Bureaucratisation déplorable, réforme des études de médecins désastreuse induisant l'exil d'étudiants brillants vers des facultés d'Etats européens tels la Belgique ou l'Espagne, déserts médicaux, médecins agressés, féminisation croissante de médecins aspirant souvent au salariat, recours à l'immigration pour pallier le nombre insuffisant de médecins de plus en plus âgés... A l'image de tout un pays et de ses services publics - Education nationale, institution judiciaire -, la médecine en France s'est dégradée profondément et gravement depuis plusieurs décennies. Arte diffusera le 20 avril 2023 à 18 h 55, dans le cadre d'ARTE Regards, « Déserts médicaux en France ».
Une problématique Fondation Casip-Cojasor
Les médecins Juifs militaires ou dans les Armées
« Journal d'un médecin de ville » de Nicolas Mesdom
Les médecins Juifs militaires ou dans les Armées
Des « pansements intelligents »
« Big Pharma, labos tout-puissants » de Claire Lasko et Luc Hermann
Maurice Cohen, peintre et mathématicien
« Albert Einstein. Portrait d'un rebelle » de Sylvia Strasser et Wolfgang Würker
« A la recherche de la mémoire. Eric Kandel, la passion d'une vie » de Petra Seeger
« Lise Meitner, mère de la bombe atomique » de Wolf von Truchsess et Andreas G. Wagner
« John von Neumann. Prophète du XXIe siècle », par Philippe Calderon
« Six amis en quête de liberté. Destins croisés de Budapest à Manhattan » par Thomas Ammann
La Pénicilline
Nouveaux vols impunis dans des hôpitaux publics français« Big Pharma, labos tout-puissants » de Claire Lasko et Luc Hermann
Maurice Cohen, peintre et mathématicien
« Albert Einstein. Portrait d'un rebelle » de Sylvia Strasser et Wolfgang Würker
« A la recherche de la mémoire. Eric Kandel, la passion d'une vie » de Petra Seeger
« Lise Meitner, mère de la bombe atomique » de Wolf von Truchsess et Andreas G. Wagner
« John von Neumann. Prophète du XXIe siècle », par Philippe Calderon
« Six amis en quête de liberté. Destins croisés de Budapest à Manhattan » par Thomas Ammann
La Pénicilline
Spoliations de Français juifs : l’affaire Krief (version longue)
L’affaire Krief, exemple d’antisémitisme d’Etat (version courte)Krief Affair, an example of French state-backed anti-Semitism
« Journal d'un médecin de ville » de Nicolas Mesdom
« Journal d'un médecin de ville » de Nicolas Mesdom
Maillon essentiel dans le système de santé français, le médecin de famille, de ville ou généraliste est dédaigné par les pouvoirs publics. Un signe récent : dans sa gestion catastrophique de la pandémie de coronavirus début 2020, le gouvernement français du Premier ministre Edouard Philippe a écarté les médecins généralistes de la prise en charge des malades et a, avec l'accord de l'Ordre des médecins, annihilé leur liberté de prescrire certains médicaments. Ce qui a induit l'arrivée, après sélection par le SAMU, de patients à l'état grave dans des services de réanimation engorgés et la mort de médecins manquant de masques début 2020.
Un médecin de famille, si recherché, si rare que des moteurs de recherche tel HapiCare aide à le grand public à en trouver un et à prendre rendez-vous en ligne.
"Selon le Conseil National de l’Ordre des Médecins (CNOM), les effectifs en médecine générale n’ont cessé de reculer depuis 2007, soit une baisse de -10,3 % et cette tendance devra se poursuivre jusqu’en 2020. En 2015, le Cnom a recensé 58 104 médecins généralistes en 2015, contre 64 778 sept ans plus tôt. Le constat est donc sans appel : les généralistes seront de moins en moins nombreux dans certains territoires."
"En 2007, près de la moitié des praticiens exerçaient pour leur propre compte. Ce chiffre est tombé à 44 % aujourd'hui. Beaucoup d’observateurs redoutent ainsi la fin des médecins de famille, bien que de nombreux experts jugent ce discours trop alarmiste."
