Citations

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« Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort. Il est de porter la plume dans la plaie. » (Albert Londres)
« Le plus difficile n'est pas de dire ce que l'on voit, mais d'accepter de voir ce que l'on voit. » (Charles Péguy)

vendredi 6 décembre 2024

Soirées des CCJ

Créés notamment par le commissaire honoraire Sammy Ghozlan (1942-2023) au début des années 2000 pour combattre la recrudescence de l'antisémitisme consécutive à l'Intifada II, les CCJ (Conseils des communautés juives) d'Ile-de-France sont des interlocuteurs incontournables des préfets et des élus franciliens. Preuve est fournie par le dîner républicain annuel le 3 décembre 2024, organisé au Pavillon Baltard (Nogent-sur-Marne) sous la Présidence d'honneur de Jacques J.P. Martin, maire de Nogent-sur-Marne, par le Conseil des Communautés juives du Val-de-Marne (CCJ 94) et l'Union des Collectivités du Val-d'Oise (UCJ 95), leurs Présidents Gérard Uzan et René Taieb, les communautés et associations du Val-de-Marne, du Val-d'Oise et d'Ile-de-France. Environ 650 convives ont entendu des représentants de premier rang de préfectures, des édiles de conseils municipaux et départementaux assuré leur soutien à leurs concitoyens juifs alors que perdure la hausse du nombre d'actes antisémites durant la guerre existentielle d'Israël après l'agression djihadiste du 7 octobre 2023 sur son territoire. 

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Au début des années 2000, Sammy Ghozlan (1942-2023), commissaire honoraire, avait créé le BNVCA (Bureau national de vigilance contre l'antisémitisme) et les Conseils départementaux des communautés juives (CCJ) de Seine-Saint-Denis, déclinaison du premier CCJ fondé dans le Val-de-Marne. En contact direct avec leurs coreligionnaires, ces CCJ recensent dans leurs départements, les actes antisémites, en informent les services de police, de la préfecture et des édiles municipaux, préconisent des mesures de sécurité, etc.

Comité 94 des Français Amis d’Israël (CFAI 94) 
Le 5 mars 2003, le Centre Communautaire Juif du 94 a organisé à Maisons-Alfort une soirée pour présenter le CFAI 94 (Comité 94 des Français Amis d’Israël). Elus français et personnalités israéliennes ont convenu de renforcer les liens entre les peuples concernés. 

Quand S.E. Nissim Zvili, ambassadeur d’Israël en France, a pris ses fonctions, il a découvert la profonde détérioration de l’image de son pays dans les médias et dans l’opinion publique. Il a réagi en encourageant la réactivation ou la création d’associations d’amitié franco-israélienne. Les CCJ ont donc décidé d’instituer des Comités départementaux des Français Amis d’Israël, « structures apolitiques pour promouvoir les liens d’amitié et de coopération entre la France et Israël dans les domaines culturel, universitaire, scientifique et social ».

Pour lancer celui du Val-de-Marne, quoi de mieux qu’un dîner ? La longue soirée du 5 mars a permis aux 400 convives de connaître un Israël méconnu, voire d’adhérer au CFAI 94.

Survenu quelques heures auparavant, l’attentat à Haïfa donnait un relief particulier aux discours de Henri Plagnol, Secrétaire d’Etat délégué à la réforme de l’Etat, des députés, maires, conseillers généraux et régionaux, du ministre israélien du tourisme, Benny Elon, de M. Zvili, des membres de la communauté juive francilienne et de l’écrivain Morad El Hattab.

