jeudi 6 août 2020

« OGM - Mensonges et vérités » de Frédéric Castaignède


Arte diffusera le 7 août 2020 « OGM - Mensonges et vérités » (Vorsicht Gentechnik?) de Frédéric Castaignède. « La controverse entre pro-OGM (organismes génétiquement modifiés) et anti-OGM rend le débat passionnel et parfois incompréhensible. Ce tour d'horizon mondial démêle le vrai du faux, preuves scientifiques à l'appui. »

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« OGM - Mensonges et vérités » de Frédéric Castaignède 
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« Depuis plus de vingt ans, les OGM (organismes génétiquement modifiés), en particulier les plantes, ne cessent de s’étendre sur la planète, dans le but d’améliorer les rendements de soja, maïs, coton, colza, riz, etc. » Des semences régies par le droit des brevets relevant de la propriété intellectuelle, plus précisément de la propriété industrielle
    
« Dix pays, sur les vingt-huit qui en cultivent, représentent, à eux seuls, 98 % de la superficie mondiale des cultures transgéniques – soit 11 % des terres cultivées –, essentiellement sur le continent américain, le sous-continent indien et en Chine ».

Et ce, pour éviter des pertes dues aux insectes nuisibles et aux mauvaises herbes, ou augmenter .

« Aux États-Unis, où les premières plantations de soja transgénique ont été introduites en 1996, les OGM représentent environ 90 % des cultures de soja, de maïs et de coton. Selon leurs défenseurs, ils sont indispensables pour répondre aux besoins d’une population en forte croissance ».

« C’est l’argument du géant du secteur, le semencier américain Monsanto, qui produit aussi le célèbre Roundup, un herbicide total dont la substance active, le glyphosate, épargne les plantes OGM. »

« Depuis leur introduction, les OGM font aussi l’objet d’une très forte contestation. En Europe notamment, l’opinion publique, dans sa grande majorité, en refuse l’exploitation ». Est-elle bien informée ? Souffre-t-elle de carences en formation scientifique ?

« Partout dans le monde, des citoyens s’inquiètent des risques qu’ils entraînent, non seulement pour l’environnement mais aussi pour la santé, avec notamment l’utilisation massive de pesticides résultant de l’émergence de "super insectes" et de "super mauvaises herbes" ultrarésistants ». 

« Ils dénoncent aussi l’emprise des géants des semences et des pesticides, comme Monsanto, dont l’Afrique est devenue le laboratoire à ciel ouvert. Pollué par des arguments mensongers, qui ne relèvent de la science qu’en apparence, le débat passionnel entre pro et anti-OGM empêche de démêler le vrai du faux ».

« Tourné dans onze pays et sur quatre continents, ce documentaire s’emploie ainsi avec succès à explorer l’ensemble des enjeux liés aux plantes et animaux transgéniques, tant dans le champ de la santé que dans celui de l’environnement et de la biodiversité ». 

« Véritable thriller politico-scientifique, captivant de bout en bout, il part à la rencontre des acteurs et des témoins de l’avancée des cultures génétiquement modifiées, interrogeant ceux qui en étudient les effets dans les laboratoires, ainsi que les fabricants d’OGM, dont les portes restent le plus souvent closes. »

Certains éléments de réflexions concernant les OGM consistent en l’information des consommateurs, notamment par l’étiquetage et des médias honnêtes, l'ignorance scientifique généralisée entravant les recherches scientifiques, le cynisme de politiciens, l'affaiblissement du fleuron agricole français, et le risque de « fuite des cerveaux », en l’occurrence de scientifiques, soumis à des intimidations sur les réseaux sociaux et dont le coût de formation a été assuré par exemple par la France, allant effectuer leurs études vers des pays accueillants, tels les Etats-Unis.

Autre élément du débat : la négociation par l’Union européenne de traités avec des pays utilisant des OGM pour des cultures basiques, parallèlement à l’interdiction, légale ou par l’action de commandos, de ces OGM dans des Etats membres. Ou l’importation de denrées produites dans des terres sud-américaines gagnées par déforestation. Car l’agriculture biologique ne permet pas de nourrir toute la population.

Enfin, des allégations exagérément alarmistes au regard des risques suscitent une inflation de réglementations et une judiciarisation, par des mouvements gauchistes dénigrant « l’industrie productiviste », d’une question scientifique soumise à l’appréciation de « gouvernements des juges » français et européen, très compréhensifs envers les « faucheurs » anti-OGM qui enfreignent la loi, ne respectent pas la propriété privée, etc.

