Véronique Chemla: « Fabergé - Les objets du désir

Arte diffusera le 23 mai 2021 « Fabergé - Les objets du désir » (Fabergé - Meisterhafte Schmuckstücke ; The Making Of A Legend) de Jean-Pierre Cottet. « Retour sur la carrière du Russe Carl Fabergé, qui conquit les tsars avec ses célèbres œufs de Pâques et révolutionna la joaillerie à l’aube du XXe siècle ».

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« Depuis plus d’un siècle, le nom de Fabergé est associé aux œufs de Pâques les plus extravagants qui soient. Aujourd’hui, les "œufs impériaux", comme on les appelle désormais, continuent de jouir d’une position inégalée dans l’histoire des arts décoratifs. Mais les œufs ne sont qu’une infime partie de l’œuvre de Fabergé. »

Russe aux origines françaises - sa famille paternelle a du quitter La Bouteille (Picardie) pour la Germanie après la révocation de l'Édit de Nantes, puis en 1800 pour la province balte de Livonie alors dans la Russie impériale, et dans les années 1830 se fixe à Saint-Pétersbourg - et dano-allemande, Carl Fabergé (1846-1920) « a conçu toute une série d'autres œuvres de grande qualité aux détails complexes, qui ont pris d'assaut le monde de l'art, provoquant la passion de milliers de collectionneurs à travers la planète. »

Formé en France, Allemagne et Angleterre, ayant participé vers 1870 au "catalogage, à la réparation et à la restauration des objets de l'Ermitage", « Fabergé a brisé les codes de la joaillerie traditionnelle et a créé une industrie exceptionnelle. »

Lors de l'exposition pan-russe à Moscou en 1882, Karl Fabergé et son frère Agathon . Karl Fabergé est distingué par la Médaille d'or de l'Exposition et la Médaille de Saint-Stanislas. Alexandre III repère Fabergé : il ne parvient pas à distinguer la reproduction par Fabergé d'un bracelet en or du IVe siècle avant l'ère commune appartenant au trésor des Scythes montré à l'Ermitage de l'original.

L'empereur russe décide que les créations de la Maison Fabergé figurent à l'Ermitage pour illustrer l'artisanat russe contemporain. Il lui commande des boutons de manchettes représentant des cigales.

En 1884, Alexandre III lui confère le privilège d'être le fournisseur de la Cour impériale, à l'égal de son rival, le bijoutier suédois Bolin. Un statut qui perdure sous Nicolas II.

« Comment Carl Fabergé (1846-1920), fils d’un modeste bijoutier de Saint-Pétersbourg, descendant de huguenots expulsés de France en 1685, est-il devenu le joaillier des tsars ? »

« Grâce à un petit œuf de Pâques en or, émail et pierres précieuses qu’Alexandre III lui a commandé en 1885 pour son épouse Maria Feodorovna ».

« Réservés à la famille impériale et à quelques richissimes clients, ces objets raffinés, passés à la postérité, ont tendance à occulter l’immense diversité de sa production » associant raffinement, souci du détail et de l'esthétique, choix de pierres précieuses délicatement travaillées.

« Sculptures miniatures d’animaux, horloges, étuis à cigarettes, jumelles de théâtre… : en s’appuyant sur la créativité débordante de son frère Agathon et sur un réseau de talentueux fournisseurs, chefs d’atelier et sous-traitants, Carl Fabergé a donné naissance à un monde féerique et révolutionné la joaillerie ».

Le talent de Fabergé est apprécié dans les cours britannique, de Thaïlande, de Suède et de Norvège.

« Plébiscitées par une aristocratie déconnectée des réalités sociales de son temps, mais aussi par la bourgeoisie industrielle, ses flamboyantes créations se sont diffusées dans toute l’Europe au travers des présents que le tsar distribuait lors de ses visites à l’étranger ».

En 1914, Fabergé produisait plus de 100 000 pièces. A Moscou et à Odessa, sont ouverts deux magasins.

Après la Révolution bolchevique de 1917, le comité des employés de la coopérative K. Fabergé dirige la société. En septembre 1918, Karl Fabergé fuit l'empire russe. Il décède en 1920 à Pully, en Suisse. Il a été enterré au cimetière du Grand Jas de Cannes (France).

« Glissées dans les valises des exilés et vendues par le pouvoir bolchevik après la révolution de 1917, les œuvres de la maison Fabergé, chargées d’histoire, suscitent aujourd’hui la fièvre des collectionneurs. »

« Pour marquer le 100e anniversaire de sa mort, ce film nous plonge dans l'incroyable univers que la Maison Fabergé a inventé ».

« Au-delà des œufs, il retrace le destin du clan Fabergé, et explore l'ensemble de son œuvre. Une aventure humaine exceptionnelle qui s'est déroulée dans un Empire russe en déclin, sur le point d'être balayé par la révolution ».

« Narré par Elsa Lepoivre ("En thérapie"), de la Comédie-Française, ce documentaire déroule la saga d’un entrepreneur de génie qui éleva la joaillerie au rang d’art tout en mettant sur pied une industrie des cadeaux ».

« En archives et zooms sur des pièces emblématiques, il retrace l’éblouissante carrière de ce visionnaire dont le destin épousa celui des Romanov, du rayonnement à l’effondrement, ses mythiques œufs de Pâques livrant en filigrane la chronique politique et intime du règne d’Alexandre III et de Nicolas II. »

« LA POULE AUX ŒUFS D'OR »

« En 1885, pour célébrer Pâques, le tsar Alexandre III demande à Carl Fabergé d’imaginer un présent hors du commun pour son épouse Maria Feodorovna.

Le joaillier cisèle alors le mythique “Œuf à la poule”. La coque, recouverte d’un émail blanc mat, s’ouvre pour laisser apparaître de somptueuses surprises : une sphère en or renfermant une poule aux yeux incrustés de rubis, laquelle dissimule sous son aile une minuscule couronne impériale et un pendentif.

La tsarine est si conquise que la commande sera renouvelée chaque année, y compris sous le règne de Nicolas II, liant ainsi le destin des Romanov à celui du génie Fabergé, dont les créations affolent aujourd’hui les collectionneurs. »