Les déserts médicaux ne caractérisent pas seulement des territoires ruraux ou les villes moyennes. Même dans certains quartiers bourgeois de grandes villes, dont Paris, il s'avère très difficile, long et fastidieux, de convaincre un médecin généraliste d'accepter un énième patient. Ne parlons même pas de gériatres acceptant d'effectuer des visites à domicile auprès de personnes âgées à la mobilité réduite... Cette pénurie inquiète patients, Ordre des médecins et pouvoirs publics.
Les raisons ? Elles sont multiples : politique catastrophique de numerus clausus réduisant drastiquement durant des décennies le nombre des médecins et induisant l'exil en Belgique ou Roumanie d'étudiants français, insuffisante valorisation des généralistes, féminisation croissante du métier accompagnée de la volonté de mener une vie familiale normale malgré un métier absorbant, perte d’attractivité de la profession libérale et aspirations au salariat, faible attractivité de certaines spécialités, poids de charges sociales, coût du loyer, réglementations croissantes, insécurité - vols, agressions -, disparition de dispensaires, etc.
Les solutions appliquées, parfois avec l'aide de municipalités : réunion de médecins en centres médicaux, multiplication de cabinets pluridisciplinaires associant médecins et kinésithérapeutes ou infirmiers, recrutement de médecins étrangers francophones venant de Roumanie ou d'Afrique du nord, desserrement du numerus clausus (quota des étudiants admis en 2e année de médecine) institué en 1971, notamment dans un but de réduire l'offre, et donc les remboursements par la Sécurité sociale, et "allégé" en 2019...
L'IFRAP (Fondation pour la recherche sur les administrations et les politiques publiques) propose "trois mesures principales afin d’encourager la poursuite ou reprise d’activité des médecins retraités afin de combler la baisse des effectifs jusqu’en 2030. Un moratoire sur les charges administratives supplémentaires : Les démarches administratives sont un point noir de l’exercice médical libéral. L'ensemble des tâches dites « non médicales », qui ne relèvent pas du domaine du soin, représentent 13 heures et 6 minutes par semaine selon une étude citée par le Quotidien du médecin. Le temps de travail hebdomadaire d'un généraliste libéral étant en moyenne de 57 heures, « les tâches non médicales représentent ainsi entre 22 % et 33 % de l'activité des médecins répondants ! »" Autre mesure : "Encourager le cumul emploi retraite chez les médecins avec des cotisations créatrices de droits supplémentaires. Le poids de la fiscalité personnelle des médecins et l’évolution des revenus : Les chiffres publiés par la CARMF pour l’année 2019 concernant les revenus nets des médecins indiquent que les revenus sont en hausse de 0,11 % en euros courants par rapport à 2018, mais en baisse en euros constants de - 1 %. Les généralistes libéraux gagnent environ trois fois le salaire moyen français, selon une enquête de l’OCDE. Les salaires des médecins restent faibles et surtout leur évolution est inférieure aux voisins européens. Il pourrait être intéressant d’encourager fiscalement la poursuite d’activité... En plus de ces trois mesures, l’amélioration de la productivité médicale grâce aux nouvelles technologies et à une meilleure organisation doit être poursuivie : progrès des analyses biologiques et de l’imagerie médicale, dossier médical personnel complet et facile à consulter, moyens de communication et de coopération efficaces entre professionnels de santé, téléconsultations, télé-suivi des malades chroniques, utilisation préventive et curative des données de santé, meilleur partage des taches avec les autres professions médicales."
Du numerus clausus au numerus apertus
"Les années 1960 voient le nombre de bacheliers augmenter considérablement et il en va de même pour les étudiants en médecine : ils passent de 35 000 en 1963 à près de 70 000 en 1968[1] ! Ce sont donc les médecins eux-mêmes qui ont initialement réclamé un numerus clausus pour limiter la concurrence. C’est chose faite en 1971 avec la loi Faure qui donne le droit au ministre de la Santé de fixer des quotas d’étudiants admis en deuxième année de médecine. Or, ce quota très rigide (à la place près) a été continuellement baissé par les gouvernements successifs, atteignant un niveau historiquement bas en 1994 avec 3500 places (sachant qu’il est estimé que 10% des étudiants acceptés ne finissent pas leurs études)", a écrit la Fondation IFRAP (19 juillet 2022).
