mardi 10 novembre 2020

« En première ligne - Les vérités du journaliste Robert Fisk » de Yung Chang


« En première ligne - Les vérités du journaliste Robert Fisk » (An vorderster Front - Die Wahrheiten des Robert Fisk ; This Is Not a Movie) est un documentaire biaisé de Yung Chang. « Portrait en action d'une grande plume britannique du reportage de guerre, Robert Fisk, spécialiste du Proche-Orient. Une conscience et un modèle… parfois controversés » en raison de sa partialité anti-israélienne et de ses fautes historiques. Ce journaliste est décédé le 30 octobre 2020, à l'âge de 74 ans, à Dublin.

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"Mais pourquoi j'ai choisi le journalisme ?" En ce jour de 1980, Robert Fisk, 34 ans, court pour échapper aux balles perdues, près du front de la guerre Iran-Irak ». 

« Alors reporter du London Times, il deviendra, avec le quotidien The Independent, une plume majeure du journalisme de guerre, s'affirmant comme un spécialiste du Proche-Orient ».  
« Carnet en main, curieux, indocile, Fisk incarne l'archétype du reporter à la Albert Londres, prônant inlassablement la nécessité impérieuse du terrain pour "s'approcher de la vérité".

« Constitué aussi d'archives filmées, ce portrait peut se voir comme le rapport à l'addiction d'un jeune homme de 74 ans, multipliant aujourd'hui encore enquêtes sur le front et chroniques au vitriol ».

En 1990, Robert Fisk publie Pity The Nation (Liban, nation martyre) dans lequel il évoque les attentats des islamikazes au Liban. "Liban, nation martyre est un récit à la fois épique et intime du conflit libanais vu par un de ses principaux témoins, le corres­pondant de guerre Robert Fisk, qui couvre le Liban pour les plus grands journaux britanniques depuis plus de trente ans. Robert Fisk est un des plus fins connaisseurs du Moyen-Orient ; il a ainsi rencontré trois fois Ben Laden avant le 11 septembre 2001. Cette première version française du best seller Pity the Nation réactualise l'oeuvre de Fisk avec les événements les plus récents sur la crise libanaise, de l'assassinat de l'ex-premier ministre Rafik Hariri, à l'invraisemblable enchaînement de violence qui a suivi depuis."

Né en Grande-Bretagne en 1946, Robert Fisk a interviewé Oussama ben Laden à trois reprises pour The Independent : les 6 décembre 1993, 10 juillet 1996 et 22 mars 1997.

En 2002, Robert Fisk a allégué à tort que l'armée israélienne aurait commis un massacre à Djénine.

En octobre 2006, le quotidien britannique The Independent a annoncé en Une "Mystery of Israel's secret uranium bomb" sur l'utilisation par Israël au sud Liban d'une prétendue bombe à l'uranium secrète israélienne. Bien qu'il ait été prouvé que cette allégation était mensongère, Robert Fisk n'a jamais reconnu avoir menti.

En 2006, sort "The Great War for Civilisation: The Conquest of the Middle East" ("La grande guerre pour la civilisation"). "Une fresque unique et magistrale, par l'un des plus grands reporters de ces dernières décennies. Depuis les années 1970, l'histoire du Moyen-Orient se confond presque avec celle de ses guerres et de ses conflits : guerre soviétique en Afghanistan (1979-1989), guerre Iran-Irak (1980-1988), guerre du Liban (1975-1991), guerre du Golfe (1991), guerres américaines en Afghanistan (2001) et en Irak (2003), sans oublier l'interminable conflit israélo-palestinien. Si ces années furent celles d'une " grande guerre pour la civilisation ", c'est en raison du rôle persistant que les puissances occidentales – la France et le Royaume-Uni dans la première partie du XXe siècle, puis les États-Unis – n'ont jamais cessé de jouer dans une région qu'elles considèrent comme leur zone d'influence : aux entreprises coloniales succéda l'ère des manœuvres diplomatiques, des jeux d'alliances complexes et secrètes, des coups d'État et des trafics d'armes, le tout dans une indifférence quasi complète au sort des innombrables victimes de cette histoire dramatique. Dans ce livre magistral, Robert Fisk raconte et documente notamment le soutien cynique apporté par les régimes occidentaux aux brutales dictatures de la région, et témoigne, année après année, de la montée concomitante de l'amertume et de la haine de millions de musulmans à l'égard de l'Occident. Mêlant récits, enquêtes, dialogues avec les acteurs – dirigeants et anonymes –, analyses et souvenirs personnels, Robert Fisk retrace l'épopée tragique du Moyen-Orient, à travers la chronique détaillée de ses sanglants épisodes."

Dans Commentary Magazine (février 2006), l’historien israélien Efraïm Karsh a reproché à l'auteur de véhiculer le narratif standard enseigné dans les universités. Il a fustigé l'absence de rigueur et les fautes historiques de Robert Fisk : « Il est difficile de tourner une page de La Grande Guerre pour la Civilisation sans tomber sur des erreurs basiques. Jésus est né à Bethléem, et non, comme l'écrit Fisk, à Jérusalem. Le calife Ali, le cousin et beau-fils de Mahomet, a été assassiné en 661, pas au VIIIe siècle après Jésus-Christ. L'émir Abdallah est devenu roi de Transjordanie en 1946, pas en 1921 (bien qu’Abdallah ait effectivement dirigé la Transjordanie à compter de 1921 et jusqu'à ce que l’indépendance complète lui soit accordée par les Britanniques en 1949). La monarchie irakienne a été renversée en 1958, pas en 1962 ; Hadj Amin Al-Husseini, le grand mufti de Jérusalem, a été nommé par les autorités britanniques, pas élu ; pendant son exil, l’ayatollah Khomeiny a quitté la Turquie pour la ville sainte chiite de Nadjaf, non pas sous le règne de Saddam Hussein mais quatorze ans avant que Saddam ne s’empare du pouvoir. La résolution 242 du Conseil de sécurité de l’ONU a été adoptée en novembre 1967, pas en 1968 ; l’Égyptien Anouar El-Sadate a signé un traité de paix avec Israël en 1979, pas en 1977, et a été assassiné en octobre 1981, pas en 1979. Pendant la Première Intifada, Yitzhak Rabin était ministre de la Défense, pas Premier ministre, et Al-Qaïda n’a pas été créée en 1998 mais dix ans plus tôt. Et ainsi de suite. »

« La caméra de Yung Chang le suit en Bosnie sur la piste des marchands d'armes, à Sabra et Chatila (Liban), en Cisjordanie et en Syrie, où ses textes sur les attaques chimiques de Douma, qu'il conteste, déclenchent la controverse en 2018 ».

Jamais il ne donne la parole aux autorités israéliennes afin d'équilibrer son film, de leur permettre de contredire les allégations mensongères - cliché faux du vol des terres - des Palestiniens ou des Israéliens interviewés. Il en résulte des diatribes à charge contre l'Etat Juif.

« Assumant ses méthodes et sa sensibilité, Robert Fisk avoue craindre "que ce que nous écrivions ne change pas la moindre chose". Un constat que contredit pourtant son incroyable parcours ».

Robert Fisk a reçu le Prix Amnesty International en 2000 pour ses reportages en Serbie durant les bombardements de l’OTAN et le David Watt Memorial Award en 2001 pour sa couverture du Proche-Orient.

Le documentaire a été présenté au Toronto International Film Festival (TIFF).

Robert Fisk est décédé le 30 octobre 2020, à l'âge de 74 ans, à Dublin. Quelques semaines après la signature des "accords d'Abraham" normalisant les relations entre l'Etat d'Israël, le Bahreïn et les Emirats Arabes Unis (E. A. U.) et résultant de la diplomatie pragmatique et réaliste initiée par le Président américain Donald Trump ayant récusé les préjugés véhiculés par des correspondants de guerre comme Robert Fisk.


Producteur/-trice : Tinam Inc. / Sutor Kolonko
Auteur : Chang, Yung
Etats-Unis, Allemagne, 2019
Sur Arte le 18 février 2020 à 22 h 40
Disponible du 17/02/2020 au 24/02/2020
Visuels © Duraid al-Munajim

Les citations sont d'Arte. Cet article a été publié le 17 février 2020.

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