d’autre part, la Présidence de l’UEJF parait pour certains une étape dans une voie politique ou communautaire : ainsi, Yonathan Arfi est un ancien Président de l’UEJF qui n’a pu vaincre « l’Intifada des campus » depuis 2000. Qu’a-t-il fait quand, membre  du Conseil d’administration de l’œuvre de Secours aux enfants (OSE), celle-ci a été condamnée notamment pour licenciement abusif et poursuivie pour contrefaçon ? Inactif, comme les autres célèbres membres dudit Conseil. Et quel est son bilan provisoire comme Président du CRIF ?

Quant à Me Ariel Goldmann, Président du FSJU, il a posté  sur X le 14 décembre 2024 : « La situation à #Mayotte est dramatique et les images choquantes. Soutien à nos compatriotes mahorais frappés de plein fouet par le #Cyclone #Chido . Le @fsju  et la @FondationFJF sauront trouver les voies et moyens pour  être au rendez-vous de la solidarité ! ». Quels « voies et moyens » ? S’agirait-il de financer la construction de maisons pour « les immigrés illégaux – la moitié de la population de Mayotte est de nationalité étrangère - dont se plaignent les Mohorais », a déploré Othman Nasrou, premier secrétaire général délégué des Républicains, le 3 janvier 2025 ? Les donateurs du FSJU, qui avaient choisi de cibler leurs dons vers des projets communautaires, sont-ils d’accord ? Le FSJU va-t-il demander leur avis, voire leur accord ?

Last, not least, l’UEJF qui se targue de 15000 membres. Où sont-ils ? Combien d’étudiants assistent à ses évènements ? Un militant de l’UEJF  a simulé une agression physique douloureuse « le 6 octobre 2024 « lors une conférence organisée par le collectif "Urgence Palestine" et le média Paroles d'honneur dans un lieu solidaire à Pantin » ; AJ+ français  et Palestine On Line  ont diffusé sur les réseaux sociaux la vidéo le montrant au sol criant sans raison. Le militant a présenté ses excuses et démissionné de sa fonction de conseiller municipal d’une ville en Seine-Saint-Denis. Selon le Président de l’UEJF et ancien secrétaire national du Bureau Exécutif National (BEN) Yossef Murciano, ce militant aurait fait une « crise de panique. C'était très violent pour lui et ça l'a été sur les réseaux sociaux ». Une manière d’éviter des questions embarrassantes sur une action peut-être mal préparée.

Des candidats au poste de Président de l’UEJF ont été la cible de menaces, d’intimidations… En 2021, une pétition a exhorté à des élections démocratiques au sein de l’UEJF. Ces élections n’attirent pas l’intérêt des étudiants qui ont l’impression que le seul candidat agréé par le BEN sera élu. C’est devant des bancs inoccupés d’une salle quasi-vide, que des dirigeants de l’UEJF, dont Noémie Madar, se sont exprimés lors du 37e Congrès de l’UEJF en 2021. Samuel Lejoyeux y a été élu Président  avec 82% des voix (!) – de quoi faire pâlir d’envie bien des chefs d’Etats -. Le compte LinkedIn de ce Président médiatisé ne mentionnait pas en 2024 sa qualité d’étudiant.

En 2003, l’UEJF, SOS Racisme et Ni Putes Ni Soumises ont créé la FEDER  (Fédération des Enfants de la République) « pour défendre les droits des étudiants ». Quelle est la raison de la présence de Ni Putes Ni Soumises qui vise « à promouvoir les droits des femmes, en particulier celles vivant dans les quartiers populaires » ? « Fidèle aux valeurs de ses créateurs, la FEDER est très attachée à la promotion du vivre-ensemble et à la protection des valeurs de la République. Pour que l’Université soit un lieu qui rappelle ce qui nous lie plutôt que ce qui nous sépare, elle lutte contre toutes les inégalités et contre toutes les formes de discrimination. » L’association avec SOS Racisme apparait problématique en raison de ses positions anti-israéliennes. « A Paris 1, la FEDER représente les étudiants dans les Conseils des UFR 26 (droit) et 27 (MASS), ainsi qu’au Conseil des Etudes et de la Vie Universitaire (CEVU). Grace à vos votes, une dizaine de militants ont été élus au cours des dernières élections universitaires. » Si un étudiant vote pour l’UEJF, il apporte ses voix à des associations qui ne le concernent pas !? 

La ligne politique de l’UEJF a suscité des polémiques : rassemblement le 31 janvier 2017 près de l’ambassade américaine, à Paris, « contre le décret anti-immigration de Donald Trump » - quel rapport avec la mission de l’UEJF ? -, rencontre le 27 septembre 2010 à Paris du révisionniste Mahmoud Abbas (Abou Mazen) avec des dirigeants communautaires dont Arielle Schwab, alors présidente de l’UEJF, Eric Zemmour honni - l’UEJF a déclaré  le 20 octobre 2014 à propos de l'essai d'Eric Zemmour, Le suicide français : « L’apologie du régime de Vichy et la contestation des crimes de l’Occupation procèdent d’une confusion des valeurs permanentes » -, refus de rencontrer fin septembre 2014 Naftali Bennett, alors ministre israélien de l'Economie, de l'Industrie et de l'Emploi et chargé de la Diaspora, président du parti sioniste religieux Habayit Hayehudi (Foyer Juif) lors de sa visite à Paris, car, selon un courriel de « la présidente de l’UEJF de l’Université Descartes [expliquant] que la raison pour laquelle cette rencontre n’a pas été organisée, « c’est parce qu’il (ndlr/ Naftali Bennett) est d’extrême droite et que le message que porte son parti va à l’encontre des valeurs que porte l’UEJF »… Est-il vrai que l’UEJF a mené, sans les prévenir, au début des années 2000 des étudiants français Juifs à la Moukata, à Ramallah, pour y rencontrer le terroriste Yasser Arafat, dont le mentor si admiré était le grand mufti de Jérusalem al-Husseini, allié d'Hitler dans la Shoah ? 

