Citations

« Le goût de la vérité n’empêche pas la prise de parti. » (Albert Camus)
« La lucidité est la blessure la plus rapprochée du Soleil. » (René Char).
« Il faut commencer par le commencement, et le commencement de tout est le courage. » (Vladimir Jankélévitch)
« Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort. Il est de porter la plume dans la plaie. » (Albert Londres)
« Le plus difficile n'est pas de dire ce que l'on voit, mais d'accepter de voir ce que l'on voit. » (Charles Péguy)

mercredi 25 décembre 2024

Interview de Sarah Bentolila, nutritionniste

Sarah Bentolila a ouvert son cabinet parisien NutriSkill, spécialisé dans la micronutrition. Elle adopte une approche globale du patient - 
systémique et holistique -, prône une alimentation équilibrée savoureuse, et invite à la vigilance concernant les produits ultra-transformés ou industriels. Elle nous a confié sa recette facile, rapide à réaliser et goûteuse d'une mousse au chocolat sans sucre.

L’affaire Krief, exemple d’antisémitisme d’Etat (version courte)

Sarah Bentolila, comment êtes-vous devenue nutritionniste ?
Je suis docteur en pharmacie et j’ai pratiqué le conseil en officine pendant près de quinze ans. C’est un métier passionnant, au plus près des patients qui ont des besoins de toute nature et à tous les âges de la vie. 

J’ai toujours été intéressée par une alimentation saine. Je suis mère de famille et je veille à l’alimentation de mes proches.

La nutrition est un domaine très intéressant, avec des impacts multiples et variés, allant des mécanismes de régulation du poids jusqu’aux aspects les plus physiologiques et psychologiques. 

J’ai complété mes connaissances initiales par un Diplôme Universitaire (DU) de micronutrition de la faculté de médecine de Dijon , dirigé par le professeur Courdron. Y interviennent des experts reconnus, comme Anthony Fardet, Docteur en Nutrition humaine de l’Université d’Aix-Marseille, ou Joël Pincemail, docteur en Sciences Biomédicales de l’Université de Liège. 

La micronutrition agit au niveau le plus fin et permet d’accompagner aussi bien des personnes en surpoids, des femmes enceintes, des enfants ou des séniors que des patients souffrant d’allergies alimentaires, de maladies métaboliques ou de troubles du comportement alimentaire (TCA).
A Paris, dans mon cabinet NutriSkill, j’accueille ces personnes avec cette double approche, Nutrition et Pharmacie.
 
La nutrition est souvent liée à des habitudes familiales, à des coutumes... Comment prenez-vous en charge une personne ?
L'acte alimentaire fait intervenir une histoire familiale, l'éducation des parents et d’autres facteurs souvent intimes. 

J’agis avec délicatesse : un changement alimentaire est une remise en question de croyances et d’habitudes profondément ancrées. Je tiens compte aussi du plaisir affectif et gustatif. 

Des régimes plus ou moins à la mode permettent d’obtenir, dans le meilleur des cas, des effets limités et temporaires.

Je conçois un programme adapté en prenant en compte les spécificités et l’histoire de chaque personne. 
Ainsi, je commence toujours par dresser un bilan du contexte du patient : son passé, son mode de vie – famille, activité professionnelle, stress, sociabilité, sédentarité, sport, etc. -, puis je fixe des objectifs réalistes, en adéquation avec le contexte du patient, en les inscrivant dans la durée et dans une démarche santé. 

Quelle est votre approche de la nutrition ?
La nutrition n'est plus uniquement « la science des aliments ». Elle s'intéresse au patient avec une vue d’ensemble.

Mon approche est systémique et holistique : je considère le patient dans son milieu, avec son écosystème interne, comme le microbiote, et son écosystème externe, tels son mode de vie, son territoire et sa sphère sociale.

J’intègre aussi la psychologie du comportement alimentaire : la relation à l'aliment, les peurs, voire les compulsions alimentaires.

Je demeure également attentive à la recherche et aux innovations en nutrition. En particulier, je crois beaucoup aux apports de la chronobiologie nutritionnelle, qui permet d'adapter ses prises alimentaires de protéines, lipides et glucides à des moments-clés de la journée, pour obtenir des résultats optimaux. Par exemple, la consommation de protéines végétales – lentilles - ou animales – viande, poisson, œuf – entre 11 h et midi s’avère optimale pour la production de masse musculaire.
 
