Citations

« Le goût de la vérité n’empêche pas la prise de parti. » (Albert Camus)
« La lucidité est la blessure la plus rapprochée du Soleil. » (René Char).
« Il faut commencer par le commencement, et le commencement de tout est le courage. » (Vladimir Jankélévitch)
« Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort. Il est de porter la plume dans la plaie. » (Albert Londres)
« Le plus difficile n'est pas de dire ce que l'on voit, mais d'accepter de voir ce que l'on voit. » (Charles Péguy)

vendredi 29 décembre 2023

« Ce que la Palestine apporte au monde »

L’Institut du monde arabe (IMA) propose un « événement d’exception » politique, partial, anti-israélien intitulé « Ce que la Palestine apporte au monde » 
(What Palestine Brings to the World). « Six mois d’expositions, de concerts, de films, de rencontres et débats » sur une « Palestine » sans carte ni chronologie. Présentation « islamiquement correcte » - homosexualité et antisémitisme pronazi de Jean Genet censurés de sa biographie -, œuvres médiocres mais souvent fielleuses, discours politiques et archive anti-israélienne, etc. 

Les chrétiens en "Palestine"
« Gaza, la vie » par Garry Keane 

Pas de carte de la « Palestine ». Pas de chronologie de la « Palestine ». Pour un « événement d’envergure à l’initiative de Jack Lang, Président de l’Institut du monde arabe », quelle reconnaissance publique que la « Palestine » n’a jamais existé et n’existe pas ! 

Un psychanalyste interpréterait cela en des actes manqués.

Cette « première » qui « met en valeur l’ampleur et l’originalité de la créativité artistique et culturelle palestinienne », est composée de trois expositions accompagnées de conférences, de projections de films, etc.

En trois espaces distincts - des sous-sols au 5e niveau -, se déploient trois expositions : « Palestiniennes et Palestiniens en leurs musées ; la voix de Mahmoud Darwich », « Images de Palestine : Une Terre sainte ? Une terre habitée ! » et « Les Valises de Jean Genet ».

Résumons : peu d'art. Rares talents. Instrumentalisation politique. Pas de respect de l'Histoire. Beaucoup de haine. Une terminologie de la propagande anti-israélienne - "colonie", "occupation" - véhiculée par la France, notamment le Quai d'Orsay et l'AFP (Agence France Presse).

Aucun des "artistes" n'a fustigé la violence de la société "palestinienne" : "crimes d'honneur" dont sont victimes des femmes, clans mafieux, etc. 

Le « commissariat est assuré par des commissaires reconnus sur le plan national et international, Elias Sanbar (commissaire général), Marion Slitine, Albert Dichy et Eric Delpont (commissaires associés) ». Pourtant, le niveau m'a semblé faible.

Alors que débutait cette manifestation partiale aux frais de l'Etat et bénéficiant de l'air conditionné, l’ambassade d’Israël en France et 55 organisations juives françaises partenaires organisaient en pleine canicule, le 18 juin 2023, place du Trocadéro, un rassemblement en plein air qui rassemblait 1800 personnes !? 

A l’origine de cette manifestation, a été publié en mars 2023 le numéro d’ARABORAMA, collection lancée en 2020 par l’Institut du monde arabe et Le Seuil, dédié à la « Palestine » et catalogue de la manifestation. « Un regard complet sur la Palestine, qui sans occulter les tragédies dans son histoire, met en valeur sa vitalité et sa source d’inspiration pour le monde. Ce que la Palestine apporte au monde n’est pas une monographie de la Palestine. C’est une étude et un hommage à ce qu’elle représente, au-delà de ses frontières. La Palestine a un statut à part, car elle rayonne sur le monde : elle est symbole de résistance pour les peuples opprimés, elle est source d’inspiration pour les artistes de toutes disciplines. Elle est désormais un horizon politique et culturel. « Si la Palestine embrase les territoires, les médias et les réseaux sociaux – et tout dernièrement en mai 2021 –, il nous a paru d’autant plus nécessaire de donner à voir, et à comprendre les réalités de ce pays, de ce peuple : son histoire, sa géographie et sa diaspora, les forces politiques en présence, les figures palestiniennes éminentes, pour dissiper les zones d’ombres et mieux appréhender une situation complexe. En somme, sortir la Palestine du prisme du conflit et la décortiquer telle qu’elle est, et telle qu’elle inspire le monde arabe. Articles, témoignage, entretiens, bandes dessinées et illustrations ; au féminin comme au masculin, historiens et historiennes, philosophes, écrivain(e)s, journalistes, militant(e)s, artistes et créatrices et créateurs, bâtisseurs et bâtisseuses du monde arabe livrent leurs analyses et lectures de la Palestine. »
Parmi les contributeurs : Christophe Ayad, René Backmann, Bertrand Badie, Benjamin Barthe, Farah Burqawi, Jean-Paul Chagnollaud, Mona Chalabi, Leyla Dakhli, Jean-Pierre Filiu, Sabyl Ghoussoub, Jadd Hilal, Bernard Hourcade, Karim Kattan, Abdellatif Laâbi, Henry Laurens, Elias Sanbar, Shlomo Sand, Larissa Sansour, Leïla Shahid, Dominique Vidal…

On a l'impression de lire un tract politique, et non un livre d'érudits. La carte de la "Palestine" la plus ancienne reproduite en page 257 remonte à... 1918, soit la fin de la Première Guerre mondiale et le démantèlement de l'Empire ottoman, vaincu allié des Empires allemand et austro-hongrois. Cette carte bicolore de Mona Chalabi, "journaliste spécialisée dans les données", montre peu ou prou l'Etat d'Israël !? Elle est juxtaposée à deux autres cartes supposées montrer le "grignotage" de la "Palestine" via "l'annexion". Rappelons que Eretz Israël (Terre d'Israël) était sous domination de l'Empire ottoman qui avait découpé la zone en sandjaks (districts administratifs) liés à des autorités géographiques distinctes. Plusieurs sandjaks formaient un vilayet ottoman. Aucune carte ne montre le territoire destiné au foyer national juif amputé de près de ses deux tiers par les Britanniques afin de créer la Transjordanie.

