vendredi 7 juin 2024

Instrumentalisations politiques préjudiciables au 38e Dîner du CRIF

Le 6 mai 2024, au Carrousel du Louvre, s’est déroulé le dîner annuel du CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France) en présence du Premier ministre macronien, Gabriel Attal. Des postures morales et du verbiage révélant des dirigeants, dont le Président du CRIF Yonathan Arfi, déconnectés de la réalité et de leurs concitoyens, refusant d’adopter des mesures efficaces, invoquant le combat contre un antisémitisme désincarné, instrumentalisant des vocables jamais définis, et sclérosés dans une doxa diplomatique française néfaste. 

Le MRAP débouté de sa plainte contre Laurent Dominati
Un sondage français biaisé sur l’évolution de la relation à l’autre 
La Présidence Hollande, les gouvernements Ayrault, Valls et Cazeneuve, c'était bien pour les Français Juifs ? 

Le contexte était particulièrement grave en ce 6 mai 2024. 

Dès l’agression djihadiste aux cris d’« Allah Aqbar » du samedi 7 octobre 2023 en Israël par des mouvements islamistes dont le Hamas, et des civils gazaouis, la France a enregistré une recrudescence du nombre d’actes antisémites dans des établissements scolaires, dans des rues, dans des commerces... 

Blood libel présidentiel
De plus, des politiciens et journalistes ont relayé la propagande antijuive du Hamas.

Jusqu’au Président de la République Emmanuel Macron qui, interviewé par la BBC le 10 novembre 2023 avait allégué un blood libel – à Gaza, « ces bébés, ces femmes, ces personnes âgées sont bombardés et tués. Il n’y a aucune justification et aucune légitimité à cela », donc avait avalisé la propagande du Hamas. 

Puis, le 11 novembre 2023, il avait déclaré  lors d’une cérémonie officielle à Paris à la mémoire des soldats de la Première Guerre mondiale : « Le Soldat inconnu... est de toutes les convictions, croyant et franc-maçon, agnostique et libre-penseur, protestant et musulman, catholique et juif ». Il avait rétrogradé les Juifs en dernière position et assimilé le judaïsme à une « conviction » ! Après le vote de la France pour la résolution onusienne biaisée, ces deux actes partiaux, malveillants avaient suscité une réaction faible des dirigeants communautaires.

Au grand dam des institutions juives françaises, le Chef de l’Etat Emmanuel Macron n’avait pas participé le 12 novembre 2023 à la « grande marche civique contre l’antisémitisme et pour la République ». Un camouflet présidentiel dont la motivation « sharia compatible » – ne pas heurter la « sensibilité musulmane » -, avait choqué, et terni durablement ainsi que profondément l’image présidentielle.

« Session de rattrapage » ? Le 7 février 2024, dans la cour d'honneur de l'Hôtel national des Invalides, le Chef de l’Etat avait présidé un « hommage  aux victimes françaises des attaques terroristes du 7 octobre en Israël », puis, le 18 mars 2023, à l’Elysée, il avait accueilli des dirigeants communautaires pour célébrer le 80e anniversaire du CRIF.

Assises contre l’antisémitisme
Le 6 mai 2024 au matin s’étaient ouvertes les Assises de la lutte contre l’antisémitisme organisées par Aurore  Bergé , ministre déléguée auprès du Premier ministre, chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les Discriminations. Un titre un peu fourre-tout concocté par des communicants classant l’antisémitisme parmi les « discriminations ». Significatif de la faible volonté de le combattre.

Autour de la table : le CRIF qui a demandé un rapport sur la réponse pénale aux actes antisémites - mieux vaut tard que jamais -, et ceux qui avaient refusé de participer à cette « grande marche civique » (Grande mosquée de Paris) ou avaient exhorté : « Halte au massacre à Gaza ! La France doit demander un cessez-le-feu immédiat  » (SOS Racisme).

Mais aucune association de victimes d’antisémitisme. Pourquoi ?

Bref, on a pris les mêmes qui ont failli, et on a recommencé. En espérant quoi ?

Comme les années précédentes, le CRIF avait refusé d’inviter à son diner annuel le Rassemblement national (RN) présent à la manifestation du 12 novembre 2023. Et ce, bien que Serge Klarsfeld refuse de le classer à l’extrême-droite, et le qualifie de « parti républicain, populaire » et que le député Meyer Habib ait accueilli son président, Jordan Bardella, par une accolade cordiale lors de cet hommage aux Invalides. 

