jeudi 12 septembre 2024

« Olympisme. Une invention moderne, un héritage antique »

Le musée du Louvre présente l’exposition « Olympisme. Une invention moderne, un héritage antique ». « Pour cette troisième tenue des Jeux Olympiques et Paralympiques à Paris en 2024, le musée du Louvre propose au public de découvrir la création des premiers JO et leurs sources iconographiques à la fin du XIXe siècle, pour mieux saisir le contexte politique et pour comprendre comment ses organisateurs ont réinventé les concours de la Grèce antique. » 


Le musée du Louvre analyse l'inspiration artistique, iconographique des premiers Jeux Olympiques, à la fin du XIXe siècle afin de souligner l'oeuvre de réinvention, par les organisateurs de ces Jeux, des concours de la Grèce antique. 

« Les sources de cet événement mondial sont révélées avec l’exposition : outre Pierre de Coubertin, diverses personnalités françaises et grecques sont à l'initiative de la plus grande et la plus suivie de toutes les manifestations sportives. Elles sont rejointes par Emile Gillieron (1850-1924) : dessinateur d'origine suisse, il se forme aux Beaux-arts de Paris et fréquente le Louvre où il copie certains des chefs-d’œuvre. Installé en Grèce et nommé artiste officiel des Jeux Olympiques à Athènes de 1896 et de la Mesolympiade de 1906, il s'est inspiré des découvertes des fouilles des grands chantiers archéologiques qu’il avait couverts, pour inventer les trophées des vainqueurs. Par le biais des techniques de reproduction les plus modernes, il illustre les images servant à la communication du tout jeune Etat grec, notamment les timbres ou les affiches. »

« Grâce à un prêt exceptionnel de la Fondation Stavros Niarchos (SNF), le Louvre expose la première coupe olympique, dite coupe Bréal : conçue par l'universitaire Michel Breal, elle fut créée par un orfèvre français pour le vainqueur de la première course du marathon, inventée pour les JO modernes. »

« Aujourd’hui, 130 ans âpres cette première inauguration, il s’agit aussi de commémorer le centenaire des Jeux Olympiques qui se sont tenus pour la seconde fois a Paris en 1924. »

« Dans le cadre de la programmation culturelle des Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024 à Paris, l’exposition montre comment, au nom du sport, l’alliance des disciplines scientifiques que sont la philologie, l’histoire, l’histoire de l’art et l’archéologie a réussi à créer cet événement sportif mondial. »

Le Commissariat de l’exposition est assuré par Alexandre Farnoux, ancien directeur de l’Ecole française d’Athènes et professeur d'archéologie et d'histoire de l'art grec à Sorbonne Université, Violaine Jeammet, conservatrice générale au département des Antiquités grecques, étrusques et romaines, musée du Louvre, et Christina Mitsopoulou, archéologue à l’université de Thessalie, Ecole française d’Athènes.

AUX RACINES ANTIQUES DE L’OLYMPISME MODERNE : UNE GENÈSE FRANCOGRECQUE OUBLIÉE
« L’exposition se propose d’abord de lever le voile sur la création des Jeux Olympiques modernes et de valoriser le rôle joué par la France, et tout spécialement Paris, bien au-delà de la figure de Pierre de Coubertin que l’histoire a surtout retenue. Sont ainsi évoquées des figures méconnues d'historiens et d'hommes politiques comme Dimitrios Vikelas, Michel Bréal ou Spyridon Lambros. En cherchant à comprendre le sport grec à partir de l’étude des textes antiques et des témoignages archéologiques, ces historiens et érudits ont réinventé les concours de la Grèce antique. »

« Avec comme préoccupation centrale la paix favorisée par la pratique du sport, les initiatives du baron Pierre de Coubertin aboutissent au congrès olympique fondateur, organisé par l’Union des sociétés françaises de sport à l'Université de la Sorbonne en juin 1894. Les premiers JO vont ainsi être organisés en 1896 à Athènes, puis en 1900 à Paris dans le cadre de l'Exposition universelle. »

