jeudi 20 juin 2024

« Peindre la nature. Paysages impressionnistes du musée d’Orsay »

Le MUba Eugène Leroy présente, dans le cadre des 150 ans de l’impressionnisme, l’exposition « Peindre la nature. Paysages impressionnistes du musée d’Orsay », avec 58 chefs-d'œuvre impressionnistes des collections du musée d’Orsay signés Monet, Sisley, Renoir, Pissarro ou Cézanne. Ces peintures révèlent « la spécificité du regard posé par Monet et ses amis sur les paysages de leur époque, traduisent les mutations du rapport des hommes et des femmes à leur environnement au 19e siècle et entrent-elles en résonance avec nos préoccupations actuelles, et de quelle manière le paysage impressionniste a ouvert la voie à d’autres audaces picturales ».

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« En 2024, le ministère de la Culture et le musée d'Orsay fêtent les 150 ans de l’Impressionnisme. En parallèle à l'exposition Paris 1874. Inventer l’impressionnisme à Paris, quelque 180 œuvres prêtées exceptionnellement par le musée d’Orsay sont à découvrir dans 34 musées de France. Parmi les musées bénéficiant ainsi de la générosité d’Orsay, référence mondiale de la peinture impressionniste et postimpressionniste, cinq grands musées de la région Hauts-de-France ont souhaité s’unir autour d’une saison commune désignée PRINTEMPS IMPRESSIONNISTE, à découvrir au Musée de Picardie d’Amiens, au Musée de la Chartreuse de Douai, au Palais des Beaux-Arts de Lille, au MUba de Tourcoing et à La Piscine de Roubaix. »

« Comment est né le paysage impressionniste ? Quelle est la spécificité du regard posé par Monet et ses amis sur les paysages de leur époque ? Comment ces peintures traduisent les mutations du rapport des hommes et des femmes à leur environnement au 19e siècle et comment entrent-elles en résonance avec nos préoccupations actuelles ? De quelle manière le paysage impressionniste a-t-il ouvert la voie à d’autres audaces picturales ? Pour répondre à ces questions, le parcours est organisé en cinq sections. » 

« Dans une première salle, c’est le creuset du paysage réaliste et le développement de la peinture de plein air qui sont présentés avec des oeuvres de Daubigny, Huet, Jongkind ou Boudin et les premiers paysages de Monet en Normandie et Bazille en forêt de Fontainebleau. » 

« Une deuxième grande section de l’exposition explore les « motifs » de prédilection des impressionnistes – Monet, Sisley, Pissarro ou encore Renoir – pendant les années 1870, comme les bords de Seine et son activité fluviale, les campagnes d’Île-de-France, les jardins et la villégiature. Ce paysage n’est pas alors une nature vierge ou édénique mais une nature fondamentalement « anthropisée » et pleinement inscrite dans la modernité. Alors que le dérèglement climatique rend la neige toujours plus rare en nos contrées, une salle sera dédiée à ces paysages moins immaculés qu’il n’y paraît. » 

« La troisième section montre comment, à partir des années 1880, les impressionnistes et particulièrement Monet, se concentrent progressivement sur des paysages « purs » et sur des effets atmosphériques et lumineux toujours plus complexes. Une projection audiovisuelle permet d’explorer, en grand format, des détails des oeuvres vues dans les salles alentour, de présenter les grandes décorations des Nymphéas de Monet et ainsi d’aborder la question de l’immersion « grandeur nature » de l’homme et du peintre dans le paysage. »

« La quatrième section de l’exposition aborde l’évolution de l’art du paysage après l’impressionnisme, de Seurat à Mondrian en passant par Redon, Gauguin ou Bonnard. À partir des audaces de touches et de couleurs de leurs aînés impressionnistes, ces artistes explorent d’autres territoires. Progressivement, l’observation de la nature et la célébration du paysage moderne cèdent la place à diverses formes d’ « abstractions » et à la quête d’une nature préservée et réenchantée. » 

« Enfin, en forme d’épilogue, la réunion d’un chef-d'œuvre tardif de Monet des collections du musée d’Orsay, Saule pleureur (1920-1922), avec une peinture d’Eugène Leroy, artiste tutélaire du musée de Tourcoing depuis la donation de plus de 400 œuvres en 2009, interroge la postérité du maître de Giverny au 20e siècle. »

« Dans la seconde partie du musée, la visite se poursuit par la découverte d’une sélection d’oeuvres des collections du MUba Eugène Leroy du 20e et du 21e siècles, en écho aux thèmes de l’exposition (paysage, vibration lumineuse, expérimentation colorée, etc.). » 

« Un catalogue d’exposition richement illustré, une application numérique, des parcours-jeux pour les enfants, complétés par une large offre de visites guidées et d’ateliers de pratique pour petits et grands, accompagnent les visiteurs dans la découverte des paysages impressionnistes. Une programmation culturelle mêlant conférences, concerts et spectacles vivants, rythme les trois mois de l’exposition, dans et hors des murs du MUba Eugène Leroy. »

« À l’occasion de chaque exposition temporaire, le musée mène également de nombreuses actions sociales et éducatives, notamment à destination du jeune public, enfant et adolescent. De nombreux partenariats (structure médico-éducative, centre social, EHPAD, centre hospitalier, Pôle emploi, etc.) permettent à des publics dits éloignés de la culture de bénéficier d’actions sur mesure, témoignant d’un engagement fort du MUba Eugène Leroy et de la Ville de Tourcoing. »

Le commissariat est assuré par Mélanie Lerat, directrice-conservatrice, MUba Eugène Leroy, Tourcoing, Paul Perrin, directeur de la conservation et des collections, musée d’Orsay, Paris, avec la collaboration d’Estelle Bégué, chargée d’étude documentaire, musée d’Orsay, Paris.

Autour de l'exposition, sont proposés des ateliers, visites guidées et spectacles.

