vendredi 10 septembre 2021

L'Armée rouge

Arte diffusera à partir du 14 septembre 2021 « L'Armée rouge » (Die Rote Armee), série documentaire en deux parties – « La grande guerre patriotique » puis « La guerre froide » - de Michaël Prazan. « Les grandes étapes de l'histoire de l'Armée rouge dans une fresque documentaire passionnante. »

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« Le procès » par Sergei Loznitsa 
Ilya Trauberg (1905-1948)

Dénommée « l’Armée rouge des ouvriers et paysans », l'actuelle Armée rouge - couleur de la révolution - a été instituée dans un Empire russe aboli par le pouvoir bolchevik après la révolution d'Octobre 1917 pour lutter contre la contre-révolution des Armées blanches (tsaristes) bénéficiant de l'appui de puissances étrangères, européennes - notamment les empires français et britannique, les Etats-Unis - et asiatique : l'empire du Japon. 

"Pendant la Seconde Guerre mondiale, près de 500 000 soldats juifs combattent dans les rangs de l'Armée rouge. 120 000 d'entre eux environ tombent au combat et dans l'exercice de leurs fonctions ; les Allemands assassinent en outre 80 000 prisonniers de guerre juifs. Plus de 160 000 Juifs, tous grades confondus, sont décorés et le titre de « Héros de l’Union soviétique », la plus haute distinction de l'Armée rouge, est décerné à plus de 150 soldats juifs".

Parmi ces soldats ou officiers juifs de l'Armée rouge où l'antisémitisme était encore prégnant -, certains dont l'officier Alexandre Petchersky ont participé à la révolte le 14 octobre 1943 du camp de Sobibor où 250 000 Juifs furent tués - plus de 300 déportés s'évadent du camp "en tuant 11 nazis et plusieurs gardiens ukrainiens" ; 47 survivent à l'évasion -, d'autres ont découvert le camp d'Auschwitz en 1945. Beaucoup ont pris conscience de la Shoah - populations juives entières d'agglomérations assassinées par les Nazis et leurs complices - avec la progression de l'Armée rouge vers l'Ouest. 

En 1946, un an après la fin de la Deuxième Guerre mondiale, cette armée auréolée de sa victoire sur le IIIe Reich, conserve en Occident son surnom d'"Armée rouge", mais elle est dénommée en Union soviétique "Armée soviétique" (Советская армия, Sovetskaïa armia). Une dénomination qui disparaitra avec la fin de l'Union des républiques socialistes soviétiques (URSS) en décembre 1991.

A l’occasion des 75 ans de la Grande Victoire de 1945, le Centre de Russie pour la science et la culture (CRSC) a proposé l’exposition documentaire interactive « Le chemin vers la Victoire : les Juifs soviétiques pendant la Seconde Guerre mondiale », inaugurée par l’Agence fédérale Rossotroudnitchestvo et la Fondation « Blavatnik Archive » (les Etats-Unis) au CRSC à Paris le 29 janvier 2020. Près de 2000 personnes ont visité l’exposition en un mois : vétérans, historiens, étudiants, représentants de la communauté juive et des milieux créatifs et scientifiques, compatriotes vivant en France, touristes russes et étrangers.

"Présentée en anglais, en français et en russe, l’exposition présente les résultats des quinze années de travail de la Fondation, dont les collaborateurs ont collecté plus de 1200 vidéos de témoignages et les documents d’archives personnelles d’anciens soldats juifs de l’Armée rouge vivant aujourd’hui dans 11 pays du monde. Il s’agit des récits racontés à la première personne, pleins d’émotions, de la vérité passionnante sur la guerre, les batailles et l’héroïsme, l’adversité et la vie militaire, le sort des proches qui ont été victimes de la Shoah, de la haine et de l’amour, et bien sûr de la Victoire tant attendue. Aujourd’hui, quand les faits historiques sont largement controversés, cette exposition reflète indéniablement la réalité."

« L'Armée rouge »
Arte diffusera à partir du 14 septembre 2021 « L'Armée rouge » (Die Rote Armee), série documentaire en deux parties – « La grande guerre patriotique » puis « La guerre froide » - de Michaël Prazan. « Les grandes étapes de l'histoire de l'Armée rouge dans une fresque documentaire passionnante. »

« Créée par Trotski en 1918, tissée de répressions et de désastres militaires, mais aussi de victoires décisives, l'histoire de l’Armée rouge épouse celle de l'URSS ». 

« Statufiée pour avoir vaincu le nazisme, elle n'a jamais retrouvé sa puissance d'alors. Balayant près d’un siècle d’une histoire émaillée de défaites militaires, d’exécutions sommaires, de purges et de maltraitance des troupes, ce documentaire en deux parties déconstruit dans un récit épique, nourri d’extraits de lettres et de journaux intimes de hauts gradés et d’anonymes, le mythe savamment entretenu d’une armée auréolée de gloire. » 

« Composé par Alexandre Aleksandrov, le fondateur des Chœurs de l’Armée rouge, l’hymne de l’Union soviétique adopté par Staline en 1944 continue sous Poutine de galvaniser les Russes ». 

