jeudi 7 novembre 2024

« Monuments Men. Des hommes sur le front de l’art »

Le Château de La Roche-Guyon accueille l’exposition « Monuments Men. Des hommes sur le front de l'art » sur le « combat mené au cours de la Seconde Guerre mondiale par ces « officiers de l’art », ce « bataillon d’experts en art » rattaché aux troupes américaines et britanniques alliées, pour protéger, sauver et restituer le patrimoine culturel européen. » Parmi ces œuvres retrouvées : des Sefer Torah. En 1944, ce superbe monument avait servi de Quartier Général (QG) au Maréchal Rommel, en charge de la défense du Mur de l’Atlantique. A admirer, dans le Grand salon : les quatre Tapisseries d’Esther réalisées par la Manufacture des Gobelins d’après des cartons de Jean-François de Troy. Les 10 et 24 novembre 2024, Mattéo Grouard, jeune historien, commissaire de l'exposition, assurera des visites commentées.


« Dans le cadre des célébrations officielles du 80e anniversaire de la Libération et à l’occasion de sa nouvelle saison intitulée « Guerre et Paix », l’Établissement Public de Coopération Culturelle du Château de La Roche-Guyon présente une exposition consacrée au patrimoine culturel et artistique en temps de guerre et plus spécifiquement à l’histoire des « Monuments Men », ce « bataillon d’experts en art » rattaché aux troupes américaines et britanniques alliées. Leur mission : protéger et empêcher la destruction du patrimoine culturel européen durant la Seconde Guerre mondiale puis, au lendemain du conflit, restituer les œuvres d’art spoliées. » Une action inachevée à ce jour dans maints pays...

« Le Château de La Roche-Guyon, qui constituait alors l’écrin d’une collection d’objets d’art exceptionnelle appartenant à la famille La Rochefoucauld, devint, à compter de mars 1944 et durant six mois, le siège de l’état-major du maréchal Erwin Rommel. À l’été 1944, après le départ des troupes allemandes, le Château de La Roche-Guyon, récemment classé au titre des monuments historiques, figure naturellement sur la liste des sites et monuments à protéger émise par le quartier général suprême des forces expéditionnaires alliées en Europe (SHAEF). »

« L’exposition, dont le commissaire est Mattéo Grouard, historien spécialiste de la Seconde Guerre mondiale, met en lumière cette période sombre et troublée pour le patrimoine culturel et artistique ainsi que l’histoire de ces « officiers de l’art » appelés aussi les « Monuments Men » qui ont choisi de se lancer, au péril de leur vie, dans un combat parallèle, celui de veiller à l’intégrité d’un patrimoine culturel menacé par la guerre. »

« D’une part chronologique, l’exposition s’ouvre sur la période de l’Occupation et se poursuit sur les principaux théâtres d’opérations sur lesquels les membres de la Monuments, Fine Arts and Archives section furent déployés : Afrique du Nord, Sicile, Italie, France, Belgique, Autriche, Allemagne. À travers une succession de récits et de témoignages, associée à une sélection d’objets, de mobilier, d’archives (articles de presse, affiches, manuscrits, cartes, photographies, etc.) et de mannequins de soldats en uniforme, le public est immergé dans une épopée historique, artistique et humaine relatant une aventure et un combat méconnus encore aujourd’hui du grand public ! »

« D’autre part, l’exposition raconte les histoires individuelles d’une poignée d’hommes et de femmes engagés sur le front de la protection artistique en zone de guerre comme, par exemple, le lieutenant américain James J. Rorimer, conservateur en charge du département médiéval du Metropolitan Museum of Art de New York - le « Monuments Man » de La Roche-Guyon - qui retrouve la trace au château de Neuschwanstein de milliers de trésors dérobés par les nazis grâce aux indications de Rose Valland, attachée de conservation du musée du Jeu de Paume (Paris). »

Une photographie en noir et blanc montre un rabbin portant un talit non noué autour du cou et vérifiant l'état, en le lisant, d'un des Sefer Torah (rouleau de la Torahretrouvés par les Monuments Men. Un Sefer Torah est une copie, écrite à la main par un scribe nommé sofer de la Torah (ou Pentateuque) sur un parchemin. La lecture de la Torah est faite lors des 
offices du chabbat, les lundis et jeudis, lors d'évènements comme une bar mitza (cérémonie marquant la majorité religieuse d'un garçon juif). Quand un rouleau de la Torah est abimé, si aucune réparation n'est possible, ce Sefer Torah est placé dans une gueniza.

