jeudi 19 septembre 2024

« Icônes. Images fantasmées »

Le musée de l’Image Ville d’Épinal propose l'exposition « Icônes. Images fantasmées ». 
Le terme "icône" vient du grec ancien eikon qui signifie « image ». Du domaine spirituel du christianisme orthodoxe, ce terme s'est étendu à d'autres sphères : politique, culture, mode, sport. L'icône contribue à imposer, à des fins de propagande, l'image d'un autocrate, à synthétiser en une allure l'air du temps, etc.
    

Le terme "icône" vient du grec ancien εἰκών, eikon, « image », et est lié à la représentation de personnages saints dans le christianisme, surtout dans celui orthodoxe et dans le catholicisme d'Orient. Intégrée dans la liturgie orthodoxe, l'icône se distingue de l'image pieuse par sa signification théologique. Elle est adulée comme dogme de la foi dès le septième concile œcuménique. 

A partir du VIIIe siècle, les Églises de la Pentarchie ont imposé aux auteurs d'icônes des contraintes artistiques : thèmes d'inspiration figées, trait rigoureux, couleurs mettant en valeur l'or symbole de la lumière divine. 

Au fil des siècles, l'utilisation de ce vocable s'est étendue aux domaines politiques, culturelles, de la mode...
 
Le commissariat est assuré par François Cheval, commissaire indépendant, directeur artistique du Centre de la Photographie de Mougins, et Christelle Rochette, directrice du musée de l’Image. Tous deux auteurs des textes.

PARCOURS DE L’EXPOSITION

« De l’idole à l’icône 
La première des icônes. Images acheiropoïètes Le « roman national », l’album de famille des français Vercingétorix, le glorieux vaincu 
Jeanne d’Arc, la sainte laïque 
Napoléon 1er, ou comment créer sa propre icône 
Le maréchal Pétain, le culte du « sauveur »
Staline, une icône « infaillible et immortelle »
Che Guevara, el guerillero heroico
Marilyn Monroe et Brigitte Bardot, icônes de beauté
Des icônes nationales 
With the Beatles Les dieux du stade 
La fin des icônes ? »

INTRODUCTION
« Le monde d’aujourd’hui n’est qu’images. Celles-ci ont acquis une importance telle que leur statut les installe dans un univers à part. Certaines d’entre elles, les icônes, sont pourvues d’une aura supplémentaire, une puissance qui dépasse le cadre de leur origine et qui leur confère une vie propre…. »

« Le terme « icône » - du grec eikôn (image) - désignant à l’origine une image vénérée par l’Église orthodoxe, est depuis longtemps passé de la sphère religieuse au monde profane : certains personnages historiques ont pu accéder au rang d’icônes, avant que le monde du spectacle ne prenne leur place au panthéon des images. »

« Mais comment définir une icône ? Qu’est-ce qui relie le Christ au Che, Jeanne d’Arc à Marilyn Monroe, Napoléon à Diego Maradona… ? Comment devient-on une icône ? Et qui aujourd’hui peut prétendre à le devenir ? »

« Devenir une icône demande à s’inscrire dans un temps long, celui des mythes et des légendes. La personnalité, homme ou femme, qui acquiert ce statut est supposée avoir une destinée hors du commun, à la fois épique et tragique. Son aura magnétique conquiert l’adhésion des foules et s’invite dans leur imaginaire. Peu importe la réalité ! L’icône est une création fictionnelle, une image fabriquée, un fantasme. »

DE L’IDOLE À L’ICÔNE 
« Dans la « société du spectacle » qui est la nôtre, les termes d’idole et d’icône se confondent le plus souvent. Les Rolling Stones ou Beyoncé sont à la fois des idoles et des icônes. »
« Cependant, dans la sphère religieuse où ils sont d’abord employés, ces deux mots s’opposent fondamentalement : l’idole se voit attribuer un caractère divin qui ne devrait appartenir qu’à Dieu et qui engendre l’adoration. Or pour les Hébreux, puis pour les chrétiens et plus tard pour les musulmans, Dieu est unique et insaisissable ; il est incorporel, invisible et se situe au-delà de la représentation du réel. Il ne peut donc être représenté. »
« Malgré cet interdit biblique, le christianisme créera des icônes représentant le Christ, incarnation charnelle de Dieu sur Terre. En contemplant une icône, c’est l’image visible du Dieu invisible qui est vénérée. Cet antagonisme sera à l’origine de crises iconoclastes (VIIIe et IXe siècles) et de guerres de religion dès le XVIe siècle. »