Le 7 février 2020, le Conseil d’Etat a rendu son arrêt conformément à celui de la Cour de justice de l’Union européenne du 25 juillet 2018. « Le Conseil d’État n’est-il pas allé au-delà des conclusions de la requête de la Confédération paysanne et de huit associations, en dissertant sur le sort des variétés maintenant taxées d’OGM et en le fléchant ? Sauf évolution à ce stade improbable de la politique européenne et française en matière d’OGM, l’arrêt du Conseil d’État condamne les agriculteurs français à se passer des variétés issues des techniques « modernes » d’amélioration des plantes, postérieures à 2001 ou censées l’être. Les consommateurs ne bénéficieront des avantages de ces nouvelles variétés que si elles sont autorisées à l’importation et à la commercialisation », a écrit  André Heitz, ingénieur agronome, ancien directeur du Bureau de coordination de l’'Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle (OMPI) à Bruxelles, le 12 février 2020, dans son article « OGM : le marteau pilon du Conseil d’État s’abat sur l’innovation ».

Et d’expliquer : « … il ressort des pièces du dossier […] que les techniques de mutagénèse aléatoire in vitro […] sont apparues postérieurement à la date d’adoption de la directive 2001/18/CE ou se sont principalement développées depuis cette date », écrit le Conseil d’État. Une simple recherche sur Internet montre cependant que ces techniques ont été décrites et utilisées au moins depuis les années 1970 (voir par exemple Broertjes, C., The development of (new) in vivo and in vitro techniques of significance for mutation breeding of vegetatively propagated crops, AIEA, 1975 ; Mutation Breeding: Theory and Practical Applications, A. M. van Harten, Cambridge University Press, 1998). Les pièces du dossier ont-elles été établies de bonne foi ? Le gouvernement a-t-il répondu de manière adéquate ? Cet arrêt du Conseil d’État pose un problème fondamental de fonctionnement d’une justice qui tranche dans sa tour d’ivoire, sur la base des dossiers présentés par les parties. Une réflexion s’impose sur les moyens à mettre en œuvre pour que la justice ne soit pas instrumentalisée. »

Il avait critiqué l’arrêt de la CJUE : « Le juriste peut aussi s’étonner que la Cour se soit livrée à un travail d’exégèse au mépris du principe interpretatio cessat in claris selon lequel un tribunal doit s’abstenir d’interpréter des textes clairs, dépourvus de toute ambiguïté, imprécision ou maladresse rédactionnelle. Elle a aussi pris pour argent comptant les arguments de la Conf’ et consorts sur les risques (allégués) des nouvelles techniques, sans s’en référer à l’important corpus d’expertise sur la question… La CJUE n’avait pas suivi les conclusions de son avocat général et son arrêt a été vivement critiqué, tant sur sa pertinence juridique que sur ses conséquences économiques et sociales désastreuses. De l’opinion générale dans les milieux non gangrenés par une opposition de principe aux OGM, la directive 2001/18 est obsolète et doit être révisée d’urgence, faute de quoi l’Europe verra passer le train des nouvelles techniques de sélection comme CRISPR/Cas9 (new breeding techniques – NBT) dans le domaine agricole. Force est de constater que, face à cette situation et ce danger, les instances de décision dans les capitales et à Bruxelles se sont adonnées à une inactivité interrompue de temps à autre par des mesures relevant de la gesticulation et des faux-semblants ».

Controverses
« La controverse sur les OGM a éclaboussé la France dans les années 90, lorsque les premières plantes transgéniques en provenance des Etats-Unis commencent à arriver dans l'Hexagone. "Greenpeace lance une grande campagne et un article de Libération a vraiment mis le feu au poudre", témoigne le professeur Pierre-Henri Gouyon, du Muséum d'Histoire Naturelle. "Alerte au soja fou, l'arrivée en Europe du premier légume génétiquement modifié provoque la polémique", pouvait-on lire en une du quotidien français. Sur la photo d'illustration, on pouvait voir des militants de Greenpeace vêtus de blouses blanches et le X de la série du moment "X-Files". Cette polémique sur le soja fou est arrivée en pleine période dite de la vache folle. Les consommateurs ont alors perdu confiance dans les institutions pour les protéger dans le domaine alimentaire. "Je pense que s'il n'y avait pas eu cette conjonction, il n'y aurait probablement pas eu de débats aussi forts", raconte Pierre-Henri Gouyon ». (Challenges, 10 avril 2018)

« Au cœur de la bataille, le géant Monsanto et son glyphosate, jugé responsable de l'émergence de super mauvaises herbes dans les champs américains. En Argentine, les herbicides sont pulvérisés par avion dans des champs parfois proches des habitations, ce qui suscite de très fortes inquiétudes sur la santé humaine. Selon les statistiques officielles, la superficie cultivée a augmenté de 50% depuis 20 ans et le volume de produits phytosanitaires vendus de plus de 850%, avance ce documentaire didactique". 

"Le 20 mars 2015, le Centre international de recherche sur le cancer - l'agence de référence de l'OMS - publie une évaluation scientifique de 5 pesticides, dont le glyphosate. "Notre groupe de travail a conclu que le glyphosate est un cancérogène probable pour l'homme", explique Kathryn Guyton du centre de recherche. Ce à quoi le directeur de l'agence Monsanto en Argentine rétorque que "d'autres agences ont conclu qu'il n'y a pas de lien entre le glyphosate et le cancer". Et Monsanto n'a pas manqué de monter d'un ton à l'issue de la publication de cette étude: "Monsanto se dit outragé par le rapport de l'OMS sur le risque de cancer. Monsanto demande le retrait du rapport qui établit un lien entre herbicide et cancer". (Challenges, 10 avril 2018)


Auteur de "OGM La peur française de l'innovation", Gérard Kafadaroff, ingénieur agronome, a écrit l'article "Glyphosate et loi alimentation : ce déficit de culture scientifique qui pollue les débats politiques" (Atlantico, 5 octobre 2018) :
"Prenant le relais de Ségolène Royal et partageant les convictions de son ex-ministre Nicolas Hulot, le Président Macron a décidé d’interdire le glyphosate d’ici 3 ans.
Un désherbant qui, depuis 43 ans rend de grands services  aux agriculteurs (et à bien d’autres utilisateurs), sans que cela ait généré de problèmes sanitaires ou environnementaux identifiés.
43 ans : un retour d’expérience exceptionnel qui aurait dû rassurer !
C’est pourtant le risque sanitaire qui a été mis en avant pour justifier la décision d’interdire le glyphosate. Ce fut le cas lors du Salon de l’Agriculture, en février, ou devant les parlementaires réunis à Versailles le 9 juillet dernier.
Le glyphosate serait-il une priorité sanitaire, plus urgente à traiter que le tabac, l’alcool ou la drogue ?
Le classement «cancérogène probable» par le CIRC (Centre international de recherche sur le cancer) en mars 2015 a sans doute pesé dans cette décision. Plus encore, la virulente campagne de stigmatisation du glyphosate par la mouvance écologiste accompagnée de l’habituel  emballement médiatique.
Le souci de préserver la santé est louable, mais cette décision d’interdiction est-elle pertinente ?...
[la Ministre de la Santé] peut-elle ignorer que le classement du CIRC :
- exprime un danger potentiel et non un risque lié à l’exposition au glyphosate, ce qu’à bien mis en évidence la vaste étude américaine (Agricultural Health Study) publiée en novembre 2017 portant sur une cohorte de 54.000 agriculteurs suivis pendant plus de 20 ans qui conclut à l'absence de lien entre exposition au glyphosate et cancer ;
- classe la viande rouge «cancérogène probable» comme le glyphosate sans que cela  conduise à  l’interdire, alors que la viande est directement consommée, contrairement au glyphosate ;
Peut-on sérieusement occulter les avis favorables au glyphosate émanant des agences sanitaires créées pour éclairer les choix politiques, qu’il s’agisse de l’ANSES en France, de l’EFSA et l’ECHA dans l’Union européenne ou des autres agences nationales ou internationales dans le monde qui ont évalué le glyphosate ?
Quel crédit accorder au CIRC dont l’avis a été contesté par toutes les agences sanitaires, y compris par l’OMS (Organisation mondiale de la santé), maison-mère du CIRC ?
Pourquoi la toxicité aigüe du glyphosate (exprimée par la DL50) évaluant les effets à court terme d’une forte exposition est si rarement évoquée alors qu’elle est inférieure à celle du sel de cuisine et 25 fois plus faible que celle de la caféine ?
La décision d’interdire le glyphosate aurait-elle d’autres raisons ?
L’ex-Ministre de l’Ecologie aurait-t-il convaincu le Président que le glyphosate est un obstacle à la transition écologique en agriculture ?
Pourtant les hypothétiques alternatives au glyphosate, reposant essentiellement sur le travail mécanique, consommateur de carburant et émetteur de CO2, marquent un net recul sur le plan environnemental.
Pire, les techniques de conservation des sols - combinant abandon du labour (semis direct) et couvert végétal en interculture qui nécessitent, certes, l’emploi d’une faible dose de glyphosate - seront condamnées, alors qu’elles concilient bénéfices économiques (réduction des coûts de mécanisation), agronomiques (activité biologique et fertilité des sols améliorées, érosion réduite) et écologiques (séquestration du CO2 atmosphérique dans le sol, abri et nourriture pour la faune sauvage).
Par cette décision, les méthodes agronomiques qui satisfont le mieux la transition écologique en agriculture sont condamnées alors qu’elles devraient être promues !...
Les agriculteurs,  les jardiniers amateurs, les collectivités, les sylviculteurs, la SNCF, pourront se passer du glyphosate demain.
Mais à quel prix ?
Une régression technologique lourde de conséquences pour la compétitivité de l’agriculture française, pour les finances de l’Etat,  pour l’environnement et pour le consommateur.
Faudra-t-il alors brandir de nouvelles normes européennes et françaises sans fondements scientifiques pour tenter de protéger une agriculture privée d’innovation face à une concurrence étrangère compétitive ?"
Publiée dans Food and Chemical Toxicologyen en 2012, une étude menée par le biologiste de l’université de Caen, Gilles-Éric Séralini, « avait trouvé un excès de tumeurs chez des rats nourris avec du maïs génétiquement modifié". Gilles-Éric Séralini avait imposé contre l'exclusivité de ses résultats une clause de confidentialité aux journalistes de l'AFP, du Monde et du Nouvel Observateur, qui n'avaient pas pu vérifier les allégations du biologiste. "Six ans plus tard, une étude plus rigoureuse invalide ces résultats inquiétants. Quatre ans après son lancement, un projet de recherche européen visant à évaluer les risques pour la santé d'un type de maïs génétiquement modifié - le projet «G-TwYST» - a livré ses conclusions » en 2018. « Les données brutes ne seront publiées qu'à la fin de l'année, mais un rapport divulgué fin avril permet d'en apprécier les grandes lignes : « Aucun risque potentiel pour les humains et les animaux n'a été identifié. »