Ces différents éléments ont conduit de nombreux étudiants juifs français à se détourner de l’UEJF. Ces étudiants l’ont perçue comme un mouvement trop politisé, qui serait peut-être davantage centré sur les ambitions personnelles de ses dirigeants que sur les besoins réels des étudiants. Ils critiquaient aussi le fonctionnement de l’UEJF jugé éloigné de principes démocratiques et son manque d’accueil envers les étudiants pratiquants.

Ces critiques ont nourri un désintérêt croissant pour l’UEJF. 

Des alternatives sont apparues et connaissent un succès notable. Ainsi, s’est développé le mouvement ‘Habad dans le monde étudiant, ont émergé de nouvelles associations étudiantes comme Relev et Alliance qui ont su occuper un terrain laissé vacant. Leur croissance rapide révèle que ces associations ont répondu aux besoins concrets d’une nouvelle génération d’étudiants.

À titre d’exemple, la Fédération Alliance regroupe huit associations « Alliance » d’étudiants juifs français réparties sur Paris, La Défense, Reims et la Côte d’Azur, et elle projette d’en ouvrir de nouvelles prochainement. Elle s’appuie sur trois piliers fondateurs : l’indépendance idéologique et financière, un sionisme légitimiste soutenant l’État d’Israël quel que soit son gouvernement, et un positionnement apolitique. Les associations affiliées « Alliance » se concentrent sur des initiatives en lien avec Israël, la cité et le devoir de mémoire. Elles répondent aussi aux besoins spécifiques des étudiants juifs, notamment par l’organisation de chabbats et d’événements respectant les exigences de la cacherout. De plus, la Fédération Alliance développe des projets innovants, comme des programmes Alumni destinés à créer des ponts entre le milieu universitaire et le monde professionnel. Ces initiatives attirent un nombre croissant d’étudiants, notamment ceux qui recherchent des alternatives aux structures traditionnelles. « Les étudiants se tournent vers des associations capables de répondre à leurs attentes », souligne un observateur. Ne percevant aucune subvention publique, la Fédération Alliance a conclu des partenariats solides pour continuer son essor.

Un avenir à l’américaine ?
Et ce sont ces organisations juives françaises déconnectées de la réalité, sclérosées, qui sont perçues en France et à l’étranger comme « représentatives » des Français juifs !

Aux Etats-Unis, on observe le même mouvement de critiques envers les principales organisations juives - Anti-Defamation League, American Jewish Committee  (AJC), American Jewish Congress – qui ont gaspillé du temps et de l’argent à combattre pour des causes – LGBTQ+ - exclues de leur missions : les juifs, le judaïsme, l’antisémitisme, la mémoire de la Shoah. Le Jewish Leadership Project  les a exhortées à se recentrer sur le sort des Juifs. Et des familles juives américaines ne confient plus pour des camps estivaux leurs enfants à des organisations juives partisanes par exemple du wokisme, de la théorie du genre ou des droits des trans. Elles préfèrent les envoyer à des activités similaires organisées par des organisations proches du mouvement chabad.

Le « leadership » communautaire français « politiquement correct » croit-il que le pouvoir politique ignore sa faiblesse et sa très très très faible représentativité ? Ce pouvoir en a une parfaite connaissance, et s’en satisfait car cela sert ses intérêts à court terme. Il se réjouit aussi des propos acerbes visant de nouveaux acteurs communautaires, et de la zizanie qui perdure.

« L'antisémitisme qui pourrit notre pays devient en ce 15.10.2024 un antisémitisme d'Etat », a écrit  Me Muriel Ouaknine-Melki, Présidente de l’OJE (Organisation juive européenne) sur X, en visant le Président Emmanuel Macron menaçant de faire disparaître, par une décision de l’ONU, l’Etat d’Israël combattant le djihad mondial. Une analyse lucide, que nous partageons depuis des années, et passée quasi-inaperçue. Mais, Me Muriel Ouaknine-Melki ne semble pas avoir exprimé cette analyse le 13 février 2025 lors des Assises de la lutte contre l’antisémitisme. Des Assises auxquelles n’avaient pas été conviés les CCJ ayant rencontré Marine Le Pen.

Nous assistons donc à un théâtre d’ombres, une tragi-comédie.

Si l’avenir des juifs en France n’était pas en jeu, on pourrait en rire.

