Arte diffusera le 22 janvier 2020 « La brigade des papiers » (Papier-Brigade. Die Shoah und die Bücher von Vilnius), documentaire réalisé par Diane Perelsztejn. « En 1941, les nazis acheminent à Vilna (aujourd'hui Vilnius) des centaines d'ouvrages témoignant de la culture juive volés dans les pays Baltes, en Pologne ou en Russie. Une poignée d'intellectuels juifs du ghetto de Vilnius, la "brigade des papiers", va entrer en résistance pour tenter de les sauver. »
"En 1939, Vilnius est la « Jérusalem de l’Est » épicentre de la culture ashkénaze avec plus de cent synagogues et de très nombreuses bibliothèques publiques ou privées. Elles recèlent les grands ouvrages de référence d’un millénaire de culture juive en Europe de l’Est, en yiddish, en hébreu, en russe, en polonais… Certains sont très rares et très anciens."
"Le drame commence en juin 1941, avec l’occupation allemande qui va durer jusqu’en juillet 1944. Les nazis vont procéder à l’élimination physique des 60 000 Juifs – la « Shoah par balle » – mais, en plus, ils vont vouloir détruire ces livres pour faire disparaître la culture, la mémoire juive. Tous les ouvrages de la région sont raflés, y compris ceux de culture slave que les nazis veulent aussi éliminer".
« Volés dans des bibliothèques, des musées et des synagogues dans les pays Baltes, en Pologne ou en Russie, des centaines de milliers d'ouvrages témoignant de la culture juive vont parvenir par camions entiers jusqu'à la "Jérusalem de Lituanie".
« Les plus rares ont vocation à alimenter la collection de l'Institut de recherche judaïque et hébraïque créé à Francfort par Alfred Rosenberg, l'idéologue du national-socialisme ».
« Ceux jugés mineurs sont promis à la destruction ».
"Incapables de lire la langue de l'Europe de l'Est, les nazis contraignent sous la menace une quarantaine d’intellectuels juifs à sélectionner les plus importants pour les envoyer à “l’Institut du parti nazi pour l’étude de la question juive”. Les autres seront détruits."
"Ces intellectuels – qu’on a surnommé “La brigade des papiers” et qui seront pour la plupart assassinés – ne baissent pas les bras. Ils vont cacher des milliers de livres précieux au risque de leur vie. En Allemagne, en 1945, les Alliés retrouveront à Francfort les caisses des livres envoyées pour le soi-disant « Institut ». Ils seront centralisés au YIVO de New-York."
"Incapables de lire la langue de l'Europe de l'Est, les nazis contraignent sous la menace une quarantaine d’intellectuels juifs à sélectionner les plus importants pour les envoyer à “l’Institut du parti nazi pour l’étude de la question juive”. Les autres seront détruits."
"Ces intellectuels – qu’on a surnommé “La brigade des papiers” et qui seront pour la plupart assassinés – ne baissent pas les bras. Ils vont cacher des milliers de livres précieux au risque de leur vie. En Allemagne, en 1945, les Alliés retrouveront à Francfort les caisses des livres envoyées pour le soi-disant « Institut ». Ils seront centralisés au YIVO de New-York."
« Chargés par l'occupant de conduire les opérations de tri, deux représentants de la communauté juive, Herman Kruk, un militant du Bund (le parti ouvrier juif), et Zelig Kalmanovitch, un linguiste, réunissent une quarantaine d'universitaires et d'écrivains, parmi lesquels les poètes Shmerke Kaczerginski et Avrom Sutzkever – ce dernier témoignera des atrocités nazies au procès de Nuremberg ».
« Ils subtilisent par dizaines des livres anciens, des manuscrits et des ouvrages religieux, en yiddish et en hébreu, qu'ils cachent avec leur production personnelle (journaux intimes, photos…) dans le ghetto où ils sont confinés ». Des trésors culturels juifs.
« Lorsque l'Armée rouge libère la ville en juillet 1944, seuls quelques-uns ont survécu ».
"Dès 1947, avec la montée de l’antisémitisme stalinien, les survivants craignent à nouveau pour leur vie et leurs trésors culturels. Ils fuient la Lituanie en emportant une partie des ouvrages avec eux."