Jack Lang, Président de l’Institut du monde arabe, a écrit cet éditorial où il allègue « une aventure plurimillénaire » (sic) de la « Palestine » mais sans en indiquer le moindre jalon daté :
« Sous le beau titre « Ce que la Palestine apporte au monde », l’Institut du monde arabe se donne pour ambition de mettre en lumière la Palestine dans toute sa beauté artistique, poétique et culturelle. Ce titre est également un défi lancé au monde, par un heureux renversement : la Palestine est bel et bien une contributrice de l’humanité par ses talents, ses énergies positives et ses rêves.
Cet événement est exceptionnel tant par sa durée que par son ampleur. Il puise ses sources autant dans l’histoire que dans la vitalité de la scène contemporaine. Pour en rendre compte, il ne fallait pas moins de quatre expositions, un livre remarquable par la densité de ses textes, et mille et une manifestations de musique, de littérature, de cinéma, de danse, de poésie et autres surprises.
Ce portrait aux multiples facettes est une première.
Une émotion sincère et partagée a guidé Elias Sanbar, commissaire général, Marion Slitine, commissaire associée, et Albert Dichy, commissaire de l'exposition « Les Valises de Jean Genet », ainsi que Eric Delpont et Frédérique Mehdi.
La pierre inaugurale a été posée par la publication du livre-revue Araborama dédié à la Palestine, pour sa troisième édition, en partenariat fidèle avec le Seuil. Son président, Hugues Jallon, et moi-même y rappelons avec conviction, en avant-propos, que « la Palestine existe en tant que telle. Elle a son histoire ; une aventure plurimillénaire qui résiste aux assauts, aux idéologies et aux falsifications. Elle a un peuple et une diaspora, une appartenance et un vécu en commun.
Elle a donné naissance à nombre de penseurs et d’artistes, qui la racontent et l’explorent. Pour cette histoire, la Palestine est regardée, admirée, estimée partout dans le monde. Elle est à la fois un symbole et une inspiration intellectuelle, culturelle, artistique et humaine ».
Je conclus ici par ces mots que je reprends de cette préface : nous voulons « donner à entendre les voix qui la composent, les esprits créatifs qui la font vivre. » 
Cette manifestation inédite sera inaugurée par le trio fraternel Joubran, qui porte l’âme d’un peuple au cours de deux soirées exceptionnelles, et ouvrira un voyage de 6 mois à travers une Palestine vivifiée. »
Quant à Elias Sanbar, commissaire général, il a signé « Ce que la Palestine donne à voir et à entendre »
« La troisième livraison d’Araborama – une collection lancée par l’IMA et le Seuil pour décrypter la complexité et l’inventivité du monde arabe – s’attache à définir la Palestine : son peuple, ses frontières, son histoire, sa réalité hors du prisme du conflit.
Son titre, Ce que la Palestine apporte au monde, est complété par « ce qu’elle donne à voir et à entendre » avec les expositions que l’Institut présente de mai à novembre 2023. Ces expositions ambitionnent de rendre palpables et concrètes la vitalité et la créativité d’une société sous le joug de l’occupation, et de rendre sensible la résistance de la vie dans ce temps suspendu qui se poursuit. Le propos n’est pas de « documenter » la réalité de l’existence palestinienne mais de considérer comment les plasticiens palestiniens et arabes l’ont dépassée, rencontrant ainsi les interrogations de tout artiste en train de créer.
Les expositions donnent à voir la Palestine à travers des collections : celle du Musée national d’art moderne et contemporain de la Palestine, amorcée et en devenir ; celle du musée de l’Institut du monde arabe ; celle du Musée des nuages, virtuelle et en construction ; celle privée de photographies lithographiées du XIXe siècle ; le corpus des photographes palestiniens contemporains, celle de l’Institut de la mémoire de l’édition contemporaine (IMEC) avec les papiers et des manuscrits de Jean Genet qui confessait que les Palestiniens l’avaient aidé à vivre. Que la Palestine fasse collection contredit les tentatives de nier son existence, celle d’une terre, d’un peuple, d’une culture.
Une culture qui se donne également à entendre avec, en premier lieu, la voix du poète Mahmoud Darwich déclamant son Éloge de l’ombre haute dans un espace où les poèmes d’Une nation libre sont quant à eux entourés des gravures de Rachid Koraïchi et des calligraphies de Hassan Massoudy.
Sans oublier les séquences sonores des œuvres photographiques de Rula Halawani (diffusées par la Palestine Broadcasting Company dans les années 1936-1948) et de Safaa Khatib (messages des familles palestiniennes dont les filles sont emprisonnées, diffusés par les radios locales).
Ces expositions prennent le pari d’un regard neuf, voire de poétiser le regard que chacun est en droit de porter sur la Palestine. »
« Spectacles, cinéma, rencontres et débat, littérature » accompagnent cet "évènement".

« Du légendaire Théâtre national palestinien Al Hakawati, à des musiciens de renommée internationale tels que le Trio Joubran ou Faraj Suleiman, en passant par des hommages à la poésie de Mahmoud Darwich ou d’Edward Said, les spectacles invités mettent en lumière la vivacité de la scène contemporaine palestinienne, et notamment musicale. Artistes emblématiques et plus émergents, qui puisent aux sources de la tradition pour créer des sons électroniques et rap ; chansonnières à la parole lucide qui transcende les frontières ; chaque piste est explorée pour inviter le public à enrichir son expérience de la Palestine. »

« L’année 2023 commémore le 75ème anniversaire de la Nakba. Une vingtaine d’années plus tard, l’Unité cinéma palestinienne du Fatah entame la réalisation de films militants, de dénonciation de la situation palestinienne, avec comme objectif la constitution d’archives, pour témoigner et faire exister un peuple qui manquait de visibilité, de territoire et de reconnaissance. »

« Le cinéma palestinien s’est développé avec l’arrivée de jeunes cinéastes talentueux qui se sont imposés sur la scène internationale. Ce temps fort dédié à la Palestine est l’occasion de voir l’évolution du cinéma palestinien au cours des dernières décennies. De Ghassan Kanafani ou Naji Al-Ali à Jean Genet, la programmation explore, à travers documentaires et fictions, en partenariat avec le Festival Ciné-Palestine, la Cinémathèque de Toulouse, Netflix…, toutes les facettes d’un cinéma qui contribue au quotidien à mieux appréhender la Palestine et son apport au monde. »

« Onze tables-rondes, présentations d’ouvrages, cinédébats, réunissent chaque mois pour deux à trois rendez-vous des panels d’intellectuels, chercheurs, auteurs, acteurs de la société civile, journalistes palestiniens et français autour de thématiques clés. « L’Archéologie », « Ce que l’art peut en Palestine », « Les nouvelles formes de résistance » ou encore « La vie quotidienne en Palestine », entre autres nombreux sujets abordés, permettent d’éclairer notre appréhension de l’histoire, de l’actualité et des dynamiques contemporaines d’une société palestinienne en mouvement. » Quand on sait que les dirigeants "palestiniens" détruisent depuis des années des vestiges archéologiques...