Et l'IFRAP de poursuivre : "Les effectifs de médecins en activité stagnent depuis une quinzaine d’années mais la densité médicale est en baisse en raison de l’augmentation de la population nationale, et la Drees alertait en mars 2021 sur le prolongement de cette situation jusqu’en 2030. Cette stagnation des médecins en activité depuis le début du siècle s’explique notamment comme la conséquence directe des très faibles quotas de numerus clausus accordés tout au long des années 90 jusqu’à la moitié des années 2000. Une situation rendue plus problématique par la baisse de la durée annuelle de travail des nouvelles générations de médecins, hommes et femmes, qui souhaitent un meilleur équilibre entre leur vie personnelle et professionnelle. De manière générale, la France connaît en effet d’importants écarts en densité médicale entre zones urbaine et rurale: 4,5 médecins pour 1000 habitants en zone urbaine contre 1,4 en zone rurale en 2015... Par ailleurs, l’on observe un vieillissement des médecins en activité : en 2007 les médecins en activité de 60 ans ou plus correspondaient à 13% de la population médicale, contre 35,5% en 2017. Et si le nombre de médecins inscrits au tableau de l’Ordre national des médecins a atteint un record de 312 172 en 2021, seuls 70% sont en activité régulière, 80 000 étant retraités et/ou non actifs. Cette réforme représente un tournant dans la déclinaison de la politique de santé. Facultés et ARS travaillant ensemble et fixant les objectifs selon les réalités du terrain, proposer plus de places dans les territoires sous-dotés permettra de lutter contre les déserts médicaux, près de 75% des médecins généralistes s’installant ensuite dans la région où ils ont soutenu leur thèse".
Le numerus clausus a été remplacé dès la rentrée 2021 par le numerus apertus, qui peut varier à la hausse.
"Depuis 2010, la première année commune des études de santé (Paces pour les intimes) regroupe tous les étudiants espérant devenir médecin, sage-femme, dentiste ou pharmacien. En 2017, début du mandat d’Emmanuel Macron, 13.472 étudiants étaient admis en deuxième année – dont 8.124 en médecine – pour 60.000 étudiants inscrits au concours. On est passé à 14.620 places (toutes filières confondues) en 2019, puis 14.800 en 2020. « En octobre 2021, 16.600 étudiants ont commencé leur deuxième année dans les quatre filières de santé, nous précise le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation. Si on compte également ceux qui ont rejoint cette formation par des passerelles, on atteint 17.284 places. » A cette rentrée 2021, 11.180 d’entre eux deviendront médecins, contre 9.300 l’année dernière." (20 minutes, 19 novembre 2021)
"On passe d’un quota national admis en deuxième année à un objectif sur le long terme (via des plans quinquennaux) et défini par le terrain. Une conférence nationale a en effet évalué les besoins pour les cinq prochaines années : « en moyenne, d’ici à 2027, il faudrait former 20 % d’étudiants en plus en médecine, 14 % en odontologie, 8 % en pharmacie et 2 à 4 % en maïeutique », précise le ministère. Mais ce n’est qu’une moyenne qu’il faudra décliner en fonction des besoins locaux. « Avec cette réforme, c’est le territoire qui est maître d’œuvre sur la déclinaison de la politique de santé, reprend l’entourage de la ministre, Frédérique Vidal. Un travail de terrain a été mené par les Agences régionales de santé (ARS) pour ces quatre filières de santé, sous l’égide du ministère de la Santé, pour définir les besoins en fonction des installations de soignants, des départs à la retraite, de la dynamique démographique. Ce n’est pas simplement une photo à un temps T, mais une prospective sur cinq ans des besoins, afin que la démographie médicale soit plus adaptée aux besoins de santé. » Ces chiffres sont ensuite croisés avec les capacités de formation des universités et des centres hospitaliers universitaires (CHU), en concertation avec les représentants des étudiants, pour accoucher d’objectifs régionaux. A l’université de Caen Normandie, par exemple, « les capacités d’accueil sont passées de 369 places en 2020-2021 à 436 pour cette rentrée », confirme Hélène Bouraïma-Lelong, vice-présidente de la Commission Formation Vie Universitaire. Soit une augmentation de 20 %."