Mattéo Grouard est le Commissaire Scientifique de l’exposition. Ce jeune historien de 23 ans est « spécialisé dans l’histoire de la Seconde Guerre mondiale. Diplômé d’une licence d’histoire et de sciences politiques, ainsi que d’un Master en histoire et patrimoine à l’Université de Caen, il travaille dans le domaine de la conservation et de la valorisation des antiquités militaires du siècle dernier. Auteur de nombreux projets culturels, tels que des expositions, conférences et films documentaires visant à sensibiliser les jeunes générations à l’histoire du dernier conflit mondial, il oeuvre également par le biais d’un travail de mémoire et de recherche à la protection du patrimoine matériel et immatériel se rapportant aux événements de cette triste période de notre passé. » Il a confié certaines pièces de sa collection au Château pour cette exposition. Les 10 et 24 novembre 2024, il assurera des visites commentées.

Cette exposition est organisée en partenariat avec AWAY FROM HOME. Animé par Mattéo Grouard, "le projet Away From Home s’est donné pour mission d’œuvrer à la conservation et à la protection du patrimoine matériel et immatériel de la Seconde Guerre mondiale." 

Les 6 et 7 juillet 2024, a eu lieu le festival littéraire Le Château se Livre, avec la présence exceptionnelle d’Olivier Wieviorka, notamment auteur de Histoire totale de la Seconde Guerre mondiale, Perrin-Ministère des Armées, 2023. 

Le 4 août 2024, a été projeté le film Monuments Men, de George Clooney (2014).

Le 12 octobre 2024 a été une Journée d’histoire en partenariat avec CYU Cergy-Paris Université : « D’autres guerres mondiales… »

Cet évènement a obtenu le label MISSION LIBÉRATION de l’État.

PARCOURS DE L’EXPOSITION

« L’exposition se déploie dans les pièces du Château de La Roche-Guyon qui ont constitué le décor de l’état-major de Rommel : la Salle du billard, le Salon gris, la Tour carrée, le Grand salon où sont accrochées les quatre Tapisseries d’Esther réalisées par la Manufacture des Gobelins d’après des cartons de Jean-François de Troy, le Cabinet chinois, le Salon d’angle, la Bibliothèque et le Cabinet de curiosités. »

« L’exposition s’ouvre sur la période de l’Occupation et se poursuit sur les principaux théâtres d’opérations sur lesquels les membres de la Monuments, Fine Arts and Archives section furent déployés : des campagnes de Sicile aux sentiers de l’Allemagne, en passant par les plages de Normandie et les boucles de la Seine… »

« À travers une succession de récits et de témoignages, associée à une sélection de près de 300 objets, mobilier, archives, dioramas et mannequins de soldats en uniforme d’époque, le public est immergé dans une épopée historique, artistique et humaine relatant un combat parmi les plus méconnus de la Seconde Guerre mondiale : celui des hommes et des femmes engagés sur le Front de l’Art. Les visiteurs sont également invités à découvrir les histoires individuelles, personnelles et inédites des officiers de l’art mis en avant dans cette exposition à travers une sélection d’objets originaux et identifiés ayant appartenu à de véritables Monuments Men ! »

LES « MONUMENTS MEN » 
« Au cours de la Seconde Guerre mondiale, le patrimoine culturel est plus que jamais menacé par la guerre et ses effets sur le comportement des hommes. »

« Sur tous les continents, les progrès de la guerre moderne, associés à la violence démesurée des affrontements armés, entraînent la destruction irrémédiable de milliers de trésors hérités du passé. En Europe, en plus des dévastations matérielles considérables entraînées par l’intensité des combats, de profonds bouleversements culturels, politiques et idéologiques entendent faire disparaître une partie du patrimoine artistique et culturel européen. »

« Si aujourd’hui, une grande majorité de cet héritage culturel a pu être préservée, c’est en partie grâce aux actions menées par une petite poignée d’hommes méconnus, engagés parmi les millions de soldats alliés, et dont le destin allait se lier, par une succession d’événements, au sort des plus beaux trésors culturels du patrimoine européen… »

