Citations

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« Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort. Il est de porter la plume dans la plaie. » (Albert Londres)
« Le plus difficile n'est pas de dire ce que l'on voit, mais d'accepter de voir ce que l'on voit. » (Charles Péguy)

mercredi 13 avril 2022

Michael Kenna

Photographe britannique né en 1953, Michael Kenna est marqué profondément par sa visite de l’ancien camp de concentration de Natzweiler. Il « décide alors de développer un projet personnel sur la mémoire des camps nazis. Pendant plus de 15 ans, il entreprend à ses frais, de nombreux voyages pour photographier les vestiges des camps nazis, à l’époque à l’abandon, dans toute l’Europe. Cherchant à transformer son émotion en mémoire, il construit pas à pas, photographie après photographie, un projet sobre, intime, dont seuls ses proches sont au courant ». Le Centre européen du résistant déporté - Mémorial du camp de concentration de Natzweiler présente l’exposition « Michael Kenna - Photographies du camp de concentration de Natzweiler ». « Dans le cadre du 80e anniversaire de la libération dudit camp, l’exposition présente 41 œuvres photographiques de Michael Kenna, ainsi que des objets liés aux déportés issus de nos collections et des photographies d’archives, réalisées lors de la libération du camp par les Américains. »


« Il se trouve que j’ai photographié ces camps pendant une douzaine d’années. Il fallait que je les photographie [...], pour garder cette mémoire vivante, pour conserver une trace. Mon œuvre porte sur la mémoire. »

"It turned out that I would be photographing for about 12 years these concentration camps. I just have to photograph [...], keep this memory alive, make documents of it. My work is about memory."

Michael Kenna, décembre 2019

« Michael Kenna : la lumière de l’ombre, photographies des camps nazis »
Le Musée de la Résistance nationale présenta l’exposition « Michael Kenna : la lumière de l’ombre, photographies des camps nazis ». En 1970, le photographe britannique paysagiste né en 1953 est bouleversé par une photographie prise au camp d’Auschwitz-Birkenau. De 1986 à 1999, il témoigne et documente en photographiant, en noir et blanc, des vestiges des camps nazis. Une œuvre mémorielle donnée à la France.

L’exposition « Michael Kenna : la lumière de l’ombre, photographies des camps nazis » résulte d’une donation exceptionnelle de l’artiste Michael Kenna au Musée de la Résistance nationale qui la présente sur son nouveau site Aimé-Césaire, à Champigny-sur-Marne (Val-de-Marne).

« Michael Kenna est un photographe né à Widnes en Angleterre en 1953. Lors de sa première année au London College of Printing, il découvre dans un bac de développement une photographie du camp d’Auschwitz-Birkenau prise par un autre étudiant, celle d’une montagne de blaireaux de rasage. L’émotion est très forte pour le jeune homme dont le premier souvenir paternel est lié à l’image de son père se rasant. Celle-ci ressurgit en 1986, en France, lors d’une visite de l’ancien camp de Natzweiler-Struthof qui le marque fortement. Il décide alors de développer un projet personnel sur la mémoire des camps nazis. »

« La difficulté qui se pose alors à lui est celle de ne tirer aucun profit de ce travail de photographe. Son objectif n’est pas l’arme d’un chasseur, il est simplement son outil de passeur de mémoire. Michael Kenna entreprend pendant plus de 15 ans, à ses frais, de nombreux voyages pour photographier les vestiges des camps nazis, qui à l’époque étaient à l’abandon, dans toute l’Europe. Cherchant à transformer son émotion en mémoire, il construit pas à pas, photographie après photographie, un projet sobre, intime, dont seuls ses proches sont au courant. »

« À l’heure où les survivants et les témoins de la Déportation se font de plus en plus rares, il s’agit pour lui de transmettre ce souvenir, grâce à l’art qu’il maîtrise, celui de la photographie. Proposer un regard sur ces lieux où les nazis tentèrent de détruire notre humanité, c’était contribuer à rendre l’oubli impossible. »

« Il va à Auschwitz-Birkenau et il y photographie les blaireaux, qui s’imposent aujourd’hui à celui qui les regarde. Le cliché devient en lui-même une trace qui vient s’ajouter à l’objet : il en conforte la réalité et en renforce la matérialité. L’image est aussi un objet de mémoire. »

« Parce qu’il est un photographe de paysage, Michael Kenna photographie les sites des camps, en faisant surgir la lumière de l’ombre et en revendiquant d’aborder autrement l’histoire et la mémoire de l’univers concentrationnaire et du génocide des Juifs d’Europe. Par le travail du noir et blanc, par la composition rigoureuse, par la clarté graphique, il attire le regard, suscite l’émotion et oblige à s’interroger sur ce qui est et ce qui fut. En regardant autrement ces lieux, il nous rappelle que les camps nazis sont devenus aujourd’hui des vestiges qui ne rendent que très partiellement compte de leur fonctionnement durant la Seconde Guerre mondiale. Ils sont dorénavant des lieux que l’on visite comme des musées ou comme des cimetières, des lieux où l’on veut apprendre, comprendre mais aussi se recueillir. Regarder aujourd’hui les photographies des camps de Michael Kenna, c’est l’accompagner sur son chemin de mémoire, dans sa quête d’histoire, peut-être de vérité, et sans doute aussi de sacré. »

« Transmettre, garder trace…
évidemment à sa manière, comme chacun peut le faire. »

« Comment photographier ces lieux d’horreur, comment transmettre en les présentant autrement ? Cette légitimité à aborder ainsi cette mémoire, Michael Kenna y a répondu en invitant les gens à regarder, à réagir, à entrer dans un sujet, même en critiquant le média choisi, pour finalement s’impliquer et se souvenir. »

« C’est pour cela que Michael Kenna a décidé que ce travail photographique ne serait jamais commercialisé ni diffusé en agence. Désirant transmettre au plus grand nombre, grâce à cette collection impressionnante, le souvenir de ce que nous devons transformer en mémoire, il a fait don à la France en 2000 de 301 négatifs et tirages, que la Médiathèque de l’Architecture et du Patrimoine possède aujourd’hui. »

« Le Musée de la Résistance nationale conserve 6 385 négatifs, 6 472 contacts, 1 644 tirages de travail ainsi que 261 épreuves d’artiste reçus en donation également entre 2011 et 2021. Dans le cadre de l’exposition « Michael Kenna : la lumière de l’ombre, photographies des camps nazis », le Musée de la Résistance nationale expose 82 tirages argentiques, de petit et de grand format, réalisés par l’artiste lui même et, en écho, des objets issus de la collection du MRN créés par les déportés dans les camps de concentration nazis, ainsi que des témoignages. »

Le commissariat est assuré par Thomas Fontaine, docteur en histoire, directeur du MRN, Agathe Demersseman, responsable des collections du MRN, Sabine Troncin-Denis, commissaire associée, et Éric Brossard, agrégé d’histoire, professeur-relais au MRN, commissaire associé.

Des visites guidées, activités dédiées au public adulte et au jeune public, ateliers et rencontres prolongent cette exposition.

Michael Kenna
■ Le maître du paysage en noir et blanc
« Michael Kenna, issu d’une famille catholique d’origine irlandaise, est né en 1953 à Widnes, petite ville industrielle du Lancashire (Angleterre). »
« Étudiant à la Banbury School of Art (Oxfordshire) en 1972, puis l’année suivante au London College of Printing, il étudie la photographie de publicité, de mode, de reportage et obtient en 1976 son diplôme avec mention. Il commence sa carrière par des travaux de commande et entame un travail personnel consacré au paysage, très influencé notamment par l’œuvre du photographe anglais Bill Brandt dont il découvre le travail en 1975 dans l’exposition The Land. »
« Michael Kenna construit son oeuvre par grands chapitres, en des lieux qu’il revient explorer à maintes reprises. Installé aux États-Unis depuis 1977, à l’écart des phénomènes de mode et du dogmatisme esthétique, il bâtit un corpus consacré à la représentation du paysage, un paysage enclos dans la délicatesse du petit format, un paysage désert. La présence humaine s’y inscrit cependant « en creux », d’une manière fascinante, fantomatique, par les traces que la vie et l’activité des hommes impriment sur le monde. « Ses prises de vues nocturnes ou faites à la lumière atténuée de l’aube ou du crépuscule, exaltent les contrastes de texture, de matière et engendrent une rhétorique du clair et du sombre savante et raffinée, signature de son œuvre » (Anna Biroleau, commissaire de l’exposition Michael Kenna : rétrospective à la Bibliothèque nationale de France, 2009). »
« Depuis 48 ans, Michael Kenna photographie les cieux charbonneux et les villes sombres parcourues de voies ferrées et surplombées de hauts fourneaux du 19e siècle industriel ; les structures massives des centrales électriques ; les brumes mystérieuses de la campagne anglaise ; les lignes géométriques des jardins formels du 18e siècle français ou russe ; les grandes mégapoles proliférantes ; les rivages et les lieux sacrés, parcourant plus de 40 pays, de la France à l'Île de Pâques en passant par l'Angleterre, le Japon, la Corée ou la Chine. »