"Cela suffira-t-il pour répondre au problème des déserts médicaux ? « C’est un pas en avant, amorcé dès 2010, mais qui s’est bien accéléré ces dernières années, reconnaît Nicolas Lunel. Il n’empêche qu’un étudiant qui passe en 2e année de médecine n’exercera que dans dix ans. On est dans le creux de la vague pour encore quelques années… » Surtout, « l’augmentation du numerus, c’est une bonne idée, mais ça doit être fait intelligemment et financé », reprend Nicolas Lunel. « Il faut mettre plus de moyens, notamment en rénovant des universités souvent dans un état bancal, plaide Nicolas Lunel. Nous manquons de mannequins, d’équipements numériques pour faire des simulations. » Le ministère de l’Enseignement supérieur assure pourtant que 6 millions d’euros ont été donnés aux CHU en décembre 2020, et 10 millions sont prévus pour 2021 afin d’acheter du matériel de simulation. De même, 50 postes académiques supplémentaires sont annoncés par an pendant cinq ans."
"Mais les problèmes surviennent surtout au moment des stages, qui commencent dès la 2e année de médecine. Quand un médecin doit soudainement former 10 externes au lieu de 5, on imagine bien que la qualité et le suivi peuvent se détériorer. « Le gouvernement a augmenté le nombre de nos encadrants, admet Nicolas Lunel. Mais quand on regarde la courbe des étudiants et celle des encadrants, l’écart continue à se creuser. Si on forme mal un médecin, il va mal exercer. Qui trinque ? Les patients. » L’ambition gouvernementale est de pouvoir envoyer les futurs médecins se former non seulement dans les CHU, mais aussi chez des généralistes, en maison de santé, dans de petits hôpitaux… et dans des déserts médicaux. Là où certains pourraient décider de s’installer à la fin de leur formation. « Il ne s’agit pas de brader la formation, mais de diversifier les lieux des stages », insiste le ministère de l’Enseignement supérieur. « L’ouverture des stages en périphérie permet de désencombrer les CHU et de découvrir d’autres pratiques, salue Nicolas Lunel. Le problème, c’est qu’un externe qui touche 200 à 300 euros net par mois va avoir du mal à payer deux loyers quand il fait un mois de stage loin de chez lui. » Voilà pourquoi l’ANEMF propose de créer des hébergements collectifs avec des loyers limités à 200 euros par mois. Et son président d’appuyer : « Ce serait l’occasion d’échanger entre externes, internes, étudiants en soins infirmiers, sages-femmes… »
Selon l'IFRAP, "si ces objectifs sont prometteurs, les effets de cette réforme ne se feront pas sentir avant au plus tôt 2030, date équivalente à la fin des études de la première promotion sans numerus clausus. Si après 2035, les projections d’effectifs et de densité de médecins repartent largement à la hausse, ces données vont continuer à baisser d’ici cette échéance. Cela notamment en raison de la stagnation des effectifs de médecins, des nombreux départs à la retraite et d’une population générale également vieillissante en besoin accru de soins".
"Jusqu’en 2020, le numerus clausus décidé par le gouvernement fixait précisément le nombre d’étudiants qui allaient être acceptés en deuxième année d’études de santé parmi les quatre filières suivantes : médecine, maïeutique, odontologie, pharmacie et kinésithérapie (MMOPK). Ainsi, sur 55.252 étudiants en ce qui était alors la première année commune aux études de santé (PACES) en 2019-2020, seuls 14 238 accédèrent à la deuxième année. Or, si le nombre de places en deuxième année d’études va effectivement augmenter, il n’en reste pas moins que le gouvernement fixe un objectif chiffré d’étudiants nommé numerus apertus et que les universités sont limitées dans leur capacité d’accueil : en somme, une sélection importante persiste à la fin de la première année. Celle-ci se base sur un classement faisant suite à un concours, le nombre d’admis dépendant du nombre de places disponibles. Ainsi, en raison de ce concours (faisant déjà suite à une première année aussi exigeante qu’éprouvante), le taux d’admission en deuxième année se maintient autour de 20%. C’est en grande partie à cause de cette stricte sélection que le nombre de médecins diplômés à l’étranger s’installant en France ne cesse d’augmenter, à hauteur de 90% en dix ans, alors que nous refoulons près de 80% de nos candidats en études de médecine. 13 étudiants à l’Université Paris Cité (ex- Université de Paris) ont saisi le Conseil d’Etat en 2021 après s’être vu refusé l’accès en deuxième année malgré de très bons résultats à l’examen écrit en raison d’un oral injustement pondéré, à 70% contre 15 à 50% dans les autres Universités. Certains auraient perdu jusqu’à 400 places au classement final. Ce feuilleton, qui s’est terminé devant le Tribunal administratif de Paris, symbolise toutes les difficultés qui perdurent autour de la sélection des étudiants de médecine, en dépit de la suppression du numerus clausus en 2019."