LA COUPE BRÉAL
« L'historien, linguiste et pédagogue Michel Bréal (1832-1915), installé à Paris et présent au congrès fondateur de la Sorbonne, a souhaité faire renaitre la course du marathon en s'appuyant, de manière originale, sur des sources historiques anciennes. Il est le père spirituel d'un sport moderne qui s'est imposé mondialement. »
« La coupe qu'il a fait faire fut offerte en 1896 au premier vainqueur de la course, le Grec Spyridon Louis ; elle est devenue le trophée olympique le plus célèbre avec une forte connotation historique et symbolique. »
« Réalisée à Paris par un orfèvre anonyme sur les instructions de Breal, elle n'a jamais à ce jour été exposée dans la ville où elle fut pourtant créée. « Cette élégante œuvre d’art parisienne ≫ (παρισιακόν κομψοτέχνημα), tel que Spyridon Lambros l'a présentée au public grec par voie de presse, constitue l'un des pivots de l'exposition. »
« La coupe a été acquise par la Fondation Stavros Niarchos (SNF) en 2012 et est exposée au Centre Culturel Fondation Stavros Niarchos (SNFCC), Athènes. »

LOUIS EMMANUEL ÉMILE GILLIÉRON (1850-1924), ARTISTE OLYMPIQUE
« Au cœur de cette invention se trouve l’artiste Emile Gillieron (père), Suisse installé en Grèce depuis 1876, dont on fêtera le centenaire de la mort en 2024. Inconnu du grand public, il était pourtant le dessinateur de la famille royale et le collaborateur de nombreux archéologues, grecs et étrangers, qui ont travaillé en Grèce à la même époque. Il fut surtout l’artiste officiel des Jeux Olympiques de 1896 et de la Mésolympiade de 1906. L’exposition se propose donc de faire comprendre au public l’impact des récentes découvertes archéologiques sur les modes de communication au moment de la naissance de ces jeux. »

« En s'appuyant sur l'étude du fonds d'atelier récemment légué par la famille Gillieron a l'Ecole française d’Athènes, l'exposition présente pour la première fois les antiquités qui ont inspire Emile Gillieron et les confronte aux œuvres produites dans le cadre des JO modernes : timbres, affiches, cartes postales, trophées, commémoratifs. »

LA FABRIQUE DE L’IMAGERIE OLYMPIQUE : RÉCOMPENSER LES ATHLÈTES ET DIFFUSER L’IMAGE OLYMPIQUE
« Les relations mondaines et professionnelles d’Emile Gillieron en font le personnage clé lorsqu’il s’agit de créer une nouvelle iconographie autour de l’olympisme. »
« L'expérience de terrain qu'il acquiert lors de ses collaborations sur les grandes fouilles archéologiques (Acropole d’Athènes, Marathon, Béotie, Eubée etc.) lui fournit ainsi des idées et des modèles de référence qui deviennent les fondements de la nouvelle iconographie olympique. Puisant dans sa culture archéologique, il utilise toutes les techniques de reproduction (dessin, moulage, galvanoplastie, lithographie, imprimerie, photographie etc.) pour inventer trophées et visuels servant à la communication étatique, notamment les timbres. L’événement voit en effet la première émission de timbres de jeux athlétiques au monde et la naissance de la philatélie olympique. »
« Les sources antiques sont aussi sollicitées pour reconstituer les gestes sportifs des anciens Grecs afin de les adapter aux nouveaux jeux. »
« Mais l’olympisme moderne, ainsi élaboré, constitue un phénomène propre au XXe siècle qui est finalement assez éloigné de ce qu’étaient les concours antiques. »

Le Commissariat de l’exposition est assuré par Alexandre Farnoux, ancien directeur de l’Ecole française d’Athènes et professeur d'archéologie et d'histoire de l'art grec à Sorbonne Université, Violaine Jeammet, conservatrice générale au département des Antiquités grecques, étrusques et romaines, musée du Louvre, et Christina Mitsopoulou, archéologue à l’université de Thessalie, Ecole française d’Athènes.