■ Un artiste de renommée internationale
« Internationalement reconnu pour son regard et la finesse de ses tirages, Michael Kenna n’a de cesse, d’exposer et de publier son art à travers le monde : 486 expositions personnelles, 418 expositions de groupe lui sont consacrées ; 75 ouvrages et catalogues d’exposition ont été publiés ; 110 musées accueillent des photographies de Michael Kenna au sein de leur collection permanente. En France, la Bibliothèque nationale de France lui consacre une grande rétrospective en 2009. En 2014, le musée Carnavalet présenta une sélection de paysages parisiens saisis par l’artiste. »

■ Un projet mémoriel inédit
« Je prenais des photos en France, près de Strasbourg, quand j’ai entendu parler d’un camp de concentration français : Natzweiler-Struthof. J’ai réussi à y aller ; c’était la première fois que je pénétrais dans un camp de concentration. C’était très puissant comme émotion, ça l’est toujours, comme pour n’importe qui, je pense, et j’ai commencé à prendre des photos... »

« Ainsi, pendant plus de 15 ans, Michael Kenna entreprend à ses frais de nombreux voyages pour photographier les sites des camps nazis. À travers près de 7 000 photographies de plus de 20 camps et centres de mise à mort, il construit un projet sobre, intime dont, pendant longtemps, seuls ses proches sont au courant. À l’heure où les derniers survivants disparaissent, il s’agit pour lui de transmettre ce souvenir grâce à la photographie pour lutter contre un impossible oubli. »

« Comment photographier ces lieux d’horreur, comment transmettre en les présentant autrement ? Cette légitimité à aborder ainsi cette mémoire, Michael Kenna y a répondu en invitant les gens à regarder, à réagir, à entrer dans un sujet, même en critiquant le média choisi, pour finalement s’impliquer et se souvenir. »

« C’est pour cela que Michael Kenna a décidé que ce travail photographique ne serait jamais commercialisé ni diffusé en agence. »

« Désirant transmettre au plus grand nombre, grâce à cette collection impressionnante, le souvenir de ce que nous devons transformer en mémoire, il a fait don à la France en 2000 de 301 négatifs et tirages. Ceux-ci sont présentés dans différentes expositions, conférences et publications dont l’exposition Mémoire des camps organisée par le Patrimoine photographique en 2000 à l’Hôtel de Sully à Paris, en Suisse, en Italie, en Espagne, au Japon, ou à l’occasion de la mise en itinérance de l’exposition Impossible to forget aux États-Unis. »

« En 2021, le Musée de la Résistance nationale est la première institution à présenter le plus grand nombre de photographies issues de cette série, à travers 82 tirages pour la plupart inédits. »

« L’exposition Michael Kenna : la lumière de l’ombre, photographies des camps nazis est la première exposition temporaire dans le nouveau Musée de la Résistance nationale inauguré en 2020. »

■ Une donation exceptionnelle au MRN
« En 2001, par l’intermédiaire de l’association Patrimoine photographique, Michael Kenna fait don à la France de 301 photographies prises dans les prisons, camps de concentration et centres de mise à mort nazis. Sa démarche est celle d'une transmission universelle à des fins de mémoire. »
« Par un geste fort, il décide que cette œuvre ne pourra faire l’objet d’aucune commercialisation. »
« Entre 2011 et 2021, poursuivant cette démarche, il fait don au Musée de la Résistance nationale (MRN) de l’intégralité des matrices résultant de ce travail mémoriel, soit :
• 6 385 négatifs,
• 6 472 contacts,
• 1 644 tirages de travail
• et 261 tirages d’exposition. »
« Cette donation au MRN a pour objectif de transmettre au plus grand nombre le souvenir des atteintes aux droits de l’homme qui se sont déroulées dans les camps nazis, pour faire vivre cette mémoire. »

« À l'issue de sa présentation à Champigny-sur-Marne, le Musée de la Résistance nationale présenta l’exposition Michael Kenna : la lumière de l’ombre, photographies des camps nazis dans d’autres lieux d’histoire et de mémoire en France et à l’étranger. »

Le système Concentrationnaire et les centres de mise à mort
« L’exposition s’articule autour de trois espaces, au deuxième étage du nouveau Musée de la Résistance nationale. Elle montre des photos de prisons et camps de transit, camps de concentration et centres de mise à mort. »
« Ce premier espace de l’exposition montre, au travers de 43 tirages, l’ensemble des camps et des centres de mise à mort photographiés par Michael Kenna. Exposées sur des cimaises blanches, les photographies sont présentées par lieux de prise de vue, en mettant en avant les caractéristiques les plus significatives de chacun des camps. »
« Elles sont réparties en trois sous-zones thématiques consacrées respectivement aux prisons et camps de transit, aux camps de concentration et camps spéciaux ainsi qu’aux centres de mise à mort. »
« De part et d’autre de la « chambre noire », deux zones présentent le travail sériel de Michael Kenna à travers un accrochage portant sur le motif du seuil des camps (portes et enceintes), le motif de la mort (crématorium, fours, potences) et du travail forcé. »