Epreuve orale aberrante
La récente réforme des études de médecine se traduit en 2021, pour passer en deuxième année, par l'hécatombe d'excellents étudiants ayant réussi brillamment les épreuves écrites, et se trouvant recalés par un jury d'épreuves orales improvisées de dix minutes, "comptant pour 70% du résultat final", de nature différente selon les facultés, "avec des sujets pour le moins décalés : la situation de la Grande Barrière de corail, par exemple".
"Un oral de dix minutes sur un sujet qui n'a rien à voir avec la médecine, censé évaluer les capacités oratoires du candidat, sa personnalité et son empathie. Un oral auquel les étudiants jugent avoir été à peine préparés et qui pourtant, côté coefficient, valait à Tours autant que l'écrit. Patrice Diot est le président de la faculté de médecine de Tours et président des doyens de médecine. Selon lui, les étudiants n'étaient pas jugés sur leurs connaissances sur la barrière de corail. "On n'attend pas d'un étudiant de connaître la problématique de la barrière de corail, assure-t-il. On attend de lui qu'il manifeste un intérêt pour l'état du monde dans lequel on vit et dans lequel on va vivre, d'être capable de prendre des positions, d'argumenter, mais pas de connaître le fond. Ce n'était pas du tout cela."
"Le but de la réforme, de ces nouvelles études, est justement d'élargir, de diversifier les profils des futurs médecins. "On nous reprochait de ne pas prendre en compte les compétences et les qualités humaines dans l'évaluation et dans l'entrée dans les études de santé, poursuit-il. C'est vraiment cela, la motivation de la réforme de l'entrée dans les études de santé. Il était donc assez naturel de donner la possibilité aux étudiants d'exprimer leurs qualités au travers d'oraux et entretiens." Une forme de discrimination positive déguisée ?
"Le ministère de l'Enseignement supérieur vient tout juste d'ouvrir des places supplémentaires en deuxième année de médecine dans une quinzaine d'universités. Certains recalés de Tours pourraient donc finalement être admis".
"Le ministère de l’Enseignement supérieur assure au Figaro Etudiant, la plus-value de ces oraux qui ont «pour objectif d’évaluer par d’autres moyens que l’écrit et les QCM (Questionnaire à choix multiple), les capacités d’un étudiant à exercer un métier en santé». Il rappelle que l’ensemble de la communauté universitaire, élèves y compris, ont participé à l’élaboration des textes concernant cette nouvelle épreuve. Puis, en réaction aux témoignages d’Elyes, Esther et Elsa [étudiantes ayant témoigné auprès du journal, Ndlr], sur les différences entre les facultés, il objecte: « L’essentiel est bien qu’une même cohorte d’étudiants ait des modalités de sélection identiques. » Et de souligner : « La sélection PACES (Première année commune aux études de santé) avait d’ailleurs des modalités différentes d’une université à l’autre. »
Réforme de la première année
"Depuis la rentrée 2020, finie la Paces (première année commune des études de santé). Désormais, les bacheliers choisissent entre deux voies: le Pass (parcours d’accès spécifique santé) ou la LAS (licence accès santé). Le Pass consiste en une majorité de cours relatifs à la santé, avec quelques leçons d’une autre discipline à définir parmi une cinquantaine de possibilités dont la musique, le droit ou la psychologie. À l’inverse, en LAS, la plupart des heures sont consacrées à une matière sans rapport avec la santé, au choix dans le panel de licences, et seule la mineure enseigne les mystères du corps humain. L’objectif de cette réforme: ouvrir les études de santé à des profils moins scientifiques et faciliter la réorientation en cas d’échec. Auparavant, à l’issue de deux ans de Paces, l’ancien système n’offrait qu’une réorientation en biologie. Désormais, en cas d’échec après un Pass et une LAS, les étudiants peuvent poursuivre leur cursus dans le domaine qu’ils avaient sélectionné en parallèle…"
"En déplacement en Aveyron ce 7 avril 2023, la Première ministre Elisabeth Borne a dévoilé des mesures pour lutter contre les déserts médicaux. Plusieurs visent à faciliter l'installation des jeunes soignants partout sur le territoire. Les ARS auront de plus grandes marges de manœuvres, afin de favoriser les initiatives locales."