Dans les années 1960, certains médecins prohibaient le pain, les pâtes... Puis, ils ont pris conscience du rôle essentiel des sucres lents. Y a-t-il des phénomènes de mode en matière nutritionnelle ?
Oui. Le consensus, porté même par une partie du corps médical, avait établi un lien de causalité entre la prise de sucres lents et le surpoids. 

Les régimes exclusifs, qui prohibent une certaine classe d’aliments, sont régulièrement remis en cause, faute de résultats, voire du fait d’aggravations des problèmes. 

On retrouve aussi cet écueil dans beaucoup de régimes médiatisés : une approche manichéenne avec des aliments trop mis en avant – « les bons » aliments tels ceux riches en fibres ou en oméga 3 - et d’autres, « les mauvais », exclus dans certains cas, comme le gluten ou le beurre. On peut citer la couverture du magazine américain Time qui bannissait le beurre dans les années 1960-1980, puis l’a réhabilité en 2014 (couverture Eat Butter, Mangez du beurre).
Fake news, notifications invasives des réseaux sociaux, messages tronqués des lobbys, croyances dogmatiques et diabolisations (lait, gluten...), peurs alimentaires… On entend et lit tout en matière de nutrition. 

Il faut revenir à l’essentiel et au bon sens : manger varié et diversifié, dans des quantités adaptées à l’activité et aux besoins spécifiques de la personne. Et ne pas hésiter à se faire accompagner si besoin est.
 
Des progrès ont-ils été effectués en France pour combattre l'obésité, surtout chez les plus jeunes ?
Selon l'OMS, depuis 1975, le nombre de cas d'obésité a presque triplé à l'échelle planétaire. La France est également concernée par cet enjeu majeur de santé publique. Depuis 2001, le Programme national nutrition santé (PNNS) vise à améliorer l'état de santé publique. 

Les PNNS ont eu le mérite d'exister, mais ils n'ont pas induit l'effet escompté sur la santé des Français. Pour le consommateur, que signifiaient certains de leurs slogans, comme « Manger, bouger, c'est la santé » ? Continuer à manger ce que vous voulez, bougez ensuite et tout ira bien ? « Mangez cinq fruits et légumes par jour », cela voudrait dire cinq bananes ? Non.

La population serait-elle responsable en ne suivant pas certaines recommandations ? Celles-ci n’auraient-elles pas été assez claires, précises ou efficaces ? Vraisemblablement... De manière regrettable, la population précaire, cible prioritaire de ces campagnes médiatiques, a été peu réceptive à ces slogans peu signifiants. 

Le meilleur traitement demeure la prévention et l'information des patients. En consultant des professionnels de santé, le patient reçoit des conseils précieux et utiles pour une alimentation adaptée, plus naturelle et moins industrielle.
 
La médecine scolaire est négligée : nombre réduit de visites médicales durant la scolarité et de médecins par établissement scolaire. Cela traduit-il une moindre prise de conscience des enjeux de santé ou une carence de la politique gouvernementale ?
 Les moyens mis en œuvre ne sont pas à la hauteur des enjeux.

L’école est un lieu d’apprentissages et de transmission de savoirs. Pourquoi y mène-t-on si rarement des ateliers éducatifs sur la nutrition, l'alimentation équilibrée et les pièges à éviter ?

Il n'y a malheureusement pas de politique éducative ni de budget sur ce domaine de la santé publique. 

On croit souvent à tort se suffire des banalités diffusées sur les réseaux sociaux. Mais les recettes minceurs, les régimes chatGPT restent d’un apport limité.

Certains enseignants invitent des parents d’élèves à consulter, hors de l’établissement scolaire, et en privé, des spécialistes : graphologues, orthophonistes, etc. Pourquoi n’incluraient-ils pas dans leurs conseils des nutritionnistes ?
 
La santé est au programme de l'école primaire et du collège. Les cours de sciences naturelles ou Sciences de la vie (SVT) seraient-ils trop centrés sur le changement climatique ?
Le changement climatique intéresse beaucoup les politiques, et généralement nos concitoyens. Ce thème est abordé dans les manuels scolaires.

C’est regrettable qu’on parle si peu de nutrition à l'école. On pourrait diffuser des messages simples sur l'importance de manger sainement, tout au long de la vie.

En informant dès l’enseignement primaire, on fait de la prévention, on développe la prise de conscience de chacun. Et tout cela concourt à une éducation alimentaire saine où la découverte de nouvelles saveurs et la curiosité ont toutes leurs places. Le prélude à une bonne santé, à long terme.
 