La chambre noire
« Ce premier espace se caractérise aussi par la présence de la chambre noire du photographe. »
« Espace tridimensionnel aux parois tendues de tissu noir, cet espace s’attache autant à présenter la démarche de Michael Kenna, caractérisée par la transformation de l’émotion ressentie en une oeuvre de mémoire, pas à pas, photographie après photographie, qu’à proposer une analyse historique du système des camps nazis. »
« La cimaise de gauche est illustrée par une frise chronologique recensant les campagnes de photographies des camps visités pendant plus de douze ans par Michael Kenna, de sa rencontre avec le sujet jusqu’à la transmission de cette oeuvre mémorielle. Illustrée pour chaque camp photographié d’une vue miniature (type planche contact) par année de prise de vue, la frise s’achève sur les premières démarches de transmission initiées par Michael Kenna à travers la donation de son oeuvre à la France, l’exposition Mémoires des camps - présentée à l’hôtel de Sully en 2000 – et la publication en France de L’Impossible oubli. »
« La cimaise de droite sert en partie de point d’appui au discours historique développé dans l’un des films projetés. Elle donne à voir une carte du système concentrationnaire et des centres de mise à mort en Europe. »
« Sur la cimaise du fond, sont projetés des extraits de l’entretien de Michael Kenna réalisé au MRN en décembre 2019, ainsi qu’une mise en perspective historique de cette oeuvre photographique. »
« Par ailleurs, une vitrine table complète le dispositif. Celle-ci permet d’exposer des objets collectés dans les camps par le photographe, mais aussi des éléments de son travail photographique tels qu’une sélection de négatifs, des planches contacts ainsi que des tirages photographiques de travail conservés par le MRN. »

« Il se trouve que j’ai photographié ces camps pendant une douzaine d’années. Il fallait que je les photographie, pour garder cette mémoire vivante, pour conserver une trace. »
« It turned out that I would be photographing for about 12 years these concentration camps. I just have to photograph [...], keep this memory alive, make documents of it. »
Michael Kenna, décembre 2019

Déportés
« Ouvert sur les espaces de l’exposition permanente, ce lieu - présentant 7 tirages de l’artiste - permet une mise en perspective de l’oeuvre de Michael Kenna en s’intéressant spécifiquement aux parcours des femmes et des hommes qui ont été déportés dans les camps nazis. »
« En écho aux photographies de Michael Kenna, la présence des déportés est rappelée par l’exposition d’objets et d’archives réalisés dans les camps et entrés dans les collections du Musée de la Résistance nationale, ainsi que par des témoignages oraux accessibles depuis des tablettes intégrées aux deux tables multimodales. »
« Élaborés par les associations de mémoire et différents partenaires de l’exposition, ces témoignages et lectures de témoignages permettent de redonner la parole aux déportés, la photographie agissant ici comme un liant, conduisant vers les hommes et leur voix. »

Suit le travail sériel du photographe : les barbelés

Mémoires
« Ce dernier espace, comprenant 32 tirages, est consacré à la mémoire des lieux, entre paysages où la nature reprend ses droits, monuments et mémoriaux installés en hommage aux disparus et aux rescapés. »

« Le paysage a la primauté, et une large place est accordée à la figuration du ciel afin de susciter des réflexions sur la mémoire et la transmission. Ces réflexions sont ponctuées et accentuées par la mise en regard des photographies avec des paroles de personnes déportées. »

« Ces œuvres interrogent notre rapport à l’art comme vecteur de transmission mémorielle, permettant de se questionner, de s’impliquer et, in fine, de se souvenir ».

« Michael Kenna - Photographies du camp de concentration de Natzweiler »
« 80 ans après la découverte du camp par les Américains le 25 novembre 1944 », le Centre européen du résistant déporté - Mémorial du camp de concentration de Natzweiler présente l’exposition « Michael Kenna - Photographies du camp de concentration de Natzweiler », à la suite du prêt d’oeuvres de l’artiste par le Musée de la Résistance nationale ».