« En 1943, alors que les armées alliées se préparent à envahir le continent européen, les principales autorités artistiques américaines et britanniques prennent conscience du fait que la guerre fait courir le plus grand risque sur le patrimoine culturel européen. En plus des destructions matérielles importantes liées aux bombardements et aux combats au sol, le Troisième Reich est engagé depuis plusieurs années dans une campagne organisée de pillage, de destruction et de confiscation systématique de biens culturels à une échelle jamais égalée dans l’histoire européenne. »

« En conséquence, les Alliés décident de mettre en place un bataillon d’experts en art rattaché à l’armée, destiné à prévenir et à empêcher la destruction du patrimoine culturel européen présent en zone de guerre. Mise en service à la mi-1943, la Monuments, Fine Arts and Archives section rassemble alors une sélection inédite d’officiers de l’art américains et britanniques, spécialisés dans les domaines des beaux-arts, des archives, de l’architecture ou encore de la conservation. Rattachée au quartier général suprême des forces expéditionnaires alliées à la veille du Débarquement en Normandie, la section est chargée de fournir des informations détaillées sur le patrimoine culturel menacé et les zones où intervenir d’urgence. Avançant au rythme des combats de la Libération, les officiers de l’art ont pour mission de protéger les œuvres et les monuments mais ils sont aussi chargés de rechercher les artefacts spoliés par les nazis et d’établir des inventaires précis pour pouvoir les restituer à leurs propriétaires légitimes à l’issue des hostilités. »

LES « MONUMENTS MEN » À LA ROCHE-GUYON 
« Si l’histoire du château de La Roche-Guyon au cours de la Seconde Guerre mondiale n’est pas totalement méconnue des passionnés d’histoire et des habitants de la région, peu de gens savent qu’il fut également l’un des lieux de passage des célèbres Monuments Men ! En raison de sa situation stratégique, le village de La Roche-Guyon est rapidement choisi comme lieu de cantonnement par les troupes allemandes. »

« La commune aurait compté pas moins de 1 500 soldats allemands pour 543 villageois. À compter du mois de mars 1944, le General-feldmarschall Erwin Rommel, nommé quelque temps plus tôt responsable de la défense des côtes françaises en prévision d’un débarquement allié en Normandie, fait installer son état-major dans le château afin de bénéficier d’un accès direct sur la région normande, tout en restant proche de la capitale et du poste de commandement des armées allemandes de l’Ouest situé à Saint-Germain-en-Laye. Après six mois d’Occupation, une grande partie des troupes allemandes présentes dans le village se retirent avant l’arrivée des troupes américaines qui est suivie, à la fin du mois d’août 1944, par de violents bombardements alliés venant causer d’importants dégâts sur le château et ses environs... »

« Classé au titre des monuments historiques, le château de La Roche-Guyon figure naturellement sur la liste des sites et monuments à protéger émise par le SHAEF, le quartier général suprême des forces expéditionnaires alliées en Europe, à l’aube du Débarquement allié en Normandie. Sont également inscrits sur cette liste les sépultures et l’église Saint-Samson construite au XVe siècle. »

« Situé à 24 kilomètres au nord-est de Vernon, le château de La Roche-Guyon renferme une importante collection d’objets d’art appartenant à la famille La Rochefoucauld. Cette collection privée comprend de somptueuses tapisseries provenant de la manufacture des Gobelins, des portraits, des sculptures en bois, de vieux miroirs vénitiens, des livres anciens ainsi que des souvenirs liés au poète Lamartine qui y séjourna au début du XIXe siècle.

Rattaché à la section des Affaires civiles de la Seine à la fin de l’été 1944, c’est le lieutenant américain James J. Rorimer qui est chargé d’inspecter les sites historiques et culturels protégés dans le bassin parisien. Spécialiste des collections d’objets médiévaux, conservateur en charge d’un des départements les plus importants du Metropolitan Museum of Art de New York, il est naturellement choisi par le SHAEF en raison de ses connaissances encyclopédiques sur le sujet et de ses compétences précieuses dans le domaine de la conservation et de la protection d’objets patrimoniaux en lien avec la période médiévale... »

« Au début du printemps 1944, il se rend donc régulièrement sur des sites culturels à inspecter, le plus souvent accompagné par ses confrères français. »

