jeudi 8 juillet 2021

Edgar Morin, sociologue

Né en 1921 dans une famille juive originaire de Salonique, Edgar Morin est un sociologue français. Pacifiste, libertaire, anti-fasciste, il a été membre du Parti communiste de 1941 à 1951 et a résisté durant l'Occupation. Il a tenu des propos anti-israéliens. Arte diffusera le 8 juillet 2021 à 23 h 55 « Edgar Morin, journal d'une vie » de Jean-Michel Djian. À voir également sur Arte.tv le 17 juillet 2021 : "Se souvenir de l’avenir. Autour d’Edgar Morin". "Une lecture-spectacle de Nicolas Truong et Edgar Morin dans la cour d’honneur du Palais des papes d’Avignon", réalisée par Stéphane Pinot, avec Edgar Morin, Christiane Taubira et Judith Chemla. 

« Lettre d’une inconnue », de Max Ophüls
Raymond Aron (1905-1983) 
« ENS : L'école de l’engagement à Paris » par Antoine de Gaudemar et Mathilde Damoisel
Archives de la vie littéraire sous l'Occupation 

Né en 1921 dans une famille juive originaire de Salonique, Edgar Morin est un sociologue et philosophe français, 
directeur de recherche émérite au CNRS et docteur honoris causa de plusieurs universités étrangères. 

Dans sa bibliographie pluridisciplinaire souvent traduite Le Cinéma ou l'homme imaginaire (Éditions de Minuit, 1956), Les Stars (1957), Autocritique, (Le Seuil, 1959)L'Esprit du temps (1960), L'esprit du temps. Essai sur la culture de masse (1962)Mai 68, La Brèche (avec Claude Lefort et Cornelius Castoriadis) édité par Fayard (1968), Journal de Californie (Le Seuil, 1970), De la nature de l’URSS (1983), Les Fratricides : Yougoslavie-Bosnie (1991-1995) publié par Arléa (1995), Pour une politique de civilisation (Arléa, 2002), La Méthode en six volumes (Le Seuil, 2008), Le Monde moderne et la question juive (Le Seuil, 2006 ; réédition, Le Seuil, 2012). 

En 1989, est publié "Vidal et les siens" d'Edgar Morin avec Véronique Grappe-Nahoum et Haïm Vidal Séphiha (Le Seuil). "Avec Vidal Nahoum mourut en 1984 l’un des survivants du monde englouti de la Salonique séfarade où il était né en 1894. Son grand-père venait de Toscane et parlait italien, sa langue maternelle était l’espagnol du XVe siècle, mais, tout jeune, il sut s’exprimer en français et en allemand. Naïf et malin, animé d’un optimisme et d’une gaieté sans faille, d’un sens de la famille quasi religieux et d’un goût inépuisable pour la nourriture, il traversa les guerres balkaniques, l’écroulement de l’Empire ottoman et les deux guerres mondiales. À partir de documents historiques et personnels, Edgar Morin, son fils, restitue ici son histoire irremplaçable, celle des hommes et femmes de sa famille, celle d’un XXe siècle marqué par la complexité des relations entre l’Orient et l’Occident."

Dans La Rumeur d'Orléans
 (1969), Edgar Morin et son équipe analysent une rumeur antisémite dans une ville de province française. "Une rumeur étrange (la disparition de jeunes filles dans les salons d'essayage de commerçants juifs) s'est répandue, sans qu'il y ait la moindre disparition, dans la ville dont le nom symbolise la mesure et l'équilibre : Orléans. Edgar Morin et une équipe de chercheurs ont mené l'enquête sur place. Pourquoi Orléans ? Pourquoi des Juifs ? Pourquoi et comment se propage une rumeur ? Cette rumeur véhicule-t-elle un mythe ? Quel est ce mythe et que nous dit-il sur notre culture et sur nous-mêmes ? Des questions se posent : un antisémitisme jusqu'alors latent s'est-il à nouveau éveillé ? N'y a-t-il pas, dans nos cités modernes, un nouveau Moyen Age qui ne demande qu'à surgir à tout moment ?"

Pacifiste, libertaire, anti-fasciste, Edgar Morin a été membre du Parti communiste de 1941 à 1951 et a résisté durant l'Occupation. 

En 1960, Edgar Morin et Jean Rouch réalisent "Chronique d'un été", qui a contribué au cinéma-vérité. Intéressés par l'idée du bonheur, ils suivent des jeunes alors inconnus et de tous horizons - étudiants, ouvriers, etc. - durant l'été 1960 : Marceline Loridan-Ivens, Régis Debray, Marilù Parolini... 