L'exposition «  invite le public à découvrir des clichés poignants du camp de concentration de Natzweiler. Ce projet personnel du photographe britannique, né d'une émotion profonde, est le fruit de 15 ans de voyages en Europe pour capturer les vestiges des camps nazis en noir et blanc. »

« Son approche artistique transforme ces lieux de mémoire en un hommage visuel, contribuant à préserver le souvenir des horreurs passées. Réalisée en partenariat avec le Musée de la Résistance nationale, l’exposition nous invite à réagir et à nous impliquer dans un travail de mémoire en offrant 41 photos, dont 17 d’entre elles ont fait l’objet d’un tirage exceptionnel par l’artiste, du camp de Natzweiler. Les photographies sont en dialogue avec des vestiges du camp : les dessins d’un ancien détenu, les objets du quotidien des déportés et les photographies américaines réalisées à la libération du camp. »

« Michael Kenna, photographe britannique né en 1953 à Widnes en Angleterre, a découvert sa vocation lors de ses études au London College of Printing. Lors de sa première année au London College of Printing, il découvre dans un bac de développement une photographie du camp d’Auschwitz-Birkenau prise par un autre étudiant, celle d’une montagne de blaireaux de rasage. L’émotion est très forte pour le jeune homme dont le premier souvenir paternel est lié à l’image de son père se rasant. En 1986, une visite au camp de concentration de Natzweiler en France a ravivé cette émotion, l'incitant à immortaliser les vestiges des camps nazis à travers l'Europe. Pendant plus de 15 ans, il a entrepris ce projet sobre, intime sur la mémoire des camps nazis, financé personnellement, en capturant des lieux marqués par l'histoire, vestiges des camps nazis qui à l’époque étaient à l’abandon, dans toute l’Europe, pour transformer son ressenti en mémoire visuelle, partagée uniquement avec ses proches. »

« À l’heure où les survivants et les témoins de la Déportation se font de plus en plus rares, il s’agit pour lui de transmettre ce souvenir, grâce à l’art qu’il maîtrise, celui de la photographie. Comment photographier ces lieux d’horreur, comment transmettre en les présentant autrement ? Proposer un regard sur ces lieux où les nazis tentèrent de détruire notre humanité, c’était contribuer à rendre l’oubli impossible. »

« Saisissant l’image de sites devenus vestiges, lieux de mémoire et de recueillement, son regard, celui d’un photographe de paysages, le conduit à aborder autrement l’histoire et la mémoire de l’univers concentrationnaire et du génocide des Juifs d’Europe. »

« Par le travail du noir et blanc, par la composition rigoureuse, par la clarté graphique, il attire le regard, suscite l’émotion et oblige à s’interroger sur ce qui est et ce qui fut. »

« En regardant autrement ces lieux, il nous rappelle que les camps nazis sont devenus aujourd’hui des vestiges qui ne rendent que très partiellement compte de leur fonctionnement durant la Seconde Guerre mondiale. Ils sont dorénavant des lieux que l’on visite comme des musées ou comme des cimetières, des lieux où l’on veut apprendre, comprendre mais aussi se recueillir. »

« Michael Kenna a décidé que ce travail photographique ne serait jamais commercialisé ni diffusé en agence. »

« Désirant transmettre au plus grand nombre, grâce à sa collection impressionnante, le souvenir de ce que nous devons transformer en mémoire, il a fait don à la France en 2000 de 301 négatifs et tirages. Ceux-ci sont présentés dans différentes expositions, conférences et publications dont l’exposition Mémoire des camps organisé par le Patrimoine photographique en 2000 à l’Hôtel de Sully à Paris, ou à l’occasion de la mise en itinérance de l’exposition Impossible to forget aux États-Unis. »

« Réalisée en partenariat avec le Musée de la Résistance nationale qui transmet cette mémoire et ce projet depuis 2021, cette exposition au Centre européen du résistant déporté est plus particulièrement consacrée à la présentation de la série ayant trait à la mémoire du camp de concentration de Natzweiler, premier camp à avoir été photographié par Michael Kenna. Fait unique, les tirages argentiques sont exposés dans le lieu même où les clichés ont été réalisés. »

« En nous offrant cette série de 41 photographies, dont 17 d’entre elles ont fait l’objet d’un tirage exceptionnel par l’artiste, cette exposition nous invite à réagir et à nous impliquer dans un travail de mémoire, en dialogue avec les vestiges du camp : les dessins d’un ancien détenu, les objets du quotidien des déportés et les photographies américaines réalisées à la libération du camp. »

CONCEPTION ET RÉALISATION DE L’EXPOSITION
Centre européen du résistant déporté
Baptiste ANTOINE, étudiant Master H2M Histoire, Médias et Médiations (Université polytechnique des Hauts-de-France à Valenciennes)
Ludwig DIOT, alternant en Master 2 Patrimoine et musées parcours Valorisation et médiation du patrimoine archéologique (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
Mazarine GODEFROY, chargée de programme et de partenariats
Franck GRAETZ, régisseur des collections
Olivier KIBGE, responsable achats – logistique
Cédric NEVEU, responsable des recherches historiques
Gwendolyne TIKONOFF, chargée de la communication et des relations publiques
Musée de la Résistance nationale
Thomas FONTAINE, directeur des projets du Musée de la Résistance nationale
Encadrement
Philippe DIEUDONNE, encadreur à Atelier de Phil
Soutien technique
Bénédicte BECQ, traductrice à Société de Traduction Technique