« Mais l’Armée rouge, statufiée pour avoir vaincu le nazisme, n'a jamais retrouvé sa puissance d'alors ». 

« Pour expliquer l’attachement civil à l’Armée rouge, qui porte le nom d’un régime disparu depuis 25 ans, il faut revenir en arrière et éclairer la manière dont elle est devenue un référent commun, motif de fierté tout autant qu’instrument de répression. Ce documentaire tout en archive raconte une histoire centenaire. Sans rien sacrifier à la rigueur historique, il prend la forme d’une épopée, portée par les voix des soldats, récits intimes au cœur de la grande marche de l'Histoire russe ».

« Balayant près d’un siècle d’une histoire émaillée de défaites militaires, d’exécutions sommaires, de purges et de maltraitance des troupes, Michaël Prazan (La passeuse des Aubrais, 1942) déconstruit dans un récit épique, nourri d’extraits de lettres et de journaux intimes de hauts gradés et d’anonymes, le mythe savamment entretenu d’une armée auréolée de gloire. »

« Michaël Prazan restitue les grandes étapes » de l’histoire de l’Armée rouge « dans cette fresque dense pour déconstruire un mythe insubmersible ».

Manque l'évocation des Chœurs de l'Armée rouge et de l'aura, notamment en France où le Parti communiste était puissant dans l'après-guerre, de l'Armée rouge.

"Disponible en DVD le 24 août, avec, en bonus, le documentaire d’Alexeï Khanyutin DMB 91, au cœur de l’Armée rouge (1991, 1h19mn), qui suit, de 1989 à 1991, le quotidien des appelés dans une URSS en cours de dislocation".  


« Créée par Trotski en 1918, dans un contexte de guerre totale contre une partie de la population russe et des puissances étrangères, l'Armée rouge doit rapidement abandonner ses idéaux égalitaires et démocratiques ». 

« Le rationnement provoque dans les campagnes des mouvements de révolte contre le jeune État communiste ». 

« En 1920, pour mater la rébellion de Tambov, l'ancien officier tsariste Mikhaïl Toukhatchevski, mandaté par Lénine, largue des gaz toxiques sur les villageois ». 

« Deux ans plus tard, l'Armée rouge sort renforcée de sa victoire contre les "blancs", qui met un terme à la guerre civile ». 

« Sa puissance inquiète Staline qui, au début des années 1930, s'arroge progressivement les pleins pouvoirs ». 

« Il fait exécuter Toukhatchevski et purge son état-major lors de la "Grande Terreur" (1937-1938) ». 

« Lorsque l'Allemagne envahit l'URSS en juin 1941, l'Armée rouge, privée de commandement, est exsangue. Mais les grandes batailles, de Moscou à Stalingrad, et une habile propagande vont enflammer le patriotisme de tout un peuple ». 


2e partie : « La guerre froide » (Kalter Krieg)
« Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, Staline veut mettre fin à la gloire de l'Armée rouge. Dans le contexte de la guerre froide, il lui assigne une mission de maintien de l'ordre... »

« À l'été 1945, 9 millions de soldats soviétiques rentrent au pays. Beaucoup sont accusés de trahison et envoyés dans les camps du Goulag. Les autres voient leur solde supprimée. Réduits à la mendicité, ils sont chassés des grandes villes : Staline veut à nouveau mettre fin à la gloire de l'Armée rouge ». 

« Dans le contexte de la guerre froide, il lui assigne une mission de maintien de l'ordre ». 

« En 1953, la mort du dictateur rebat les cartes. Khrouchtchev, qui lui succède, rappelle Joukov, tombé en disgrâce, et le nomme ministre de la Défense ».
 
« Pour réhabiliter l'Armée rouge, ils la réorganisent, la modernisent et rétablissent les pensions des vétérans, mais lui assignent une fonction purement répressive ». 

« Les chars soviétiques, soutenus par les forces du pacte de Varsovie, écrasent les révoltes polonaise et hongroise en 1956, puis tchèque en 1968, avant d’aller s’embourber une décennie plus tard en Afghanistan. »



« De sa création en 1918 jusqu'au bourbier afghan, l'Armée rouge a connu de multiples vicissitudes. Dans un documentaire tout en archives, Michaël Prazan revient sur des pans méconnus de son histoire. Entretien. Propos recueillis par Guillemette Hervé. »
 
« Que souhaitiez-vous mettre en lumière dans cette grande fresque documentaire ? 
Michaël Prazan :
Je voulais raconter l'Armée rouge en me positionnant du côté des Soviétiques et sans me limiter à la Seconde Guerre mondiale, la période la plus connue de son histoire. Mon objectif était de montrer sa part de lumière puis sa part d'ombre, avec une première partie courant jusqu'à la victoire de 1945, un moment traumatique dont l'Union soviétique est sortie victorieuse, et un second volet focalisé sur l'après-guerre, un temps de déroute tant politique que militaire. Pour donner une dimension incarnée à ce récit chronologique tout en archives, j'y ai glissé des témoignages de soldats qui éclairent les événements d'une autre manière. 