Le musée a proposé  des conférences, visites guidées et ateliers. 

PARCOURS DE L’EXPOSITION
TEXTE DES PANNEAUX DIDACTIQUES DE L’EXPOSITION


« Inspirés des concours athlétiques antiques, les jeux Olympiques modernes sont conçus à Paris en 1894 et inaugurés à Athènes en 1896. Ville hôte en 1900, 1924 et 2024, Paris occupe une place fondamentale dans l’histoire olympique. Mais que sait-on de la genèse de ces jeux et, au-delà de Pierre de Coubertin (1863-1937), des personnalités ayant œuvré à leur conception ? Quel rôle la philologie, l’histoire et l’archéologie, alors en plein essor, ont joué dans l’élaboration de l’imagerie olympique et des épreuves sportives modernes ? »

« L’exposition met en lumière les débuts des jeux Olympiques et les protagonistes de cette renaissance. Parmi eux, Emile Gillieron (1850-1924) occupe une place centrale : le legs de son atelier a l’Ecole française d’Athènes entre 2015 et 2018 a permis de conforter l’hypothèse qu’il fut l’artiste officiel des Jeux de 1896 et de la Mésolympiade, jeux non officiels de 1906. Sa formation et son œuvre témoignent des liens entre les collections du Louvre, l’Université parisienne de la Sorbonne, la Grèce antique et l’olympisme moderne. »

LA GRÈCE, BERCEAU DES GRANDS CONCOURS SPORTIFS
« En Grèce antique, des concours sportifs étaient organisés tous les quatre ans dans quatre grands sanctuaires en l’honneur des dieux. Ces concours panhelléniques réunissaient l’ensemble des cités grecques à Olympie, Delphes, l’Isthme et Némée. »
776 av. J-C : Date officielle de la naissance des concours à Olympie en l’honneur de Zeus
582 av. J-C : Date officielle de la naissance des concours pythiques à Delphes en l’honneur d’Apollon, et isthmiques a Corinthe en l’honneur de Poséidon
573 av. J-C : Naissance des concours à Némée en l’honneur de Zeus
566 av. J-C : Naissance à Athènes des concours panathénaïques (propres à la cité d’Athènes) en l’honneur d’Athéna
490 av. J-C :
Victoire des Grecs sur les Perses à la bataille de Marathon lors des guerres médiques
393 ap. J-C : Derniers concours à Olympie avant l’édit de l’empereur romain Théodose Ier qui ordonne la fermeture des sanctuaires païens et la fin des fêtes et concours qu’ils abritent

LES JEUX OLYMPIQUES MODERNES, UN PROJET INTERNATIONAL PORTÉ PAR LA FRANCE ET LA GRÈCE
1859-1870 : Premières tentatives de recréation des jeux Olympiques à Athènes par les mécènes Evangélis et Konstantinos Zappas
1894 : Congrès pour la rénovation des jeux Olympiques réuni à l’université de la Sorbonne à Paris le 16 juin
1896 : Premiers jeux Olympiques à Athènes
1900 : Jeux Olympiques à Paris
1904 : Jeux Olympiques à Saint-Louis
1906 : Mésolympiade (jeux intermédiaires non officiels) à Athènes
1908 : Jeux Olympiques à Londres
1912 : Jeux Olympiques à Stockholm
1916 : Première Guerre mondiale : Jeux de Berlin annulés
1920 : Jeux Olympiques à Anvers
1924 : Jeux Olympiques à Paris pour la deuxième fois 
2024 : Jeux Olympiques à Paris pour la troisième fois

AUX RACINES DE L’OLYMPISME MODERNE : UNE GENÈSE FRANCO-GRECQUE
« A la fin du 19e siècle, dans un contexte de rivalités entre les grandes puissances occidentales, le sport devient un enjeu international : les initiatives du baron Pierre de Coubertin pour l’éducation et la paix mènent au congrès fondateur de l’olympisme, le 16 juin 1894, à l’université de la Sorbonne à Paris. »
« Un partenariat franco-hellénique rassemble érudits, hommes politiques et artistes autour de l’olympisme : le philologue Michel Bréal, l’écrivain Dimitrios Vikelas, l’universitaire Spyridon Lambros et le peintre Emile Gillieron. Formé aux Beaux-arts et habitué du Louvre, l’artiste s’installe à Athènes en 1876. Il a pu y croiser Edmond Pottier (1855-1934), membre de l’Ecole française, futur conservateur au Louvre où il pose les fondements de l’étude des vases figures antiques. »

PARIS ET LE LOUVRE AU COEUR DE L’OLYMPISME
« Paris et le musée du Louvre jouent un rôle décisif dans la naissance de l’olympisme moderne. Dans la capitale, les idées en faveur de l’activité physique comme levier de la réforme de l’éducation bouillonnent. Les collections du musée fournissent les modèles iconographiques pour accompagner ce mouvement et lui donner ses lettres de noblesse. En retour, l’olympisme imprime sa marque sur la ville en imposant l’aménagement d’espaces ou la construction d’équipements afin d’accueillir les compétitions. »

DES VESTIGES ET DES TEXTES
« La communication du message olympique repose sur deux personnalités qui apportent leurs connaissances respectives des vestiges et des sources écrites antiques : Emile Gillieron et Michel Bréal. »
« Installé à Athènes dès 1876, Gillieron est professeur de peinture au palais du roi Georges Ier de Grèce (1863-1913) et dessinateur sur les grandes fouilles en Grèce. Lorsqu’il est nommé membre du comité pour les timbres commémoratifs olympiques, il fait de l’Antiquité la source de l’iconographie des jeux Olympiques modernes. »
« Philologue et théoricien de l’éducation, Bréal imagine, à partir de sources historiques anciennes, la course du marathon : il est le père spirituel de cette épreuve moderne qui s’est imposée mondialement. Il conçoit également l’archétype du trophée athlétique avec sa coupe en argent décernée au vainqueur du premier marathon (présentée dans la salle suivante). »

ÉMILE GILLIÉRON ET LA CRÉATION DES PREMIÈRES IMAGES OLYMPIQUES
« Lors de la préparation des premiers jeux Olympiques, Gillieron est à l’apogée de sa carrière. Il s’inspire de l’art antique pour créer les images modernes de l’événement. Ses dessins reflètent les idées des savants qui ont œuvré pour établir les liens entre Jeux modernes et concours antiques. Il dessine la couverture de l’album commémoratif des jeux Olympiques de 1896, des timbres, des cartes postales et, inspiré par le succès de 1896, prépare des projets de trophées pour les Jeux intermédiaires de 1906. »

MICHEL BRÉAL ET L’INVENTION DU MARATHON
« Le marathon est inconnu en tant que discipline sportive lors des concours antiques. Il est né de l’imagination de Michel Brea, érudit français lié au Comité olympique dès 1894. Dans une lettre adressée à Pierre de Coubertin (présentée dans la salle suivante), Bréal suggère l’idée de cette course hors norme qui aurait une ≪ saveur antique ≫ : elle s’inspire de la course légendaire en 490 avant J.-C. d’un messager venu apporter depuis la plaine de Marathon jusqu’à Athènes la nouvelle de la victoire sur les Perses. »
« Grâce à l’accueil enthousiaste que son idée eut parmi les membres du CIO et du Comité d’organisation des jeux Olympiques en Grèce, la course a pu être réalisée dès 1896 et se développer en une discipline autonome. »

MARATHON, UN LIEU DE MÉMOIRE
« En 490 av. J.-C., la Première Guerre médique s’achève après la victoire écrasante des Athéniens contre les Perses à Marathon. Théâtre de cette bataille décisive, la plaine côtière de Marathon devient un lieu de mémoire dès l’Antiquité. Sa renommée s’accroit au fil des siècles et notamment au 19e siècle. En 1890-1891, la découverte du tumulus des Athéniens, butte artificielle qui conserve les cendres des soldats grecs morts et incinérés à l’endroit même de la bataille, suscite l’intérêt international. »
« L’artiste Gillieron parcourt le site, participe aux recherches, dessine pour les fouilleurs et s’inspire de l’actualité archéologique pour ses projets olympiques. »

DES TROPHÉES POUR LA VICTOIRE
« Aux jeux panhelléniques antiques qui rassemblent les différentes cités grecques, la victoire rapporte une couronne de feuillage et la gloire. Le trophée, récompense du sportif victorieux, est surtout une idée moderne. Michel Bréal fait réaliser à ses frais une coupe en argent, archétype des trophées actuels, décorée du paysage marécageux de Marathon. Une coupe antique figurée d’une course à pied est aussi donnée par l’antiquaire Ioannis P. Lambros (1843-1909). C’est le Grec Spyridon Louis (1873-1940), premier vainqueur du marathon, qui reçoit ces trophées en 1896. »
« Inspiré par ce succès, Gillieron se met à dessiner des futurs prix. Il puise dans sa connaissance des découvertes archéologiques récentes, à Mycènes, sur l’Acropole d’Athènes, en Béotie ou aux alentours de Marathon. Les formes inspirées de l’art antique deviennent ainsi les références obligées pour récompenser les vainqueurs des jeux Olympiques modernes. »

PETITE FABRIQUE DE L’OLYMPISME
« L’étude du fonds d’atelier d’Emile Gillieron révèle le rôle de l’artiste dans la création des images olympiques. Maitrisant toutes les techniques modernes de reproduction, il conçoit timbres, trophées et autres visuels inspirés de l’archéologie et de l’histoire de l’art grec. Ils servent à la communication officielle des jeux Olympiques. Ainsi, les Jeux de 1896 voient la première émission de timbres à sujet athlétique au monde et la naissance de la philatélie olympique. »
« Parallèlement, l’étude des sources antiques et l’expérimentation accompagnent les tentatives de réinvention des gestes sportifs antiques. Entre 1912 et 1948, l’ajout des épreuves artistiques dites ≪ olympiades culturelles ≫ ambitionne de faire de l’olympisme une manifestation populaire totale. »
« Malgré des idées généreuses et humanistes, le tableau n’est pas sans ombres : l’exaltation du corps de l’homme blanc, l’exclusion des femmes et du handicap marquent longtemps l’olympisme moderne. »

LA COLLABORATION FRANCOGRECQUE POUR LA CRÉATION DES TIMBRES OLYMPIQUES
« Les timbres commémoratifs des Jeux olympiques de 1896 s’inscrivent dans une tradition de collaboration franco-grecque. »
« En 1895, l’Atelier du Timbre de l’Imprimerie nationale française grave la série créée par Louis-Eugene Mouchon (1843-1914), éminent créateur de timbres, d’âpres des dessins de Gillieron. » 
« En Grèce, le projet est dirigé par l’historien, spécialiste de monnaies antiques, Jean N. Svoronos (1863-1922). Pour les jeux de la Mesolympiade de 1906, la même triade crée les timbres, imprimés à Londres, par les sociétés J.P. Segg & Co et Perkins Bacon. »

ARCHÉOLOGIE DU GESTE
« Les sources grecques n’inspirent pas seulement l’iconographie de l’olympisme moderne. Elles sont exploitées pour reconstituer les mouvements des sportifs antiques, particulièrement pour les activités qu’il faut réinventer, comme le lancer de disque. »
« En combinant les textes, les images des vases et la statuaire, philologues et archéologues unissent leurs savoirs à celui des médecins modernes qui utilisent la chronophotographie pour mettre au point le geste le plus conforme au modèle antique. »