Mais le leadership actuel n’a aucune stratégie d’actions, du court au long terme, et semble pratiquer l’entre-soi. Ses interventions, dont les colloques, font souvent penser à ces films subventionnés, dont les acteurs bien payés expriment la « bien-pensance », et qui s’avèrent des bides commerciaux, boudés par le grand public. Son bilan s’avère catastrophique pour les Français juifs. Jusqu’à quand ? Un exemple : le CRIF s’associe à l'Institut supérieur du travail (IST) pour organiser le colloque « Fait religieux et radicalités en entreprise » le 24 mars 2025 !?

Il devient impératif de desserrer l’étau qui jugule les Français juifs, de les sortir de l’impasse où d’un « leadership » communautaire isolé, qualifié par certains Internautes de « juif de cour », les a enfermés le Président François Mitterrand qui visait à empêcher l’union de la droite et a instrumentalisé les juifs français à des fins politiciennes.

Mais un évènement majeur est venu troubler ce jeu où les instances communautaires étaient chargées de rendre crédible la menace d’une extrême-droite, et de décourager toute rencontre entre dirigeants israéliens et du RN. 

Le 21 février 2025, le ministre israélien de la Diaspora Amichai Chikli a rencontré à Washington (Etats-Unis) le Président du RN, Jordan Bardella qui a écrit sur X que tous deux avaient eu des « discussions fructueuses » sur « les relations franco-israéliennes, la lutte internationale contre le terrorisme islamique et l’antisémitisme, et les futurs projets communs avec les Patriotes pour l’Europe » –nom du groupe de droite souverainiste créé, à l’initiative du Premier ministre hongrois Viktor Orbán, au parlement de l’Union européenne.

La réaction du leadership communautaire ? Il demeure figé dans sa « posture morale », incapable de s’adapter à une nouvelle donne.

La rencontre avec des dirigeants du RN était une étape utile. Mais d’autres actions doivent être menées : se distancier des pouvoirs publics, intégrer les juifs et le judaïsme dans le « récit national » pour réduire l’isolement des Français juifs, combattre le « gouvernement des juges », rompre le « politiquement correct », établir un réel dialogue avec des instances musulmanes sur l’islam, notamment sur les sujets qui fâchent - l’antijudaïsme et l’antisémitisme islamiques, la dhimmitude, l’exil des juifs du monde musulman - et cesser de présenter une Shoah « islamiquement correcte ».

Ce que des instances communautaires n’ont ni voulu ni pu faire depuis au moins un quart de siècle.

Alors, « ¡Afuera! », selon l'expression devenue célèbre du Président argentin Javier Milei ? 

Ou bien un paysage plus éclaté avec une multiplicité de nouveaux acteurs communautaires qui, par leurs bilans, révèlent l’affaiblissement de leurs devanciers qui deviendraient finalement quasi-inutiles pour le pouvoir politique, car aucune organisation juive ne peut vivre sans sa base, et elle serait donc vouée à la disparition.


mercredi 5 mars 2025

« Illustrer l'histoire de France. L'épopée des manuels scolaires du 18e siècle à nos jours »

Les Archives nationales présentent, en partenariat avec l'
Association des Professeurs d'Histoire et de Géographie (APHG), sur leur site de Pierrefitte-sur-Seine, l’exposition intéressante « Illustrer l'histoire de France. L'épopée des manuels scolaires du 18e siècle à nos jours ». Entrée libre. « Vercingétorix, Jeanne d'Arc, 1515… Loin du cliché d'une histoire de France éternelle campée sur ses frontières hexagonales, l'exposition s'intéresse à l'évolution de l'illustration des manuels scolaires du 18e siècle à nos jours. À travers une quarantaine de documents, elle raconte les enjeux forts de ce grand récit national depuis les origines. Sont passées en revue les diverses interprétations, les instrumentalisations au service de la morale, de la religion et de la politique ». Durant Limoud 2025, le 9 mars 2025, une conférence évoquera « le Judaïsme et les Juifs dans le récit national : marginalisés ou occultés ? »

Le MRAP débouté de sa plainte contre Laurent Dominati
Un sondage français biaisé sur l’évolution de la relation à l’autre 
La Présidence Hollande, les gouvernements Ayrault, Valls et Cazeneuve, c'était bien pour les Français Juifs ? 

« Qui n’a pas en mémoire l’image de l’un de ses anciens manuels d’histoire ? Reflets de leur temps, du développement des politiques scolaires et de l’évolution de la pédagogie sur trois siècles, ils ont contribué à façonner une culture matérielle de l’école. Appuis ou compléments du cours donné en classe, ils sont aussi des objets autonomes, des vecteurs culturels qui témoignent des différentes conceptions de l’histoire nationale et de la longue querelle entre l’Église catholique et l’État. »

« Loin du cliché d’une histoire de France éternelle campée sur ses frontières hexagonales, l’évolution de leur illustration du 18e siècle à nos jours raconte les enjeux forts de ce grand récit national depuis les origines. On passe des portraits de rois puis d’hommes illustres à des ouvrages techniquement complexes, complétés puis concurrencés par le numérique. »

« Les usages pédagogiques de ces livres témoignent de la transmission d’une certaine histoire qui s’apparente à l’album de famille de tous les Français. Un album soumis aux diverses interprétations, aux déformations qu’ont pu lui faire subir les injonctions de la morale, de la religion ou de la politique. »