LA PREMIÈRE DES ICÔNES
« Bien au-delà de la culture judéo-chrétienne, son image est connue. Figure immédiatement reconnaissable que celle du Christ, fruit d’une construction totale, devenue consensuelle. Le Nouveau Testament reste muet au sujet des traits physiques de Jésus. Comme les hommes de son temps, il portait sans doute barbe et cheveux courts. Au IVe siècle, l’art byzantin crée la figure du Christ Pantocrator, sévère, hiératique et tout puissant. »

« L’apparence de Jésus évolue dès la Renaissance : image souffrante du Christ en croix, image apaisée du bon pasteur, la figure s’humanise. L’Église romaine lui donne définitivement un regard bienveillant et un air profondément charitable. Il devient le fils aimant, l’ami dont la beauté et la bonté sont susceptibles d’amener à la foi ceux qui l’approchent ».

IMAGES ACHEIROPOÏÈTES 
« Images miraculeuses, non fabriquées par l’homme, telles sont les images acheiropoïètes. Selon la foi chrétienne, par simple contact avec le visage ou le corps du Christ, l’image de ce dernier se serait transposée sur des linges. La tradition retient plusieurs exemples tels le voile de Véronique ou les saints-suaires. »

LE « ROMAN NATIONAL », L’ALBUM DE FAMILLE DES FRANÇAIS 
« Au XIXe siècle, une France mythifiée, fantasmée, se construit sous la plume des historiens. Il s’agit d’unifier le peuple au sein d’une véritable nation, de construire une identité nationale fédératrice, gommant les particularismes régionaux ou locaux. »

« Entamé dans les années 1830 avec Henri Martin (1810-1883) et Jules Michelet (1798-1874), le « roman national » est jalonné de figures historiques parfois héroïsées et dont les actes sont au fondement de la France : Vercingétorix, Clovis, Saint-Louis, Jeanne d’Arc, Louis XI, Henri IV, Louis XIV, Napoléon… Autant de personnages devenus iconiques à force d’illustrer les manuels scolaires des petits Français durant plus d’un siècle. Autant de symboles d’un patriotisme exacerbé tant dans la France défaite de 1871 que dans celle victorieuse de 1918. Autant de héros convoqués par la IIIe République pour être des modèles pour l’éducation de jeunes citoyens patriotes. »

VERCINGÉTORIX, LE GLORIEUX VAINCU 
« Oubliée durant près de dix-huit siècles, la figure de Vercingétorix (vers 80 av. JC- 46 av. JC) ressurgit avec l’engouement que connait le XIXe siècle pour l’archéologie et pour les Gaulois. L’Histoire des Gaulois d’Amédée Thierry et l’Histoire de France de Henri Martin, publiées respectivement en 1825 et 1834, ressuscitent le guerrier arverne et font de lui le premier héros de l’histoire nationale. »

« Cité par Jules César dans sa Guerre des Gaules, Vercingétorix n’y est aucunement décrit. C’est donc sur une image imaginaire et fantasmée que se fonde le mythe du valeureux et fier guerrier gaulois, que l’on affuble d’une moustache tombante, de longs cheveux hirsutes et d’un casque ailé. Longtemps ses représentations resteront fantaisistes, mêlant armement de l’Âge du Bronze et vêtement médiévaux. »

« Dans ce XIXe siècle qui voit la montée des nationalismes à travers l’Europe, Vercingétorix, malgré sa reddition à Alésia, va incarner la France et symboliser la résistance face à l’ennemi, particulièrement après la défaite de 1871 face à des Prussiens assimilés aux légions romaines. »

JEANNE D’ARC, LA SAINTE LAÏQUE
« Ô jeanne, sans sépulcre et sans portrait, toi qui savais que le tombeau des héros est le cœur des vivants. »
André Malraux, Discours d’Orléans, 8 mai 1961

« Le vrai visage de Jeanne d’Arc (1412-1431) nous est inconnu. C’est pourtant l’une des personnalités médiévales les mieux documentées grâce aux actes de son procès pour hérésie (1431) et du procès pour sa réhabilitation (1456). Bien qu’elle n’ait jamais été oubliée au cours du temps, elle devient une véritable icône au XIXe siècle, époque qui voit la mise en place d’une histoire de France épique, jalonnée de héros défenseurs du territoire. »

« Récupérée politiquement, la figure de Jeanne d’Arc est revendiquée à la fois par le camp catholique et par les républicains anticléricaux. L’historien Jules Michelet fait de cette humble bergère l’incarnation du peuple en révolte et l’annonciatrice de la Révolution française ! Dans le même temps, les catholiques la vénèrent comme une sainte martyre, victime de l’Angleterre... En 1920 elle est canonisée par l’Église, tandis que le Parlement décide d’une fête nationale en son honneur. Icône patriotique, Jeanne d’Arc sera ainsi tour à tour instrumentalisée par les républicains, les royalistes, le maréchal Pétain, De Gaulle, le parti communiste de l’après-guerre et par l’extrême droite, tout en restant une source d’inspiration majeure pour la littérature et le cinéma. »


NAPOLÉON 1ER OU COMMENT CRÉER SA PROPRE ICÔNE 
« Plus que toutes autres figures historiques, Napoléon Ier incarne la France, particulièrement à l’étranger. Général, Premier consul puis empereur, Napoléon Bonaparte (1769-1821) met en oeuvre une propagande écrite et imagée destinée à le présenter d’abord comme un républicain convaincu, un chef proche de ses soldats, puis comme un souverain désintéressé ne répondant qu’à l’appel de la nation. Parallèlement, redingote et bicorne façonnent une image reconnaissable entre toutes. Le Mémorial de Sainte-Hélène (1823), mémoires de l’empereur recueillis par Las Cases, fonde le mythe qu’une génération d’écrivains nostalgiques, contemporaine de l’épopée, va entretenir : Hugo, Dumas, Vigny, Nerval, Musset, Balzac, Stendhal… »

« Après l’interdiction de toute représentation impériale sous les règnes de Louis XVIII et Charles X, l’image de Napoléon refait son apparition sous formes de sculptures, peintures et gravures à partir des années 1830. L’imagerie populaire accompagne ce processus d’iconisation jusqu’à la fin du Second Empire, allant jusqu’à déifier l’empereur. Chaque guerre voit resurgir la figure de Napoléon vainqueur, galvanisant les forces françaises. Et l’histoire ne s’arrête pas là. En témoignent les dizaines de films dont l’empereur est le héros… Ainsi s’est propagée l’image fantasmée de l’homme aux origines modestes devenu un temps le maître de l’Europe. »

LE MARÉCHAL PÉTAIN, LE CULTE DU « SAUVEUR »
« En 1940, l’image du « vainqueur de Verdun » est omniprésente. Déjà, bien avant cette date, l’homme avait fabriqué sa légende. La propagande vichyste va assoir le régime et instaurer la politique de collaboration autour de l’image indiscutée de Pétain, présenté comme le père de la patrie. D’octobre 1940 à février 1941, le territoire est inondé de l’image de l’homme providentiel, seul apte à guérir les maux de la société française. Son portrait possède une aura protectrice. Car en ces temps désastreux, ce n’est pas à la raison que l’on fait appel, mais au « sacré ». L’icône Pétain représente l’union du drapeau et de la tradition catholique, la victoire de 1918 et le rayonnement de l’empire. Voilà pourquoi, jusqu’au printemps 1944, des foules en liesse l’acclament et continuent de le vénérer, de Dijon à Nancy, d’Épinal à Paris. Elles veulent voir et entendre celui qui fut le commandant en chef vainqueur. Approcher et écouter le maréchal est un acte de foi. L’icône est un refuge et un refus du réel pour tous ceux qui se sont reconnus dans l’homme et son image. Quand la réalité s’imposera, l’icône sera appelée à s’éteindre. »

STALINE, UNE ICÔNE « INFAILLIBLE ET IMMORTELLE »
« Jusqu’au XIXe siècle, le phénomène d’iconisation passait par le récit oral, l’image peinte, sculptée, au mieux gravée pour une plus large diffusion. Avec l’invention de la photographie, du phonographe puis celle du cinéma, on assiste à une prolifération des figures iconiques nées de sons et d’images sensées être plus réalistes. Grâce aux capacités de l’image mécanique à être diffusée sur de longues distances, la période contemporaine a forgé des icônes en très grand nombre, liées à des dévotions nouvelles et saturant l’espace public pour mieux exercer sa domination sur de larges couches de la population. Médiatisation, massification et mondialisation deviennent les maîtres-mots du XXe siècle. Dans cet ensemble médiatique en constante expansion, les représentations de mythes et la création de légendes passe au premier plan de l’information. Le lecteur comme le spectateur sont réduits à un rôle de consommateur face à une image devenue marchandise. »