OMBRES SUR L’OLYMPISME
« L’olympisme moderne est une exploitation orientée de l’Antiquité classique. Si l’imagerie produite au début du 20e siècle témoigne d’une certaine innocence, par la suite, l’art grec est mis au service de préjugés qui excluent ou d’idéologies nationales lourdes de menaces. La propagande nazie exploite les jeux Olympiques de 1936 et le Discobole de Myron devient le symbole involontaire de l’idéal ≪ aryen ≫. Mais l’héritage, comme souvent, est une trahison : les Grecs anciens au gymnase ou au stade sont très loin de ces dérives modernes. »

LES FEMMES ET L’OLYMPISME, UNE AUTRE VICTOIRE
« Exclues des grands concours sportifs durant l’Antiquité, les femmes ont cependant des activités physiques et des compétitions dédiées. Les images féminines liées à la sphère sportive sont pourtant surtout celles de la Victoire et des messagères ailées qui honorent les hommes. A l’époque moderne, Pierre de Coubertin considère que ≪ le rôle des femmes devrait être, comme dans les anciens tournois, de couronner les vainqueurs ≫. Présentes dans certaines disciplines des les jeux Olympiques de Paris en 1900, le combat pour l’égalité, dans l’olympisme aussi, fut pourtant long. »

LES OLYMPIADES CULTURELLES
« Entre 1912 et 1948, des épreuves artistiques étaient organisées selon des principes similaires aux épreuves sportives. Costas Dimitriadis (1879-1943), sculpteur grec de renommée internationale, remporte la médaille d’or au concours de sculpture de l’Olympiade artistique de Paris 1924, avec son Discobole finlandais. Des tirages originaux du Discobole sont visibles à New York, à Athènes et à Dijon. Une réplique de dimension réduite est exposée à la sortie de l’exposition. »

BIOGRAPHIES DES PRINCIPAUX ACTEURS

CHARLES PIERRE DE FRÉDY, BARON DE COUBERTIN (1863-1937)
« Aristocrate français, il voue sa vie aux idéaux pédagogiques et sportifs en vue d’une meilleure formation de la jeunesse. Réformateur visionnaire et pacifiste, il entend servir les valeurs de la Troisième République au nom de la Liberté, de l’Egalité et de la Fraternité. Fondateur du mouvement olympique lors du Congrès de Paris en 1894, il est le deuxième président du Comite international olympique (CIO) de 1896 à 1925. »

MICHEL BRÉAL (1832-1915)
« Philologue (spécialiste des sources écrites anciennes), linguiste, pédagogue, il est le ≪ père ≫ de la sémantique (étude de la signification du sens des mots). Professeur au Collège de France, à l’Ecole pratique des hautes études et membre de l’Institut, il a contribué à reformer l’enseignement supérieur. Ardent pacifiste lié a Coubertin et au mouvement olympique des 1894, il invente la course du marathon et la dote d’une coupe à son nom. Né en Allemagne et bilingue, il dispose d’un important réseau social international, dans les milieux bancaires, académiques et artistiques. »

DIMITRIOS VIKELAS (1835-1908)
« Négociant, écrivain, cofondateur et premier président du Comite international olympique. Installé à Paris depuis 1878, il voue sa vie aux lettres et à l’histoire. Il est choisi comme représentant de la Grèce au premier Congrès olympique à Paris en 1894, qui désigne Athènes comme lieu des premiers jeux Olympiques pour 1896. »

ÉMILE GILLIÉRON (1850-1924)
« Peintre franco-suisse, formé à Saint-Gall, à Bâle, à l’Académie royale des Arts de Munich et aux Beaux-arts de Paris. Installé dès 1876 à Athènes, il œuvre durant quatre décennies au côté de la communauté archéologique en Grèce. Professeur de peinture au palais de Georges Ier de Grèce (1863-1913), il est l’artiste officiel des premiers jeux Olympiques de 1896 et de ceux, non officiels appelés ≪ Mésolympiade ≫, de 1906. »