Au soir de Yom HaShoah, a débuté le dîner du CRIF présenté par son directeur, Robert Ejnès, qui a rendu hommage au vice-président décédé le 15 avril 2024, Gil Taieb, et fait observer une minute de silence « pour les victimes de la Shoah auxquelles ont été associées les victimes du 7 octobre ».

Et en présence de « nombreux Ministres du gouvernement ainsi que des représentants de la vie politique, des ambassadeurs et de nombreux représentants des cultes ainsi que des représentants associatifs et des personnalités du monde intellectuel et artistique. Une délégation israélienne de familles d'otages était également présente  ». « Une table était dressée pour les otages encore retenus dans la bande de Gaza. Parmi eux, trois sont français : Orion Hernandez-Radoux, Ohad Yahalomi, Ofer Kalderon. ».

Yonathan Arfi
« Sept mois depuis le 7 octobre. Ce jour-là, 1 200 personnes, – hommes, femmes, enfants –, ont été brutalement assassinés par les bataillons islamistes du Hamas, pourchassés jusque dans les maisons de leurs kibboutz, exécutés au cœur du festival d’une jeunesse éprise de coexistence. Ce jour-là, 253 otages ont été enlevés dont plus de 130 sont encore retenus dans les tunnels du Hamas », a dit  Yonathan Arfi, Président du CRIF.

Puis Yonathan Arfi a poursuivi : « Dans une récente étude que nous avons menée, 71 % des Français pensent possible un 7 octobre dans notre pays... Les Français craignent l’avenir : sentiment de déclassement économique et social, angoisse face à la progression de l’islamisme et peur du terrorisme qui l’accompagne ; inquiétude face à l’augmentation de toutes les haines dont bien-sûr l’antisémitisme ; préoccupation du réchauffement climatique ; crainte face à la montée des périls géopolitiques de la Russie à l’Iran, en passant par la Chine. Ces inquiétudes sont légitimes ».

« Des Juifs sont ostracisés jusque dans les Universités, de Columbia à Sciences Po, de Harvard à La Sorbonne... Sur le seul dernier trimestre 2023, les actes antisémites équivalent à ceux des trois années précédentes. Mais, au-delà : la violence antisémite est une épreuve pour les victimes et leur entourage, une charge de terreur pour les Français juifs, une menace pour tous les Français. La confusion intellectuelle, c’est d’attribuer cette flambée antisémite à la riposte militaire à Gaza. Cette fausse causalité fait peser symboliquement la responsabilité de l’antisémitisme sur l’État juif mais, plus encore, c’est une analyse démentie par les faits. La confusion morale, c’est aussi l’inversion accusatoire qui présente l’État juif en État génocidaire. Les Juifs devenus bourreaux soulageraient-ils l’Europe de la culpabilité de la Shoah ?... Devenue un slogan, l’accusation de génocide ne vise pas à protéger les Palestiniens, mais résonne comme un cri de ralliement pour stigmatiser les Juifs... Ces accusations pernicieuses, comme beaucoup d’autres, trouvent micro ouvert sur Al Jazeera et sa déclinaison sur les réseaux sociaux AJ+: ces médias légitiment insidieusement le Hamas, distillent l’antisémitisme mais aussi la haine de la France, sempiternelle coupable du crime ultime de laïcité. Faisant la part belle aux thèses décoloniales, ils manipulent le concept de convergence des luttes pour embrigader les esprits vulnérables. Monsieur le Premier Ministre, ces médias menacent la cohésion de notre pays, il est impératif de nous en protéger ! », a analysé le Président du CRIF.

Et Yonathan Arfi de souligner : « Luc Mélenchon et ses compagnons de La France Insoumise (LFI) sont des artificiers du débat public et des artisans du chaos. LFI, c’est le communautarisme, comme projet et le clientélisme comme stratégie. Leur campagne pour les européennes s’est muée en une immense diatribe contre Israël. Comme toutes les démocraties entraînées dans la guerre, la cause d’Israël est juste... Juste, comme la cause de l’Ukraine aux côtés de laquelle nous continuerons de nous tenir, cher Bernard-Henri Levy, dont le livre La solitude d’Israël vous sera offert ce soir ».

Le Président du CRIF a fustigé « l’UNRWA, qui cultive le mythe du retour des réfugiés palestiniens, tolère l’endoctrinement des enfants et dont les complaisances aveugles ou coupables avec le Hamas ont été tragiquement révélées le 7 octobre » et les « instances internationales, où des majorités automatiques, parfois malheureusement avec la voix de notre pays, incitent les Palestiniens à se détourner des négociations pour privilégier des revendications unilatérales. La paix exige d’abord du courage ».

Il a regretté le « voile pudique » de la France sur son « rôle significatif dans l’alliance inédite qui s’est formée aux côtés d’Israël dans la soirée du 13 avril [quand] l’Iran lançait des centaines de drones et de missiles à l’assaut du territoire israélien. Il a aussi stigmatisé l’appel d’Olivier Faure « à un embargo sur les armes vendues à Israël. Rappelons cette évidence : si l’Iran, le Hezbollah, le Hamas et quelques autres déposent les armes, il y aura la paix. Si Israël dépose les armes, il n’y aura plus d’Israël. Vouloir désarmer Israël, c’est le livrer en trophée à ses ennemis ».

Yonathan Arfi a ensuite déclaré : « La France a une dette vis-à-vis du Rwanda : nous devons poursuivre notre examen de conscience... En Arménie, aussi, la France a un rôle particulier à jouer. Il y a en effet un trait continu entre le génocide de 1915 et le nettoyage ethnique qui a vidé le Haut-Karabakh de ses Arméniens en septembre dernier. »

Le Président du CRIF a loué la République : « Contrairement à ce que prétendent les nouveaux inquisiteurs indigénistes ou décoloniaux, la République n’est pas le problème, elle est la solution ! Peu de mots aussi forts ont été écrits sur l’osmose entre deux universalismes, celui du judaïsme et celui de la République... Monsieur le ministre de l’Intérieur, cher Gérald Darmanin, je salue votre détermination face à l’antisémitisme, face à l’islamisme, aux Frères Musulmans et à ses prêcheurs de haine, face aux groupuscules violents de l’ultra-gauche comme face aux activistes identitaires de l’ultra-droite. »

Puis Yonathan Arfi a conclu : « Face au phénomène de masse à la faveur des réseaux sociaux, le cadre de la justice pénale n’est malheureusement pas adapté pour un traitement rapide et systématique. C’est pourquoi nous plaidons pour la mise en place d’une amende civile, qui sanctionnerait, sur le modèle de Hadopi, les auteurs de propos haineux sur Internet... L’arme la plus puissante face aux idéologies de haine, c’est l’éducation… Mais trop souvent, quand un proviseur ou un enseignant sont la cible de menaces islamistes, ce sont eux qui démissionnent ! Trop souvent, quand un élève est victime d’antisémitisme, de harcèlement ou de violence, c’est la victime qui change d’établissement ! ... Quand des populistes prétendent vouloir défendre la République, c’est pour mieux l’étouffer. C’est la confusion que veulent nous imposer Marine Le Pen et le Rassemblement National. Mesdames, messieurs, le populisme, quel que soit son bord, sera toujours incompatible avec la République ! Il ne sera jamais la solution aux problèmes des Français ».

Gabriel Attal
Le Premier ministre Gabriel Attal a débuté  son discours en évoquant « un document qui ne le quitte jamais » : le récépissé remis par le commissaire de police à sa grand-mère, Janine Weil, ayant respecté « la loi du 2 juin 1941, portant recensement des juifs » et venue retirer son étoile jaune en juillet 1941. « Cette étoile, c’était une condamnation à mort. Et ce récépissé en était le visage froid, technique, administratif... Le rappel de l’infamie qu’a commis notre pays, en se rendant complice et coupable d’antisémitisme ».