COMMISSARIAT D’EXPOSITION
Michaël LANDOLT, directeur du Centre européen du résistant déporté
Anna CRETU, chargée de mission valorisation des lieux de mémoire à l’Office national des combattants et des victimes de guerre

RÉDACTION DE TEXTE
Anna CRETU, chargée de mission valorisation des lieux de mémoire à l’Office national des combattants et des victimes de guerre 
Cédric NEVEU, responsable des recherches historiques au Centre européen du résistant déporté


Parcours de l’exposition

« Dans le cadre du 80e anniversaire de la libération du camp de concentration de Natzweiler, l’exposition présente 41 œuvres photographiques de Michael Kenna, ainsi que des objets liés aux déportés issus de nos collections et des photographies d’archives, réalisées lors de la libération du camp par les Américains. »

« Telle une progression au sein même des différentes parties du camp, l’exposition s’articule autour d’une répartition spatiale des photographies selon l’emplacement réel des vestiges, liant ainsi de pair la dimension topographique, artistique et archéologique. Les photographies vont également évoquer en filigrane les recherches archéologiques actuelles menées à la carrière du camp de concentration de Natzweiler. »

« Acteur de son parcours, le visiteur débute son cheminement par une présentation des éléments extérieurs du camp, en se confrontant à la vision des miradors, de la clôture et de la forêt surplombant le camp. Puis, il est mis en face des photographies du portail, l’entrée dans le camp de concentration. Il peut désormais poursuivre sa déambulation à l’intérieur. »

« Sur le plan muséographique, les photographies sont agencées selon leur emplacement réel au sein du camp : en premier lieu la potence, la place d’appel, les brouettes, puis une vue du bunker, du crématoire et de la table de dissection. »

« Dans la salle du bas, ce n’est plus à une immersion mais à une véritable mise en perspective que le visiteur est convié, interrogeant ainsi notre rapport à l’art comme vecteur de transmission mémorielle pour s’impliquer, et in fine, se souvenir. Des photographies du mémorial ainsi qu’une interview filmée de Michael Kenna mettent ainsi en exergue les enjeux mémoriels actuels du site en insistant sur la mémoire des lieux, entre paysages où la nature reprend ses droits et la présence du mémorial installé en hommage aux disparus et aux rescapés. »

« Tel un écho aux photographies de Michael Kenna, la présence des déportés est en outre rappelée par l’exposition d’objets liés à leur quotidien. Les dessins d’Henri Gayot illustrent des scènes de la vie du camp. Des archives photographiques prises par l’armée américaine en décembre 1944, suite à la découverte du camp quelques jours plus tôt, sont les seuls témoins immuables de cette époque. »

Des supports muséographiques variés pour mieux comprendre le travail de mémoire de Michael Kenna
« Au début du parcours de l’exposition, une frise chronologique recensant les campagnes de photographies des camps visités pendant plus de douze ans par Michael Kenna matérialise sa démarche de sa confrontation avec les vestiges de Natzweiler en 1986 jusqu’aux actions de transmission de cette oeuvre mémorielle. Illustrée pour chaque camp photographié d’une vue miniature (type planche contact) par année de prise de vue, la frise s’achève sur les premières démarches de transmission initiées par Michael Kenna à travers la donation de son oeuvre à la France, l’exposition Mémoires des camps, présentée à l’hôtel de Sully en 2000, et la publication en France de L’Impossible oubli. »

« À droite, une carte présentant le système concentrationnaire et des centres de mise à mort confère une assise historique à l’exposition. Elle est à mettre en lien avec l’interview filmée de Michael Kenna (salle du bas), réalisée au Musée de la Résistance nationale en 2019, entrecoupée de commentaires historiques proposant une mise en perspective scientifique de l’oeuvre photographique. »

L’histoire du camp de concentration de Natzweiler en Alsace annexée

Les grands projets architecturaux du IIIe Reich
« Les 21 et 23 mai 1941, trois cents détenus du camp de concentration (Konzentrationslager, KL) de Sachsenhausen arrivent à l’auberge du Struthof, domaine skiable prisé des Strasbourgeois avant-guerre, situé sur la commune de Natzwiller. Ce sont eux qui construisent la route et le camp d’abord situé autour de l’auberge (camp bas). La construction du camp haut, situé à 800 mètres d’altitude sur les contreforts vosgiens, commence en 1942. »