Ceux-ci ont loué la démocratie israélienne, condamné le terrorisme, rappelé la nécessité d’assurer la sécurité d’Israël dans des frontières sûres et prévu la création à terme d’un Etat pour les Palestiniens. Ils ont espéré la reprise du tourisme et la multiplication de relations protéiformes entre Israéliens et Français, tant l’apport de l’Etat hébreu est bénéfique : la société Civen Imaging a innové par un système d’ingénierie médicale remarquable, l’Université hébraïque de Jérusalem poursuit des recherches scientifiques de haut niveau, etc. Quant aux édiles locaux, ils ont réitéré la volonté des Pouvoirs publics de lutter contre « l’antisémitisme, le communautarisme et les extrémismes ». S’esquissaient alors des voies d’actions pour le CFAI, sous le regard bienveillant des édiles de toutes sensibilités, de l’UMP au Parti communiste.

M. Zvili a conclu par un plaidoyer grave où il a réfuté les stéréotypes négatifs accolés à Israël. Il a notamment insisté sur les valeurs éthiques et morales des soldats de Tsahal et le rôle néfaste des dirigeants palestiniens.

CCJ 93
Le 26 mars 2003, le CCJ de Seine-Saint-Denis (93) a organisé à Villepinte une soirée en l’honneur de S.E. Nissim Zvili et pour présenter le Comité des Français Amis d’Israël (CFAI) du 93. L’occasion d’un dialogue direct entre les élus locaux et cet ambassadeur.

Comment rétablir la vérité sur Israël dénigré par certains médias ? Les CCJ recourent notamment à deux solutions. D’une part, ils créent les CFAI, et ce soir-là fut inauguré le CFAI 93. D’autre part, ils organisent des soirées où se rencontrent des édiles et M. Zvili. Ils visent ainsi à contrebalancer les actions de mairies accueillant maires palestiniens et Leïla Shahid.

Le prestige de la soirée du CCJ 93 ? Parmi les 450 convives, figuraient 300 élus politiques de tous bords (UMP, UDF, PS, PC, Verts) et hauts fonctionnaires, dirigeants communautaires, dont Roger Cukierman, président du CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France), rabbins, responsables chrétien et musulman du groupe interreligieux local, et l’écrivain Morad El Hattab. En attestent aussi les partenaires : la délégation départementale du CRIF, le FSJU, le Centre Simon Wiesenthal (CSW), le Congrès Juif Européen, l’UPJF (Union des patrons juifs de France), le B’nai B’rith d’Ile-de-France et l’Association Des Elus Locaux et Municipaux Amis d’Israël.

Les élus ont exprimé leur attachement à Israël, un Etat démocratique. Puis Sammy Ghozlan, président du CCJ 93, a détaillé l’apport de la communauté juive à l’essor économique du 93, connu pour le Stade de France et le camp de Drancy, et décrit l’intensité de la vie juive et la profondeur du lien des Juifs à l’Etat hébreu. Si les relations avec les autorités publiques et les autres communautés s’avèrent satisfaisantes, M. Ghozlan a insisté sur le nombre élevé d’actes antisémites commis en Seine-Saint-Denis. C’est dans les villes où ont été incendiées les synagogues qu’ont été interpellés les islamistes liés à des réseaux terroristes.

M. Zvili a enfin dépeint la réalité quotidienne des Israéliens : leur aspiration à la paix, et leur usage forcé d’actions militaires pour assurer la survie de leur Etat menacé. A peine sortis de l’adolescence, forts de leurs valeurs morales, les soldats israéliens préserver la sécurité de leurs familles, menacées par des attentats terroristes et des attaques chimiques. Si M. Zvili comprend la position de la France à l’égard du conflit en Irak, il a alerté sur le devoir de « ne pas se tromper d’ennemi ».

A l’unisson de cette soirée médiatisée et organisée notamment par André Scemama, des chansons françaises et israéliennes ont charmé le public.

Dîner républicain 2024
Entre les deux tours des élections législatives (30 juin et 7 juillet 2024), une trentaine de présidents d'organisations juives françaises réunies dans le cadre de CCJ et de la Confédération des juifs de France et Amis d’Israël (CJFAI), avaient rencontré discrètement le 1er juillet 2024 Marine Le Pen et des dirigeants du Rassemblement national (RN), un parti politique qui, au premier tour, avait recueilli 9 379 092 voix (29,26 des suffrages exprimés, 19,01% des inscrits). Certains prévoyaient alors que le RN pourrait disposer d'une majorité à l'Assemblée nationale au soir du second tour de scrutin.