Le Chef du gouvernement a alerté : « Nous faisons face à une vague d’antisémitisme. Une vague d’une ampleur rare, plus forte, plus violente, plus relayée, plus établie, qu’elle ne l’a été au cours de ces dernières années », a poursuivi le chef du gouvernement qui a évoqué « la monstruosité du Hamas... L’horreur du terrorisme, de l’islamisme... Ce jour-là, plus de 1 200 personnes ont perdu la vie... Ce jour-là, ce 7 octobre, toutes les ignominies ont été commises…Et le tout, le tout au son des cris de joie des terroristes du Hamas...e tout au son des exclamations des terroristes, qui, ivres de bonheur, criaient : « mort aux juifs » et appelaient leurs proches pour annoncer fièrement leurs crimes ».

Il a ensuite décrit sa « honte en écoutant certains élus de La France Insoumise (LFI) parler de mouvement de résistance... Sous l’autorité du Président de la République, avec mon Gouvernement, nous nous battons pour la paix dans la région... Ne nous laissons pas non plus berner par le cynisme absolu de ceux qui disent soutenir les Français juifs par réflexe anti- musulmans. Le présent, c’est un député du RN, qui tenait une librairie négationniste baptisée en hommage à un livre de Charles Maurras. Ce député siège aujourd’hui dans le groupe du Rassemblement national (RN) à l’Assemblée nationale ! Le présent, c’est l’état-major de ce parti, qui a besoin de plusieurs jours pour trancher la question de savoir si Jean-Marie Le Pen est ou non antisémite. La ficelle est un peu grosse. Personne ne se laissera tromper ! »

Le Premier ministre a listé les statistiques sur l’antisémitisme : « Entre l’attaque du 7 octobre et la fin de l’année 2023, plus de 1200 actes antisémites ont été signalés. En seulement trois mois, c’était trois fois plus que sur toute l’année 2022 ! Sur les trois premiers mois de l’année, en janvier, février et mars, on a déjà relevé 366 faits antisémites. 366 ! C’est plus de quatre actes antisémites par jour ! C’est une hausse de 300 % par rapport aux trois premiers mois de l’année 2023 ! Les Français juifs représentent 1 % de la population française, mais 60 % des actes antireligieux sont des actes antisémites !... Mon simple nom de famille, lui aussi, aiguise bien des haines... Avec mon Gouvernement, nous sommes en première ligne. Nous sommes mobilisés. Nous ne laisserons rien faire sans réagir...omme ministre de l’Éducation nationale, j’ai affirmé que dès l’école primaire, on doit apprendre la tolérance, la bienveillance, le respect de la différence... Comme ministre de l’Éducation nationale, ma main n’a pas tremblé pour interdire le port du qamis et de l’abaya à l’école de la République... Et en classe, toutes les pages de l’Histoire doivent pouvoir être enseignées... Nous avons décidé que chaque élève français devra visiter un lieu de mémoire, au moins une fois dans sa scolarité. C’était une décision de ma prédécesseure, Elisabeth Borne, et je veux lui rendre hommage »

Concernant les blocages d’universités, le Chef du gouvernement a « demandé une fermeté exemplaire, et joint la parole aux actes. Je suis allé à Sciences Po, pour dénoncer les actes d’une minorité agissante. J’ai rappelé une phrase, que chacun connaît : le poisson pourrit toujours par la tête. Et je le redis ici : une école comme Sciences Po a un devoir d’exemplarité s’agissant du respect des valeurs de la République et de la tolérance ! Avec le ministre de l’Intérieur, j’ai systématiquement demandé l’intervention des forces de l’ordre pour libérer les abords de nos universités... Nous n’accepterons jamais qu’une minorité manipulée prétende faire la loi… Nous agissons sans compter, pour montrer que l’antisémitisme n’est pas une fatalité »

Le Premier ministre a évoqué son combat : « Avec le ministre de l’Intérieur, nous mobilisons des patrouilles des forces de l’ordre devant 850 synagogues, lieux de culte et écoles. Nous donnons les moyens de renforcer la protection des synagogues, avec 6 millions d’euros de financements l’année dernière, des financements en augmentation. Je suis fier qu’à la demande du Président de la République nous ayons adopté, en 2019, la définition de l’antisémitisme de l’Alliance internationale pour la mémoire de la Shoah. La circulaire, très claire, prise par le ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti, trois jours seulement après le 7 octobre, pour demander une réponse pénale ferme et rapide face à l’antisémitisme et à l’apologie du terrorisme… Alors, les enquêtes sont menées et les condamnations arrivent... Lutter contre l’impunité, c’est aussi donner des sanctions immédiates. C’est une de vos revendications, vous l’avez rappelée dans votre discours, et je la partage…L’idée d’une amende civile a été évoquée pour une réaction immédiate aux actes antisémites. Un groupe de travail a été lancé sur le sujet et je suivrai ses conclusions avec la plus grande attention. »

