mardi 7 mars 2023

Vladimir Jankélévitch (1903-1985)

Vladimir Jankélévitch (1903-1985) était 
juif français,  normalien agrégé de philosophie, professeur de philosophie morale à l'Université de Lille en 1938. Durant la Deuxième Guerre mondiale, il est blessé au front, révoqué de son poste en raison du Statut des Juifs. Il survit difficilement sous de fausses identités et s'engage dans la Résistance. Musicologue, pianiste, il est titulaire de la chaire de philosophie morale à la Sorbonne (1951-1979). Il a publié des livres majeurs : Henri Bergson (1931), L'Ironie (1936), Le Mal (1947), Traité des vertus (1949), Le Je-ne-sais-quoi et le presque-rien (1957), Le Pur et l'Impur (1960), L'Aventure, l'Ennui, le Sérieux (1963), La Mauvaise Conscience (1966), La Mort (1966), Le Pardon (1967), Traité des vertus (1968), Le Paradoxe de la morale (1981)À l’occasion de la parution de la biographie Le charme irrésistible du je-ne-sais-quoi, de Françoise Schwab (Albin Michel), des Cahiers de l’Herne consacrés au philosophe et de La conscience juive (L’Herne), recueil de ses textes sur le judaïsme, le musée d'art et d'histoire du Judaïsme (mahJ) propose le 8 mars 2023 de 19 h 00 à 20 h 30, une soirée sur Vladimir Jankélévitch animée par Avishag Zafrani, en présence de Françoise Schwab, biographe de Vladimir Jankélévitch, Pascal Ory, historien, et Roger-Pol Droit, philosophe.

Raymond Aron (1905-1983) 
« ENS : L'école de l’engagement à Paris » par Antoine de Gaudemar et Mathilde Damoisel
Archives de la vie littéraire sous l'Occupation 

Le 18 janvier 1980, dans le cadre de son émission "Apostrophes", le journaliste Bernard Pivot recevait Vladimir Jankélévitch pour "Le je ne sais quoi et le presque rien". Le philosophe d'origine russe était entouré de deux de ses anciens élèves, François George, auteur de "L'effet 'Yau de Poêle de Lacan et les lacaniens" et de "Pour un ultime hommage au camarade Staline", et Blandine Barret Kriegel pour "L'état et les esclaves". Vladimir Jankélévitch racontait comment il interrogeait ses étudiants sur la mort. Alors qu'ils listait les citations de tel ou tel philosophe, Vladimir Jankélévitch leur rétorquait pour découvrir leur pensée personnelle : "Mais monsieur lambda, qu'est-ce qu'il en pense de la mort ? Il va lui aussi mourir".

"Vladimir Jankélévitch, figures du philosophe"
Philosophe, professeur à la Sorbonne et musicologue, Vladimir Jankélévitch (1903-1985) est « l’une des plus grandes figures de la philosophie française. Morale, métaphysique et musique sont les domaines de prédilection de sa pensée, écrite dans une langue à la fois fluide et subtile, reconnaissable entre toutes ». 

« Engagé dans les combats de son siècle, durant la Résistance notamment, et contre l’antisémitisme après-guerre, il est l’auteur d’écrits et de prises de position dont le rayonnement a dépassé les cercles de spécialistes et touché le grand public ». 

« Enseignant à la Sorbonne de 1951 à 1975, Vladimir Jankélévitch fut un professeur de philosophie marquant pour des générations d’étudiants »sur lesquels il exerça une influence durable.

« Depuis 1997, grâce à la générosité de la famille de Vladimir Jankélévitch, le département des Manuscrits de la Bibliothèque nationale de France conserve un important fonds de manuscrits du philosophe, qu’un don récent est venu compléter ».

La Bibliothèque nationale de France (BnF) proposa l’exposition « Vladimir Jankélévitch, figures du philosophe » dont le commissariat est assuré par Guillaume Fau, conservateur en chef au département des Manuscrits, BnF.

Cette rétrospective réunit « manuscrits, correspondances, documents d’époque (affiches, tracts, programmes), photographies ou documents audiovisuels, enregistrements audio, parmi lesquels notamment une interview du philosophe sur Henri Bergson pour Radio France réalisée en juin 1995 et une interprétation au piano par le philosophe lui-même de Morceaux en forme de poire d'Erik Satie, dans une émission réalisée pour l'ORTF par Eliane Victor en 1971 - qui éclairent la pensée et l’itinéraire du philosophe, une des plus grandes et des plus attachantes figures de la philosophie française ». 

« Données par sa famille à la BnF, ces quelque 120 pièces sont conservées au département des Manuscrits ».

Cette exposition « propose un regard rétrospectif organisé en cinq grandes sections : les origines familiales et les années de formation, la période de la Deuxième Guerre mondiale, l’activité d’enseignant de Vladimir Jankélévitch et sa défense de l’enseignement de la philosophie, la place de la musique dans sa pensée et une présentation en majesté des grands manuscrits de Jankélévitch ».