« L’icône Staline (1878-1953), à l’instar d’autres images de dictateurs (Hitler, Mao…) est inséparable de ce qu’on a tardivement appelé le culte de la personnalité. Résultat d’une propagande implacable, elle est une fiction fondée sur les mythes ancestraux et les rituels religieux, mais aussi sur la réécriture historique, la manipulation des images et le recours à l’émotion et au spectaculaire. »

« Le culte de Staline se développe dès 1929. L’homme est un mythe ; on vante son courage, sa modestie, sa clairvoyance ; il est le stratège, l’intraitable révolutionnaire, le vainqueur de la guerre, l’homme de fer en même temps que le petit père des peuples. Son portrait est omniprésent dans la sphère publique et dans les intérieurs où il trône à l’emplacement des anciennes icônes orthodoxes. Le Dieu des chrétiens doit faire place à la foi en l’homme et au communisme. Le chef s’affirme comme une puissance séculière mais paradoxalement sacralisée et vénérée comme une icône religieuse. »

« L’icône stalinienne est l’exemple parfait d’une image récusant la réalité à coup de millions d’affiches, de tracts, de revues et de slogans perpétuellement répétés. »

CHE GUEVARA, EL GUERILLERO HEROICO
« L’icône Ernesto « Che » Guevara (1928-1967) s’est construite sur une image d’Alberto Korda, Guerillero heroico. La photographie est extraite d’un reportage réalisé en 1960 lors d’un hommage rendu aux victimes de l’explosion du navire « La Coubre ». Korda, focalisé sur Castro et sur deux invités de marque, Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir, saisit le court instant où le Che, resté silencieux, embrasse la foule du regard. Il faut attendre l’été 1967 pour que Feltrinelli, éditeur italien à qui Korda a offert la photo, fasse imprimer l’image sous forme de posters. »

« Mais le processus d’iconisation s’enclenche véritablement avec l’exécution du révolutionnaire par l’armée bolivienne le 9 octobre 1967. Fidel Castro fait installer une reproduction monumentale du portrait du Che sur la place de la Révolution à la Havane. Associée au portrait de Korda, l’image de Che Guevara mort est immédiatement identifiée au Christ déposé de la croix. Alors commence le culte du Che, fondé sur le mythe romantique d’un révolutionnaire martyr. »

« En Europe, les sérigraphies de Jim Fitzpatrick, accentuent l’épure du portrait. Les posters deviennent le support privilégié de l’icône. Fascinée, la jeunesse s’en empare sans véritablement connaître Guevara. » 

MARILYN MONROE ET BRIGITTE BARDOT : ICÔNES DE BEAUTÉ
« Dans le cinéma des années 1950-1960, deux femmes au physique exceptionnel se disputent le titre d’icône absolue : Marilyn Monroe et Brigitte Bardot. Leurs innombrables images (films, photographies, presse…) ont envahi le monde, inspirant comme jamais les artistes. »

« Brigitte Bardot (1934) a rejoint soudainement et sans le vouloir le monde restreint des icônes. Sa jeunesse et sa beauté ont requis le mythe. Son image, parfaite, s’est figée au milieu des années 1960 : celle d’une femme sans artifices, indépendante, moderne, qui met à mal les manières d’être et de penser de son temps. Jusqu’à écorner le caractère sacré de l’icône par ses mots et ses gestes à partir des années 1970, provoquant sa mort symbolique. »

« A l’inverse Marilyn Monroe (1926-1962) s’est donnée toute entière, transfigurée sous les injonctions des studios hollywoodiens, afin d’atteindre le panthéon des stars. Elle s’est assujettie à une image d’elle-même soigneusement fabriquée, nourrissant la légende de la femme idéale voulue par l’industrie du cinéma et la société américaine. L’icône se doit d’alimenter une vie qui se formule comme un roman-photo, un récit éclatant et tragique qui continue de fasciner aujourd’hui. »

DES ICÔNES NATIONALES 
« Comparativement aux icônes telles que Marilyn Monroe ou Che Guevara, immédiatement identifiables par tous encore aujourd’hui, un faible pourcentage de la population à l’échelle mondiale est susceptible de reconnaitre Mustafa Kemal Atatürk, Eva Perón ou encore Johnny Hallyday. » 

« Pourtant, à l’instar des icônes dites universelles, l’adhésion que suscitent ces personnalités « nationales » implique un même attachement, une identification, voire une dévotion à leurs personnes, une attitude quasi religieuse vis-à-vis d’elles. Mais cette adhésion demeure essentiellement locale. Les liens trop étroits entretenus avec une histoire et une culture nationale – turque, argentine ou francophone - les empêchent de gravir les marches du Panthéon universel. »

WITH THE BEATLES 
"Nous sommes plus populaires que Jésus".
Interview de John Lennon en 1966, constatant le déclin du christianisme en Grande-Bretagne.
 
« Selon Eric Idle, membre des Monty Python, « Les Beatles sont arrivés et tout a changé ». En dix ans d’existence (1960-1970) dont quatre de pure hystérie collective, les Beatles ont révolutionné la musique pop, en y mêlant tradition et innovation. Ils restent à ce jour les plus gros vendeurs de disques au monde. Car s’ils incarnent avec humour et spontanéité le renouveau du rock anglais, leur musique conquiert la planète entière. Pour la première fois, de l’Amérique à l’Asie, la jeunesse possède une référence musicale commune, propre à elle-même, cassant les codes des générations précédentes. L’apparence physique des Beatles, leurs propos, leur ouverture sur le monde, leur musique de plus en plus expérimentale, en font des influenceurs pour le public mais aussi pour de nombreux autres artistes. Les quatre garçons sont bien le produit d’une culture de masse et les auteurs d’une oeuvre devenue universelle. Au moment de leur séparation, le plus âgé d’entre eux, Ringo Starr, n’a pas encore trente ans… »

LES DIEUX DU STADE
« Le sport laisse rarement indifférent. Il peut offrir l’image fantasmée qu’un groupe d’individus voire qu’une société veulent donner d’eux-mêmes. Si l’exploit sportif est d’abord là pour souligner les mérites individuels ou collectifs des participants, le sport moderne l’a empreint de considérations politiques, économiques et sociales. À travers le champion, c’est une nation qui s’incarne. Le fameux « On a gagné ! » résume à lui-seul l’identification à la victoire. Il incarne la fierté, un sentiment d’appartenance nécessaire à la cohésion d’une communauté. Ainsi Mohamed Ali reste-t-il une icône pour les Afro-américains (et pas que…) dans leur lutte contre la ségrégation. La victoire de l’équipe de France de football au Mondial 1998 a gommé – temporairement - les différences sociales et raciales (« Zidane, Président ! »), tout comme les victoires d’Ayrton Senna en Formule 1 ont rassemblé une société brésilienne profondément inégalitaire. »

« Diego Maradona, petit génie du football ayant connu la gloire et une descente aux enfers, reste l’objet d’un culte dans son Argentine natale et plus encore à Naples qu’il mena à la victoire : là, les fresques urbaines, les statues à son effigie, côtoient une chapelle conservant l’un de ses cheveux et l’une de ses larmes. »

LA FIN DES ICÔNES ?
« Les médias traditionnels (presse, cinéma, télévision) ont engendré des représentations partagées par tous, créé des icônes universelles. » 

« Depuis les années 2000, des réseaux plus complexes génèrent les nouveaux « veaux d’or ». Les icônes, qui s’inscrivaient jusque-là dans le temps long, et qui naguère faisaient consensus, ne provoquent plus l’adhésion que de groupes et de communautés fragmentés. L’évolution et l’accélération constante des techniques rendent les icônes éphémères, mouvantes au sein d’une constellation d’images désacralisées. »

« Ces nouveaux médias, fusion des techniques de l’informatique, des télécommunications et de l’audiovisuel, ont ainsi assuré définitivement la place de l’image comme marchandise révélée. » 

« Aussi, face à la fragmentation culturelle et sociétale, et à nos comportements de zappeurs, de véritables icônes peuvent-elles encore émerger ? »


Du 24 février au 22 septembre 2024
Au Musée de l’image ville d’Epinal 
42, quai de Dogneville. 88000 Épinal 
Tél : 03.29.81.48.30 
Visuels 


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Les citations sont extraites du dossier de presse.

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