« Les Rencontres littéraires de l’IMA mettent à l’honneur les auteurs palestiniens contemporains dont il est parfois rare d’entendre les voix en France. Mohammad Sabaaneh, Nathalie Handal, Jadd Hilal, Karim Kattan ou encore Carole Sansour sont quelques-unes des figures invitées qui portent des écritures incarnées, vivantes – à l’écart des représentations occidentales – au croisement de la prose, de la poésie, du roman et du récit graphique. »

Après le djihad du 7 octobre 2023, l'IMA a annoncé le report de certains évènements programmés. La preuve de leur caractère politique et partial.

"Après le succès populaire de l’exposition « Ce que la Palestine apporte au monde » (plus de 100 000 visiteurs), l’Institut du monde arabe continue à décrypter l’actualité géopolitique de la région, avec les rencontres et débats « Ici & Maintenant », mais aussi à révéler les talents et les trésors de la culture palestinienne. Jack Lang, président de l’Institut du monde arabe, serait heureux de vous accueillir à la « Veillée pour Gaza », concert d’un collectif d’artistes organisé vendredi 26 janvier, en soutien aux populations civiles. Les recettes de l’événement seront reversées à Médecins du Monde." (Communiqué de l'IMA le 22 janvier 2024)

« LES PALESTINIENS ET LES PALESTIENNES EN LEURS MUSÉES »
Niveaux -1 et -2 de l’Institut | Commissariat : Elias Sanbar, Marion Slitine, Eric Delpont
« La Révolution française a instauré, sans l’avoir initialement prémédité, le principe du musée ouvert à tous les citoyens et citoyennes, leur permettant d’admirer librement des œuvres et des chefs-d'œuvre, qu’il s’agisse des arts plastiques ou des sciences. Le musée « national », quant à lui, témoigne de la volonté d’un Etat de réunir une collection qu’il destine à cultiver et à délecter son peuple. Cette collection peut se cantonner aux arts et aux sciences de la patrie ou avoir une perspective universelle. Des musées existent en Palestine, pourquoi en irait-il ici différemment qu’ailleurs ? » Où est cette "Palestine ?

« En apportant le monde en Palestine et en montrant la Palestine au monde, l’exposition croise deux projets palestiniens avec la collection du musée de l’Institut du monde arabe. »

« Depuis 2016, l’IMA abrite en ses murs la collection du futur Musée national d’art moderne et contemporain de la Palestine qui devrait voir le jour à Jérusalem Est. Elias Sanbar, écrivain et ancien ambassadeur de la Palestine auprès de l’UNESCO, est à l’origine de ce projet de musée coordonné par l’artiste Ernest Pignon Ernest. » Bref, l'IMA refuse la décision souveraine de l'Etat d'Israël ayant choisi Jérusalem "une et indivisible" comme sa capitale. Un panneau présente "Jérusalem-Est" comme "territoire occupé".

Un autre panneau allègue "l'expulsion des Palestiniens" en 1948 !? La quasi-totalité des Arabes de la Palestine mandataire a quitté volontairement leur domicile : ils ont suivi les directives de leurs dirigeants qui leur avaient promis d'assassiner les Yahoud (juifs, en arabe) dont les biens avaient été promis à ces Arabes, ils ont cru la propagande arabe dépeignant des Sionistes de manière négative, etc.

Où est l'art dans cette oeuvre montrant le "mur", la barrière de sécurité anti-terroriste ?

« De l’art informel à l’hyperréalisme, l’ensemble est composé de 400 œuvres issues de dons d’artistes des cinq continents à qui il a été demandé de choisir ce qu’ils souhaitent donner à voir aux Palestiniens. Cette « collection solidaire » réunit des questionnements communs aux artistes et à leur futur public : que veut dire être humain, dans son corps et son identité, et que signifie vivre, pour soi et avec ou parmi les autres ? »

« L’exposition « Les Palestiniens et les Palestiniennes en leurs musées » met en lumière les correspondances entre une sélection d’œuvres issues des collections du futur Musée d’art moderne et contemporain de la Palestine et des collections du Musée de l’IMA. Les rencontres, les échos et les parallèles parfois inattendus qui en émanent invitent par le regard à imaginer la Palestine de demain. »

« Exister c’est aussi avoir des aspirations, des rêves individuels ou collectifs, vecteurs aussi bien d’une attente entre espoir et incertitude, que d’un mouvement afin d’y parvenir ou fuir un impossible quotidien. »

« Au sein de cet accrochage, le projet Sahab (« nuage » en arabe) interroge quant à lui la façon de traiter le passé, d’agir dans le présent et d’imaginer un futur en Palestine. Ce projet est porté par le collectif Hawaf (« marges » en arabe), initié par les trois artistes visuels Mohamed Abusal à Gaza, Mohamed Bourouissa à Paris et Salman Nawati en Suède, ainsi que l’architecte Sondos EL-Nakhala à Gaza. Son ambition est de rebâtir une communauté à Gaza, qui sera partie prenante dans la construction du musée Sahab par le biais d’ateliers réunissant artistes de toutes les disciplines et habitants. A l’aide des technologies de la réalité virtuelle et la création d’œuvres d’art digitales autour du patrimoine palestinien, le musée sera ainsi accessible aux publics de Palestine et du monde. »

« Quant à la collection moderne et contemporaine du musée de l’IMA, elle inclut des œuvres d’artistes, femmes et hommes, palestiniens et du monde arabe témoignant et dénonçant le sort fait au peuple palestinien depuis la Nakba en 1948. Ces œuvres disent leurs déplacements journaliers entravés, leur existence intime, leurs interactions dans un espace public contraint ; elles sont relayées par le souffle du poème de Mahmoud Darwich, « Eloge de l’ombre haute », qu’il déclama devant le parlement palestinien en exil à Alger, en février 1983. Sa poésie n’a cessé de guider la main de nombre de plasticiens, de toutes nationalités, qui font écho à la lutte palestinienne pour retrouver une liberté sur une terre dont une population a été dépossédée.  » 

« Un espace est dédié à Mahmoud Darwich, figure majeure de la poésie palestinienne dont l’oeuvre a influencé de nombreux créateurs du monde arabe. Ces textes seront mis en regard avec les œuvres de l’artiste algérien Rachid Koraïchi. »

« L’exposition ne se veut pas une chronique victimaire ; son accrochage ménage des rencontres, des échos, des parallèles parfois inattendus, qui invitent, par le regard, à imaginer un avenir… désirable. » On l'a vu le 7 octobre 2023.