Professeur de toxicologie à la faculté de Toulouse, chercheur à l’INRA, Bernard Salles a souligné en 2018 les problèmes de l’étude de Gilles-Eric Séralini : « Il y a d’abord un problème sur le nombre de rats utilisés dans l’étude de Gilles-Eric Séralini. Il avait utilisé seulement dix rats par régime et la variabilité sur les rats nourris sans OGM est telle qu’il ne peut pas du tout conclure qu’il y a plus de tumeurs chez les rats qui ont mangé des OGM. Par ailleurs, la souche de rats qu’a utilisé Gilles-Eric Séralini était tout à fait pertinente pour des essais à 90 jours, en revanche, elle est déconseillée par les instances internationales pour des études à long terme (à deux ans), en cancérogénèse. C’est une souche qui développe spontanément un taux de tumeur très élevé, en particulier certaines tumeurs mammaires, alors que d’autres souches de rats ont des taux de tumeurs spontanés plus faibles ».

« En 2012, le magazine Marianne, sous la plume de Jean-Claude Jaillette, avait évoqué une "fraude scientifique" au sujet des travaux du professeur Gilles-Eric Seralini. Le 6 novembre 2015, le Tribunal de Grande Instance de Paris a condamné le journaliste et son journal pour diffamation. » Le premier qui dit la vérité...

Sur l’étude européenne, Bernard Salles considère: « Cette étude, qui utilise les règles méthodologiques édictées par les instances internationales montre que le maïs OGM NK 603 n’est pas inducteur de tumeurs chez les rats, ce qui veut dire aussi qu’il est très peu probable que ce soit inducteur de cancers chez les humains. Il y a eu beaucoup d’études réalisées à assez long-terme et nous n’avons jamais pu montrer un lien chez le rat entre alimentation OGM et cancer. Et à ce stade, personne ne peut dire que les OGM sont cancérogènes chez l’homme. »


« OGM - Mensonges et vérités » de Frédéric Castaignède
France, La Compagnie des Taxi-Brousse, ARTE France, avec la participation des CNC, Procirep, Angoa-Agicoa, 2015, 101 min
Sur Arte le 7 août 2020 à 09 h 25
Disponible du 12/06/2020 au 17/06/2021
Visuels : © La Compagnie des Taxi-Brousse / ARTE France

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Les citations proviennent d'Arte.

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