Une histoire encore méconnue
« À en croire les rapports de la section, le passage du lieutenant Rorimer au château de La Roche-Guyon aurait eu lieu entre la fin du mois de septembre et le début du mois d’octobre 1944. Accompagné de Jean Verrier, inspecteur général des Monuments historiques, et de l’architecte Jules Formigé, le Monuments Man aurait fait la rencontre de la fille du Duc de La Roche-Guyon, propriétaire du château, et procédé à l’inspection des salons et de l’extérieur du site en prenant le soin de photographier les éléments nécessaires pour son rapport. Dans un rapport daté du 16 octobre, reprenant lui-même des éléments rapportés le 9, le Monuments Specialist officer fait alors état des dégâts causés par les bombardements alliés au patrimoine du village : 
« Des boiseries du XVIIIe siècle ont été endommagées, des chandeliers en cristal ont été détruits. Quelques fournitures, des tapis et de belles tapisseries avaient été placées dans une chapelle humide au dernier étage, je leur ai donc conseillé de dérouler les textiles immédiatement et de les placer dans une pièce sèche plus bas. Les pièces endommagées et le toit nécessiteront l’attention des entrepreneurs locaux et de l’État. La deuxième chapelle de la ville est légèrement endommagée, elle a été aménagée pour le stockage des pièces de portes style Renaissance ».
« Les impératifs inhérents aux premiers mois de la Libération rendent inévitablement l’organisation des premières mesures de réparations du château très délicates ». 

« En mai 1945, un rapport de la Monuments, Fine Arts & Archives section indique que le toit du château a été suffisamment réparé pour permettre le stockage d’œuvres d’arts importantes. Il faudra toutefois attendre le début de l’année 1946 pour que de plus amples entreprises de restaurations soient engagées. Le château continuera quant à lui d’être restauré jusque dans les années 60. »

QUELQUES OBJETS D’EXCEPTION 

« En raison de la faible reconnaissance de la Monuments, Fine Arts and Archives section jusqu’à très récemment et de l’infime proportion de ses membres, très peu d’objets ayant appartenu aux Monuments Men sont parvenus jusqu’à nous. »

« Ces dernières années, sur la base d’un important travail de recherche et d’un vaste réseau de collectionneurs répartis aux quatre coins du monde, l’historien Mattéo Grouard a toutefois eu le privilège d’acquérir des objets ayant appartenu à ces hommes et femmes d’exception, ainsi qu’à ceux qui les accompagnèrent dans cette tumultueuse mission de protection du patrimoine culturel. Le jeune homme a également eu la chance de rencontrer des descendants directs de Monuments Officers qui lui ont permis d’accéder à des histoires et des objets tout à fait inédits. »

Courrier du capitaine Deane Keller adressé à son épouse en 1945.
« À l’instar de nombreux Monuments Men qui sont mariés et pères de famille, Keller écrira de nombreuses lettres à son épouse et à son fils au cours de son service en Méditerranée.
Né le 14 décembre 1901 à New Haven dans le Connecticut, cet artiste, universitaire, restaurateur d’art et conservateur américain servit au sein des Monuments Men de 1943 à 1946. Rattaché à la 5ème Armée américaine, il eut notamment la charge de superviser la protection du patrimoine culturel en Italie. »

Carte ayant appartenu au Squadron Leader John E. Dixon-Spain de la Royal Air Force.
« Architecte de formation, cet expert en art britannique est intégré à la Monuments, Fine Arts and Archives section en juin 1 944. »
« Accompagné de deux de ses homologues américains, il est l’un des premiers Monuments Men à débarquer en Normandie au début du mois de juillet 1944. »
« Au même titre que les listes des monuments à protéger et les manuels de terrain, les cartes font partie des éléments indispensables au travail des Monuments Men en zone de guerre. »
« Préparées préalablement en Angleterre ou improvisées sur le terrain, elles accompagnent les officiers de l’art dans leurs pérégrinations à travers l’Europe et sont principalement utilisées pour indiquer les emplacements supposés des artefacts protégés mais également pour diriger les tirs d’artillerie loin des sites culturels importants. »

Les carnets et notes clandestines de Rose Valland, utilisés par le personnage de Claire Simone dans le film Monuments Men (2014).
« Interprété par Cate Blanchett, le personnage de Claire est directement inspiré de l’espionne du Jeu de Paume. »

Casque de combat M1 ayant appartenu au 1st Lieutenant Pete B. Turnham, officier américain de la 71st Infantry Division chargé de surveiller, à la tête d’une centaine d’hommes, le château bavarois de Neuschwanstein situé à proximité de la frontière autrichienne.
« Construit sur ordre du roi Louis II de Bavière à la fin du XIXe siècle, ce château est utilisé par les nazis comme principal lieu de stockage pour les œuvres d’art ayant été pillées en France. »
« C’est le lieutenant américain James J. Rorimer, le Monuments Man de La Roche-Guyon, qui retrouve la trace de ces milliers de trésors dérobés sur les indications de Rose Valland, l’attachée de conservation du musée du Jeu de Paume, à Paris, d’où partirent les œuvres. »

Aquarelle représentant les rives de la Seine par le Major Paul Ayshford Methuen, un « zoologiste et peintre britannique ayant rejoint la Monuments, Fine Arts & Archives section en 1944. »
« Vétéran de la Première Guerre mondiale, il est l’un des principaux officiers britanniques en charge de la protection du patrimoine au sein de la 21st Army en Normandie. »

Lampe torche américaine modèle TL-122-A et quart émaillé.
« Effets portés par l’acteur George Clooney dans le film Monuments Men (2014). »

Lettre du général Dwight Eisenhower portant sur la protection des monuments historiques en zone de guerre, adressée à l’ensemble du commandement interallié.
« Réplique ayant servie dans le film Monuments Men (2014). »

Badge nominatif porté par le Monuments Man Stratton Hammon au cours d’une conférence sur la prévention des incendies en mai 1947, après que ce dernier ait repris son travail d’architecte au lendemain de la guerre.

GALERIE DE PORTRAITS 

George L. Stout (1897-1978) est « un pionnier dans le domaine de la conservation préventive et de la restauration des œuvres d’art aux États-Unis. Conscient de la menace qui pèse sur le patrimoine européen, il milite dès le début des années 1940 pour la création d’un bataillon d’experts chargé de la protection des œuvres d’art et des monuments en zone de guerre. Rattaché à la section en 1943, il devient rapidement un personnage central des Monuments Men, supervisant notamment l’évacuation de nombreux dépôts. »
« À la fin de l’année 1945, il est envoyé au Japon pour former une nouvelle section de protection du patrimoine en Asie. »

Walker K. Hancock (1901-1998) est « un célèbre sculpteur de Pennsylvanie. Il rejoint la section des Monuments Men peu de temps après sa création à la fin de l’année 1943 et accompagne les troupes de la Libération des campagnes de France jusqu’aux sentiers de l’Allemagne. Au cours de ses pérégrinations à travers l’Europe, il localise de nombreux dépôts d’œuvres d’art, prend en charge leur sauvegarde et évacue leur contenu vers les différents points de collecte gérés par l’armée américaine. Il rentre chez lui en 1945 et publie ses mémoires de guerre dans un article du College Art Journal en 1946. »

Rose Valland (1898-1980) est « attachée de conservation au musée du Jeu de Paume, à Paris. Sous l’Occupation, alors que le musée est réquisitionné par les nazis pour faire transiter les œuvres spoliées aux familles juives et franc-maçonnes, elle assiste à l’expédition de 20 000 œuvres d’art en partance pour l’Allemagne. Ne pouvant empêcher la mise en coupe réglée du patrimoine artistique français, elle parvient néanmoins à se maintenir à son poste durant les quatre années d’occupation et à rédiger dans des conditions extrêmement périlleuses des notes clandestines sur les œuvres qui circulent par le Jeu de Paume : des renseignements qui se révèlent absolument capitaux dans l’organisation des opérations de récupération qui s’opèrent dès la fin de l’année 1944. »

James J. Rorimer (1905-1966) est « le conservateur en charge du département médiéval du Metropolitan Museum of Art de New York. Les différents voyages qu’il entreprend en Europe dans sa jeunesse l’ont exposé aux plus grandes collections publiques du monde, lui fournissant un savoir quasi-encyclopédique du patrimoine culturel européen qui sera largement mis à profit au cours de son service comme officier des beaux-arts et des monuments. D’abord assigné à la section des Affaires civiles de la Seine à la Libération pour poursuivre la mission du MFA&A dans la capitale et ses environs, il est affecté à la 7ème armée américaine pour retrouver les dépôts d’œuvres d’art spoliées par les nazis. »

