dimanche 1 septembre 2024

Henri Matisse (1869-1954)


Henri Matisse (1869-1954) était un peintre, dessinateur, graveur et sculpteur français. Pionnier du fauvisme, cet artiste majeur du XXe siècle est apprécié pour son génie de coloriste et la simplicité, voire l’épure, de son trait. Arte rediffusera le 1er septembre 2024 à 20 h 05 « Matisse voyageur - En quête de lumière » (Matisse - Auf der Suche nach dem Licht) de Raphaël Millet. 
  

« La couleur surtout et peut-être plus encore que le dessin est une libération... Un ton seul n’est qu’une couleur, deux tons c’est un accord, c’est la vie... L'exactitude n'est pas la vérité », a déclaré Henri Matisse (1869-1954).

« Matisse voyageur - En quête de lumière  »
Arte rediffusera le 1er septembre 2024 à 20 h 05 « Matisse voyageur - En quête de lumière » (Matisse - Auf der Suche nach dem Licht) de Raphaël Millet. 

« Le peintre Henri Matisse a puisé dans la lumière éclatante des pays du Sud la source de sa recherche artistique. De fabuleux voyages qu'il effectua de Belle-Île-en-Mer à Ajaccio, de Tanger à l’Espagne, des atolls polynésiens à Nice et son arrière-pays, où il vivra jusqu’à sa mort en 1954 ».

« En mars 1930, à 60 ans, Matisse embarque au Havre, seul et sans billet de retour, pour une longue traversée qui va le mener, via New York et San Francisco, jusqu’à Tahiti ». 

« Passé par l’École des beaux-arts à Paris, celui qui sera considéré dans sa jeunesse comme le chef de file du fauvisme a grandi sous le ciel bas du Cateau-Cambrésis, dans le Nord, où il a vu le jour en 1869 ». 

« Insatiable de lumière et de couleurs, le peintre n'a eu de cesse d'effectuer tout au long de sa vie de nombreux voyages qui l’ont mené, après sa découverte de Belle-Île-en-Mer, toujours plus au sud, d’Ajaccio à Collioure, de Tanger à l’Espagne – Grenade et Cordoue –, des atolls polynésiens à Nice et son arrière-pays, où il vivra jusqu’à sa mort en 1954 ». 

« Des horizons lointains ensoleillés qui lui ont permis de faire profondément évoluer son travail vers toujours plus de clarté et d’épure ainsi qu’en témoigne l’un de ses ultimes chefs-d’œuvre, les vitraux de la chapelle du Rosaire de Vence ». 

« Une ère nouvelle s’ouvre, écrit Matisse au soir de son existence. J’ai compris que tout le labeur acharné de ma vie était pour la grande famille humaine, à laquelle devait être révélée un peu de la fraîche beauté du monde par mon intermédiaire. »

Des sombres toiles figuratives des années d’apprentissage aux motifs lumineux et colorés des papiers découpés de son grand âge, quel chemin il aura parcouru ! »

Seulement quatre natures mortes de Matisse montrent des livres aux titres lisibles. L’un d’eux est « Histoires juives », un recueil publié par Gallimard dans sa série Les Documents bleus.

Parmi les premiers collectionneurs d’œuvres de Matisse, deux familles juives : les Stein, principalement Gertrude Stein et Michael Stein, ainsi que les sœurs Cone, Dr. Claribel Cone (1864-1929) et Etta Cone (1870-1949), que Matisse appelait « mes deux Ladies de Baltimore ». Etta Cone était devenue proche de l’épouse de Matisse, Amélie, et de sa fille Marguerite.

Matisse a été repéré et promu par des marchands d’art juifs : Bernheim-Jeune, ainsi que Léonce et Paul Rosenberg. En mai 2015, « Femme assise » de Matisse, œuvre retrouvée dans le trésor de Gurlitt, a été rendue à ses propriétaires légitimes, les descendants du galeriste Paul Rosenberg, qui avait été spolié de sa collection.

« Rassemblant une magnifique iconographie (tableaux, photos, archives filmées) et des citations choisies dans les livres et la correspondance du peintre, dites par Olivier Gourmet, Raphaël Millet nous entraîne dans un fabuleux voyage au cœur du processus créatif de l’un des plus grands artistes français du XXe siècle ». 