"Au lendemain de la 11e journée de mobilisation contre la réforme des retraites et alors que des propos tenus au Monde semblaient montrer des divergences avec Emmanuel Macron, Elisabeth Borne a tenté de prendre de la distance avec cette actualité pour se consacrer au domaine de la santé. Il s'agit d'"une des préoccupations majeures des Français", a-t-elle ainsi rappelé lors d'un point de presse depuis l'Aveyron où elle a effectué une visite dans une maison de santé rurale aux côtés du ministre de la Santé François Braun et de la ministre déléguée chargée de l’Organisation territoriale et des professions de santé, Agnès Firmin Le Bodo."
"À cette occasion, la Première ministre a annoncé la mise en place prochaine de solutions d’accompagnement des jeunes soignants afin de faciliter leur installation partout sur le territoire. "Ça suppose de pouvoir répondre à leurs préoccupations en matière de logement, en matière de mobilité, de sécurité", a-t-elle déclaré. Un accès à des places en crèche, à un logement ou à des solutions de déplacement pourrait être proposé, selon l'entourage d'Elisabeth Borne."
"Des mesures concrètes devraient être élaborées avec les associations d'élus, notamment les élus locaux. Ceux-ci vont être reçus à cette fin dès la semaine prochaine, selon Matignon, dans le cadre des consultations de la Première ministre pour bâtir un nouveau programme de gouvernement et un nouvel agenda législatif, comme demandé par le président de la République."
"Afin de lutter contre l'inégal accès aux soins vécu dans certaines régions, notamment rurales, un décret donnant de plus grandes marges de manœuvres aux agences régionales de santé "pour adapter les règles à la réalité des territoires" sera par ailleurs publié ce samedi 8 avril. "Avec le président de la République, on est convaincus que c'est en laissant place à des initiatives locales, en permettant aux acteurs dans chaque territoire de construire des solutions adaptées aux territoires qu'on pourra répondre à cette préoccupation des Français en termes de santé", a insisté Elisabeth Borne."
« Déserts médicaux en France »
La série télévisée « ARTE Regards - Des histoires d’Européens », c’est « l’Europe dans sa diversité en reportages quotidiens : une plongée dans des réalités inédites, du lundi au vendredi à 13 heures et à tout moment sur le Net. »
Arte diffusera le 20 avril 2023 à 18 h 55, dans le cadre d'ARTE Regards, « Déserts médicaux en France ».
« Aujourd’hui, des millions de Français renoncent à leur droit à l’accès aux soins faute de moyens et de personnels de santé disponibles. Quelles sont les conséquences de ces choix politiques engagés depuis plus de 20 ans qui creusent l’écart entre la médecine des villes et celle des campagnes ? »
« En France, l’accès à la santé est, en théorie, un droit fondamental. Mais ce droit est aujourd’hui remis en cause sur l’ensemble du territoire. Petit à petit, le pays se transforme en désert médical. Plus de 6 millions de français n’ont pas de médecin traitant. »
« Aujourd’hui, la France fait face à un double défi : un manque criant de médecins alors que les besoins sont toujours plus importants et une désaffection pour les études de médecine. »
« Si les grandes villes n’échappent pas à la règle, la situation est particulièrement préoccupante dans les zones rurales reculées, comme la Haute vallée de l’Aude. La région est l’une des plus pauvres de France. Son enclavement, son manque d’attractivité et le fort taux de chômage ont scellé son sort : aucun nouveau médecin ne souhaite s’y installer. Ceux qui partent à la retraite ne sont pas remplacés. Ceux qui restent sont en souffrance, débordés, épuisés et incapable de répondre à la forte demande ».