« La transparence sur les actes, bien sûr, mais aussi la transparence sur les sanctions. Et je vous rejoins dans cette aspiration. Parce qu’il n’y a qu’en démontrant et en rappelant qu’il y a des sanctions claires et des sanctions fermes, que nous ferons reculer les auteurs de ces actes antisémites. Aujourd’hui, il n’est pas possible de connaître précisément, en termes statistiques, le nombre et les condamnations pour des actes commis en raison de la religion. Vous le savez, j’ai toujours été un partisan de la transparence. C’est elle qui nous permet d’avancer. Alors, comme vous, je veux faire la vérité sur les chiffres. Aussi, je vous annonce que j’ai demandé au ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti, de trouver les moyens de mettre en œuvre un recensement de ces cas et de ces condamnations partout en France. C’était une de vos demandes. Nous la mettrons en œuvre ! », a précisé Gabriel Attal.

Et le Premier ministre d'évoquer le combat contre la haine sur Internet : « Les signalements sont faits, les contenus retirés et les enquêtes menées, notamment grâce à la plateforme Pharos, dont nous avons augmenté de 50 % le nombre d’enquêteurs en cinq ans. Je souhaite que Pharos permette notamment de faire disparaître beaucoup plus facilement et rapidement les contenus haineux. C’est un travail que nous mènerons, notamment au niveau européen. Nous avons déjà réussi à faire plier les géants du numérique pour le retrait des contenus terroristes. Nous mettrons toutes nos forces dans la bataille, pour obtenir la même chose pour les contenus antisémites et racistes ».

« L’islamisme est un péril grave pour notre République et c’est un des visages les plus dangereux, les plus destructeurs de l’antisémitisme. Partout nous luttons contre son entrisme, avec une stratégie de lutte contre le séparatisme islamiste, qui nous a déjà permis de fermer des mosquées radicales, de dissoudre des associations, d’expulser des imams qui prêchaient la haine », a revendiqué Gabriel Attal. 

Enfin, le chef du gouvernement a conclu par une ode à la République, nommant d’éminents Juifs français : « Jean Zay, Léon Blum, Pierre Mendès-France, Robert Badinter, des noms qui résonnent encore et sont synonymes de conquêtes des droits, d’éducation, de libertés nouvelles…La République, c’est Georges Mandel, René Cassin, Georges Loinger, autant de visages de la liberté et de la résistance, et avec eux, tant de femmes et d’hommes, qui ont risqué leurs vies pour notre pays et nos valeurs. L’âme de la République, l’âme de la France est incomplète sans les Français juifs. La liberté ne peut se penser sans Raymond Aron. Chacun retrouve un peu de ce qu’est l’amour maternel, dans les pages de Romain Gary. Les portraits du quotidien, la joie simple des retrouvailles comme la rudesse des mouvements sociaux ont été immortalisés par les clichés de Willy Ronis. Chacun se souvient d’un air ou de quelques vers de Barbara. Et du plafond de l’opéra Garnier, Marc Chagall veille sur les arts. Chaque jour, dans tous les domaines, les Français juifs travaillent pour notre pays, le font rayonner et font vivre notre République sous toutes ces facettes. Défendre les Français juifs, c’est défendre la République toute entière, et continuer à la bâtir, à la consolider. C’est aussi défendre notre unité ».

Tests de réalité
Moins de 24 h de retombées médiatiques pour un évènement coûteux. L’écho de cet évènement politico-mondain s’affaiblit.

Aucun des orateurs n’a nommé l’antisémitisme islamique et le Qatar, principal financier avec l'Iran, du djihadisme. 

Aucun n'a évoqué l'antisémitisme islamique et les "émeutes urbaines" (fin juin-début juillet 2023), en fait un "djihad", qui ont été marquées par une recrudescence d'actes antisémites.