« IMAGES DE PALESTINE : UNE TERRE SAINTE ? UNE TERRE HABITÉE ! »
Espace des Donateurs | Commissariat : Elias Sanbar, Marion Slitine
« L’espace des Donateurs accueille un fonds inédit de photographies colorisées du XIXe siècle provenant d’une collection privée. Les images sont exposées face aux œuvres de photographes palestiniens contemporaines, opposant deux regards, deux approches et conceptions de La Palestine. »

« Le premier ensemble réunit une trentaine de photographies - paysages, scènes de genre et portraits - tirées selon le procédé Photochrom, breveté en 1889 par le Suisse Orelle Füssli. Le regard orientaliste qu’il illustre aura de lourdes conséquences, des décennies durant, faisant de la Palestine une Terre sainte, figée dans le temps, prisonnière d’un passé jamais révolu, promise à une quête infinie d’une gloire ancienne, en attente de ses sauveteurs « légitimes », missionnaires et colons, pour revenir à la vie. » En 1889, Eretz Israël se trouvait dans l'empire ottoman. On peine à distinguer des juifs dans ces photographies. Pourtant, ils y étaient nombreux. Quels critères ont présidé au choix de ces photographies ?

« Cet ensemble réunit une trentaine de vues avec des paysages, des scènes de genre et des portraits, tirées selon le procédé Photochrom, breveté en 1889 par le Suisse Orelle Füssli. Cette technique consistait à reporter le négatif d’une photographie sur des pierres lithographiques – jusqu’à 14 – dont la superposition des encres transparentes aboutissait à une impressionnante variété chromatique tout en autorisant des retouches. La société Photoglob Zurich, qui puisa sans vergogne ni droits d’auteur dans les oeuvres des photographes du XIXe siècle, commercialisa ces lithographies sous l’étiquette PZ auprès des pèlerins et touristes venus en Palestine. Le procédé Photochrom fut supplanté dès 1910 par la mise au point de la pellicule couleur. »

« Le second ensemble, actuel, manifeste l’énergie tout simplement vitale d’artistes palestiniens, hommes et femmes, de créatrices et créateurs. Il souligne leur inventivité faite d’humour  et d’autodérision, qui les porte par la force de leur sensibilité à surmonter la pesanteur de leur quotidien. À Gaza, en Cisjordanie, à Jérusalem ou sur les territoires occupés, ils et elles se réapproprient l’espace public par le corps qui l’habite tout autant qu’il le performe, faisant acte de résistance à la colonisation. En contrepoint des images idéalisées du XIXe siècle, la sélection rassemble des photographes nés entre les années 1960 et 1990 qui vivent et travaillent sur place ou dans la diaspora : Shady Al Assar, Mohamed Abusal, Taysir Batniji, Rehaf Al Batniji, Raed Bawayeh, Tanya Habjouqa, Rula Halawani, Maen Hammad, Safaa Khatib, Eman Mohamed, Amer Nasser, Steve Sabella, Raeda Saadeh, dont les œuvres ont toutes été exécutées dans les années 2000. » Il s'agit de "territoires disputés" ou "contestés", et non "occupés".

« Se voulant une ode à la créativité contemporaine de Palestine, cette exposition réunit des artistes qui repensent le territoire et proposent des regards décalés et ardents sur la vie quotidienne sous occupation. La Palestine n’est plus ici fantasmée ni stéréotypée, mais bel et bien habitée et incarnée, à travers le regard – et le corps – d’artistes. Le pari de l’accrochage est de donner à voir des oeuvres qui libèrent l’espace mental et l’imaginaire, qui créent du possible et du dialogue entre la Palestine et le monde, qui proposent des identités nouvelles au pays. Par des styles très personnalisés, ces artistes revendiquent leurs droits, autant d’auteurs que de citoyens : à créer, à s’exprimer, à circuler, à se divertir à imaginer, en somme à vivre « normalement ».

« Les deux registres d’images de cette exposition, prises au XIXe siècle et de nos jours, partagent un medium commun, la photographie, et une réalité commune, la Palestine. Pourtant tout sépare, distingue et oppose ces deux ensembles par-delà leur « différence d’âge ».

La série GH0809 (Gaza Houses 2008-2009) de Taysir Batniji évoque de manière haineuse et lacunaire l'opération israélienne Plomb durci. Pas de contexte. Rien sur les tirs de missiles du Hamas. Uniquement le bilan officiel du Hamas. Ne pouvant retourner à Gaza - pourquoi ? - Taysir Batniji a demandé au journaliste Sami Al-Ajrami de photographier de manière frontale les habitations ciblées par des frappes israéliennes. Pourquoi ces bâtiments ont-ils été ciblés par Tsahal ? Mystère. Vingt de ces photos sont présentées comme le font les agences immobilières : au-dessous de chaque cliché, un texte bref décrivant l'immeuble avant la destruction, partielle ou totale (superficie, nombre de pièces). Taysir Batniji est lauréat du programme "Immersion" de la Fondation Hermès Paris (2018).

Diplômée de l'université de Haïfa, Safaa Khatib a photographié les tresses de jeunes "Palestiniennes", détenues dans la prison de Hasharon. Ces tresses ont été données "pour des patients atteints de cancer". Les raisons de leur détention ? Le terrorisme, mais rien ne l'indique. Ces jeunes femmes "utilisent leur corps comme arme de révolte et de résistance... même à l'intérieur des prisons de l'occupation" (sic).

Hazem Harb, dont les "œuvres sont présentes dans les collections du British Museum de Londres et du Centre Georges Pompidou", propose la série Military Zones (2019)Il superpose des clichés de panneaux d'avertissement de la proximité d'une zone militaire sur des "photographies d'archives de ces régions dans les années 1920, avant la colonisation."

La série photographique Jerusalem Calling (2015) de Rula Halawani est montrée avec un fond sonore constitué d'extraits de Palestine Broadcasting Service, radio ayant émis en anglais, hébreu et arabe en Palestine mandataire. La photographe qualifie les habitants israéliens de la vieille ville de "colons" et allègue que les "colonies sont considérées comme illégales selon le droit international". Elle veut montrer la "vitalité d'une communauté palestinienne vieille de plusieurs siècles" !? Aucun visiteur en Eretz Israël, notamment pas Chateaubriand ou Mark Twain, ne l'a vue ou entendue aux XIXe siècle, XVIIIe siècle, etc. 

Mohamed Abusai a créé la série Un métro à Gaza (2011-2012) "en partant du constat ironique que les Gazaouis ont une certaine expertise pour creuser des tunnels". S'inspirant du métro parisien, il conçoit les lignes d'un métro qui relierait les villes de la bande de Gaza et une "ligne de RER qui raccorderait les territoires fragmentés de la Palestine". Une oeuvre réalisée durant "une résidence à la Cité des Arts à Paris".

La série Cinema for Survival (2015) d'Amer Nasser évoque le festival cinématographique Red Carpet que l'auteur coordonne à Gaza. "Lors de sa première édition en 2015", le tapis rouge de ce festival est déroulé dans les ruines du quartier de Shuja'iyye ; le contraste vise "à alerter le monde sur la situation désastreuse provoquée par la guerre et sur l'urgence à lever le blocus". Les photos d'Amer Nasser ont été publiées par Le Monde diplomatique.

La série Parkour à Gaza (2011) de Shady Alassar réunit des  photographies de jeunes de l'équipe de Parkour qui tentent de "déplacer les limites symboliques de cette "prison à ciel ouvert" et de reconquérir leur territoire dévasté par la guerre".

Quant à la série Landing (2015, 2021) de Maen Hammad, elle résulte d'un "projet collaboratif" où des "photographies sont prises par l'artiste et les skaters". Le skate, cette "évasion volontaire est une forme radicale de résistance à un espace de violence, lié à la domination israélienne en Palestine".

Une exposition artistique, qu'ils disaient. Et financée en partie par de l'argent public français. 

« LES VALISES DE JEAN GENET »
Belvédère de l’IMA, 5e étage | Commissariat : Albert Dichy, Elias Sanbar, Eric Delpont

« Quinze jours avant sa mort, en avril 1986, Jean Genet remet à son avocat Roland Dumas deux valises de manuscrits. Que contiennent-elles de si précieux ? Toute sa vie. »

« A première vue, un fouillis de lettres, de factures d’hôtel, de notes sur tout et sur rien, sur la prison, l’écriture, l’homosexualité ou le cinéma. Mais elles abritent également les traces vives d’un compagnonnage de seize années avec les Black Panthers et les Palestiniens. » Si le dossier de presse mentionne l'homosexualité de l'auteur, le panneau retraçant la vie de Jean Genet l'occulte.

Tout comme est occulté la haine des juifs, l'admiration pour Hitler et le nazisme de Jean Genet.

« Une autre histoire s’y dissimule encore : l’histoire d’un écrivain qui, à l’âge de 50 ans, renonce à la littérature. Que fait-il alors de sa vie ? Et qu’est-ce qu’écrit un écrivain qui n’écrit plus ? »

« A cette question, les valises apportent une réponse : malgré lui, malgré son voeu de silence et sa « bouche cousue », Genet écrit. Il écrit sur tout ce qui lui tombe sous la main, enveloppe, papier à lettre d’hôtel, bout de journaux déchirés… Partout, il griffonne sa vie. »

« Et, un jour, mystérieusement, de ces milles notes éparses, surgit le manuscrit d’une oeuvre qui va conjuguer, comme aucune autre, littérature et politique, et nouer la grande aventure des Black Panthers et des feddayin avec le récit de la vie d’un vieil enfant de l’Assistance publique. »

« Un mois après la disparition de Jean Genet parait Un captif amoureux, le plus grand livre écrit par un auteur occidental sur les Palestiniens en lutte. »

« C’est ce cheminement secret qu’éclaire cette exposition — conçue par Albert Dichy — à travers des manuscrits jusqu’alors totalement inconnus. De cet itinéraire qui va du silence à l’oeuvre symphonique, les valises donnent à lire les étapes, des premiers tâtonnements jusqu’aux reflets de sa rencontre avec le peuple palestinien, devenue sa préoccupation majeure et l’objet central de son livre testamentaire. »

« Réalisée en partenariat avec l’IMEC (Institut des mémoires de l’édition contemporaine) de Caen, cette exposition dévoile le contenu des deux « valises » précieusement conservées par Jean Genet tout au long de sa vie et remises, quinze jours avant sa mort, à son avocat Roland Dumas. »

Ces valises « renferment de multiples lettres, factures d’hôtel, notes diverses, sur la prison, l’écriture, l’homosexualité ou le cinéma, et surtout les traces vives d’un compagnonnage de seize années avec les Black Panthers et les Palestiniens. Un mois après la disparition de Jean Genet parait Un captif amoureux, le plus grand livre écrit par un auteur occidental sur les Palestiniens en lutte. C’est ce cheminement secret qu’éclaire cette exposition à travers des manuscrits jusqu’alors inconnus. »

Le panneau présentant la vie du dramaturge omet son homosexualité, sa fascination pour Hitler, son antisémitisme, etc.

Parmi ces documents que Jean Genet avait gardés jusqu'à sa mort : le discours de Yasser Arafat à l'ONU le 13 novembre 1974 et intitulé "Pour une Palestine démocratique". La carte de la "Palestine" recouvre toute la superficie d'Israël. Une mitrailleuse semble étirer les dimensions de la "Palestine" du nord au sud. Aucune notice ne présente ce document.

Les terroristes palestiniens sont dénommés "combattants".

« Outre les valises, sont également présentés le manuscrit et le tapuscrit des textes de Jean Genet qui commentent en toute liberté les photographies que Bruno Barbey (agence Magnum) a prises, « avec l’œil d’un témoin objectif », en Palestine entre 1969 et février 1971. Ils ont été publiés dans le magazine de l’image Zoom, en août 1971. Ces textes annoncent certains passages d’Un captif amoureux. »

« Jean Genet n’a pas manqué de contribuer à la Revue d’études palestiniennes, notamment avec un puissant témoignage après les massacres dans les camps de réfugiés de Sabra et Chatila, en 1982. La Revue lui a rendu un vibrant hommage dans sa livraison d’avril 1997. Des épreuves de la couverture des numéros dans lesquels l’auteur est intervenu, illustrée par des artistes de renom – Alberto Giacometti, Etel Adnan, Kamal Boullata, Dia Azzawi – complètent l’accrochage. »

« Une partie de ces documents a fait l’objet d’une exposition à l’IMEC de Caen interrompue dans le cadre de la crise sanitaire après quelques jours d’ouverture. Le public découvre donc en quasi-exclusivité le contenu historique de ces valises. »



Du 31 mai au 1er octobre 2023, prolongée au 19 novembre, puis au 31 décembre 2023
1, rue des Fossés-Saint-Bernard
Place Mohammed V – 75005 Paris
Tél. : 01 40 51 38 38 
Salles d’expositions temporaires (niveaux - 1 ; -2)
Espace des donateurs (niveau -1)
Musée (niveau 5)
Du mardi au vendredi de 10h à 18h, samedi, dimanche et jours fériés de 10h à 19h
Fermé le lundi
Visuels :

Illustration de couverture Araborama
© Assala Chouk

jeudi 28 décembre 2023

« Julia Pirotte, photographe et résistante »

Née Gina Diament, Julia Pirotte (1907-2000) était une photographe humaniste et journaliste talentueuse, communiste, juive polono-belge injustement méconnue. Durant la Deuxième Guerre mondiale, elle a photographié l’invasion de la Pologne par l’Allemagne, et, à Marseille, cette résistante a saisi avec son Leica la vie quotidienne, puis les combats de la Libération. Elle a aussi photographié les victimes du pogrom de Kielce en 1946, et la vie en Israël en 1957. Le Mémorial de la Shoah présente l’exposition « Julia Pirotte, photographe et résistante » (Julia Pirotte, Photographer and Resistant). Entrée gratuite.


« On me demande comment je fais avec cet appareil pour capter des images qui sont exposées dans le monde entier (…). Quand je ressens un battement de cœur, je sais que ce sera une bonne photo. » – Julia Pirotte

Née Gina Diament, Julia Pirotte (1907-2000) « grandit entre Konskowola et Lublin en Pologne, dans une famille juive pauvre, son père Baruch est mineur. » Elle a un frère ainé Marek né en 1905 et une sœur Mindla cadette née en 1911. Leur mère Sura Szejnfeld décède en 1916. Leur père se remarie, et installe sa famille à Varsovie où il devient épicier.

« Arrêtée à 17 ans pour son engagement dans la jeunesse communiste polonaise », elle est condamnée à quatre ans d’emprisonnement.

Exil en Belgique
« En 1934, Julia Pirotte fuit la Pologne pour rejoindre sa sœur Mindla, réfugiée en France ». Son frère avait fui pour l'Union soviétique.

« Tombée malade en Belgique, soignée par le Secours rouge international, Julia Pirotte commence ensuite à travailler comme ouvrière. » 

« À Bruxelles, elle épouse l’ouvrier et syndicaliste Jean Pirotte et elle rencontre la future résistante Suzanne Spaak ». Celle-ci encourage Julia Pirotte « à entreprendre une carrière de photojournaliste et lui offre un Leica Elmar 3, dont Julia ne se séparera plus jamais. » 

Sur Facebook, le Mémorial de la Shoah diffuse une vidéo de l'interview de Julia Pirotte qui montre son Leica Elmar III, produit en 1931 et reçu en 1939 de Suzanne Spaak, "une femme charmante et une grande combattante,, quand elle a achevé ses études de photographie à Bruxelles (Belgique).

« Parmi ses premiers reportages, Julia Pirotte réalise une enquête sur les mineurs polonais à Charleroi ainsi qu’un voyage aux Pays Baltes pour l’agence de presse Foto WARO. » 

Résistante
En mai 1940, après « l’invasion de la Belgique par l’Allemagne nazie, elle prend le chemin de l’exode. Elle se fixe à Marseille où elle retrouve sa sœur et arpente la région pour les journaux le Dimanche illustré, la Marseillaise, le Midi Rouge. » Elle écrit un article sur la chanteuse Edith Piaf.

Julia Pirotte « met la photographie au service des causes qu’elle défend : les conditions de vie précaires des habitants du Vieux-Port et les enfants juifs du camp de Bompard et les maquis de la Résistance. Résistance qu’elle rejoint très tôt tout comme sa sœur Mindla. Agent de liaison pour les FTP-MOI, elle transporte tracts et armes et fabrique des faux-papiers. »

« Le 21 août 1944, présente au plus près des combattants, Julia Pirotte documente par ses photographies l’insurrection et la libération de Marseille. »

« Les plus grands jours de ma vie furent ceux de l'insurrection à Marseille. Comme tant d'autres, j'avais des comptes à régler avec les nazis, mes parents et toute ma famille étaient morts dans des camps en Pologne et dans les ghettos. J'étais sans nouvelle de ma sœur prisonnière politique, je ne savais pas encore qu'elle était morte guillotinée », a écrit Julia Pirotte. 

Et Julia Pirotte de poursuivre : « Je me trouvais avec mon groupe de partisans, le 21 août 1944 à 15 h devant la préfecture. Les Allemands en fuite tiraient. Accroupie à l'abri de la roue d'une camionnette, j'ai réalisé ma première photo de la liberté retrouvée. L'ennemi reculait devant les partisans, c'était le début de l'insurrection ».

Après la guerre
« Après la guerre, Julia Pirotte retourne en Pologne. Elle y pose un double regard : un pays où l’antisémitisme n’est pas mort et un pays en reconstruction. »

Elle crée son agence de presse photographique WAF.

Le 4 juillet 1946, à Kielce, des Polonais tuent 42 juifs et blessent plus de 40 juifs - tous rescapés de la Shoah - revenant d'Union soviétiques. A l'origine : un blood libel (accusation diffamatoire contre les juifs accusés à  tort de crime rituel).

« Julia Pirotte est l’une des seules photographes présente à Kielce juste après le pogrom et elle réalise l’un de ses reportages les plus poignants, témoignage de l’antisémitisme toujours virulent. La même année, elle accompagne les convois de rapatriement de mineurs polonais de France ».

Ses photographies glorifient le travailleur polonais œuvrant à la reconstruction de la Pologne sous régime communiste. Le style - contre-plongée - rappelle celui des photographes louant le stakhanovisme imposé par le stalinisme.

En 1948, Julia Pirotte « couvre le Congrès mondial des intellectuels pour la paix de Wroclaw auquel participent, entre autres, Pablo Picasso, Irène Joliot-Curie, Aimé Césaire ; elle prend d’eux des portraits empreints d’humanisme. »

Elle effectue aussi un reportage en Israël en 1957. Elle y visite des kibboutzim.

En 1958, Julia Pirotte épouse Jefim Sokolski (1902-1974), économiste polonais revenu en Pologne deux ans plus tôt, après 21 ans au Goulag où son frère Marek était mort.

« Elle arrête sa carrière à la fin des années 1960 ». 

