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jeudi 5 décembre 2024

J. R. R. Tolkien (1892-1973)

Ancien combattant de la Première Guerre mondiale, John Ronald Reuel Tolkien (1892-1973), plus connu comme J. R. R. Tolkien, était un écrivain de fantaisie (fantasy, en anglais) – « Le Hobbit », « Le Seigneur des anneaux » adapté au cinéma -, poète, philologue, essayiste et professeur à l'université d'Oxford, catholique, antinazi et britannique. Arte diffusera le 5 décembre 2024 à 23 h 15 « Tolkien : la véritable histoire des anneaux », documentaire de Jean-Christoph Caron et Matthias Schmidt.

Raymond Aron (1905-1983) 
« ENS : L'école de l’engagement à Paris » par Antoine de Gaudemar et Mathilde Damoisel
Archives de la vie littéraire sous l'Occupation 

John Ronald Reuel Tolkien, célèbre sous la forme J. R. R. Tolkien, était un écrivain, poète, philologue, essayiste et professeur d'université catholique britannique (1892-1973).

Après des études à Birmingham et à Oxford, il s’engage durant la Première Guerre mondiale et sert comme officier des transmissions. Il combat lors de la bataille de la Somme.

En 1920, Tolkien devient professeur assistant (reader) de langue anglaise à l'université de Leeds, puis en 1925 professeur de vieil anglais à l'université d'Oxford où, en 1945, il enseigne comme professeur de langue et de littérature anglaises. Il prône la connaissance des langues, surtout germaniques, et, par sa conférence Beowulf : Les Monstres et les Critiques (1936), il renouvelle l'étude du poème anglo-saxon Beowulf . Il prend sa retraite de professeur en 1959. 

Dès les années 1910, Tolkien écrit surtout des poèmes, et crée une sorte de « mythologie » articulée autour d'une langue construite ou idéolangue. Au fil des révisions de son manuscrit, il élabore un univers, la Terre du Milieu. Son ami C. S. Lewis et d’autres membres de leur cercle littéraire, les Inklings, l’invitent à poursuivre dans cette voie. En 1937, le Hobbit établit Tolkien comme un auteur pour enfants admiré. En 1939, l’essai Du conte de fées de Tolkien est considéré comme un texte fondamental dans les genres littéraires du conte merveilleux et de la fantasy.

La Commission d'enrichissement de la langue française (ancienne Commission générale de terminologie et de néologie jusqu'en 2015) ou CELF a accepté le vocable « fantasie » pour traduire le terme britannique « fantasy » en le définissant ainsi : « genre situé à la croisée du merveilleux et du fantastique, qui prend ses sources dans l'histoire, les mythes, les contes et la science-fiction » (J. O. 2007).

Attendue avec impatience, la suite du Hobbit intitulée Le Seigneur des anneaux s’avère plus dramatique. Publiée en 1954-1955, elle devient un phénomène de société dans les années 1960, et séduit les étudiants américains qui le découvrent dans une édition de poche américaine. Tolkien continue de réécrire sa « mythologie » jusqu'à son décès, mais Silmarillion demeure inachevée. Ce « recueil de légendes des premiers âges de la Terre du Milieu est finalement mis en forme et publié en 1977 par son fils et exécuteur littéraire Christopher Tolkien, assisté de Guy Gavriel Kay ». Au fil des décennies suivantes, Christopher Tolkien édite des œuvres inédites de son père.

Ses best-sellers, Le Hobbit (The Hobbit, or There and Back Again, 1937) et Le Seigneur des anneaux (The Lord of the Rings, 1954-1955) se situent dans l'univers de fiction de la Terre du Milieu dont cet auteur a précisé la géographie, décrit les peuples, imaginé l'histoire et les langues.

Si Tolkien n’est pas pionnier dans la « fantaisie » qui a pour précurseurs - William Morris et George MacDonald au XIXe siècle -, le succès considérable du roman Le Seigneur des anneaux a contribué à une renaissance populaire du genre littéraire. Et Tolkien, qualifié souvent de « père » de la fantasy contemporaine, a exercé une influence importante sur les auteurs ultérieurs de la fantaisie, en particulier par la rigueur dont il a fait preuve en concevant son monde secondaire, imaginaire.

JRR Tolkien "refusa de se rendre en Allemagne en 1938 et, en 1941, il écrivit à son fils : « J’ai dans cette guerre une rancune personnelle brûlante… contre ce petit ignorant d’Adolf Hitler. [Hitler] ruine, pervertit, détourne et maudit à jamais ce noble esprit nordique, une contribution suprême à l’Europe, que j’ai toujours aimée et essayé de présenter sous son vrai jour. » 

"Lorsqu’un éditeur allemand a demandé à JRR Tolkien de prouver son ascendance aryenne pour que le Seigneur des anneaux soit traduit en allemand, Tolkien a répondu : « Si je dois comprendre que vous me demandez si je suis d’origine juive, je ne peux que répondre que je regrette de ne pas avoir d’ancêtres de ce peuple doué. »

« Les nains, bien sûr, sont assez évidents. Ne diriez-vous pas qu’à bien des égards, ils vous rappellent les Juifs ? Leurs mots sont sémitiques, évidemment, construits pour être sémitiques. Les hobbits ne sont que des Anglais rustiques », a déclaré J. R. R. Tolkien lors d'une interview en 1971.