Parcours de l’exposition
« Les peintres qu’on rassemblera plus tard sous le nom d’« impressionnistes » appartiennent à une même génération d’artistes qui émergent au cours des années 1860 à Paris. Malgré leurs différences, ils ont en commun leur intérêt pour la représentation de la nature. Convaincus qu’il leur faut être de leur temps et peindre le monde moderne, ils rejettent les conventions du paysage dit « historique », avec ses scènes mythologiques et sa nature recomposée en atelier, genre promu par l’École des beaux-arts et l’Académie qui dominent alors la vie artistique parisienne. »

« Depuis les années 1820-1830 pourtant, une autre génération de peintres a déjà entrepris de faire entrer la réalité dans la peinture de paysage. Séjournant pour certains dans le petit village de Barbizon, en bordure de la forêt de Fontainebleau, ces peintres dit de l’« école de Barbizon » (Millet, Rousseau ou Díaz de la Peña) révèlent la beauté des sous-bois de la forêt, des arbres, des rochers. Si leurs toiles sont souvent exécutées en atelier, elles ont pour point de départ des études en plein air. »

Vers l’impressionnisme
« Les impressionnistes, qui suivent l’exemple de leurs aînés en travaillant « sur le motif », cherchent à traduire les effets du plein air dans des peintures non plus considérées uniquement comme des ébauches ou des esquisses mais comme des oeuvres achevées, exposées et signées. Pour ce faire, ils privilégient les couleurs claires, parfois vives, qu’ils appliquent en petites touches et de façon dynamique sur la toile, donnant le sentiment de saisir rapidement l’instant et leur impression face à la nature. »
« À la recherche de sujets modernes mais aussi de défis techniques, ils jettent leur dévolu sur la Seine, qui leur permet de représenter les effets mouvants de l’eau et du ciel, mais aussi des paysages marqués par l’activité humaine. Rurales et urbaines à la fois, les rives du fleuve évoluent à mesure que les usines et ateliers s’implantent et que le transport fluvial qui relie la capitale à l’ensemble du territoire s’intensifie. La Seine sert aussi de décor aux « parties de campagne » de Parisiens venus se détendre en partageant les nouveaux plaisirs en vogue comme le canotage. Vivant alors à Paris ou en proche banlieue, ces artistes se rencontrent régulièrement, échangent et peignent parfois côte à côte. Très accessibles grâce au chemin de fer, les villages de Marly, Louveciennes, Bougival ou Argenteuil sont ainsi le théâtre de cette histoire d’amitié et de peinture. »
« L’audace des expérimentations plastiques et le choix de ces sujets nouveaux entraînent le rejet fréquent de leurs oeuvres au Salon des beaux-arts au cours des années 1860 et au début des années 1870. En 1873, le groupe prend l’initiative d’organiser à ses frais une exposition indépendante. Celle-ci ouvre en avril 1874, dans les ateliers du photographe Nadar, boulevard des Capucines à Paris. »

Au fil de la Seine
« La représentation des jardins dits d’agrément, dont l’usage se démocratise largement au 19e siècle avec le développement de la bourgeoisie, de la villégiature et des loisirs, est une composante essentielle de la peinture impressionniste et du paysage moderne. Cette nature domestiquée, à l’échelle de l’homme, est alors à portée de main pour les artistes qui, privilégiant la peinture de plein air, prennent leurs sujets dans leur environnement quotidien, à Paris et dans les environs de la capitale.

« Débarrassé de ses symboles religieux ou moraux, le jardin représenté par les impressionnistes est d’abord un espace intime et protégé, un « morceau » de nature arrangé par l’homme citadin pour le simple plaisir de jouir de ce spectacle. Les jardins peints par Renoir ou Monet, à Chatou ou Argenteuil, sont ainsi parfois habités par les figures de leurs amis et famille. »

« À partir des années 1880, Caillebotte et Monet se distinguent par leur passion pour l’horticulture et deviennent de véritables peintres-jardiniers, aménageant au Petit-Gennevilliers et à Giverny d’immenses jardins « fleuristes » et prenant alors pour sujet ces paysages. La densité et la luxuriance de la végétation sont remarquables dans les deux tableaux peints par Renoir à Chatou et à Alger, dans lesquels le point de vue devient immersif. »

Jardins impressionnistes
« La métamorphose des campagnes d’Île-de-France tout au long de l’année passionne les impressionnistes, qui s’attachent à observer et à traduire dans leurs peintures ces changements liés aux variations de lumière selon les heures du jour, les saisons et les conditions météorologiques. »
« Le printemps ou l’automne sont ainsi porteurs d’un état de la végétation et d’une qualité de lumière spécifiques patiemment observés par les artistes. La silhouette serpentine d’un prunier recouvert de délicates fleurs blanches ou la fraîcheur estivale d’une forêt sont rendues par une riche gamme de couleurs et de multiples touches croisées ou superposées, transparentes ou opaques, qui traduisent aussi la vibration de la lumière. Les frondaisons des arbres permettent des effets luxuriants, créant ici des masses vibrantes aux multiples tonalités de vert, là de franches trouées de soleil sur un chemin de terre. »
« Les paysages de campagne témoignent aussi du regard posé par les impressionnistes sur la vie rurale. Camille Pissarro, en quête de coutumes et de paysages authentiques, s’installe à Pontoise en 1872. Les nombreuses représentations de champs, vergers, potagers ou chaumières manifestent son intérêt pour le mode de vie traditionnel des paysans, fortement bousculé par l’industrialisation de l’Île-de-France au 19e siècle. »