Reconnaissance tardive
« A partir des années 1980, ses photographies sont présentées dans de nombreuses expositions à Arles, New York (International Center of Photography, 1984), Charleroi, Paris, Varsovie. »

En 1989, Julia Pirotte, donne son oeuvre au Musée de la Photographie à Charleroi. Celui-ci organise en 1994 l'exposition itinérante Julia Pirotte - Une photographe dans la Résistance accompagnée d'un catalogue.

Pierre Krief réalise le documentaire français "Julia de Varsovie". 

Julia Pirotte a été distinguée par la Croix de guerre 1939-1945 et élevée au grade de Chevalière de l'ordre des Arts et des Lettres (15 février 1996).

Cette exposition « est une invitation à parcourir la vie et la carrière de Julia Pirotte, artiste engagée dont les photographies témoignent de sa sensibilité sociale et politique, à travers des interviews d’elle, ses reportages photographiques les plus connus (Bompard, l’insurrection de Marseille, le pogrom de Kielce), mais également son regard humaniste et universaliste qu’elle porte sur les femmes, les enfants et les hommes rencontrés sur son chemin. »
 
« Une attention particulière est portée sur les femmes, engagées et militantes, qui ont été déterminantes pour son parcours : sa sœur Mindla, exécutée en 1944 à Breslau par les nazis, Suzanne Spaak (1905-1944), nommée Juste parmi les Nations pour avoir sauvé de nombreux enfants juifs à Paris, Jeanne Vercheval, féministe et pacifiste belge. »

« L’exposition, à visiter gratuitement, présente une centaine de tirages originaux et modernes conservés dans les fonds du Mémorial de la Shoah, de La contemporaine de Nanterre, de l’Institut historique juif de Varsovie et du Musée de la Photographie de Charleroi. »

Le Commissariat de l’exposition est assuré par Caroline François, chargée des expositions, et Bruna Lo Biundo, chercheuse indépendante. 

Sur le site Internet du Mémorial de la Shoah, Jeanne Vercheval brosse le portrait d'une photographe sensible.

On peut écouter son témoignage sur le site Internet de l'USHMM.

La bande annonce ne donne pas une bonne idée de l'exposition.



Du 9 mars 2023 au 7 janvier 2024
Entresol-mezzanine 
17, rue Geoffroy–l’Asnier. Paris 4e
Tél. : 01 42 77 44 72
Tous les jours, sauf le samedi, de 10 h à 18 h
Nocturne jusqu’à 22 h le jeudi.
Entrée gratuite
Visuels : 
Affiche de l'exposition
Julia Pirotte, autoportrait, Marseille, 1942
© Musée de la Photographie – Charleroi

Une petite fille dans une rue en ruine, image-symbole d'un renouveau pour Varsovie. Varsovie, Pologne, 1947.
© Julia Pirotte/Musée de la Photographie à Charleroi

Portrait de Mindla Diament par sa soeur Julia Pirotte.
France, avant 1944.
Coll. Mémorial de la Shoah.

Échange de pots sur la place. Lituanie, 1938-1939.
© Julia Pirotte/Institut historique juif de Varsovie

Enfants faisant la ronde au camp de Bompart, Marseille (Bouches-du-Rhône).
France, 1942. 
Coll. Mémorial de la Shoah/Julia Pirotte

Insurrection de Marseille du 21 août 1944.
Marseille, France, 21 août 1944.
Coll. La contemporaine, Bibliothèque, archives, musée des mondes contemporains

Quartier du Vieux Fort. L'armée régulière française est arrivée.
Marseille, France, 21 août 1944.
Coll. La contemporaine, Bibliothèque, archives, musée des mondes contemporains

Enterrement des victimes du pogrom de Kielce (voïvodie de Sainte-Croix).
Pologne, juillet 1946.
Coll. Mémorial de la Shoah/Julia Pirotte

L’Homme nouveau ou la puissance du travailleur. Varsovie, Pologne, 1947
© Julia Pirotte/Musée de la Photographie à Charleroi

Des hommes avec des journaux devant un cinéma. Israël, 1957.
© Julia Pirotte/Institut historique juif de Varsovie.

Manifestation de la liberté, après la libération de la ville de Marseille.
Marseille, France, 29 août 1944.
Coll. La contemporaine, Bibliothèque, archives, musée des mondes contemporains

Action de sabotage près de Gardanne (Bouches-du-Rhône).
France, 1944.
Coll. La contemporaine, Bibliothèque, archives, musée des mondes contemporains.

Portrait de Mindla Diament par sa soeur Julia Pirotte.
France, années 1930-1940.
Coll. Mémorial de la Shoah/Julia Pirotte.

Une vieille femme assise sur des caisses en bois. Marseille, France, 1942.
© Julia Pirotte/Institut historique juif de Varsovie.

Julia Pirotte sur un banc de Linda Wolf, Cour ENSP.
Arles, France, 1982,
© Véronique Vercheval


mardi 26 décembre 2023

Sabina Spielrein (1885-1942)

Sabina Spielrein (1885-1942) était une 
psychiatre, psychanalyste pionnière et essayiste - « Contribution à la connaissance de l'âme infantile », « La Destruction comme cause du devenir » (1912) - juive russe et polyglotte. Pendant plusieurs années proche de Jung et Freud, elle a été pionnièreArte diffuse sur son site Internet, dans le cadre de « Cherchez la femme ! (22/30) », « Sabina Spielrein - Naissance de la psychanalyse ».

« Le procès » par Sergei Loznitsa 

Sabina Spielrein (1885-1942) est née à Rostov-sur-le-Don (alors dans l'empire russe), dans une famille juive bourgeoise, dont le père était médecin et la mère dentiste. Elève brillante, elle apprend le piano, et l'hébreu pour lire la Bible.

En 1904, étudiante à Zurich (Suisse), elle est soignée pour hystérie dans la clinique psychiatrique universitaire zurichoise, dite Burghölzli, par Carl Gustav Jung (1875-1961), alors disciple et collègue de Sigmund Freud (1856-1939). 

Se noue alors une relation compliquée entre ces trois protagonistes ; des divergences vont séparer Sigmund Freud et Carl Gustav Jung. Sabina Spielrein adhère aux thèses de Sigmund Freud. 

Cette relation a inspiré des œuvres artistiques : Mon nom était Sabina Spielrein (Ich hieß Sabina Spielrein), documentaire d'Élisabeth Márton (2002), L'Âme en jeu (Prendimi l'anima) de Roberto Faenza, avec Emilia Fox (2002), A Dangerous Method de David Cronenberg, avec Keira Knightley dans le rôle de Spielrein, Michael Fassbender celui de Jung et Viggo Mortensen dans celui de Freud (2011), et la pièce de théâtre The Talking Cure de Christopher Hampton, avec Ralph Fiennes dans le rôle de Jung (2003), traduite en français sous le titre Parole et Guérison, mise en scène par Didier Long, avec Barbara Schulz dans le rôle de Sabina Spielrein et Samuel Le Bihan (2009).

Freud étudie la relation entre Spielrein et Jung pour théoriser le phénomène du transfert, et se fonde sur la notion forgée par Spielrein de « pulsion destructive et sadique » pour inventer la « pulsion de mort ». 

En 1912, Sabina Spielrein épouse le Dr Pavel Naoumovitch Scheftel, un juif russe. De ce mariage peu heureux, naissent deux filles : Renata en 1913, puis Eva en 1926.

Sabina Spielrein a eu parmi ses patients à Genève Jean Piaget, biologiste, épistémologue, psychologue.

En 1923, Sabina Spielrein retourne en URSS.

En 1924, elle devient membre de l'Association psychanalytique russe, et retourne à Rostov-sur-le-Don. Sous le couvert de médecin généraliste, elle est la psychanalyste d'enfants délinquants. 

Elle étudie les psychoses schizophréniques et les rêves. Elle est considérée comme pionnière de la psychanalyse des enfants, de l'analyse du développement enfantin de la psyché, et de la pulsion sexuelle sur lesquelles elle a publié des essais (« La destruction comme cause du devenir », 1912).

"Sabina Spielrein a été pionnière de la psychanalyse avec un talent certain pour poser des questions stimulantes et développer des projets de recherche originaux. Sa dissertation « Sur le contenu psychologique d’un cas de schizophrénie (dementia praecox) » (1911), a été la première thèse de doctorat à contenu psychanalytique rédigée par une femme. Par ses observations cliniques et élaborations théoriques sur les instincts destructifs de la psyché, sur la signification du sein maternel et de la tétée pour le développement de l’enfant, et encore par ses réflexions sur le développement du langage et la pensée chez l’enfant, elle a inspiré Sigmund Freud, Melanie Klein, D.W. Winnicott, Jean Piaget et Lew Wygotski", a résumé Sabine Richebächer (Sabina Spielrein. Un penseur moderne, in Le Coq-héron 2009/2 (n° 197), pages 19 à 31)

Le mari et les frères, Yan (1887-1938), Isaac (1891-1937) et Émile (1899-1937) de Sabina Spielrein sont victimes de la Grande Terreur stalinienne.

Durant la Deuxième Guerre mondiale, le 27 juillet 1942, les Allemands interpellent Sabina Spielrein et ses deux filles, qui sont fusillées lors du massacre de Zmievskaïa Balka, probablement par l'Einsatzgruppe D.

« Sabina Spielrein - Naissance de la psychanalyse »
« Saviez-vous qu’Adam a eu une compagne avant Ève ? Qu’il existait des femmes vikings ou samouraïs et même des exploratrices ? Que ce sont des femmes qui ont inventé la bière ? Connaissez-vous le nom de celle qui a écrit le tout premier algorithme de l’histoire ? De celle qui a inventé l’aquarium ? De celle qui a créé le Monopoly ? Ou encore de celle qui, la première, a découvert que la terre et le soleil ne sont pas fait des mêmes éléments comme le pensait le monde scientifique ? » 

« Artistes, scientifiques, femmes politiques, penseuses, sportives, guerrières... De nombreuses femmes ont changé le cours de l'Histoire et n'apparaissent pourtant pas dans les livres qui la retracent. »

« Cherchez la femme ! » est « une série d'animation aux dialogues teintés d’humour grinçant de Julie Gavras (Les bonnes conditions) pour mettre en lumière les mécanismes d'invisibilisation des femmes dans l'Histoire ». 

« En trente épisodes de trois minutes, cette série en stop motion, aussi drôle que percutante, présente un nouveau livre d'Histoire pour exhumer leurs destins, remet en lumière leurs parcours, en exposant les raisons de cette occultation. Elle explore surtout les mécanismes à l'oeuvre, ceux qui les ont reléguées dans l’ombre, invisibilisées, effacées des livres d’histoire ou spoliées. »

« Ouvrant un à un les grands chapitres de l’Histoire de l’Homme, un narrateur pontifiant, auquel Denis Podalydès prête ses géniales intonations, voit se détacher les silhouettes en papier de toutes ces femmes oubliées. » Il n'y a pas d'« Histoire de l’Homme », mais l'Histoire.

« Régulièrement interrompues par les soupirs exaspérés et les piques misogynes de leur interlocuteur, ces artistes, penseuses, sportives et scientifiques racontent leurs parcours et les raisons de leurs disparitions sans se laisser impressionner. Certaines étaient reconnues en leur temps, mais oubliées par la suite, d’autres ont vu leurs réalisations minimisées, occultées voire spoliées par des hommes. »

« Des comédiennes, musiciennes et journalistes prêtent leur voix à ces femmes remarquables Emmenée par un impressionnant casting de voix (Agnès Jaoui, Clémence Poésy, Laetitia Casta, Aïssa Maïga, Isabelle Carré, Florence Loiret-Caille, Camille Cottin…), cette série expose les mécanismes d’invisibilisation auxquels se sont heurtées les femmes à travers les siècles. »

Arte diffuse sur son site Internet, dans le cadre de « Cherchez la femme ! (22/30) », « Sabina Spielrein - Naissance de la psychanalyse ».

« Huit mois de thérapie assaisonnés d’une liaison amoureuse avec Carl Jung ont suffi à éclipser les trente ans de carrière de la psychanalyste russe Sabina Spielrein (1885-1942). Pourtant, c’est elle qui, la première, écrit sur les enfants et les nourrissons, et théorise la pulsion de mort. Une notion à laquelle Freud mettra dix ans à se rallier… »


« Sabina Spielrein - Naissance de la psychanalyse » de Julie Gavras, Mathieu Decarli et Olivier Marquézy
France, 2021, 3 min
Production : Les Films du Bilboquet, Zadig Productions, Iota Production, Pictanovo
Coproduction : ARTE France, Zadig Productions, Les Films du Bilboquet, Iota Production, Pictanovo, RTBF
Auteure : Julie Gavras
Création graphique : Mathieu Decarli, Olivier Marquézy 
Avec les voix de Laetitia Casta et Denis Podalydès, de la Comédie-Française 
Disponible du 12/12/2022 au 03/12/2027