« Vercingétorix, Jeanne d'Arc, 1515… Loin du cliché d'une histoire de France éternelle campée sur ses frontières hexagonales, l'exposition Illustrer l'histoire de France s'intéresse à l'évolution de l'illustration des manuels scolaires du 18e siècle à nos jours. À travers une quarantaine de documents, elle raconte les enjeux forts de ce grand récit national depuis les origines. Elle débute par des portraits de rois et d'hommes illustres et aboutit à des ouvrages plus complexes, complétés puis concurrencées par le numérique. L'objectif est de présenter au grand public la manière dont les manuels scolaires ont raconté l'histoire de France, mais aussi de décrypter les enjeux de ces représentations. » 

« Illustrer l'histoire de France incite à mesurer les effets pendant plus de trois siècles de ce panthéon scolaire sur la société contemporaine à travers les manuels que des générations d'élèves ont eus entre les mains. Les usages pédagogiques de ces livres témoignent de la transmission d'une certaine histoire qui s'apparente à « l'album de famille » de tous les Français. Sont passées en revue les diverses interprétations, les instrumentalisations au service de la morale, de la religion et de la politique. Sans omettre les déformations dont les événements historiques ont pu faire l'objet, comme saint Louis sous son chêne ou Bernard Palissy brûlant ses meubles pour faire cuire ses céramiques. »

Trois périodes, quatre regards d’historiens
Un comité scientifique coordonné par Thierry Claerr, responsable de la bibliothèque des Archives nationales, a conçu l’exposition en partenariat avec l’Association des professeurs d’histoire et de géographie (APHG).

Organisée en trois parties chronologiques, l’exposition associe des historiens de chacune des périodes : Transmettre l’histoire dans la France d’Ancien Régime et à l’époque romantique 18e siècle-1848, L’illustration du récit national de la révolution scolaire du 19e siècle à la fin de la Seconde Guerre mondiale, De nouvelles sensibilités scientifiques et pédagogiques - Une transmission plus égalitaire et européenne, voire mondiale, de l’histoire de France.

Ainsi, « Emmanuelle Chapron est intervenue sur la transmission de l’histoire dans la France d’Ancien Régime et à l’époque romantique (18e siècle-1848). De leur côté, Christian Amalvi et Jean-Charles Geslot se sont attachés à l’illustration du récit national de la révolution scolaire du 19e siècle à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Enfin, Joëlle Alazard a travaillé sur les nouvelles sensibilités scientifiques et pédagogiques, pour une transmission plus égalitaire et européenne, voire mondiale, de l’histoire de France. »

Scénographie
Recréer l’ambiance d’une salle de classe
« À l’entrée de la salle d’exposition, la mise en scène de manuels scolaires sur plus de trois siècles accueille le visiteur. Elle a été construite en résonance avec la grande frise chronologique « Archives et histoire » du parcours permanent, qui évoque les différents récits construits sur l’histoire de France. Elle met en avant des illustrations des manuels scolaires de la IIIe République, recontextualisées dans l’exposition Illustrer l’histoire de France. L’atelier du musée des Archives nationales a conçu la scénographie autour d’une idée centrale : plonger le visiteur dans une salle de classe et ses transformations depuis le 18e siècle. Ainsi, le parcours présente une classe d’école avec son tableau noir, sa bibliothèque de fond de salle, ses tables en bois… »

« Visiter l’exposition s’apparente alors à une déambulation dans une salle de classe en même temps qu’à un voyage à travers le temps. Des images provenant de la collection du Musée national de l’Éducation (Munaé) participent à cette immersion. Elles scandent l’espace en trois parties chronologiques. »

Médiation
Créer des récits avec les visiteurs
« Quelles images de l’histoire de France conservons-nous dans notre mémoire depuis l’enseignement reçu à l’école ? »
« La médiation de l’exposition propose d’interroger la manière dont l’histoire se transmet, notamment à travers l’imagerie des manuels scolaires de l’enseignement primaire. Une classe de CM2 de Saint-Denis a réécrit les cartels de quelques documents, en associant analyse historique et récit personnel, mis en voix avec l’aide de la journaliste de podcast, Iris Ouedraogo. »
« Pour les scolaires et enseignants, il est proposé une visite de l’exposition, puis un atelier de l’historien sur un thème choisi (un personnage, un événement), à partir de la manipulation de manuels anciens, afin d’aborder la manière dont on transmet l’histoire aux enfants depuis la fin du 18e siècle. » 
« Pour les familles, la visite de l’exposition est le prétexte d’un dialogue intergénérationnel pour confronter les souvenirs des grands héros et des temps forts de « leur histoire ». »
« Pour tous les visiteurs, possibilité de présenter un document exposé, sous la forme d’un cartel écrit. »

En lien avec l’exposition Illustrer l’Histoire. L’épopée des manuels scolaires, 
l'Association des Professeurs d'Histoire et de Géographie (APHG) propose, en collaboration avec les Archives nationales, le 15 mars 2025, de 8 h 45 à 16 h 30, à l'auditorium des Archives nationales, à Pierrefitte-sur-Seine,  une journée d’étude intitulée « Quels livres pour quelle histoire scolaire ? »

« Conçues comme un prolongement de l’exposition, les communications des spécialistes mettront en perspective l’histoire des manuels scolaires. Ils analyseront la manière dont ils témoignent de leur temps tout en répercutant les transformations des programmes et des méthodes pédagogiques. » 

Curieusement, aucune conférence n'évoquera la place et la présentation du Judaïsme et des Juifs dans le « récit national » des programmes et manuels scolaires. Les Juifs seront vraisemblablement évoqués dans l'Histoire de France transmise dans la France de l'Occupation et de Vichy (1940-1944).