Certains choisissent des produits bio, qui sont souvent très chers. L’agriculture bio apporte-t-elle un plus, du point de vue nutritionnel, par rapport à l'agriculture conventionnelle ?
 Le bio a sans conteste des avantages : 48 additifs y sont autorisés au lieu de 330 en conventionnel.

Il faut absolument éviter les discours « comme je mange bio et que ça coûte cher, je ne consomme qu'occasionnellement des fruits et légumes ».

La consommation de fruits et légumes doit être régulière, quotidienne. 

Que pensez-vous du Nutri-Score ?
Le Nutri-Score est un score de composition nutritionnelle. Il vise à dissuader ou à encourager la consommation de tel ou tel aliment. L'objectif est d'aider le consommateur à faire son choix. 

C’est une intention louable. Le problème réside dans ce score réducteur qui décrit une partie seulement de l’aliment : la composition en nutriments. Or, un aliment se compose d’une matrice et des nutriments. Ainsi, il manque au Nutri-Score la prise en compte de la matrice, c’est-à-dire le support de l’aliment avec tous ses bienfaits.

A titre de comparaison, nos amis brésiliens adoptent la classification Nova qui correspond plus à la réalité nutritionnelle : ce score prend évidemment en compte la teneur en nutriments de l'aliment, mais surtout son degré de transformation, c’est-à-dire la décomposition de sa matrice.

Je vous donne un exemple : des céréales industrielles obtiennent un Nutri-Score A, la meilleure note, simplement parce qu’elles mentionnent contenir du blé complet riche en fibres ; avec Nova, les mêmes céréales sont notées 4, la plus mauvaise note, parce qu’elles sont ultra-transformées. 
Vous l’avez compris, avec le Nutri-Score, les aliments ultra-transformés sont mieux notés que des aliments traditionnels locaux : huile d’olive notée C, beurre classé E. Ce qui est incompréhensible d’un point de vue nutritionnel et trompeur pour le consommateur.

Autre exemple : le chocolat noir à teneur de 80% de cacao, pourtant riche en vitamines et polyphénols, obtient un D ou même un E, de mauvaises notes, car il est riche en énergie et graisse saturées…
 
Concernant les enfants, quels conseils donneriez-vous ?
Je proposerais trois pistes de travail. 

Tout d’abord, lorsqu’on parle des enfants, il faut avant tout, parler des parents. En matière de nutrition, les premiers à informer restent les parents. Ce sont eux qui font les courses, ce sont eux qui s’asseyent ou pas pour manger, et ce sont eux qui montrent l’exemple. 

Ensuite, la personne qui cuisine à la maison, doit savoir composer une assiette équilibrée, savoir bien cuire les aliments pour ne pas détruire les vitamines et minéraux par une cuisson trop agressive et trop longue, et respecter, si possible, la saisonnalité des fruits et des légumes.

Enfin, l'enfant mange ce qu'on lui donne. L’inviter à de nouveaux goûts, de nouvelles textures ou de nouvelles saveurs participe à son éducation nutritionnelle et à son ouverture d'esprit. Les parents peuvent raconter l’histoire, la provenance, d’un fruit ou d’un légume. Cela fait partie, selon moi, de l'éducation à part entière.

Les enfants mangent généralement très et trop sucrés, et leurs bons apports lipidiques – saumon naturel, avocats - sont trop faibles. 

Introduire de la diversité et de l’authenticité dans les habitudes alimentaires protège des addictions aux aliments industriels forts en additifs et faibles en apports nutritionnels réels. 

Le goût, ça s’éduque ! 

Je déconseille les repas-plateaux individuels. Rien ne vaut un repas familial autour d’une table !

Quid des cantines scolaires ?
Dans les cantines scolaires, je constate en comparant les époques, que beaucoup d’efforts sont faits, notamment sur les processus de sécurité alimentaire (chaine du froid, précautions bactériologiques). Les repas sont souvent élaborés par des diététiciens et les normes mises en place par le ministère de la Santé et de l’Eduction, sont vigilantes sur ces aspects.
 
Cependant, plusieurs points sont à signaler. 

D’abord, dans beaucoup de cas, les plats et barquettes sont préparés de manière industrielle avec les effets que l’on connait : hormis les fruits ou le pain, les plats comme ceux en sauce sont préfabriqués et parfois saturés en exhausteurs de goût et autres additifs, les saucisses, viandes et poissons sont reconstitués... Le problème touche au goût et à l’éducation alimentaire de nos petits. 

Il y a une part non négligeable d'enfants qui s’alimentent peu au déjeuner, et qui préfèrent manger leurs goûters, souvent des biscuits industriels. Chaque établissement scolaire fixe sa politique : restriction des barres chocolatées, limitations aux fruits et compotes, voire interdiction des goûters.
 
Quid des adolescents ?
L'image corporelle a pris aujourd'hui une telle place que l'on doit faire preuve de tact et de patience avec nos adolescents.

Je vois arriver beaucoup d’adolescentes avec ce raccourci dans la tête : « ne pas manger = rester mince = c’est bien », et « manger = grossir = pas bien ». Ce qui est évidemment alarmant. Je cherche la racine de ce type d’associations mentales risquant de causer des Troubles du Comportement Alimentaire (TCA). Boulimie ou anorexie cachent un mal-être qu'il faut identifier, puis aborder sans tabou et enfin traiter patiemment. Inspirée du coaching, mon approche installe une écoute sans jugement, sans ordre, en ouvrant le champ des possibles.

Chez les adolescents, je constate souvent aussi un grand désordre alimentaire : sodas, sucré, produits ultra-transformés. Pourtant, de manière paradoxale, il y a moins de situations de surpoids chez eux. Cela est souvent dû à une activité sportive et surtout à une puberté différente qui fait prendre de la masse musculaire sans gras.

Cependant, il faut attirer leur attention sur les conséquences d'une alimentation déséquilibrée, même sans prise de poids : la surconsommation de graisses saturées (pâtisseries, charcuteries, biscuits...), et de mauvais sucres (produits ultra-transformés : biscuits, chips, barres chocolatées, friandises...), ainsi que le déficit en bons gras (présents dans les sardines, maquereaux ou saumon), ont un impact sur leur croissance, leurs défenses immunitaires et leur fertilité.

Dans de nombreux cas ces conduites alimentaires s’accompagnent d’un sommeil de mauvaise qualité et d’une surexposition aux écrans. 

Ce qui renforce la pertinence des approches globales et systémiques, comme celles que je mets régulièrement en œuvre.

Quelle est votre approche de nutritionniste face à une femme enceinte ? 
La grossesse est un véritable chamboulement pour la femme, dont le corps se transforme, et ces changements peuvent être grandement facilités par une assiette équilibrée.

Dès que le souhait de grossesse se manifeste, et a fortiori durant la grossesse, il faut porter une attention toute particulière à l’alimentation qui est déterminante pour le fœtus et pour la femme enceinte.

Celle-ci ne doit pas être oubliée au profit du fœtus, et surtout après l’accouchement, période au cours de laquelle la femme a tendance à s’oublier complètement.

Une femme enceinte ne mangera pas deux fois plus, mais deux fois mieux.

Les besoins évoluent au cours des trimestres, par exemple le premier trimestre de grossesse est un moment de stockage et de mise en réserve des protéines, alors que le deuxième est plus un moment d’utilisation des protéines.

En pratique, il faut beaucoup de végétaux, au moins cinq portions (80 g = 1 portion) de fruits et légumes par jour, variés et de saison. Sont conseillés aussi des produits laitiers, sources de calcium, s’ils sont bien tolérés, des aliments protéinés d’origine animale : viande riche en fer, du poisson gras, des œufs riches en oméga 3.

Et bien sûr, les aliments glucidiques complets, bio : légumineuses riches en fibres, bons pour le transit et la flore intestinale.

Pendant la grossesse, je recommande d’éviter de consommer des produits industriels et plats tout prêts, et d’être vigilants aux contaminants dans l’assiette : listériose dans le lait cru et les fromages à pate molle, rillettes.

Afin d’éviter la toxoplasmose, on lavera avec le plus grand soin tout ce qui vient de la terre. Enfin, les fruits de mer, viandes crues et l’alcool sont interdits pendant la grossesse.

Les oméga 3 permettent, au cours du dernier mois de grossesse, un développement optimal du cerveau du fœtus et évitent la dépression du post-partum chez la mère.

Les aidants sont inquiets face à leur parents, âgés, qui perdent l'appétit, souffrent de problèmes dentaires. Comment accompagner au mieux nos ainés ?
La prise en compte des problématiques des séniors est souvent abordée tardivement et parfois dans des situations extrêmes où il est difficile d’agir efficacement en nutrition. 

Selon la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES), en 2016, l’espérance de vie à la naissance s’élevait à 85,3 ans pour les femmes et 79,3 ans pour les hommes, et l’espérance de vie en bonne santé, c’est-à-dire le nombre d’années qu’une personne peut compter vivre sans souffrir d’incapacité dans les gestes de la vie quotidienne, s’élevait  à 64,1 ans pour les femmes et à 62,7 ans pour les hommes ». Soit une moyenne de 21,2 ans pour les femmes et 16,6 ans pour les hommes en mauvaise santé. En Suède, par exemple, l'espérance de vie en bonne santé est de 73 ans.

A tout âge, l'alimentation est un facteur déterminant pour augmenter l'espérance de vie en bonne santé. 

Pour bien vieillir, quatre paramètres entrent en compte : 
- Le capital musculaire ;
- Le capital cérébral ;
- Le capital hormonal ;
- Le capital énergétique.

J’accompagne mes clients séniors généralement autour de plusieurs problématiques récurrentes :
- Élaborer une assiette suffisamment protéinée ;
- Exploiter les légumes antioxydants ;
- Bien s’hydrater.

Le recours à des compléments nutritionnels hyper-protidiques et hyper-énergétiques est une bonne alternative. La diversité des parfums évite la monotonie et permet un suivi dans la durée. 

Le sommeil et l'activité physique modérée sont aussi des composantes à ne pas négliger.

Pour perdre des kilos ou réduire son taux de cholestérol ou de diabète, des régimes alimentaires sont difficiles à suivre sur la durée. Que préconisez-vous ?
Beaucoup de mes patients en surpoids ont généralement suivi plusieurs régimes drastiques qui impliquaient des changements conséquents voire extrêmes, pour finalement peu de résultats dans la durée. Ils arrivent souvent en consultation avec une forme de fatalité. 

Les régimes mis en avant dans les médias (sans gluten, hypoglucidiques, hyper-protéinés…) présentent des conseils généraux, impersonnels et offrent des promesses universelles.
 
Dans la plupart des cas, les changements induits sont de vrais bouleversements, avec des résultats limités et des effets « yoyos ». 

Dans le cas de patients diabétiques ou avec des taux de cholestérol élevés, il faut à la fois agir vite une fois le diagnostic posé et installer un changement pérenne des habitudes alimentaires.

Une fois ma méthode mise en œuvre, je mets en place des stratégies d’apprentissage progressif. Ces démarches, conçues sur mesure, permettent d’initier des changements durables tout en testant et validant régulièrement leur pertinence. L’efficacité des actions entreprises est évaluée et, chaque nouvelle étape permet d’ajuster les recommandations en fonction des résultats obtenus précédemment.

Mon approche favorise une progression structurée et adaptée aux objectifs nutritionnels de chaque personne, en veillant à ce que les transformations s’intègrent harmonieusement et durablement dans son quotidien.

Des bonbons et biscuits ou les apéritifs cacher présentent-ils les mêmes défauts que ceux non-cacher : trop grande quantité de sucre ou de sel, etc. ?
Les excès en sucre et sel, ainsi que la présence de colorants et d’additifs, concernent autant les produits casher que non casher

Le travail effectué par les rabbins certificateurs est remarquable et, considérable. Il garantit que les aliments et les procédés de cuisson sont conformes aux règles de la Torah concernant les interdits alimentaires (cochon, insectes, fruits de mer), les mélanges interdits (lait et viande) ainsi que les surveillances particulières (vin, fromages). 

La Torah met également en garde contre la consommation d’aliments mauvais pour la santé, avec plus de sévérité encore, selon le principe « sakana h’amoura méissoura » (« la sévérité des lois concernant la santé du corps et le maintien de la vie physique est plus grande que celle des lois concernant les questions d’interdits pour l’âme  »). 

Les produits ultra-transformés, trop sucrés, trop salés, trop colorés, ont des conséquences néfastes selon la quantité consommée et la fréquence. De ce point de vue, les articles industriel casher ne sont pas spécialement mieux lotis que ceux non casher.  