La campagne et les saisons
« Parmi les sujets de prédilection des impressionnistes figurent les paysages de neige. Monet, dès les années 1860 et sur l’exemple de Courbet, peint de nombreuses visions de la nature enneigée en Normandie. À sa suite, Sisley, Pissarro ou Renoir s’y essaient tout au long des-années 1870. Pour Monet, le défi culmine autour de 1879-1880, à Vétheuil, alors qu’un hiver particulièrement rigoureux plonge toute la région dans le froid et fait geler la Seine. »
« Le paysage enneigé est à la fois un véritable défi physique et un formidable terrain d’expérimentation picturale. Pour bien observer et rendre ses nuances, l’artiste doit en effet braver le froid et repousser ses propres limites pour peindre avant la fonte parfois rapide. La représentation de la neige permet aussi des recherches novatrices sur les ombres colorées. Lorsque la neige est éclairée par le soleil, les ombres formées par les objets se colorent de nuances de bleus, de roses, d’orangés ou de violets que les peintres s’efforcent de représenter. Cette pratique leur attire les foudres de la critique conservatrice, habituée aux ombres brunes ou noires. »
« Enfin, la neige transcrit parfois un état émotionnel. Dans les vues de Vétheuil sous la neige règnent le dénuement, la solitude et le recueillement, alors que se superpose à l’événement climatique le drame personnel vécu par Monet – la mort de sa femme Camille. »
« Les paysages enneigés des impressionnistes donnent enfin la mesure de l’histoire en restituant au spectateur d’aujourd’hui, pour lequel la neige est rare, une nature et un climat qui ont beaucoup changé. »

Peindre la neige. Un défi impressionniste
« Au cours des années 1880, Monet, bientôt installé à Giverny en Normandie, abandonne progressivement les sujets modernes et l’iconographie des loisirs pour se concentrer sur des paysages « purs » et une nature plus sauvage. Explorant de nombreux sites et motifs, le peintre, solitaire et immergé dans la nature, laisse libre cours à l’expression de sa subjectivité et de ses émotions. Monet transmet son émerveillement devant les beautés du monde et accentue volontairement les effets lumineux et colorés qu’il observe. »
« Au début des années 1890, il systématise sa pratique en choisissant de représenter un même motif – des meules dans les champs proches de Giverny ou les falaises du littoral normand – au fil des heures et des saisons. Habité par ses sujets, il travaille dans l’urgence et l’inconfort, commence ses toiles en plein air mais les achève et les harmonise patiemment en atelier, au travers du filtre de sa mémoire. Prenant le nom de « série », cette démarche transforme radicalement le rapport du spectateur à l’oeuvre, qui s’apprécie désormais par la répétition et la comparaison d’une toile à une autre. »
« Ces chemins parallèles d’observation et de représentation du paysage conduisent tous deux à la dissolution progressive du sujet et des formes dans la couleur. Ils ouvrent aussi la voie à de nouvelles générations d’artistes. »

Impression, sensation, émotion
« Dans un champ à proximité de Giverny, entre la fin de l’été et le début de l’hiver 1891, Monet peint une vingtaine de toiles représentant des meules de foin après la moisson. Cette exploration systématique des variations de la lumière et des effets atmosphériques sur le même objet se poursuit avec les séries des Peupliers (1892), des Cathédrales de Rouen (1894), des Falaises (1897) ou des Bras de Seine près de Giverny (1897). Les œuvres d’une même « série » sont ensuite le plus souvent présentées ensemble par le peintre lors d’expositions chez son marchand Durand-Ruel. »
« Dans l’espace de la galerie, le spectateur, entouré par ces visions à la fois semblables et différentes, fait l’expérience du temps qui passe et des lumières changeantes qui métamorphosent le paysage. »
« L’art de Monet prend une dimension plus méditative et intérieure. La dissolution presque complète des composantes du paysage dans la lumière conduit aussi à une forme d’abstraction. »
« Les différentes représentations du jardin de Giverny et du bassin aux nénuphars des années 1900 et 1910 aboutissent au monumental ensemble des peintures décoratives des Nymphéas installé à l’Orangerie des Tuileries un après la mort de Monet, en 1927. Dans ces huit compositions panoramiques, l’artiste concentre son attention sur la surface de l’étang où se mêlent les fleurs et les reflets du ciel et des nuages. Jamais la touche du peintre n’a été aussi libre dans sa gestualité, aussi dégagée de la description de la réalité au profit des sensations colorées. Le dispositif spatial, inédit, met le spectateur à la fois au coeur du paysage et de la peinture, restituant par-là l’expérience de l’artiste lui-même. »

Une immersion dans le paysage
« En 1886, se tient la huitième et dernière exposition impressionniste, organisée par un groupe élargi de dix-sept artistes mais en l’absence notable de Monet, Sisley, Renoir et Caillebotte. Cette édition marque l’entrée sur la scène parisienne d’une génération de jeunes peintres soutenus par Pissarro. »
« Georges Seurat, Paul Signac et Henri-Edmond Cross reprennent de leurs aînés le goût des scènes modernes et des paysages, la peinture claire et la touche fragmentée, mais cherchent une plus grande rigueur scientifique dans l’utilisation des couleurs. »
« Pour rendre la vibration de la lumière, les tons ne sont plus mélangés sur la palette : la peinture est appliquée directement sur la toile en petits points de couleurs pures, le mélange se fait dans l’œil du spectateur. Les artistes jouent aussi des contrastes entre les couleurs dites « complémentaires » (jaune-violet, rouge-vert, orange-bleu) qui se renforcent l’une l’autre. En 1887, le critique Félix Fénéon donne le nom de « néo-impressionnisme » au nouveau mouvement. »
« Entre 1883 et 1886, Seurat travaille à des études très fouillées de paysages, de baigneurs et de promeneurs à l’île de la Grande-Jatte, près d’Asnières, en banlieue parisienne. Lorsqu’il étudie un paysage, Seurat s’installe en plein air et peint sur de petits panneaux de bois par de vifs coups de brosse semblables à ceux des impressionnistes. Les toiles définitives sont, elles, réalisées en atelier par la lente et méticuleuse technique du petit point. Celle représentant Un dimanche après-midi sur l’île de la Grande‑Jatte est exposée en 1888 à Bruxelles et suscite la curiosité de peintres étrangers – parmi lesquels le belge Théo Van Rysselberghe – qui adoptent alors cette technique. »

Seurat, Signac et le néo-impressionnisme
« Plus jeune que les impressionnistes, Paul Gauguin se forme auprès d’eux et expose à leur côté de 1879 à 1886. À partir de cette date, l’artiste séjourne à plusieurs reprises en Bretagne, notamment dans le petit village de Pont-Aven. Il y trouve une vie moins chère qu’à Paris mais aussi une société rurale et des paysages préservés de la modernité qui répondent à sa quête du « sauvage» et du « primitif ». Contre l’impressionnisme et son art de l’ « impression » et de la « sensation », la peinture de Gauguin cherche la synthèse et l’harmonie. Sa vision de la couleur est plus abstraite et expressive. Avec le jeune peintre Émile Bernard, qui se rend également à Pont-Aven en 1888, Gauguin supprime le modelé et les ombres, simplifie les formes et utilise des couleurs pures. »

« Un autre jeune peintre, Paul Sérusier, découvre avec enthousiasme cette nouvelle voie lors de sa venue à Pont-Aven. En 1888 également, il peint sur le motif sous la direction de Gauguin. Ce travail fait forte impression sur ses camarades de l’académie parisienne Julian (Pierre Bonnard, Édouard Vuillard, Félix Vallotton, Maurice Denis, entre autres). Sérusier interprète ainsi le travail de Gauguin : « au lieu de copier la nature comme on la voit, on doit la représenter, la transformer en un jeu de couleurs vives, souligner les arabesques simples, expressives et originales pour le plaisir des yeux ». La synthèse formelle dégagée d’un paysage tout comme la valeur expressive des couleurs connaissent des développements féconds, comme en témoigne la présence ici d’une oeuvre de Mondrian annonçant ses épures ultérieures. »

En quête d’authenticité. Gauguin et la Bretagne
« Par l’entremise de Paul Sérusier, l’aventure de Pont-Aven se diffuse à Paris. Autour de la « leçon » de Gauguin se réunissent les efforts de jeunes artistes (Pierre Bonnard, Édouard Vuillard, Félix Vallotton ou Maurice Denis) qui cherchent eux aussi à dépasser l’impressionnisme. Pour le groupe des nabis (« prophètes » en hébreu), l’observation de la nature ne doit pas donner lieu à une représentation illusionniste du monde mais être un point de départ vers des recherches plus abstraites et décoratives. « Se rappeler qu’un tableau, avant d’être un cheval de bataille, une femme nue ou une quelconque anecdote, est essentiellement une surface plane recouverte de couleurs en un certain ordre assemblées », écrit Maurice Denis en 1890. »
« Dans leurs études de petit format, les détails des paysages disparaissent au profit de grands aplats de couleurs et de formes simplifiées et stylisées. Sur le modèle de l’estampe japonaise, l’espace est aplati et les compositions décentrées et asymétriques.
Parmi les figures tutélaires des nabis figure également Odilon Redon. Né en 1840, il appartient à la même génération que Monet et a participé à la dernière exposition du groupe en 1886. Il se tient néanmoins très à distance de l’esthétique impressionniste, qu’il juge trop attachée à la réalité. »
« Proche du symbolisme littéraire et de Stéphane Mallarmé, Redon accorde une place majeure à l’imagination mais étudie aussi très précisément la nature, de façon à entremêler réalité observée et réalité ressentie, vue et vision. Gauguin dit à son sujet : « les rêves chez lui deviennent une réalité par la vraisemblance qu’il leur donne ».

La couleur et le crayon. Redon et les nabis
« À la fin de sa vie, dans son jardin de Giverny et autour de son bassin aux nymphéas, Monet se libère définitivement des conventions de l’art du paysage pour inventer une peinture d’un genre nouveau, à la limite de l’abstraction et faisant la part belle à de très riches effets de matières et d’empâtements colorés. Ces toiles où le motif semble disparaître marquent l’aboutissement de toute une vie de recherches visant à célébrer les couleurs de la nature et à peindre l’immatériel : la lumière et l’air. »
« Peu appréciées de son vivant, ces dernières toiles ont ouvert la voie aux abstractions gestuelles et colorées du 20e siècle. »
« Eugène Leroy (1910-2000), figure tutélaire du musée de Tourcoing depuis la donation reçue en 2009, n’a cessé d’observer la peinture de ses prédécesseurs. Dans son atelier de Wasquehal près de Lille, il peint avec les variations lumineuses : « Je me suis installé au grenier en faisant percer une verrière au Nord et une fenêtre au Sud : la lumière circule à travers. Et l’atelier est un peu comme si j’étais dehors. Et je place mes tableaux entre les deux fenêtres. » Il cherche à saisir les saisons et la lumière changeante en travaillant la matière par de multiples touches et empâtements, par des couleurs vives juxtaposées et superposées. Comme dans les toiles tardives de Monet, le sujet risque sa dissolution. »

Le paysage impressionniste et la photographie
« Les artistes de la génération impressionniste se forment et vivent dans un monde où la photographie, divulguée en 1839, devient en un temps record un élément familier. Aucun des peintres du mouvement (à l’exception de Degas) n’est connu pour avoir pratiqué la nouvelle technique mais les liens entre leurs paysages et ceux des photographes sont multiples. »
« Parce qu’elle est une « écriture de la lumière », la photographie trouve dans le paysage un genre de prédilection, à la même époque où le paysage en peinture connaît un succès sans précédent. »
« Souvent eux-mêmes artistes de formation, les photographes tiennent compte de la tradition picturale dans leurs sujets (forêts, bords de mer ou marines) comme dans leurs compositions (figures placées dans une zone centrale pour servir de sujet, premier plan bien dégagé ou lignes de fuite indiquant la profondeur). Les paysages que réalise Eugène Cuvelier vers 1860 dans la forêt de Fontainebleau sont, par exemple, nourris des oeuvres de l’école de Barbizon dont il fréquente les maîtres. »
« On retrouve aussi dans de nombreuses photographies de paysage l’apparente banalité des sujets si souvent reprochée aux impressionnistes. En 1847 déjà, le baron Adolphe Humbert de Molard, pour expérimenter un procédé nouveau (le calotype) braquait son objectif sur un coin de son jardin, révélant la poésie d’un simple « fragment » de nature. La situation est la même vers 1865 dans le jardin d’Élisa Le Guay à Sèvres. »
« Plus tard, alors que la photographie atteint un maximum de précision et de netteté, devenant l’image « objective » par excellence, la touche de la peinture impressionniste impose le flou comme équivalent de la vision subjective. Dans les années 1890, des photographes amateurs (les « pictorialistes ») essayent de faire reconnaître le potentiel artistique de la photographie en exploitant les ressources esthétiques du flou dans des créations qui évoquent souvent l’impressionnisme (campagnes au fil des saisons, effets lumineux selon les heures du jour et de la nuit) sans en être forcément inspirés. »
« C’est le cas des oeuvres de Robert Demachy, Constant Puyo ou Charles Lhermitte. »

Editorial de Christophe Leribault, président des musées d’Orsay et de l’Orangerie

« Le 15 avril 1874, au 35 boulevard des Capucines, ouvrait la première exposition impressionniste. Le musée d’Orsay, qui abrite la plus vaste collection au monde d’oeuvres de ce mouvement, célèbrera ce 150e anniversaire en grand : en conviant son public à se replonger dans cette exposition qui changea à jamais le cours de l’histoire de l’art, et en prêtant nombre de ses chefs-d’oeuvre à travers toute la France.
Inventer l’impressionnisme réunit, comme il y a un siècle et demi, des œuvres de Monet, Renoir, Morisot, Sisley ou Pissarro qui définirent le mouvement par leur touche enlevée et leur palette lumineuse, mais aussi de Degas ou Cézanne qui exposèrent avec eux tout en restant inclassables, d’autres encore dont les tableaux avaient auparavant été aperçus aux Salons officiels comme Boudin ou Bracquemond, d’autres enfin que l’histoire a un peu oubliés. Aussi bigarré que puisse paraître leur attelage, tous partageaient cette volonté de rupture avec l’Académie, ses sujets et ses styles imposés.
A côté de cette exposition rétrospective, le musée d’Orsay propose, dans sa seconde galerie d’exposition, de passer « un soir avec les impressionnistes» : une expérience immersive en réalité virtuelle au cœur de cette soirée d’inauguration du 15 avril 1874. Coiffé de casques à remonter le temps, le public pourra déambuler boulevard des Capucines, coude à coude avec les artistes, et entrer dans les anciens ateliers du photographe Nadar où ils avaient accroché leurs déclarations d’indépendance artistique. On y entendra les sarcasmes des contempteurs de cette peinture d’impressions, la circonspection des agnostiques du renouveau, et l’étonnement admiratif de ceux qui y décelèrent une révolution en marche.
Enfin, dès mon arrivée à la tête du musée d’Orsay, j’ai souhaité que cet anniversaire de l’impressionnisme puisse être célébré bien au-delà de ses cimaises parisiennes. Pour l’occasion, ce sont certains des plus grands chefs-d'œuvre du mouvement qui quitteront les quais de l’ancienne gare d’Orsay pour les six coins de l’hexagone : des œuvres « strictement » impressionnistes pour ainsi dire, aussi bien que des œuvres « pré- », « para- » ou « post- » impressionnistes, afin que ces prêts reflètent toute la richesse du mouvement, depuis ses prémices chez Daubigny ou Manet jusqu’aux prolongements qu’il a fait naître chez Van Gogh ou Bonnard…
Le regard fatal de Berthe Morisot dans Le Balcon de Manet surplombera les quais bordelais de la Garonne et Le Citron du même Manet viendra compléter l’annuelle moisson du jardin des orangers de la villa Médicis, cette enclave française de Rome. La Cathédrale de Rouen de Monet rendra visite à sa voisine havraise, sa Pie s’envolera jusqu’à Clermont- Ferrand, les drapeaux de sa Rue Montorgueil flotteront à Douai, son Déjeuner sur l’herbe étendra sa nappe à Besançon, et deux exemples de ses chers nymphéas quitteront les bords de Seine pour mouiller sur les rives de l’Eure et en eaux corses. La Liseuse de Renoir ira tourner ses pages à Albi, La Partie de bateau de Caillebotte voguera jusqu’à Nantes et La Nuit étoilée de Van Gogh illuminera le ciel d’Arles où elle a été peinte... C’est une véritable fête nationale qui se prépare ainsi pour célébrer un siècle et demi de triomphe de l’impressionnisme.
Du nord au sud – de Tourcoing jusqu’à l’île de la Réunion –, d’ouest en est – de Limoges à Ornans –, le public pourra se rappeler que si la France est le pays des Lumières, ce n’est pas seulement pour ses philosophes mais aussi pour ses peintres, qui les ont fait jaillir sur leurs toiles. La lumière des impressionnistes, c’est bien sûr celle des soleils levants et des crépuscules, celle de chaque heure et de toutes les saisons, dont ils ont su saisir les chatoiements et les reflets. La lumière des impressionnistes, c’est aussi celle qu’ils ont faite sur la réalité de leur époque, celle des nouvelles modes et des nouvelles mœurs, des labeurs et des loisirs, d’un Paris qui s’était réinventé et de campagnes qui se transformaient. Avec leurs chevalets buissonniers, ils traquaient les sujets neufs, des trains fumants aux repasseuses exténuées, revisitaient les motifs anciens par leur touche nouvelle, peignaient des nudités qui ne se drapaient plus dans le prétexte de la mythologie, et croquaient des scènes qui ne puisaient plus à l’histoire ancienne mais qui témoignaient de celle qui s’écrivait au présent.
Oui, la lumière des impressionnistes a su capter tout à la fois la métamorphose des jours et les mutations du siècle.
Une lumière qui portait si loin qu’elle augurait de toutes les modernités à venir, de l’expressionnisme à l’abstraction. 150 ans après, il convenait que l’écho de cet événement inaugural résonne sur tout le territoire pour que la fête soit à la mesure de cette part du génie français. »


Paysages, collections du MUba Eugène Leroy

« Le paysage, c’est une scène vue, embrassée par l’oeil. C’est aussi la représentation de cette scène et, dans l’histoire des arts plastiques, le paysage s’est constitué comme un genre associé à la peinture. »

« Un paysage ne correspond pas toujours à un lieu réel : les jardins peints ont par exemple longtemps été, dans différentes cultures, la représentation symbolique d’un ordre divin. Et même lorsque, à partir du 19e siècle, des artistes placent leur chevalet en plein air pour peindre la nature, il s’agit toujours de choisir un angle de vue, de cadrer, de composer voire de modifier les éléments d’un paysage observé. »

« Dans la représentation d’un lieu, il est donc question du sentiment qu’on en a, de l’expérience qu’on en fait. L’artiste l’idéalise parfois, il peut aussi y projeter des états d’âme. Le paysage peut être une réminiscence ou un souvenir plutôt qu’un lieu réellement observé et, dans certains cas, les deux à la fois. L’imagination fait ainsi dériver l’observation d’un paysage vers sa métamorphose fantasmatique et transforme un arbre, un rocher en un corps. Quand les représentations symboliques de la nature cessent de reposer sur des croyances collectives, des mythes partagés, reste encore à l’artiste la possibilité d’y investir sa propre mythologie, individuelle. »

« En écho à l’exposition des oeuvres du musée d’Orsay, une sélection de paysages de la collection du MUba est présentée dans un parcours libre proposant des rapprochements entre des œuvres souvent éloignées par leur époque, technique et lieu de production. Toutes permettent d’apprécier l’espace du jeu entre paysage vu et paysage rêvé, fantasmé, remémoré, intériorisé ».

« Avec des oeuvres de : Eugène Leroy, Giovanni Battista Piranesi, François-Auguste Ravier, Camille Corot, Henri Le Sidaner, Antoine Petitprez, Marc Trivier, Adolphe Monticelli, Elmar Trenkwalder, Eugène Carrière, Marc Ronet, Antonio Semeraro, Sarkis, Pat Steir, Gustave Courbet, Miriam Cahn, Marc Devade, Markus Raetz, Lucien Jonas, Charles-Marie Dulac, Ernest Guillemer. »


EXTRAIT DU CATALOGUE

« PEINDRE LA NATURE. PAYSAGES IMPRESSIONNISTES DU MUSÉE D’ORSAY
Éditions Snoeck, 30€

Le catalogue comporte quatre essais ainsi que neuf textes introductifs des sections de l’exposition :
« Cartographie des (paysages) impressionnistes »
Paul Perrin, directeur de la conservation et des collections, musée d’Orsay, Paris

« Le paysage impressionniste : une révolution de la couleur »
Mélanie Lerat, directrice-conservatrice du MUba Eugène Leroy

« La photographie et l’impressionnisme : des affinités (s)électives »
Julien Faure-Conorton, chargé de recherche et de valorisation scientifique des collections, musée départemental Albert-Kahn

« Les artistes impressionnistes avaient-ils une conscience écologique ? »
Alexis Metzger, docteur en géographie, enseignant-chercheur en histoire et culture du paysage, École de la nature et du paysage, Blois, INSA CVL
1) « Vers l’impressionnisme »
2) « Au fil de la Seine »
3) « Jardins impressionnistes »
4) « La campagne et les saisons »
5) « Impression, sensation, émotion »
6) « Dépasser l’impression : Seurat, Signac et le néo-impressionnisme » 
7) « Expérimentation et intériorité : les paysages postimpressionistes »
8) « Monet/Leroy »
9) « Paysages, réels et imaginaires.
Accrochage des collections du MUba Eugène Leroy »

FOCUS « AU FIL DE LA SEINE »
Atteignant sa pleine maturité dans les années 1870-1880, l’impressionnisme rassemble des artistes qui travaillent en plein air ou « sur le motif » et cherchent à retranscrire la lumière, l’éphémère et l’impalpable, à l’aide, souvent, d’une palette de couleurs claires et d’une technique de touches juxtaposées, visibles et rapides.
Le paysage, plus particulièrement les environs de Paris ainsi que les berges de la Seine et de ses affluents, est le sujet de prédilection de ces peintres qui vivent à cette époque à quelques kilomètres les uns des autres, se rencontrent régulièrement, échangent et peignent des motifs proches. Aisément atteignables par le chemin de fer, Marly, Louveciennes, Bougival ou Argenteuil sont ainsi le théâtre de cette histoire d’amitié et de peinture.
Rurales et urbaines à la fois, les rives de Seine évoluent à mesure que les usines et ateliers s’implantent et que le transport fluvial de marchandises reliant la capitale à l’ensemble du territoire s’intensifie. Dans Bords de Seine de Francisco Oller (1875), un remorqueur à vapeur tracte trois péniches remplies de denrées, peut-être du blé ou du charbon, alors que dans La Seine à Port-Marly, le lavoir, de Camille Pissarro (1872), le panache de fumée qui s’élève dans le ciel provient de la cheminée d’une usine à papier. Au cœur de ce développement industriel, le fleuve symbolise le mouvement et la liaison. Ces marqueurs cohabitent avec un mode de vie séculaire, comme en témoigne la présence de la lavandière et du bateau-lavoir flottant chez Pissarro. Cette nature apaisée se caractérise par un fleuve, qui serpente dans des paysages doucement vallonnés, bordé d’herbes hautes et de rangées d’arbres. 
Elle sert aussi de décor aux « parties de campagne » de Parisiens venus se détendre en partageant les plaisirs en vogue de la guinguette ou du bateau, comme dans Argenteuil de Claude Monet (1872), paysage moderne par excellence.
À Paris même, Pissarro exécute La Seine et le Louvre (1903) depuis une fenêtre de l’île de la Cité enveloppant d’une brume hivernale la « capitale historique », du square du Vert-Galant aux lignes lointaines des toits du Louvre. L’atmosphère teintée de gris, de beige, de rose et de bleu, met l’accent sur la fugacité des effets de lumière et d’eau.
De cette topographie se dégage ainsi un motif particulier, de larges paysages faisant la part belle aux variations atmosphériques ainsi qu’à la fluidité et au mouvement, des nuages, des fumées, d’une végétation ondulante et de l’eau comme autant d’effets vibratoires.
Reflets, miroitements, scintillements : les artistes s’attachent à peindre l’impalpable et l’éphémère. L’élément liquide, toujours en mouvement et changeant, conduit les artistes à adapter leur technique en mettant au point une peinture rapide et fluide, la dynamique du motif induisant celle du rendu. La frontière établie entre l’esquisse et l’oeuvre achevée, le fini et le non-fini, s’estompe afin de restituer une « impression », sentiment fugace et personnel du peintre face au motif.
Argenteuil
de Claude Monet (1872) et Le Port du Havre, bassin de la Barre d’Eugène Boudin (1888) présentent un point de vue central avec un premier plan « immergé » ménageant deux principaux espaces, le ciel et l’eau, qui se répondent tels des miroirs. Un même camaïeu de couleurs claires rendues par une touche fluide presque imperceptible est ponctué çà et là par des traits sombres et graphiques figurant les contours des bateaux et leurs reflets dans l’eau. Chez Monet, les alentours – l’île Marante, Colombes ou les maisons d’Argenteuil – sont relégués au second plan, tout comme l’activité du bassin de la Barre, les docks et la frénésie du centre-ville du Havre dans l’oeuvre tardive de Boudin. Les reflets des coques et des mâts se forment et se déforment dans l’eau, comme les nuages et multiples effets atmosphériques. La touche du peintre, large, rapide et visible, traduit ce mouvement incessant, particulièrement recherché par Monet lorsqu’il s’installait dans son bateau atelier, à l’instar de son aîné Charles-François Daubigny, au coeur même du motif.