En 1963, Edgar Morin et le réalisateur Henri Calef coécrivent le scénario de L'Heure de la vérité. "
Un ancien officier SS, Hans Wernert, a pris l'identité d'un juif allemand liquidé, Jonathan Strauss, et a trouvé refuge en Israël où il s'est intégré dans la vie quotidienne. Mais survient un jeune étudiant américain qui enquête sur le camp dont l'imposteur serait le seul survivant..." Le tournage se déroule en Israël, avec Karlheinz Böhm, Daniel Gélin et Corinne Marchand. Des dissensions surgissent entre Henri Calef et Edgar Morin qui apparait au générique sous le pseudonyme de Beressi, nom de jeune fille de sa mère. Le film n'est pas distribué en France car les producteurs font faillite.

En 1946, il se marie avec la philosophe Violette Chapellaubeau. Le couple a deux filles, Irène Nahoum et Véronique, anthropologue. En 1970, Edgar Morin épouse Johanne Harelle. En 1982, il épouse Edwige Lannegrace. Veuf en 2008, il se remarie en 2012 avec la sociologue Sabah Abouessalam. Tous deux sont les auteurs du livre "L'homme est faible devant la femme" (Presses de la Renaissance, 2013), et "Changeons de voie - Les leçons du coronavirus" (Denoël, 2020).

Edgar Morin a tenu des propos anti-israéliens durant la deuxième Intifada déclenchée par Yasser Arafat. Le 4 juin 2002, le quotidien Le Monde, la tribune partiale « Israël-Palestine : le cancer » signée par Edgar Morin, Danièle Sallenave et Sami Naïr. Ces derniers écrivirent notamment que « ce cancer israélo-palestinien s'est formé, d'une part, en se nourrissant de l'angoisse historique d'un peuple persécuté par le passé et de son insécurité géographique ; d'autre part, du malheur d'un peuple persécuté dans son présent et privé de droit politique ».

Les auteurs fustigeaient « l'unilatéralisme » de la vision israélienne. « C'est la conscience d'avoir été victime qui permet à Israël de devenir oppresseur du peuple palestinien. Le terme Shoah qui singularise le destin victimaire juif et banalise tous les autres (ceux du Goulag, des Tsiganes, des Arméniens, des Noirs esclavagisés, des Indiens d'Amérique) devient la légitimation d'un colonialisme, d'un apartheid et d'une ghettoïsation pour les Palestiniens ».

France-Israël et Avocats sans frontières poursuivirent judiciairement les auteurs pour « diffamation raciale et apologie des actes de terrorisme ». Relaxés en première instance en 2004, condamnés par la Cour d'appel de Versailles en 2005, les auteurs sont relaxés en 2006 par la Cour de cassation : "Les propos poursuivis, isolés au sein d'un article critiquant la politique menée par le gouvernement d'Israël à l'égard des palestiniens, n'imputent aucun fait précis de nature à porter atteinte à l'honneur ou à la considération de la communauté juive dans son ensemble en raison de son appartenance à une nation ou à une religion, mais sont l'expression d'une opinion qui relève du seul débat d'idées, la cour d'appel a violé les textes susvisés." Une procédure judiciaire d'une rare rapidité.

Abritée par la Fondation de France, la Fondation Edgar Morin "entend contribuer à surmonter les obstacles dus à la compartimentation, voire la disjonction des connaissances sur tous les problèmes importants, lesquels nécessitent la conjonction, l’association et l’intégration de connaissances séparées et dispersées, et cela selon des méthodes et techniques aptes à appréhender la complexité des phénomènes et processus.
La connaissance des complexités se fonde sur une épistémologie, des principes et une méthode qui ont constitué l’apport principal de l’œuvre d’Edgar Morin.
Le défi de la complexité
"Pour une connaissance et une pensée capable d'affronter les complexités du réel"
Edgar Morin

La transmission comme priorité
- faire connaitre la pensée et les travaux d’E. Morin sur les évolutions et les transformations de notre siècle,
- enseigner une méthode apte à répondre aux problèmes posés par les complexités et les incertitudes croissantes,
- aider à la décision et à la stratégie dans un monde de plus en plus interdépendant et globalisé,
- contribuer à la réforme de la connaissance inséparable d’une réforme de l’éducation.
Axes d’interventions :
- la formation d’esprits capables de devenir eux-mêmes les relais de la formation à la pensée complexe
- la diffusion, mise en valeur et transmission de l’œuvre d’Edgar Morin
- l’impulsion et de l’animation de nouveaux travaux."

"Le 2 juillet 2021, pour marquer le 100e anniversaire d’Edgar Morin, l'UNESCO, la Fondation Edgar Morin et la Commission nationale française pour l'UNESCO célèbreront son œuvre et sa pensée au rayonnement international au siège de l’Organisation à Paris, avec qui le philosophe a toujours entretenu des liens étroits.

Le programme de la célébration inclut :
14h30 – 16h30 : Table ronde 1, « La carrière intellectuelle d'Edgar Morin » (en ligne)
16h30 – 18h00 : Table ronde 2, « La pensée complexe et l'éducation à l’esprit critique et constructif » (en ligne)
18h00 – 19h30 : Cérémonie d’hommage (en présentiel dans le respect des mesures sanitaires et en ligne)
Au cours de la cérémonie d’hommage, Edgar Morin donnera une conférence exceptionnelle et les intervenants suivants entre autres, prendront également la parole : Anne Hidalgo, maire de Paris ; Audrey Azoulay, Directrice générale de l'UNESCO ; Véronique Roger-Lacan, Ambassadrice, Déléguée permanente de la France auprès de l'UNESCO et Yves Saint-Geours, Président de la Commission nationale française pour l'UNESCO.

Né à Paris le 8 juillet 1921, Edgar Morin est un éminent sociologue et philosophe français qui s’est engagé dans les événements les plus marquants de notre histoire. Il est internationalement reconnu pour ses travaux sur la « pensée complexe ». En plusieurs occasions, Edgar Morin s’est fait l’écho des idéaux de l’Organisation, qui a elle aussi relayé ses concepts. A travers la publication de différents ouvrages et articles devenus aujourd’hui des références dans leurs domaines, Edgar Morin s’est imposé comme l’un des intellectuels de référence de l’UNESCO."

"Je suis juif par le sentiment de fidélité à tous ceux qui dans le passé ont été persécutés en tant que Juifs. Je suis juif en tant que membre du peuple maudit. Je refuse d'être du peuple élu", a déclaré Edgar Morin au Journal du Dimanche (4 juillet 2021).

Le 8 juillet 2021, le Président Emmanuel Macron a twitté : "
Voilà cent ans que vous êtes venu au monde cher Edgar Morin. Vous êtes un homme-siècle, acteur de l’histoire, penseur de l'humanité et vigie de la planète. Aujourd’hui, la République vous exprime sa reconnaissance, son amitié et vous souhaite un très bel anniversaire."

Le 9 juillet 2021, Anne Hidalgo, maire socialiste de Paris, a twitté : 
"Quel bonheur et quelle fierté de recevoir à l’Hôtel de Ville @edgarmorinparis, afin de célébrer ses 100 ans. Un siècle d’engagements, de réflexions et de combats. 
Au nom des Parisiennes et des Parisiens, bel anniversaire !"
"À cette occasion, nous avons dévoilé la plaque de la Fondation Edgar Morin qui s’installera dans l’
@AcademieClimat.
Dans ce lieu de savoir, les jeunes Parisiennes et jeunes Parisiens travailleront ensemble et acquerront des connaissances pour affronter les défis de notre monde".

« Edgar Morin, journal d'une vie »
Arte diffusera le 8 juillet 2021 à 23 h 55 « Edgar Morin, journal d'une vie » (Ein Philosoph mit Einfluss: Edgar Morin) de Jean-Michel Djian.

« Embrassant les disciplines académiques, le sociologue Edgar Morin, né en 1921, a traversé son siècle en observateur éclairé et en chercheur indiscipliné. Jean-Michel Djian lui consacre un lumineux portrait, tissé de ses interviews passées et récentes. »

« Philosophe de la complexité, sociologue des pratiques culturelles et pourfendeur de l’incurie de l’enseignement de la pensée, Edgar Morin a renouvelé, avec autant de rigueur que de conviction, la figure de l’intellectuel ». 

« Au seuil des années 1980, il figure parmi les premiers à pressentir les ravages de la "mondialisation techno-économique" sur notre fragile Terre-Patrie (titre de l’un de ses ouvrages) et les désastres dont elle menace l’humanité ». 

« Né Edgar Nahoum à Paris, en 1921, dans une famille de commerçants juifs originaire de Salonique, il rejoint encore adolescent le courant pacifiste et antifasciste ». 

« La guerre venue, tout juste diplômé en histoire et en droit, il s’engage à Toulouse, en 1942, dans les rangs de la Résistance communiste, où il adopte le pseudonyme de Morin dont il ne s’est plus départi ». 

« Auteur d’une centaine d’ouvrages, docteur honoris causa d’une quarantaine d’universités dans le monde, Edgar Morin n’a eu de cesse de s’interroger et d’interroger ses contemporains afin de donner du sens à la fraternité qui nous fait tenir ensemble, malgré l’adversité. »  

« Comment esquisser les grandes lignes d’une vie aussi féconde, tout entière dédiée à la pensée et à l’engagement humaniste ? » 

« Suivant un fil chronologique, du Paris de l’avant-guerre à son refuge sur les rives de la Méditerranée d’aujourd’hui, en passant par son incursion au californien Salk Institute, où directeur de recherche du CNRS il posa un temps ses valises, ce portrait retrace ses compagnonnages intellectuels (avec le philosophe Régis Debray, les idéaux du communisme), ses fidélités indéfectibles (avec le couple Duras-Antelme) comme les rares frictions avec ses pairs, notamment Pierre Bourdieu ». 

« Alors qu’Edgar Morin fête ce 8 juillet son centième anniversaire, Jean-Michel Djian, en tissant ensemble un choix éclairant d’archives filmées, de ses interviews, passées et récentes, et de ceux qui l’ont côtoyé, donne à entendre la voix de l’un de nos plus vaillants résistants au conformisme des idées ».


Conférence de presse
Lors de la 75e édition du Festival d'Avignon (5-25 juillet 2021), aura lieu le 13 juillet 2021 à 12 h 30 une conférence de presse avec Eva Doumbia, Victoria Duhamel, Théo Mercier, Edgar Morin et Nicolas Truong.

"Se souvenir de l’avenir"
À voir également sur Arte.tv le 17 juillet 2021 : 
"Se souvenir de l’avenir. Autour d’Edgar Morin". "Une lecture-spectacle de Nicolas Truong et Edgar Morin dans la cour d’honneur du Palais des papes d’Avignon", réalisée par Stéphane Pinot, avec Edgar Morin, Christiane Taubira et Judith Chemla. 

"Le 13 juillet dans la Cour d'Honneur du Festival d'Avignon, à travers l’évocation de ses souvenirs les plus marquants, Edgar Morin lancera, en compagnie d’invités inspirés par ses idées, quelques salves d’avenir afin de dessiner une nouvelle voie pour notre temps."

« VERBATIM »

« On est à nouveau dans une époque barbare, où barbarie et civilisation se mêlent étroitement mais où, de plus, on se rend compte que nous sommes sur une planète totalement rétrécie, mais en même temps entièrement déchirée, incapable de résoudre ses problèmes et livrée à des monstres paranoïdes que sont les États-nations modernes. »  

« Dans les processus dominants, on ne peut qu'être inquiet. Que ce soit la dissémination nucléaire, les périls sur la biosphère, le dérèglement économique, la démographie galopante, la marche incontrôlée de la technique et de la science… Tous ces processus semblent aller probablement vers on ne sait quelle catastrophe. Or, dans l'histoire, le probable n'arrive pas toujours. Et souvent, l'improbable heureux arrive. »

« Le fait de vivre aujourd'hui comme j'ai toujours vécu, et d'une façon même exceptionnelle à mon âge, en ayant les mêmes sentiments juvéniles que je peux avoir pour mon épouse, et ou bien pour mes amis, c'est quelque chose qui fait que je ne me laisse jamais submerger par la nostalgie. »


« Edgar Morin, journal d'une vie » de Jean-Michel Djian
France, 2021, 54 mn
Coproduction : ARTE France, Les Films d’Ici Méditerranée, Les Films d’Ici, INA
Sur Arte le 8 juillet 2021 à 23 h 55
Disponible sur arte.tv du 01/07/2021 au 05/09/2021
Visuels :
Edgar Morin en 1968
© Michèle Bancilhon / AFP

Edgar Morin
Les Films d'Ici Méditerranée

Edgar Morin à la Seyne-sur-mer en 2020
© Les Films d' Ici Méditerrané

"Se souvenir de l’avenir. Autour d’Edgar Morin" réalisé par Stéphane Pinot
Production : La Compagnie des Indes/Gildas le Roux – - Festival d’Avignon avec la participation d’Arte (1h)
Avec Edgar Morin, Christiane Taubira et Judith Chemla 

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