jeudi 11 janvier 2024

Ady Steg (1925-2021)

Né dans une famille juive dans l'ancienne Tchécoslovaquie, Ady Steg (1925-2021) était un résistant, professeur agrégé de médecine français, Président du Conseil représentatif juif de France (CRIF, 1970-1974) et de l'Alliance israélite universelle (AIU, 1985-2011). France 2 diffusera le 14 janvier 2024 à 22 h 40 « Ady Steg. un parcours Juif, une histoire française », documentaire d'Isabelle Wekstein. 

Une problématique Fondation Casip-Cojasor 
L’affaire Krief, exemple d’antisémitisme d’Etat (version courte)

« Ady Steg, c’est l’histoire d’un destin hors norme : un petit garçon juif né dans les persécutions antisémites de l’Europe de l’Est des années 1920 qui déjoua le sombre sort qui lui était destiné pour devenir une figure majeure du judaïsme français mais aussi de la communauté nationale. »

Adolphe dit Ady Steg (1925-2021) est né à Nizni Verecky (dans les Carpates de Ruthénie, alors en Tchécoslovaquie, actuellement dénommée Nyzhni Vorota, en Ukraine) dans une famille juive orthodoxe.  

En 1932, il rejoint à Paris, avec sa mère Feige, née Mayer, son frère Henri et ses sœurs Bitia (Albertine) et Malka (Rachel), son père Mordechai (Martin) arrivé dans la capitale en 1928.

La famille s'installe dans le XIIe arrondissement de Paris. Ady Steg est scolarisé à l'École élémentaire des Hospitalières-Saint-Gervais dans le quartier du Pletzl (Marais, 75004) puis à l'École Maïmonide (Boulogne-Billancourt) et au lycée Voltaire à Paris.

Etranger, Martin Steg est interné au camp de Beaune-la-Rolande (Loiret), puis déporté au camp nazi d'Auschwitz(Pologne) par le convoi n° 5 du 28 juin 1942. Rescapé de la Shoah, il reviendra à Paris.

En juin 1942, lycéen, Ady Steg doit porter l'étoile jaune. Ce qui induit selon lui « l'émotion ou la consternation » de ses condisciples. Son professeur de lettres, M. Binon, décide immédiatement que ses élèves étudient De la tolérance de Montesquieu.

Le 16 juillet 1942 à Paris, il parvient à ne pas être arrêté lors de la rafle du Vel’ d’Hiv. Muni de faux papiers, avec l'aide d'un passeur, il franchit avec sa sœur Albertine la ligne de démarcation et passe en zone libre.

Grâce à l'abbé Glasberg et à son frère Vila Glasberg, il est caché au "château" de Bégué, à Cazaubon (Gers). L'abbé Glasberg le scolarise au collège de Sarlat (Dordogne).

Ady s'engage dans les FFI de Sarlat, puis au 3e Bataillon d'Armagnac (Gers).

A la Libération, il étudie la médecine en se spécialisant en urologie dans le service du professeur Pierre Aboulker à l'hôpital Cochin. Interne des hôpitaux de Paris en 1953, chef de clinique en 1957, il devient chirurgien des hôpitaux de Paris en 1966. Il assure la succession du professeur Aboulker et est désigné professeur titulaire de la chaire d’urologie et chef du service d’urologie de l’hôpital Cochin (1976-1990). Parmi les patients qu'il a opéré : le Président de la République François Mitterrand, atteint d'un cancer de la prostate, en septembre 1992 et en juillet 1994.

Ady Steg est élu président de la Société française d’urologie en 1986, président de l'Association française d’urologie (1987-1989)12, et secrétaire général de l’Association européenne d’urologie (1984-1992)13. Il est membre de l’Académie de chirurgie à partir de 1981 et est élu membre titulaire de l'Académie nationale de médecine le 24 octobre 200014.

« Devenu un médecin respecté soignant le corps des présidents comme les maux de sa communauté, Ady Steg fut un militant perpétuel ».

Professeur agrégé de médecine français, Professeur des universités-praticien hospitalier (PU-PH) d'urologie à l'hôpital Cochin, il a été membre titulaire de l'Académie nationale de médecine, de l'Académie nationale de chirurgie et de l'Association française d'urologie.

Il a été fait Docteur Honoris Causa de l'Université de Jérusalem (2001) et Docteur Honoris Causa de l'Université d'Athènes.

Hommage de l'APHP alors dirigé par Martin Hirsch, à l'ancien hôpital Broussais (75014), un bâtiment a été nommé en son honneur en 2022. Il portait auparavant le nom de René Leriche, pionnier de la chirurgie vasculaire, premier et zélé Président de l'Ordre des médecins sous le régime de Vichy.

Il a été membre du Conseil économique, social et environnemental (CESE) et  membre du Collège de la Haute autorité, de la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH).

Il a été distingué par des titres prestigieux de la République : Grand officier de la Légion d'honneur et Grand-croix de l'ordre national du Mérite.

Ady Steg avait épousé Gilberte Nissim, médecin gynécologue, résistante. Le couple a eu deux fils : Jean-Michel Steg, né en 1953, Senior Advisor de la banque d'affaires américaine Greenhill & Co., et Philippe Gabriel Steg, né en 1959, professeur de cardiologie à l'université Paris-Diderot depuis 1994, cardiologue à l’hôpital Bichat-Claude-Bernard, chercheur à l’unité INSERM U-698.

Deux sœurs d'Ady Steg avaient fait leur aliyah. Bitia (Albertine) Cherki (morte en 2020), vivait à Jérusalem en Israël et était la mère du rabbin Ouri Cherki. Quant à Rachel Malka Zucker (1923-2009), elle résidait à Haïfa.

Le frère aîné d'Ady Steg, Henri (Yerihim Hayim), (1922-2016), résistant, vivait à Paris, et militait à la LICA devenue LICRA (Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme).

Parallèlement à ses études et à sa carrière professionnelle, il a été Président de l'Union des étudiants juifs de France (UEJF), vice-président de l'Union mondiale des étudiants juifs, Président du Conseil représentatif juif de France (CRIF, 1970-1974) et de l'Alliance israélite universelle (AIU, 1985-2011) - il y initia des travaux pour agrandir la bibliothèque -, membre du Comité directeur du Fonds social juif unifié (FSJU), vice-président de la Mission d'étude sur la spoliation des Juifs de France - Mission Mattéoli, du Comité d’honneur français de la Fondation France-Israël, membre d’honneur du Conseil d’administration de la Fondation pour la mémoire de la Shoah (FMS).

« Pénétrer dans son intimité, c’est revivre la destinée unique des Juifs du XXe siècle, du péril de la Shoah à la renaissance en Israël en passant par son inlassable lutte pour la préservation des droits et de la mémoire des Juifs de France. »

« A travers ses propres mots et alors qu’Ady Steg s’est éteint à l’aube de ses 100 ans, ce portrait poignant retrace l’épopée inspirante d’un homme, un « Mensch », qui illumina une époque en proie au désespoir. »



Note d'intention d'Isabelle Wekstein

« Productrice, réalisatrice et écrivaine, Isabelle Wekstein a signé plusieurs documentaires depuis 2013. Elle est également avocate associée et fondatrice du cabinet WAN Avocats qui regroupe une trentaine d'avocats. Depuis plus de 15 ans, elle se consacre à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme. Ses projets sont engagés dans l’éducation, la promotion de la citoyenneté, ainsi qu’au soutien des initiatives de coexistence judéo-arabe en France et au Proche Orient.
Elle est l'auteure de "Quand l’hôpital retient son souffle" (France 5, 2021, 75’) - Lauriers de l’audiovisuel en 2021 (dans la catégorie Civisme et grande cause), lauréat des Mada Awards au Commffest Global Community Film Festival 2021 au Canada et sélectionné à l’Awareness Festival (2021), de "Tellement proches (Fondation Jean Jaurès Et Association Luttons contre les préjugés, 2018, 26’) et "Les Français c'est les autres" (France 2, 2016, 64’) - Prix Copernic -. »

« La trajectoire d’Ady Steg fait écho à l'histoire d’une nation tout entière, la France. Ce pays refuge pour Ady et les siens, est passé aux mains des bourreaux sous le régime de Vichy, en déportant des milliers de Juifs vers les camps d’extermination. Survivant de cette période effroyable, Ady Steg a consacré une partie de sa vie à la reconstruction de la communauté juive.  Le film rend ainsi compte des nombreux combats qu’il a menés au sein des associations juives qu’il a dirigées, telles l’Union des Étudiants Juifs de France, le CRIF ou l’Alliance Israélite Universelle. Sa lutte pour la restitution des biens juifs spoliés aboutit à la création de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah (FMS), qui sera dotée des fonds en déshérence issus de la spoliation des Juifs, et dont l'objectif, au-delà de la transmission de la mémoire de la culture et de l'histoire juive, est de combattre l'antisémitisme, tous les génocides et promouvoir le dialogue interculturel.

Alors qu’il avait des raisons d’en vouloir à la France, Ady Steg est pourtant resté toute sa vie, amoureux de la France et de sa culture. Il est même devenu l’un des symboles les plus brillants de la méritocratie républicaine. D’immigré pauvre, il est devenu un brillant chirurgien, reconnu dans le monde entier, soignant les présidents de la République de Charles de Gaulle à François Mitterrand. Réaliser un film sur Ady Steg, c’est ainsi faire le portrait d’un homme qui a choisi d’être Juif et Français, Français et Juif. Il disait que le judaïsme était sa demeure spirituelle et la France sa demeure culturelle.

Pour comprendre l’homme public, il faut percer l’intimité d’Ady Steg. Sa relation fusionnelle avec Gilberte Nissim, sa femme, l’amour de sa vie, a eu un rôle décisif dans ses engagements comme médecin et comme Juif. La personnalité d’Ady étonne également : une bienveillance, alliée à une très grande fermeté sur les principes, ainsi qu’une délicieuse courtoisie, n’empêchant pas une autorité naturelle.

Ady Steg s’est éteint en 2021, à l’âge de 96 ans. Après sa disparition, à la demande des principales institutions juives qui voulaient honorer sa mémoire, il m’est apparu évident que le parcours si riche d’Ady Steg et sa contribution à l’histoire méritaient un véritable documentaire. D’autant plus que les archives personnelles d’Ady Steg, récemment recueillies, mettent à notre disposition quantité de sources inédites.

Tout est là désormais pour révéler au grand jour les aspects de la trajectoire méconnue d’Ady Steg, dont le rôle fut majeur dans la France de l’après-guerre. Découvrir d’une part un homme au cœur de la cité, ses actions et ses écrits et d’autre part le portrait intime d’un Juif qui a combattu pour la reconstruction et la transmission pendant plus de 70 ans. Un combat pour la mémoire et contre l'antisémitisme qui n'a jamais autant résonné avec notre monde d'aujourd'hui... »

Chronologie

« 1925 - Naissance à Nizni Verecky (aujourd’hui Nyzhni Vorota en Ukraine).
1932 - Immigration à Paris avec sa famille, au 12 rue de Cotte dans le 12ème arrondissement.
1942 - Déportation de son père à Auschwitz, évasion en zone libre et accueil par l’Abbé Glasberg, entrée en résistance à Sarlat.
1945 - Entrée en faculté de médecine, rencontre avec Gilberte Nissim.
1947 - Président de la section de Paris de l’Union des Étudiants Juifs de France.
1949 - Vice-président de l’Union Mondiale des Étudiants Juifs.
1953 - Naissance de son fils Jean-Michel
1957 - Chef de clinique à l’APHP
1959 - Naissance de son fils Gabriel
1964 - Opération du général de Gaulle avec Pierre Aboulker
1966 - Chirurgien des hôpitaux Professeur Agrégé
1970 – 1974 - Président du Conseil Représentatif des Institutions juives de France (CRIF)
1976 - Titulaire de la chaire d’urologie et chef de service à l’Hôpital Cochin
1984 - Affaire du carmel d’Auschwitz
1987 - Audition devant la Commission pour le code de la nationalité
1985 – 2011 - Président de l’Alliance Israélite Universelle (AIU)
1989 et 1993  - Rapports sur les urgences pour le Conseil Economique et social
1992 et 1994 - Opérations de François Mitterrand
1997 - Vice-président de la commission Mattéoli sur les spoliations des biens Juifs
2021 - Décès à Paris en avril – mort de Gilberte Steg en septembre ».


France, Cinétévé, 52 min
Écrit et réalisé par Isabelle Wekstein
Musique originale : Raphaël Eligoulachvili. Sortie de la BO en janvier sur toutes les plateformes
Commentaire dit par Bruno Abraham Kremer
Conseiller historique : Jay Winter
Une coproduction S.W.I.M. – productrice Isabelle Wekstein et Cinétévé – productrices Fabienne Servan Schreiber & Fatma Tarhouni
Avec la participation de France Télévisions et du CNC 
Avec le soutien de la Fondation pour la mémoire de la Shoah, l’Alliance Israélite Universelle, de l’association Evens France et du CRIF
Pôle Histoire et Culture : Emmanuelle Migeot Louis Castro 
Unité documentaires : Catherine Alvaresse et Antonio Grigolini
Sur France 2 le 14 janvier 2024 à 22 h 40
Visuels : © SWIM

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Les  citations sur le film proviennent de France Televisions.

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