« Mais les premières victimes sont les habitants de la Haute vallée de l’Aude qui doivent patienter des mois pour obtenir un rendez-vous, ou parcourir de nombreux kilomètres pour aller se soigner dans une autre région. Une situation intolérable qui pénalise les populations les plus vulnérables. Faute d’alternative, certains malades n’ont d’autre choix que de se rendre aux urgences de Carcassonne, à 50 kilomètres. Un manque de médecin généraliste qui provoque donc un encombrement des hôpitaux publics déjà au bord de la rupture. Une situation prévisible et dénoncée depuis des décennies par les professionnels de la santé. L’illustration d’un énorme échec des politiques publiques. »
« La télémédecine pour pallier le manque de médecins ? »
Arte diffuse, sur son site Internet, dans le cadre d’ARTE Regards, « La télémédecine pour pallier le manque de médecins ? »
« Des hôpitaux et des services d’urgences surchargés, un personnel soignant débordé : le système de santé est au bord de la rupture. La télémédecine peut remédier à cette situation. »
« À Marburg, le docteur Birgit Plöger coordonne les équipes de secours par téléphone. »
« En France, la commune rurale du Favril a installé une cabine médicale connectée permettant de consulter à distance un médecin généraliste. »
Une solution limitée : toutes les personnes âgées n'ont pas d'ordinateurs ou de téléphones portables, ou ont besoin d'aide pour effectuer les manipulations préludant à la téléconsultation. De plus, certaines zones rurales ont de faibles connexions à Internet. En outre, la téléconsultation s'avère compliquée quand il s'agit de montrer à un écran des feuilles de résultats d'examens ou pour une prise de tension.
« Journal d'un médecin de ville »
« Pour le troisième été consécutif, ARTE ausculte les mutations de nos sociétés au travers d’une collection documentaire diffusée chaque mercredi, en deuxième et troisième parties de soirée, du 16 juin au 25 août » 2021. En cet été 2021 où nos vies sont bouleversées depuis plus d’un an par la crise du COVID-19, ARTE prend le temps de se pencher sur des histoires singulières qui racontent les mutations profondes en jeu dans nos sociétés contemporaines en proposant une collection de 17 documentaires de société. Des films humains qui regardent leurs personnages avec respect et tendresse ».
Arte diffusera le 25 août 2021, dans le cadre de « La vie en face 2021 », « Journal d'un médecin de ville » (Der Hausarzt) de Nicolas Mesdom. « Après plus de trois décennies d’exercice en région parisienne, un médecin généraliste s’apprête à prendre sa retraite. Le tableau éclairant d’une société fragilisée et d’un système de santé défaillant ».
« À quelques mois de la retraite, un médecin généraliste se prépare à laisser ses patients à son jeune successeur. Jamais la réalité du désert médical n'a été plus palpable que dans ces derniers mois de consultations où Jean-Paul et ses associés affrontent les carences d'une médecine de ville devenue le parent pauvre du système de santé français. »
« Il connaît par cœur tous ses patients. Il a vu grandir leurs enfants, suit parfois aussi leurs petits-enfants. Au fil des ans, le docteur Mesdom a aidé chacun à traverser les épreuves de la vie, à affronter les maladies saisonnières ou chroniques, les accidents en tous genres et les rappels de vaccins ».
« Installé en région parisienne, il partage un cabinet avec deux confrères. Régulièrement présent à leurs côtés depuis quatorze mois, Thomas, qui achève sa thèse, lui succédera à son départ ».
« Mais en attendant ce jour, le médecin de ville ne désarme pas. Les visites à domicile s’enchaînent à bon rythme et le cabinet ne désemplit pas. Auscultant les âmes qui vacillent parfois autant que les corps douloureux, le praticien aspire, lui aussi, au repos ».
« Mais pas simple de quitter cette patientèle avec laquelle se sont noués des liens de respect et souvent d’affection ».
« Le docteur Mesdom sait que les choses seront différentes pour son jeune remplaçant. L’époque où les médecins de ville avaient besoin d’avoir de nombreux patients, pour lesquels ils ne comptaient pas leurs heures, est révolue. Aujourd’hui, ce sont les patients qui, désespérément, cherchent un généraliste ».
« Jamais la réalité du désert médical, même dans les grandes villes, n’a été plus palpable que dans ces derniers mois de consultations où Jean-Paul Mesdom et ses associés affrontent les carences d’une médecine de ville devenue le parent pauvre du système de santé français ».
