Véronique Chemla: « 1871 : Grand jeu impérial à Versailles

Arte diffusera le 27 novembre 2021 « 1871 : Grand jeu impérial à Versailles » (Kaiserspiel in Versailles) de Christian Twente. « En pleine guerre de 1870, dans une France défaite et envahie, le chancelier Bismarck fait proclamer l’Empire allemand dans la galerie des Glaces à Versailles. »

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« Il y a cent cinquante ans, l’Empire allemand était proclamé dans la galerie des Glaces du château de Versailles : une revanche sur la défaite d’Iéna en 1806 ».

Revanche sur Iéna

Le 14 octobre 1806, l'armée prussienne du roi Frédéric-Guillaume III est vaincue lors de deux batailles : l'une menée par l'empereur Napoléon 1er à Iéna (Allemagne, actuellement le Land de Thuringe), l'autre par le maréchal Louis Nicolas Davout à Auerstaedt, ville située entre Erfurt et Leipzig.

Le général de Hohenlohe commandait l'armée prussienne qui fuit. Ce qui augure la fin de la campagne de Prusse qui a duré moins d'un mois.

Le 27 octobre 1806, Napoléon 1er entre à Berlin. Le 28, la cavalerie de Murat s'empare du prince de Hohenlohe et de son armée (16 000 hommes, six régiments de cavalerie, 60 canons et autant de drapeaux). Le 7 novembre 1806, Blücher capitule à Lübeck. Enfin, Ney prend Magdebourg, fait prisonniers 15 000 hommes et acquiert aussi des centaines de canons livrés récemment par les Anglais.

Le 30 novembre 1806 est signé l'armistice. Après la défaite de son allié russe à Friedland (14 juin 1807), le second traité de Tilsit (9 juillet 1807) fixe le sort de la Prusse. Celle-ci perd la moitié de son territoire, "la majorité de ses places fortes (Magdebourg, Erfurt, Stettin, Graudenz, Dantzig), la plupart à l'ouest de l'Elbe", cinq millions d'habitants et est contrainte de verser une indemnité de guerre de 120 millions de francs de l'époque. Un montant très élevé.

Unification

« De la bataille de Sedan en septembre 1870, suivie par la capitulation de la France face à la Prusse, au 18 janvier 1871, date à laquelle le roi de Prusse Guillaume Ier fut proclamé empereur, l’unification de l’Allemagne se construit alors en grande partie grâce à Otto von Bismarck » dont la diplomatie vise à un équilibre entre les Etats européens par des alliances.

« Alors qu’en France le Second Empire s’est effondré, le chancelier, par sa force de persuasion, parvient en effet à recueillir le consentement des princes allemands ». Et, pour résoudre la « question allemande », il fait prévaloir "la solution petite-allemande" (kleindeutsche Lösung, en allemand), prônée par la Prusse des Hohenzollern qui affirme ainsi son hégémonie en écartant l'empire d'Autriche. La solution dite « grande-allemande » (großdeutsche Lösung) aurait intégré des "territoires germanophones où régnaient les Habsbourg".

Est ainsi fondée une monarchie parlementaire autoritaire dans un cadre fédéral, sous domination de la Prusse. La proclamation de l’Empire allemand dans la galerie des Glaces du château de Versailles caractérise aussi l'humiliation de la France.

« Napoléon III restant captif à Cassel, Bismarck trouve cependant en Louise Michel une adversaire de taille ».

« Défiant la mort dans un Paris assiégé, la militante anarchiste emmène ainsi un combat révolutionnaire dramatique pour l’unité et la liberté. »

« Dans ce docu-fiction, Eugénie, veuve de Napoléon III, et Louise de Prusse, fille de l’empereur Guillaume Ier, se rencontrent au château d’Arenenberg, en Suisse, à l’heure des négociations du traité de Versailles ».

« Toutes deux très âgées, elles évoquent leurs jeunes années et reviennent sur l’époque de la création de l’État allemand et le tournant historique qui scellera la défaite du pays lors de la Première Guerre mondiale. Un passionnant éclairage sur une période clef des relations franco-allemandes. »

La France nourrira pendant des décennies la nostalgie des "Provinces perdues" - Alsace et une partie de la Lorraine annexées par l'Allemagne impériale - et la volonté de les récupérer. L'école publique a contribué à ce culte patriotique et républicain dans l'enseignement de l'Histoire et de la géographie.

« 1871 : grand jeu impérial à Versailles » de Christian Twente