L'industrie agro-alimentaire a effectué des efforts pour réduire la part du sel et du sucre dans ses produits, afin de répondre aux besoins de clients et à des normes nouvelles. Par exemple, des marques de jus de fruits soulignent l'absence de sucre ajouté. Ces efforts sont-ils satisfaisants ?
Bien que l’industrie agroalimentaire ait accompli des efforts pour répondre aux attentes en matière de santé publique et à des niches de marchés, il est important de garder à l’esprit que ses objectifs restent orientés vers la compétitivité sur le marché et la satisfaction des consommateurs (créneaux commerciaux).

Les scores nutritionnels, tels que le Nutri-Score, ont incité à des ajustements dans les formulations des produits. Cependant, ces modifications ne garantissent pas toujours une amélioration globale de la qualité nutritionnelle. Par exemple, pour réduire la teneur en sucre, certains produits intègrent des édulcorants de synthèse. 

Bien qu’ils permettent d’améliorer le score nutritionnel, ces composés, lorsqu’ils sont ultra-transformés, peuvent ne pas être neutres pour la santé, et notamment les patients diabétiques doivent être vigilants.

Il est donc essentiel pour les consommateurs d’être informés et de privilégier en majorité des aliments simples et peu transformés, comme des fruits frais, et de diminuer autant que possible la part des produits ultra-transformés, même ceux affichant des allégations nutritionnelles positives.

Enfin, il serait souhaitable que l’industrie agroalimentaire continue à évoluer vers une approche davantage axée sur la qualité des produits, afin de répondre aux attentes croissantes des consommateurs en matière de santé et de bien-être.

Malgré les normes imposant la transparence, il est parfois difficile de comprendre des étiquettes mentionnant des composants commençant par des lettres, dont le fameux E.
Les "E" sont des additifs alimentaires. Ils sont rajoutés aux aliments produits par l'industrie à des fins techniques, c'est-à-dire pour augmenter la durée de conservation ou pour modifier certaines propriétés des aliments. Des comités d'experts réévaluent leurs conditions d'emploi. 

Un additif n'est autorisé, en alimentation humaine, que s'il ne fait pas courir de risque aux consommateurs aux doses utilisées. On encadre ici le risque lié à la consommation de ce produit en tant que tel, sans que cela soit une garantie sanitaire lorsque les consommations sont répétées.

Malgré les évaluations effectuées par l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), beaucoup d’additifs restent controversés en raison de risques supposés ou avérés pour la santé. Par exemple, la classe des colorants E102/E110/E123 est corrélée à des manifestations d’hyperactivité. Toute la classe des E620 à E625 - communément appelée glutamate sous toutes ses formes - ne modifie pas le goût initial, mais augmente l'intensité de la perception. Des études ont établi son caractère neurotoxique.

D’une manière générale, je préconise d’éviter les produits contenant plus de deux « E » dans leur composition et d'en limiter la consommation, dans la mesure du possible de cuisiner maison et de réduire la part de produits ultra-transformés.

La société française présente un paradoxe : d’une part, les concours télévisuels de Meilleurs pâtissiers sont très suivis, les réseaux sociaux – Facebook, Pinterest, Instagram… - proposent une multitude de comptes de cuisiniers amateurs de bons niveaux offrant leurs recettes et de groupes culinaires spécialisés, des magasins organisent des cours collectifs de cuisine, et, d’autre part, des bobos recourent à des plats cuisinés congelés ou livrés à domicile.
On note effectivement un engouement pour les émissions télévisuelles culinaires, les concours de chefs en prime time ou encore le partage croissant de recettes d’amatrices de bons niveaux sur les réseaux sociaux. Le public apprécie ces émissions et les vidéos/tutoriels, parfois le côté sensationnel des techniques artisanales.
 
Il n'en reste pas moins que tout ce show visuel n'est pas nécessairement accompagné d'une prise de conscience sur la santé en nutrition. Un filon médiatique est exploité, sans que les concepteurs associent intérêt pour la cuisine et intérêt pour l’alimentation saine. 

A titre d’illustration, les quantités de sucre utilisées dans les concours de pâtisserie à la télévision ne choquent personne. 

En réalité, la prise de conscience demeure une exigence personnelle, qui demande souvent d’aller à contrecourant. 

Il y a un problème grave de santé publique : l'alcoolisation des jeunes, notamment les femmes.
Les dangers des pratiques comme le binge drinking sont très sérieux : la consommation intense d'alcool sur de très courtes périodes, mais souvent répétées lors de soirées, les challenges sur les réseaux sociaux, ont des conséquences dramatiques sur la santé : à court terme, des problèmes de mémorisation chez les étudiants ; à plus long terme, un impact sur le cerveau et le développement de nombreuses maladies, tels le cancer du foie ou de la gorge, la cirrhose du foie. 