Invités à participer à cette réunion, le CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France) et le Consistoire Central de France avaient décliné cette proposition. 

Interrogée sur l'abattage rituel, la circoncision, le port de la kippa, la date d'examens souvent fixée lors de chabbat ou de fêtes juives, Marine Le Pen avait tenu des propos rassurants. Sur Israël, elle avait souhaité "l'éradication totale du Hamas" et une "paix totale entre Israéliens et Palestiniens".

Cette réunion avait déplu au CRIF et aux Consistoires car elle rompait leur ligne "ni extrême-droite ni extrême gauche", donc pro-"extrême-centre macronien". Elle correspondait au souhait de dirigeants communautaires de tenir compte de la réalité de la vie politique française, sans être instrumentalisés, et du sur-vote de leurs coreligionnaires pour Reconquête ! et le RN. Elle permettait aussi à la communauté juive institutionnalisée de dégager des marges de manœuvre politique en une période d'interrogations sur son avenir en France. 

Plusieurs mois après cette réunion, le Conseil des Communautés juives du Val-de-Marne (CCJ 94) et l'Union des Collectivités du Val-d'Oise (UCJ 95), leurs Présidents Gérard Uzan et René Taieb, les communautés et associations du Val-de-Marne, du Val-d'Oise et d'Ile-de-France ont organisé un dîner républicain annuel le 3 décembre 2024, au Pavillon Baltard (Nogent-sur-Marne), et placé sous la Présidence d'honneur de Jacques J.P. Martin, maire de Nogent-sur-Marne

Une occasion de montrer, six mois après cette rencontre avec des élus du RN honni de l'establishment communautaire, que ces dirigeants communautaires n'étaient pas ostracisés : ni par les représentants de l'Etat - préfet -, ni par les élus locaux ni par leurs coreligionnaires. Un test réussi. 

Parmi les 650 convives, se trouvaient des représentants de premier rang de préfectures, des édiles de conseils municipaux et départementaux, des commissaires de police, du Consistoire de France, de l'ambassade d'Israël en France et d'associations françaises, juives - BNVCA, OJF (Observatoire juif de France), OJE (Observatoire juif européen), Loge Hatikva de Saint-Mandé du B'nai B'rith - et non juives - C.J.F.A.I. (Confédération des Juifs de France et des Amis d'Israël), MICRA (Mouvement international contre la racisme et l'antisémitisme), Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie -, chrétienne assyrienne, des essayistes - la linguiste Yana Grinshpun, Maître de conférences en Sciences du Langage à l'université Paris Sorbonne Nouvellela journaliste Noémie Halioua -, du Collectif des Vigilants actif sur les réseaux sociaux, de médias - Israël Actualités -, etc.

Rythmée par les chants en hébreu du chœur de la grande synagogue de la rue des Victoires (Paris), dotée d'un écran affichant les visages des otages israéliens, dont deux franco-israéliens, dans la bande de Gaza, la soirée se composait de discours de personnalités, avec, nouveauté, une table-ronde.

Bien que mobilisés par le futur vote prévisible d'une motion de censure par les députés, des préfets absents étaient représentés par leur directeur de cabinet. Le signe de l'importance accordée aux CCJ.
Les orateurs politiques ont assuré leur soutien à leurs concitoyens juifs alors que perdure la hausse du nombre d'actes antisémites durant la guerre existentielle d'Israël après l'agression djihadiste du 7 octobre 2023 sur son territoire. 

Animée par Rachel Binhas, journaliste à Marianne, la table-ronde a réuni deux avocats satisfaits des décisions judiciaires sévère condamnant les prévenus non politiques pour apologie du terrorisme - Me Ouaknine-Melki Muriel, présidente de l'OJE, et Me Franck Serfati, avocat du BNVCA, puis de l'OJF -, Amine El Khatmi, franco-marocain musulman, conseiller laïcité de la présidente de la région Île-de-France Valérie PécresseDéborah Münzer, vice-présidente chargée de la culture, de l'éducation artistique et culturelle, de la vie associative et du tourisme du conseil départemental du Val-de-Marne, dont le combat républicain est quotidien, et François Pupponi, ancien maire de Sarcelles, qui a alerté sur l'implantation de l'islam radical caractérisé par sa haine des juifs et son activisme 24h/24, et 7j/7. 

Quant à Henda Ayari, présidente d'une fondation visant à soutenir les victimes de l'islamisme, elle a retracé son parcours du salafisme et à l'antisémitisme à l'émancipation et au rapprochement avec les juifs. Elle cherche un éditeur pour son autobiographie.

Meyer Habib a exprimé son inquiétude face à l'antisémitisme et son optimisme quant à la victoire prochaine d'Israël dans ses guerres existentielles contre des mouvements terroristes islamistes : le Hamas dans la bande de Gaza, le Hezbollah au Liban. Son optimisme était fondé sur l'élection de Donald Trump comme Président des Etats-Unis. Le nom du Président élu a été accueilli par des applaudissements.

Le Prix Paul Roitman du Bâtisseur communautaire a distingué feu le Dr Charles Sulman, ancien Président de la communauté de Lille et du Consistoire des Hauts-de-France. Sa veuve a reçu ce Prix des mains du grand rabbin Moshé Lewin.

« Ce dîner républicain est un grand succès. De nombreux intervenants de qualité ont pu s’exprimer librement, sur des sujets de sociétés. Notre volonté était de renforcer le lien entre ceux qui œuvrent pour Israël et la libération des otages. Plus d’une centaine d’élus présents ! Du jamais vu. Plusieurs dizaines de communautés juives furent présentes. Un moment de convivialité hors du commun et surtout un objectif à atteindre, celui de retrouver l’union des juifs de France pour cesser de penser que nous sommes seuls. Un sentiment de renouveau communautaire est né et d’autres actions percutantes vont voir le jour.. un peu de patience », m'a confié René Taïeb, Président de l’Union des Communautés Juives du Val d’Oise, le 4 décembre 2024.

Hasard ? Volonté de ne pas laisser les CCJ éclipser le CRIF comme interlocuteur privilégié de l'Etat et des élus locaux ? Le 12 décembre 2024, à 
l’initiative du sénateur Laurent Lafon, Yonathan Arfi, Président du CRIF, et Nathalie Beizermann, vice-présidente du CRIF, ont rencontré des élus du Val-de-Marne au Sénat. Le sénateur Laurent Lafon a posté sur X, ex-Twitter : « L’antisémitisme n’est pas l’affaire de communautés, c’est un enjeu républicain. » - @Yonathan_Arfi, président @Le_CRIF au @Senat devant les élus du Val-de-Marne pour échanger sur la montée de l’antisémitisme et renforcer leur mobilisation face à ce défi majeur."

"Ces échanges étaient l’occasion d’évoquer la résurgence d’#antisémitisme qui a suivi les attaques du 7 octobre 2023, attestée par les résultats du récent sondage mené par IPSOS pour le Crif. Au cours de cette discussion ont été abordées les différentes solutions à envisager, tant au niveau national que local, pour combattre la haine des Juifs et plus largement pour défendre et préserver les principes républicains essentiels tels que la laïcité".

Le CRIF s'avère incapable d'adapter son action à un antisémitisme perdurant à un très haut niveau depuis près d'un quart de siècle, et réitère une énième rencontre avec des édiles. Avec quel effet ?


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Certaines parties de cet article ont été publiées par Actualité juive hebdo.

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