SPYRIDON LAMBROS (1851-1919)
« Personnalité scientifique et politique influente, il est professeur des princes à la cour du roi Georges Ier de Grèce. Fondateur de l’Histoire comme discipline en Grèce, il est cofondateur de la Société littéraire Parnassos, qui accueille Pierre de Coubertin en octobre 1894, et secrétaire général du Comite d’organisation de la Mésolympiade de 1906. Gillieron est dès 1880 son collaborateur artistique. »

EDMOND POTTIER (1855-1934)
« Membre de l’Ecole française d’Athènes (1877-1880) et conservateur au Louvre (1883-1924), professeur à l’Ecole du Louvre et aux Beaux-arts. Il contribue à la conception de deux outils majeurs de la recherche scientifique : un dictionnaire des antiquités grecques et romaines (le ≪ Daremberg & Saglio ≫) et le Corpus vasorum antiquorum. Il modernise ainsi la discipline qui étudie l’art figuré (iconographie) antique, source d’images pour les jeux Olympiques modernes. »


Du 24 avril au 16 septembre 2024
A la Galerie Richelieu
Tél. : 33 (0)1 40 20 53 17
De 9 h à 18 h, sauf le mardi.
Nocturne jusqu’à 21h45 le vendredi
Visuels :
Euphronios, cratère à figures rouges : Héraclès et Antée, Athènes, v. 515-510 av. J.-C. Département des Antiquités grecques, étrusques et romaines, musée du Louvre, Paris
c RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Stéphane Marechalle.

Tirage moderne en plâtre, d'âpres le groupe antique dit des lutteurs Médicis. Département des Antiquités grecques, étrusques et romaines. Musée du Louvre, Paris.
© 2015 Musée du Louvre, dist. RMN-Grand Palais / Herve Lewandowski.

Coupe Bréal en argent, conçue par Michel Bréal.
Décernée en 1896 à Spyridon Louis, vainqueur du marathon des premiers JO d'Athènes.
© Fondation Stavros Niarchos (SNF).

Emile Gillieron. Couverture de l’Album commémoratif des Jeux Olympiques d’Athènes de 1896, (où figure le sarcophage d’enfant conservé au Musée du Louvre). Comité international olympique (CIO) © Collections Musée Olympique, Lausanne.

Emile Gillieron. Timbre : 2e édition commémorative pour la Mésolympiade de 1906. Graveur, Louis Eugene Mouchon. Imprimée en Angleterre. Musée de la Philatélie et des Postes © Musée de la Philatélie et des Postes, Athènes.

Sarcophage d’enfant (face). La frise des putti athlètes, dit des Amorini. Rome, 175-225 ap. J.-C. Musée du Louvre, département des Antiquités grecques, étrusques et romaines, Paris, en dépôt au Musée national du sport, Nice
© RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Gerard Blot.

Trophée pour l’épreuve du marathon et autres épreuves d’athlétisme de la Mésolympiade de 1906, d'après le canthare du Cabirion. Thessalonique, Musée Olympique © Thessaloniki Olympic Museum.

Coupe à figures rouges, manière du peintre d’Antiphon (vue de l’intérieur). Athènes, v. 490 av. J.-C. Département des Antiquités grecques, étrusques et romaines, musée du Louvre, Paris
© RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Christian Larrieu.

Coupe à figures rouges, manière du peintre d’Antiphon (vue du pied). Athènes, v. 490 av. J.-C. Département des Antiquités grecques, étrusques et romaines, musée du Louvre, Paris. © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Tony Querrec.

Emile Gillieron. Plaque en plâtre représentant les deux lutteurs de l’Amphoriskos à figures rouges de forme panathénaïque © Ecole française d'Athènes

Emile Gillieron. Projet des trophées pour la Mésolympiade de 1906, d’après le canthare du Cabirion, (Brouillon de lettre p.1). Fonds Emile Gillieron (FEG), Ecole française d’Athènes (EFA).
© Ecole française d'Athènes.

Statuette de coureuse. Laconie (Grèce), vers 520-500 av. J.-C.
The British Museum, Londres
c The Trustees of the British Museum.


Les citations proviennent du dossier de presse. 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire