Depuis le déclenchement de l’Intifada II par Yasser Arafat en 2000, sont apparus des associations ou Collectifs dont certains ont contesté la doxa « politiquement correcte », en matière de lutte contre l’antisémitisme, des Consistoires, du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) et du Fonds Social Juif Unifié (FSJU) aux dirigeants semblant déconnectés de la réalité et figés dans des « postures morales » anti-« extrêême-droââte ». Un conflit non larvé oppose aussi ces deux « camps » sur la représentativité des Français juifs ainsi que sur les modalités de la démocratie au sein de ces fédérations. Et ce, sur fond d’aliyah et de bouleversements géopolitiques.
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« Un peuple élu et mis à part : l’antisémitisme en Europe » par Joachim Schroeder et Sophie Hafner
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L’antisionisme : une forme d’antisémitisme ?
Des « Blacks, Blancs, Beurs » antisémites ont attaqué des Juifs lors de l'opération défensive « Protective Edge » (2/2)
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Une tragi-comédie communautaire française
Jean-Louis (Chalom) Levy, victime d’une tentative d’assassinat antisémite, est mort
Assassinat antisémite de Sarah Halimi
Une famille Juive française avait été menacée de mort à Goussainville
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Spoliations de Français juifs : l’affaire Krief (version longue)
L’affaire Krief, exemple d’antisémitisme d’Etat (version courte)
Spoliations de Français juifs : l’affaire Tanger
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La Cour d’appel de Paris a condamné des copropriétaires juifs français en créant leur « dette » !
L’avocate de Foncia, Foncia Paris, Jean-Patrick Jauneau et Karima Aktouf m’a adressé une mise en demeure liberticide
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Des fonctionnaires de la Direction des impôts problématiques à l’égard de Juifs français
Des huissiers de justice problématiques à l'égard de Français Juifs
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Qui représente les Français juifs, principalement face aux pouvoirs publics ? En d’autres termes, le CRIF ou des Consistoires, de France ou de Paris Ile-de-France, acceptent-ils que des associations communautaires dialoguent avec les pouvoirs publics sur des thèmes, identiques ou similaires aux leurs, voire interviennent sur la scène politique ou médiatique hors de leur doxa, et soient susceptibles de percevoir des subventions publiques ?
Des faits récents et passés inaperçus révèlent des mutations profondes qui se sont ancrées, en près d’un quart de siècle, dans communauté juive française. Et le leadership communautaire ne semble pas en avoir tiré toutes les conséquences.
Dialogue avec le RN
Le 18 décembre 2024, le CRIF a reposté sur X, ex-Twitter, le post du FSJU (Fonds social juif unifié) félicitant le « Dr Marc Djebali membre élu de notre Comité Directeur et Président du réseau Ezra qui vient d’être élu président des CCJ 95. Nous lui souhaitons tous les succès dans son departement du Val d’Oise ».
Quésaco « les CCJ 95 » ? Pourquoi avoir quasi-claironné cette annonce et (re)posté ce message ?
Flash-back. En 2003, Albert Myara et ses amis ont fondé l’Union des CCJ d'Ile-de-France (UCCJIF) qui regroupe les Conseils de Communautés Juives (CCJ) d’Ile-de-France créés dans chaque département d’Ile-de-Francd, et indépendants d’institutions juives françaises, tels les Consistoires, le CRIF, et le FSJU.
Elu en 2010, René Taieb est le dernier président élu du CCJ 95 (Val d’Oise, département de la banlieue au nord de Paris) ; son mandat était d’une durée de cinq ans. N’ayant pas pu obtenir la communication de documents réglementaires du CCJ 95, René Taieb a créé une nouvelle association, l’UCJ 95 (Union des Collectivités du Val-d'Oise), aux missions identiques à celles du CCJ 95, notamment en matière de lutte contre l’antisémitisme et de soutien à l’Etat d’Israël.
En 2019, deux dirigeants communautaires du Val-d’Oise ont décidé de réactiver le CCJ 95, jusque-là mis en sommeil. En avril 2024, une déclaration modificative de l'association CCJ 95 est déposée en préfecture.
Huit mois plus tard, ce 18 décembre 2024, le FSJU nous apprend donc que Marc Djebali a été élu président de ce CCJ 95… inactif depuis 14 ans.
Pourquoi cette réactivation ? Pourquoi cette zizanie entre dirigeants communautaires ? Animosités personnelles ? Volonté de détenir le leadership communautaire local ? Opposition sur la stratégie d’actions ? Ou tout cela à la fois ?
A l’origine, il y a un bouleversement de la vie politique française qui ne peut laisser indifférents les dirigeants communautaires : au fil des élections, locales, nationales ou européennes, le Rassemblement national (RN) a engrangé un nombre croissant de voix, notamment parmi des électeurs français juifs, et d’élus.
Pour le CRIF, les Consistoires et le FSJU, le RN et sa précédente dénomination jusqu’en 2018, Front national (FN), c’est « l’extrêême-droââte » fantasmée, jamais définie, et Marine Le Pen, ancienne Présidente du RN (2011-2021), ainsi que feu son père Jean-Marie Le Pen, co-fondateur avec d’anciens Waffen-SS du FN, c’est du pareil au même : le « Mal absolu ». Est-ce vrai ? Le RN affiche son soutien à l’Etat d’Israël et n’a pas émis de déclaration antisémite. Et il est loué par Serge Klarsfeld, Président des Filles et Fils des déportés juifs de France (FFDJF), et par son fils Me Arno Klarsfeld que l’on ne peut pas soupçonner de la moindre indulgence envers les antisémites, notamment les négationnistes.
Alors que s’effondre la condition juive française et que perdure à un haut niveau le nombre d’agressions antisémites, alors que des résultats électoraux montrent une droitisation d’une partie importante de l’électorat notamment juif, une organisation juive française peut-elle ignorer un parti politique qui enregistre de tels résultats électoraux : 5,28 millions de voix et 23,34% des suffrages exprimés aux élections européennes de 2019, 8,13 millions de voix et 23,15% des suffrages exprimés au premier tour de l’élection présidentielle de 2022 – la candidate RN Marine Le Pen recueille 13,28 millions de voix et 41,45% des suffrages exprimés au second tour -, 4,24 millions de voix et 18,68% des suffrages exprimés lors du premier tour de celles législatives de 2022 (3e position) ?
Par un courrier collectif du 12 novembre 2023, 17 présidents de communautés issus des huit départements d'Ile-de-France, dont René Taieb, Albert Myara, Philippe Besnainou et Albert Elharrar, avaient demandé au CRIF d’« ouvrir un canal de communication » avec Marine Le Pen, Présidente du groupe RN à l’Assemblée nationale, afin qu'elle indique sa position sur des sujets fondamentaux comme la che’hita (abattage rituel juif).
En effet, depuis plusieurs années, des dirigeants du RN, dont Marine Le Pen et Jordan Bardella, Président du RN depuis 2021 et eurodéputé, avaient exprimé leur opposition à l’abattage sans étourdissement préalable, ce qui signifiait l’interdiction de la che’hita – la position du culte musulman a varié sur l’étourdissement -, et leur souhait d’interdiction de l’importation de viande issue de l’abattage rituel. Ce qui inquiétait profondément des Français juifs et hypothéquait leur avenir en France en cas d’arrivée au pouvoir du RN.
A cette demande de 17 dirigeants communautaires franciliens, le CRIF a opposé un refus. Pourtant, le 24 avril 2023, le même CRIF avait participé, avec l’Union des étudiants juifs de France (UEJF) et la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (LICRA ), à un colloque sur « L’antisémitisme, l’écologie et la gauche : un nécessaire état des lieux » organisé au Sénat par Europe Écologie Les Verts (EELV), un mouvement d’une écologie jamais dénazifiée.
« La démarche d’EELV de regarder ce qui vient de son propre camp est singulière et justifie que l’on y participe », a expliqué Yonathan Arfi, Président du CRIF, au quotidien La Croix. Parmi les partenaires, invités et intervenants : le CRIF, l’UEJF, l’American Jewish Committee (AJC) Paris, la LICRA, et le rabbin orthodoxe moderne Emile Ackermann.
« Une initiative inédite pour entamer un dialogue franc autour de l'antisémitisme contemporain à gauche. Antisionisme, islamisme, complotisme : tous les sujets ont été abordés », a alors posté le CRIF sur X, ex-Twitter. Non, pas tous. Le passé de l’ingénieur agronome René Dumont (1904-2001), premier candidat écologiste à l'élection présidentielle de 1974, demeure tabou : admirateur de la politique agricole du IIIe Reich, ce « pacifiste intégral » était « contre la guerre avec l'Allemagne nazie », a écrit des articles dans La Terre française, « hebdomadaire de l'agriculture et de l'artisanat rural » contrôlé par le gouvernement du maréchal Philippe Pétain et financé par l’Allemagne nazie… Aucun mouvement écologiste ne s’est distancé de cette figure politique.
Un colloque sur l’antisémitisme, réunissant des orateurs du CRIF et du RN, serait-il envisageable ? On peut en douter.
Elections
Surprise politique imprévisible : le 9 juin 2024, dès les résultats des élections européennes (RN en tête avec 7 ,76 millions de voix , 31,37% des suffrages exprimés) connus, le Président de la République Emmanuel Macron a dissous l’Assemblée nationale.
Deuxième surprise politique. Le 23 juin 2024 : lors de la campagne des élections législatives, Sébastien Chenu, porte-parole du RN, a annoncé sur Radio J, radio juive de la fréquence francilienne : « On va réunir les cultes pour savoir s’ils sont prêts à faire des efforts. S’ils ne le sont pas, il y aura une exception… Chacun pourra continuer à manger cacher si c'est son souhait... [Le RN envisage] « la possibilité d'importation (de viande issue d'abattage rituel sans étourdissement) et la possibilité de continuer dans un cadre religieux cet abattage sans étourdissement ». Un double revirement majeur.
Le 30 juin 2024, au soir du premier tour des élections législatives anticipées, le RN est arrivé en tête (9,37 millions de voix , 29,26% des suffrages exprimés), et certains lui prédisaient une majorité à l’Assemblée nationale à l’issue du second tour, le 7 juillet 2024.
Le 1er juillet 2024, une délégation d’une trentaine de dirigeants communautaires de Paris et d’Ile-de-France, menée par René Taieb, a rencontré Marine Le Pen pour évoquer les thèmes intéressant les Français juifs : la cacherout, la circoncision, la lutte contre l’antisémitisme, la position envers l’Etat d’Israël, etc. Marine Le Pen leur a tenu un discours rassurant. Et crédible : au regard de la dette publique de 3228,4 milliards d'euros (soit 112 % du PIB), d’une immigration de masse incontrôlée, ne s’intégrant généralement pas en France et surreprésentée dans les prisons, des gangs de narcobanditisme corrupteurs et minant la souveraineté de l’Etat, de la menace djihadiste et de l’insécurité générale , des services publics délabrés, des thèmes comme la che'hita ne représentaient objectivement aucune urgence.
« L'extrême droite est aux portes du pouvoir », a allégué le 30 juin 2024 au soir le Premier ministre macronien Gabriel Attal, appelant à « empêcher le Rassemblement national d'avoir une majorité absolue » à l’Assemblée nationale, quitte à glisser un bulletin LFI dans l’enveloppe . « Face au Rassemblement national, l'heure est à un large rassemblement clairement démocrate et républicain pour le second tour », a affirmé Emmanuel Macron dans une déclaration écrite transmise aux médias dès 20 heures. Selon BFM, le Président de la République a demandé à ses équipes d'étudier chaque circonscription pour trouver des alliances, y compris avec certains candidats insoumis - même si des ténors de son camp semblaient jusqu'ici plutôt pencher pour un "ni RN, ni La France insoumise. "Jamais le Rassemblement national", scande l'union de la gauche baptisée Nouveau Front populaire. Quelques jours avant le premier tour, la présidente des écologistes, Marine Tondelier, a écrit aux chefs de partis du camp macroniste (Horizons, Renaissance, Modem, UDI) pour les convaincre d'accepter un "désistement républicain" afin de battre le RN au second tour, en cas de triangulaires. Souvent le fait des parties politiques, mais aussi de plus en plus celui de personnes influentes issue de la société civile, la consigne de vote est lancée sur les plateaux, martelée sur les réseaux sociaux. »
A un « barrage républicain » contre le RN et LFI, – mais pas contre l’extrême–centre macronien !? - ont exhorté le CRIF, qui communiquait ses argumentaires contre ces deux partis politiques, le Consistoire de France et le FSJU, trois des principales organisations juives françaises.
Force est de constater que ces trois organisations n’ont pas été massivement écoutées par leurs coreligionnaires. D’où un survote juif pour le RN. Des exemples ? A Sarcelles, les bureaux de votes où se déplacent les électeurs français juifs ont réalisé des scores proches de 70% pour le candidat du RN, et à Saint Brice-sous-forêt où vivent près de 1400 familles juives, le candidat du RN est arrivé en tête ! Pour n’avoir pas suivi les consignes de ces organisations, ces électeurs français juifs n’auraient pas été « fidèles aux valeurs de la République » selon les propres termes du CRI, du Consistoire de France et du FSJU ?
Même survote en faveur du candidat Eric Zemmour à l’élection présidentielle de 2022.
Noué entre les deux tours, le « barrage républicain » (alliance de facto entre l’extrême-centre macroniste, la Droite et le Nouveau Front Populaire) contre le seul RN a rogné la victoire électorale de ce Rassemblement, empêché une majorité absolue à l’Assemblée nationale, induit l’instabilité gouvernementale (deux gouvernements en six mois, trois en un an) et a interdit aux députés RN tout poste-clé dans le bureau ainsi que dans les commissions de cette Assemblée essentielle à la démocratie. Et ce, en violation du règlement intérieur du Palais Bourbon, et de la démocratie.
Diner-test réussi
Environ six mois après cette réunion du 1er juillet 2024, Gérard Uzan et Albert Myara, dirigeants du CCJ 94, en partenariat avec René Taieb, président de l'UCJ 95, ont coorganisé leur dîner républicain annuel le 3 décembre 2024, au Pavillon Baltard (Nogent-sur-Marne) sous la Présidence d'honneur de Jacques J.P. Martin, maire nogentais. Un diner valant test.
Une salle pleine d’environ 650 convives dont des représentants de premier rang de préfectures, le Président du Conseil départemental du 94, des maires, des conseillers municipaux et généraux, des parlementaires, des dirigeants de communautés et d’associations, des centaines de coreligionnaires, des essayistes musulmans et politiciens algériens kabyles… C’est une victoire éclatante pour le CCJ 94 et l'UCJ 95.
Notons que tous les présidents d'institutions communautaires importantes, pourtant invités, se sont illustrés par leur absence à ce diner-républicain, et ce, alors qu'ils avaient toujours honoré de leur présence ces dîners républicains depuis la première édition en 2001.
Le CCJ 94 et l'UCJ 95 ont prouvé qu’une autre voie, une autre ligne politique est possible et viable sans être ostracisé par le pouvoir politique, national ou local, sans être boycotté par les Français juifs, ou ignoré par des personnalités politiques, des associations cultuelles, ou des médias communautaires. Ils bénéficient toujours du soutien de leurs coreligionnaires, malgré les injonctions du « camp du bien républicain » autoproclamé.
Le fait qu’une alternative soit réalisable sans perdre l’oreille des interlocuteurs publics officiels contrevient à la ligne politique d’un leadership déconnecté de la base communautaire, généralement dépourvu de tout lien direct avec ses coreligionnaires lambda, surtout trop proche du pouvoir macronien ou trop lié à une gauche (PS) ou extrême-gauche (EELV) dominée par La France Insoumise (LFI). Incapable de s’adapter à la réalité actuelle. Et surtout refusant le débat inhérent à la démocratie.
On ne peut s’émanciper de la dépendance envers le pouvoir politique que si on dispose de la base juive. C’est ce qu’a prouvé le diner républicain. Si le pouvoir politique boycottait le diner du Crif, combien ce dernier aurait-il de convives ?
Coïncidence ? Volonté de ne pas laisser les CCJ être les uniques interlocuteurs des pouvoirs publics, étatiques ou locaux, dans les départements d’Ile-de-France ? Le 12 décembre 2024, « à l’initiative du sénateur Laurent Lafon », le Président du CRIF Yonathan Arfi, accompagné de la vice-présidente Nathalie Beizermann, rencontraient au Sénat des élus du Val-de-Marne, département au sud-est de Paris. « Ces échanges étaient l’occasion d’évoquer la résurgence d’antisémitisme qui a suivi les attaques du 7 octobre 2023, attestée par les résultats du récent sondage mené par IPSOS pour le Crif. Au cours de cette discussion ont été abordées les différentes solutions à envisager, tant au niveau national que local, pour combattre la haine des Juifs et plus largement pour défendre et préserver les principes républicains essentiels tels que la laïcité. » Quelles « solutions » ? « Envisager » seulement ?
Cette réunion aurait-elle été le premier acte de la stratégie d’un leadership communautaire dont le deuxième acte aurait été l’élection du Dr Marc Djebali à la Présidence du CCJ 95, et le troisième acte serait peut-être l’implantation d’associations franciliennes visant à réduire l’influence d’Albert Myara et de ses amis, souvent affublés d’épithètes infamants ?
Coquilles quasi-vides, pratiques critiquables
Un quart de siècle après la recrudescence d’actes antisémites en France liée à l’Intifada II déclenchée par Yasser Arafat, quel est le bilan d’instances menant une lutte contre l’antisémitisme : le CRIF, les Consistoires, le FSJU ? Quelle est leur stratégie ? Que représentent-elles ? Quelle image donnent-elles ?
Ont-elles su freiner l’exode des Juifs des quartiers exposés à un antisémitisme virulent ? Leur doxa est-elle en phase avec les opinions de leurs concitoyens juifs dont beaucoup ont voté, par adhésion ou par opposition à la Macronie, pour une droite souveraine, identitaire ? Le décès de Jean-Marie Le Pen le 7 janvier 2025 a-t-il modifié leur position ? Non.
Qui a décidé de la ligne politique « ni extrêême-drooââte » ni extrême gauche ? Ne serait-il pas temps de voir la réalité en face et la dire avec la même vigueur et persistance : représentant l’extrême centre macronien, le Chef de l’Etat Emmanuel Macron a exprimé un blood libel (accusation portée contre les Juifs soupçonnés de tuer des enfants non juifs pour utiliser leur sang dans la fabrication de matsot) dès le 10 novembre 2023, a rétrogradé dédaigneusement les juifs le 11 novembre 2023, a refusé de manifester contre l’antisémitisme le 12 novembre 2023, a initié le boycott d’entreprises israéliennes à des Salons internationaux de la défense (Eurosatory et Euronaval) en 2024, délégitime l’Etat Juif en disant notamment : « On ne défend pas une civilisation en semant la barbarie ». Aucun dirigeant communautaire n’a réagi à la hauteur de ces actes ni prononcé ces mots : antisémitisme d’Etat.
Etudions quelques dirigeants et instances communautaires.
Elu Grand rabbin de France (GRF) en 2014, et réélu le 6 juin 2021, Haïm Korsia a noué, selon Le Monde, une « une amicale complicité » avec le Président de la République Emmanuel Macron. En quoi les Français juifs en bénéficient-ils ? Erreurs ou fautes partagées avec d'autres dirigeants communautaire lors de l'affaire Sarah Halimi et la pandémie de coronavirus, silence commun avec des dirigeants communautaires durant des semaines sur l'agression et la mort de Jérémie Cohen le 16 février 2022 à quelques mois de l’élection présidentielle – « pour ne pas faire le jeu du RN » ? -, absence de réaction dans les réseaux sociaux face au meurtre de René Hadjadj le 17 mai 2022, inaction dans l’affaire du Dr Lionel Krief spolié par le « gouvernement des juges », prestation problématique de cet esprit fin le 26 août 2024 sur BFM TV concernant la guerre menée par Israël – en près d’un an, aucun dirigeant communautaire ne semble disposer d’argumentaires -… Le bilan ne semble pas très positif.
Sur Eric Zemmour, le Grand Rabbin de France Haïm Korsia a déclaré lors de l’émission Télématin sur France 2 le 26 octobre 2021 : « Antisémite certainement, raciste évidemment. Quand vous dites simplement qu’il y a trop de tels ou tels, moi qui porte un texte qui s’appelle la Constitution qui est fondée sur l’idée des droits de l’homme et qui porte aussi un texte qui s’appelle la Bible et qui dit ‘tu aimeras l’étranger car tu as été étranger en terre d’Egypte’, je ne peux pas être en phase avec ce discours. » Un ordre révélateur. Combien d’étrangers le Grand rabbin Haïm Korsia , si favorable à l’accueil des migrants en France dès 2015, a-t-il hébergé chez lui et à ses frais ?
On invitera ce constitutionnaliste à relire le préambule de la Constitution de 1958 qui débute ainsi : « Le peuple français proclame solennellement son attachement aux Droits de l'homme et aux principes de la souveraineté nationale tels qu'ils ont été définis par la Déclaration de 1789 ». Oui, le « peuple français » ! « Le principe [de la République] est : gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple » (article 2). La constitution n’est pas fondée uniquement sur les droits de l’homme, mais a été conçue pour résoudre les défauts de la Constitution de 1946, notamment l’instabilité gouvernementale, pour répondre aux idées gaullistes et dans une tradition française d’un pouvoir exécutif fort. En quoi « l’idée des droits de l’homme » serait-elle inconciliable avec une politique migratoire nationale ? Au fait, que dit la Bible sur le « Lachone hara » (médisance, en hébreu) ?