Le premier plan de La Barque pendant l’inondation, Port-Marly d’Alfred Sisley (1876) est lui aussi entièrement consacré à l’eau qui recouvre tout, inonde la berge jusqu’au seuil de la maison d’un marchand de vin et contraint les hommes à se déplacer en barque. La grande crue du printemps 1876 inspire six toiles à Sisley, prétexte à l’exploration des reflets mouvants et fugaces de l’eau figurée par de larges touches horizontales. L’artiste restitue cette catastrophe naturelle par un paysage d’une grande sérénité à travers l’équilibre des formes et l’harmonie des tons.

Les impressionnistes soulignent ainsi la poésie quotidienne et la beauté simple de la réalité sans chercher le drame ou le sublime. 

Ainsi, à partir de 1870, les paysages des bords de Seine – mais aussi les côtes de la Manche, de la Bretagne ou les rives de la Tamise – rassemblent les peintres impressionnistes et les guident vers des motifs et un style inédits qui inspirent les peintres de la génération suivante, notamment Georges Seurat ou Paul Signac (Herblay. Brouillard. Opus 208, 1889). »


« 150 ANS DE L’IMPRESSIONNISME »
« UNE SAISON DÉDIÉE DANS LES HAUTS-DE-FRANCE GRÂCE AU MUSÉE D’ORSAY EN 2024 »

« Ces cinq expositions, véritables opportunités pour les publics du territoire ou d’ailleurs de découvrir des chefs-d'œuvre nationaux, sont assorties de programmations dédiées (rencontres, musique…) et de médiations originales (méditation…) »

« À AMIENS, le Musée de Picardie s’inscrit dans cette célébration en présentant au public le tableau Sur la plage d’Édouard Manet, peint en 1873 à Berck-sur-Mer. Au temps de la naissance du tourisme balnéaire, la plage fut un des motifs favoris des impressionnistes pour faire émerger une peinture nouvelle, notamment sur la côte d’Opale. C’est donc par l’angle territorial que le Musée de Picardie envisagera cette saison, en révélant combien les impressionnistes ont su s’approprier par la peinture des lieux devenus familiers pour notre regard moderne.
SUR LA PLAGE IMPRESSIONNISTE. DANS L’OEIL D’ÉDOUARD MANET - 16 MARS - 16 JUIN 2024
MUSÉE DE PICARDIE – AMIENS

À DOUAI, c’est en regard de La Rue Montorgueil, chef-d’oeuvre de Claude Monet prêté par le musée d'Orsay, que le musée de la Chartreuse exposera ses riches collections impressionnistes, constituées grâce à Henri Duhem (1861-1941). Durant 40 ans, cet artiste et collectionneur y fit entrer des oeuvres de Camille Pissarro, Auguste Renoir ou Alfred Sisley, mais aussi de ses amis Henri Le Sidaner et Henri Martin, auxquels il apporta son soutien, par sa fortune et ses relations, au début de leur carrière.
MONET-DUHEM, L’IMPRESSIONNISME À DOUAI - 27 MARS - 24 JUIN 2024
DOUAI, MUSÉE DE LA CHARTREUSE

À LILLE, le Palais des Beaux-Arts célèbrera cet anniversaire grâce à un ensemble d’oeuvres de Claude Monet, figure fondatrice du mouvement impressionniste, représentant le village de Vétheuil, qui occupa une place singulière dans la vie de l’artiste.
Constituée de deux chefs d’oeuvre des collections lilloises et de quatre prêts prestigieux du Musée d’Orsay, la série inédite ainsi constituée évoquera le rythme des saisons et deux périodes stylistiques de Monet.
MONET À VÉTHEUIL : LES SAISONS D’UNE VIE - 18 AVRIL - 24 SEPTEMBRE 2024
PALAIS DES BEAUX-ARTS DE LILLE

À ROUBAIX, c’est le thème de l’enfance qui sera mis à l’honneur à La Piscine, puisque la célèbre Petite Châtelaine de Camille Claudel du musée roubaisien recevra la visite de quelques enfants impressionnistes des collections nationales : trois tableaux de Degas, Renoir et Pissarro, et deux sculptures de Degas, dont l’iconique Petite danseuse de 14 ans.
LES ENFANTS IMPRESSIONNISTES DU MUSÉE D’ORSAY - 17 FÉVRIER - 26 MAI 2024
ROUBAIX - LA PISCINE