Le n° 57 de Mémoire d'avenir, magazine des Archives nationales présente l'exposition.

Placard en bois, cartes ou affiches murales, image du tableau noir avec ses mentions écrites à la craie blanche, cahier d'élève à la belle calligraphie, photographie de classe, épreuve d'un manuel scolaire avec ses correctifs et sa gamme chromatique... Rien ne manque pour évoquer l'ambiance d'une salle de classe sous les IIIe et IVe Républiques.

On demeure admiratif envers les concepteurs de ces programmes et manuels ayant su fabriquer des patriotes, des citoyens éclairés, une nation cimentée dans la fierté de l'Histoire de France et d'appartenir à la civilisation française, ainsi que d'avoir su élever le niveau scolaires de générations d'enfants et d'adolescents, français ou étrangers.

Curieusement, nul panneau n'indique le passage en 1932 du ministère de l'Instruction publique au ministère de l'Education nationale. Des dénominations signifiantes, et non neutres. L'Education relève de la famille. L'Instruction transmet les savoirs fondamentaux : lire, écrire, compter, littérature, histoire, géographie, sciences naturelles...

L'exposition est très précautionneuse quand elle survole les décennies récentes, sans analyse critique, notamment sur le manuel d'histoire franco-allemand, ou de précisions sur « l'histoire européenne et mondiale de la France » ou « l'hétérogénéité croissante des publics scolaires ». 

Quid des pédagogistes gauchistes qui ont, après mai 1958, pratiqué l'entrisme pour occuper des postes décisionnels ? Ils avaient supprimé la chronologie dans les années 1980, puis accordé une place excessive aux histoires de peuples lointains ? Quid des effets de la pratique de l'ordinateur et des réseaux sociaux ? Comment enseigner l'Histoire de France à des élèves ne maîtrisant pas la langue française, au vocabulaire réduit et à l'attention difficile à maintenir ?

En raison d'une immigration incontrôlée, souvent originaire d'Afrique du nord ou subsaharienne, et de la fin de l'assimilation exigée des étrangers, par peur des réactions d'élèves, des pans entiers de l'Histoire de France ne sont pas ou plus enseignés, ainsi que l'avait révélé le rapport Obin en 2004. 

Reste un prêchi prêcha moralisateur, culpabilisant, ternissant une France esclavagiste et coloniale, omettant volontiers le djihad contre la France au Moyen-âge ou durant la guerre d'Algérie, etc. 

Voici quelques années, la professeure d'histoire Barbara Lefebvre avait expliqué que le programme d'histoire avait réintégré la Préhistoire pour montrer l'ancienneté des migrations, mais au détriment du roi Louis XIV réduit à quinze minutes d'enseignements. 

De même, l'étude du "phénomène migratoire" tend à imposer l'idée historiquement fausse que la France aurait toujours été une "terre d'immigration".

Enfin, le prestige du professeur a souvent disparu avec sa paupérisation dans une société privilégiant au savoir la consommation et l'apparence.

Force est de constater qu'un pays incapable de dire, d'enseigner son Histoire, et qui a intégré la théorie du genre et le wokisme dans son enseignement, est déjà en profonds déclins, et vaincu par le djihad mondial. Et la France rejoint dans les tréfonds des classements, notamment celui du Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA) de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), les pays les moins développés.

Durant ma visite, l'outil multimédia ne fonctionnait pas.

Le site Internet Manuelsanciens proposent librement de lire d'anciens manuels scolaires, notamment d'histoire.



Transmettre l’histoire
Dans la France d’Ancien Régime et à l’époque romantique 18e siècle - 1848
« Notre patriotisme gagnerait beaucoup en pureté et en fermeté si la connaissance de l’histoire, et surtout de l’histoire de France, se répandait plus généralement chez nous, et devenait en quelque sorte populaire. »
Augustin Thierry, Lettres sur l’histoire de France, 1827

« Au 18e siècle, l'histoire s'apprend surtout en dehors de l'école. Les livres que l'on propose aux enfants prennent la forme de chronologies, de portraits d’hommes illustres ou de généalogies des rois de France ornées de leurs médaillons, faisant la part belle au mythe des origines troyennes de la France. »

« Attesté dans une minorité de collèges, destiné aux garçons seulement, l’enseignement de l’histoire de France passe plus par le dialogue individuel avec les précepteurs, les lectures d'histoires romanesques et la compilation personnalisée que par l’usage d’abrégés. »

« La première partie du 19e siècle est marquée par l’essor du roman historique (Walter Scott, Victor Hugo…) et par l’affirmation d’une nouvelle écriture romantique de l’histoire. La diffusion du récit national apparaît de plus en plus comme un impératif. Tandis que les techniques d’illustration améliorent la qualité des livres d’histoire avec l’apparition de la lithographie, Jules Michelet développe une conception incarnée de la Nation et du peuple français. »

Mise en scène scolaire de la Révolution française dans les manuels d'histoire du 19e siècle
« Après la période des guerres de religion, la Révolution constitue l'époque qui suscite le plus de controverses politiques au 19e siècle, comme l’illustre la Collection de portraits des personnages les plus célèbres de l’histoire moderne exposée ici. »

« Faisant partie des ouvrages d’inspiration catholique et royaliste, elle représente la Révolution comme un bloc de malheur et privilégie de manière manichéenne deux catégories de figures de personnages : les bourreaux, criminels couverts de sang et leurs malheureuses victimes. »

« Parmi les monstres, elle dénonce Marat, Danton et Robespierre. Elle leur oppose les « martyrs rayonnants » de lumière, notamment les membres de la famille royale enfermés au Temple et les héros de la Vendée soulevée pour la défense de la religion catholique et de la monarchie, Henri de La Rochejaquelein entre autres. »

« En revanche, la date de 1789 représente, dans les manuels laïques, inspirés par l’oeuvre de Michelet, un moment fondateur dans l'histoire de la France contemporaine, celui de la conquête de la liberté pour tous. »

L’illustration du récit national de la révolution scolaire du 19e siècle à la fin de la Seconde Guerre mondiale
«
Tout livre d’histoire devrait être un livre d’images et l’enseignement historique deviendra vraiment intelligible quand il commencera par montrer, expliquer et commenter des objets, des figures et des scènes
. »
Ernest Lavisse, préface de l’Album historique, 1909
Ernest Lavisse (1842-1922), historien français, académicien, a fondé l'histoire positiviste, et est l'auteur de manuels scolaires dénommés  les « manuels Lavisse ».
Dans son manuel scolaire d'histoire figure :cette phrase : « Tu dois aimer la France, parce que la Nature l'a faite belle, et parce que l'Histoire l'a faite grande. »

« La révolution scolaire du 19e siècle accélère considérablement l’alphabétisation du pays. Portées par les historiens François Guizot (1833) et Victor Duruy (1867), puis par Jules Ferry en 1881-1882, les lois scolaires permettent le développement de l’enseignement primaire et la scolarisation des citadins comme des ruraux. »

« Le terme de « manuel » s’impose à la fin du 19e siècle, alors que les livres scolaires de l’école laïque, nouvellement instituée, deviennent des outils de la construction et de la diffusion d’un récit national républicain – de Vercingétorix à Gambetta – récusant l’histoire enseignée par les catholiques. »

« Le manuel d’histoire est de plus en plus attrayant pour les jeunes générations : le récit, l’anecdote, la biographie deviennent des éléments centraux de la pédagogie, sous la plume d’auteurs emblématiques comme Ernest Lavisse ou Léon Brossolette. Il fait également la part belle à l’illustration et participe ainsi à une éducation visuelle à l’histoire, à côté d’autres outils pédagogiques comme les affiches murales. »

La Guerre des manuels en France de 1880 à 1914
« Le 12 septembre 1908, une lettre signée de l'ensemble de l'épiscopat français, diffusée par la presse catholique nationale et régionale, reproche leur partialité à certains manuels d'histoire, notamment ceux de Léon Brossolette, inspecteur de l'enseignement primaire de la Seine, de Gauthier-Deschamps (pseudonyme de Madame Miallier-Souvigny), de Madame Guiot et François Mane, entre autres. »

« Jusqu’en 1914, ces critiques contre des manuels d’histoire laïques jugés sectaires et intolérants dans l’évocation du passé catholique et monarchique de la France sont largement relayées par des pères de famille catholiques. Plusieurs raisons expliquent cette offensive concertée, sans doute encouragée par le Vatican. »

« La principale est la loi de séparation des Églises et de l'État, votée le 9 décembre 1905 contre la volonté des catholiques. »

« Parmi les six séquences historiques qui provoquent la colère de l’épiscopat et des pères de famille catholiques, la plus connue est celle qui porte sur la mission de Jeanne d'Arc. Les catholiques sont indignés de voir que Léon Brossolette écrit que Jeanne « crut » entendre des voix. »

« La guerre de 1914 met un terme à ces escarmouches, mais, entre 1940 et 1944, le régime de Vichy descend dans l'arène pour régler ses comptes en reprenant les accusations des années 1908-1909 contre les manuels laïques et se faire ainsi l'auxiliaire zélé de leurs détracteurs. »

Les manuels d’histoire asservis sous l’Occupation  (1940-1944)
« Peu après le vote des pleins pouvoirs à Pétain, le 10 juillet 1940, le gouvernement de Vichy réclame la révision des manuels scolaires en usage : ceux-ci, comme les programmes, doivent rompre avec l’idéologie républicaine accusée d’avoir entraîné la défaite. Dès le 21 août, un décret met fin au système libéral alors en vigueur et une liste de manuels proscrits est diffusée en février 1941. »

« Deux objectifs sont visés :
 éliminer les manuels dont le contenu est jugé offensant envers l’Allemagne : ceux qui emploient les termes « boche » ou « barbare », ceux qui font référence à la guerre de 1870, à l’Alsace-Lorraine et à la notion de crime de guerre ; ceux aussi écrits par des Juifs (par exemple Jules Isaac) ou par des écrivains jugés « hostiles » ou « immoraux » (francs maçons, communistes…).

 répandre des manuels promouvant l’esprit de la Révolution nationale et les valeurs portées par la nouvelle devise « travail, famille, patrie ».