Défenseurs d’une Shoah « islamiquement correcte », occultant l’exil de près d’un million de juifs du monde islamique – Gabriel Attal n’a pas évoqué sa famille juive paternelle d’origine tunisienne qui a subi, elle aussi, l’occupation nazie et a du quitter la Tunisie -, ces deux orateurs sont déconnectés de la réalité. Quatre exemples. 

Le Président du CRIF a évoqué un « sentiment de déclassement » ! « Un sentiment » ?! Des études  et rapports de fondations (Fondation Jean Jaurès) décrivent ce phénomène  réel. Et la misère qui se généralise en France ? Pas un mot.

Quant au Premier ministre, il a évalué la part des juifs français à 1% de la population en France. En 2023, l’INSEE a recensé  68 373 433 habitants. Un pour cent représente 683 734 âmes. Le nombre de Français juifs est évalué à environ 450 000, soit 0,6% de la population française. Vers 2000, il était évalué à environ « 500 000 personnes, 575 000 en incluant les conjoints non-juifs des couples mixtes  ». Soit une baisse de 10% en vingt ans !

Ces deux dirigeants déroulèrent un narratif qui impute l’unique responsabilité de l’agression djihadiste du 7 octobre 2023 au seul Hamas, donc en exonérant d’autres mouvements terroristes islamistes dont le Djihad islamique, et surtout les civils gazaouis qui ont commis des tortures, viols, assassinats.

Ils ont brossé le tableau d'une France qui n'existe plus. D'ailleurs l'occurrence du terme "nation" s'avère dérisoirement faible. Que reste-t-il de cette France républicaine et de ses valeurs ? Des lambeaux. Des zones de non-droit ou plutôt de zones régies par la sharia ou les trafiquants de drogue. Des services publics - hôpitaux, éducation - délabrés. Une insécurité généralisée, y compris dans la France rurale.

Du haut de leur stratosphère, ces dirigeants survolèrent les guerres : Arménie, Ukraine... Ce n’est pas la mission du CRIF de donner des leçons de diplomatie. Ou alors, qu’il évoque le Nigéria ou le Pakistan où les djihadistes assassinent des chrétiens ! La cause ukrainienne juste comme celle israélienne !? Ces dirigeants qui soutiennent la politique jusqu’auboutiste macronienne seront-ils d’accord pour que leurs fils aillent combattre contre la Russie au nom d’intérêts nationaux jamais définis ?

Quid de l'immigration de masse, essentiellement musulmane ? Quid de la destruction des Etats-nations par une construction européenne acheminant vers une fédération et de l’agriculture française – concurrence déloyale interne à l’UE et liée à des traités internationaux iniques -, qui impacte les Juifs : un poulet sur deux est importé ? C’est au Consistoire de France d’en parler, me direz-vous. Mais le problème est qu’il ne l’évoque pas. Tous ces sujets majeurs sont éludés au profit de la réprobation de l'extrême-gauche, de l'extrême-droite voire de "l'ultra-droite", ces dernières non définies.

Le 11 mai 2024, la réalité a rattrapé Gabriel Attal quand une retraitée française lui a confié devoir travailler à mi-temps pour subvenir à ses besoins vitaux. « Donnez vos coordonnées », lui a répondu le Premier ministre, incapable d’initier une politique bénéfique pour la France.

Au moins aussi grave, le CRIF n’a pas pris le temps de la réflexion pour dresser un bilan de sa stratégie contre l'antisémitisme depuis le déclenchement de l’Intifada II par Arafat en 2000, soit près d’un quart de siècle. Car c’est le devenir en France des juifs qui est en jeu. Mais en France, on ne change pas une équipe qui perd. Ces dirigeants communautaires continuent comme avant. Isolés. Discrédités aux yeux de Français juifs. Le CRIF semble avoir une perception désincarnée de la lutte contre l'antisémitisme. Il n'a jamais défendu le Dr Lionel Krief, David Amzallag, et tant d'autres... De quand date sa dernière victoire contre l'antisémitisme ? C'est le Collectif des Vigilants qui révèle des actes antisémites. Quand un sexagénaire prénommé Marco a été agressé le 1er mars 2024 devant une synagogue, des dirigeants communautaires et une avocate députée Renaissance ont minoré le fait que l'agresseur était "de type africain" selon la description de la victime.

Un exemple récent prouvant : malgré d’excellents dossiers scolaires, des lycéens juifs français ont été déclarés inadmissibles à l’épreuve orale pour l’admission au Bachelor de Sciences Po. Un refus concomitant du laxisme des dirigeants de cet Institut parisien envers les blocages et occupations de leurs salles par des gauchistes antisémites, pro-Hamas, portant masques et keffiehs. 
Qui a révélé ces faits ? Le CRIF ? Non. Les Consistoires de Paris et de France ? Non plus. Le FSJU (Fonds Social Juif Unifié) ? Que nenni. C'est Sophie Audugé, Déléguée générale de l’association SOS Education qui a révélé ces faits le 7 mai 2024, sur CNews, et a demandé que le Premier ministre Gabriel Attal et la ministre de l’Enseignement supérieur, Sylvie Retailleau, diligentassent une "enquête indépendante pour savoir pour quels motifs et sur quels critères objectifs" les candidats lycéens de Terminales ont été admissibles à cette épreuve orale, et au-delà admis à Sciences Po, financé notamment par des fonds publics. L’absence de motif à ces refus, pour le moins surprenants, a nourri le soupçon d’avoir été entachés d’antisémitisme. Ces lycéens candidats juifs avaient-ils primitivement contacté le CRIF ? Si oui, pourquoi ce silence du CRIF ? Dans la négative, pressentaient-ils que le CRIF ne dévoilerait pas leur affaire ? Force est de déplorer que le CRIF, les Consistoires et le FSJU ainsi que certains médias juifs français ont occulté ce cas potentiel d'antisémitisme. Pourquoi ? Que vont faire les candidats non admis à cette épreuve orale de Sciences Po ? Etudier en Israël, avant de faire leur aliyah, suivie de celle de leurs parents ? 

« Ce n’est plus « le fascisme ne passera pas ». C’est maintenant « le fascisme ne trépassera pas », avait ironisé l’essayiste Alain Finkielkraut voici quelques mois sur une chaine d’information. C’est une tactique bien rôdée depuis les quinquennats mitterrandiens : la "gôche" dite le "camp du bien" brandit le spectre d'une extrême-droite fantasmée pour diviser la droite et susciter un "cordon sanitaire" ainsi qu'un vote de rejet lui assurant la permanence du pouvoir. Et, faible d’une majorité relative, le Président Emmanuel Macron parie sur la division de ses opposants (LFI, RN, Les Républicains) pour faire adopter des projets de lois : la NUPES ne veut pas voter « avec » le « fasciste » Rassemblement national, qualifié "d’extrême-droite". Le CRIF et le Consistoire sont instrumentalisés pour rendre crédible le danger d’une « extrême-droite » jamais définie, mais brandie par le parti socialiste, puis par « l’extrême centre » macronien  comme un épouvantail à des électeurs sommés de voter pour un "parti républicain". Une comédie révélée par Lionel Jospin, ancien Premier ministre socialiste, en 2007 : "Durant les années du mitterrandisme, tout antifascisme n'était que du théâtre. Il n'y a jamais eu de menace fasciste". 

Malgré cette révélation, des organisations juives françaises, dont le CRIF, continuent de se prêter à ce jeu qui paraît perdant pour elles, mais gagnant pour le pouvoir en place et ses ramifications universitaires, médiatiques, etc. Combien de Français juifs sont spoliés par le « gouvernement des juges » que les instances juives français n’ont jamais affronté ? Combien d’étudiants français juifs sont systématiquement évincés de grandes écoles par la « discrimination positive » sans protestation de ces instances ? 

Le 31 mai 2024, à peine quelques semaines après ce diner, la France décidait d'interdire Israël, un rival de l'industrie de la défense française,  à Eurosatory, Salon international consacré à la défense et à la sécurité terrestres et aéroterrestres (17-20 juin 2024). La première des sanctions annoncées par Stéphane Séjourné, ministre des Affaires étrangères, en avril 2024. Une décision qui ne pouvait être prise qu'avec l'assentiment du Président de la République Emmanuel Macron et de son Premier ministre Gabriel Attal. Les mêmes qui jurent lutter contre l'antisémitisme... Aucun édile Renaissance, parti de la majorité présidentielle, ou candidat aux élections européennes pour Besoin d'Europe (liste macronienne) n'a condamné ce boycott. Selon le ministère des armées, « les conditions ne sont plus réunies pour recevoir les entreprises israéliennes sur le salon français, dans un contexte où le président de la République appelle à ce que les opérations israéliennes cessent à Rafah ». Israël était présent à ILA (Innovation et Leadership dans l'AéroEspace) Berlin Air Show, en Allemagne, du 5 au 9 juin 2024. Comprenne qui pourra.