En quoi cette armée est-elle particulière ? 
Elle l'est en grande partie par le combat acharné qu'elle a mené contre le nazisme. En Europe occidentale, on se souvient évidemment du rôle des armées alliées anglo-américaines, mais leur contribution à la victoire est sans commune mesure avec les sacrifices consentis par les Soviétiques. Il y a un déficit de mémoire à l'égard de ces hommes qui ont changé la face du monde et auxquels je souhaitais rendre hommage. 

Dans quel contexte l'Armée rouge a-t-elle été créée ?
Quand l'"Armée rouge des ouvriers et des paysans" est mise sur pied par Trotski, l'idée est d'en faire une armée démocratique, formée de citoyens volontaires. Mais on se rend rapidement compte que cela ne fonctionne pas. La conscription devient obligatoire, l'élection démocratique des généraux est abandonnée et, surtout, l’armée se mue en organe de surveillance. Dès la guerre civile qui oppose le jeune État communiste aux Russes blancs, les fermes sont pillées pour alimenter les troupes. Pour mater les révoltes paysannes qui se multiplient, Lénine fait appel à un ancien officier tsariste, Toukhatchevski. C'est lui qui va en faire l'une des meilleures armées au monde. 

En quoi l'année 1945 marque-t-elle un tournant ? 
Une césure très claire s’opère à la fin de la "grande guerre patriotique", qui oppose l'URSS à l'Allemagne nazie, entre 1941 et 1945. Après la victoire, arrachée de haute lutte et au prix de pertes humaines colossales, on assiste dans le contexte de la guerre froide à une lente déliquescence de l'Union soviétique, marquée par les opérations de maintien de l'ordre dans les pays satellites et par la guerre en Afghanistan. Pendant cette période, seule la conquête spatiale, avec l'exploit de Youri Gagarine, va permettre à l'Armée rouge de redorer son blason.

Votre documentaire débute avec l'hommage national rendu aux membres des Chœurs de l'Armée rouge disparus en 2016 dans un accident d'avion. La force du symbole, est-ce tout ce qu'il reste de cette institution ? 
L'image témoigne de la communion de tout un peuple autour de l'Armée rouge, évidemment activée à des fins de propagande. Aujourd'hui, cette armée n'existe plus en tant que telle mais la nostalgie, elle, demeure. »



« L'Armée rouge » de Michaël Prazan
France, 2021
Coproduction : ARTE France, Zadig Productions
La grande guerre patriotique (60 min) : sur Arte les 14 septembre 2021 à 20 h 50 et 1er octobre 2021 à 0 h 30
La guerre froide (59 min) : sur Arte le 14 septembre 2021 à 21 h 50
Disponible du 07/09/2021 au 12/12/2021
Visuels :
Georgy zhukov, commandant de la zone militaire spéciale de Kiev, général d' armée, héros de l' union soviétique, décembre 1940
© AKG-images / Universal Images

Berlin après sa prise par l' Armée rouge le 2 mai 1945. Soldat de l' Armée rouge hissant le drapeau soviétique au-dessus du bâtiment du Reichstag. Drapeau rouge sur le Reichstag, Soviet photographer Yevgeny Khaldei
© AKG-images / Voller Ernst / C

© Vladislav Mikocha - MAMM

Tireuse d' élite volontaire, le sergent-chef Roza Shanina, étudiante de l' Institut de l'industrie du bois d'Archangelsk, a 54 tués à son actif, ce qui lui vaut d' être décorée de l' Ordre de la Gloire des 2e et 3e classes
© AKG-images / UIG / Sovfoto

Défilé militaire sur la Place Rouge en 1940
© Vladislav Mikoсha - MAMM

Formation de l' Armée Rouge (date officielle de la fondation le 23 février 1918). Des volontaires de Petrograd rejoignent l' Armée rouge.
© AKG-images

L' armée rouge au Kremlin le 1er mai 1935
© Gueorgi Petroussov - MAMM

La tireuse d' élite Lioudmila Pavlitchenko en 1941
© Vladislav Mikocha - MAMM

Défilé militaire du 1er mai 1947
© Vladislav Mikoсha - MAMM

Michaël Prazan
©  DR

Affiche de propagande représentant un soldat et une infirmière côte à côte
© RMN

© Vladislav Mikocha - MAMM

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