« Annulée dès août 1944 par une ordonnance du Gouvernement provisoire, la réglementation de Vichy n’aura finalement eu que peu d’effets sur les contenus éducatifs. »

De nouvelles sensibilités scientifiques et pédagogiques
Une transmission plus égalitaire et européenne, voire mondiale, de l’histoire de France
« Ce livre veut avant tout vous faire rêver sur les hommes et les femmes qui ont construit la France. Il est composé d’histoires qui, ajoutées les unes aux autres, font L’Histoire. »
Alain Decaux, introduction à Alain Decaux raconte l’Histoire de France à vos enfants, 1987

« L’après Seconde Guerre mondiale se caractérise par une révolution de la pédagogie (omniprésence des images et incitation à l’autonomie des élèves) et par le perfectionnement technique des manuels avec des collections à succès largement illustrées. Dans un contexte d’hétérogénéité croissante des publics scolaires, le renouvellement des approches n’est pas exempt de controverses médiatiques, à l’image de la polémique nationale sur l’enseignement de l’histoire portée en 1979-1980 par Alain Decaux. »

« Connectés à la recherche scientifique, les manuels actuels participent à la transmission d’une histoire émancipatrice. S’ils continuent à enseigner l’histoire nationale, ils le font dans un cadre toujours plus européen – à l’exemple du manuel franco-allemand – et mondialisé. Loin de se limiter à une galerie des grands hommes, ils initient les élèves, selon les programmes, à l’histoire culturelle, économique et sociale. »

Les grandes dates de l’enseignement de l’histoire depuis le 18e siècle

« 1802
Création des lycées : enseignement de l'histoire obligatoire

1818
 Un enseignant d’histoire par établissement d’enseignement secondaire

1831
Création de l’agrégation d’histoire

1833
Loi Guizot : enseignement facultatif de l’histoire dans les écoles primaires
 Début de la publication de L'Histoire de France de Jules Michelet

1848
 Introduction de la période 1789-1815 dans les programmes
 Publication du manuel d’histoire de France de Victor Duruy

1850
15 mars,
Loi Falloux
(article 5 par lequel le ministère se réserve le droit d’interdire tout manuel qui sera « contraire à la constitution, à la morale et aux lois »)

1863
Introduction de la période contemporaine (après 1815) dans les programmes

1867
Loi Duruy : Enseignement obligatoire de l’histoire de France dans les écoles primaires

1876
Publication des Leçons préparatoires d’Histoire de France d’Ernest Lavisse

1881-1882
Lois Ferry : La loi du 16 juin 1881 instaure la gratuité des écoles primaires publiques.
En 1882 l’instruction primaire devient obligatoire.

1902
 Antiquité étudiée seulement en 6e
 Refonte des programmes scolaires, ce qui entraîne la publication de nombreux manuels d’histoire

1906
Stage obligatoire pour les agrégés

1907
Création de la licence d’histoire

1921
Disparition de l’histoire en cours préparatoire

1940-1944
Interdiction de certains manuels d’histoire sous l’Occupation

1943-1945
Diminution du temps d’enseignement consacré à l’histoire

1952
Création du CAPES d’histoire-géographie

1957
Nouveau programme sur les civilisations en terminale

1965
Femmes majoritaires dans le corps enseignant d’histoire géographie

1968-1969
L'histoire est intégrée aux disciplines (ou activités) d'éveil

1977-1978
Programmes Haby mêlant histoire, géographie, économie et éducation civique

1979-1980
Polémique nationale sur l’enseignement de l’histoire 

1984-1985
Programmes Savary-Chevènement supprimant les activités d'éveil et renforçant la dimension chronologique et nationale »

EVOLUTION DES PROGRAMMES D’HISTOIRE DE L’ENSEIGNEMENT SECONDAIRE PUBLIC

« 1814
1ère Les Temps modernes et l’histoire de France
2de Le Moyen-âge
3e D’Auguste à Charlemagne
4e Rome
5e L’Egypte La Grève
6e Histoire sainte

1838
1ère La France (1406-1798)
2de Les Temps modernes
3e Le Moyen-âge
4e Rome
5e La Grèce
6e Histoire sainte – L’Antiquité

1852
1ère Les Temps modernes
2de Le Moyen-âge
3e L’Antiquité
4e Histoire de France (>1815)
5e Histoire de France
6e Histoire de France

1865
Terminale > Histoire du 19e siècle
1ère Approfondissement de la période 1661-1815
2de Les Temps modernes
3e Le Moyen-âge
4e Rome
5e La Grèce
6e L’Orient

1880
Terminale Histoire universelle de 1789 à 1815
1ère Histoire universelle de 1610 à 1789
2de Histoire universelle de 1270 à 1610
3e Histoire universelle de 395 à 1270
4e Rome
5e La Grèce
6e L’Orient