"Dès 1947, avec la montée de l’antisémitisme stalinien, les survivants craignent à nouveau pour leur vie et leurs trésors culturels. Ils fuient la Lituanie en emportant une partie des ouvrages avec eux."
« Mais le sauvetage de tout ce qui, grâce à eux, a échappé à la destruction est pourtant encore loin d'être assuré… »
« Du temps du ghetto à celui de l'après-guerre, des bibliothèques de Vilnius à celles du Yivo, l'Institut pour la recherche juive à New York, de Tel-Aviv à Moscou, Diane Perelszstejn retrace la lutte clandestine de cette armée des ombres pour préserver de précieux documents ».
"A l'heure où d'autres dictatures idéologiques et brutales détruisent des oeuvres millénaires, ce film raconte l’histoire de ces résistants de “La brigade des papiers” et nous révèle la richesse de ces livres exceptionnels sauvés de la barbarie nazie. A New York, Paris, Tel Aviv et Vilnius les livres sauvés sont consultés, étudiés et passent désormais de mains en mains pour le plaisir de les découvrir ou de s'enrichir de cette culture immense."
"A l'heure où d'autres dictatures idéologiques et brutales détruisent des oeuvres millénaires, ce film raconte l’histoire de ces résistants de “La brigade des papiers” et nous révèle la richesse de ces livres exceptionnels sauvés de la barbarie nazie. A New York, Paris, Tel Aviv et Vilnius les livres sauvés sont consultés, étudiés et passent désormais de mains en mains pour le plaisir de les découvrir ou de s'enrichir de cette culture immense."
« Nourri d'émouvantes archives, d'éclairages d'historiens et de proches, un captivant récit ».
"Ce film procède d'un cheminement personnel, celui de mon identité juive et yiddish fragmentée. Il examine ma place dans la chaîne d’or, di goldènè keyt en yiddish, de la culture yiddish et juive – raison d’être de l’action de résistance de la « brigade des papiers ». Ma démarche de réalisation est dictée par la question : qu’aurais-je fait si j’avais été à la place des « brigadistes » sélectionnés par les nazis pour détruire leur propre culture ? Je ne peux l’imaginer », a expliqué Diane Perelsztejn, réalisatrice.
Et Diane Perelsztein d'ajouter : "Leur histoire défie l’imagination, et ils en étaient conscients. C’est pourquoi ils ont enterré, avec les trésors culturels qu’ils sauvaient, des chroniques clandestines, des notes, des photographies prises à la sauvette et des poèmes composés au ghetto : « Je ne sais si je survivrai ni si je reverrai ces lignes un jour. Mais si quelqu’un, quelque part, tombait sur elles, je voudrais lui dire mon dernier souhait : puisse un jour ces écrits d’un témoin direct parvenir au monde des vivants, afin qu’il sache » (Chronique clandestine d’Herman Kruk, responsable de « La brigade des papiers », extrait daté du 4 septembre 1941). La narration qui accompagne ce film est à la première personne, cependant elle devrait s’effacer le plus souvent au profit des images seules, portant les émotions évoquées ici par ces chroniques et notes clandestines. Face à l’authenticité des témoignages des « brigadistes », face à la diversité et à la justesse des émotions qu’ils y expriment avec beaucoup de retenue, je leur cède la parole et je me mets tout simplement à leur écoute ! Je vais également à la découverte des trésors culturels - objets de culte, livres rares, manuscrits, objets précieux - qu’ils ont sauvés et nous les interrogerons. Peut-être peuvent-ils encore livrer à l’écran un surcroît d’informations sur eux-mêmes, sur leur histoire, sur leur sauvetage ? J’ai mené cette enquête dans les lieux mêmes où sont conservées les collections rescapées, à New York, Paris, Tel Aviv et Vilnius. Avec Bernard Suchecky, nous avons redécouvert les livres sauvés de la destruction nazie... Ce récit est tissé sur un fonds d’archives photographiques, cinématographiques et d’images actuelles des lieux qui témoignent encore de leur histoire. L’historien Bernard Suchecky m’accompagne dans l’enquête en questionnant tant les collections rescapées que les écrits des « brigadistes ». Il est doté d'une excellente présence à l'écran. Sa voix capte l’attention, il évolue avec aisance et affiche une douce sensibilité. Il incarne la survie du Yiddish… mais pour combien de temps."
"Avec Bernard Suchecky et Diane Perelsztejn, nous nous sommes rendus compte qu’un pan entier de l’histoire de la Shoah n’a guère été exploré, à savoir la destruction systématique, acharnée, obsessionnelle, par les nazis de toute trace de culture juive en Europe occupée. La Brigade des papiers, est, à notre connaissance, le premier documentaire qui révèle l'ampleur de la volonté d’anéantissement de la culture juive par les nazis", a écrit Willy Perelsztejn, coproducteur.
Olivier Roncin, coproducteur du film, a expliqué "pourquoi participer à ce projet : "Notre documentaire souligne la résistance déterminée des juifs pour survivre autant que pour préserver les supports culturels de leur identité. Mais l'histoire de ce combat pour la culture ne s’arrête pas à la seconde guerre mondiale. Les brigadistes furent également confrontés à la logique totalitaire du pouvoir stalinien. Le film se place au cœur du combat de l’homme pour la liberté de penser. Pour assurer leur domination, les totalitarismes ont besoin de faire disparaître les outils de la pensée libre et en tout premier lieu, les livres. L’actualité proche consacre la contemporanéité du projet. Des sauvetages récents viennent à l’esprit. On pense aux trésors du musée de Kaboul qui ont été cachés par les employés du musée avant l’arrivée des talibans ou aux destructions de Daesh dans la ville de Palmyre."
"C’est un film dont les intervenants parlent yiddish à l’aube des années 2000 ; certains s’expriment en hébreu, en anglais, ou en français avec un accent argentin. Eux, ce sont ceux qui ont contribué à sauver la bibliothèque de Vilnius, riche de plus de 500 000 ouvrages de la culture yiddish, leurs descendants, et les historiens héritiers de cette culture. C’est plus qu’un inventaire avant disparition, c’est une trace qu’ils veulent indélébile, même si elle est fragile, comme le dit l’historien Sucheky : c’est l’écume que laisse la mer en se retirant. La vague ne reviendra plus, reste l’écume, plus d’un million de livres redistribués dans les bibliothèques du monde. Ce documentaire, grâce à des archives filmiques et manuscrites, avec les témoignages des survivants, raconte l’histoire de la brigade de papiers, des lettrés Juifs choisis par les nazis pour sélectionner les livres avant leur destruction. Seuls des Juifs pouvaient lire l’hébreu et le yiddish, et choisir les livres à sauver. Le projet démentiel d’Hitler était de créer un musée juif sans Juifs. Alors, les hommes chargés de la sélection ont décidé de sauver tout ce qu’ils pouvaient des oeuvres patrimoniales majeures entreposées à la bibliothèque de Vilnius."
Signe de la difficulté à produire le film, Diane Perelsztejn a recouru à une campagne de crowdfunding sur la plateforme Kiss Kiss Bank Bank.
"Ce film procède d'un cheminement personnel, celui de mon identité juive et yiddish fragmentée. Il examine ma place dans la chaîne d’or, di goldènè keyt en yiddish, de la culture yiddish et juive – raison d’être de l’action de résistance de la « brigade des papiers ». Ma démarche de réalisation est dictée par la question : qu’aurais-je fait si j’avais été à la place des « brigadistes » sélectionnés par les nazis pour détruire leur propre culture ? Je ne peux l’imaginer », a expliqué Diane Perelsztejn, réalisatrice.
Et Diane Perelsztein d'ajouter : "Leur histoire défie l’imagination, et ils en étaient conscients. C’est pourquoi ils ont enterré, avec les trésors culturels qu’ils sauvaient, des chroniques clandestines, des notes, des photographies prises à la sauvette et des poèmes composés au ghetto : « Je ne sais si je survivrai ni si je reverrai ces lignes un jour. Mais si quelqu’un, quelque part, tombait sur elles, je voudrais lui dire mon dernier souhait : puisse un jour ces écrits d’un témoin direct parvenir au monde des vivants, afin qu’il sache » (Chronique clandestine d’Herman Kruk, responsable de « La brigade des papiers », extrait daté du 4 septembre 1941). La narration qui accompagne ce film est à la première personne, cependant elle devrait s’effacer le plus souvent au profit des images seules, portant les émotions évoquées ici par ces chroniques et notes clandestines. Face à l’authenticité des témoignages des « brigadistes », face à la diversité et à la justesse des émotions qu’ils y expriment avec beaucoup de retenue, je leur cède la parole et je me mets tout simplement à leur écoute ! Je vais également à la découverte des trésors culturels - objets de culte, livres rares, manuscrits, objets précieux - qu’ils ont sauvés et nous les interrogerons. Peut-être peuvent-ils encore livrer à l’écran un surcroît d’informations sur eux-mêmes, sur leur histoire, sur leur sauvetage ? J’ai mené cette enquête dans les lieux mêmes où sont conservées les collections rescapées, à New York, Paris, Tel Aviv et Vilnius. Avec Bernard Suchecky, nous avons redécouvert les livres sauvés de la destruction nazie... Ce récit est tissé sur un fonds d’archives photographiques, cinématographiques et d’images actuelles des lieux qui témoignent encore de leur histoire. L’historien Bernard Suchecky m’accompagne dans l’enquête en questionnant tant les collections rescapées que les écrits des « brigadistes ». Il est doté d'une excellente présence à l'écran. Sa voix capte l’attention, il évolue avec aisance et affiche une douce sensibilité. Il incarne la survie du Yiddish… mais pour combien de temps."
Olivier Roncin, coproducteur du film, a expliqué "pourquoi participer à ce projet : "Notre documentaire souligne la résistance déterminée des juifs pour survivre autant que pour préserver les supports culturels de leur identité. Mais l'histoire de ce combat pour la culture ne s’arrête pas à la seconde guerre mondiale. Les brigadistes furent également confrontés à la logique totalitaire du pouvoir stalinien. Le film se place au cœur du combat de l’homme pour la liberté de penser. Pour assurer leur domination, les totalitarismes ont besoin de faire disparaître les outils de la pensée libre et en tout premier lieu, les livres. L’actualité proche consacre la contemporanéité du projet. Des sauvetages récents viennent à l’esprit. On pense aux trésors du musée de Kaboul qui ont été cachés par les employés du musée avant l’arrivée des talibans ou aux destructions de Daesh dans la ville de Palmyre."
"C’est un film dont les intervenants parlent yiddish à l’aube des années 2000 ; certains s’expriment en hébreu, en anglais, ou en français avec un accent argentin. Eux, ce sont ceux qui ont contribué à sauver la bibliothèque de Vilnius, riche de plus de 500 000 ouvrages de la culture yiddish, leurs descendants, et les historiens héritiers de cette culture. C’est plus qu’un inventaire avant disparition, c’est une trace qu’ils veulent indélébile, même si elle est fragile, comme le dit l’historien Sucheky : c’est l’écume que laisse la mer en se retirant. La vague ne reviendra plus, reste l’écume, plus d’un million de livres redistribués dans les bibliothèques du monde. Ce documentaire, grâce à des archives filmiques et manuscrites, avec les témoignages des survivants, raconte l’histoire de la brigade de papiers, des lettrés Juifs choisis par les nazis pour sélectionner les livres avant leur destruction. Seuls des Juifs pouvaient lire l’hébreu et le yiddish, et choisir les livres à sauver. Le projet démentiel d’Hitler était de créer un musée juif sans Juifs. Alors, les hommes chargés de la sélection ont décidé de sauver tout ce qu’ils pouvaient des oeuvres patrimoniales majeures entreposées à la bibliothèque de Vilnius."
Signe de la difficulté à produire le film, Diane Perelsztejn a recouru à une campagne de crowdfunding sur la plateforme Kiss Kiss Bank Bank.
Auteur et conseiller historique : Bernard Suchecky
Producteurs : Willy Perelsztejn, Les Films de la Mémoire Olivier Roncin, Poischiche Films
Narration lue par Dominique Lévy
Sur Arte le 22 janvier 2020 à 00 h 15.
Disponible du 14/01/2020 au 19/02/2020Visuels :
Bibliothek des Jüdischen Wissenschaftlichen Instituts (YIVO) in New York
Hadas Kalderon
Alexander Tamir
© Poischiche FIlms/Philippe Vandendriessche
Articles sur ce blog concernant :
Les citations sur le film sont d'Arte.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire