Le Mémorial de la Shoah présente l’exposition « Spirou dans la tourmente de la Shoah » dotée d'un mini-site. « À travers la confrontation des planches du Spirou d’Emile Bravo, d’œuvres originales de Felix Nussbaum (1904-1944), de documents d’archives et d’images fixes et animées, cette exposition permet de comprendre l’Occupation de la Belgique - son administration, sa vie quotidienne, l’attitude de sa population à la fois résistante, opportuniste, collaboratrice ou encore résignée et les persécutions contre les Juifs en Belgique -, et la personnalité de Jean Doisy, rédacteur en chef du Journal de Spirou, ainsi que la création du théâtre du Farfadet ».
« Three With A Pen: Lily Renée, Bil Spira, And Paul Peter Porges »
A la « suite à la sortie du quatrième et dernier tome de la série paru le 20 mai 2022 aux éditions Dupuis, qui fêtent leurs 100 ans cette année, le Mémorial de la Shoah retrace la rencontre Spirou/Nussbaum dans une exposition réalisée d’après l’oeuvre d’Emile Bravo, Spirou. L’espoir malgré tout, publiée aux éditions Dupuis ». Une rencontre qui surprend, voire dérange : la fin tragique du couple d'artistes, Felix et Felka Nussbaum, me semble se prêter mal à cette association avec un personnage de fiction.
Encore un dossier de presse en « écriture inclusive » (« auteur.es. ») !?
Un héros de bande dessinée pour prendre conscience de la Shoah
« En voyant l’impressionnant travail d’Émile Bravo sur Spirou, son empathie et son admiration pour le couple formé par Felix et Felka Nussbaum qui vécurent cachés en Belgique avant d’être assassinés à Auschwitz, il m’est apparu évident qu’une histoire méritait d’être racontée autour de la bande dessinée la plus importante écrite sur la Shoah depuis Maus d’Art Spiegelman. »
Didier Pasamonik, commissaire scientifique de l’exposition
« Le plus beau de tout ça tient dans la manière – et la matière – de la vie posthume des deux Spirou des Années noires, le journal et le héros. Car la grande chance de ce dernier est d’avoir suscité l’imagination créatrice d’un certain Émile Bravo, séduit par ce qu’il découvrait, chemin faisant, en se documentant sur l’histoire du journal et l’histoire de la Belgique au long de cette demi-douzaine d’années (1938-1945) qui en pesèrent beaucoup plus, jusqu’au XXIe siècle compris. À chacun sa tétralogie ; celle d’Émile Bravo – qui n’est pas par hasard fils de républicain espagnol – opère une alchimie troublante en faisant traverser à Spirou, Spip et Fantasio l’histoire la plus tragique qui soit – le destin du couple Felix et Felka Nussbaum au premier chef – tout en gardant un regard, donc un dessin, d’une fraîcheur remarquable, qui évite tous les pièges tendus à ce type de récit, propice à l’arrogance et à la bonne conscience. Respect, M. Bravo… »
Extrait de la préface de Pascal Ory, de l’Académie française
Quel rapport y a-t-il entre Spirou, Felix Nussbaum et la Shoah ?
« Avec Spirou. L’Espoir malgré tout, grand récit initiatique, Émile Bravo interroge les notions d’héroïsme, d’engagement, d’humanité, de solidarité et de justice à travers la rencontre entre Spirou et Felix Nussbaum, le peintre juif assassiné à Auschwitz, dans Bruxelles occupée par les nazis. Spirou devenant le témoin de la guerre et de l’Occupation en observant comment les individus s’organisent et les ressorts d’une résistance face à l’injustice ».
« Cette exposition explore les faits historiques et les sources sur lesquelles s’est appuyé Émile Bravo pour bâtir son propos. Elle permet aussi de découvrir le peintre allemand Felix Nussbaum, et son épouse Felka Platek, dont l’oeuvre est à lire sous l’angle d’une allégorie de la condition des Juifs en Belgique entre 1940 et 1944. »
« Mais cette histoire en cache une autre : celle du Journal de Spirou, dont le rédacteur en chef, Georges Evrard, dit Jean Doisy, est membre du Front de l’indépendance. Dans les coulisses du journal, il mène une guerre invisible, offrant une couverture à des actions clandestines et recrutant, entre autres, Victor Martin, « l’espion d’Auschwitz », ou Suzanne Moons, qui contribua à elle seule au sauvetage de centaines d’enfants juifs belges. »
« Par la confrontation de planches originales d’Émile Bravo, d’œuvres de Felix Nussbaum, de Felka Platek, de documents d’archives et d’images fixes et animées, cette exposition illustre la Seconde Guerre mondiale en Belgique au travers du personnage de Spirou, témoin fictionnel de la guerre et de l’Occupation. »
« L’exposition suit l’éveil de ce personnage qui observe comment les individus s’organisent dans la vie quotidienne, l’attitude de la population à la fois résistante, opportuniste, collaboratrice ou encore résignée, et les persécutions contre les Juifs en Belgique. Empreint de naïveté, Spirou incarne malgré tout les ressorts de la résistance face à l’injustice. »
« La rencontre fictive entre Spirou et le peintre méconnu, figure de la Nouvelle Objectivité, Felix Nussbaum, et de sa femme Felka, déportés en 1944 à Auschwitz, entraîne le personnage de bande dessinée dans la tourmente de la Shoah. Il découvre les déportations des Juifs depuis la Belgique et notamment de la Kazerne Dossin à Malines, principal lieu de départ des convois des Juifs déportés de Belgique et du Nord-Pas-de-Calais. »
« L’exposition replace également Spirou dans ses origines réelles. En effet, Spirou, c’est aussi un hebdomadaire créé en 1938, dont le rédacteur en chef, Jean-Georges Evrard, dit Jean Doisy, est engagé dans diverses structures antifascistes depuis plusieurs années. Dès 1940, il intègre le Front de l’indépendance, utilisant le journal et surtout le théâtre de marionnettes le Farfadet (qui inspirera Émile Bravo) comme couverture à ses actions de résistance. Il recrute notamment, pour le Comité de défense des Juifs, Victor Martin, « l’espion d’Auschwitz », et Suzanne Moons, alias « madame Brigitte », qui sauve à elle seule plusieurs centaines d’enfants juifs belges. Ses fonctions de rédacteur en chef du Journal de Spirou lui permettent d’établir un lien privilégié avec les dizaines de milliers de lecteurs à qui, chaque semaine, il enjoint de tenir bon face à l’adversité. Certains suivront ses conseils et intégreront les rangs de la Résistance. »
Dans sa tribune "Exposition "Spirou et la Shoah" : "l’acmé de la marchandisation la plus vulgaire" (Causeur, 16 décembre 2022), l'historien Georges Bensoussan, auteur d’une « Histoire de la Shoah » (collection Que sais-je ?, PUF, 2020) et de « L’Histoire confisquée de la destruction des Juifs d’Europe » (PUF, 2016), "dénonce la récupération de la Shoah par la société du spectacle... Aujourd’hui, à voir la photo d’un homme-sandwich distribuant des prospectus à la sortie du métro parisien invitant à assister à la nouvelle exposition du Mémorial de la Shoah (« Spirou et la Shoah »), la consternation l’emporte au-delà de l’étonnement quand on en vient, via une distribution de prospectus, à vanter les mérites d’une exposition sur la Shoah de la même façon qu’on vanterait les mérites de la dernière Volvo ou de la dernière cuisine intégrée".
Et Georges Bensoussan de conclure : "C’est là le point zéro de la réflexion historique, l’acmé de la marchandisation la plus vulgaire de la tragédie. Il ne s’agit pas du sujet de l’exposition, ce n’est pas notre propos. Il s’agit de la mise en spectacle éhontée de cette tragédie qui nous habite, et à laquelle en tant qu’historien j’ai consacré une grande partie de ma vie. Une grande institution de mémoire doit-elle avoir pour tout horizon le nombre de visiteurs, au même titre que tel patron de l’automobile garde les yeux rivés sur les chiffres des ventes et la courbe des profits ? Quand l’un et l’autre participent du même univers mental, alors la réflexion intellectuelle, indigente, se marie à l’absence d’éthique. Alors, on en vient à accepter qu’au cinéma par exemple, lors de la plage publicitaire, intercalée entre les meubles Roche Bobois et le dernier SUV de Peugeot, éclate sous nos yeux une réclame appelant à visiter le Mémorial. En dépit d’une avalanche de critiques, la cécité et l’obstination mises depuis tant d’années à nourrir cette médiocrité ne laisseront pas d’étonner ceux qui, demain, se pencheront sur l’histoire de la mémoire de la Shoah".
COMMISSARIAT DE L’EXPOSITION
Le Commissariat scientifique est assuré par Didier Pasamonik, éditeur, journaliste, commissaire d’expositions, le Commissariat général par Caroline François, chargée des expositions du Mémorial de la Shoah, assistée d’Élise Arnaud, le design graphique par EricandMarie et la muséographie par Élise Petitpez.
Contributions : Romain Blandre, Tal Bruttmann, Thomas Fontaine,Caroline François, Chantal Kesteloot, Joël Kotek, Bernard Krouck, Christelle Pissavy-Yvernault, Laurence Schram, Anne Sibylle Schwetter.
Avec la complicité d’Émile Bravo. En partenariat avec les éditions Dupuis.
Les textes de l’exposition sont rédigés par :
Romain Blandre, professeur d’histoire géographie, correspondant académique du Mémorial de la Shoah
Tal Bruttmann, historien spécialiste de la Shoah et d’Auschwitz
Thomas Fontaine, docteur en histoire, directeur de projets du musée de la Résistance nationale
Caroline François, commissaire générale, chargée des expositions du Mémorial de la Shoah
Chantal Kesteloot, docteure en histoire, responsable « histoire publique », CegeSoma/Archives de l’État, Bruxelles
Joël Kotek, historien et politologue, professeur de sciences politiques à l’Université libre de Bruxelles
Bernard Krouck, docteur en histoire
Pascal Ory, de l’Académie française, historien
Didier Pasamonik, éditeur, journaliste, commissaire d’expositions
Christelle Pissavy-Yvernault, chercheuse en histoire de la bande dessinée, spécialisée dans l’histoire du Journal de Spirou, éditrice
Laurence Schram, docteure en sciences politiques de l’Université libre de Bruxelles, chercheuse à la Kazerne Dossin
Anne Sibylle Schwetter, conservatrice de la collection Felix Nussbaum
PARCOURS DE L’EXPOSITION
L’exposition « débute par un couloir d’entrée avec le rapide rappel sur le personnage de Spirou, son origine et ses différents dessinateurs. »
Une pléiade de créateurs
« Créées en 1922 par l’imprimeur Jean Dupuis, les éditions Dupuis lancent, le 21 avril 1938, le premier grand journal pour la jeunesse en Belgique, un tabloïd de 16 pages. Jean Dupuis demande au dessinateur français Robert Velter, qui signe Rob-Vel, de créer la mascotte du journal. Il est aidé en cela par sa femme Davine, dessinatrice elle aussi, et par le dessinateur Luc Lafnet. Appelé sous les drapeaux en mai 1940 puis blessé, Rob-Vel est contraint de vendre Spirou aux éditions Dupuis. Le héros sera dessiné successivement par Jijé et Franquin, puis par une pléiade de dessinateurs, de Jean-Claude Fournier à Olivier Schwartz, en passant par Émile Bravo. »
« Ensuite, après avoir ouvert un rideau qui nous fait symboliquement entrer dans la bande dessinée, la première partie est consacrée au Spirou d’Émile Bravo. À partir d’un entretien filmé inédit de l’auteur, d’objets familiaux lui appartenant, de plusieurs planches originales de Spirou, on en découvre plus sur la personnalité de l’auteur et son appropriation du personnage de Spirou. »
« La deuxième partie, la Belgique dans la guerre, replace le contexte dans lequel se déroule Spirou. L’Espoir malgré tout, à savoir la Belgique pendant la Seconde Guerre mondiale ».
« En septembre 1939, la Belgique en revient à son strict statut de neutralité, massant des troupes tant face à la France que face à l’Allemagne. »
« Le 10 mai 1940, les troupes allemandes envahissent le pays. Se souvenant des massacres de civils d’août 1914, des millions de Belges prennent la fuite dans la désorganisation la plus totale. Le gouvernement quitte Bruxelles le 17 mai. Le pouvoir est confié à un collège de secrétaires généraux, les plus hauts fonctionnaires de l’administration, qui deviendront les interlocuteurs de l’occupant. L’armée belge n’est pas de taille. Après dix-huit jours de combat, le roi capitule, en désaccord avec le gouvernement. C’est le début de l’Occupation. Dès le 20 mai, le général von Falkenhausen est nommé gouverneur de toute la Belgique et, le 1 juin, on lui ajoute le nord de la France (Nord et Pas-de-Calais). Un commandement militaire se met en place : le MBB – Militärbefehlshaber in Belgien und Nordfrankreich. Avec ses cinq Oberfeldkommandantur (OFK) réparties géographiquement à Bruxelles – la capitale –, Gand, Liège, Mons et Lille, le MBB peut tenir les objectifs de Berlin. Il fait preuve de pragmatisme et de réalisme pour orchestrer avec les services policiers nazis – aidés par les polices belges et les collaborateurs – l’administration civile, la répression de la Résistance et les déportations des Juifs de Belgique et du nord de la France. »
La troisième partie retrace le moment où Spirou et Fantasio rencontrent Felix et Felka.
« Felix est un peintre juif allemand installé en Belgique avec sa femme Felka, également artiste. Spirou est immédiatement touché par ces réfugiés rattrapés par la barbarie nazie qu’ils avaient fuie. L’amitié s’installe entre eux, Spirou est confronté à la réalité d’une répression insidieuse et criminelle bien réelle, qui touche indistinctement hommes, femmes, vieillards, enfants… Il se révolte contre cette situation et, avec Fantasio, il aidera ces artistes clandestins jusqu’à ce qu’ils disparaissent en 1944. »
« Or, Felix Nussbaum et Felka Platek ont réellement existé. Au fil des pages, on découvre les toiles de Felix Nussbaum et deux aspects de la condition d’artiste : celui qui peint pour exister, pour exprimer ses émotions, sa souffrance, incarné par Felix, et l’artiste qui peint pour survivre, réalisant, comme Felka, des objets décoratifs. Une partie de leurs tableaux ont disparu après leur déportation. Leur présence dans la bande dessinée d’Émile Bravo permet de redécouvrir leur histoire et leurs œuvres. »
Felix Nussbaum
Felix Nussbaum, « né en 1904 à Osnabrück, dans le nord de l’Allemagne, étudie les arts décoratifs à Hambourg puis les Beaux-Arts à Berlin. Il se rattache au courant de la Nouvelle Objectivité mais ses influences sont diverses : la Pittura metafisica italienne, les expressionnistes comme Otto Dix ou Max Beckmann, mais également Van Gogh et le peintre belge James Ensor qu’il rencontre lors de son exil et dont il aura le s outien. Il est à Rome quand son atelier berlinois est incendié. Il décide de ne pas rentrer en Allemagne et se réfugie en Belgique où il vit clandestinement durant l’Occupation avant d’être arrêté, puis déporté le 31 juillet 1944 à Auschwitz, sans retour. »
Felka Platek
Felka Platek, « née dans une famille juive le 3 novembre 1899, à Varsovie, s’installe à Berlin au début des années 1920, pour fuir la misère et les persécutions et pour suivre des études de peinture. Elle fréquente le cours de Ludwig Meidner où elle rencontre Felix Nussbaum. En 1932, la plupart de ses toiles sont détruites dans l’incendie de l’atelier berlinois qu’elle partage avec Felix. Le couple s’installe à Bruxelles. Mais, contrairement à Felix, Felka conserve un statut précaire suite au rejet de sa demande de carte de résidence. Il faut attendre leur mariage, le 9 novembre 1937, pour qu’elle obtienne des papiers. Felka Platek fait partie de cette génération d’artistes appelée « la génération perdue », dont les oeuvres ont en partie disparu. Comme pour nombre d’entre eux, le travail et la personnalité de Felka Platek attendent d’être (re)découverts. »
La quatrième partie aborde la question des indésirables, à savoir l’internement par les Belges des « ressortissants de puissances ennemies » dans des camps en France.
« Pendant la drôle de guerre, la Belgique et la France décident d’interner des civils allemands présents sur leur territoire. Ce sont pour les autorités des « ressortissants de puissances ennemies », alors même que la plupart ont fui l’Allemagne nazie, comme le peintre Felix Nussbaum. Ils sont sans doute près de 13.500 à être ainsi arrêtés par les autorités belges, qui demandent au gouvernement français de les « accueillir » dans ses camps d’internement. »
« Les hommes sont dirigés vers le camp de Saint-Cyprien, alors que les femmes vont au camp de Gurs. 7.500 réfugiés arrivent à Saint-Cyprien, les autres ayant été rattrapés par l’avancée des troupes allemandes qui envahissent la France en mai 1940. Les conditions d’internement sont très mauvaises. Au total, près de 40 000 « indésirables » arrêtés en France et en Belgique sont internés en France à la fin de la IIIe République et lors des offensives éclair de l’armée allemande. »
La cinquième partie évoque le contexte de Bruxelles occupée.
« Bruxelles est rapidement confrontée aux difficultés du ravitaillement. Les timbres de rationnement font leur apparition dès l’été 1940. C’est dans les villes que la faim se fait le plus sentir. Dans le même temps, la vie continue. Les théâtres et les cinémas rouvrent leurs portes, les activités sportives et culturelles reprennent. En septembre, les écoliers retrouvent leurs classes. »
« En tant que lieu de pouvoir, Bruxelles abrite également diverses formes de résistance : presse clandestine – près d’un tiers des journaux illégaux belges y sont fabriqués –, résistance armée et attentats, mais aussi résistance civile et sauvetage. La menace vient également du ciel, à partir de 1943, lorsque les bombardements alliés se multiplient. »
« Avec Anvers, Bruxelles est la ville où vivent le plus grand nombre de Juifs. Dès l’automne 1940, un arsenal de mesures spécifiques leur est imposé : enregistrement, interdictions professionnelles, couvre-feu plus rigoureux… Mais c’est l’obligation du port de l’étoile qui rend cette persécution visible aux yeux des Bruxellois, marquant l’amorce de mouvements de solidarité pour permettre aux Juifs de se cacher. »
« La sixième partie est consacrée à la résistance à l’occupant et elle est centrée autour du Journal de Spirou, de la personnalité de son rédacteur en chef Jean Doisy et de la création du théâtre du Farfadet. »
JEAN DOISY
« Il s’appelle Georges Evrard, dit Jean Doisy. Sous ce pseudonyme, il est journaliste (Le Moustique, 1932-1955) et rédacteur en chef du Journal de Spirou (1938-1955). Il est également écrivain, scénariste de bande dessinée (« Valhardi » avec Jijé) et créateur de Fantasio, le compagnon de Spirou. Sous son vrai nom, il est investi en politique dans diverses organisations antifascistes. Secrétaire administrateur de la Ligue belge contre le racisme (dès 1936), il milite aussi au sein des Amis de la démocratie allemande et applique, autant dans son action politique que privée, les principes humanistes qu’il défend ardemment. Dès 1940, il entre en Résistance puis intègre l’état-major du Front de l’indépendance. Chargé du recrutement, il enrôle, entre autres, pour le Comité de défense des Juifs, Victor Martin « l’espion d’Auschwitz », et Suzanne Moons, dite « Brigitte », qui sauvera 600 enfants entre 1942 et 1944. Mais combien de lecteurs du Journal de Spirou a-t-il entraîné dans la Résistance ? Décoré de la croix de guerre avec palme, il meurt en 1955 avant d’avoir pu raconter son combat. »
LE THÉÂTRE DU FARFADET
« C’est en rencontrant le fils de Suzanne Moons, qui se rêve marionnettiste, que Georges Evrard a l’idée d’un théâtre itinérant sponsorisé par le Journal de Spirou, couverture idéale pour la Résistance. Alors que, sur scène, André Moons fait un tabac auprès des jeunes, dans la coulisse, c’est tout un réseau qui s’active. Le théâtre du Farfadet sillonnera la Belgique dès décembre 1942 et permettra ainsi de couvrir autant le sauvetage des Juifs (Suzanne Moons) que des actions de sabotage (Jean-Jacques Oblin). »
« Les parties 7, 8 et 9 sont consacrées à la persécution des Juifs en Belgique. La Shoah a englouti 46 % de la population juive de Belgique. »
L’administration militaire allemande promulgue elle-même les ordonnances contre les Juifs. Les nazis, faute d’effectifs suffisants, s’assurent que leurs décisions sont mises en oeuvre par les administrations communales belges. Le 29 août 1941, une ordonnance limite la libre circulation des Juifs, qui sont soumis au couvre-feu. Le 17 janvier 1942, ils sont interdits de quitter le pays. »
« Le 25 novembre 1941, le commandant militaire crée l’Association des Juifs en Belgique (AJB). Ses dirigeants sont des personnalités communautaires désignées par l’occupant. La raison d’être de l’AJB est « d’activer l’émigration des Juifs », c’est-à-dire la déportation à l’Est. Les Juifs sont obligés de devenir membres de l’AJB. Le 1 décembre 1941, le commandant militaire ordonne l’exclusion des enfants juifs des écoles non juives. Le 27 mai 1942, les nazis imposent le port de l’étoile jaune en public à tous les Juifs de plus de 6 ans. Le 15 juillet 1942, le commandant du camp de Breendonk est chargé d’installer le camp de rassemblement pour Juifs dans la caserne Dossin à Malines. Du 15 août 1942 au 12 septembre 1942, la Sipo (Sicherheitspolizei « Police de sûreté ») organise six grandes rafles de Juifs. Au total, ces actions massives permettent la déportation de 4 336 Juifs à Auschwitz-Birkenau. Face aux persécutions et aux déportations qui les visent, les Juifs tentent d’échapper aux nazis par tous les moyens, parfois au péril de leur vie. Le Comité de défense des Juifs (CDJ) se forme en septembre 1942, sur l’initiative du Front de l’indépendance. Son principal instigateur, Hertz Jospa, réunit des membres, juifs et non juifs, de tous les horizons politiques, pour aider les Juifs à passer dans la clandestinité. Ce mouvement se spécialise dans le sauvetage des enfants. Yvonne Jospa met sur pied la « Section Enfance » du CDJ. »
« Au coeur de cette section, un focus est fait sur le rapport Victor Martin, informateur envoyé par la Résistance juive belge en Pologne pour découvrir ce qu’il se passe à l’Est pour les Juifs déportés. »
« L’occupation de la Belgique choque profondément Victor Martin, qui souhaite mettre sa personnalité, sa connaissance parfaite de l’allemand, au service de la Résistance. Grâce à des amis, il sollicite d’entrer dans le Front de l’indépendance, mouvement de résistance au sein duquel se trouve le Comité de défense des Juifs. Celui-ci souhaite envoyer un émissaire pour connaître la vérité sur Auschwitz. Bien qu’étranger au monde juif, Victor Martin est l’homme de la situation et il part en février 1943 en Allemagne. Après quelques haltes, il arrive en Silésie et y découvre le ghetto « ouvert » de Sosnowiec, puis rencontre des Français enrôlés dans le Service du travail obligatoire près du camp de Monowitz (Auschwitz III). Il revient avec la conviction qu’il s’agit bien là d’un camp « de la mort ». Après avoir été arrêté・ deux fois sur le chemin du retour, Victor Martin parvient à revenir en Belgique et remet son rapport en mars 1943 à la Résistance belge qui va le transmettre au gouvernement belge à Londres et aux Alliés. Les conclusions de Victor Martin vont motiver encore davantage les actions de sauvetage des Juifs belges.
« L’avant dernière partie intitulée La Galerie du peintre a présenté, jusqu’au 1er juin 2023, les 6 tableaux originaux de Felix Nussbaum, dont une esquisse de sa dernière oeuvre, la plus emblématique, le Triomphe de la mort. Les œuvres ont été prêtées par la Felix Nussbaum Haus, à Osnabrück. L’exposition présente également des objets réalisés par Felix Nussbaum et un tableau de Felka Platek. La Felix-Nussbaum-Haus du Museumsquartier Osnabrück abrite la plus importante collection du peintre Felix Nussbaum. Les débuts de la collection d’Osnabrück remontent à 1970. À cette date, le premier fonds des œuvres de Nussbaum arrive dans sa ville natale grâce à l’engagement de son cousin Auguste Moses-Nussbaum (1923-2021). Il s’agit des tableaux que Felix Nussbaum avait confiés, en 1942, aux docteurs Grofils et Lefèvre, à Bruxelles, pour qu’ils les gardent en sécurité. Certaines de ces oeuvres ont été acquises par la ville d’Osnabrück et ont constitué la base de la collection Nussbaum, qui a été continuellement élargie et complétée. »
« En 1994, la Niedersächsische Sparkassenstiftung (Fondation de la Caisse d’épargne de Basse-Saxe) a acquis une grande partie des tableaux et a ouvert la voie à la construction de la Felix-Nussbaum-Haus (la Maison Felix Nussbaum), qui a été conçue selon les plans de l’architecte Daniel Libeskind et inaugurée en 1998. Dans les années qui ont suivi, la Fondation Felix Nussbaum et d’autres fondations, ainsi que des prêteurs privés, ont permis l’agrandissement de la collection, qui compte aujourd’hui plus de 230 oeuvres. »
« Avec 27 tableaux, la Felix-Nussbaum-Haus possède également la plus grande collection d’oeuvres de Felka Platek au monde. »
« Depuis le 1er juin 2023, cette section a été complètement renouvelée. Les tableaux exposés, à l’exception du Portrait de Madame Etienne par Felka Platek et du Portrait de Felix Nussbaum par Sha Qi, ont été remplacés par trois nouveaux tableaux : Barr (Baricades) de Felix Nusbaumm, Autoportrait devant une fenêtre ouverte et Nature morte à l’arrosoir et à l’agave de Felka Platek. »
« Les esquisses du Triomphe de la mort ont été remplacés par le lay-out du cartoon Pit unt Peggs réalisé par Felix Nussbaum en 1936. Conçue et dessinée en exil avec son ami Michael Loewen, l’histoire devait être un film d’animation. Le film n’a pas vu le jour. Seules 30 photographies en noir et blanc ont été conservées, les dessins originaux ont disparu. »
« La dernière partie présente un focus sur la bande dessinée sous l’Occupation en Belgique et en France à partir de journaux originaux. »
« Pourquoi la bande dessinée belge a-t-elle vécu à ce point un âge d’or entre la fin des années 1940 et les années 1970 ? »
« La chance est une explication, mais il y en a une autre : rien n’aurait été pareil sans la période de l’Occupation. Le cas d’Hergé et de Tintin est bien connu : la guerre a réellement permis au héros belge de devenir un best-seller en librairie, pendant et après la guerre, en dépit des accusations portées à son encontre pour « incivisme ». Il y a le cas moins connu du Journal Bravo ! qui a permis l’éclosion d’un talent comme Edgar P. Jacobs. Il y a aussi le cas des éditions Gordinne (aujourd’hui : Hemma), un bastion de la résistance wallonne. Ceci pour la partie francophone. Il y a enfin le cas particulier du tycoon de la bande dessinée flamande Willy Vandersteen, qui oeuvra pour la propagande nazie sous pseudonyme, et dont le rôle n’a été révélé que récemment. »
« L’exposition se termine par un espace Jeune Public qui permettra à chacun de réaliser sa propre case de bande dessinée à partir des personnages du Spirou d’Émile Bravo. »
« Un parcours famille a été conçu spécialement et il est visuellement présent tout au long de l’exposition grâce à une signalétique inspirée du personnage de Spirou. Il est accompagné d’un livret de 16 pages en libre-service à l’entrée de l’exposition. »
Commissaires de l’exposition
« Les sujets historiques rencontrent beaucoup de succès en bande dessinée. Comment l’expliquez-vous ?
Didier PASAMONIK : De tous temps, l’histoire en bandes dessinées a eu son petit succès. Souvenez-vous des « Oncle Paul » dans Spirou dans les années 1960 ou « L’Histoire de France en bande dessinée » chez Larousse dans les années 1980. En revanche, ce qui est nouveau ces dernières années, c’est que les bandes dessinées sont cautionnées et parfois même écrites par des historiens, comme par exemple l’excellente « Histoire dessinée de la France » dirigée par Sylvain Venayre à La Découverte. Le travail historique des auteurs de BD est désormais reconnu, pensons à Jacques Tardi ou à François Bourgeon, auteurs historiquement impeccables. Ce qui fait le prix de « Spirou : L’Espoir Malgré tout » d’Émile Bravo, c’est que ce n’est pas un cours d’histoire, c’est un ressenti face à l’atrocité de la Shoah et un appel aux sentiments humanistes que nous avons tous en nous. C’est très fort.
La série « Spirou. L’Espoir malgré tout » d’Émile Bravo propose un récit historique complexe entre des personnages de fiction et d’autres réels. Quels ont été, selon vous, les principaux défis relevés par Émile Bravo dans ce récit ?
Didier PASAMONIK : Celui de confronter Spirou, un aventurier improbable que l’on voit courir le monde depuis 80 ans en costume de groom, un personnage fun dont on fait des parcs d’attraction, avec un sujet aussi réel et aussi lourd que celui de la Shoah. Émile Bravo y arrive de façon très subtile au travers des personnages de peintres que sont Felka et Felix Nussbaum qui sont pour beaucoup d’entre nous dans cette exposition, une découverte, tant artistique qu’émotionnelle. C’est aussi une bande dessinée d’apaisement par rapport à la mémoire de la Shoah. On ne montre pas Auschwitz, comme dans le « Maus » de Spiegelman. On décrit le processus génocidaire sans le montrer, comme dans le film « Shoah » de Lanzmann, avec une qualité de narration et une qualité littéraire très forte appuyée sur une documentation et une analyse sans faille. C’est ce que montre notre exposition.
Le Mémorial de la Shoah présente ici une exposition pluridisciplinaire mixant dessins, illustrations, peintures, archives. Quels ont été vos partis pris scénographiques ? Qu’apporte cette richesse en terme de médiation ?
Caroline FRANÇOIS : L’exposition a été conçue en accord avec Émile Bravo. Elle s’inspire des codes stylistiques de L’Espoir malgré tout. Elle met à l’honneur les planches originales mises en regard des œuvres de Felix Nussbaum, des documents d’archives et des photographies d’époque. Un parcours famille signalé par un « Spirou » permet aux plus jeunes de découvrir l’exposition.
Le récit historique de la tétralogie « Spirou. L’Espoir malgré tout » est déjà très riche. Quels sont les contenus que les visiteurs ne s’attendent pas à découvrir dans l’exposition ?
Caroline FRANÇOIS : L’exposition va au-delà du Spirou d’Émile Bravo en permettant de découvrir l’histoire du Journal de Spirou pendant la guerre, le théâtre de marionnettes avec un film d’époque inédit, et enfin l’exposition ouvre sur la question de la création de bande dessinée pendant l’Occupation en France et en Belgique, en présentant des planches originales. »
QUESTIONS À ÉMILE BRAVO
Pour moi, Spirou, c’est avant tout le personnage de mon enfance animé par Franquin. C’est un jeune garçon à la fois sage et espiègle, bienveillant et empathique, curieux de comprendre le monde qui l’entoure. Mon Spirou est calqué sur ce personnage, il a les mêmes valeurs. Je lui ai peut-être apporté une dimension plus philosophique, qu’on ne se permettait pas à l’époque de Franquin.
Qu’est-ce qui vous a poussé à réaliser une série sur les années d’Occupation pendant la Seconde Guerre Mondiale ?
L’histoire même de Spirou puisqu’il est créé en 1938 sous la forme d’un gamin roublard et facétieux, groom dans un hôtel et qu’il devient par la suite, dans le premier album publié à la fin des années 1940, un jeune aventurier globe-trotter doté d’une conscience et épris de justice. De fait, cette évolution s’est produite durant les années de guerre. J’ai donc voulu expliquer comment ce personnage s’est construit en se confrontant au traumatisme de l’Occupation qui a éveillé son esprit.
Spirou au Mémorial de la Shoah ? Ça a quel sens pour vous ?
Quand je parle de l’éveil de Spirou, je parle également de sa prise de conscience de la catastrophe. J’ai clairement écrit cette histoire pour transmettre, à travers un personnage aussi populaire, la réalité de la persécution des Juifs et l’horreur perpétrée durant ces années… Alors Spirou au Mémorial de la Shoah, c’est une approbation de mon récit et une consécration.
Quelles sont les valeurs que vous voulez transmettre aux jeunes générations à travers Spirou ?
Des valeurs universelles et humanistes avant tout. L’empathie, l’attention et le souci d’autrui, l’introspection et la compréhension de soi afin d’améliorer son rapport à l’autre… L’humilité face à une existence éphémère… La douceur et la tendresse… Eh oui, on peut faire passer tout ça avec Spirou. Enfin, on peut toujours essayer... »
AUTOUR DE L’EXPOSITION
RENCONTRES
Shoah et bande dessinée : un sujet toujours d’actualité
Jeudi 12 janvier - 16h30
À l’occasion de la parution de Les Artisans de la haine, de Catel Muller, Hervé Duphot, Scie Tronc, Jean David Morvan, Jul, Kkrist Mirror, Jean Philippe Stassen, Julie Scheibling, David Evrard, Facundo Percio, David Vendermeulen, Arnaud Locquet, Rafael Ortiz, préface de Pierre-André Taguieff, Cicad, 2022, de Une histoire du génocide des Arméniens, de Gorune Aprikian, Jean Blaise Mitildjian et Kyungeun Park, Petit à Petit, 2022, de À la recherche de Jeanne, de Zazie Tavitian et Caroline Péron, Calmann-Lévy, 2022, et de Ils sont partout, de Valérie Igounet, Jacky Schwartzmann, Lara et Morgan Navarro, Les Arènes, 2022.
« La Shoah, on le sait depuis la grande exposition Shoah et bande dessinée qui a eu lieu au Mémorial en 2017, est de plus en plus souvent mobilisée par le 9e Art. Quelles sont les motivations et les méthodes qui permettent aux auteurs de bande dessinée d’approcher le sujet des génocides, de les appréhender, avec quel travail sur la mémoire ? Rencontre autour de quelques publications récentes. »
En présence des auteur.es.
Animée par Didier Pasamonik, éditeur, journaliste, directeur d’ActuaBD.com.
Spirou, une mémoire plurielle
Jeudi 12 janvier - 19h30
« Avec la disparition progressive des témoins, la mémoire de la Shoah repose de plus en plus sur le travail des historiens, des chercheurs, des documentalistes qui doivent raconter ces histoires avec le plus de vérité possible. Mais aussi sur celui des artistes ! Depuis le Maus de Spiegelman, la production des bandes dessinées sur le sujet est conséquente mais rares sont les rencontres entre des figures réelles, victimes de la Shoah : Felka et Felix Nussbaum, et un personnage de bande dessinée aussi internationalement connu que Spirou. Émile Bravo et Jean-David Morvan s’y sont essayés, mêlant, chacun à sa façon, fiction et Histoire. Ils sont confrontés à Bertrand et Christelle Pissavy-Yvernault, historiens du Journal de Spirou. »
En présence des auteurs Émile Bravo et Jean David Morvan, et des historiens Christelle et Bertrand Pissavy-Yvernault.
Animée par Olivier Delcroix, journaliste à Le Figaro.
La bande dessinée sous l’Occupation
Dimanche 19 février - 14h30
« On connaît tous la « légende noire » d’Hergé, sa collaboration pendant l’Occupation qui a permis à son personnage, Tintin, de devenir une icône du XXe siècle. Mais cette situation particulière n’est pas unique. Alors qu’est mise en oeuvre l’« aryanisation » des éditeurs juifs français, comme Paul Winkler, créateur du Journal de Mickey et les frères Offenstadt, éditeurs des Pieds nickelés, et quelques autres, comment la bande dessinée a-t-elle traversé l’Occupation ?
En présence de Pascal Ory, historien, professeur émérite des Universités Paris I Panthéon Sorbonne, membre de l’Académie française, Tal Bruttmann, historien, Maël Rannou, doctorant, directeur de la lecture publique et des transmissions à la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image d’Angoulême, et Didier Pasamonik, éditeur, journaliste, directeur d’ActuaBD.com »
Animée par Jean-Christophe Ogier, journaliste.
RENCONTRE POUR LES FAMILLES
Visite guidée
« Dès 10 ans, le public découvre à travers le personnage de Spirou la vie sous l’Occupation et le destin des Juifs de Belgique. En visitant l’exposition Spirou dans la tourmente de la Shoah, petits et grands accompagnent le héros dans cette vision inédite de la Seconde Guerre mondiale. »
Entrée gratuite
POUR LES ENFANTS
Visite-atelier
Pour les enfants de 9 à 12 ans
Spirou, l’éveil d’une conscience
« À travers le personnage de Spirou, icône de la bande dessinée belge, les enfants découvrent la vie quotidienne en Belgique sous l’occupation allemande. Des pénuries alimentaires à la mise en place progressive de l’exclusion des Juifs de la société, ils suivent les questionnements et prises de conscience des deux inséparables amis, Spirou et Fantasio. Après une visite guidée de l’exposition Spirou dans la tourmente de la Shoah, les enfants participent à un atelier sur la bande dessinée. »
Du 9 décembre 2022 au 30 août 2023
17, rue Geoffroy–l’Asnier. 75004 Paris
Tél. : 01 42 77 44 72
Ouverture de 10h à 18h
Tous les jours, sauf le samedi.
Nocturne jusqu’à 22h le jeudi.
Entrée gratuite
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Les citations proviennent du dossier de presse.
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