Les origines familiales et les années de formation 
Vladimir Jankélévitch est né « dans une famille d’intellectuels juifs russes (fils de Samuel Jankélévitch, médecin, lui-même grand traducteur de l’allemand ; sa sœur Ida sera l’épouse de Jean Cassou) ».

« Au sein de sa famille, il a puisé certaines sources de sa pensée ou encore auprès des figures d’Henri Bergson, avec qui il entretint une correspondance, ou d’Émile Bréhier, son directeur de mémoire sur Plotin ».

La période de la Seconde Guerre mondiale
Vladimir Jankélévitch s’engage dans la Résistance à Toulouse. 

Sa « pensée de l’antisémitisme et de l’imprescriptible marqueront son œuvre durablement et connaîtront un grand retentissement ».

Son activité d’enseignant et sa défense de l’enseignement de la philosophie.
Parmi les anciens élèves de ce professeur à la Sorbonne : François George et Blandine Barret Kriegel.

La place de la musique dans sa pensée
« Excellent pianiste, il laisse en outre une série d’études d’une grande finesse d’analyse sur les compositeurs – russes (Rimski-Korsakov), espagnols (Albéniz, de Falla, Mompou), français (Ravel, Fauré, Debussy…) – ainsi que les formes (la rhapsodie, le nocturne) qu’il admire. Son goût de l’improvisation et de la virtuosité l’amène aussi à écrire sur Liszt ».

Une présentation en majesté des grands manuscrits de Jankélévitch
Elle « synthétise le propos de l’exposition et met l’accent sur les traces, fragiles et émouvantes, d’une grande pensée du paradoxe et de l’ineffable pour les hommes du XXIe siècle ».

Autour de l’exposition, a eu lieu la lecture de textes de Vladimir Jankélévitch par des comédiens de la Comédie-Française.

"Le charme irrésistible du je-ne-sais-quoi"
En 2023, Albin Michel a publié "Vladimir Jankélévitch. Le charme irrésistible du je-ne-sais-quoi" de Françoise Schwab.

"Le livre de Françoise Schwab vient combler un vide. Il s’agit de la première biographie du philosophe et musicographe Vladimir Jankélévitch (1903-1985) – dont l’importance, non seulement en France, mais aussi à l’étranger, en particulier en Italie et en Allemagne, où ses prises de position contre le nazisme sont toujours au cœur des débats, ne cesse de grandir.
Françoise Schwab, qui fut une de ses proches, a publié les ouvrages posthumes de Vladimir Jankélévitch et organisé de nombreux colloques consacrés à l’actualité et à l’originalité de son œuvre. Son essai se propose de croiser les dimensions biographiques et intellectuelles de ce penseur majeur. On découvre l’itinéraire d'un homme extraordinaire qui fut pris dans les combats de son temps, depuis l'École normale supérieure, où il fut admis avec Raymond Aron et Jean Cavaillès, à sa filiation avec Henri Bergson, mais aussi avec les penseurs russes de l’exil, comme Nicolas Berdiaev, sans oublier son combat décisif pour la Résistance pendant la guerre."

"Au service de l'universalité d'une pensée vive, ravivée au creuset de son identité juive, Vladimir Jankélévitch a questionné la Grèce, le legs romain et celui de toute l'Europe. Il a été un homme dans son temps, un Socrate au milieu de la cité, que ce fût à Prague, à Lyon ou lors des événements de Mai 68, voire lors des états généraux de la philosophie à la Sorbonne en 1979."

"Cahier Vladimir Jankélévitch"
En février 2023, les éditions de L'Herne ont publié "Vladimir Jankélévitch", livre dirigé par Françoise Schwab, Pierre-Alban Gutkin-Guinfolleau et Jean-François Rey.

"Nul besoin de caution pour s’intéresser à l’oeuvre monumentale de Vladimir Jankélévitch qui traverse de bout en bout le XXe siècle. Philosophe, écrivain, pianiste, musicologue, résistant, témoin et victime d’une guerre qui a « coupé sa vie en deux », infatigable marcheur de la gauche, professeur en Sorbonne… C’est tout cela que fut Vladimir Jankélévitch. Les visages de l’homme sont multiples et ce Cahier, à partir de conférences et d’articles désormais introuvables (sur la musique, la religion et son judaïsme), de documents historiques (un CV corrigé de la main de Jankélévitch, une attestation de Résistance), d’engagements publics (sur l’enseignement de la philosophie, sur l’Université française, sur la Shoah, sur l’Allemagne d’après-guerre), mais aussi, d’articles critiques et de témoignages de ses collègues, disciples et fidèles amis, permet d’en dessiner tous les contours."
 
"Toutes les pages de ce Cahier démontreront sans peine l’actualité d’une pensée qui lie tous les champs du savoir classique à l’exigence quasiment existentielle de la morale. "

"La conscience juive"
En 2023, Les Editions de L'Herne ont publié "La conscience juive" de Vladimir Jankélévitch, avec une préface de Françoise Schwab. "Les textes de ce recueil proviennent des colloques des Intellectuels juifs de langue française, auxquels Vladimir Jankélévitch participa assidûment à partir de 1957. Ces colloques se proposent de mettre à distance un certain pessimisme d’après-guerre et de (re)donner un sens à un judaïsme rescapé de l’anéantissement au travers de nouvelles réflexions et interrogations. Ainsi prennent place les conférences de Vladimir Jankélévitch, tout en témoignant de son attachement à Israël, à la conscience juive et à sa complexité. Remontant le fil de sa propre histoire, il donne à lire dans ces textes sa vision du judaïsme." 
 
« Si les Juifs n’existaient pas, il aurait fallu les inventer, il aurait fallu fabriquer un peuple mystérieux et disséminé comme nous le sommes, par rapport auquel l’homme puisse avoir des sentiments qui ne ressemblent pas à d’autres, qui ne se laissent pas banaliser et qui subsisteront jusqu’à la fin des temps. […] L’homme juif est deux fois absent de lui-même et en cela on pourrait dire qu’il est l’homme par excellence. Qu’il est deux fois homme. Deux fois plus humain qu’un autre homme par ce pouvoir d’être absent de soi-même et d’être un autre que soi. L’homme n’est un homme que parce qu’il devient sans cesse ce qu’il est et parce qu’il est de ce fait sans cesse un autre. Mais il y a dans le fait d’être juif un exposant supplémentaire d’altérité qui réside dans le fait d’échapper à toute définition. Nous, qui revendiquons notre judaïsme, qui tentons de le retrouver en nous dans sa dimension essentielle, nous protestons lorsqu’on nous définit par cette qualité de juif, et nous estimons que c’est une des marques de l’antisémitisme de considérer le juif comme juif et de ne vouloir le considérer que comme tel. C’est une des marques de l’antisémitisme que de vouloir enfermer le juif dans son étroitesse juive, de ne le définir que par cette qualité – que pourtant nous revendiquons. »

Au mahJ
À l’occasion de la parution de la biographie Le charme irrésistible du je-ne-sais-quoi, de Françoise Schwab (Albin Michel), des Cahiers de l’Herne consacrés au philosophe et de La conscience juive (L’Herne), recueil de ses textes sur le judaïsme, le musée d'art et d'histoire du Judaïsme (mahJ) propose le 8 mars 2023 de 19 h 00 à 20 h 30, une soirée sur Vladimir Jankélévitch animée par Avishag Zafrani, en présence de Françoise Schwab, biographe de Vladimir Jankélévitch, Pascal Ory, historien, et Roger-Pol Droit, philosophe.

"Philosophe et musicologue auteur d’une œuvre immense, Vladimir Jankélévitch est né à Bourges en 1903, de parents originaires d’Odessa et Rostov-sur-le-Don ayant fui l’antisémitisme."

"Entré à l’École normale supérieure en 1922, il est reçu premier à l’agrégation de philosophie en 1926 et publie en 1931 Henri Bergson, salué par le philosophe". 

"Professeur de philosophie à l’université de Toulouse lorsque la guerre éclate en 1940, il est mobilisé, blessé et évacué, et entre dans la clandestinité en 1941, intégrant plusieurs réseaux de résistance."

"La Shoah et la culpabilité du survivant le marqueront profondément, lui imposant le « devoir sacré » de témoigner, et inspirant certains de ses textes les plus importants."

Ce programme a bénéficié du soutien de la DILCRAH
> Sur place venez à la billetterie (du mardi au samedi de 15h à 17h)
> Par téléphone, au 01 53 01 86 57 (lundi et mercredi de 10h30 à 13h*)
* Paiement sécurisé par carte bancaire


Le 8 mars 2023 de 19 h 00 à 20 h 30
Au Musée d’art et d’histoire du Judaïsme 
Hôtel de Saint-Aignan 
A l'auditorium
71, rue du Temple. 75003 Paris
Tél. : 01 53 01 86 57

Françoise Schwab, "Vladimir Jankélévitch. Le charme irrésistible du je-ne-sais-quoi". Albin Michel, 2023. 400 pages. 23,90 €. ISBN-10 : 2226480536. ISBN-13 : ‎978-2226480538

Françoise Schwab, Pierre-Alban Gutkin-Guinfolleau et Jean-François Rey (Sous la direction de), "Cahier Vladimir Jankélévitch". Editions de l'Herne, 2023. 296 pages. 33 €. ISBN : 979 103 190 374 3

Vladimir Jankélévitch, "La conscience juive". Préface de Françoise Schwab. Editions de L'Herne, 2023. 168 pages. 14 €. ISBN : 9791031903736

Du 15 janvier 2019 au 3 mars 2019
A la BnF I François-Mitterrand 
Quai François-Mauriac, Paris XIIIe
A la Galerie des donateurs
Du mardi au samedi de 10h à 19h. Dimanche de 13h à 19h
Entrée libre

 A lire sur ce blog :
Les citations sur les films sont de la BnF. Cet article a été publié le 28 février 2019.

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