Citations

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« Il faut commencer par le commencement, et le commencement de tout est le courage. » (Vladimir Jankélévitch)
« Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort. Il est de porter la plume dans la plaie. » (Albert Londres)
« Le plus difficile n'est pas de dire ce que l'on voit, mais d'accepter de voir ce que l'on voit. » (Charles Péguy)

vendredi 11 avril 2025

« Christofle, une brillante histoire »

Le musée des Arts décoratifs propose l’exposition « Christofle, une brillante histoire ». « Des années 1830 à nos jours, une lignée d’orfèvres, initiée par Charles Christofle et Henri Bouilhet, a métamorphosé les formes et les décors de l’argent pour les diffuser dans la vie quotidienne. Associé aux plus grands designers et créateurs de mode tels que Gio Ponti, Andrée Putman, Karl Lagerfeld et Pharrell Williams, Christofle est un laboratoire artistique qui révolutionne l’orfèvrerie traditionnelle en renouvelant ses usages et en la parant de couleurs et de décors inédits. De la petite cuillère aux grands vases monumentaux issus des expositions universelles, c’est tout l’art de l’orfèvrerie par un ambassadeur, en France comme à l’étranger, de l’art de vivre et du luxe français ».

« Une femme d'exception. Le royaume d’Anna » par Beate Thalberg
« Le musée des Arts décoratifs met à l’honneur les créations et le savoir-faire d’excellence de la prestigieuse maison d’orfèvrerie Christofle en organisant une grande exposition dédiée à cette manufacture française riche de prés de deux cents ans d’histoire. Des années 1830 à nos jours, cette lignée d’orfèvres, initiée par Charles Christofle et Henri Bouilhet, a métamorphosé les formes et les décors de l’argent pour les diffuser dans la vie quotidienne. Associé aux plus grands designers et créateurs de mode tels que Gi Ponti, Andrée Putman, Karl Lagerfeld et Pharrell Williams, Christofle est un laboratoire artistique qui révolutionne l’orfèvrerie traditionnelle en renouvelant ses usages et en la parant de couleurs et de décors inédits. »

« De la petite cuillère de table aux vases monumentaux des expositions universelles, près de 1000 pièces d’orfèvrerie, bijoux, tableaux, dessins et affiches, retracent l’extraordinaire destin de cette maison patrimoniale. « Christofle. Une brillante histoire », dont le commissariat est assuré par Audrey Gay-Mazuel, conservatrice du patrimoine en charge des collections XIXe siècle – Art nouveau, assistée de Astrid Grange, assistante de conservation, Collections XIXe siècle – Art nouveau. L'exposition, est présentée dans les galeries Christine & Stephen A. Schwarzman, dans une scénographie spectaculaire mettant en lumière les coulisses du métier d’orfèvre et les fastueuses tables de légende. »

« Bijoutier de formation, Charles Christofle a révolutionné l’orfèvrerie dès 1842 en développant des techniques novatrices alliant chimie et électricité pour argenter ou dorer des métaux non précieux. Grâce à ces nouveaux procédés, il a pu rendre accessibles des services de table autrefois réservés aux élites. Prés de deux siècles plus tard, Christofle continue de bousculer les codes, s’immisçant dans notre quotidien pour transformer les objets les plus communs, comme des consoles de jeux vidéo, des gobelets à café ou des boites à chaussures, en véritables pièces de design. »

« L’exposition s’ouvre sur une mise en scène spectaculaire de l’apport de Christofle au monde des arts décoratifs. Restituant l’atmosphère des manufactures Christofle, successivement installées à Paris, à Saint‑Denis, et aujourd’hui en Normandie, le visiteur est ensuite plongé dans les coulisses des secrets des procédés d’argenture et de dorure, mais aussi de la fabrication d’une fourchette. La reconstitution d’un atelier d’orfèvre, mêlant outils traditionnels et dispositifs numériques, dévoile la virtuosité de ce métier d’art. »

« Trois salles sont dédiées aux chefs d’œuvre que Christofle a présentés aux Expositions universelles, de 1851 à 1925. Couronnée de médailles d’or à chaque événement, la maison n’a cessé d’innover, créant des pièces monumentales et spectaculaires ornées de couleurs vives et de motifs incarnant les tendances les plus avant-gardistes, du japonisme à l’Art déco. »

« Au deuxième étage, une boutique Christofle, idéale et muséographie, offre une présentation ludique de l’infinie variété des pièces de table et du quotidien, devenues la signature de la maison. Des ménagères traditionnelles aux créations contemporaines, des couverts emblématiques aux services à thé iconiques, chaque pièce retrace les succès de Christofle. Les affiches, encarts publicitaires et catalogues de la seconde moitié du XIXe siècle à nos jours révèlent les ambitions commerciales de cet orfèvre devenu une référence mondiale. »

« Ambassadeur de l’art de vivre et du luxe français, Christofle s’est imposé, depuis la seconde moitié du XIXe siècle, comme le fournisseur privilégié des palaces, hôtels et grands restaurants, mais aussi des trains, paquebots et avions de légende. De la fameuse presse à canard de La Tour d’Argent, au service de bord du Concorde, le visiteur est invité à voyager de la salle à manger du Ritz à celle du paquebot Normandie, d’un wagon de l’Orient Express à la cabine du Concorde. »

« Depuis les années 1920, la maison Christofle collabore avec les plus grands designers pour créer des pièces modernes, empreintes des esthétiques les plus avant-gardistes. Dans les années 1930 et 1950, les Italiens Gio Ponti et Lino Sabattini insufflent des lignes dynamiques et réinventent les formes avec une touche d’humour. Parallèlement, les créateurs danois et finlandais, Christian Fjerdingstad et Tapio Wirkkala, laissent également leur empreinte. Sous la direction de Tony Bouilhet, Christofle s’immerge dans les cercles artistiques de Jean Cocteau, conduisant à des collaborations avec César et Arman. »

« Depuis les années 1990, Christofle s’entoure de designers internationaux, consolidant sa place dans l’histoire de l’art contemporain. Des noms prestigieux tels que Sylvain Dubuisson, Elizabeth Garouste et Mattia Bonetti, Martin Szekely, Richard Hutten, Marcel Wanders, Jean‑Marie Massaud, ainsi que les couturiers Christian Lacroix et Karl Lagerfeld, apportent chacun leur vision unique. Renouant avec l’héritage de son fondateur Charles Christofle, la maison s’affirme à nouveau dans la bijouterie depuis le milieu des années 1980, proposant des créations audacieuses signées Andrée Putman, Michele Oka Doner ou Mademoiselle Aurélie Bidermann. »

« Orfèvre des rois, des princes, des empereurs puis des Présidents, Christofle équipe depuis les années 1840 les palais, les ministères et les ambassades. De Napoléon III sous le Second Empire à l’actuel Président de la République française, les grands services de Christofle parent les tables les plus majestueuses. Comprenant des centaines de pièces et dotés d’impressionnants centres de table garnis de sculptures, de jardinières et de candélabres, devenus la signature de l’art de recevoir à la française, ces services s’imposent lors des grandes réceptions diplomatiques. » 

« Conclusion spectaculaire de l’exposition, les deux dernières salles du parcours éblouissent le visiteur par une mise en scène féerique de tables dressées confrontant tradition et modernité, du faste des années 1860 au service Vertigo dessiné par Andrée Putman en 2002. »

« Scénographie, vidéos et dispositifs numériques invitent à une immersion dans les coulisses de la création et révèlent les secrets de ce savoir-faire d’excellence. La présentation de tables dressées, intimes ou majestueuses, donnent à voir le faste et le raffinement de grands restaurants et palaces comme le Ritz, des trains, paquebots et avions de légende comme l’Orient Express, le Normandie et le Concorde. »

Autour de l'exposition, le musée a organisé des visites guidées, des visites-ateliers. Il a « spécialement conçu pour cette exposition, un cahier de dessin et un crayon de papier à la disposition des enfants. »

Le 5 décembre 2025, s'est déroulée la conférence "Colorer le métal, de l’analyse à la restauration des patines et des émaux de Christofle" avec Audrey Gay-Mazuel, conservatrice du patrimoine, musée des Arts décoratifs (introduction), Michel Bouchard, docteur en archéométrie, Philippe Colomban, céramiste, directeur de recherche émérite, CNRS – Sorbonne Université, Catherine Didelot, restauratrice du patrimoine, musée des Arts décoratifs, Amandine Hélène, restauratrice du patrimoine, musée des Arts décoratifs, et Julie Schröter, restauratrice du patrimoine et docteure en histoire de l’art.
« La préparation de l’exposition Christofle a permis de mener un travail pionnier d’analyses des patines dites électrochimiques et des émaux cloisonnés développés par la maison d’orfèvrerie à partir de l’Exposition universelle de Paris de 1867. Une équipe de recherche composée de la restauratrice Julie Schroter, de chercheurs du CNRS/Sorbonne Université et du laboratoire CARAA, a ainsi étudié les émaux et les colorations rouges, oranges, marrons et noires du métal produisant les effets d’incrustations polychromes qui firent la gloire de Christofle alors que le japonisme était à son apogée. Ces analyses ont débouché sur une meilleure pratique de la restauration de métaux colorés de Christofle. Les restauratrices du patrimoine Catherine Didelot et Amandine Helene ont ainsi mené un important chantier de restauration de prés de 500 pièces pour cette exposition. Cette conférence a mis en lumière les causes des altérations de surface, les traitements mis en œuvre et les mesures de conservation préventive pour ralentir ternissements et oxydations durant la période de l’exposition. »

Une journée d'étude a eu pour thème "Les maisons françaises d’orfèvrerie, du XIXe au XXIe siècle : patrimoine, recherche et création". "La grande exposition sur l’histoire de Christofle est l’occasion de se pencher sur les maisons françaises d’orfèvrerie aujourd’hui encore en activité et d’étudier le double mouvement auquel elles sont confrontées : à la fois la gestion de leur héritage et leur capacité à innover.
Toutes fondées au XIXe siècle ou à l’aube du XXe siècle, elles possèdent de précieux fonds d’outils, de dessins, d’archives et des collections, parfois encore in situ ou conservés dans des musées. Après le colloque dédié à l’orfèvrerie au XIXe siècle organisé au musée du Louvre en 1994, cette journée d’étude a fait le point près de 30 ans plus tard sur l’état de la recherche sur ces maisons françaises en faisant intervenir des étudiants de master et de thèse. Le témoignage des responsables patrimoniaux de Christofle et de Puiforçat ou encore de Richard orfèvre, à Paris, a permis de comprendre comment le passé impacte la création contemporaine. Une table ronde composée des dirigeants de ces maisons évoqua les difficultés et défis à relever pour poursuivre la production d’orfèvrerie en France. »



Textes de salle

Innovant et historique
« Fondée au début des années 1830, la maison d’orfèvrerie Christofle a toujours œuvré au renouvellement des arts décoratifs, en métamorphosant les formes et les décors, mais aussi en associant l’argent à des matières inattendues pour renverser les codes du luxe. Aujourd’hui toujours en quête d’innovations, Christofle s’immisce dans notre quotidien pour transfigurer en pièces de design les objets les plus communs : console de jeux vidéo, gobelet à café ou boite a chaussures. » 

« L’histoire de la maison est liée à celle du musée des Arts décoratifs depuis le dernier tiers du XIXe siècle. En 1871, pendant la Commune, le palais des Tuileries ou est conserve le monumental service des cent couverts de l’empereur Napoléon III, l’une des premières commandes de grande ampleur de Christofle, est incendie. Chef-d’œuvre exécuté entre 1852 et 1855, son surtout, centre de table composé de grandes sculptures, est sauvé des ruines et offert par les dirigeants de Christofle au musée des Arts décoratifs. Réalisé en métal argenté par électrochimie, il incarne la modernité qu’introduit Christofle sur les tables des puissants. »

Concourir à l’international
« Vitrines des progrès de l’industrie et féroces compétitions internationales, les expositions universelles rythment l’histoire de Christofle, de la première, organisée à Londres en 1851, à celle de 1925 à Paris qui marque l’avènement de la modernité. Les millions de visiteurs, les retentissements dans la presse et le prestige des Prix décernés encouragent Christofle à se dépasser, en présentant des pièces monumentales et de spectaculaires tours de force techniques. Avec une rare constance, Christofle s’impose en première place des classements et rafle les médailles d’or devant ses concurrents anglais, allemands et américains. En avant-première des expositions universelles, Christofle présente des 1869 ses nouveautés aux expositions organisées par le futur musée des Arts décoratifs, appelé alors Union centrale des beaux-arts appliqués à l’industrie, puis à partir de 1882, Union centrale des arts décoratifs. »

« Associé aux meilleurs dessinateurs et sculpteurs, Christofle accumule les brevets pour renouveler avec une créativité inégalée les formes et les décors, et transcrire en orfèvrerie les esthétiques alors à la mode : néo-styles, orientalisme, japonisme, Art nouveau et Art déco. »

Transformer l’argent
« Bijoutier de formation, Charles Christofle achète en 1842 des brevets d’argenture et de dorure par électrolyse : grâce au courant électrique, une fine couche d’argent ou d’or peut être déposée sur un métal non précieux, lui donnant ainsi l’aspect de l’argent ou de l’or. » 

« Cette révolution des progrès de l’industrie ouvre l’ère d’une nouvelle orfèvrerie développée par Charles Christofle et ses successeurs, son fils Paul et son neveu Henri Bouilhet. Les arts de la table, services et couverts, deviennent les spécialités de la maison, aux côtés de pièces plus exceptionnelles, sculptures monumentales et reproductions d’œuvres d’art. »

« Si certaines opérations sont aujourd’hui mécanisées, le métier d’orfèvre pratique dans la manufacture Christofle de Yainville, en Normandie, pour la fabrication des couverts, des pièces d’orfèvrerie ou leur argenture et dorure, est semblable à celui du milieu du XIXe siècle. »

Le japonisme
« Au milieu du XIXe siècle, le Japon s’ouvre progressivement à l’Occident. Le traité commercial signé avec la France en 1858, puis la participation du Japon aux Expositions universelles de 1862, à Londres, et de 1867, à Paris, favorisent l’engouement pour les arts japonais qui s’imposent comme le modèle à suivre pour régénérer les arts décoratifs. »

« Insatiable dessinateur, Emile Reiber, chef de l’atelier de composition et de dessin chez Christofle de 1865 à 1878, étudie les collections asiatiques présentées à Paris. Il fournit quantité de modèles de pièces d’orfèvrerie parées de décors et de couleurs empruntés aux œuvres de la Chine et du Japon. Le mélange de ces influences asiatiques, appelé « japonisme », imprègne les motifs employés, mais aussi leurs compositions, inspirées des estampes japonaises, et les techniques mises en œuvre, patines métalliques et émaux cloisonnes. » 

« Cette période est l’une des plus créatives de la maison Christofle. »

L’Art nouveau
« A l’Exposition universelle de 1900, à Paris, Christofle présente un stand dominé par les formes végétales : services à thé adoptant la forme de courges ou de pâtissons, assiettes ornées d’anémones ou de pavots, petits vases transformés en salade romaine ou en botte de carottes, soupières en chou ou en céleri, vases et lampes en iris, chrysanthèmes, pivoines ou chardons. Beaucoup de ces pièces avaient déjà été présentées à l’exposition ≪ Arts de la femme ≫ organisée en 1892 par l’Union centrale des arts décoratifs (futur musée des Arts décoratifs). Recherchant sans relâche la nouveauté, Christofle se fait artisan d’un art nouveau, puisant sa source dans la nature plus que dans le passé. »

L’Art déco
« En 1925, pour l’Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes organisée à Paris, Christofle, sous l’impulsion de Tony Bouilhet (petit‑fils d’Henri Bouilhet), expose au Grand Palais, dans la section de l’orfèvrerie, mais aussi dans un pavillon partagé avec Baccarat. Christofle s’affirme comme le chantre de la modernité et s’associe avec les plus grands représentants de l’Art déco : Luc Lanel, directeur artistique de la maison de 1922 à 1946, mais aussi Christian Fjerdingstad, Louis Sue et Andre Mare, Paul Follot, Andre Groult et Joseph-Elie Cazes. »

« Sobriété des décors et géométrisation des formes dictent la création. »

« Les dinanderies, pièces de cuivre mêlant or, argent et patines colorées, s’inscrivent dans la continuité des recherches de coloration de l’orfèvrerie engagées depuis les années 1860. »

Briller en société
« Dans la seconde moitié du XIXe siècle, les arts de la table sont en plein essor. »

« La bourgeoisie, dont le pouvoir ne cesse de croitre, impose le repas comme un moment essentiel de la sociabilité et de la représentation. Le service à la russe, avec lequel les plats sont servis individuellement à chaque convive, se généralise et introduit une spécialisation des couverts qui sont remplacés après chaque mets. »

« D’imposantes ménagères comportant des centaines de pièces, des couverts pour tous les usages et des services à thé complets se développent alors. » 

« Christofle diffuse ces nouveautés à Paris, au pavillon de Hanovre qui est son plus grand magasin de 1854 à 1931, supplanté par la suite par celui de la rue Royale, mais aussi dans les très nombreux points de vente qui essaiment en France et dans le monde entier. Catalogues et encarts publicitaires participent par ailleurs aux stratégies commerciales de l’orfèvre français internationalement reconnu. »

Incarner le luxe à la française
« Christofle se positionne des les années 1850 comme le fournisseur privilégié des grands hôtels et des restaurants alors en plein développement. Longue est la liste des prestigieux établissements équipés en services, couverts de table et articles de bar Christofle au début du XXe siècle : Grand Hôtel du Louvre, Grand Hôtel de la Paix, hôtels Terminus, Ritz, Meurice, Crillon, Lutetia, à Paris, ou encore Riviera Palace à Monte-Carlo et Negresco à Nice. Au luxe des tables des palaces répond celui des transports maritimes et ferroviaires qui se déploie dans la seconde moitié du XIXe siècle pour atteindre son apogée dans les années 1920. Les trains de prestige, comme l’Orient Express, et les paquebots de légende, comme le Normandie, proposent à leurs clients de luxueuses cabines équipées en orfèvrerie Christofle. »

« A partir de 1926, l’orfèvre accompagne aussi les premiers voyages de tourisme aérien d’Air Union, futur Air France, dont il demeure aujourd’hui le fournisseur. »

Attabler le pouvoir
« La modernité du procédé d’argenture développé par Christofle, ainsi que la variété des décors et des formes de ses pièces de table, l’imposent des le début de son activité, au milieu des années 1840, comme le fournisseur privilégié du roi des Français Louis-Philippe et de sa famille. Dans les décennies suivantes, Christofle se spécialise dans les majestueux services de table, déployant avec faste des centaines de pièces, parfois monumentales. Ces grands services sont commandés par l’empereur Napoléon III pour ses résidences, mais aussi par les ministères, les palais de l’Elysée et du Luxembourg. Orfèvre des rois, des princes et des empereurs, Christofle devient celui des présidents quand la IIIe République est proclamée en 1870. Depuis lors, la plupart des ministères, la résidence du Président de l’Assemblée nationale et le palais de l’Elysée conservent des services complets faisant régner sur les tables, hauts lieux de négociations diplomatiques, l’art de vivre à la française. »

≪ Designer ≫ le métal
« Sous l’impulsion de Tony Bouilhet, à la tête de Christofle de 1930 à 1969, la maison évolue dans des cercles artistiques d’avant-garde et fait le choix de la modernité. En 1925, sa rencontre avec l’architecte et designer italien Gio Ponti est déterminante. Des cette période, la maison d’orfèvrerie s’ouvre aux lignes dynamiques, souvent ponctuées de l’humour du design italien, puis aux influences scandinaves. Pendant la Seconde Guerre mondiale, la production d’orfèvrerie s’arrête et la boutique de la rue Royale devient, à l’initiative de Tony Bouilhet, une galerie d’art autour de Jean Cocteau, Paul Eluard et Jean-Charles Moreux. Cette aventure perdure jusque dans les années 1970 par des collaborations avec César et Jean‑Michel Folon. Depuis 1986, Christofle renoue avec l’activité de bijouterie de son fondateur Charles Christofle et s’associe à des designers internationaux qui inscrivent la maison dans l’histoire de l’art contemporain. »

Le design contemporain
« Depuis les années 1990, Christofle fait appel à des designers internationaux et se positionne comme l’un des promoteurs du design le plus contemporain. Les directions artistiques du studio Christofle ont ainsi sollicité, entre autres, Sylvain Dubuisson, Gae Aulenti, Elizabeth Garouste et Mattia Bonetti, Martin Szekely, Richard Hutten, Marcel Wanders, Jean-Marie Massaud, Ora ito, ou encore les couturiers Christian Lacroix et Karl Lagerfeld. Pièces de table, vases et candélabres sont métamorphosés. »

« Lancée en 1993, la collection Haute orfèvrerie distingue les pièces d’exception et de petit mobilier réalisés à l’unité par les orfèvres de la manufacture. »

Partenaire principal de l’exposition

« Christofle est une maison de luxe fondée à Paris en 1830 par un bijoutier et entrepreneur visionnaire, Charles Christofle. Cet homme d’affaire avisé s’intéresse en effet dès son invention à un nouveau procédé chimique : l’argenture par électrolyse, dont il achète les brevets. D’abord argenteur, puis orfèvre, Christofle se fait vite remarquer pour la qualité de ses pièces. C’est ainsi que la maison devient fournisseur du roi, puis de l’empereur, et de nombreuses autres tables prestigieuses dès le XIXe siècle. Elle participe aussi à de grands décors extérieurs en perfectionnant la technique de la galvanoplastie massive : les statues de l’Opéra de Paris, ou encore la Vierge de Notre-Dame de la Garde à Marseille, la plus grande galvanoplastie du monde, font partie de ses réalisations les plus spectaculaires. »

« Proches de l’Union centrale des arts décoratifs (Ucad), qui donne naissance au musée des Arts décoratifs, les familles Christofle et Bouilhet forgent des liens étroits entre leur maison et cet établissement, dès sa création en 1864. Ainsi, Christofle participe à toutes les expositions de l’Ucad, ce qui donne lieu à des dons ou à des achats par l’institution. Christofle fait même l’objet d’une exposition du musée des Arts décoratifs en 1964, preuve de l’amitié durable entre les deux institutions, sublimée aujourd’hui par cette nouvelle exposition : ≪ Christofle, une brillante histoire ≫.

« Suivant l’évolution des coutumes, Christofle équipe les plus grands hôtels, et les nouveaux moyens de transport depuis le milieu du XIXe siècle : trains, paquebots, puis avions de luxe sont autant d’écrins pour les pièces d’orfèvrerie dessinées pour eux. »

« Pour satisfaire cette clientèle exigeante et diverse, Christofle collabore depuis ses débuts avec des artistes de premier plan, ainsi que des designers de renommée internationale. Elle affirme ainsi une esthétique qui lui est propre, tout en faisant entrer les grands courants artistiques au sein des foyers : styles historiques, Art nouveau, puis Art déco sont ainsi dignement représentés sur toutes les tables. Intemporelles et durables, les pièces Christofle sont aussi conçues pour être transmises. »

« Aujourd’hui, la production de la maison est toujours assurée par sa manufacture de Yainville, en Normandie, où se trouve également son atelier de haute orfèvrerie, destiné aux commandes exceptionnelles. »

« Grâce à un savoir-faire unique perpétué de génération en génération, la maison réinvente arts de la table, bijou et décoration depuis près de deux siècles. »

« Sa mission, plus que jamais : argenter la vie, un travail d’orfèvre. »


Du 14 novembre 2024 au 20 avril 2025
107, rue de Rivoli. 75001 Paris
Tél. : +33 (0) 1 44 55 57 50
Du mardi au dimanche de 11h à 18h
Nocturne le jeudi jusqu’à 21h 
Visuels :
Affiche
Cafetière du service Dip Malmaison. Christofle. École cantonale d’art de Lausanne (ECAL) et Adrien Rovero (né en 1981), designer. 2006. Métal argenté, caoutchouc. Conservatoire Bouilhet Christofle 
© François Coquerel

Étapes de dorure partielle d’une cuillère de table Jardin d’Eden —
Christofle
Marcel Wanders (né en 1963), designer
2018
Métal argenté et doré
Conservatoire Bouilhet
Christofle
© Gwenaëlle Dautricourt pour Christofle

Surtout du service des cent couverts livré à Napoléon III pour le palais des Tuileries, pièce centrale « La Francedistribuant des couronnes de gloire » — Christofle
François Gilbert (1816‑1891), Georges Diebolt (1816‑1861), Pierre‑Louis Rouillard (1820-1881), sculpteurs
1852-1855
Métal argenté
Paris, musée des Arts décoratifs
© Les Arts Décoratifs /Jean Tholance

Fontaine à rafraîchissement —
Christofle
Marcel Eudes (actif entre 1873 et 1889) et Claude Leprêtre (actif vers 1873), sculpteurs
1873
Métal argenté et doré, ivoire
Conservatoire Bouilhet 
Christofle
© Christophe Dellière

Encoignure « genre japonais » — Christofle
Émile Reiber (1826 1893), dessinateur,
attribuée à Grohé Frères, ébénistes, Eugène Capy (1829‑1894) et Léon Mallet (actif entre 1874 et 1900), sculpteurs, Eugène Guignard (1817 ?), auteur de la patine, Jean‑Baptiste Tard (1834‑1894), émailleur
Vers 1874
Chêne, ébène, poirier noirci, noyer teinté et noirci, palissandre de Rio, palissandre des Indes, wacapou, bois d’amourette, alliage de cuivre argenté, doré et patiné, émail cloisonné
Paris, musée des Arts décoratifs
© Les Arts Décoratifs / Christophe Dellière

Bouilloire à bascule du service à thé et à café « Courge » —
Christofle
Léon Mallet (actif entre 1874 et 1900), sculpteur
Vers 1891
Métal argenté, argent, ivoire
Conservatoire Bouilhet
Christofle
© Christophe Dellière 

Table dressée pour la salle à manger de première classe du paquebot Normandie,
service de table Transat et couverts Atlas —
Christofle
Luc Lanel (1893-1965), dessinateur
1933-1935
Paris, musée des Arts décoratifs et collection de Saint-Nazaire Agglomération Tourisme‑Ecomusée
© Christophe Dellière

Encart publicitaire Christofle, Air, Terre, Mer —
Vers 1954
Impression offset
Conservatoire Bouilhet
Christofle
© Christophe Dellière

MOOD by Christofle noir, fond blanc, ouvert, logo Christofle
Christofle
2018
Acier, métal argenté, polymère
Conservatoire Bouilhet
Christofle
© Studio des fleurs pour Christofle


Les citations proviennent du dossier de presse.

jeudi 10 avril 2025

Lee Friedlander, photographe

Lee Friedlander est un photographe américain Juif né en 1934. Représentant de la 
street photography (photographie de rue), cet observateur des Etats-Unis s’est distingué par le « paysage social » d’un pays urbanisé, industriel, capitaliste qu’il révèle sans a priori, et en refusant la photographie engagée (Concerned photography). LUMA Arles accueille l'exposition "Lee Friedlander Framed by Joel Coen". 


Lee Friedlander est né en 1934, à Aberdee (Etat de Washington) dans une famille dont la branche paternelle a fui les persécutions antisémites de l’Allemagne nazie, et dont la branche maternelle est originaire de Finlande.

A la mort de sa mère (1940), Lee Friedlander est accueilli par une famille de fermiers près de sa ville natale, pendant sept ans. Il retrouve sa famille, dont son père agent de change, pendant les vacances.

Sa passion pour la photographie ? Elle remonte à l’enfance quand, à cinq ans, il découvre la chambre noire et le développement de la photographie jusqu’à sa révélation progressive sur une feuille de papier. Cet adolescent grand lecteur est féru de jazz.

En 1952, il est admis à l’Art Center School of Design à Los Angeles.

Trois ans plus tard, il se fixe à New York. Influencé par Eugène Atget, Robert Frank et Walker Evans, il collabore à Esquire, Holiday, Seventeen et au Sports Illustrated.

Avec le microsillon, la pochette de disque (Record Cover), en particulier de jazz, a bénéficié de talentueux graphistes et photographes : Lee Friedlander qui travaille pour Atlantic Records, Herman Leonard… En plus de ses portraits de jazz men - John Coltrane, Aretha Franklin et Miles Davis - destinés à ces c couvertures d’albums, Lee Friedlander suit les orchestres lors de leurs tournées et enseigne la photographie.

Boursier de la Fondation Simon Guggenheim (1960, 1962, 1977), Lee Friedlander voit sa première exposition être présentée en 1963, par la George Eastman House à Rochester.

Avec son épouse Maria et leurs deux enfants, il séjourne pendant un an en Grande-Bretagne, France, Espagne et Italie.

« American Social Landscape »
En 1966, Lee Friedlander participe à « Social Landscape », exposition collective à Rochester. Cette expression « Social Landscape » (Paysage social) définit selon lui son travail.

Responsable de la photographie au MoMA, John Szarkowski réunit en 1967 Lee Friedlander, Diane Arbus et Garry Winogrand, dans l’exposition « New Documents », pour faire découvrir des artistes ne souhaitant pas « réformer la vie mais la connaître ».

« L'influence pop, les facéties spontanées, et les innovations formelles marquent la première période de Friedlander et caractériseront toujours son travail. Toutefois, à l'orée des années 1970, sa sensibilité, son style et ses sujets s'élargissent. Un flot continu d'observations nourrit ses photographies d'où se dégagent charme et lyrisme ; à l'affût des variations subtiles des formes et de la lumière, il produit des images urbaines richement descriptives ».

En 1973, les Rencontres d’Arles distinguent notamment Lee Friedlander lors d’une Soirée américaine.

« En 1976, Lee Friedlander publie The American Monument, une sélection de photographies rendant hommage à la variété des monuments publics — nobles, grandioses ou ridicules — que compte le pays. Le style alerte de Friedlander se conforme à la variété de ses sujets, engendrant des images, tour à tour émoussées, complexes, prosaïques, drôles, ironiques, tendres ou graves. Il saisit l'Amérique aussi richement que l'a fait en France, un demi-siècle plus tôt, Eugène Atget pour lequel il a une admiration grandissante, ajoutant à sa vision émerveillée du monde un hommage à la tradition ».

Le travail de Friedlander murit au fil des années et « se pare d'un style plus voluptueux. Sa réputation grandissante lui vaut de nouvelles commandes ». En 1979, lors de la première commande majeure – celle de l’Akron Art Institute en 1979 -, il réalise Factory Valleys: Ohio and Pensylvania, « série de photographies de l'industrie du Midwest et de portraits éloquents rendant hommage au monde du travail ».

Friedlander s'intéresse « essentiellement à l'individualité ; ses clichés révèlent son intérêt, voire son admiration pour ses sujets. Cinq commandes ultérieures lui permettront d'approfondir le thème de l'homme au travail (employés de bureau devant leur ordinateur, télé-opérateurs, etc. ) ».

Le numéro de septembre 1985 de Playboy a publié les photographies de Madonna nue réalisées en 1979. En 2009, l’un de ces clichés, estimé 10 000-15 000 dollars, est vendu par Christie’s 37 500 dollars. Dans les années 1980, Lee Friedlander « produit un grand nombre d'images, continuant de capter les aspects du quotidien américain, tout en traitant d'autres thèmes comme les nus ou les cerisiers du Japon, séries qui se construisent chacune à son rythme ». En 1991, il complète sa série Nudes initiée lors de la précédente décennie.

Au début des années 1990, Lee Friedlander  substitue au Leica - format 24 × 36 - l'Hasselblad - format carré, grand angle, « grande précision de l'image du fait de la taille du négatif » -, qui lui permet de photographier les paysages ruraux de l’Ouest américain de son enfance. Ce nouvel outil, qu’il gardera pour ses travaux ultérieurs, « lui permet une exploration de tous les champs de l'image, des premiers plans plus recherchés, des arrière-plans où il peut traquer le moindre détail ».