"Selon John Rateliff, spécialiste de Tolkien et auteur d’une histoire du Hobbit en deux volumes publiée en 2007, Tolkien s’est inspiré des textes hébreux et de l’histoire juive pour créer les nains. En tant qu’artisans exilés d’une terre natale abondante, les nains parlaient à la fois la langue de leur nation adoptive et – entre eux – une langue influencée par l’hébreu développée par Tolkien."

"Bien que les nains de Tolkien se souviennent de leur passé traumatisant avec des chants lugubres, la plupart sont assimilés et ambivalents quant à la reconquête d'Erebor, leur pays perdu. De retour à la Montagne Solitaire, cachée quelque part sous le monticule au trésor du dragon Smaug, se trouve une pierre précieuse autoluminescente, appelée « Arkenstone », appelée « le cœur de la montagne ». Selon certains observateurs, l'Arkenstone, d'inspiration divine, représente l'Arche de l'Alliance, la Montagne Solitaire représentant le Mont du Temple de Jérusalem. Comme les rois juifs de l'Ancien Testament, les rois nains d'Erebor se révèlent être extrêmement corruptibles, sans parler de leur obsession pour l'or. Leur accumulation incessante de richesses, comme Tolkien le précise, attise le ressentiment de leurs voisins et finit par attirer les pillards dragons." 

"Depuis des décennies, les spécialistes considèrent le récit du nain de Tolkien – y compris sa suite dans la trilogie du Seigneur des anneaux – comme une sorte de « réécriture corrective » du célèbre « cycle de l’Anneau » du compositeur allemand Richard Wagner. Dans cet opéra en quatre parties, les antisémites – dont Adolf Hitler – ont trouvé une confirmation allégorique de leur haine des Juifs, incarnés par le nain odieux Alberich. Antisémite de longue date, Wagner a publiquement appelé à de nombreuses reprises à une Allemagne sans Juif. Selon certains spécialistes de Tolkien, les nains héroïques de l'auteur sont une inversion consciente des nains « juifs » négatifs de Wagner, destinés à déclencher des stéréotypes néfastes. En tant qu'amoureux de la mythologie nordique, Tolkien méprisait la déformation"

Né en 1990, arrière-petit-fils de J.R.R. Tolkien, fils Simon Tolkien et de la juive américaine Tracy Steinberg, Nicolas Tolkien est un dramaturge juif pratiquant, auteur notamment d'une pièce de théâtre Terezin présentée à New York en 2017. De son ancêtre, il dit avec admiration : « Il était l’une des voix de la raison dans la communauté britannique et l’un des écrivains les plus pro-juifs de Grande-Bretagne. »

« Tolkien : la véritable histoire des anneaux »
Arte diffusera le 5 décembre 2024 à 23 h 15 « Tolkien : la véritable histoire des anneaux » de Jean-Christoph Caron et Matthias Schmidt.

« Formidable inventeur de romans de fantasy, J. R. R. Tolkien a imprimé sa marque sur la littérature mondiale du XXe siècle. S’attachant aux lieux, expériences et événements importants de sa vie, ce documentaire explore les sources d’inspiration qui ont nourri sa foisonnante imagination. »

« En érudit, il a imaginé tout un monde, la fabuleuse Terre du Milieu, celle de l’Angleterre d’avant les Celtes et les Anglo-Saxons, où se côtoient, au fil d’aventures épiques, une myriade de peuples : hobbits, elfes, orques, magiciens… Pour chacun d’entre eux, il a inventé une histoire et une langue. »

« Ses œuvres de fantasy les plus célèbres, Bilbo le hobbit (1937) et la trilogie du Seigneur des anneaux (1954-1955), ont captivé depuis leur parution des millions de lecteurs, mais aussi de spectateurs grâce aux adaptations cinématographiques réalisées notamment par Peter Jackson. »

« Né en Afrique du Sud en 1892, où son père s’est expatrié pour diriger un établissement bancaire, John Ronald Reuel Tolkien, dit J. R. R. Tolkien, découvre pour la première fois les verdoyants Midlands – littéralement les "terres du milieu" – lorsqu’il rentre avec sa mère, à l’âge de 3 ans, dans leur région anglaise d’origine. »

« En 1911, année où il entame comme boursier ses études à Oxford, il effectue une randonnée déterminante de près de 300 kilomètres à travers les Alpes suisses. »

« Cinq ans plus tard, en juin 1916, il sert comme officier chargé des transmissions sur le front de la Somme où il perdra deux de ses meilleurs amis dans l’enfer des combats. »

