Véronique Chemla: « Le regard blanc - Expressionnisme et colonialisme

Arte diffusera le 14 novembre 2021 « Le regard blanc - Expressionnisme et colonialisme » (Der weiße Blick - Expressionismus und Kolonialismus) de Wilfried Hauke. « Influencé par l'art dit "primitif", l'expressionnisme allemand a largement contribué à la normalisation des stéréotypes coloniaux. D’Emil Nolde à Max Pechstein, retour sur des représentations artistiques imprégnées du "regard blanc".

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« Le regard blanc - Expressionnisme et colonialisme » de Wilfried Hauke

« Au XIXe siècle, les Allemands sont convaincus qu'il faut sauver les civilisations du monde menacées de disparition ».

« À cet effet, ils créent plusieurs musées d'ethnologie, notamment à Berlin, Dresde et Hambourg ».

« Au travers de films et photographies pseudo-scientifiques ou de vastes collections d’œuvres – pillées ou acquises sans prise en compte de leur valeur culturelle par les ethnologues, en collaboration avec les armées coloniales et les compagnies minières –, le public découvre les cultures dites "primitives" du continent africain ou d'Océanie ».

« Mais le "regard blanc" porté sur ces peuples reste imprégné des préjugés de l’époque et se limite à la représentation physique, préfigurant "l'expressionnisme colonial" des peintres allemands de l'école Die Brücke. »

« Des photographies mises en scène pour colporter des stéréotypes raciaux, des poses étudiées et imposées aux femmes pour flatter la concupiscence masculine… ainsi se crée et se nourrit l'exotisme ».

« Dans la Nouvelle-Guinée allemande et les îles Palaos, territoires déjà largement détruits à la fin du XIXe siècle par le colonialisme européen, la réalité est écartée au profit d'images falsifiées d’un paradis perdu et du mythe entretenu du "bon sauvage".

« En suivant le parcours et les voyages dans les mers du Sud d’Emil Nolde et de Max Pechstein, qui peignent une "vision blanche" du monde indigène sans chercher à le découvrir, ce documentaire dévoile l’angle mort d’un expressionnisme à l’idéal esthétique dévoyé, jusqu’à ce que le nazisme bannisse ce mouvement pictural et mette un terme à tout intérêt pour l'art "primitif".