Cerise sur le gâteau. Le 2 juin 2024, Vakita postait sur X, ex-Twitter, la vidéo dans laquelle le journaliste Hugo Clément interviewait des têtes de listes françaises aux élections européennes. Valérie Hayer, qui mène la liste Besoin d'Europe (liste macronienne), affirmait être Pour l'interdiction de l'abattage rituel. Le 7 juin 2024, deux jours avant la date de ces élections, Me Rachel-Flore Pardo, candidate à la 21e place dans la liste Besoin d’Europe, déclarait sur RCJ, radio de la fréquence juive francilienne soutenue par le FSJU : "La position de la majorité présidentielle est de ne revenir sur aucune législation sur l’abattage rituel". Elle a contredit la n°1, Valérie Hayer !?

Le 6 juin 2024, l'Institut français d’opinion publique (IFOP Opinion) a rendu publics les résultats de sa "radiographie de l’antisémitisme réalisée, réalisée entre le 11 février et le 22 mars 2024, pour l'American Jewish Comittee (AJC)-Paris en partenariat avec la Fondation pour l’innovation Politique (Fondapol). Il twittait que "LFI est perçue par 92% des Français de confession juive comme contribuant à la montée de l’antisémitisme". Ce sondage révélait aussi que près d'un 1/3 des Français (31%) considère que Renaissance contribue à la montée de l'antisémitisme en France. Une plus grande lucidité que leurs concitoyens juifs (19%, # 1/5). 

A quelques semaines de l’élection des eurodéputés le 9 juin 2024, il s’agissait pour le Chef du gouvernement Gabriel Attal d’essayer de réduire l'étendue d'un échec électoral, prévu par les instituts de sondage, auprès d’un public communautaire poli. Mais qu'a-t-il concédé ? Très, très, très peu. Quasiment rien.

Au lieu de solliciter une "amende civile", il eût été préférable que le Président du CRIF Yonathan Arfi réclamât une peine particulière sanctionnant les djihadistes. Car des familles de victimes franco-israéliennes ont saisi la justice française. Or, le droit français, et plus généralement le droit international, ignorent le djihad, donc n'ont prévu aucune sanction pénale pour condamner des djihadistes.

Quand le CRIF s'attellera-t-il à œuvrer à l'intégration de la contribution du judaïsme et des juifs dans le "récit national" ? Le Président Emmanuel Macron et ses Premiers ministres ne cessent de la louer dans leurs discours. Pourquoi n'agissent-ils pas pour mettre leurs paroles en conformité avec leurs actes ? Ce qui réduirait la solitude de Français juifs, resserrerait et approfondirait leurs liens avec leurs concitoyens non-juifs. Les juifs français seraient alors mieux perçus comme une composante de la Nation.

Et quid de la Commission Education du CRIF ? Présidée par Jean-François Bensahel, composée de "personnalités exerçant, ou ayant exercé des responsabilités dans l'Education nationale, elle a vocation à faire des propositions concrètes et les plus opérationnelles possible pour faire reculer, grâce à l'Education nationale, les discriminations et préjugés dans notre pays, discriminations et préjugés racistes, antisémites, homophobes". Le CRIF a exclu de ses missions l'histoire de l'exil du million de juifs ayant été contraints de fuir le monde musulman essentiellement des années 1940 aux années 1970, évoque une Shoah "islamiquement et arabiquement correcte", mais veut lutter "contre le racisme et l'homophobie" !? Cherchez l'erreur. L'inclusivité du CRIF s'étend-elle aux "LGBTQIA+" (lesbiennes, gays, bisexuelles, trans, queer, intersexes et asexuelles et +), comme victimes de l'"homophobie" ? 

Peu avant ce diner, le journaliste Joseph Macé-Scaron déplorait sur CNews que les juifs français étaient contraints de vivre en marranes.

En marranes ou en dhimmis dans Eurabia ?

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