vendredi 29 mars 2024

« Le Paris de la modernité, 1905-1925 »

Le Petit Palais propose l’exposition « Le Paris de la modernité, 1905-1925 ». Dans un parcours chronologique et thématique, de la Belle Epoque aux Années folles, l'exposition montre l'attractivité de la capitale, notamment de certains quartiers - Champs-Élysées, Montmartre et Montparnasse - pour des artistes étrangers - peintres, sculpteurs, danseurs - et l'effervescence culturelle - ballets russes, cinématographe - et technique - automobile, aviation -, malgré la Première Guerre mondiale. 

« Après « Paris Romantique, 1815-1858 » et « Paris 1900, la Ville spectacle », le Petit Palais consacre le dernier volet de sa trilogie au « (Le) Paris de la modernité, 1905-1925 ». De la Belle Époque jusqu’aux Années folles, Paris continue plus que jamais d’attirer les artistes du monde entier. La Ville-Monde est à la fois une capitale au cœur de l’innovation et le foyer d’un formidable rayonnement culturel. Paris maintiendra ce rôle en dépit de la recomposition de l’échiquier international après la Première Guerre mondiale, période pendant laquelle les femmes jouent un rôle majeur, trop souvent oublié. »

« Ambitieuse, inédite et trépidante, cette exposition souhaite montrer combien cette période est fascinante, en faisant ressortir les ruptures et les géniales avancées tant artistiques que technologiques. Le parcours présente près de 400 œuvres de Robert Delaunay, Sonia Delaunay, Marcel Duchamp, Marie Laurencin, Fernand Léger, Tamara de Lempicka, Jacqueline Marval, Amedeo Modigliani, Chana Orloff, Pablo Picasso, Marie Vassilieff et tant d’autres. L’exposition montre également des tenues de Paul Poiret, de Jeanne Lanvin, des bijoux de la maison Cartier, un avion du musée de l’Air et de l’Espace du Bourget et même une voiture prêtée par le musée national de l’automobile à Mulhouse. À travers la mode, le cinéma, la photographie, la peinture, la sculpture, le dessin, mais aussi la danse, le design, l’architecture et l’industrie, l’exposition donne à vivre et à voir la folle créativité de ces années 1905-1925. »

« L’exposition, dont le parcours est à la fois chronologique et thématique, tire son originalité du périmètre géographique sur lequel elle se concentre largement, celui des Champs-Élysées, à mi-chemin des quartiers de Montmartre et de Montparnasse. S’étendant de la Place de la Concorde à l’Arc de Triomphe et à l’Esplanade des Invalides, il comprend le Petit et le Grand Palais, mais aussi le Théâtre des Champs-Élysées, ou encore la rue de la Boétie. Ce quartier est au cœur de la modernité à l’oeuvre. Le Grand Palais accueille alors chaque année la toute dernière création aux Salons d’Automne et des Indépendants, y sont montrées les œuvres du Douanier Rousseau, d’Henri Matisse, de Kees van Dongen parmi tant d’autres. Durant la Première Guerre mondiale, le Petit Palais joue un rôle patriotique important, en exposant des œuvres d’art mutilées et des concours de cocardes de Mimi-Pinson. » 

« En 1925, il est au centre de l’Exposition Internationale des Arts Décoratifs et Industriels Modernes où se côtoient pavillons traditionnels, Art Déco et de l’avant-garde internationale. À quelques pas, dans l’actuelle avenue Franklin Roosevelt alors appelée avenue d’Antin, le grand couturier Paul Poiret s’installe dans un superbe hôtel particulier en 1909. Il marque les esprits en y organisant en 1911 la mémorable fête de « La Mille et Deuxième Nuit » pour laquelle le couturier crée des tenues accompagnées d’accessoires. Le lieu abrite aussi la galerie Barbazanges, où Les Demoiselles d’Avignon de Picasso est révélé pour la première fois en 1916. L’artiste vit rue de la Boétie avec sa femme Olga. L’exposition évoque leur intérieur et permet de se plonger dans leur intimité. » 

