jeudi 11 avril 2024

Léon Herschtritt (1936-2020)

Léon Herschtritt (1936-2020) était un photographe humaniste, un réalisateur et un expert de la photographie ancienne français. Surnommé par le Général de Gaulle « le photographe » en raison de son patronyme difficile à prononcer, il a été le plus jeune photographe à recevoir le Prix Niépce en 1960. Parmi ses reportages : les enfants d'Algérie durant la guerre, le mur de Berlin en 1961, les voyages du Président, des anciennes colonies françaises en Afrique - le Tchad, le Congo, le Gabon, la République Centrafricaine et le Cameroun - en 1963... Le musée de l’Armée présente l’exposition « Léon Herschtritt (1936-2020), photographe des années gaulliennes ».

« Louise Weiss, une femme pour l’Europe » par Jacques Malaterre 
« Alger, la Mecque des révolutionnaires (1962-1974) » par Ben Salama 
 
« N’importe quel photographe peut faire un jour, une belle photographie, mais combien sauront montrer une ambiance, un monde, un événement ou un homme. »
Léon Herschtritt

« Léon Herschtritt est né à Paris en 1936. Durant l'Occupation nazie, il est brièvement interné au camp de Drancy, près de Paris. Grâce à son père qui bénéficie de la nationalité britannique, la famille échappe à la déportation. »

« Etudes classiques, puis passage rapide à l’Ecole nationale de photographie. Il rapporte de son service militaire en Algérie, la maquette d’un livre « Les gosses d’Algérie ». 

« Il sera le plus jeune photographe à recevoir le Prix Niepce 1960 pour ce reportage. Il fera ensuite ses premières armes de journaliste reporter-photographe dans les salles de rédaction de « France-Observateur », « La vie catholique illustrée » et « Réalités ».

« En 1962, Léon Herschtritt devient reporter indépendant. Il travaille d’abord pour le cinéma américain, puis se consacre au reportage d’actualité politique, sociale et humaine : « Noël à Berlin », « Les grèves à Decazeville », « Paysans italiens », « La vieillesse ».

« De son séjour en Afrique noire dans le cadre d'une mission photographique de trois mois pour le ministère de la Coopération, Léon Herschtritt rapporte en 1963 des milliers d'images qui serviront à créer la photothèque du ministère de la Coopération et seront exposées au Musée de l’Homme, à Paris, avant de circuler en France et dans le monde. Parution dans les journaux et revues de plus de cinquante pays de ses photographies distribuées par Camera Press de Londres, dont il est le correspondant à Paris. »

« En 1966, Léon Herschtritt obtient le Prix des Gens d’images pour la maquette de son livre « Au hasard des femmes » et édition d’un livre sur la prostitution, « La célébration des putains ». « En septembre 1966, une émission de la télévision française, « Chambre noire », de A. Plecy et M. Tournier, lui est consacrée. »

« En 1967, Léon Herschtritt participe à l’exposition Tendance de la jeune photographie française, à la Bibliothèque nationale de Paris. »

« En 1968, campagne publicitaire pour la société Olivetti en France, en Suède, au Danemark et en Belgique. Léon Herschtritt participe à l’Exposition mondiale de la photographie de Karl Pawek et à l’exposition Paris Mai 68 du Club photographique de Paris, les 30/40, dont il est membre du comité directeur. Exposition personnelle à la FNAC à Paris. »

« En 1969 et 1970, parallèlement à son métier de journaliste reporter-photographe, Léon Herschtritt commence une carrière de cinéaste ; reportage sur les élections présidentielles en France, coréalisateur de deux courts métrages publicitaires sur les 24 heures du Mans et les courses hippiques et court métrage couleur sur Jérusalem réunifié. »

« En 1973, il produit pour la Télévision française une émission sur le portrait, « La tête de l’homme ». Puis ouvre avec son épouse Nicole le premier bistrot de photographe à Paris près de l’Hôtel Drouot : un lieu de rencontre qu’il anime et où il organise mensuellement des expositions pendant 4 ans. »

« En 1974, Léon Herschtritt édite un portfolio de 10 photographies sur le thème du couple. »

« En 1983, exposition à Vienne (France) sur le thème du portrait. Cette exposition va circuler en France ensuite. Vivement secondé par sa femme Nicole, Léon Herschtritt devient, de 1976 à 1993, antiquaire spécialisé en photographie ancienne et appareils photographiques de collection et ouvre sa première galerie consacrée à la photographie au marché aux puces de Paul Bert (Saint Ouen) en 1991. »

« En 1996, édition du livre « Jamais deux fois le même regard » concernant les photographies de sa collection personnelle. »

« En 1998 est crée la Galerie Laurent Herschtritt au cœur de Saint Germain des Près et à partir de 2001 ont lieu les premières ventes aux enchères de photojournalisme à la salle Drouot (photographies de Natchway, Cartier Bresson, Capa, Doisneau…). En parallèle les expositions de photos se succèdent à la Galerie Herschtritt. »

« Léon Herschtritt fête ses 50 ans en photographie en 2006. Il participe cette même année à une exposition collective sur « La Photographie humaniste » à la Bibliothèque Nationale qui lui achète 40 photographies pour son fond. »

« En avril 2012, édition du livre « Léon Herschtritt, photographies », tiré à 300 exemplaires et numérotés. »

« Léon Herschtritt (1936-2020), photographe des années gaulliennes »
Le musée de l’Armée présente l’exposition « Léon Herschtritt (1936-2020), photographe des années gaulliennes », prolongée exceptionnellement jusqu’au 21 avril 2024. « Léon Herschtritt, une écriture photographique singulière pour capter l’essence du monde ». 

« Dans une France marquée par la fin des guerres coloniales et déjà engagée dans le bond économique des Trente Glorieuses, Léon Herschtritt (1936-2020) débute sa carrière de photographe en 1956, influencé par le « réalisme poétique » du courant humaniste. »

« En mission officielle, Herschtritt couvre les tumultueuses semaines de mai et de juin 1958 en Algérie, au moment où le général de Gaulle est rappelé au pouvoir et prononce son fameux « Je vous ai compris ! ». Léon Herschtritt se penche sur les à-côtés des temps fort de l’actualité et notamment sur la façon dont l’Histoire bouleverse les parcours de vie individuels. De retour en France, il suscite l’intérêt avec son reportage consacré aux gosses d’Algérie, offrant le visage d’une jeunesse tournée vers l’avenir en hors-champ des images d’attentats et d’embuscades. En 1960, à 24 ans, Léon Herschtritt remporte le Prix Niépce. »

« En août 1961, apprenant qu’un mur s’érige à Berlin, il décide de s’y rendre. Sur place, il découvre un autre monde fait de béton, de postes-frontières et de gardes en uniformes pris sous la neige hivernale. Ces instants fugaces entre les êtres, mêlant chagrin et espoir, sont captés avec une grande tendresse par le photographe, à l’image de cette photographie du couple juché sur le toit de leur voiture, faisant signe à des proches restés de l’autre côté, véritable symbole des drames humains de la Guerre froide. »

« Herschtritt photographie également de nombreuses personnalités. Parmi les modèles célèbres passés devant son objectif, une mention particulière peut être accordée à la figure du général de Gaulle. De ses « voyages en Province », à l’Élysée, jusqu’à sa dernière demeure à Colombey-les-Deux-Églises, celui que le Général surnommait Léon a su capter, avec douceur et bienveillance, l’homme derrière la stature du Commandeur, dans ses attitudes et ses gestes, révélant une compréhension intime du chef d’État au soir de sa carrière politique.

« Présentée dans le corridor de Perpignan, l’éditorialisation « Léon Herschtritt (1936-2020), photographe des années gaulliennes », expose objets, documents d’archives et photographies, retraçant le parcours d’un photographe humaniste, ancré dans la seconde moitié du XXe siècle. Resserrée sur la période 1958-1970, elle présente des tirages exceptionnels et des planches-contacts inédites, révélant le parcours d’un véritable talent photographique salué de son vivant par l’ensemble d’une profession dont il a su se l'un des porte-voix. » Cette éditorialisation reçoit le soutien de La Collection, premier mécène de l’acquisition et de la valorisation du fonds Léon Herschtritt. »

Le commissariat - musée de l’Armée est assuré par Vincent Giraudier, chef du département de l’historial Charles de Gaulle, Carine Lachèvre, adjointe au chef du département de l’historial Charles de Gaulle, Lucie Moriceau-Chastagner, responsable de la collection de photographies, adjointe à la cheffe du département Beaux-arts et patrimoine.

« Cette éditorialisation s’accompagne d’une publication signée par Vincent Giraudier, Carine Lachèvre et Lucie Moriceau-Chastagner Jamais deux fois le même regard. Léon Herschtritt (1936-2020) : photographies des collections du musée de l’Armée, centrée sur le parcours du photographe, au travers d’une sélection de photographies qui intègrent les collections du musée de l’Armée. Cet ouvrage bénéficie du soutien de la Fondation du Judaïsme Français et de ses fondations abritées, la fondation Feldstein et la fondation Cil Lebel. » 

Ce livre est « le premier opus d’une série révélant la diversité chronologique, géographique et typologique exceptionnelle des collections du musée de l’Armée dans les années à venir, cet ouvrage met la photographie à l’honneur, qui, selon Henri Cartier-Bresson, « place sur la même ligne de mire la tête, l’œil et le cœur ». Général de division (2S) Henry de Medlege, directeur du Musée de l’Armée.

« Dans la France de l’après-guerre, l’itinéraire de cet humaniste emboîte le pas à celui d’une génération de « reporters-illustrateurs », stimulés par une presse florissante et les commandes dynamiques d’organismes d’État, l’ouvrage explore particulièrement la période 1958-1970 avec quatre axes principaux, guerre d’Algérie, mur de Berlin, pays de l’ancienne Afrique française, discours et visites du général de Gaulle en France dans les années 1960. » 

« Les ambitions de cet ouvrage sont de mettre en valeur les photographies de Léon Herschtritt, leur importance dans l’histoire de la photographie et de mieux comprendre son parcours de photographe. Un soin particulier a été apporté au travail de photogravure et d’impression par Escourbiac l’imprimeur, afin de restituer le plus fidèlement possible les archives très diverses du fond Léon Herschtritt. »

Léon Herschtritt, photographe humaniste
« Le « cœur dans les yeux ». La formule du poète Philippe Soupault semble résumer l’œuvre photographique humaniste de Léon Herschtritt. Dans la France de l’après-guerre, l’itinéraire de ce photographe emboîte le pas à celui d’une génération de « reporters-illustrateurs », stimulés par une presse florissante et les commandes dynamiques d’organismes d’État. »

Des « gosses » d’Algérie au Prix Niépce
« Dans une France marquée par la fin des guerres coloniales et déjà engagée dans le bond économique des Trente Glorieuses, Léon Herschtritt (1936-2020) débute sa carrière de photographe en 1956, influencé par le « réalisme poétique » du courant humaniste. En mission officielle, Herschtritt couvre les tumultueuses semaines de mai et de juin 1958 en Algérie, au moment où le général de Gaulle est rappelé au pouvoir et prononce son fameux « Je vous ai compris ! ». Le photographe se penche sur les à-côtés des temps forts de l’actualité et notamment sur la façon dont l’Histoire bouleverse les parcours de vie individuels. De retour en France, il suscite l’intérêt avec son reportage consacré aux « gosses d’Algérie », offrant le visage d’une jeunesse tournée vers l’avenir en hors-champ des images d’attentats et d’embuscades. En 1960, à 24 ans, Léon Herschtritt remporte le prestigieux Prix Niépce. »

Berlin, les années 1960
« Je suis allé voir ce mur par curiosité. À part la Grande Muraille de Chine, c’était le premier mur qui existait, […]  J’étais très impressionné. D’abord parce que l’ambiance était horrible : on voyait les « vopos » [Volkspolizei, police du peuple] surveiller depuis le mur… Et l’atmosphère était particulière aussi, la neige, le silence. »
« En août 1961, apprenant qu’un mur s’érige à Berlin, il décide de s’y rendre. Sur place, il découvre un autre monde fait de béton, de postes-frontières et de gardes en uniformes pris sous la neige hivernale. Ces instants fugaces entre les êtres, mêlant chagrin et espoir, sont captés avec une grande tendresse par le photographe, à l’image de cette photographie du couple juché sur le toit de leur voiture, faisant signe à des proches restés de l’autre côté, véritable symbole des drames humains de la Guerre froide. »

« Le photographe » de De Gaulle
« Herschtritt photographie également de nombreuses personnalités. Parmi les modèles célèbres passés devant son objectif, une mention particulière peut être accordée à la figure du général de Gaulle. De ses « voyages en Province », à l’Élysée, jusqu’à sa dernière demeure à Colombey-les-Deux-Églises, celui que le Général surnommait « Léon », a su capter, avec douceur et bienveillance, l’homme derrière la stature du Commandeur, dans ses attitudes et ses gestes, révélant une compréhension intime du chef d’État au soir de sa carrière politique. Ces portraits, d’une rare intensité psychologique, offrent le témoignage d’un regard sensible porté sur l’homme politique. »