« Il renouera dans les années 1930 avec la peur, celle que lui inspire la montée du nazisme en Allemagne, puis la mobilisation de deux de ses trois fils lorsque éclate la Seconde Guerre mondiale. »

« Autant de lieux, d’événements et d’expériences, heureux ou effrayants, qui vont nourrir son œuvre unique et universelle. » 

« Orphelin de bonne heure, époux et père aimant, J. R. R. Tolkien, disparu en 1973, fut tout à la fois romancier, poète, essayiste, philologue, professeur de vieil anglais puis de littérature anglaise à l’université d’Oxford. »

« Sous ses airs de grand-père tranquille fumant la pipe, il a déployé une créativité foisonnante qui a marqué l’imaginaire mondial. »

« Convoquant de fins connaisseurs de son univers (historiens, éditeur, archéologue, universitaires...), ce documentaire nous entraîne, in situ et en archives, à la découverte de ses sources d’inspiration, de sa fascination pour les grands mythes scandinaves et européens à sa passion pour le dessin et les paysages, de son amour des langues anciennes à sa détestation des instincts belliqueux de l’humanité. »

« Tolkien, des mots, des mondes »
Arte diffuse sur son site Internet « Tolkien, des mots, des mondes » de Simon Backès.

« Retour sur la vie de J. R. R. Tolkien, auteur méticuleux et obsessionnel du "Seigneur des anneaux", à travers les différents langages qui ont donné vie à son univers. Avec Michael Lonsdale en récitant classieux. »

« Le succès phénoménal de l’œuvre de Tolkien ne repose pas sur un simple hasard. Dans ce documentaire, toute la psychologie d’un homme complexe se révèle, entre enfant rêveur et philologue méticuleux. En résulte une biographie délicate de la vie de l’auteur qui fascine les lecteurs depuis des générations. »

« Inspiré par les légendes anglo-saxonnes et les sagas nordiques, l'écrivain rêvait à des passés disparus où la dualité opposant le bien au mal primerait sur un système moderne qui ne lui convenait pas. »

« Également professeur de langue, Tolkien, entre deux copies, a commencé à déverser sa nostalgie et ses aspirations dans une œuvre fleuve, préférant recréer de toutes pièces un univers à son image plutôt que de continuer à vivre dans celui qu’il devait subir. »

« C’est d’abord par ses différents langages que la Terre du Milieu s’est matérialisée. Linguiste et chercheur, Tolkien a développé un large panel de langues inventées, extrêmement codifiées et complexes, dont les diverses variations ont favorisé l’émergence d’une autre Histoire, avec ses légendes, personnages mythiques et bouleversements propres, menant du Hobbit à la trilogie du Seigneur des anneaux. »

« Personne ne s’attendait au succès phénoménal de la saga, mais soixante ans après sa publication, l’univers de l’écrivain continue de faire rêver. Mieux, l’œuvre a servi de base à la propagation d’idées libertaires et contestataires dans les années 1960, tant la jeunesse voulait voir dans les forces des ténèbres de Tolkien la métaphore d’un système politique qu’ils jugeaient sclérosé. Un combat opposant la singularité de l’imagination à un système répressif  qui reste d’actualité. »

« Plus de quarante ans après sa mort, l’héritage de Tolkien continue à vivre à travers le travail de mémoire de ses lecteurs : jeux de rôles, mondes persistants sur le web, et créations inspirées de la saga… »

« Un voyage au cœur d’une œuvre qui a marqué le genre littéraire de la fantasy, ponctué d’extraits lus avec douceur et maestria par Michael Lonsdale. »

« Giorgia Meloni s'accapare l'oeuvre de Tolkien »
Arte diffuse sur son site Internet « Italie : Giorgia Meloni s'accapare l'oeuvre de Tolkien ».

« Le Seigneur des Anneaux de Tolkien fascine les droites radicales européennes. Ce monde imaginaire où elfes, hobbits, humains et orques cohabitent sans jamais se mélanger : les extrêmes droites y voient une glorification des valeurs qu'elles défendent. »

« C'est particulièrement vrai en Italie : pendant sa campagne, Giorgia Meloni a multiplié les références à Tolkien. Une exposition, à Rome, consacrée à l'auteur britannique et voulue par la Présidente du conseil italien, illustre les intentions de cette droite au pouvoir. »



« Tolkien : la véritable histoire des anneaux » de Jean-Christoph Caron et Matthias Schmidt
Allemagne, France, Coproduction : ZDF/ARTE, Storyhouse, 2024, 1 h 31mn
Sur Arte les 5 décembre 2024 à 23 h 15, 22 décembre 2024 à 15 h 15 
Disponible à partir du 05/12/2024
Sur arte.tv du 05/12/2024 au 04/03/2025

« Tolkien, des mots, des mondes » de Simon Backès
France, Compagnie des phares et balises, 2014, 56 min
Disponible jusqu'au 31/05/2025

Journaliste : Gustav Hofer
France, Allemagne, 2023, 3 min
Disponible jusqu'au 10/12/2024


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