À TOURCOING, le MUba Eugène Leroy accueille l’événement majeur des 150 ans de l’impressionnisme grâce au prêt exceptionnel de 58 chefs-d’oeuvre des collections du musée d’Orsay signés Monet, Sisley, Renoir, Pissarro, Cézanne ou Gauguin.
Les vues des bords de Seine ou de campagne sont autant d’occasions d’observer les vibrations de la lumière et les miroitements de l’eau au gré des heures et des saisons. L’exposition explore ainsi cette révolution picturale à travers le thème du paysage et le lien qui unit les artistes à la nature dans la 2e moitié du 19e siècle.
PEINDRE LA NATURE. PAYSAGES IMPRESSIONNISTES DU MUSÉE D’ORSAY - 16 MARS - 24 JUIN 2024
TOURCOING - MUba EUGÈNE LEROY

Évènement majeur de l’opération nationale des « 150 ans de l’impressionnisme », l’exposition du MUba Eugène Leroy rassemble 58 chefs-d’oeuvre impressionnistes des collections du musée d’Orsay signés Monet, Sisley, Renoir, Pissarro, Cézanne ou Gauguin. 
Après l’exposition Chrétiens d’Orient (2018) conçue avec l’Institut du monde arabe, et Picasso illustrateur (2019) avec le Musée Picasso Paris, le MUba Eugène Leroy présente une nouvelle exposition-événement inédite autour du paysage impressionniste, qui témoigne de la richesse des collections du musée d’Orsay et de l’importante dynamique culturelle de Tourcoing. » 


Du 16 mars au 24 juin 2024
2 rue Paul Doumer. 59200 Tourcoing
Tél : 03 20 28 91 60
Ouverture de 11h à 18h en semaine
De 13h à 19h le week-end
Sauf mardi et le 1er mai
Visuels :
Affiche
Auguste Renoir
Pont du chemin de fer à Chatou
1881
Huile sur toile
H. 54,5 ; L. 65,5 cm.
Legs Gustave Caillebotte, 1894
© Musée d’Orsay, dist. RMN-Grand Palais / Patrice Schmidt

Frédéric Bazille
Forêt de Fontainebleau
1865
Huile sur toile
H. 60,0 ; L. 73,2 cm.
Don Mme Fantin-Latour, 1905
© Musée d’Orsay, dist. RMN-Grand Palais / Patrice Schmidt

Claude Monet
Saule pleureur
Entre 1920 et 1922
Huile sur toile
H. 110,0 ; L. 100,0 cm.
Donation sous réserve d'usufruit Philippe Meyer, 2000
© RMN-Grand Palais (Musée d’Orsay) / Michèle Bellot

Auguste Renoir
Pont du chemin de fer à Chatou
1881
Huile sur toile
H. 54,5 ; L. 65,5 cm.
Legs Gustave Caillebotte, 1894
© Musée d’Orsay, dist. RMN-Grand Palais / Patrice Schmidt

Camille Pissarro
Potager et arbres en fleurs. Printemps, Pontoise
Peinture à l'huile, toile
65.5 H ; 81 L
Legs Gustave Caillebotte, 1894
© © Musée d’Orsay, dist. RMN-Grand Palais / Pascale Néri 

Claude Monet
Effet de neige à Vétheuil
Entre 1878 et 1879
Huile sur toile
H. 52,5 ; L. 71,0 cm.
Legs Gustave Caillebotte, 1894
© RMN-Grand Palais (Musée d’Orsay) / Adrien Didierjean

Claude Monet
Meules, fin de l'été
1891
Huile sur toile
H. 60,5 ; L. 100,8 cm.
Achat sur les fonds d'une donation anonyme canadienne, 1975
© Musée d’Orsay, Dist. RMN-Grand Palais / Patrice Schmidt

Camille Pissarro
Coteau de l'Hermitage, Pontoise
1873
Huile sur toile
H. 60,0 ; L. 73,0 cm.
Dation, 1983
© RMN-Grand Palais (Musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski

Paul Gauguin
La Fenaison en Bretagne (recto) ; Bouquet de fleurs devant une fenêtre ouverte sur la mer (verso)
1888
Huile sur toile double face
H. 72,0 ; L. 92,0 cm.
Legs Paul Jamot, 1941
© RMN-Grand Palais (Musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski

Edouard Vuillard
Le Jardin des Tuileries
Vers 1894-1895
Huile sur carton
H. 28,0 ; L. 33,8 cm.
Donation sous réserve d’usufruit, 2010
© Musée d’Orsay, dist. RMN-Grand Palais / Patrice Schmidt
 
Camille Pissarro
La Seine à Port-Marly, le lavoir
1872
Huile sur toile
H. 46,5 ; L. 56,0 cm.
Legs Gustave Caillebotte, 1894
© RMN-Grand Palais (Musée d’Orsay) / Tony Querrec

Claude Monet
Argenteuil
1872
Huile sur toile
H. 50,0 ; L. 65,3 cm.
Legs M. et Mme Frédéric Lung, 1961
© Musée d’Orsay, dist. RMN-Grand Palais / Patrice Schmidt

Alfred Sisley
La Barque pendant l'inondation, Port-Marly
1876
Huile sur toile
H. 50,4 ; L. 61,0 cm.
Legs comte Isaac de Camondo, 1911
© Musée d’Orsay, dist. RMN-Grand Palais / Patrice Schmidt
 
Paul Signac
Herblay. Brouillard. Opus 208
1889
Huile sur toile
H. 33,2 ; L. 55,1 cm.
Achat grâce au soutien de Mme Ginette Signac et d'un amateur anonyme, 1958
© Musée d’Orsay, dist. RMN-Grand Palais / Patrice Schmidt


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