« Au travers des voyages du peintre Henri Matisse, Raphaël Millet retrace, dans un passionnant documentaire, l’évolution artistique du pionnier de l’art moderne. Entretien. Propos recueillis par Hélène Porret ».

Quels rôles ont joué les voyages dans l'œuvre de Matisse ?
Raphaël Millet : Matisse est souvent considéré comme un artiste d’atelier. Or l’ailleurs a toujours été l’un des moteurs de sa création. Son premier séjour en Bretagne, à la fin du XIXe siècle, déclenche cette envie chez lui. Alors âgé de 25 ans, il est fasciné par les lumières et les couleurs qu’il découvre. Chaque voyage constituera ensuite le point de départ d’une nouvelle étape dans sa pratique picturale. Après la Corse, il se dirige vers le fauvisme, puis vers une peinture de plus en plus moderne à la suite d’un passage au Maroc. En quête d’inspiration, l’artiste part en 1930 à l’autre bout du monde, en Polynésie, laissant une toile inachevée sur son chevalet.  

Que rapporte-t-il de son dernier périple aux antipodes ?
L’influence polynésienne émerge lentement dans son œuvre. Pendant son escapade de trois mois à Tahiti, Matisse ne touche pas à ses pinceaux. Les premiers thèmes apparaissent seulement au milieu des années 1930 avant de prendre un tour majeur à partir de 1946, notamment avec ses célèbres gouaches découpées. Il rapporte de ce lointain périple des souvenirs de ses rencontres avec des Polynésiens, mais aussi avec le réalisateur allemand Friedrich Wilhelm Murnau, qui achève là le tournage de son film Tabou, et avec qui ce peintre cinéphile s’est lié d’amitié. 

Vous réunissez dans votre documentaire une importante iconographie, avec des photographies personnelles du peintre à New York...
Ces archives sont celles qui m’ont le plus surpris : le voir en haut d’un gratte-ciel est inattendu. En route vers la Polynésie, Matisse découvre la modernité urbaine et achète son premier appareil photo lors d’une escale new-yorkaise. Cela en dit beaucoup sur sa curiosité pour son époque. Il va aussi s’intéresser au jazz, qu’il va également découvrir aux États-Unis. Si les archives occupent une place importante dans le film, je tenais également à ce que sa pensée, que l’on connaît peu, tienne une place centrale. Les nombreuses citations, puisées dans sa correspondance et ses essais, éclairent en effet sa réflexion sur l’évolution de son travail artistique.

Le poète Apollinaire associait Matisse à la couleur orange. Et vous, à quoi l'identifiez-vous ?
D'une part, à une arabesque, une forme ondulatoire qui court sur beaucoup de ses toiles. D'autre part, à une insatiable quête de lumière, quasi spirituelle à la fin de sa vie. On la ressent quand on est face à l'un de ses tableaux dans un musée, notamment La gerbe, une sorte de mosaïque sur fond blanc, ou L'escargot, une palette abstraite de papiers découpés aux couleurs éclatantes. »

« À Vence, le crépuscule superbe de Matisse »
Arte diffuse sur son site Internet, dans le cadre d’Invitation au voyage (Stadt Land Kunst), « À Vence, le crépuscule superbe de Matisse » (Matisse und die Rosenkranzkapelle in Vence
  
« Ses lumières chaudes et ses couleurs ont fait de la Côte d’Azur une terre chérie par de nombreux artistes ». 

« C’est dans l’arrière-pays niçois, qu’Henri Matisse trouve refuge à la fin de sa vie ». 

« Charmé par la petite cité médiévale de Vence, le peintre vivra dans la région une renaissance picturale et se lancera dans une œuvre gigantesque qui restera comme son testament artistique : la Chapelle du Rosaire ». 

« Tahiti, la muse polynésienne de Matisse »
Arte diffuse sur son site Internet, dans le cadre d’Invitation au voyage (Stadt Land Kunst), « Tahiti, la muse polynésienne de Matisse » (Tahiti, die polynesische Muse von Henri Matisse). 
  
« Au milieu de l’océan Pacifique, les forêts primaires et les lagons cristallins de la Polynésie française incarnent une certaine idée du rêve et du dépaysement ». 

« En 1930, Henri Matisse y débarque en quête d’un ailleurs artistique ». 

« L’artiste français est saisi par la douceur de Tahiti, et pris dans un tourbillon de couleurs et de formes qu’il exprimera dans une nouvelle facette de sa peinture. »

« Matisse métamorphoses »
A Nice, le Musée Matisse « conserve  la donation à la Ville de Nice de l’artiste et de ses héritiers ». Il proposa l’exposition « Matisse métamorphoses ».

« Reconnu pour être l’un des plus grands peintres de la première moitié du XXe siècle, Henri Matisse sculpteur reste encore à découvrir. Riche de quatre-vingt-quatre pièces réalisées entre 1900 et 1950, cette partie de l’œuvre couvre toutes les périodes de son parcours artistique et accompagne ses réalisations picturales, dont elle est indissociable. Même si la peinture demeure son principal mode d’expression, Henri Matisse est de ces artistes complets dont la pratique multiple explore des médiums variés. La sculpture de Matisse constitue une œuvre à part entière à mettre en regard de celle des grands sculpteurs du XXe siècle venus après Auguste Rodin. L’exposition prend pour point de départ la méthode de création de l’artiste et son travail de transformation de la figure selon des déclinaisons sérielles. Elle montre également un important ensemble de sculptures extra-occidentales issu de la collection de l’artiste, source d’inspiration, en dialogue avec l’œuvre de Matisse. »


L’odyssée Matisse
Propos recueillis par Hélène Porret

"Au travers des voyages du peintre Henri Matisse, Raphaël Millet retrace, dans un passionnant documentaire, l’évolution artistique du pionnier de l’art moderne. Entretien."

Quels rôles ont joué les voyages dans l’œuvre de Matisse ?
Raphaël Millet : Matisse est souvent considéré comme un artiste d’atelier. Or l’ailleurs a toujours été l’un des moteurs de sa création. Son premier séjour en Bretagne, à la fin du XIXe siècle, déclenche cette envie chez lui. Alors âgé de 25 ans, il est fasciné par les lumières et les couleurs qu’il découvre. Chaque voyage constituera ensuite le point de départ d’une nouvelle étape dans sa pratique picturale. Après la Corse, il se dirige vers le fauvisme, puis vers une peinture de plus en plus moderne à la suite d’un passage au Maroc. En quête d’inspiration, l’artiste part en 1930 à l’autre bout du monde, en Polynésie, laissant une toile inachevée sur son chevalet. 

Que rapporte-t-il de son dernier périple aux antipodes ?
L’influence polynésienne émerge lentement dans son oeuvre. Pendant son escapade de trois mois à Tahiti, Matisse ne touche pas à ses pinceaux. Les premiers thèmes apparaissent seulement au milieu des années 1930 avant de prendre un tour majeur à partir de 1946, notamment avec ses célèbres gouaches découpées. Il rapporte de ce lointain périple des souvenirs de ses rencontres avec des Polynésiens, mais aussi avec le réalisateur allemand Friedrich Wilhelm Murnau, qui achève là le tournage de son film Tabou, et avec qui ce peintre cinéphile s’est lié d’amitié. 

Vous réunissez dans votre documentaire une importante iconographie, avec des photographies personnelles du peintre à New York...
Ces archives sont celles qui m’ont le plus surpris : le voir en haut d’un gratte-ciel est inattendu. En route vers la Polynésie, Matisse découvre la modernité urbaine et achète son premier appareil photo lors d’une escale new-yorkaise. Cela en dit beaucoup sur sa curiosité pour son époque. Il va aussi s’intéresser au jazz, qu’il va également découvrir aux États-Unis.
Si les archives occupent une place importante dans le film, je tenais également à ce que sa pensée, que l’on connaît peu, tienne une place centrale. Les nombreuses citations, puisées dans sa correspondance et ses essais, éclairent en effet sa réflexion sur l’évolution de son travail artistique.
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Le poète Apollinaire associait Matisse à la couleur orange. Et vous, à quoi l’identifiez-vous ?
D’une part, à une arabesque, une forme ondulatoire qui court sur beaucoup de ses toiles. D’autre part, à une insatiable quête de lumière, quasi spirituelle à la fin de sa vie. On la ressent quand on est face à l’un de ses tableaux dans un musée, notamment La gerbe, une sorte de mosaïque sur fond blanc, ou L’escargot, une palette abstraite de papiers découpés aux couleurs éclatantes."


« 1904
Première exposition de Matisse à la galerie Ambroise Vollard, Paris.

1905
Luxe, calme et volupté, peint durant l'été précédent à Saint-Tropez, est exposé au Salon des Indépendants et acheté par Signac. D'autres toiles sont présentées au Salon d'automne aux côtés d'œuvres de Derain, Vlaminck, Marquet... dans une salle que le critique d'art Louis Vauxcelles, déjà à l'origine du terme « cubisme », surnomme « la cage aux fauves ». Un nouveau mouvement est né dont Matisse est le chez de file.

1906
Matisse séjourne à Biskra en Algérie, et à Collioure, fasciné par le paysage méditerranéen.

1907
Ayant acquis une certaine notoriété, il enseigne dans une école créée par un groupe d'admirateurs.

1908
Alfred Stieglitz organise dans sa galerie new-yorkaise, le 291, la première exposition de ses œuvres aux Etats-Unis.

1909
Le collectionneur russe Chtchoukine lui commande deux panneaux décoratifs, La Danse et La Musique.

1910
Exposition rétrospective à la galerie Bernheim-Jeune, Paris.

1911
Matisse voyage à Séville, à Collioure, à Moscou où il étudie les icônes, puis passe l'hiver 1911-1912 à Tanger : il découvre la lumière aveuglante du Maroc.

1913
Les peintures réalisées au Maroc et des travaux récents sont exposés à Paris, en même temps que 17 œuvres sont accrochées à la grande exposition internationale, l'Armory Show, à New York.

1914
À la déclaration de guerre, non mobilisé en dépit de sa demande, Matisse s'installe à Collioure où il se lie d'amitié avec le plus intellectuel des peintres cubistes, Juan Gris.

1918
La galerie Paul Guillaume organise une exposition qui confronte ses œuvres à celles de Picasso.

1920
Matisse réalise les décors et les costumes pour le ballet de Diaghilev, Le Chant du rossignol, musique de Stravinsky.

1924
Première grande rétrospective à Copenhague.

1927
Matisse obtient le prestigieux Prix Carnegie.

1930
Il entreprend son voyage à Tahiti, en faisant escale à New York et à San Francisco.
Il commence à illustrer les poésies de Mallarmé, et accepte du Docteur Barnes la commande de trois panneaux décoratifs pour sa Fondation de Merion, Pensylvannie.

1937
Les Ballets russes de Diaghilev lui commandent un nouveau décor pour Rouge et Noir.

1938
Matisse s'installe à l'hôtel Régina de Cimiez, où il réalisera la plupart de ses derniers chefs-d'œuvre.

1941
Une lourde opération chirurgicale le contraint à l'immobilité, il travaille couché, avec l'aide d'assistantes.

1944
Sa femme et sa fille sont arrêtées pour faits de résistance. Matisse, resté dans le midi, illustre Les Fleurs du mal de Baudelaire.

1947
Publication de Jazz par l'éditeur Tériade.

1948
Il commence à travailler au programme décoratif de la chapelle du Rosaire pour les Dominicaines de Vence qui sera inaugurée par le père Couturier en 1951.

1950
Matisse est lauréat de la 25e Biennale de Venise.

1952
Ouverture du Musée Matisse au Cateau-Cambrésis, ville natale de l'artiste. »


« Matisse voyageur - En quête de lumière » de Raphaël Millet
France, 2019, 52 min
Sur Arte les 31 mai 2020 à 18 h et 1er novembre à 18 h, 1er septembre 2024 à 20 h 05
Disponible du 24/05/2020 au 29/07/2020
Disponible du 01/10/2020 au 30/12/2020
Disponible jusqu'au 03/11/2024

Visuels :
Matisse sur la terrasse d’un gratte-ciel new yorkais, en pleine contemplation de la modernité urbaine.
© Archives Henri Matisse / D.R

Matisse sur ce qu’il appelait “son” cocotier, photographié par Murnau à Tahiti en 1930
© Murnau / D.R.

Matisse le premier soir de son arrivée à Tahiti, le 29 mars 1930
© Clarke Costelle et Cie

Matisse photographié à Tahiti par F.W. Murnau en 1930
Credit
© Murnau / D.R.


France, 2019, 13 min
Disponible sur Arte du 06/09/2019 au 06/09/2021


France, 2019, 13 min
Disponible sur Arte du 11/04/2019 au 11/04/2021

Articles sur ce blog concernant :
Les citations sur les films sont d'Arte et sur l'exposition du musée Matisse. Cet article a été publié le 28 mai 2020.

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