Passons au CRIF qui fédère une soixantaine d’associations dont au moins un tiers est inactif et compte très très très peu de membres, souvent âgés. Malgré ses délégations régionales, le CRIF manque de base communautaire. Et deux cursus institutionnels apparaissent : d’une part, après deux mandats, le Président devient Président d’honneur ou est nommé, comme Francis Kalifat, président du conseil du Congrès juif européen (CJE), et, d’autre part, la Présidence de l’UEJF parait pour certains une étape dans une voie politique ou communautaire : ainsi, Yonathan Arfi est un ancien Président de l’UEJF qui n’a pu vaincre « l’Intifada des campus » depuis 2000. Qu’a-t-il fait quand, membre du Conseil d’administration de l’œuvre de Secours aux enfants (OSE), celle-ci a été condamnée notamment pour licenciement abusif et poursuivie pour contrefaçon ? Inactif, comme les autres célèbres membres dudit Conseil. Et quel est son bilan provisoire comme Président du CRIF ?
Quant à Me Ariel Goldmann, Président du FSJU, il a posté sur X le 14 décembre 2024 : « La situation à #Mayotte est dramatique et les images choquantes. Soutien à nos compatriotes mahorais frappés de plein fouet par le #Cyclone #Chido . Le @fsju et la @FondationFJF sauront trouver les voies et moyens pour être au rendez-vous de la solidarité ! ». Quels « voies et moyens » ? S’agirait-il de financer la construction de maisons pour « les immigrés illégaux – la moitié de la population de Mayotte est de nationalité étrangère - dont se plaignent les Mohorais », a déploré Othman Nasrou, premier secrétaire général délégué des Républicains, le 3 janvier 2025 ? Les donateurs du FSJU, qui avaient choisi de cibler leurs dons vers des projets communautaires, sont-ils d’accord ? Le FSJU va-t-il demander leur avis, voire leur accord ?
Last, not least, l’UEJF qui se targue de 15000 membres. Où sont-ils ? Combien d’étudiants assistent à ses évènements ? Un militant de l’UEJF a simulé une agression physique douloureuse « le 6 octobre 2024 « lors une conférence organisée par le collectif "Urgence Palestine" et le média Paroles d'honneur dans un lieu solidaire à Pantin » ; AJ+ français et Palestine On Line ont diffusé sur les réseaux sociaux la vidéo le montrant au sol criant sans raison. Le militant a présenté ses excuses et démissionné de sa fonction de conseiller municipal d’une ville en Seine-Saint-Denis. Selon le Président de l’UEJF et ancien secrétaire national du Bureau Exécutif National (BEN) Yossef Murciano, ce militant aurait fait une « crise de panique. C'était très violent pour lui et ça l'a été sur les réseaux sociaux ». Une manière d’éviter des questions embarrassantes sur une action peut-être mal préparée.
Des candidats au poste de Président de l’UEJF ont été la cible de menaces, d’intimidations… En 2021, une pétition a exhorté à des élections démocratiques au sein de l’UEJF. Ces élections n’attirent pas l’intérêt des étudiants qui ont l’impression que le seul candidat agréé par le BEN sera élu. C’est devant des bancs inoccupés d’une salle quasi-vide, que des dirigeants de l’UEJF, dont Noémie Madar, se sont exprimés lors du 37e Congrès de l’UEJF en 2021. Samuel Lejoyeux y a été élu Président avec 82% des voix (!) – de quoi faire pâlir d’envie bien des chefs d’Etats -. Le compte LinkedIn de ce Président médiatisé ne mentionnait pas en 2024 sa qualité d’étudiant.
En 2003, l’UEJF, SOS Racisme et Ni Putes Ni Soumises ont créé la FEDER (Fédération des Enfants de la République) « pour défendre les droits des étudiants ». Quelle est la raison de la présence de Ni Putes Ni Soumises qui vise « à promouvoir les droits des femmes, en particulier celles vivant dans les quartiers populaires » ? « Fidèle aux valeurs de ses créateurs, la FEDER est très attachée à la promotion du vivre-ensemble et à la protection des valeurs de la République. Pour que l’Université soit un lieu qui rappelle ce qui nous lie plutôt que ce qui nous sépare, elle lutte contre toutes les inégalités et contre toutes les formes de discrimination. » L’association avec SOS Racisme apparait problématique en raison de ses positions anti-israéliennes. « A Paris 1, la FEDER représente les étudiants dans les Conseils des UFR 26 (droit) et 27 (MASS), ainsi qu’au Conseil des Etudes et de la Vie Universitaire (CEVU). Grace à vos votes, une dizaine de militants ont été élus au cours des dernières élections universitaires. » Si un étudiant vote pour l’UEJF, il apporte ses voix à des associations qui ne le concernent pas !?
La ligne politique de l’UEJF a suscité des polémiques : rassemblement le 31 janvier 2017 près de l’ambassade américaine, à Paris, « contre le décret anti-immigration de Donald Trump » - quel rapport avec la mission de l’UEJF ? -, rencontre le 27 septembre 2010 à Paris du révisionniste Mahmoud Abbas (Abou Mazen) avec des dirigeants communautaires dont Arielle Schwab, alors présidente de l’UEJF, Eric Zemmour honni - l’UEJF a déclaré le 20 octobre 2014 à propos de l'essai d'Eric Zemmour, Le suicide français : « L’apologie du régime de Vichy et la contestation des crimes de l’Occupation procèdent d’une confusion des valeurs permanentes » -, refus de rencontrer fin septembre 2014 Naftali Bennett, alors ministre israélien de l'Economie, de l'Industrie et de l'Emploi et chargé de la Diaspora, président du parti sioniste religieux Habayit Hayehudi (Foyer Juif) lors de sa visite à Paris, car, selon un courriel de « la présidente de l’UEJF de l’Université Descartes [expliquant] que la raison pour laquelle cette rencontre n’a pas été organisée, « c’est parce qu’il (ndlr/ Naftali Bennett) est d’extrême droite et que le message que porte son parti va à l’encontre des valeurs que porte l’UEJF »… Est-il vrai que l’UEJF a mené, sans les prévenir, au début des années 2000 des étudiants français Juifs à la Moukata, à Ramallah, pour y rencontrer le terroriste Yasser Arafat, dont le mentor si admiré était le grand mufti de Jérusalem al-Husseini, allié d'Hitler dans la Shoah ?
Ces différents éléments ont conduit de nombreux étudiants juifs français à se détourner de l’UEJF. Ces étudiants l’ont perçue comme un mouvement trop politisé, qui serait peut-être davantage centré sur les ambitions personnelles de ses dirigeants que sur les besoins réels des étudiants. Ils critiquaient aussi le fonctionnement de l’UEJF jugé éloigné de principes démocratiques et son manque d’accueil envers les étudiants pratiquants.
Ces critiques ont nourri un désintérêt croissant pour l’UEJF.
Des alternatives sont apparues et connaissent un succès notable. Ainsi, s’est développé le mouvement ‘Habad dans le monde étudiant, ont émergé de nouvelles associations étudiantes comme Relev et Alliance qui ont su occuper un terrain laissé vacant. Leur croissance rapide révèle que ces associations ont répondu aux besoins concrets d’une nouvelle génération d’étudiants.
À titre d’exemple, la Fédération Alliance regroupe huit associations « Alliance » d’étudiants juifs français réparties sur Paris, La Défense, Reims et la Côte d’Azur, et elle projette d’en ouvrir de nouvelles prochainement. Elle s’appuie sur trois piliers fondateurs : l’indépendance idéologique et financière, un sionisme légitimiste soutenant l’État d’Israël quel que soit son gouvernement, et un positionnement apolitique. Les associations affiliées « Alliance » se concentrent sur des initiatives en lien avec Israël, la cité et le devoir de mémoire. Elles répondent aussi aux besoins spécifiques des étudiants juifs, notamment par l’organisation de chabbats et d’événements respectant les exigences de la cacherout. De plus, la Fédération Alliance développe des projets innovants, comme des programmes Alumni destinés à créer des ponts entre le milieu universitaire et le monde professionnel. Ces initiatives attirent un nombre croissant d’étudiants, notamment ceux qui recherchent des alternatives aux structures traditionnelles. « Les étudiants se tournent vers des associations capables de répondre à leurs attentes », souligne un observateur. Ne percevant aucune subvention publique, la Fédération Alliance a conclu des partenariats solides pour continuer son essor.
Un avenir à l’américaine ?
Et ce sont ces organisations juives françaises déconnectées de la réalité, sclérosées, qui sont perçues en France et à l’étranger comme « représentatives » des Français juifs !
Aux Etats-Unis, on observe le même mouvement de critiques envers les principales organisations juives - Anti-Defamation League, American Jewish Committee (AJC), American Jewish Congress – qui ont gaspillé du temps et de l’argent à combattre pour des causes – LGBTQ+ - exclues de leur missions : les juifs, le judaïsme, l’antisémitisme, la mémoire de la Shoah. Le Jewish Leadership Project les a exhortées à se recentrer sur le sort des Juifs. Et des familles juives américaines ne confient plus pour des camps estivaux leurs enfants à des organisations juives partisanes par exemple du wokisme, de la théorie du genre ou des droits des trans. Elles préfèrent les envoyer à des activités similaires organisées par des organisations proches du mouvement chabad.
Le « leadership » communautaire français « politiquement correct » croit-il que le pouvoir politique ignore sa faiblesse et sa très très très faible représentativité ? Ce pouvoir en a une parfaite connaissance, et s’en satisfait car cela sert ses intérêts à court terme. Il se réjouit aussi des propos acerbes visant de nouveaux acteurs communautaires, et de la zizanie qui perdure.
« L'antisémitisme qui pourrit notre pays devient en ce 15.10.2024 un antisémitisme d'Etat », a écrit Me Muriel Ouaknine-Melki, Présidente de l’OJE (Organisation juive européenne) sur X, en visant le Président Emmanuel Macron menaçant de faire disparaître, par une décision de l’ONU, l’Etat d’Israël combattant le djihad mondial. Une analyse lucide, que nous partageons depuis des années, et passée quasi-inaperçue. Mais, Me Muriel Ouaknine-Melki ne semble pas avoir exprimé cette analyse le 13 février 2025 lors des Assises de la lutte contre l’antisémitisme. Des Assises auxquelles n’avaient pas été conviés les CCJ ayant rencontré Marine Le Pen.
Nous assistons donc à un théâtre d’ombres, une tragi-comédie.
Si l’avenir des juifs en France n’était pas en jeu, on pourrait en rire.
Mais le leadership actuel n’a aucune stratégie d’actions, du court au long terme, et semble pratiquer l’entre-soi. Ses interventions, dont les colloques, font souvent penser à ces films subventionnés, dont les acteurs bien payés expriment la « bien-pensance », et qui s’avèrent des bides commerciaux, boudés par le grand public. Son bilan s’avère catastrophique pour les Français juifs. Jusqu’à quand ? Un exemple : le CRIF s’associe à l'Institut supérieur du travail (IST) pour organiser le colloque « Fait religieux et radicalités en entreprise » le 24 mars 2025 !?
Il devient impératif de desserrer l’étau qui jugule les Français juifs, de les sortir de l’impasse où d’un « leadership » communautaire isolé, qualifié par certains Internautes de « juif de cour », les a enfermés le Président François Mitterrand qui visait à empêcher l’union de la droite et a instrumentalisé les juifs français à des fins politiciennes.
Mais un évènement majeur est venu troubler ce jeu où les instances communautaires étaient chargées de rendre crédible la menace d’une extrême-droite, et de décourager toute rencontre entre dirigeants israéliens et du RN.
Le 21 février 2025, le ministre israélien de la Diaspora Amichai Chikli a rencontré à Washington (Etats-Unis) le Président du RN, Jordan Bardella qui a écrit sur X que tous deux avaient eu des « discussions fructueuses » sur « les relations franco-israéliennes, la lutte internationale contre le terrorisme islamique et l’antisémitisme, et les futurs projets communs avec les Patriotes pour l’Europe » –nom du groupe de droite souverainiste créé, à l’initiative du Premier ministre hongrois Viktor Orbán, au parlement de l’Union européenne.
La réaction du leadership communautaire ? Il demeure figé dans sa « posture morale », incapable de s’adapter à une nouvelle donne.
La rencontre avec des dirigeants du RN était une étape utile. Mais d’autres actions doivent être menées : se distancier des pouvoirs publics, intégrer les juifs et le judaïsme dans le « récit national » pour réduire l’isolement des Français juifs, combattre le « gouvernement des juges », rompre le « politiquement correct », établir un réel dialogue avec des instances musulmanes sur l’islam, notamment sur les sujets qui fâchent - l’antijudaïsme et l’antisémitisme islamiques, la dhimmitude, l’exil des juifs du monde musulman - et cesser de présenter une Shoah « islamiquement correcte ».
Ce que des instances communautaires n’ont ni voulu ni pu faire depuis au moins un quart de siècle.
Alors, « ¡Afuera! », selon l'expression devenue célèbre du Président argentin Javier Milei ?
Ou bien un paysage plus éclaté avec une multiplicité de nouveaux acteurs communautaires qui, par leurs bilans, révèlent l’affaiblissement de leurs devanciers qui deviendraient finalement quasi-inutiles pour le pouvoir politique, car aucune organisation juive ne peut vivre sans sa base, et elle serait donc vouée à la disparition.
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