LE CHÂTEAU DE LA ROCHE-GUYON 
Des origines jusqu’à la seconde Guerre mondiale

« Le premier château de La Roche-Guyon était entièrement creusé dans la falaise, dissimulé aux regards ennemis. Au XIVe siècle, un corps de logis, protégé par une enceinte, est construit au pied de la falaise, tandis qu’au sommet s’élève depuis la fin du XIIe siècle un solide donjon de pierre. Défendu par une double enceinte qui épouse sa forme en éperon, il est relié au manoir par un escalier creusé dans le roc. Sa position dominante, au-dessus des vallées de la Seine et de l’Epte, lui donne une valeur stratégique inestimable. Jusqu’au XVe siècle, le domaine appartient à Guy de La Roche qui donne son nom au village. La mort de Guy VI à Azincourt fait tomber le château aux mains des Anglais. »

« À la Renaissance, il revient à la famille de Silly, qui entreprend l’agrandissement du corps de logis. Le château oublie son passé militaire pour devenir une agréable résidence seigneuriale. François Ier, Henri II puis Henri IV viennent y séjourner pendant leurs parties de chasse. »

« Au XVIIIe siècle, l’esprit des Lumières souffle sur La Roche-Guyon. Le Duc de La Rochefoucauld et sa fille, la Duchesse d’Enville, entreprennent de grands travaux. Entrée monumentale, écuries, pavillons, terrasses se fondent dans la forteresse médiévale. Turgot, Condorcet, Young se réunissent dans le grand salon, la bibliothèque ou le petit théâtre, joyau secret du château. Un observatoire astronomique est installé dans la tour sud-est. Le village est doté d’un système d’adduction d’eau moderne, d’une filature de coton, d’une briqueterie… »

« Au XIXe siècle, le Duc de Rohan hérite du domaine. Il réaménage l’ancienne chapelle troglodytique et lui donne sa forme actuelle. Victor Hugo, Lamartine et Montalembert ont séjourné au château à cette époque. »

A la fin de la Deuxième Guerre mondiale, « en février 1944, Rommel s’y installe avec son état-major. Des casemates sont creusées dans la falaise. »

« Dans les années 50, Edgar P. Jacobs choisit le village et le château de La Roche-Guyon comme cadre de l’album de Blake & Mortimer Le piège diabolique. Le chronoscaphe dans les boves du château est le témoin scénographique de la bande dessinée. »

« En 1994, le château de La Roche-Guyon ouvre au public. L’Établissement Public de Coopération Culturelle du Château de La Roche-Guyon est créé le 19 décembre 2003. Le Château, classé Monument Historique, reste la propriété de la famille La Rochefoucauld, qui en a cédé la gestion à l’Établissement Public par un bail emphytéotique de 99 ans. En 2023, le château de La Roche-Guyon a accueilli 76 370 visiteurs. »

Saison 2024 « Guerre et Paix »
Par Marie-Laure ATGER, Directrice

« La programmation artistique du Château de La Roche-Guyon est toujours inspirée de sa longue et prolifique histoire.

Depuis le IIIe siècle et le martyr de Sainte-Pience lors de l’évangélisation du Vexin, le château a évidemment traversé de nombreuses périodes de troubles, de guerre et de paix, et en a même été un acteur.

En 911, à Saint-Clair-sur-Epte, à quelques encablures de La Roche-Guyon, est fondée la paix entre un chef Viking, Rollon, et le roi des Francs, Charles III le Simple. Ce traité fait de la rivière Epte la frontière entre la Normandie et la France.

Mais cette frontière est belliqueuse : les donjons de La Roche-Guyon et de Château-Gaillard sont érigés dans les dernières années du XIIe siècle, traduction des conflits entre Philippe Auguste et Richard Cœur de Lion.

Plus tard, en 1419, en pleine Guerre de Cent ans, le château est assiégé pendant six mois. Le roi Henri V d’Angleterre ne peut que s’étonner que ce siège soit tenu par une femme, Perette de La Rivière. Elle finira par quitter le château plutôt que de lui porter allégeance. Et son fils reconquerra le château en 1449.

Par la suite, le château perd peu à peu ses fonctions défensives. Son aspect est modifié pour devenir un château d’agrément, avant que la Révolution ne rapporte le trouble. Louis-Alexandre de La Rochefoucauld, fils de la duchesse d’Enville, a été lynché sous ses yeux en 1792 à Gisors ; la duchesse elle-même a été emprisonnée, avant qu’une pétition des villageois ne la fasse libérer ; la destruction du donjon a été ordonnée, mais jamais achevée.

C’est au XXe siècle, au cours de la Seconde Guerre mondiale, que le château retrouve sa vocation militaire. En 1944, le Maréchal Rommel, en charge de la défense du Mur de l’Atlantique, en fait son Quartier Général (QG). Alors que les salons du château lui servent de chambre et de bureau, ses parties troglodytes sont réaménagées en casemates servant au transit des munitions vers le front et à l’installation du matériel de communication tel que la machine Enigma.

La Roche-Guyon devient le village le plus occupé de France : trois soldats allemands pour un Français. Ironie de l’Histoire, le jour du Débarquement, Rommel est en Allemagne pour fêter l’anniversaire de sa femme. Ensuite, les événements se précipitent pour lui : le 17 juillet 1944, il est blessé en revenant d’une inspection sur le front ; le 20 juillet 1944, l’attentat contre Hitler échoue ; soupçonné d’avoir participé au complot qui a fomenté cet attentat, il est poussé au suicide et enterré le 18 octobre 1944.

Les Allemands avaient définitivement quitté le château le 18 août 1944. Mal renseignés, les Alliés bombardent le château et le village le 25 août : ils reçoivent 70 bombes. Par chance, le château et son domaine avaient été entièrement classés Monuments Historiques dans les premiers jours de 1943. Les travaux de restauration dits « de dommages de guerre » dureront jusqu’en 1963.

Le village porte également la mémoire de résistants. Justinien Blazy, directeur de l’hôpital de La Roche-Guyon, y cache des enfants juifs. Il sera fait Juste parmi les Nations. Henry R. Crowder, soldat américain, et Edmond Charles Mansuy, lieutenant des Forces Françaises de l’Intérieur (FFI) sont morts à La Roche-Guyon.

C’est en mémoire de cette occupation, du Débarquement du 8 juin 1944, des hommes qui sont morts pour notre liberté, et en pensant à celles et ceux qui vivent actuellement la guerre, que notre Saison culturelle 2024 est consacrée à la Seconde Guerre mondiale.

L’exposition « Monuments Men, des hommes sur le front de l’art », pierre angulaire de cette Saison, rassemble Histoire et Histoire des arts. »


Du 18 mai au 24 novembre 2024
1, rue de l’Audience. 95780 La Roche-Guyon
Tél. : 01 34 79 74 42
GPS : lat 49°4’51” long 1°37’42”
Du lundi au dimanche de 10h à 17h
ACCÈS
DEPUIS PARIS
Par l’autoroute A15
Prendre l’A15 direction Cergy, puis continuer sur la N14, à hauteur de Magny-en-Vexin, prendre la sortie “Hodent-Vernon“
puis suivre la direction Vernon et La Roche-Guyon.
Par l’autoroute A13
Prendre l’A13 direction Rouen. A hauteur de Mantes-la-Jolie, prendre la première sortie 11, puis suivre la direction Limaycentre
ancien, puis Vétheuil et La Roche-Guyon.
DEPUIS ROUEN
Prendre l’autoroute A13 direction Paris. Prendre la sortie “Chauffour“, puis suivre la direction Bonnières-centre. Au pont, prendre la direction Bennecourt puis à gauche La Roche-Guyon.
Visuels :
Affiche © Château LRG // 
Photo GIs américains descendant les marches du château bavarois de Neuschwanstein avec des œuvres d’art sous la supervision du Monuments Man James J. Rorimer © National Archives and Records Administration 

Les archives de l’E.R.R. retrouvées dans le château de Neuschwanstein 
(c) National Archives and Records Administration

Un aumônier inspecte un Sefer Torah retrouvé parmi des centaines de livres saints saisis 
(c) National Archives and Records Administration

Le sergent Harry Ettlinger inspecte un autoportrait de Rembrandt retrouvé dans la mine 
(c) National Archives and Records Administration

ITEMC_46_Carte de pillé ou spolié

Des soldats américains découvrent une toile d’Edouard Manet dans la mine de Merkers en Allemagne 
(c) National Archives and Records  Administration

ITEMC_44_livre chefs d’oeuvres spoliés

Mannequin représentant le capitaine Mason Hammond, premier Monuments Man américain

Carte ayant appartenu au Squadron Leader John E. Dixon-Spain de la Royal Air Force.

Aquarelle représentant les rives de la Seine par le Major Paul Ayshford Methuen

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Les citations proviennent du dossier de presse.

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