« Après la guerre, la galerie Au Sans Pareil, avenue Kléber, s’ouvre à Dada et au Surréalisme. Avenue Montaigne, le Théâtre des Champs-Élysées, ouvert en 1913, accueille les Ballets russes puis les Ballets suédois jusqu’en 1924 avec des créations comme Relâche et La Création du Monde. En 1925, Joséphine Baker, fraîchement arrivée à Paris, y fait alors sensation avec la Revue Nègre. Elle fréquente Le Boeuf sur le Toit qui s’installe en 1922 rue Boissy d’Anglas où Jean Cocteau attire le Tout-Paris. » 

« Cette histoire du « Paris de la modernité » n’est pas linéaire, elle est marquée par de nombreux « carambolages ». Les scandales qui rythment la vie artistique sont évoqués : la « cage aux fauves », le « Kubisme » de Braque et Picasso, le très érotique Nijinski en faune pour la création du Sacre du Printemps par les Ballets russes en 1913, le ballet Parade de Cocteau en pleine guerre dont l’exposition montre les costumes conçus par Picasso. La modernité absorbe ces scandales, qui finissent même par devenir des étapes incontournables de la consécration des artistes. La modernité passe également par les progrès de la technique et de l’industrie. » 

« Tout s’accélère avec le développement des cycles, de l’automobile et de l’aviation auxquels des salons sont consacrés au Grand Palais. Le parcours, qui présente un aéroplane et une voiture Peugeot, montre comment la fréquentation de ces salons par des artistes comme Marcel Duchamp ou Robert Delaunay influence durablement leurs œuvres. La guerre voit les photographies déferler dans la presse. Le développement du cinéma, les machines et la vitesse transforment la société et Paris en un spectacle urbain, tel que celui offert depuis le Théâtre des Champs-Élysées par Fernand Léger dans Ballet mécanique, en 1924. »

« L’exposition entend également mettre en valeur le rôle des femmes durant cette période. De 1905 à 1925, les mutations sociales sont spectaculaires. Les femmes se libèrent du corset. Des artistes comme Marie Laurencin, Sonia Delaunay, Jacqueline Marval, Marie Vassilieff ou encore Tamara de Lempicka participent pleinement aux avant-gardes. Symbole d’émancipation féminine, la silhouette de la garçonne est immortalisée par Victor Margueritte en 1922. »

« Avec sa coupe courte et ses fines hanches, Joséphine Baker en est aussi l’incarnation. Métisse, elle qui arrive de Saint-Louis aux États-Unis où elle a vécu, enfant, de terribles émeutes raciales, s’émerveille d’être servie dans un café, sur les Champs-Élysées, comme tout le monde. Paris devient sa ville et la France, son pays. Joséphine Baker s’inscrit dans un mouvement de métissage croissant au sein de la société française. L’Antillaise Aïcha Goblet, célèbre modèle d’artiste, est immortalisée par Vallotton. Le bal de la rue Blomet se déchaîne au rythme des Biguines. Des bas-fonds interlopes aux cercles mondains les plus huppés, des personnalités telles que Max Jacob ou Gertrude Stein jettent des ponts. Les plus pauvres croisent les plus riches à Montparnasse, et les plus chanceux retiennent l’attention de généreux mécènes, comme Chaïm Soutine, avec le milliardaire américain Albert Barnes. Venant du monde entier : Europe de l’Est, Brésil, États-Unis, Russie, les artistes comme les touristes font plus que jamais de Paris la « capitale du monde ». 

La scénographie réalisée par Philippe Pumain nous plonge dans cette période foisonnante et passionnante, rythmée par de nombreux films de René Clair, Fernand Léger ou encore Charlie Chaplin.

Le commissariat est assuré par Annick Lemoine, directrice du Petit Palais, commissaire générale, et Juliette Singer, conservatrice en chef du patrimoine, commissaire scientifique.

Pourquoi avoir introduit l'écriture inclusive dans le dossier de presse ?

« En écho à l'exposition, le musée Zadkine présente, sur la même période, « Chana Orloff, sculpter l'époque » (15 novembre 2023 – 31 mars 2024), première exposition parisienne monographique dédiée à Chana Orloff depuis 1971. Rassemblant près de 100 œuvres, elle invite à redécouvrir une artiste remarquablement célébrée de son vivant mais injustement méconnue aujourd’hui. »

« Née dans l’actuelle Ukraine en 1888, dans une famille juive, la jeune Chana Orloff arrive à Paris en 1910 pour étudier la couture. Elle découvre Montparnasse et l’art des avant-gardes et devient dans les années 1920 l’une des sculptrices les plus appréciées de l’École de Paris. L’exposition du musée Zadkine dévoile une figure féminine forte et libre. Elle met en avant les grands thèmes chers à Chana Orloff : le portrait grâce auquel l’artiste s’est fait connaître, mais aussi la représentation du corps féminin et de la maternité – thèmes classiques de la sculpture occidentale dont Orloff propose une vision particulièrement sensible et actuelle. L’exposition offre également un aperçu du bestiaire sculpté par Orloff, nourri par la symbolique et la culture juive. Elle se termine, dans l’atelier du jardin, par une évocation de l’oeuvre d’après-guerre, marquée par l’horreur de la Seconde Guerre mondiale et la réalisation de grandes commandes monumentales pour l’État d’Israël. L’exposition est conçue en partenariat avec les Ateliers-musée Chana Orloff à Paris et bénéficie du soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah. » 

Le Commissariat est assuré par Cécilie Champy-Vinas, conservatrice en chef du patrimoine, directrice du musée Zadkine, Pauline Créteur, chargée de recherches à la Bibliothèque nationale de France, et les commissaires associés sont Ariane Tamir et Eric Justman, directeurs des Ateliers-musée Chana Orloff.



Parcours de l’exposition

Section 1 – Montmartre et Montparnasse, viviers de la création
« Au début du XXe siècle, les ateliers d’artistes se concentrent d’abord à Montmartre puis à Montparnasse. Situés à la marge, ces quartiers offrent à la bohème artistique un cadre animé, au sein duquel l’espace public revêt une grande importance, avec ses cafés et ses réseaux d’entraide. Montmartre attire, dès la fin du XIXe siècle, les « rapins », ces artistes en devenir. Venus de Paris ou de Province, puis d’Espagne et d’Italie, ils s’installent dans des ateliers bon marché : ceux du Bateau-Lavoir accueillent, à partir de 1904, la « bande à Picasso ». 

« Laboratoire de la modernité, cet atelier collectif est le lieu de discussions esthétiques et artistiques passionnées. Tous se retrouvent au cabaret du Lapin-Agile, où les artistes se mêlent aux poètes et écrivains, ainsi qu’à la pire des « canailles crapuleuse ». Les chantiers incessants, l’insécurité, l’arrivée du tourisme, l’augmentation des loyers poussent les artistes à quitter Montmartre pour Montparnasse, sur la rive gauche de la Seine. »

Section 2 – Les salons parisiens au cœur de l’échiquier artistique
« Célèbres expositions artistiques héritières d’une tradition académique, les salons parisiens demeurent les rendez-vous incontournables du début du XXe siècle. Organisés par des sociétés d’artistes, ces salons ont toujours été ouverts aux femmes. Lieux de vente et de présentation au public et aux amateurs, ils revêtent une grande importance pour les artistes. »

« Fondé en 1884, le Salon des artistes indépendants s’oppose au Salon des artistes français qui héberge les tendances officielles. »

« Créé en 1903, le Salon d’automne se tient au Petit Palais, avant de s’établir en face de celui-ci, au Grand Palais, dès l’année suivante. Son objectif est d’offrir des débouchés aux jeunes artistes, et de faire découvrir les nouveaux courants à un grand public. Marqué dès 1905 par le scandale des œuvres fauves, et exposant notamment les néo-impressionnistes ainsi que les cubistes, il accompagne la naissance de l’art moderne. »

Section 3 – Le « Boum » des salons du cycle, de l’automobile et de l’aviation
« Les nouveaux modes de transport qui émergent – le vélocipède, l’automobile et l’aviation – ont bientôt leurs propres salons à Paris. Le Grand Palais accueille, en 1901, le Salon international de l’automobile, du cycle et des sports qui se tiendra ensuite chaque année, excepté en 1909 et 1911. Les visiteurs s’y pressent par centaines de milliers pour découvrir les automobiles Serpollet, la première voiture Renault et bien d’autres véhicules. »

« En 1908, une petite partie du salon est réservée aux aéroplanes et aux ballons. Les visiteurs peuvent y admirer l’avion de Clément Ader, l’Antoinette de Levavasseur ou la Demoiselle de Santos-Dumont. Le succès est tel qu’un nouveau salon spécialement dédié à l’aviation s’impose. La première Exposition internationale de la locomotion aérienne est inaugurée en 1909 par le président de la République Armand Fallières. » 

Section 4 – « Poiret le Magnifique »
« Fils de drapier, Paul Poiret fonde très jeune sa maison de couture, en 1903. L’histoire retient qu’il a « libéré » la femme du corset en 1906. Il a surtout insufflé de la souplesse à ses modèles, tout en s’inspirant des artistes fauves et de l’esthétique orientale. Génie du « marketing », il invente le concept de produit dérivé, lançant dès 1911 le premier parfum de couturier. Il fonde, la même année, la Maison Martine, qui produit des arts décoratifs inspirés de la libre création de jeunes apprenties, sur le modèle des Ateliers viennois, les Wiener Werkstätte. Renforçant sa réputation grâce aux « stars » de l’époque, telles que les actrices Réjane et Mistinguett, il comprend très vite l’intérêt d’utiliser les nouveaux médiums que sont le film, la presse et la photographie pour diffuser ses modèles. Il est aussi parmi les premiers couturiers à s’installer sur les Champs-Élysées. Dans son hôtel particulier, il orchestre des fêtes mémorables, dont les déguisements participent aux mises en scène spectaculaires. »

Section 5 – Le Théâtre des Champs-Élysées est ouvert !
« À son ouverture en 1913, le Théâtre des Champs-Élysées est à la pointe de la modernité. Construit par Auguste et Gustave Perret, le bâtiment en béton armé allie des matériaux et des technologies innovantes à une esthétique épurée, qui annonce l’art déco. Le sculpteur Antoine Bourdelle conçoit la décoration de la façade et supervise la décoration intérieure. Différents artistes y participent, dont Maurice Denis, Édouard Vuillard ou encore Jacqueline Marval. La programmation novatrice est inaugurée par les Ballets russes, fondés par Serge Diaghilev, et dont le danseur vedette est Vaslav Nijinski. Le 29 mai 1913, sur la musique d’Igor Stravinsky, la troupe choque le public et la critique avec Le Sacre du printemps, faisant entrer l’oeuvre et le Théâtre des Champs-Élysées dans la légende. Ces ballets hauts en couleur, dont les costumes sont souvent inspirés du folklore traditionnel russe, suscitent un véritable engouement et influencent aussi bien la mode que la joaillerie de l’époque. »

Section 6 – La France en guerre
« Le 3 août 1914, l’Allemagne déclare la guerre à la France. La vie de tout un peuple bascule : 72 millions d’hommes sont mobilisés, et beaucoup connaissent l’enfer des tranchées. Cette guerre sera l’une des plus meurtrières de l’histoire, avec près de 10 millions de morts et plus de 21 millions de blessés. À Paris, les taxis entrent dans la légende, en acheminant des soldats jusqu’au front de la première bataille de la Marne. Le Grand Palais sert de caserne, puis d’hôpital militaire, dépendant du Val-de-Grâce. Il accueille les soldats estropiés et soigne les « gueules cassées », victimes de cette guerre scientifique et moderne aux armes nouvelles. »

« Pour la première fois, cette guerre est filmée et photographiée : les images du front, diffusées à Paris, contredisent les images de propagande. Visés par les zeppelins (dirigeables de fabrication allemande), les avions et les canons ennemis, les civils parisiens ne sont pas épargnés. Les femmes s’engagent comme infirmières, remplacent les hommes aux postes laissés vacants, et gagnent leur vie, entre autres, dans des usines d’armement, où elles sont payées moitié moins que les hommes. Les enfants – parfois eux aussi amenés à travailler – sont nombreux à devenir orphelins, « pupilles de la nation ».

Section 7 – Loin du front, la vie reprend
« La vie culturelle parisienne s’interrompt brutalement lorsque la capitale est déclarée en état de siège, en août 1914. Elle reprend progressivement à la fin de l’année 1915. L’association Lyre et Palette propose des lectures, des concerts, mais aussi la première exposition française d’art africain et océanien, en novembre 1916, dans l’atelier du peintre Émile Lejeune. Chez Paul Poiret, la galerie Barbazanges présente « L’art moderne en France », en juillet 1916, exposition organisée par André Salmon. Picasso y expose pour la première fois ses Demoiselles d’Avignon. L’année suivante, une exposition consacrée à Amedeo Modigliani à la galerie Berthe Weill doit en partie être démontée pour « atteinte à la pudeur », ses Nus affichant des poils sur certaines parties du corps ! »

« Les théâtres, les salles de spectacle rouvrent peu à peu, et le public fréquente les cinémas pour se divertir. Avec la tenue du ballet Parade, en 1917, au Théâtre du Châtelet, cette période connaît, paradoxalement, une effervescence culturelle et des innovations artistiques majeures. »

Section 8 – Montparnasse, carrefour du monde 
« La paix retrouvée voit arriver les dites « Années folles », caractérisées par une intense activité artistique, sociale et culturelle. Venus du monde entier, des myriades d’artistes se ruent sur Montparnasse. Ils constituent ce que le critique André Warnod nomme, en 1925, l’École de Paris. Les salons, les galeries, les marchands, les académies libres se réorganisent. Les cafés deviennent des lieux de rencontre et d’expositions. Les artistes Chaïm Soutine et Tsouguharu Foujita connaissent de véritables succès. »

« Kiki de Montparnasse est l’égérie de ce Paris des années 1920 qui vit aussi la nuit, avec ses premiers dancings. Le jazz est largement importé par les Américains, nombreux à venir en Europe pour échapper à la prohibition qui sévit chez eux. Certains, parmi eux, fuient aussi les lois ségrégationnistes américaines. Les bals se multiplient et concrétisent « l’union des arts ». Le Bal colonial (plus tard appelé « Bal nègre ») attire également le Tout-Paris, avec ses biguines martiniquaises. »

Section 9 – Paris « plus vite, plus haut, plus fort »
« De 1920 à 1929, les Années folles célèbrent la paix retrouvée, dans une grande soif de vivre. La génération qui a vécu les combats de la Grande Guerre cherche l’oubli d’elle-même dans l’alcool et la débauche. Elle n’en concourt pas moins à faire de Paris une sorte d’Éden, comme le résume Ernest Hemingway dans son roman Paris est une fête (1964). Les tenues reflètent ce nouvel art de vivre : robes de cocktail, paillettes et plumes se prêtent aux nouvelles danses échevelées. Celles-ci s’accélèrent, à une époque où la vitesse est portée par toutes les nouveautés : le jazz et le charleston venus d’outre-Atlantique, le cinéma, l’automobile, le train, les paquebots… »

« La figure ambivalente de la garçonne apparaît dans ce contexte. Cette « femme nouvelle », aux multiples facettes, fascine et dérange. Érigée en héroïne par Victor Margueritte, elle se diffuse à travers la littérature et gagne la presse féminine, la publicité et l’industrie cosmétique. »

Section 10 – Les Suédois et La Revue nègre au Théâtre des Champs-Élysées
« En 1920, le Théâtre des Champs-Élysées renouvelle son répertoire avec les Ballets suédois, sous la responsabilité financière du collectionneur Rolf de Maré. Celui-ci conçoit ces spectacles comme une oeuvre d’art totale mettant en scène sa propre collection. La chorégraphie est assurée par le danseur suédois Jean Börlin jusqu’en 1925. Explorant les relations entre scène et tableau, Börlin repousse les limites de la danse dans ses interactions avec les arts plastiques. Les compositeurs du groupe des Six (Georges Auric, Louis Durey, Arthur Honegger, Darius Milhaud, Francis Poulenc, Germaine Tailleferre), réunis autour de Jean Cocteau, participent à certaines saisons – de même que Marie Vassilieff et l’artiste Fernand Léger. Après le départ des Ballets suédois, le Théâtre des Champs-Élysées accueille La Revue nègre en octobre 1925. Arrivée des États-Unis, la jeune Joséphine Baker fait sensation avec ses danses trépidantes. Accueillie à Paris dans une société non régie par des lois de ségrégation, elle adopte la France comme sa patrie de cœur. »

Section 11 – L’Exposition internationale des « arts déco » de 1925 
« Reportée à trois reprises, l’Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes ouvre ses portes le 28 avril 1925. À sa clôture, le 25 octobre, elle aura accueilli plus de 15 millions de visiteurs et rencontré un immense succès populaire. » 

« Cette manifestation d’envergure s’étend de la place de la Concorde au pont de l’Alma et du rond-point des Champs-Élysées à l’esplanade des Invalides, en passant par le pont Alexandre-III. Elle réunit 21 nations – dont sont absentes l’Allemagne et les États-Unis –, représentées par 150 galeries et pavillons éphémères, auquel s’ajoute le Grand Palais. Son enjeu est à la fois économique et culturel. Il s’agit de faire valoir l’excellence des traditions françaises, face à l’Allemagne vaincue et à la concurrence internationale. Il importe également de relancer la production industrielle et le commerce de luxe, dans une France fragilisée par l’inflation. » 

« Dédiée à l’art, à la décoration et à la vie moderne, cette grande fête, parfois considérée comme le chant du cygne d’une esthétique du luxe, marque l’apparition de l’expression « art déco ». Ce style connaîtra un rayonnement mondial, qui s’étendra de l’Asie à l’Océanie et jusqu’aux Amériques, avec le Christ rédempteur de Rio de Janeiro, plus grande sculpture art déco du monde. »


Du 14 novembre 2023 au 14 avril 2024 
Avenue Winston-Churchill, 75008 Paris
Tel : 01 53 43 40 00 
Du mardi au dimanche de 10 h à 18 h
Nocturnes les vendredis et samedis jusqu'à 20 h 
Visuels :
Affiche 
Robert Delaunay, Paris – Die Frau und der Turm (Ville de Paris – La femme et la tour), 1925.
Huile sur toile, 52,5 x 207,5 cm. Staatsgalerie Stuttgart.
Photo © BPK, Berlin, Dist. RMN-Grand Palais / image BPK
Pour décorer le pavillon de la Société des artistes décorateurs, Robert Delaunay peint une immense Tour Eiffel de 4,5 mètres de haut, dont La Femme et la Tour constitue une version plus réduite. Entourée d’usines, de l’obélisque de la Concorde et du rond-point des Champs-Élysées, elle est travaillée dans des couleurs vives. Figurée en contreplongée, sous un angle très dynamique, elle est à la fois l’emblème de Paris et de la modernité. Au total, l’artiste a consacré plus de 50 tableaux à la tour Eiffel depuis 1911. Pour lui, « la Tour parle à toute l’humanité ».

Paul Poiret, Robe Delphinium dite « Robe Bonheur » avec fond de robe à modestie pour Denise Poiret, 1912.
Palais Galliera, Paris © Paris Musées / Palais Galliera, musée de la Mode de la Ville de Paris

Georges Bertin Scott, Effet d’un obus dans la nuit, 1915
Dessin à l’encre et au pastel avec rehauts de gouache sur papier 67 x 101 cm. Musée de l’armée, Paris. © RMN-Grand Palais (Paris – Musée de l’Armée) / Hubert Josse
Ayant déjà couvert les guerres balkaniques en 1912, Georges Scott produit de nombreux dessins pendant la Grande Guerre, pour L’Illustration. Dans Effet d’un obus dans la nuit, il rend compte de manière saisissante de la déflagration d’un obus, qui souffle tous les soldats sur son passage. Une exposition lui est consacrée à la galerie Georges Petit en février 1915, « Visions de guerre ».


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