Appel aux dons
Du 15 septembre 2023 au 31 décembre 2023, avec le soutien de la Fondation Charles de Gaulle, en partenariat avec la plateforme de crowdfunding Ulule, le musée de l’Armée « a lancé une campagne d’appel aux dons  afin d’acquérir 70 tirages originaux et 3 planches-contacts issus du fonds photographique Léon Herschtritt. »

« Cet ensemble inédit, extrait des archives personnelles de l’artiste, retrace les deux premières décennies de la Ve République : de la guerre d’Algérie à la construction du mur de Berlin, de l’Afrique de l’Ouest à l’Élysée. Plusieurs photographies s’attachent aux voyages du président de Gaulle en province, dont les portraits saisis sont d’une rare intensité psychologique, offrant le témoignage d’un regard sensible porté sur l’homme politique. Les photographies de Léon Herschtritt viennent enrichir les futurs parcours permanents du Musée inscrits dans le projet d’extension et de transformation MINERVE : « Colonisation, décolonisation : une histoire en partage » et « Après 1945, de la Guerre froide à nos jours ». Cet appel aux dons pour l’acquisition et la valorisation du fonds Herschtritt est mécéné par La Collection et la Société des amis du musée de l’Armée. 


En janvier 2024, le musée de l’Armée a salué le « plein succès de la souscription publique pour l’acquisition de ses photographies : 40 301 € » ont été réunis, « soit 134% de l’objectif de 30 000 €. Ce succès témoigne de l’intérêt du grand public comme des entreprises pour l’oeuvre majeure de ce photographe humaniste des années gaulliennes. Grâce à la générosité de près d’une centaine de donateurs particuliers mais aussi de la Fondation d’entreprise La France Mutualiste, de l’agence photographique La Collection, du cabinet de conseil Texel Strategic Restructuring, de la Fondation Charles de Gaulle, de la Société des amis du musée de l’Armée (SAMA), et d’AG Conseil, le musée de l’Armée a pu collecter les fonds nécessaires pour acquérir et valoriser ces précieuses photographies. Ce fonds photographique offre un témoignage visuel original sur la première décennie de la Ve République française. De la guerre d’Algérie à la construction du mur de Berlin, de l’Afrique en passant par les voyages du président de Gaulle en province, ces photographies captent l’essence d’une époque et révèlent des moments intimes derrière les grands événements tout en offrant un regard sensible sur le monde politique et social de la période gaullienne. Cet ensemble inédit des tirages de Léon Herschtritt, extrait des archives personnelles de l’artiste, viendra enrichir les futurs parcours permanents du Musée. Ils s’inscrivent dans le projet d’extension et de transformation MINERVE : « Colonisation, décolonisation : une histoire en partage » et « Après 1945, de la Guerre froide à nos jours ». Grâce à l’acquisition de ce patrimoine photographique exceptionnel le musée de l’Armée nourrit sa compréhension de la période gaullienne. » 


Vincent Giraudier, Carine Lachèvre et Lucie Moriceau-Chastagner, « Jamais deux fois le même regard. Léon Herschtritt (1936-2020) : photographies des collections du musée de l’Armée ». Coédition Odyssée - musée de l’Armée, 2023. 144 pages. 17x24 cm. ISBN - 978-2-909478-67-8. 20 euros

Du 7 novembre 2023 au 7 avril 2024. Prolongation au 21 avril 2024
Hôtel national des Invalides
Au Corridor de Perpignan
129, rue de Grenelle. 75007 Paris
De 10h à18h (fermeture à 21h le mardi)
Accès avec le billet du musée de l'Armée
Visuels :
Série Les gosses d'Algérie, enfants jouant dans un arbre sur les hauteurs d'Alger, 1958-1959
© Paris, musée de l’Armée_Émilie Cambier_Léon Herschtritt  LA COLLECTION

Léon Herschtritt, Noël à Berlin. À l'angle d'une rue enneigée depuis Bergstrassel
© Paris, musée de l’Armée_Émilie Cambier_Léon Herschtritt  LA COLLECTION

Léon Herschtritt, Le président Charles de Gaulle, Quimper, février 1969
© Paris, musée de l’Armée_Émilie Cambier_Léon Herschtritt_ LA COLLECTION


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