1902
Terminale 1815 – fin 19e siècle
1ère 1715 - 1815
2de 10e siècle - 1715
3e Contemporaine fin 19e siècle
4e Moderne
5e Moyen Age
6e Histoire ancienne

1925
Terminale 1848- 1920
1ère 1789 - 1848
2de 17e et 18e siècles
3e 1328 – fin 16e siècle
4e Moyen Age > 1328
5e Rome
6e Orient ancien et Grèce

1938
Terminale 1848- 1920
1ère 1789 - 1848
2de 17e et 18e siècles
3e Contemporaine
4e Moderne
5e Moyen Age
6e Antiquité

1941
Terminale 1815- 1939
1ère 1715 - 1815
2de Civilisations > 17e siècle
3e 1515 – 1715
4e 800 - 1515
5e Rome Moyen Age > 800
6e Orient ancien et Grèce

1943
Terminale Le monde qui se fait
1ère 1815 - 1918
2de 1715 - 1815
3e 1492 – 1715
4e 751 - 1492
5e Rome Moyen Age > 751
6e Orient ancien et Grèce

1945
Terminale 1848 – 1939
1ère 1789 - 1848
2de 1610 - 1789
3e 18e et 19e siècles
4e 1270 - 1715
5e Moyen Age > 1270
6e Histoire ancienne

1969
Terminale 1914 – 1945 et Civilisation
1ère 1848 - 1914
2de 1789 - 1848
3e De 1789 à nos jours
4e Renaissance et Moderne
5e Moyen Age 
6e Histoire ancienne

1981
Terminale De 1939 à nos jours
1ère 20e siècle > 1939
2de Civilisation occidentale Age industriel
3e 20e siècle
4e 16e – 19e siècle et thèmes
5e 16e siècle et thèmes 
6e Milieu local Histoire ancienne

1985
Terminale Construction du monde contemporain
1ère 1880 - 1945
2de Ancienne France – 19e siècle
3e  20e siècle
4e 17e – 19e siècles
5e Moyen Age – Naissance du monde moderne 
6e Ancienne, Inde et Chine

1995
Terminale De 1939 à nos jours
1ère De 1850 à 1945
2de Fondement du monde contemporain
3e  De 1914 à nos jours
4e  Du 17e siècle à 1914
5e Moyen Age – Naissance du monde moderne 
6e Ancienne »

« TECHNIQUES D’ILLUSTRATION DES MANUELS SCOLAIRES 
du 18e siècle à nos jours »

« La gravure sur bois ou xylographie
Gravure en relief sur une planche de bois d’un motif préalablement dessiné.
La gravure est taillée à l’aide d’une gouge ou d’un burin dans le sens du fils du bois. La gravure sur cuivre ou « taille-douce » : gravure en creux sur une plaque de métal, généralement en cuivre, à l’aide d’un burin, de manière plus ou moins large et profonde selon l’intensité du noir souhaité. On peut également creuser la plaque avec des acides comme l’eau-forte ou l’aquatinte.

La gravure sur bois « de bout »
Gravure en creux d’un motif à l’aide d’un burin, sur une planche de bois très dure, coupée perpendiculairement au sens des fibres du bois.

La lithographie
Technique apparue à la toute fin du 18e siècle, basée sur le phénomène physique de répulsion d’un corps gras soumis à de l’eau. Elle consiste à tracer un dessin au moyen d’un crayon gras sur une pierre calcaire choisie pour la finesse de son grain. Seules les surfaces couvertes de crayon gras attirent l’encre, les autres la refusant.

La photogravure
Technique photographique d’impression en creux et en couleurs englobant l’héliogravure (production de clichés en relief, à l’aide de films tramés), l’offset (sur plaque de métal, zinc ou aluminium) et la similigravure (à partir d’une trame placée dans un appareil photo).

La quadrichromie
Procédé d'imprimerie permettant de produire une large gamme de teintes à partir de trois couleurs primaires (bleu cyan, jaune et rouge magenta), auxquelles on ajoute le noir. »


Du 25 janvier au 18 octobre 2025
59 rue Guynemer. 93380 Pierrefitte-sur-Seine
Tél. : 01 75 47 20 02
Du lundi au samedi : 9 h - 16 h 45
Visuels :
Affiche
Illustration : Armand Rapeño (couverture du Premier livre d’histoire de France pour le cours élémentaire, de J. Fuster et A. Lebrun. 1949). Personnage d’écolière conçu à l’aide d’outils d’IA générative - Graphisme : Raphaêlle Vial/Archives nationales 

Jean Suquet, Scène scolaire lors d’une inspection primaire en Côte d’Or, 1956 ; 1978.05290.909. 
© Réseau Canopé - Musée national de l’éducation

Gustave Ducoudray, Histoire et civilisation de la France, Paris, Hachette, 1895. © Archives nationales de France

AumLéon Brossolette et Marianne Ozouf, Mon premier livre d’histoire de France, images en couleurs, Paris, Delagrave, 1937. 
© Archives nationales de France

Couverture « Le figaro magazine » du 20 octobre 1979


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Les citations proviennent du communiqué de presse. Cet article a été publié le 4 mars 2025.