La prévention et le dialogue restent incontournables. 

Je conseille de consulter des professionnels de la santé, comme les addictologues. 

Le « bowl » et ses déclinaisons (poke bowl, smoothie bowl), c'est tendance. La bowlfood est lié au « clean eating » (« manger sainement » en français); Aux cafés d'antan, se sont substitués souvent des « fast foods » exotiques. Qu'en pensez-vous?
On présente souvent les « bowls » comme des plats sains, constitués d’aliments proches de leur état dans la nature, par opposition aux plats industriels ou traditionnels plus riches en gras et sucres. La réalité est plus nuancée.
 
Bien sûr, l’idée d’avoir une assiette équilibrée et diversifiée (protéines, lipides, glucides) est bonne, mais tout dépend de ce que vous mettez dans votre bowl : ses déclinaisons peuvent être intéressantes au niveau nutritionnel si vous y mettez des ingrédients sains. Attention donc aux déclinaisons des poke bowls, souvent riches en sauces et exhausteurs de goût ! 

De même, on peut revisiter les plats traditionnels d’antan, en exploitant les procédés de cuisson saine (vapeur, cuisson sans huile, etc.) et en réduisant l’apport de composants comme l’huile, le sucre et le sel.

Certains pensent que préparer des repas sains requiert beaucoup de temps. Pourtant, grâce à des courses intelligemment faites, on peut cuisiner des plats bons, équilibrés et sains en un temps réduit. Surtout avec les multicuiseurs, les friteuses sans huile...

Et les anciennes gamelles des ouvriers ou artisans sont devenues tendance en lunch box ou boites repas réutilisables, donc sans déchet...

Sur Internet, on peut trouver pour la pâtisserie des substituts naturels aux œufs - par exemple la compote de pommes ou de bananes sans sucre -, ou au beurre : par exemple diverses variétés de courges (potiron, courgette, potimarron, butternut)  bouillies. On peut aussi faire cuire, sans ajout d'huile, son omelette dans une soucoupe en verre supportant la cuisson dans un grill par exemple. Et ce, avec un goût et une texture satisfaisants. A l’approche de la fête juive de Hanoucca (fête des Lumières) et du Jour de l’An, quels conseils nutritionnels prodiguez-vous à nos lecteurs ?
Les repas de fêtes sont synonymes de partage et de joie, mais sont souvent associés à des excès de « bonnes choses » et la prise de kilos. 

Gardons l'esprit et le sens des fêtes. Hanoucca est la fête des Lumières, la victoire de la volonté et la détermination des Macabim (Maccabées) sur les Grecs et l’obscurantisme : on célèbre le miracle de la fiole d’huile qui a brillé huit jours et pendant huit jours. On a coutume de déguster des beignets frits. 

Il est tout à fait possible de consommer de manière éclairée en se réunissant autour d’une table festive

Revisitons nos recettes familiales - fruits à la place du sucre blanc, huile de colza, au lieu d'huile de tournesol, même pour les fritures -, nos modes de cuisson et soyons vigilants sur les quantités. 

Retrouver dans l’assiette plaisir et bien-être, c’est toute la philosophie de mon cabinet NutriSkill.

Contacter Sarah Bentolila à sarah.bentolila@free.fr

Recette d'une mousse au chocolat sans sucre

L'idée est d'avoir une note sucrée, pour la fin d'un repas de Chabbat, par exemple.
Le sucre ne vient que du chocolat noir.
Plus le chocolat noir est à forte teneur en cacao, plus la mousse aura une saveur corsée.
Le chocolat noir à 70% de cacao est adapté à cette recette.

Ingrédients
200 g de chocolat noir à faire fondre au bain marie.
3 jaunes d'œufs
3 blancs à monter en neige

Dans un saladier suffisamment grand, mélanger le chocolat fondu aux jaunes.
Facultatif : on peut rajouter un bouchon de Rhum ou 1/2 jus d'une orange ou 1/2 tasse de café.
Puis incorporer les blancs en neige délicatement dans le mélange tiède chocolat/jaunes d’œufs.

Mettre le mélange obtenu dans des ramequins.

Placer au frigo pendant 3 à 4 heures.

Manger dans les deux jours suivant la réalisation de cette mousse au chocolat.

ENJOY!

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