« Natzweiler est le seul camp de concentration érigé sur le territoire français, en Alsace alors annexée de fait par l’Allemagne nazie. Edifié pour exploiter une carrière de granit rose afin d’alimenter les projets architecturaux monumentaux du IIIe Reich, le site s’oriente à partir de 1943 vers l’exploitation de la main-d'œuvre concentrationnaire pour soutenir l’économie de guerre. La carrière devient un centre de démontage de moteurs d’avions pour Junkers tandis que 53 camps annexes se développent des deux côtés du Rhin. Le camp est aussi le théâtre de sinistres expériences médicales. » 

« En avril 1943, une chambre à gaz est aménagée dans la salle de bal où 86 Juifs sont assassinés en août pour la collection de squelettes juifs du professeur Hirt. »

« La construction du camp est parachevée avec le déplacement du four crématoire, situé près de l’auberge, dans un bâtiment à l’intérieur du camp en octobre 1943. »

50 000 détenus
« 50 000 détenus sont internés au camp et dans ses camps annexes, appartenant à différentes catégories : travailleurs forcés polonais et soviétiques, Juifs, Tsiganes, homosexuels, détenus de droit commun, asociaux, Témoins de Jéhovah. »

« Plus de trente nationalités sont représentées parmi les déportés, avec une majorité de Polonais, de Russes et de Français. À partir de septembre 1943, le KL Natzweiler est désigné pour recevoir tous les détenus Nacht und Nebel (Nuit et brouillard) masculins d’Europe de l’Ouest. Ces détenus, dont beaucoup de résistants, sont destinés à disparaître sans laisser de traces. »

Déshumanisation et mort, le quotidien des déportés
« Les conditions de détention sont extrêmement difficiles. Les prisonniers sont parqués dans 13 baraques auxquelles s’ajoutent deux baraques annexes (bureaux et cuisines) et les baraques Bunker et crématoire en contrebas. Les conditions climatiques extrêmes, la faim dévorante, l’hygiène déficiente, les violentes quotidiennes ou encore le travail exténuant à la carrière ou dans les camps annexes expliquent une mortalité importante. » 

« Le camp est également le théâtre de centaines d’exécutions par pendaison ou par fusillade de détenus immatriculés au camp ou de prisonniers envoyés par les services de la Sipo-SD comme ces treize jeunes de Ballersdorf, réfractaires à l’incorporation dans la Wehrmacht, fusillés le 17 février 1943 ou les 106 résistants du réseau « Alliance » et les 35 maquisards du Groupe Mobile d’Alsace-Vosges assassinés dans la nuit du 1er au 2 septembre 1944. De 1941 à 1945, environ 17 000 déportés meurent au sein du complexe concentrationnaire de Natzweiler, dont 3 000 dans le camp souche, soit un taux de mortalité d’environ 40%. »

La découverte du camp en marge de la libération de Strabourg
« Le 25 novembre 1944, un détachement de la 3e division d’infanterie américaine découvre un camp vide, 6 000 détenus ayant été évacués en septembre. »

« Mais le calvaire continue jusqu’à fin avril 1945 pour les déportés, transférés à Dachau et dans les camps annexes de Natzweiler qui, cas unique, continuent d’exister sans son camp souche. »

L’après-guerre, le temps de la mémoire
« De sa libération à 1949, le camp est réutilisé par les autorités françaises d’abord comme camp d’internement de collaborateurs puis comme centre pénitentiaire. »

« Rapidement, les autorités développent un projet mémoriel sur le site. Le camp est classé monument historique en janvier 1950, puis un projet de conservation est élaboré l’année suivante. Conçu comme un mausolée pour les milliers de corps disparus dans le crématoire, le Mémorial des martyrs et héros de la déportation est inauguré par le général de Gaulle le 23 juillet 1960. Représentant une flamme, le monument de 40 mètres de haut, visible depuis la vallée, arbore sur sa façade interne la silhouette émaciée d’un déporté. La dépouille d’un déporté inconnu, symbole des victimes des camps ainsi que 14 urnes renfermant de la terre ou des cendres provenant des différents camps de concentration, sont placés dans un caveau au pied du Mémorial. »

« Dans la nécropole nationale adjacente, reposent 1117 corps exhumés des camps et des prisons nazis. »

« La transmission, notamment auprès des jeunes, de l’histoire du complexe concentrationnaire de Natzweiler et de ses détenus, de la Résistance contre le nazisme et de la mémoire des victimes, sont au coeur des missions du Centre européen du Résistant déporté, inauguré par le président de la République, Jacques Chirac le 3 novembre 2005. »

Le Centre européen du résistant déporté

« Le Centre européen du résistant déporté (CERD) a été inauguré en 2005, par le président de la République, Jacques Chirac pour le 60e anniversaire de la découverte du camp de concentration de Natzweiler. »

« Conçu comme un lieu de formation, de réflexion et de rencontre, le Centre européen du résistant déporté est une introduction à la visite du camp situé à proximité. Bornes tactiles, vidéos et photos présentent ainsi sur 2000 mètres carrés d’exposition l’histoire de la Seconde Guerre mondiale, les résistances qui se dressèrent en Europe ainsi que l’implacable organisation de mise à mort du système concentrationnaire nazi. »

« L’ensemble composé de l’ancien camp, de la nécropole, du mémorial et du Centre européen du résistant déporté, est inscrit comme haut lieu de la mémoire nationale en 2014 au titre du système concentrationnaire nazi et de la résistance européenne. »

« Propriété de l’Etat et placé sous la responsabilité du ministère des Armées, le site est géré par l’Office national des combattants et des victimes de guerre (ONaCVG). »


Chronologie des voyages photographiques de Michael Kenna

« Il se trouve que j’ai photographié ces camps pendant une douzaine d’années. Il fallait que je les photographie, pour garder cette mémoire vivante, pour conserver une trace. »
« It turned out that I would be photographing for about 12 years these concentration camps. I just have to photograph [...], keep this memory alive, make documents of it. »
Michael Kenna, décembre 2019

« Milieu des années 1970
« Les blaireaux d’Auschwitz » : premier choc photographique sur les camps nazis

Début des années 1980
Voyage en Allemagne et prise de conscience de la proximité des camps nazis

1986-1988
Premier camp visité et photographié

1989
Birkenau
Auschwitz

1989-1990
Theresienstadt

1992
Auschwitz
Birkenau
Theresienstadt

1993
Auschwitz
Birkenau
Belzec
Majdanek
Natzweiler-Struthof
Plaszow
Sobibor
Treblinka

1993-1994
Bergen-Belsen

1994
Dachau
Buchenwald
Mittelbau-Dora
Neuengamme
Ravensbrück
Sachsenhausen

1994-1995
Flossenbürg

1995
Dachau
Buchenwald
Mauthausen

1996
Gross Rosen

1996-1997
Breendonk

1997
Westerbork
Vught

1998
Chelmno
Gross Rosen 
Majdanek
Auschwitz
Birkenau
Plaszow
Sobibor
Stutthof 
Treblinka

1999
Buchenwald
Mittelbau-Dora
Dachau
Mauthausen
Gusen
Flossenbürg 
Natzweiler-Struthof
Ravensbrück
Sachsenhausen
Salaspils

2000
Bergen-Belsen
Emsland
Neuengamme
Sachsenhausen
San Sabba
Stutthof
Premier don de Michael Kenna à la France de photographies réalisées entre 1988 et 2000 sur les camps nazis

2001
Participation de Michael Kenna à l’exposition « Mémoire des camps. Photographies des camps de concentration et d’extermination nazis, 1933-1999 » à Paris 
Publication de L’Impossible oubli, les camps nazis cinquante ans après : photographies de Michael Kenna

2011-2021
Don de Michael Kenna au Musée de la Résistance nationale de négatifs, contacts, tirages de travail et épreuves d’artiste de son travail sur les camps nazis ».


Du 16 novembre 2024 au 15 mars 2025
Route départementale 130 - 67130 NATZWILLER
Tél : 03 88 47 44 67
Du mardi au dimanche à 17h00
Visuels :
Affiche
Clôture d’enceinte, Natzweiler-Struthof, France, 1993
MRN/don de Michael Kenna, 2021 © Ministère de la Culture – MPP, dist.RMN-GP

Vernissage expo Kenna - crédit CERD - 15-11-2024

Double clôture, Natzweiler-Struthof, France, 1993. Dépôt de Michael Kenna, 2024 © Ministère de la Culture – MPP, dist.RMN-GP 

Carte : crédit DR

Cheminée de crematorium, Natzweiler-Struthof, France, 1993. MRN/don de Michael Kenna, 2021 ©Ministère de la Culture – MPP, dist.RMN-GP


Du 23 octobre 2021 au 15 avril 2022
Site Aimé-Césaire
40, quai Victor Hugo. 94500 Champigny-sur-Marne
Tél. : 01 49 83 90 92
Du mardi au vendredi de 13 h 30 à 18 h. Du samedi au dimanche de 11 h à 19 h


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Les citations sont extraites du dossier de presse. Cet article a été publié le 13 avril 2022.

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