Lee Friedlander réalise divers projets parmi lesquels Sticks & Stones : Architectural America, publié en 2004 ; il s'agit là du dernier chapitre de l'exploration, exceptionnellement vaste et éclatante, d'une Amérique contemporaine. Largement représentés dans cette exposition, les grands paysages de l'Ouest américain illustrent son goût inné pour ces décors naturels, majestueux, grandioses ou étranges ; ils témoignent de l'intensité du regard de Friedlander et de sa faculté à transmettre les sentiments qu'ils lui inspirent ».

En 2003, Lee Friedlander reçoit la médaille spéciale de la Royal Photographic Society britannique.

Jeu de Paume
En 2006, le Jeu de Paume  a montré la rétrospective itinérante - 477 clichés, essentiellement en noir et blanc, six photographies en couleurs, des livres et portfolios de Lee Friedlander, des années 1960 à nos jours - de ce photographe américain auteur d’une vingtaine de livres, couvrant une large variété de thèmes : des paysages urbains – scènes de vie quotidienne à New York - et ruraux nord-américains, ainsi que des portraits et des nus. L’œuvre de ce grand photographe « puriste » du XXe siècle pendant un demi-siècle. Dans certains clichés aux contrastes accentués, cette exposition soulignait le goût de l’insolite et l’humour décalé de cet artiste dont la famille paternelle a fui l’Allemagne nazie.

« Une certaine espièglerie apparaît dans son travail où il transforme les éléments qui auraient pu gêner le cadre, ou même les erreurs photographiques en calembours ou motifs de séduction : un poteau empêche la lecture d'un texte, une vitrine sème le trouble entre intérieur et extérieur, l'ombre du photographe ou son reflet s'ajoutent à l'image. Il invente un univers pictural particulier, constitué de reflets, de superpositions ou d'élisions. Pour d'autres photographes, ces ombres et reflets auraient pu créer un problème, Friedlander, lui, les accueille comme un cadeau instantané. La quête de ces incongruités attise la verve créative de la photographie moderne. Comme Winogrand, Friedlander révèle l'énergie incontrôlable de la ville et dévoile le pouvoir de la photographie à transformer ce qui est donné à voir ».

« Comme Walker Evans et Robert Frank, Lee Friedlander capte l'ordinaire de la ville et du quotidien américains, les devantures des magasins, les annonces publicitaires, la télévision, les voitures, la vie urbaine dans son ensemble. L'influence pop, les facéties spontanées et les innovations formelles marquent ses débuts de photographe dans les années 1950 et caractériseront toujours son travail. Toutefois, à l'orée des années 1970, sa sensibilité, son style et ses sujets s'élargissent. Un flot continu d'observations nourrit ses photographies d'où se dégagent charme et lyrisme. À l'affût des variations subtiles des formes et de la lumière, il produit des images urbaines richement descriptives, révélant l'énergie incontrôlable de la ville et dévoilant le pouvoir de la photographie à transformer ce qui est donné à voir. Au début des années 1990 il photographie  les paysages de l'Ouest américain où il est né - tirages qui illustrent son goût pour les décors grandioses ou étranges et témoignent de l'intensité de son regard ».

Dans la préface de Self Portrait en 1970, Lee Friedlander observe que ses autoportraits sont « l'extension périphérique de son travail […] un petit rire nerveux ».

Lee Friedlander « repère les étrangetés indéfinissables, et souvent très temporaires, des espaces urbains, comme des apparitions de signes éphémères d'une présence espiègle et incontrôlée. Il sait transformer un environnement familier en un cryptage dans lequel l'œil retrouvera des codes au second degré. Il traite des ambivalences d'espace, des difficultés d'interprétation visuelle, de la confusion optique et des similitudes d'indices formels (des poteaux verticaux, des enseignes, des feuillages) ; il orchestre les reflets des vitrines, les miroirs improvisés, les images en incrustation, les ombres métamorphosées par l'objet sur lequel elles se projettent (autoportraits). Lee Friedlander a modelé un visage imprévu de son pays — désarticulé en regard de la stabilité ancestrale vantée par Evans ou Abbott — et constitué petit à petit le lexique du rêve américain, fait d'apparitions télévisées, de miroirs inconstants, de lumières clignotantes ou d'autoroutes désertes. Il offre une ouverture inconditionnelle et médusée aux imprévus du regard », a analysé Michel Frizot (Photo Poche, Centre National de la Photographie, 1989).

Collection Howard Stein
Les 11 et 12 décembre 2014, Sotheby's proposa à New York la vente aux enchères d'un seul propriétaire privé et intitulée 175 Masterworks To Celebrate 175 Years Of Photography: Property from Joy of Giving Something Foundation.

Ces 175 chefs d’œuvres de photographes sont issus de la collection du philanthrope et financier Howard Stein (1926-2011) qui l'avait donnée à sa fondation.

Parmi les artistes choisis depuis les origines de cet art : le photographe américain Lee Friedlander  représenté par Philadelphia, Pennsylvania, estimé 8 000-12 000 dollars, et Spain, estimé 10 00-15 000 dollars.

"Western Landscapes"
La Fraenkel Gallery présenta, dans le cadre de Paris Photo, l'exposition Lee Friedlander: Western Landscapes. Des paysages spectaculaires photographiés en noir et blanc dans les années 1990 et 2000.

« Les paysages en noir et blanc de Friedlander intègrent une panoplie de formes naturelles : crêtes montagneuses sinueuses, lacs en miroir, arbres tortueux et herbes touffues. Même à la lumière du jour, Friedlander utilise fréquemment le flash pour créer des compositions à couches denses mêlant le premier plan et l'arrière-plan. »

« Bien que les sujets de Friedlander incluent certains des paysages les plus spectaculaires de l'Ouest, comme le Yosemite, la Vallée de la Mort, les Tetons et Big Bend, sa perspective est radicalement différente des représentations idéalisées qui ont façonné la conception nationale de ces trésors souvent photographiés. »

"Lee Friedlander: American Musicians"

« Cette exposition marque la deuxième collaboration de la galerie avec l'artiste et met en lumière une sélection d'images emblématiques de musiciens américains réalisées par Friedlander. Mettant en vedette des artistes de jazz, de country et de blues, les photographies retracent l'histoire de la musique américaine d'après-guerre sur quatre décennies, des années 1950 au début des années 1980. »

« Dans les années 1950, Friedlander a commencé à photographier des musiciens de jazz à Los Angeles, et son intérêt profond pour la musique l'a conduit à devenir le photographe attitré d'Atlantic Records à New York. Au cours des décennies suivantes, dans le cadre de ses fonctions chez Atlantic et de son travail indépendant, il a photographié certains des plus grands musiciens américains, tels que John Coltrane, Billie Holiday, Ella Fitzgerald, Miles Davis, Orenette Coleman, Ray Charles, Louis Armstrong, Aretha Franklin, Johnny Cash et bien d'autres. 
Les photographies montrent les musiciens dans tous les aspects de leur vie et de leur travail : enregistrement en studio, concerts, tournées, ainsi que des images plus intimes des coulisses et des portraits. Les photographies de Friedlander capturent certains des moments les plus mémorables de l'art musical américain, et nombre d'entre elles orneront plus tard les couvertures d'innombrables albums remarquables de ces artistes. En 1998, D.A.P. a publié American Musicians, une monographie qui présente le portfolio dans son intégralité. »

« Dans toute la série American Musicians, on retrouve l'intérêt de Friedlander pour le paysage social américain, ainsi que son approche caractéristique de la création d'images. Ses angles décalés surprenants et ses compositions denses et multicouches créent des juxtapositions inhabituelles et dynamiques dans lesquelles des objets éphémères personnels et culturels se mêlent, et des ombres ou des objets dramatiques entourent les personnages. 

Une image de 1956 capte un éclat de lumière dorée qui éclaire le croissant du visage de Sarah Vaughn dans l'obscurité ambiante. Dans une autre œuvre de 1956, un moment extraordinaire est capturé lorsque la trompette de Louis Armstrong souligne le mot "Voice" dans une bannière qui s'étend derrière lui. 
Une photographie de 1982 d'Allan Jaffe représente le tubiste (joueur de tuba, Ndt) étroitement entouré de son instrument et d'une collection de souvenirs divers. En dépeignant ses sujets avec une profonde révérence, une sincérité, une précision et, parfois, un humour sournois, Friedlander célèbre ces grandes figures et leur influence significative sur la culture américaine. »

« Lee Friedlander, né en 1934, a commencé à photographier le paysage social américain en 1948. Grâce à sa capacité à organiser une grande quantité de matériel visuel en compositions dynamiques, il a réalisé des images humoristiques et poignantes parmi le chaos de la vie urbaine, les paysages naturels denses et d'innombrables autres sujets. Friedlander est également reconnu pour un groupe d'autoportraits qu'il a commencé dans les années 1960, reproduit dans Self Portrait (1970), une exploration à laquelle il s'est à nouveau livré à la fin des années 1990, et qui a été publiée dans une monographie par la Fraenkel Gallery en 2000. 
L'œuvre de Friedlander est détenue par d'importantes collections, dont l'Art Institute of Chicago ; le George Eastman Museum, Rochester, NY ; le Metropolitan Museum of Art, New York ; le Museum of Modern Art, New York ; la National Gallery of Art, Washington D.C. ; le San Francisco Museum of Art ; le Whitney Museum of American Art, New York, entre autres. »

"Lee Friedlander Framed by Joel Coen"
LUMA Arles accueille l'exposition "Lee Friedlander Framed by Joel Coen". Le commissaire d'exposition est Matthieu Humery, Curateur. Cette exposition de 70 tirages en noir et blanc choisis par le réalisateur oscarisé et d'un film réalisé par Joel Cohen pour ce projet artistique fait partie de la séquence « Arles Associé » des Rencontres d’Arles.

"Un face-à-face, un travail collaboratif, une dédicace de l’un à l’autre : comment décrire cet exercice ? Joel Coen, un artiste cinéaste, s’introduit dans l’œuvre d’un autre artiste, le photographe Lee Friedlander."
 
"Il extrait de son corpus une sélection purement subjective. Celle-ci fera exposition. Ce geste tranchant, individuel et définitif, est ici et surtout une immersion dans un univers nouveau où le Moi s’exalte d’abord à travers l’hommage rendu à l’œuvre d’un seul homme, mais aussi par l’expression visuelle de la personnalité du commissaire. Sa signature est impossible à ignorer. Cette recomposition du travail de Friedlander crée des liens entre ses images et ouvrent de nouvelles perspectives, un dialogue fécond entre image fixes et mouvantes".

"On reconnaîtra aisément les connivences, les clins d’œil entre le cinéma de l’un et la photographie de l’autre : la fragmentation du temps et de l’espace par le truchement du cadrage et du jeu des lignes, ces portraits acerbes d’une Amérique qui déraille, l’intrusion de l’étrangeté dans le banal, l’urbanité solitaire, l’événement dans le quotidien ou encore une approche ludique de la narration."

"Prisme partial, ce double portrait n’en est pas moins une mini-rétrospective du travail de Friedlander : en effet cette exposition traverse toute la carrière du photographe, des années 1960 à nos jours. Lee Friedlander Framed by Joel Coen rassemble deux expositions présentées simultanément à New York et à San Francisco. Au complet, le dispositif visuel composé de 70 images et d’un film permet d’approcher la vision du cinéaste dans sa globalité, et révèle un petit peu de son histoire, de sa personnalité et de la place que les œuvres de Friedlander ont pu prendre au sein de son travail et de sa vie."

Lee Friedlander, "né en 1934 à Aberdeen, Washington, vit et travaille à New City, État de New York. 
Lee Friedlander a commencé à photographier le paysage social américain en 1948. Capable d’organiser une grande quantité d’informations visuelles au sein de compositions dynamiques, Friedlander a réalisé des images humoristiques et poignantes dans le chaos de la vie urbaine ou dans des paysages naturels denses, en se concentrant sur d’innombrables sujets allant des voitures aux arbres en passant par les monuments et les nus. La galerie Fraenkel a commencé à exposer le travail de Friedlander en 1979, année  où elle a ouvert ses portes, et a présenté près de 20 expositions personnelles depuis lors".

"De nombreuses photographies prises au début de sa carrière s’attachent à la rue, où il trouve des preuves de la complexité du paysage social américain dans des compositions espiègles qui recensent des personnes, des bâtiments, des publicités et des reflets. Friedlander est reconnu pour un groupe d’autoportraits commencé dans les années 1960 qui a fait l’objet d’une monographie publiée par la galerie Fraenkel en 2000. Sa série des années 1960, The Little Screens, montre des écrans de télévision dans des chambres de motel et d’autres espaces anonymes, associant des images télévisées inquiétantes et lumineuses à leur environnement du milieu du siècle dernier. Des années 1950 aux années 1970, tout en poursuivant son travail dans la rue, Friedlander photographie des artistes de jazz, de country et de blues, réalisant des images qui figurent souvent sur les pochettes d’album et qui ont été rassemblées dans l’ouvrage American Musicians (1998). Dans les années 1970, Friedlander conçoit The American Monument, série de photographies de statues et de monuments à travers le pays. Cadrée de manière à souligner une relation ironique ou surprenante entre les monuments et leur environnement, la série complique la notion de commémoration au cours de la décennie du bicentenaire de l’Amérique".

"Parmi les nombreuses monographies élaborées et publiées par Friedlander lui-même, figurent Sticks and Stones, Lee Friedlander : Photographs, Letters From the People, Apples and Olives, Cherry Blossom Time in Japan, Family et At Work. En 2017, l’artiste et Yale University Press ont publié une ambitieuse série de six livres intitulée The Human Clay – immense collection de portraits de rue et d’environnement choisis et édités par Friedlander à partir de ses vastes archives, dont beaucoup n’ont encore jamais été publiés. Des projets récents, tels que Signs, Chain Link, Dog’s Best Friend, et Lee Friedlander Framed by Joel Coen continuent de revisiter les archives de plus de soixante ans de Friedlander, en y trouvant de nouvelles connexions et des thèmes qui ont traversé toute sa carrière".

"L’œuvre de Friedlander a fait partie de la très influente exposition New Documents de 1967, organisée par John Szarkowski au Museum of Modern Art de New York. En 2005, Friedlander a reçu le prestigieux prix Hasselblad et fait l’objet d’une rétrospective itinérante de grande envergure et d’un catalogue organisés par le Museum of Modern Art. En 2010, le Whitney Museum of American Art, à New York, a exposé l’intégralité de son œuvre, America by Car. En 2017, la Yale University Art Gallery a exposé et publié certains de ses premiers travaux : des photographies de participant·es au Prayer Pilgrimage for Freedom de 1957 à Washington. En 2020, la Fundación MAPFRE de Madrid a organisé une grande rétrospective, qui a voyagé à Barcelone, Berlin et dans d’autres villes. Ses œuvres font partie de collections importantes, notamment l’Art Institute of Chicago ; le George Eastman Museum, Rochester, New York ; le Metropolitan Museum of Art, New York ; le Museum of Modern Art, New York ; la National Gallery of Art, Washington ; le musée d’Art moderne de San Francisco ; et le Whitney Museum of American Art, New York, parmi bien d’autres".

"Joel Coen, né en 1954 à Saint Louis Park, dans le Minnesota Joel Coen est un cinéaste oscarisé. Son frère Ethan et lui ont réalisé ensemble 18 films, dont No Country For Old Men, Fargo, Sang pour sang, True Grit, The Big Lebowski, A Serious Man, Inside Llewyn Davis, Arizona Junior et La Ballade de Buster Scruggs. Ils ont remporté quatre Oscars pour le meilleur film, les meilleurs réalisateurs, le meilleur scénario original et le meilleur scénario adapté. Ils ont également été récompensés par le National Board of Review, les Golden Globes, les BAFTA, la WGA et la DGA. À Cannes, ils ont remporté trois fois le prix des meilleurs réalisateurs, le Grand Prix et la Palme d’or. Macbeth est le 19ᵉ long métrage de Joel et son premier film en solo".

« Dans sa sélection de 70 photographies de Lee Friedlander, le cinéaste Joel Coen souligne le sens de la composition, d'une beauté étrange. Dans le style caractéristique de Friedlander, les images sont décalées et visuellement denses, coupées et sculptées par des panneaux stop et des poteaux électriques, des vitrines et des reflets, des portières de voiture et des pare-brise, ou encore des ombres et des arbres. « En tant que cinéaste, j'ai aimé l'idée de créer une séquence qui mettrait en valeur l'approche inhabituelle de Lee en matière de cadrage : sa façon de diviser, d'éclater, de répéter, de fracturer et de réassembler des éléments dans des compositions nouvelles et impossibles », a écrit Joel Coen dans le catalogue.

« Présentant des œuvres couvrant plus de 60 ans, le livre inclut des extraits de certaines des séries les plus célèbres de Friedlander, dont The American Monument, America by Car, The Little Screens et d'autres, agencés de manière à établir des liens entre forme et composition plutôt qu'avec le sujet. Dans une postface, la célèbre actrice Frances McDormand décrit le lien qui unit les deux artistes. Coen et Friedlander « recèlent des mystères qui semblent liés. Ils capturent et remplissent tous deux des cadres d'images parfois simples, parfois d'une complexité chaotique qui suscitent l'interrogation » , écrit-elle. 



Du 30 juin 2024 au 13 avril 2025
A La Tour, Niveau -2, Galerie des Archives
LUMA Arles. Parc des Ateliers. 35 avenue Victor Hugo. 13200, Arles, France
Tél. : 04 65 88 10 00
Ouvert de 10h00 à 18h00
Fermeture les lundis et mardis
Visuels :
Lee Friedlander
New York City
1964 / printed ca. 1980s

Portrait de Lee Friedlander
© Lee Friedlander, avec l’aimable autorisation de Fraenkel Gallery, San Francisco et de Luhring Augustine, New York

Portrait de Joel Coen
Avec l’aimable autorisation de Joel Coen

Du 9 juin au 5 août 2022
17 White Street. New York, NY 10013
Tel: 646.960.7540
Du lundi au vendredi de 10 h à 17 h 30
Visuels :
Lee Friedlander 
Frank Sinatra, Los Angeles, 1955 
Gelatin silver print

Lee Friedlander 
Billie Holiday, 1959 
Gelatin silver print

Lee Friedlander 
Miles Davis, 1969 
Pigment print

Lee Friedlander 
Sarah Vaughan, 1956 
Pigment print

Lee Friedlander 
Louis Armstrong, 1956 
Gelatin silver print

Lee Friedlander 
Allan Jaffe, 1982 
Gelatin silver print

Lee Friedlander 
Ella Fitzgerald, New York City, 1955 
Gelatin silver print

Lee Friedlander 
Chet Baker, 1957
Gelatin silver print

Du 27 octobre 2016 au 23 décembre 2016
A la Fraenkel Gallery
49 Geary Street. 94108 san francisco
Tel. :  +1 415 981 26 61

Visuels
Philadelphia, Pennsylvania
Signed in pencil and with the photographer's '44 South Mountain Rd., New City, New York 10956' credit/studio and reproduction rights stamps on the reverse, 1961
5 1/2  by 8 1/4  in. (14 by 20.9 cm.)

Spain
signed, titled, dated, and annotated '8-2' in pencil and with the photographer's '44 South Mountain Road, New City, N. Y. 10956' credit/studio and reproduction rights stamps on the reverse, 1964
6 1/8  by 9 1/8  in. (15.6 by 23.2 cm.)

A lire sur ce blog :

  Cet article a été publié en une version concise par L'Arche. Il a été publié sur ce blog le 9 décembre 2014, puis les 9 janvier 2015, 22 décembre 2016, 3 août 2022.