« Suivi plusieurs mois durant dans l’exercice de sa pratique, le docteur révèle au fil des cas qui se succèdent la dureté du monde du travail, les dysfonctionnements de l'hôpital, les déboires des plus âgés face au tout numérique mis en place par l’assurance santé ».
« Le tableau éclairant d’une société fragilisée, où la proximité et le suivi d’un généraliste se révèlent des richesses à préserver, coûte que coûte. »
« Le réalisateur Nicolas Mesdom a immortalisé les derniers mois de consultation de son père, généraliste, dans une chronique documentaire douce-amère. Entretien avec Guillemette Hervé.
Vous avez suivi votre père à quelques mois de son départ à la retraite. Comment est née l’idée ?
Nicolas Mesdom : Certainement des nombreux récits que j'entends à table depuis l'enfance. Curieux de découvrir ce qui faisait son quotidien professionnel, cela faisait longtemps que j’imaginais un film – jamais entrepris, en partie pour des raisons de pudeur. Un an avant qu'il prenne sa retraite, je me suis retrouvé au pied du mur. C’était maintenant ou jamais. Connaissant l’engagement de mon père auprès de sa patientèle, je tenais à en laisser une trace. Je lui ai donc proposé de but en blanc de l’accompagner sur ses sept derniers mois d'exercice.
Vous vous êtes donc immergé dans l'intimité de sa relation avec ses patients...
Il m'a suffi d'une journée de repérage pour réaliser qu'il se passait quelque chose d'extrêmement fort dans son cabinet : ce rapport intime entre un patient et son médecin raconte aussi en creux notre société. Je savais mon père très attaché à ses patients mais je n'avais pas pris la mesure de la puissance de ce lien, d'autant que la place qu'il occupe est aussi celle d'une figure paternelle symbolique : pour certains, le médecin de ville est un référent dans la famille. Si la plupart d’entre eux ont accepté d'être filmés – à notre grande surprise –, c'est certainement grâce à ce rapport de confiance.
Pourquoi une telle sobriété dans la forme de votre documentaire ?
Pour entrer de plain-pied dans ce rapport, justement : ce qui se joue dans son cabinet est suffisamment intense et poignant pour se passer de commentaire. Dans le respect de la modestie qui anime mon père, je devais rendre la complexité et la richesse des situations, en m’efforçant de trouver la juste place, ni effacée, ni intrusive : écouter, s’efforcer de comprendre et suspendre toute forme de jugement. Au fil des sept mois de tournage et d’une relation de confiance qui s’est tissée peu à peu, les patients ont fini par se livrer sans fard, d’autant qu’ils avaient la mainmise sur ce qui serait montré d'eux à l'écran.
Votre père semble investi d'une mission. Comment avez-vous vécu cet engagement ?
Quand j'étais enfant, il rentrait parfois très tard le soir, épuisé et incroyablement tendu : j'ai pu mesurer à quel point il était préoccupé par son travail. Aussi loin que je me souvienne, son engagement m’a toujours rendu admiratif. Il m’a modelé, je crois. J’en suis fier et je partage ses positions, que met en lumière le documentaire. Mon père éprouve de l'amertume face à l'évolution de la médecine – le démantèlement des structures publiques d'accès aux soins, les cabinets engorgés, l'accélération inquiétante de l'exercice... Pour cette génération de praticiens, le métier est très sérieusement menacé. Cette médecine de proximité – l'engagement d'une vie – disparaît progressivement. »
France, 2022, 33 min
Sur Arte les 20 avril 2023 à 18 h 55, 21 avril 2023 à 3 h 50
Sur arte.tv du 19/04/2023 au 19/05/2023
« La télémédecine pour pallier le manque de médecins ? »
Allemagne, 2022, 33 min
Disponible du 15/03/2023 au 13/03/2024
France, 2021, 57 min
Production : Camera Lucida, Les Films du Bal, en association avec ARTE France
Sur Arte le 25 août 2021 à 23 h 05
Disponible du 04/06/2021 au 19/08/2022
L' intimité d' un cabinet médical d' un médecin de ville Jean-Paul à Romainville
© Camera lucida-Les Films du Bal
Articles sur ce blog concernant :
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire