L'expression "Gilets jaunes" désigne un mouvement politique et social, polyphonique, polymorphe, méfiant à l'égard des "chefs", des pouvoirs politiques, des instances représentatives - Parlement, syndicats -, de médias... Et qui révèle une grave crise de la démocratie française. Arte diffusera le 28 juillet 2021, dans le cadre de « La vie en face 2021 », « Classe moyenne - Les révoltés » (Nicht mit uns! Der Aufstand der Mittelschicht) de Frédéric Brunnquell.
La Fraction Armée rouge (RAF) allemande
« Les trois vies d’Axel Springer » de Manfred Oldenburg, Jobst Knigge et Sebastian Dehnhardt
« Une jeunesse allemande » par Jean-Gabriel Périot
« Une jeunesse allemande » par Jean-Gabriel Périot
« Les Amnésiques » par Géraldine Schwarz
« Extrémisme de gauche - Entre protestation et terreur » par Rainer Fromm
« Alger, la Mecque des révolutionnaires (1962-1974) » par Ben Salama « Extrémisme de gauche - Entre protestation et terreur » par Rainer Fromm
Réunis sur des ronds-points, défilant dans les principales villes françaises le samedi, ils ont paisiblement réclamé une revalorisation de leur pouvoir d'achat, la suppression d'une taxe sur l'essence.
Le samedi, se succédaient les Gilets jaunes, les Blacks Blocs (gauchistes), puis les "jeunes des banlieues" venus piller des boutiques, saccager des magasins, détériorer des voitures, se saisir d'objets sur des chantiers pour détruire. Cette violence a discrédité, délégitimé les Gilets jaunes, et apeuré une partie des France ainsi que le pouvoir politique.
Les directives de la Préfecture de police de Paris (PPP) dépendant du ministère de l'Intérieur ont réprimé brutalement des manifestants - recours à des forces de l'ordre mal ou peu formées au maintien de l'ordre lors de manifestations -, ce qui a occasionné d'une part des blessures graves parmi des manifestants - une étudiante a perdu un œil, un chauffeur routier une main et donc son travail, etc.-, et, d'autre part, et une scission entre la population et les forces de l'ordre.
Dès décembre 2019, le Président de la République Emmanuel Macron annonçait des mesures, mais insuffisantes. Il a aussi détourné l'attention de l'opinion publique par deux opérations de communication.
Un "grand débat national" (mi-décembre 2018-15 mars 2019) au cours duquel les Français étaient invités à écrire leurs doléances et réflexions sur quatre sujets imposés par le pouvoir politique - transition écologique, fiscalité, services publics, débat démocratique - (l'immigration a été exclue du débat) a pris fin le 25 avril 2019 par la conférence de presse du Président de la République Emmanuel Macron, à l'Élysée. Au cours de cette conférence, le chef de l'Etat a annoncé des mesures, dont une baisse de l'impôt sur le revenu (IR) et la ré-indexation des petites retraites sur l'inflation.
Parallèlement, du 15 janvier au 4 avril 2019, le Président Emmanuel Macron a effectué un "Tour de France" en seize réunions/débats - "réunion publique avec des maires, discussion jusqu'au bout de la nuit avec des intellectuels, rencontre avec des enfants" -, dont onze en régions et cinq à l'Elysée, a rencontré des milliers d'élus et d'habitants, et assuré des dizaines d'heures de débat… Une forme de stand-up pour cet ancien comédien amateur qui bénéficiait d'un public captif.
La pandémie de coronavirus au printemps 2020, et la loi d'urgence sanitaire réduisant la liberté de manifester, avaient mis momentanément un terme aux actions d'un mouvement qui s'étiolait, car de nombreux Gilets jaunes étaient déçus et écœurés par l'instrumentalisation de leur mouvement par des extrémistes.
En juillet 2021, le gouvernement est inquiet par l'éventuelle coalition de Gilets jaunes et d'opposants aux mesures gouvernementales contraignantes, perçues par beaucoup comme injustifiées d'un point de vue médical, ruineuses pour l'économie et liberticides - passe sanitaire, vaccination obligatoire de facto, et peut-être à l'automne 2021 de jure - dans la lutte contre le coronavirus ou COVID-19.
« Du lundi au vendredi, un reportage raconte les Européens dans toute leur diversité ».
Arte a consacré plusieurs reportages au mouvement des Gilets jaunes qui a surgi brusquement à l'automne 2017 dans la scène politique, dans les ronds-points et dans les rues des villes.
Arte a consacré plusieurs reportages au mouvement des Gilets jaunes qui a surgi brusquement à l'automne 2017 dans la scène politique, dans les ronds-points et dans les rues des villes.
Arte diffusa le 31 janvier 2019, dans le cadre d’« ARTE Regards », « La révolte jaune. Un mouvement populaire face au pouvoir » (Re: Rebellion in Frankreich. Widerstand gegen Macron).
« Au Président Emmanuel Macron, on lui doit un merci : il a réveillé notre fraternité », explique une femme Gilet Jaune présente aux ronds points.
« Au Président Emmanuel Macron, on lui doit un merci : il a réveillé notre fraternité », explique une femme Gilet Jaune présente aux ronds points.
« Parti d’une manifestation spontanée contre les taxes sur le carburant, le mouvement des "gilets jaunes" a enflé sans prévenir, et ne semble pas vouloir s’essouffler ». Il réclamait une hausse de son pouvoir d'achat, l'indexation des retraites sur le taux de l'inflation. Et souvent la démission du Président de la République Emmanuel Macron considéré comme méprisant à l'égard de ces Gilets jaunes. A ces demandes, des Gilets jaunes ont ajouté le référendum d'initiative citoyenne (RIC) et le "rétablissement" de l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF) qui a été transformé, sous la présidence Macron, en « impôt sur la fortune immobilière ».
« Depuis plusieurs mois, des centaines de milliers de Français manifestent chaque semaine contre la politique d’Emmanuel Macron ». Et ce, dans de nombreuses cités - Bordeaux, Toulouse, etc. -, malgré un hiver particulièrement rigoureux.
A ces Gilets jaunes, se sont joints des extrémistes de gauche, notamment des Black Blocs, et de droite, ainsi que des casseurs ou vandales issus de "quartiers sensibles". Ils ne s'embarrassent pas toujours du port de ce vêtement caractéristique. Et un certain nombre d'entre eux n'hésitent pas à attaquer les forces de l'ordre et à pratiquer des razzias.
A ces Gilets jaunes, se sont joints des extrémistes de gauche, notamment des Black Blocs, et de droite, ainsi que des casseurs ou vandales issus de "quartiers sensibles". Ils ne s'embarrassent pas toujours du port de ce vêtement caractéristique. Et un certain nombre d'entre eux n'hésitent pas à attaquer les forces de l'ordre et à pratiquer des razzias.
« S’élevant contre un « président des riches » qui impose aux classes populaires des taxes injustes, exigeant une hausse des salaires et des retraites, le mouvement – chose inhabituelle – n’a pas surgi à l’appel d’un parti d’opposition ou d’un syndicat ». Il exprime une méfiance à l’égard des « élites », politiques ou médiatiques, et des organisations ou institutions représentatives : syndicats, Parlement, etc. Et défie le Président de la République en imposant son tempo et ses doléances.
Les violences d'individus ou de groupes, surgissant souvent à la nuit tombée, sont condamnées par les principaux partis politiques. Elles sont endémiques en France depuis des décennies, et surgissent lors ou en marge de manifestations, lors des Journées nationales : 14 juillet, Saint-Sylvestre, etc. Et tolérées par les autorités politiques nationales au grand dam des victimes de ces violences : voitures brûlées, vols de téléphones portables, pillages de magasins, etc. Ces groupes affirment ainsi leur mépris à l'égard de la loi française ou le maintien de l'ordre public.
A ce mouvement, les autorités politiques nationales ont répondu par des "éléments de langage" - "Nous allons faire preuve de pédagogie", "Vous nous imputez une situation créée par les gouvernements successifs, de droite et de gauche, depuis les années 1980" (c'est oublier qu'Emmanuel Macron a été conseiller économique à l'Elysée sous la présidence Hollande et ministre de l'Economie pendant plusieurs années) -, des amalgames - "une foule haineuse" -, une instrumentalisation de l'Histoire - "peste brune" -, des opérations de police au bilan dramatique - utilisation d'instruments (grenades de désencerclement, LBD, lanceurs de balles de défense ou flashballs, par des forces de l'ordre non formées au maintien de l'ordre lors de manifestations, mutilant des manifestants ou passants -, l'absence de mise en jeu de la responsabilité de dirigeants chargés du maintien de l'ordre - préfet de police, ministre de l'Intérieur, etc. -, une répression judiciaire peu digne d'un Etat de droit, des mesures politiques tardives, partielles et insuffisantes, des débats lassants avec un Président semblant être un candidat face à un public sélectionné - excluant des maires du Rassemblement national - et mener sa campagne en vue des élections européennes, ainsi que d'autres entre citoyens lambda et aux thèmes prédéfinis par l'Elysée qui retiendra... ce qu'il voudra.
Pourquoi ces débats ? Le Président Emmanuel Macron est censé connaitre ses concitoyens. En effet, en 2016, bien avant sa campagne électorale, ses soutiens, les "marcheurs" avaient "parcouru la France pour l'aider à établir un "diagnostic" de la société grâce à deux outils : une campagne de porte-à-porte ultrarationalisée et un questionnaire précis sur les attentes, les désirs, les déceptions et les inquiétudes des Français. A la base des travaux de LMP [agence réunissant Guillaume Liégey, Arthur Muller et Vincent Pons, conseillers en stratégie électorale, Nda], il y a un maillage minutieux du territoire pour optimiser les lieux à fort potentiel électoral et fournir un second souffle à un militantisme ringardisé par les réseaux sociaux. Leurs données viennent des résultats complets des dernières élections, bureau de vote par bureau de vote, publiés sur le site du ministère de l'Intérieur, et des enseignements du dernier recensement fournis par l'Insee. Age, lieu et type d'habitation, situation socioprofessionnelle et familiale, tout est pris en compte pour établir des critères objectifs et faire d'une campagne de porte-à-porte une étude scientifique grandeur nature".
Curieusement, aucun des journalistes, aucun des "experts" invités par les médias n'ont prévu cette révolte généralisée à toute la France.
"Le mouvement des Gilets jaunes n'est pas une résurgence de la révolution française ou de mai 68, cela est au contraire quelque chose de très nouveau : cela correspond à l'impact de la mondialisation sur la classe moyenne au sens large : de l'ouvrier au cadre supérieur. La classe moyenne ce ne sont pas seulement les professions intermédiaires, c'est un ensemble, ce sont les gens qui travaillent et qui ont l'impression de faire partie d'un tout, peu importe qu'il y ait des inégalités de salaires... Ce qui était malsain dans l'analyse qui en a été fait, cela a été le moment ou l'on a dit "en réalité, ils ne sont pas pauvres". On opposait une nouvelle fois les pauvres aux classes populaires alors que la presque totalité des pauvres sont issus des classes populaires. Il y a un lien organique entre eux. Quand on prend ces catégories, ouvriers, employés, paysans etc.…ils peuvent être pauvres, au chômage, et même quand ils ont un emploi, ils savent très bien que la case pauvreté est toute proche sur l'échiquier. Surtout, ils ont un frère, un cousin, un grand parent, un ami, un voisin qui est pauvre. On oublie toujours de dire que la pauvreté n'est pas un état permanent, il y a un échange constant entre classes populaires et pauvreté. Opposer ces catégories, c'est refuser ce lien organique entre pauvres et travailleurs modestes. C'est donc ne rien comprendre à ce qui se joue actuellement", a analysé le géographe de la France périphérique, Christophe Guilluy (Atlantico, 26 janvier 2019).
Et d'ajouter : "Ce que nous constatons aujourd'hui, c'est une dysfonction entre l'économie et la société. Et cela est la première fois. Avant, l'économie faisait société, c'était les 30 glorieuses avec un modèle économique qui intègre tout le monde et qui bénéficie à l'ensemble de la société... La seule chose qui protège les catégories supérieures est qu'elles vivent aujourd'hui dans des citadelles. C'est ce qui fait aussi que la baisse du soutien des français au mouvement des Gilets jaunes touche ces catégories-là. Mais cela n'empêche pas que le socle électoral d'Emmanuel Macron se restreint comme peau de chagrin, cela est mécanique... Depuis les années 80, on a souvent compensé ces destructions d'emplois sur ces territoires par des emplois publics, mais les gens ont parfaitement compris que ce modèle était à bout de souffle. Les fonctionnaires de catégorie B et C, qui sont présents dans le mouvement, ont compris que cela était fini, qu'ils n'auraient plus d'augmentations de salaires ou que leurs enfants ne pourront plus en profiter. On a bien là une angoisse d'insécurité sociale qui s'est généralisée à l'ensemble de ces catégories qui étaient, hier, totalement intégrées à la classe moyenne, et cela démontre bien comment un mouvement parti des marges est devenu majoritaire. Cela est la limite du modèle économique néolibéral... Nous payons réellement 30 années de mépris de classe, d'ostracisation, d'insultes en direction du peuple".
Et de poursuivre : "Emmanuel Macron n'aurait pas pu être élu sans le niveau de l'État providence français. À la fin il passe, évidemment parce qu'il fait le front des bourgeoises et des catégories supérieures, des scores soviétiques dans les grandes métropoles mais aussi et surtout parce que la majorité de la fonction publique a voté pour lui, tout comme la majorité des retraités a voté pour lui. C’est-à-dire les héritiers des 30 glorieuses et surtout le cœur de la redistribution française. Emmanuel Macron se tire deux balles dans le pied en attaquant la fonction publique et les retraités. Nous assistons à un suicide en direct. C'est ce qui explique qu'il soit très vite passé de 65 à 25%. Finalement, et paradoxalement, le modèle français ne résiste au populisme et perdure dans le sens de la dérégulation néolibérale que grâce à un État providence fort. Mais en l'absence d'un État providence- ce que veulent les libéraux- nous aurons alors le populisme".
Et de conclure : "Ce que nous voyons aujourd'hui, ce sont des journalistes qui vont dans les salons des Gilets jaunes pour vérifier s'ils ont un écran plat, un abonnement Netflix, ou un IPhone. Ils sont prêts à les fouiller, cela est dingue. Lors des manifestations de 1995, les journalistes ne sont pas allés vérifier si les cheminots avaient un écran 16/9e chez eux, ou quand il y a eu les émeutes des banlieues, de vérifier si le mec qui brûle une voiture vit chez lui avec une grande télé ou pas. Cette façon de délégitimer un mouvement est une grande première. C'est la première fois que l'on fait les poches des manifestants pour savoir s'ils ont de l'argent ou pas, et s'il y en a, on considère que cela n'est pas légitime. Ce qu'ils n'ont pas compris, c'est que si on gagne le revenu médian à 1700 euros, la perspective est que, même si cela va aujourd'hui, cela ne va pas aller demain. L'élite n'a toujours pas compris que les gens étaient parfaitement capables de faire un diagnostic de leurs propres vies. Cette condescendance dit un gigantesque mépris de classe. J'ai moi-même été surpris, je ne pensais pas que cela irait si vite. En quelques heures, les Gilets jaunes sont devenus antisémites, homophobes, racistes, beaufs... Et là encore, on voit bien que l'antiracisme et l'antifascisme sont devenus une arme de classe... Les Gilets jaunes ont gagné l'essentiel, ils ont gagné la bataille de la représentation. On ne pourra plus faire comme si cette France n'existait pas, comme si la France périphérique était un concept qui ne pouvait pas être incarné par des gens. Si nous sommes encore démocrates nous sommes obligés de le prendre en compte. Ce qu'il faut espérer, c'est que les élites se rendent compte que les peuples occidentaux sont encore relativement paisibles... nous avons sous les yeux un peuple qui veut faire société et des élites qui ne veulent plus faire société, comme je le disais dans "No Society" (Flammarion). C'est un moment de rupture historique entre un monde d'en haut, intellectuels, politiques, showbiz etc.… qui a peur de son propre peuple. Ils ne veulent plus faire société avec un peuple qu'ils méprisent. C'est la thèse de Christopher Lasch de la "sécession des élites". On le voit aussi avec le discours anti-média des Gilets jaunes qui ne fait que répondre à 30 ans d'invisibilisation de ces catégories. Les classes populaires n'étaient traitées qu'au travers des banlieues et ils payent aujourd'hui ce positionnement... nous ne sommes plus au XXe siècle. C'est tout le mythe du mouvement social qui est ringardisé. Réunir des gens à République et les faire manifester jusqu'à Bastille avant qu'ils ne rentrent chez eux, c'est fini. C'est aussi une réécriture du mouvement social qui est en train de se réaliser".
Les violences d'individus ou de groupes, surgissant souvent à la nuit tombée, sont condamnées par les principaux partis politiques. Elles sont endémiques en France depuis des décennies, et surgissent lors ou en marge de manifestations, lors des Journées nationales : 14 juillet, Saint-Sylvestre, etc. Et tolérées par les autorités politiques nationales au grand dam des victimes de ces violences : voitures brûlées, vols de téléphones portables, pillages de magasins, etc. Ces groupes affirment ainsi leur mépris à l'égard de la loi française ou le maintien de l'ordre public.
A ce mouvement, les autorités politiques nationales ont répondu par des "éléments de langage" - "Nous allons faire preuve de pédagogie", "Vous nous imputez une situation créée par les gouvernements successifs, de droite et de gauche, depuis les années 1980" (c'est oublier qu'Emmanuel Macron a été conseiller économique à l'Elysée sous la présidence Hollande et ministre de l'Economie pendant plusieurs années) -, des amalgames - "une foule haineuse" -, une instrumentalisation de l'Histoire - "peste brune" -, des opérations de police au bilan dramatique - utilisation d'instruments (grenades de désencerclement, LBD, lanceurs de balles de défense ou flashballs, par des forces de l'ordre non formées au maintien de l'ordre lors de manifestations, mutilant des manifestants ou passants -, l'absence de mise en jeu de la responsabilité de dirigeants chargés du maintien de l'ordre - préfet de police, ministre de l'Intérieur, etc. -, une répression judiciaire peu digne d'un Etat de droit, des mesures politiques tardives, partielles et insuffisantes, des débats lassants avec un Président semblant être un candidat face à un public sélectionné - excluant des maires du Rassemblement national - et mener sa campagne en vue des élections européennes, ainsi que d'autres entre citoyens lambda et aux thèmes prédéfinis par l'Elysée qui retiendra... ce qu'il voudra.
Pourquoi ces débats ? Le Président Emmanuel Macron est censé connaitre ses concitoyens. En effet, en 2016, bien avant sa campagne électorale, ses soutiens, les "marcheurs" avaient "parcouru la France pour l'aider à établir un "diagnostic" de la société grâce à deux outils : une campagne de porte-à-porte ultrarationalisée et un questionnaire précis sur les attentes, les désirs, les déceptions et les inquiétudes des Français. A la base des travaux de LMP [agence réunissant Guillaume Liégey, Arthur Muller et Vincent Pons, conseillers en stratégie électorale, Nda], il y a un maillage minutieux du territoire pour optimiser les lieux à fort potentiel électoral et fournir un second souffle à un militantisme ringardisé par les réseaux sociaux. Leurs données viennent des résultats complets des dernières élections, bureau de vote par bureau de vote, publiés sur le site du ministère de l'Intérieur, et des enseignements du dernier recensement fournis par l'Insee. Age, lieu et type d'habitation, situation socioprofessionnelle et familiale, tout est pris en compte pour établir des critères objectifs et faire d'une campagne de porte-à-porte une étude scientifique grandeur nature".
Curieusement, aucun des journalistes, aucun des "experts" invités par les médias n'ont prévu cette révolte généralisée à toute la France.
"Le mouvement des Gilets jaunes n'est pas une résurgence de la révolution française ou de mai 68, cela est au contraire quelque chose de très nouveau : cela correspond à l'impact de la mondialisation sur la classe moyenne au sens large : de l'ouvrier au cadre supérieur. La classe moyenne ce ne sont pas seulement les professions intermédiaires, c'est un ensemble, ce sont les gens qui travaillent et qui ont l'impression de faire partie d'un tout, peu importe qu'il y ait des inégalités de salaires... Ce qui était malsain dans l'analyse qui en a été fait, cela a été le moment ou l'on a dit "en réalité, ils ne sont pas pauvres". On opposait une nouvelle fois les pauvres aux classes populaires alors que la presque totalité des pauvres sont issus des classes populaires. Il y a un lien organique entre eux. Quand on prend ces catégories, ouvriers, employés, paysans etc.…ils peuvent être pauvres, au chômage, et même quand ils ont un emploi, ils savent très bien que la case pauvreté est toute proche sur l'échiquier. Surtout, ils ont un frère, un cousin, un grand parent, un ami, un voisin qui est pauvre. On oublie toujours de dire que la pauvreté n'est pas un état permanent, il y a un échange constant entre classes populaires et pauvreté. Opposer ces catégories, c'est refuser ce lien organique entre pauvres et travailleurs modestes. C'est donc ne rien comprendre à ce qui se joue actuellement", a analysé le géographe de la France périphérique, Christophe Guilluy (Atlantico, 26 janvier 2019).
Et d'ajouter : "Ce que nous constatons aujourd'hui, c'est une dysfonction entre l'économie et la société. Et cela est la première fois. Avant, l'économie faisait société, c'était les 30 glorieuses avec un modèle économique qui intègre tout le monde et qui bénéficie à l'ensemble de la société... La seule chose qui protège les catégories supérieures est qu'elles vivent aujourd'hui dans des citadelles. C'est ce qui fait aussi que la baisse du soutien des français au mouvement des Gilets jaunes touche ces catégories-là. Mais cela n'empêche pas que le socle électoral d'Emmanuel Macron se restreint comme peau de chagrin, cela est mécanique... Depuis les années 80, on a souvent compensé ces destructions d'emplois sur ces territoires par des emplois publics, mais les gens ont parfaitement compris que ce modèle était à bout de souffle. Les fonctionnaires de catégorie B et C, qui sont présents dans le mouvement, ont compris que cela était fini, qu'ils n'auraient plus d'augmentations de salaires ou que leurs enfants ne pourront plus en profiter. On a bien là une angoisse d'insécurité sociale qui s'est généralisée à l'ensemble de ces catégories qui étaient, hier, totalement intégrées à la classe moyenne, et cela démontre bien comment un mouvement parti des marges est devenu majoritaire. Cela est la limite du modèle économique néolibéral... Nous payons réellement 30 années de mépris de classe, d'ostracisation, d'insultes en direction du peuple".
Et de poursuivre : "Emmanuel Macron n'aurait pas pu être élu sans le niveau de l'État providence français. À la fin il passe, évidemment parce qu'il fait le front des bourgeoises et des catégories supérieures, des scores soviétiques dans les grandes métropoles mais aussi et surtout parce que la majorité de la fonction publique a voté pour lui, tout comme la majorité des retraités a voté pour lui. C’est-à-dire les héritiers des 30 glorieuses et surtout le cœur de la redistribution française. Emmanuel Macron se tire deux balles dans le pied en attaquant la fonction publique et les retraités. Nous assistons à un suicide en direct. C'est ce qui explique qu'il soit très vite passé de 65 à 25%. Finalement, et paradoxalement, le modèle français ne résiste au populisme et perdure dans le sens de la dérégulation néolibérale que grâce à un État providence fort. Mais en l'absence d'un État providence- ce que veulent les libéraux- nous aurons alors le populisme".
Et de conclure : "Ce que nous voyons aujourd'hui, ce sont des journalistes qui vont dans les salons des Gilets jaunes pour vérifier s'ils ont un écran plat, un abonnement Netflix, ou un IPhone. Ils sont prêts à les fouiller, cela est dingue. Lors des manifestations de 1995, les journalistes ne sont pas allés vérifier si les cheminots avaient un écran 16/9e chez eux, ou quand il y a eu les émeutes des banlieues, de vérifier si le mec qui brûle une voiture vit chez lui avec une grande télé ou pas. Cette façon de délégitimer un mouvement est une grande première. C'est la première fois que l'on fait les poches des manifestants pour savoir s'ils ont de l'argent ou pas, et s'il y en a, on considère que cela n'est pas légitime. Ce qu'ils n'ont pas compris, c'est que si on gagne le revenu médian à 1700 euros, la perspective est que, même si cela va aujourd'hui, cela ne va pas aller demain. L'élite n'a toujours pas compris que les gens étaient parfaitement capables de faire un diagnostic de leurs propres vies. Cette condescendance dit un gigantesque mépris de classe. J'ai moi-même été surpris, je ne pensais pas que cela irait si vite. En quelques heures, les Gilets jaunes sont devenus antisémites, homophobes, racistes, beaufs... Et là encore, on voit bien que l'antiracisme et l'antifascisme sont devenus une arme de classe... Les Gilets jaunes ont gagné l'essentiel, ils ont gagné la bataille de la représentation. On ne pourra plus faire comme si cette France n'existait pas, comme si la France périphérique était un concept qui ne pouvait pas être incarné par des gens. Si nous sommes encore démocrates nous sommes obligés de le prendre en compte. Ce qu'il faut espérer, c'est que les élites se rendent compte que les peuples occidentaux sont encore relativement paisibles... nous avons sous les yeux un peuple qui veut faire société et des élites qui ne veulent plus faire société, comme je le disais dans "No Society" (Flammarion). C'est un moment de rupture historique entre un monde d'en haut, intellectuels, politiques, showbiz etc.… qui a peur de son propre peuple. Ils ne veulent plus faire société avec un peuple qu'ils méprisent. C'est la thèse de Christopher Lasch de la "sécession des élites". On le voit aussi avec le discours anti-média des Gilets jaunes qui ne fait que répondre à 30 ans d'invisibilisation de ces catégories. Les classes populaires n'étaient traitées qu'au travers des banlieues et ils payent aujourd'hui ce positionnement... nous ne sommes plus au XXe siècle. C'est tout le mythe du mouvement social qui est ringardisé. Réunir des gens à République et les faire manifester jusqu'à Bastille avant qu'ils ne rentrent chez eux, c'est fini. C'est aussi une réécriture du mouvement social qui est en train de se réaliser".
« Avec Jacline Mouraud, l’une des initiatrices du mouvement, on se demande pourquoi ce mouvement hétéroclite trouve autant de partisans à travers la France » et de soutien important dans l’opinion publique.
Alors que les forces de l'ordre ont évacué certains ronds-points occupés par des Gilets jaunes, les défilés de Gilets jaunes dans les principales villes françaises ont pour effet la fermeture préventive de commerces à proximité ou sur le parcours de ces manifestations. Et ce, afin d'éviter les violences de pilleurs, de Blacks Blocs, etc. et lors d'une période cruciale pour la viabilité des magasins : la fin de l'année - fêtes de Noël et du Jour de l'An - et début d'année : soldes. Leur clientèle potentielle évite de se rendre dans ces magasins par crainte des violences. Des boutiques fragilisées par la concurrence de la vente par correspondance et le commerce sur Internet. Les actions hebdomadaires de Gilets jaunes ont entravé la liberté du commerce et la liberté de circuler des piétons, des automobilistes, etc. Nombre de ces lieux de vente, malgré l'annonce de mesures gouvernementales en leur faveur, n'ont pas recruté d'intérimaires en ces périodes, et envisagent un redressement judiciaire.
Hostile aux Gilets jaunes et aux blocages produits et attentatoires aux libertés, la manifestation des Foulards rouges n'a attiré à Paris le 27 janvier 2019 que quelques milliers de personnes selon des médias, et dix mille selon la police.
Cette révolte durable mine un Président et son gouvernement, misant sur la division des Français, tablant sur le pourrissement du mouvement, affaiblis et impopulaires, ruinent leur crédit en France et à l'international.
"J'ai été élu sur mon programme que j'applique", se justifie le Président Emmanuel Macron. Or, il a été élu par défaut - appels au "front républicain" contre la candidate du Front national Marine Le Pen - et dans des circonstances particulières - l'alliance du gouvernement des juges et du quatrième pouvoir a éliminé le candidat des Républicains, François Fillon.
Alors que les forces de l'ordre ont évacué certains ronds-points occupés par des Gilets jaunes, les défilés de Gilets jaunes dans les principales villes françaises ont pour effet la fermeture préventive de commerces à proximité ou sur le parcours de ces manifestations. Et ce, afin d'éviter les violences de pilleurs, de Blacks Blocs, etc. et lors d'une période cruciale pour la viabilité des magasins : la fin de l'année - fêtes de Noël et du Jour de l'An - et début d'année : soldes. Leur clientèle potentielle évite de se rendre dans ces magasins par crainte des violences. Des boutiques fragilisées par la concurrence de la vente par correspondance et le commerce sur Internet. Les actions hebdomadaires de Gilets jaunes ont entravé la liberté du commerce et la liberté de circuler des piétons, des automobilistes, etc. Nombre de ces lieux de vente, malgré l'annonce de mesures gouvernementales en leur faveur, n'ont pas recruté d'intérimaires en ces périodes, et envisagent un redressement judiciaire.
Hostile aux Gilets jaunes et aux blocages produits et attentatoires aux libertés, la manifestation des Foulards rouges n'a attiré à Paris le 27 janvier 2019 que quelques milliers de personnes selon des médias, et dix mille selon la police.
Cette révolte durable mine un Président et son gouvernement, misant sur la division des Français, tablant sur le pourrissement du mouvement, affaiblis et impopulaires, ruinent leur crédit en France et à l'international.
"J'ai été élu sur mon programme que j'applique", se justifie le Président Emmanuel Macron. Or, il a été élu par défaut - appels au "front républicain" contre la candidate du Front national Marine Le Pen - et dans des circonstances particulières - l'alliance du gouvernement des juges et du quatrième pouvoir a éliminé le candidat des Républicains, François Fillon.
En 2017, au premier tour de l'élection présidentielle, le candidat Emmanuel Macron a obtenu 8 656 346 voix, 18,19% des inscrits et 24,1% des suffrage exprimés sur 36 054 394 de suffrages exprimés (22,23% d'abstentions, 2% de votes blancs et nuls) - en 2002, le candidat Jacques Chirac avait obtenu au premier tour de l'élection présidentielle 5 666 021 voix sur 28 499 487 suffrages exprimés, soit 19,88 % des suffrages exprimés (20,29% d'abstentions, 3,38% de votes blancs et nuls). Au second tour, Emmanuel Macron a recueilli 43,61% des inscrits et 66,10% des suffrages exprimés (25,44% d'abstentions, 8,59% de votes blancs et nuls).
Au fil des élections, le "réflexe républicain" permettant une alternance politique entre socialistes et Républicains appliquant quasiment la même politique convainc de moins en moins d'électeurs de se rendre aux bureaux de votes. Il s'avère donc de plus en plus délicat au candidat élu d'appliquer son programme, même si le parti socialiste et Les Républicains ne représentent pas une opposition audible.
Les Gilets Jaunes soulignent l'incapacité des élites politiques et médiatiques à voir la réalité, et à imaginer d'autres politiques économiques tant elles sont sclérosées dans le "politiquement correct", méprisent le libéralisme - né en Europe -, ignorent comment réduire les dépenses de l'Etat et de collectivités locales : projets pharaoniques ou/et inutiles (liaison ferroviaire Lyon-Turin, construction du canal Seine-Nord) épinglés par la Cour des comptes, dérapages des coûts de travaux (Grand Paris Express), etc. Ce qui signe la faillite des grandes écoles chargées de former les élites républicaines. Notons que les résultats économiques d'autres pays - Etats-Unis, Israël, etc. - démontrent que d'autres voies sont possibles, efficientes et bénéfiques à tous.
Alain Finkielkraut a ainsi distingué la spécificité de ce mouvement : « On ne voyait pas cette France, car on ne voyait que la diversité. Toutes les réserves de curiosité et de compassion de l'opinion progressiste étaient épuisées par les banlieues et les migrants. On se rend compte que la France ne se résume pas aux grandes villes et aux quartiers difficiles. Au nom de l'ouverture, la diversité nous dissimulait l'existence d'une France majoritairement blanche qui n'est pas raciste pour un sou et qui a des fins de mois difficiles. »
Antisémitisme
Les forces de l'ordre utilisent en particulier du gaz lacrymogène contre des Gilets jaunes ou autres manifestants. Que disent ces derniers ? "On a été gazé". Ce vocable s'avère choquant car il fait penser au recours au gaz par les Nazis contre les Juifs.
Qu'il y ait des antisémites chez les Gilets jaunes, c'est sûr. Mais il me semble infondé d'extrapoler à partir de quelques exemples. D'autant qu'il suffit d'enfiler un gilet jaune, de se glisser parmi un groupe de Gilets jaunes pour obtenir une visibilité médiatique. Comme en témoigne le numéro de Paris-Match avec la photographie d'Emma Prosdocimi, de l’agence Sipa, illustrant “De la colère à l’affrontement, récit d’une journée explosive” par l'écrivain Hervé Ryssen, condamné pour antisémitisme et négationnisme, parlant avec un agent assurant la sécurité à Paris.
Les vertueux choqués par cette scène demeurent silencieux quand Nathalie Loiseau, énarque, diplomate, ancienne directrice de l'ENA (Ecole nationale d'administration) et ministre chargée des Affaires européennes dans le gouvernement d'Edouard Philippe, a publié le 27 janvier 2019, Journée de la mémoire de l'Holocauste et de la prévention des crimes contre l'humanité, deux Twitts instrumentalisation la Shoah au profit du drapeau de l'Union européenne (UE) et de la défense de la construction européenne. Et ce, à quelques mois des élections européennes.
Hormis Me Gilles-William Goldnadel, des dirigeants communautaires ont condamné les Gilets jaunes en procédant par amalgames ou en extrapolant à partir de faits circonscrits (pancarte sur la passerelle au-dessus d'une route, un Gilet jaune portant un talit, châle de prières).
"On pourrait penser que la manifestation des « gilets jaunes » hier est une formidable façon d’ouvrir la campagne nationale pour la tsedaka du FSJU avec un passage de relais aujourd’hui à travers le Radiothon national de la fréquence juive unifiée...." a écrit le 18 novembre 2018, sur son compte Facebook, Gabriel Farhi, rabbin du mouvement juif libéral français. Il semble oublier ou ignorer que le FSJU paupérise certains de ses pigistes par des rémunérations faibles, refuse de leur remettre les documents sociaux nécessaires pour qu'ils perçoivent les allocations chômage, a été condamné pour contrefaçon, etc.
Et de poursuivre : "Pourtant le parallèle est difficile à dresser. Je suis de ceux qui sont mal à l’aise avec le mouvement des gilets jaunes. Il y a des revendications légitimes sur le coût de la vie qui s’envole, tout cela cristallisé autour de la hausse des prix des carburants. Ce n’est pas vraiment cela le grand soir ou le paroxysme d’une lutte sociale. Ces revendications, aussi légitimes soient-elles, sont égoïstes. Je n’ai pas entendu de revendications pour s’émouvoir du sort des sdf ou des familles monoparentales qui ne parviennent plus à se nourrir. Non il est question des quelques dizaines d’euros que des retraités perdent chaque mois et autant pour ceux qui utilisent quotidiennement leur voiture. Ceux sont là des préoccupations de pays riches". Pourtant, les femmes Gilets jaunes ont témoigné de leurs difficultés à élever, nourrir, seules leurs enfants. Et un grand nombre de manifestants se sont suffisamment retrouvés dans ces "revendications égoïstes" pour manifester dans les principales villes françaises, malgré un hiver rigoureux...
Le 6 janvier 2019, le journaliste Yves Mamou a écrit : "Il y a chez les Français juifs – notamment ashkénazes mais pas seulement – une grande réticence vis à vis des Gilets Jaunes. Dans ce bouleversement de la République qui est en cours, ils voient un bouleversement des boucliers institutionnels, ces boucliers qui protègent les juifs (laïcité, citoyenneté, lutte contre l’antisémitisme…). Certains me disent « Mon cher Yves Mamou,ce que vous n’avez pas compris c’est qu’à terme les hommes en jaune s’attaqueront à nous les juifs, c’est ce que vous ne voulez pas voir ! » A tous ceux-là je dis : « Continuez à défendre Macron qui importe chaque année un demi million de musulmans dont la grande majorité est antisémite sur le mode pratiquant, qui vote toutes les résolutions anti-israéliennes à l’Onu et à l’Unesco, qui finance les Palestiniens et veut sauver la mise des ayatollahs en Iran. A tous ceux-là, je dis : l’antisémitisme est déjà institutionnalisé, c’est maintenant, depuis longtemps et c’est un antisémitisme de l’élite. J’ajouterais que pour l’instant, pour moi, les gilets jaunes sont les enfants de ces braves gens du peuple français qui ont sauvé les juifs, qui les ont hébergés, cachés pendant la guerre. Et si les Gilets Jaunes sont en lutte, ce n’est pas contre les juifs mais contre les descendants de ceux qui ont vendus les juifs aux nazis. Et si l’antisémitisme surgit en jaune demain, il sera toujours temps d’aviser. Est ce que c’est clair ?"
Le 16 février 2019, sur le boulevard du Montparnasse à Paris, l'essayiste et membre de l'Académie française Alain Finkielkraut a été agressé verbalement par un groupe d'individus portant des gilets jaunes, et l'un Benjamin W., habitant de Mulhouse converti à l'islam, avait un keffieh palestinien, alors que d'autres voix leur intimait l'ordre de se taire : « La France, elle est à nous ! Espèce de raciste, espèce de haineux. T’es un haineux et tu vas mourir. Tu vas aller en enfer », "Grosse merde", "Nique ta mère", "Barre toi", "Tais-toi", "Casse-toi" , "Dégage", "La France est à nous", "Enculé", "Espèce de haineux", "Espèce de sioniste", "Israel, sioniste", "Vous nous provoquez".
Le parquet a ouvert une enquête préliminaire pour injures antisémites.
Ces invectives ont été qualifiées d'antisémites par de nombreux médias et politiciens qui ont généralement désigné occulté le port du keffieh palestinien, marqueur politique partial d'une cause génocidaire, et ont extrapolé à partir de quelques faits isolés, et tous non attribuables aux Gilets jaunes, afin de ternir l'image de ce mouvement et de l'isoler.
Ceci survenait après que le Premier ministre Edouard Philippe ait annoncé sur son compte Facebook qu'en 2018 les actes antisémites avaient augmenté de 74% : 541 faits avaient été recensés cette année-là. Peu de médias ont mis en perspective cette hausse avec des pics antérieurs bien supérieurs qui n'avaient pas alors suscité le même émoi ni la même mobilisation. Les débats télévisés ont surtout évoqué l'extrémisme de droite, le nazisme... Mais pas le "palestinisme".
Un rassemblement a été organisé, à l'instigation du Parti socialiste déclinant, place de la République (Paris), le 19 février 2019 avec en particulier la rabbin Delphine Horvilleur. Il a attiré des milliers de personnes.
« Cela fait beaucoup de temps qu'une certaine intelligentsia et des journalistes me traitent de réac, de fasciste, de raciste. Ce que j'ai vécu, c'est un air de déjà-vu. Ces Gilets jaunes, cette plèbe incontrôlable, ne faisaient que traduire en acte l'hostilité d'une intelligentsia. Ils m'ont attaqué de manière très fruste, mais tout cela a été intellectualisé bien avant... C'est devenu une secte avec un autisme de secte qui refuse de s'informer en dehors de la secte. C'est un mouvement qui est en train de devenir totalitaire », a martelé Alain Finkielkraut [lors d'une réunion organisée à Pairs par la LICRA], rappelant avoir subi le même sort lors de Nuit debout.
Le 20 février 2019, lors du 34e diner du CRIF, son président Francis Kalifat a déclaré :
"Notre pays est en crise depuis longtemps.
Il aura suffi de quelques vidéos, d’une pétition sur Facebook et d’un signe de ralliement, le gilet jaune, pour que cette crise révèle ses propriétés inflammables.
Au commencement, il y avait la colère et des revendications légitimes sur le pouvoir d’achat.
Très vite, sont venus s’ajouter un climat insurrectionnel et des scènes de chaos.
Certains ont fait le choix de la violence, des menaces et de la haine.
Ils attaquent des élus, des journalistes, des policiers, des Juifs et tous ceux qui ne pensent pas comme eux. Samedi dernier, sous les caméras et à visage découvert un homme vocifère sa haine des juifs en traitant Alain Finkielkraut de « sale sioniste »
Je suis consterné par leur besoin d’un bouc émissaire dont l’élimination résoudrait, par miracle, tous les problèmes.
Monsieur le Président de la République, je suis horrifié par leurs simulacres de guillotine et de gibet, mais aussi par la conviction, profondément ancrée en eux, que vous êtes une marionnette et que ce sont les Juifs, encore les Juifs, toujours les Juifs, qui tirent les ficelles.
Plusieurs propos, graffiti ou pancartes semblent tout droit sortis des poubelles de l’Histoire.
Leurs auteurs n’expriment pas une opinion. Ils commettent un délit. Ils doivent être poursuivis et sanctionnés.
Ceci vaut, évidemment, pour les agresseurs d’Alain Finkielkraut, à qui je veux renouveler notre solidarité pleine, entière et sans réserve,
L’antisémitisme se portait très bien en France avant les gilets jaunes. Il se porte encore mieux grâce à certains d’entre eux. Certains gilets jaunes, pas tous, car je refuse les amalgames..."
Dans une tribune intitulée "A quoi sert le CRIF ?" et refusée par deux grands médias, Yves Mamou a écrit le 22 février 2019 :
"Dans un entretien accordé au Parisien le 18 février, Francis Kalifat, le président du Conseil représentatif des organisations juives de France (CRIF) a appelé Emmanuel Macron à "prendre des mesures drastiques pour faire cesser ces manifestations (de gilets jaunes), qui ne servent plus à revendiquer sur le pouvoir d’achat, mais à exprimer la haine des institutions, de la République et des juifs".
Tous les observateurs du fait social ont remarqué que le mouvement des gilets jaunes est aujourd'hui gravement infiltré par différentes organisations de la droite et de la gauche extrêmes, dont bon nombre sont ouvertement antisémites. Il est aussi évident que le climat social incite à une libre expression de la haine du juif : l'agression dont a été victime l'académicien Alain Finkielkraut par des pro palestiniens d'obédience salafiste revêtus d'un gilet jaune, la profanation du cimetière juif de Quatzenheim en Alsace, le tir à la carabine de jeunes de Sarcelles contre les juifs sortant de la synagogue, la publication de statistiques récentes sur la hausse importante des délits antisémites sont les signes les plus manifestes d'une dégradation de la situation.
Cette même situation autorise-t-elle le président du CRIF à réclamer bille en tête l'interdiction d'un mouvement social qui s'en prend à la personne même du président de la République ? Est-il du rôle du président d'une institution juive d'instrumentaliser l'antisémitisme à des fins politiques ? Est-il du rôle du président du CRIF de participer à l'instrumentalisation de l'antisémitisme par le pouvoir politique ? Surgit du coup la question : de qui le CRIF sert-il les intérêts ? Ceux des Français juifs ? Ou ceux du pouvoir politique ?
En ayant pris l’habitude de parader aux côtés d’officiels musulmans, généralement à la demande du pouvoir politique, en laissant entendre que le danger pour les juifs en France continue de venir de l’extrême droite, en appelant à la répression contre les gilets jaunes pour satisfaire le président de la République, le CRIF brouille les cartes. Sa proximité avec le pouvoir politique satisfait sans doute l’ego des dirigeants du CRIF, mais en agissant par complaisance, le CRIF prive les juifs d’un authentique porte-voix autant qu'il prive le pouvoir politique d’un point de repère.
CRIF ou Mémorial [de la Shoah), les élites juives [contemporaines] ont le comportement des élites modernes. Leur proximité avec le pouvoir les pousse à agir comme le pouvoir, ce qui ne rend service à personne, ni au pouvoir, ni aux juifs.
En agissant ainsi, les dirigeants de la communauté juive obéissent à un réflexe ancien: c'est le Prince qui traditionnellement protège les juifs des humeurs meurtrières de la populace. Ils oublient cependant la grande leçon du XXème siècle: c'est l'Etat (nazi) qui a exterminé six millions de juifs européens, c'est l'Etat soviétique qui a envoyé les juifs russes au Goulag par centaines de milliers. Et rien ne dit que ce tournant où l'Etat devient l'acteur principal de l'antisémitisme soit révolu. Face à un Etat qui, en France, n'a plus de républicain que le nom et qui sert les intérêts des communautés en fonction de leur importance électorale, qui peut certifier aux dirigeants du CRIF ou du Memorial que l'Etat en France protégera - autrement qu'en paroles - les Français juifs quand ils sont menacés au quotidien par l'antisémitisme d'autres communautés ? »
La Salpêtrière
"A Beauvau, on assume les déclarations du ministre : « Les faits sont là. L’enceinte de l’hôpital a été forcée, des individus ont tenté de s’introduire dans un service de réanimation. C’est un incident très grave. Il est navrant de constater qu’au lieu de condamner clairement ces faits inadmissibles certains préfèrent jouer sur les mots pour entretenir une polémique indigne. »
« La révolte jaune. Un mouvement populaire face au pouvoir »
Le 1er mai 2019 ont défilé des syndicalistes, des gilets jaunes, des gauchistes, etc. "Il est 20 h 18, indique l’horloge de BFM-TV. Christophe Castaner", ministre de l'Intérieur, "prend la parole face aux caméras et micros réunis devant l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, dans le 13e arrondissement de Paris. La traditionnelle manifestation syndicale, à laquelle se sont joints « gilets jaunes » et black blocs, finit de se disperser. Flanqué de son secrétaire d’Etat, Laurent Nunez, et du préfet de police de Paris, Didier Lallement, le ministre de l’intérieur dénonce l’intrusion, quelques heures plus tôt, de manifestants dans l’enceinte de l’établissement.« Des gens ont attaqué un hôpital, lance M. Castaner. Des infirmières ont dû préserver le service de réanimation, nos forces de l’ordre sont immédiatement intervenues pour sauver le service de réanimation. » Environ une heure plus tard, le ministre publie un message destiné aux 190 000 abonnés de son compte Twitter : « Ici, à la Pitié-Salpêtrière, on a attaqué un hôpital. On a agressé son personnel soignant. Et on a blessé un policier mobilisé pour le protéger. »
« Sur quels éléments se fonde-t-il pour parler d’« attaque » ou d’« agression » ? Le lendemain matin, en tout cas, sa collègue ministre des solidarités et de la santé, Agnès Buzyn, ne reprend pas ces termes à son compte et parle plutôt d’« exaction », « inqualifiable » et « indigne » à ses yeux. « Il y a peut-être des personnes qui ont voulu se réfugier, d’autres qui ont voulu commettre des vols. Les circonstances seront plus claires quand les personnes auront été interrogées », estime la ministre, au micro d’Europe 1. « Les soignants étaient sous tension, c’est un endroit stratégique pour un hôpital, un service de réanimation. Après, il n’y a pas eu de violences ou d’agressions », relève-t-on dans l’entourage de Mme Buzyn."
Vendredi 3 mai 2019 matin, Christophe Castaner a admis durant "une conférence de presse : « Je n’aurais pas dû employer le terme “attaque” », mais plutôt celui « d’intrusion violente », évoqué devant lui par des responsables de l’hôpital parisien, dont le personnel était « choqué », et qui est « plus adapté » aux faits. « Accepter de revenir sur ses mots, ça ne me pose aucun problème, a-t-il poursuivi. C’est naturel aussi qu’un homme politique soit un homme qui (…) puisse se dire qu’une situation a évolué. » Pour autant, le ministre de l’intérieur a estimé que « cet incident, au lieu d’être nié dans une polémique absurde, devrait tous nous émouvoir ».
"En début d’après-midi, le directeur de l’AP-HP, Martin Hirsch, a par ailleurs souhaité préciser, dans un courriel envoyé à tous les personnels de l’établissement, que ni lui ni la ministre de la santé n’avaient employé le mot « attaque » pour qualifier les événements : « Nous avons parlé de “tentative d’intrusion”, ce qui est exact. Je n’ai jamais évoqué de “personnel agressé”, dans aucune déclaration. Et, de même, à la question qui m’a été posée sur le fait de savoir s’il y avait eu des dégradations, j’ai toujours répondu que non. Il m’a été également demandé s’il y avait un lien entre l’intrusion et la recherche d’un policier blessé. J’ai répondu que ce n’était pas le cas et qu’il n’y avait rien qui le laissait penser. Que certains rappellent que nous sommes exclusivement au service de la santé et des patients et non pas au service d’un quelconque autre intérêt ne me choque absolument pas. Je le partage. »
"De fait, les différents témoignages et vidéos diffusés tout au long de la journée sur les réseaux sociaux, que ce soit par des manifestants ou des membres du personnel de la Pitié-Salpêtrière, ont battu en brèche le scénario d’une attaque caractérisée. Certes, une grille d’entrée a bien été forcée. Mais les manifestants – 32 personnes ont été placées en garde en vue, mercredi, puis libérées jeudi – semblaient chercher à se replier de manière chaotique pour échapper aux charges de la police."
L'opposition politique a critiqué Christophe Castaner. « Il y a un an : les mensonges de Benalla. Cette année : le mensonge de Castaner sur la pseudo-attaque de la Pitié-Salpêtrière. La vérité, première victime des hommes de main de Macron », a déclaré le 2 mai 2019 Jean-Luc Mélenchon, chef de file de La France insoumise (LFI)." « Le ministre de l’intérieur doit cesser de mettre de l’huile sur le feu et doit maintenant s’expliquer sur ses déclarations démenties par les faits », a tweeté Bruno Retailleau, président du groupe Les Républicains au Sénat. « Le vrai problème n’est pas que M. Castaner emploie un mot ou un autre, mais qu’il n’ait toujours pas compris que le rôle du ministre de l’intérieur n’est pas de commenter et de publier hâtivement des photos sur Twitter, mais de diriger vraiment la Place Beauvau », cingle Guillaume Larrivé, député (LR) de l’Yonne.
"A Beauvau, on assume les déclarations du ministre : « Les faits sont là. L’enceinte de l’hôpital a été forcée, des individus ont tenté de s’introduire dans un service de réanimation. C’est un incident très grave. Il est navrant de constater qu’au lieu de condamner clairement ces faits inadmissibles certains préfèrent jouer sur les mots pour entretenir une polémique indigne. »
"Du côté de la majorité, un front semble se former autour du ministre, malgré la tourmente. « Il y a un émoi légitime, un hôpital, c’est une enceinte sacrée de la République », affirme de son côté Benjamin Griveaux, député (La République en marche) de Paris. « Quand on défonce une grille d’hôpital, c’est une attaque grave, abonde son collègue (LRM) parisien Mounir Mahjoubi. Que des manifestants se soient glissés après pour se protéger, peut-être. » Vendredi après-midi, le premier ministre, Edouard Philippe, a renouvelé sa confiance à Christophe Castaner : « S’agissant des polémiques qui ont agité le monde médiatico-politique pendant les vingt-quatre dernières heures, je crois savoir que le ministre de l’intérieur a corrigé son propos. Il a sans doute eu raison de le faire en choisissant le terme qu’il a utilisé. Et je n’ai pas d’autres commentaires à faire sinon qu’il a évidemment, et comme depuis le début, toute ma confiance. »
"Ce n’est pas la première fois que la stratégie de communication de M. Castaner est critiquée. Très réactif et friand des interventions mises en scène face caméra, principalement destinées aux chaînes d’information en continu, le ministre de l’intérieur a pris l’habitude de réagir à chaud après chaque événement lié aux « gilets jaunes ». La décision de se rendre à la Pitié-Salpêtrière a d’ailleurs été prise en fin d’après-midi, mercredi, immédiatement après les premières recensions de l’incident. Un CRS blessé au visage, auquel Christophe Castaner souhaitait rendre visite, avait par ailleurs été évacué dans le même hôpital."
"En amont de ce 1er-Mai, la Place Beauvau avait opté pour une stratégie de la tension en avertissant très largement sur les risques de débordements, quitte à surévaluer le nombre de militants radicaux finalement présents dans le cortège. A la fin de la journée, la communication devait principalement être axée sur la « réussite » globale des opérations de maintien de l’ordre. Un répit pour les autorités largement mises en cause dans ce domaine depuis le début de la mobilisation des « gilets jaunes ». Las, la sortie intempestive du ministre, démentie par les nombreuses vidéos, a achevé de gâcher une « séquence » politique qui s’annonçait pourtant à son avantage."
"Ce qui s’est passé dans notre pays le 1er mai a livré par un étonnant dévoilement la radiographie d’un système macronien à nu. Se pose maintenant la question des conséquences immédiates, et en particulier celle des suites judiciaires qu’appellent le comportement des gens du pouvoir et ceux qui les soutiennent. Voici une occasion supplémentaire d’interpeller la justice française sur le fait qu’elle pourrait ainsi et enfin manifester sa volonté de faire respecter l’État de droit", a écrit Régis de Castelnau, avocat animateur du blog Vu du Droit, dans sa tribune "La répression des gilets jaunes pourrait se payer cher. Le mensonge d'Etat est pénalement répréhensible", sous-titrée "On ne malmène pas impunément l’Etat de droit. Ne reculant devant aucun moyen pour réprimer le mouvement social, la Macronie pourrait l’apprendre à ses dépens" (Causeur, 6 mai 2019).
Et d'ajouter :
"Nous avons assisté à la production de mensonges d’État relayés par un dispositif de communication hégémonique et qui se sont cependant fracassés sur la réalité et la vérité produite grâce à Internet et aux réseaux, outils que Emmanuel Macron veut précisément faire taire. Révélation irréfutable de plusieurs choses à commencer par la duplicité liberticide d’un pouvoir qui porte atteinte aux libertés d’expression et de manifestation en prétendant les protéger. Cette fois-ci, toutes les ficelles sont à nu.
Comme est désormais irréfutable l’existence d’intolérables violences policières délibérées, depuis que lors de ses vœux du nouvel an Emmanuel Macron a annoncé son refus d’une solution politique à la crise. Pour s’en remettre exclusivement aux répressions violentes et punitives telles que les ont déployées police et justice contre une partie du peuple français. Mais cette fois-ci, des secteurs entiers de la société se sont cabrés devant l’énormité du mensonge, et précipités sur les réseaux qui dévoilaient non seulement la fake news d’État, mais étalaient au travers de vidéos et témoignages irréfutables, la réalité d’une violence policière aussi dangereuse et irresponsable que délibérément organisée.
Alors bien sûr, tous ceux, gauche politique en tête, qui avaient appelé en mai 2017 à faire barrage, se précipitent à la recherche d’un bouc émissaire. Ce sera la cible facile, du calamiteux et presque toujours grotesque ministre de l’intérieur Christophe Castaner. Il le mérite largement et on ne va pas s’apitoyer sur l’amateur de vodka. En revanche, il conviendra de ne pas oublier un Premier ministre dont on a fini par constater l’absence totale de culture démocratique, et tous ces ministres et parlementaires LREM, accompagnés des supplétifs médiatiques du pouvoir macronien qui se sont précipités pour relayer le mensonge. Nous permettant par la suite d’assister au spectacle de leur recul en désordre fait d’éléments de langage standard, de raisonnements tortueux, de contorsions, et d’analyses sémantiques hilarantes. Jamais d’excuses en revanche, il ne faut pas trop en demander. Alors qu’ont donc fait tous ces braves gens qui devrait connaître des suites judiciaires, si depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron l’État de droit dans notre pays n’était pas à ce point devenu à géométrie variable ? On ne parlera pas des violences policières largement documentées, et qui provoquent le pieux silence de parquets occupés à poursuivre d’ignoble criminels qui ont osé scander « Castaner assassin » dans une manifestation. Ce sera pour une autre fois.
En revanche, il y a au moins trois infractions pénales qui devraient encourir les sanctions prévues par la loi, tant pour l’auteur principal du mensonge que pour ceux qui l’ont délibérément relayé ou utilisé.
La première est celle qu’incrimine l’article L 97 du Code électoral, puisque nous sommes à quelques jours d’un scrutin national : «Ceux qui, à l’aide de fausses nouvelles, bruits calomnieux ou autres manœuvres frauduleuses, auront surpris ou détourné des suffrages, déterminé un ou plusieurs électeurs à s’abstenir de voter, seront punis d’un emprisonnement d’un an et d’une amende de 15 000 euros ». L’intention frauduleuse des menteurs est assez évidente au regard de la campagne menée par Nathalie Loiseau. Aucun programme, simplement un appel au barrage des vilains populistes que sont les gilets jaunes. Mais si on lit bien le Code on constate que l’intention frauduleuse n’est pas nécessaire et qu’il suffit que le mensonge ait eu pour conséquence cette altération de la sincérité du scrutin. La propagande mensongère et sanctionnée. À notre sens, mais nous ne sommes pas le juge, l’infraction est constituée.
Il y a ensuite le droit pénal général qui avec l’article 322-14 qui n’aime pas que l’on crie « au loup ! » de façon injustifiée. « Le fait de communiquer ou de divulguer une fausse information dans le but de faire croire qu’une destruction, une dégradation ou une détérioration dangereuse pour les personnes va être ou a été commise est puni de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende. » Laissons de côté tous les relais empressés de la fausse nouvelle qu’il faudra pourtant poursuivre, n’est-ce pas Monsieur le procureur ? Pour nous concentrer sur Christophe Castaner. Que nous dit Libération le 2 mai à 7h32 ? « En déplacement à l’hôpital, où un CRS a été admis pour une blessure à la tête, le ministre de l’Intérieur a évoqué une «attaque» par des dizaines de militants anticapitalistes d’ultragauche «black blocs». «Des infirmières ont dû préserver le service de réanimation. Nos forces de l’ordre sont immédiatement intervenues pour sauver le service de réanimation ». Mensonge total confirmé dans un tweet du même ministre : « Ici, à la Pitié-Salpêtrière, on a attaqué un hôpital. On a agressé son personnel soignant. Et on a blessé un policier mobilisé pour le protéger. Indéfectible soutien à nos forces de l’ordre : elles sont la fierté de la République ». Franchement, si le parquet faisait son travail républicain, on ne voit pas comment le ministre de l’intérieur pourrait échapper à une saisine de la Cour de justice de la république, à une incrimination bonne et due forme et à une condamnation. Pour les supplétifs ce devrait être les tribunaux ordinaires.
Enfin, tournons-nous à nouveau vers le droit pénal spécial c’est-à-dire vers la loi du 29 juillet 1881 qui organise la liberté d’expression notamment par le droit de la presse. Il y a l’article 27 de cette loi qui dit ceci : « La publication, la diffusion ou la reproduction, par quelque moyen que ce soit, de nouvelles fausses, de pièces fabriquées, falsifiées ou mensongèrement attribuées à des tiers lorsque, faite de mauvaise foi, elle aura troublé la paix publique, ou aura été susceptible de la troubler, sera punie d’une amende de 45 000 euros. » La première observation sera de rappeler que le droit positif permettait très bien de lutter contre les fausses nouvelles, et que la loi fake news avait donc bien pour but exclusif de porter atteinte à la liberté d’expression sur les réseaux au profit du pouvoir macronien. Une seconde observation s’impose : Christophe Castaner est bien entendu concerné comme tous ceux qui se sont précipités pour relayer ses mensonges. Et qu’il n’est pas nécessaire que ces mensonges aient troublé la paix publique mais été seulement susceptibles de le faire. Concernant l’excuse de « bonne foi » d’un des hommes les plus informés de France, on se contentera de sourire…
Pour conclure, on se tournera vers les autorités du parquet et notamment celles du tribunal de grande instance de Paris. On sait les conditions dans lesquelles le successeur de François Molins a été, grande première dans l’histoire de la République française, choisi directement par Emmanuel Macron. Et que celui-ci n’a qu’à se féliciter de son choix, face à la mansuétude dont ses amis font l’objet et au zèle déployé dans la répression des gilets jaunes. Il se trouve que la trentaine de gardes à vue consécutive aux incidents de la Pitié-Salpêtrière ont été très rapidement levées face à l’ampleur du mensonge, l’inanité des motifs des arrestations et la violence qui les avait accompagnées.
Sage décision, et il serait peut-être opportun de confirmer ce retour à une certaine rectitude juridique en ouvrant les procédures qu’exige le respect de la loi, contre les policiers gifleurs, lanceurs de pavés, matraqueurs sans raison. Et en poursuivant tout ceux, ministre de l’intérieur en tête, qui se sont permis de prendre de telles libertés avec les lois qui protègent la paix publique et l’expression démocratique en période électorale.
À ceux qui me disent qu’il ne faut pas rêver, je réponds que l’on n’est jamais à l’abri d’une bonne surprise."
"L’imputation de cet antisémitisme à l’ensemble du mouvement des Gilets jaunes l’hiver dernier ressemblait beaucoup à une manipulation de l’opinion, comme si l’on avait cherché à discréditer ce mouvement social. Tout ce que le pays compte de bien-pensants, à gauche comme à droite, s’est alors engouffré dans ce combat douteux. Avec la complicité, hélas, d’une fraction des élites juives qui, par souci d’ordre social, par conformisme politique, voire par une triviale logique de classe, a participé à l’instrumentalisation de l’antisémitisme. Voire, au-delà, de la tragédie juive du XXe siècle", a déclaré l'historien Georges Bensoussan le 18 mai 2019.
Le 12 juillet 2019, "l'homme jugé pour avoir proféré des injures antisémites contre le philosophe Alain Finkielkraut, en marge d'une manifestation parisienne du mouvement des «gilets jaunes» en février, a été condamné à deux mois de prison avec sursis. Il était poursuivi par le seul ministère public, qui avait requis six mois avec sursis, Alain Finkielkraut ne s'étant pas constitué partie civile dans cette affaire, même s'il était venu témoigner à l'audience en mai".
"Le philosophe avait été violemment invectivé par des manifestants en marge de l'acte 14 du mouvement, le 16 février. La scène avait suscité une vague de condamnations au sein de la classe politique. Benjamin W., l'homme le plus reconnaissable sur les vidéos qui ont circulé, s'était notamment écrié : «Espèce de sioniste», «grosse merde», «elle est à nous, la France», ou encore «sale race» ou «t'es un haineux et tu vas mourir».
"Le tribunal a notamment estimé que ces propos « apparaissent viser Alain Finkielkraut comme personne de confession juive», par le recours aux stéréotypes habituels antisémites, décrivant les personnes de confession juive comme n'appartenant pas à la communauté nationale«, selon la décision consultée par l'AFP. «Les injures apparaissent ici avoir été proférées à raison de la religion de la personne visée, le terme ''sioniste'' venant ici purement et simplement dissimuler le caractère antisémite des propos«, a encore considéré le tribunal."
«Mon client conteste tout antisémitisme et on considère qu'il y a un deux poids, deux mesures, quand on voit les propos tenus régulièrement sur tous les plateaux télévisés par Alain Finkielkraut et qui n'ont jamais été repris par le ministère public», a réagi l'avocat de Benjamin W., Me Ouadie Elhamamouchi. Il a annoncé son intention de faire appel. A l'audience, son client, un père de famille, avait expliqué avoir, à la vue du philosophe, été aiguillonné par sa «cause de coeur», «la cause palestinienne». Il avait aussi assuré avoir injurié Alain Finkielkraut en raison de ses positions «sionistes» mais contesté le caractère antisémite de ses propos. »
LBD
"En 2018, les policiers ont utilisé 19 071 munitions de LBD et 5420 munitions de grenades de désencerclement, selon un rapport de l'IGPN. L'utilisation des lanceurs de balles de défense (LBD) et des grenades de désencerclement par les policiers a augmenté de plus de 200 % en 2018, a annoncé ce jeudi l'Inspection générale de la police nationale. La hausse est concentrée sur les mois de novembre et décembre, marqués par les manifestations des gilets jaunes. En 2018, les policiers ont utilisé 19 071 munitions de LBD (6357 en 2017) et 5420 munitions (1357 en 2017) de grenades de désencerclement, soit des hausses de 203 % et 296 % par rapport à l'année précédente, selon l'IGPN. "La période du 17 novembre au 31 décembre représente pour les seules manifestations de gilets jaunes près du tiers des déclarations d'usage du lanceur de 40 [le lanceur de balles de défense]", a détaillé la directrice de l'IGPN, Brigitte Jullien, lors d'un point presse. Pour la grenade de désencerclement, cette période concentre 72 % de l'augmentation enregistrée. La date du 17 novembre marque l'acte 1 du mouvement social inédit des gilets jaunes en France, né d'une colère contre la hausse des taxes". (L'Express, 13 juin 2019)
"Pour le général Bertrand Cavallier, les LBD 40 sont des armes trop sensibles pour être confiées à des policiers en civil non formés à leur usage."
"Le premier médecin à avoir alerté sur la dangerosité des LBD est le professeur Laurent Thines, neurochirurgien et chef de service au CHU de Besançon, qui en janvier 2019, avait lancé une vigoureuse pétition pour dénoncer l’usage de ces armes. « En regardant les photos des blessés dans les médias ou dans les réseaux sociaux, j’ai été bouleversé par le nombre et la gravité de ces atteintes au niveau de la tête et du visage, explique-t-il. J’ai décidé de réagir notamment après avoir reçu de collègues des images de patients ayant eu des fractures du crâne avec des hémorragies cérébrales. Et il y a aussi de gens qui ont perdu un œil », explique le médecin". Lancée par Laurent Thines, adressée au ministre de l'Intérieur, la pétition "Les soignants français pour un Moratoire sur l’utilisation des armes dite "moins-létales" a obtenu 181 811 signatures au 21 février 2020 :
"Dans la foulée, ils estimaient que les blessures par LBD, ne pouvaient être dues au « hasard ou à l’inexpérience ». « Le grand nombre de balles tirées avec une force cinétique conservée à longue distance et l’imprécision inhérente à cette arme devaient nécessairement entraîner un grand nombre de mutilations », ajoutaient les ophtalmologues, en réclamant un moratoire dans l’utilisation de ces armes."
"Ces prises de position n’ont guère fait bouger le gouvernement. « Quand il y a une agression contre des policiers et qu’il y a une riposte proportionnée, oui il peut y avoir des blessés. Ce n’est pas parce qu’une main a été arrachée, parce qu’un œil a été éborgné, que la violence est illégale », estimait début juin sur RTL le secrétaire d’État à l’Intérieur, Laurent Nuñez."
"Des propos difficiles à entendre pour le professeur Thines : « Les LBD sont classés comme des armes de guerre et, en tant que soignant et citoyen, je trouve inconcevable qu’on les utilise contre des gens qui manifestent sur la voie publique. Ce qu’on oublie, ce sont les séquelles physiques et psychologiques que vont garder une partie de ces blessés. La perte d’un œil, c’est absolument dramatique chez une personne jeune qui, peut-être, ne pourra plus conduire ou travailler normalement. »
Les « lanceurs de balles de défense » utilisés par la police face aux gilets jaunes ont provoqué de sérieuses fractures du visage, selon une lettre de chirurgiens parisiens publiée dans « The Lancet » (9 août). Elles ont aussi entraîné de nombreuses atteintes oculaires graves et irrémédiables. Ces chirurgiens y dénoncent les blessures liées à l’usage par la police des armes non-létales à balles en caoutchouc dites « LBD », pour « lanceurs de balles de défense », chez 21 patients soignés depuis novembre 2018 par l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris. « En tant que médecins, nous estimons qu’il est de notre devoir d’alerter sur la gravité des blessures que peuvent provoquer ces armes dites non létales », explique le professeur Chloé Bertolus, chef du service de chirurgie maxillo-faciale à La Pitié-Salpêtrière à Paris".
Le jeudi 30 janvier 2020, lors d'un déjeuner au Festival international de bande dessinée d'Angoulême, Jul a posé avec le Président de la République Emmanuel Macron tenant un T-Shirt montrant un fauve éborgné, taché de rouge, avec l'inscription "LBD 2020". Une déclinaison politisée du logo du festival BD, initiales de Bande dessinée ; le chat est l'emblème du festival. Des tirs de LBD ont blessé, parfois mutilé, des Gilets jaunes, mouvement politique et social, polymorphe et polyphonique, méfiant à l'égard des instances représentatives, des pouvoirs, dont celui politique, opposés à une taxe sur le carburant ainsi qu'à une vitesse réduite sur les routes et réclamant un pouvoir d'achat leur permettant de vivre, ou des passants. Le Président et Jul souriaient.
"Sur franceinfo, Jul est revenu sur les coulisses de cette photo. "C'est un petit peu lunaire", raconte-t-il. "En arrivant, les policiers m'ont confisqué le tee-shirt en disant que c'était du matériel séditieux, et qu'il était hors de question de rencontrer le président avec ce genre de choses dans sa poche. En fin de compte, je l'ai récupéré. Au déjeuner, j'ai dit que ces violences [policières] étaient insupportables, quel que soit le contexte. Emmanuel Macron a répliqué que c'était justifié sur un certain nombre de choses. Et je lui ai dit 'j'ai un tee-shirt pour vous'. Quand je lui ai donné, il l'a essayé en disant 'il est trop grand pour moi'. J'ai dit 'si vous voulez on prend une photo', il a dit 'oui oui d'accord'. J'ai dit 'vous êtes sûr, sûr ?' Je voyais les gens autour de lui tirer des têtes de trois kilomètres. Il a dit 'oui oui oui, sûr, sûr', et quelqu'un a pris une photo avec un portable, et voilà la genèse de cette photo insolite. D'intégrer la critique à ce point, c'est assez inédit", reconnaît Jul. "Ca montre aussi la place que peut avoir la satire, la critique, dans un moment où on parle aussi du droit au blasphème. Je pense que c'était important que ce genre de disruption ait lieu dans la communication institutionnelle bien huilée", a relaté Jul. "Qu’il pose avec le t-shirt, ça a surpris tout le monde. J’ai proposé une photo sur le ton d’une boutade, il a dit 'oui pas de problème' et quelqu’un a immortalisé le moment, à la stupéfaction de l‘assemblée", a raconté le 31 janvier 2020 sur RMC le dessinateur Jul.
"Nous sommes un pays libre, démocratique, qui aime l'insolence. J'ai eu une discussion avec Jul. Je suis en désaccord complet avec son approche. Je récuse le terme de violences policières. Je considère que la violence elle est d'abord dans la société. Donc je ne mets pas ces violences sur le même niveau. Néanmoins, de là où je suis, je dois défendre la créativité, la liberté d'expression, y compris l'insolence, y compris la création d'artistes qui disent des choses pour lesquelles je ne suis pas en accord", a expliqué Emmanuel Macron. Et de préciser devant le buzz créé : « Je suis en désaccord avec son approche, la violence est d'abord dans la société. En France, il y a un ordre républicain […] On est dans un pays où on a le droit de critiquer, de railler les dirigeants, c'est un trésor ! Mais il y a une contrepartie : on n'a pas le droit à la violence. Le problème vient de nos concitoyens qui ont décidé d'entrer dans la violence ». "Je dois défendre la liberté d’expression, la créativité et l’insolence y compris la création d’artistes qui disent ou font des choses avec lesquelles je ne suis pas en accord. Je récuse le terme de violences policières, la violence est d’abord dans la société", a commenté le Président de la République.
Cette photographie a indigné des policiers. « Il y a beaucoup de colère et d'incompréhension. Ça ne passe pas du tout dans les rangs », a notamment réagi dans la soirée Yves Lefebvre, secrétaire général de l'Unité-SGP-FO. Pour lui, « le selfie » (qui n'en est pas un) du chef de l'Etat est « une marque de défiance et de mépris à l'égard de ceux qui lui ont permis d'être encore président » grâce à leurs actions de maintien de l'ordre « du 1er décembre 2018 et de mars 2019, au moment où la République vacillait » pendant la crise des Gilets jaunes, a-t-il ajouté. « On attend autre chose d'un président. C'est scandaleux. On se demande s'il y a des conseillers en communication à l'Elysée », a-t-il poursuivi. Conseillers qui ont toutefois pris le temps de préciser que le président désapprouvait le message du tee-shirt".
Fabien Vanhemelryck, secrétaire général d'Alliance, a fait part de la colère des policiers ce jeudi soir : « On attend autre chose d'un président de la République qu'il pose avec un t-shirt insinuant que les forces de l'ordre éborgnent les gens. (...) Le problème, ce n'est pas le t-shirt, mais le fait que le chef de l'Etat pose avec », a-t-il encore précisé, en soulignant que « ce signal » était « ce qu'il y (avait) de pire dans le contexte actuel de chaos et au moment où la police et la gendarmerie sont les derniers remparts de la République ». Cette photo « pose question », a également réagi Philippe Capon, secrétaire général de l'Unsa Police, qui a « regretté que le président en rajoute dans un positionnement polémique sur un sujet important où l'ironie et la dérision n'ont pas leur place ». Et de rappeler « que les manifestations n'ont jamais été aussi nombreuses depuis mai 2017, date de l'élection du président Emmanuel Macron à la tête du pays (...) Les forces de l'ordre ont malheureusement passé plus de temps à faire du maintien de l'ordre qu'à se consacrer à la sécurité des Français. »
Linda Kebbab déléguée nationale du syndicat Unité SGP-Police a demandé des excuses au Président de la République, l'accusant de jeter les policiers "à la vindicte populaire". "Il se permet d’arborer un t-shirt qui nous jette à la vindicte populaire". Si certaines victimes ont dénoncé "un déni de réalité", le cliché a aussi irrité du côté des forces de l'ordre: "Quand on est président de la République, on prend de la hauteur, on prend du recul, on réfléchit à ce qu’on fait!", a dénoncé le 31 janvier 2020 sur RMC Linda Kebbab déléguée nationale du syndicat Unité SGP-Police.
Elle a assuré qu'Emmanuel Macron cautionnait le discours "à la mode" dénonçant l'utilisation du LBD en s'affichant ainsi avec le t-shirt tenu sur le cliché. "Moi j’aimerai proposer un autre t-shirt au président de la République", a-t-elle ensuite lancé avant de montrer à l’antenne un t-shirt ou l’on pouvait lire "59 suicides en 2019". "Cinquante-neuf policiers se sont suicidés l’année dernière dans l’indifférence totale de nos politiques et de notre administration. On a eu des centaines et des milliers de messages de collègues sur l’ensemble du territoire qui disent 'il y a quelques semaines on l’a sorti d’un pétrin au théâtre', on a permis à la République de tenir debout quand sa politique la faisait chanceler. Et aujourd’hui il se permet d’arborer un t-shirt qui nous jette à la vindicte populaire!", a lâché Linda Kebbab avant d'interpeller Emmanuel Macron. "Monsieur le président de la République nous demandons que vous fassiez des excuses aux forces de l’ordre et en même temps si vous pouviez arborer ce t-shirt ce serait bien. Mais ce serait surtout bien que vous luttiez contre les suicides", a-t-elle conclu.
Le 12 juillet 2019, "l'homme jugé pour avoir proféré des injures antisémites contre le philosophe Alain Finkielkraut, en marge d'une manifestation parisienne du mouvement des «gilets jaunes» en février, a été condamné à deux mois de prison avec sursis. Il était poursuivi par le seul ministère public, qui avait requis six mois avec sursis, Alain Finkielkraut ne s'étant pas constitué partie civile dans cette affaire, même s'il était venu témoigner à l'audience en mai".
"Le philosophe avait été violemment invectivé par des manifestants en marge de l'acte 14 du mouvement, le 16 février. La scène avait suscité une vague de condamnations au sein de la classe politique. Benjamin W., l'homme le plus reconnaissable sur les vidéos qui ont circulé, s'était notamment écrié : «Espèce de sioniste», «grosse merde», «elle est à nous, la France», ou encore «sale race» ou «t'es un haineux et tu vas mourir».
"Le tribunal a notamment estimé que ces propos « apparaissent viser Alain Finkielkraut comme personne de confession juive», par le recours aux stéréotypes habituels antisémites, décrivant les personnes de confession juive comme n'appartenant pas à la communauté nationale«, selon la décision consultée par l'AFP. «Les injures apparaissent ici avoir été proférées à raison de la religion de la personne visée, le terme ''sioniste'' venant ici purement et simplement dissimuler le caractère antisémite des propos«, a encore considéré le tribunal."
«Mon client conteste tout antisémitisme et on considère qu'il y a un deux poids, deux mesures, quand on voit les propos tenus régulièrement sur tous les plateaux télévisés par Alain Finkielkraut et qui n'ont jamais été repris par le ministère public», a réagi l'avocat de Benjamin W., Me Ouadie Elhamamouchi. Il a annoncé son intention de faire appel. A l'audience, son client, un père de famille, avait expliqué avoir, à la vue du philosophe, été aiguillonné par sa «cause de coeur», «la cause palestinienne». Il avait aussi assuré avoir injurié Alain Finkielkraut en raison de ses positions «sionistes» mais contesté le caractère antisémite de ses propos. »
LBD
"En 2018, les policiers ont utilisé 19 071 munitions de LBD et 5420 munitions de grenades de désencerclement, selon un rapport de l'IGPN. L'utilisation des lanceurs de balles de défense (LBD) et des grenades de désencerclement par les policiers a augmenté de plus de 200 % en 2018, a annoncé ce jeudi l'Inspection générale de la police nationale. La hausse est concentrée sur les mois de novembre et décembre, marqués par les manifestations des gilets jaunes. En 2018, les policiers ont utilisé 19 071 munitions de LBD (6357 en 2017) et 5420 munitions (1357 en 2017) de grenades de désencerclement, soit des hausses de 203 % et 296 % par rapport à l'année précédente, selon l'IGPN. "La période du 17 novembre au 31 décembre représente pour les seules manifestations de gilets jaunes près du tiers des déclarations d'usage du lanceur de 40 [le lanceur de balles de défense]", a détaillé la directrice de l'IGPN, Brigitte Jullien, lors d'un point presse. Pour la grenade de désencerclement, cette période concentre 72 % de l'augmentation enregistrée. La date du 17 novembre marque l'acte 1 du mouvement social inédit des gilets jaunes en France, né d'une colère contre la hausse des taxes". (L'Express, 13 juin 2019)
"Pour le général Bertrand Cavallier, les LBD 40 sont des armes trop sensibles pour être confiées à des policiers en civil non formés à leur usage."
"Le premier médecin à avoir alerté sur la dangerosité des LBD est le professeur Laurent Thines, neurochirurgien et chef de service au CHU de Besançon, qui en janvier 2019, avait lancé une vigoureuse pétition pour dénoncer l’usage de ces armes. « En regardant les photos des blessés dans les médias ou dans les réseaux sociaux, j’ai été bouleversé par le nombre et la gravité de ces atteintes au niveau de la tête et du visage, explique-t-il. J’ai décidé de réagir notamment après avoir reçu de collègues des images de patients ayant eu des fractures du crâne avec des hémorragies cérébrales. Et il y a aussi de gens qui ont perdu un œil », explique le médecin". Lancée par Laurent Thines, adressée au ministre de l'Intérieur, la pétition "Les soignants français pour un Moratoire sur l’utilisation des armes dite "moins-létales" a obtenu 181 811 signatures au 21 février 2020 :
"Chers collègues, chers citoyens,Je m’appelle Laurent Thines. Je suis neurochirurgien et chef de service au CHRU de Besançon. Soignant comme vous, j’ai été particulièrement choqué par les photos prises et les lésions observées chez les personnes blessées lors des mouvements de manifestation. Beaucoup, très jeunes (potentiellement nos enfants), ont été mutilés alors qu’ils ne représentaient aucune menace spécifique.Un projectile de type LBD4O, par exemple, lancé à plus de 90m/sec (324 km/h) a une force d’impact de 200 joules: c’est comme si on vous lâchait un parpaing de 20kg sur le visage ou la tête d’une hauteur de 1m !C'est très destructeur comme en témoigne les blessures de nombreux manifestants: sur ces 2 photos de scanner 3D, vous pouvez par vous même constater les dégâts internes provoqués par un LBD avec enfoncement du crâne (embarrure) sur la photo de gauche (fournie par un gilet jaune blessé en province qui souhaite rester anonyme) et comparé à un impact d’accident de la route grave sur la photo de droite. Le même type de lésions !!!Je crois qu’il est de notre devoir, en tant que soignants d’alerter sur la dangerosité extrême de ces armes, dites "moins-létales" et c’est pourquoi je viens de lancer cette pétition « Les soignants français pour un Moratoire sur l’utilisation des armes "moins-létales" ». Je souhaiterais savoir si vous voudriez participer en signant ce communiqué pour porter notre voix et en diffusant cette pétition auprès de vos contacts médicaux et paramédicaux:"Les différents mouvements de revendication qui ont eu lieu ces dernières années dans notre pays (manifestations de lycéens, écologistes, travailleurs, gilets jaunes) ont montré que de nombreux concitoyens ont été gravement blessés par l’utilisation de lanceurs de balle de défense (flash-ball, LBD40) ou de grenades défensives (de type lacrymogène, assourdissante GLI-F4 ou de désencerclement).Ces armes à feu ont les caractéristiques de véritables armes de guerre. Un LBD 40 délivre une balle en caoutchouc dur de 40mm à une vitesse de 90 m/s (>300 km/h) avec une force d’impact de 200 joules à quelques mètres (un gros parpaing lâché d’une hauteur d’1 mètre), 122 joules à 10m et 84 joules à 40m (10 boules de pétanque lâchées d’une hauteur d’1 m) et une force de pénétration accrue par le diamètre réduit du projectile. La précision du tir est théoriquement améliorée par l’usage d’un D.O.E (Dispositif d’Objectif Electronique à visée laser) avec un degré d’erreur de 14cm à 25m et 23cm à 40m, ce qui permet normalement de cibler spécifiquement le thorax et les membres afin d’éviter les zones vitales, comme cela est recommandé expressément par le fabricant (Brügger & Thomet ©) et la direction de la police nationale.Les grenades (Alsetex ©) quant à elles contiennent une charge de 25 g de Tolite (TNT) dont l’explosion projette des fragments métalliques et/ou 18 palets de 10g de caoutchouc dur (80 joules unitaire = 10 boules de pétanque par palet) sur 30m de circonférence avec un effet de blast blessant (arrêt cardiaque, dilacération de membre, visage, œil) et assourdissant (165 décibels = réacteur d’avion au décollage = risque de surdité définitive).Les récents événements ont permis de rapporter à ce jour plus de 156 blessés graves parmi les manifestants en relation avec le mésusage de ces armes (personnels non formés, non respect du règlement ou des conditions d’utilisation, ciblage de l’extrémité cervico-céphalique). Les mutilations constatées et prises en charge par Nous, personnels soignants, dues à ces armes utilisées sur des personnes parfois très jeunes ou âgées, exerçant leur droit à manifester, sont choquantes et inacceptables : amputation de membre, défiguration à vie, fracas maxillo-facial ou dentaire, dilacération oculaire ou énucléation, fracas crânien, hémorragies cérébrales engageant le pronostic vital et entrainant des séquelles neurologiques, autant de mutilations qui produisent de nouveaux cortèges de « Gueules cassées »…Tant de vies ont été ainsi sacrifiées…Une étude récente, publiée en 2017 dans le British Medical Journal Open, rapporte une collection internationale de 1984 cas de traumatismes liés à ces armes dites « moins-létales » : le risque cumulé de décès (3%) ou de handicap séquellaire grave (15,5%) est d’environ 1 chance sur 5. Pour comparatif le risque de recevoir la balle à la roulette russe est de 1 sur 6. Cette étude confirme donc l’extrême dangerosité constatée dans notre pays de ces armes. (Haar RJ, Iacopino V, Ranadive N, et al. Death, injury and disability from kinetic impact projectiles in crowd-control settings: a systematic review. BMJ Open 2017;7:e018154. doi:10.1136/ bmjopen-2017-018154)Pour toutes ces raisons, Nous, soignants (médecins, chirurgiens, urgentistes, réanimateurs, infirmier(e)s, aides soignant(e)s…) apolitiques et attachés à l’idéal de notre pays, la France, au travers de la déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, demandons qu'un Moratoire immédiat soit appliqué sur l’usage des armes "moins-létales" de maintien de l’ordre en vue de bannir leur utilisation lors des manifestations."
"En février, 35 ophtalmologues avaient écrit au président Macron pour s’émouvoir du « nombre inédit de contusions oculaires graves » entraînant « des lésions souvent au-dessus de toute ressource thérapeutique ». Dans ce courrier, ces médecins faisaient un parallèle avec les blessures provoquées par des balles de golf à l’origine d’une perte de la vision dans la majorité des cas. « Ces balles mesurent 40 mm de diamètre et lorsqu’elles arrivent sur le visage avec une grande force de propulsion, elles s’encastrent dans l’orbite, toute l’énergie cinétique (1) étant transmise au globe oculaire. Les balles de LBD mesurent également 40 mm de diamètre, leur énergie cinétique est considérable puisqu’elle est encore de 220 joules à 40 m, bien supérieure à celle d’une balle de golf », soulignaient les médecins."
"Dans la foulée, ils estimaient que les blessures par LBD, ne pouvaient être dues au « hasard ou à l’inexpérience ». « Le grand nombre de balles tirées avec une force cinétique conservée à longue distance et l’imprécision inhérente à cette arme devaient nécessairement entraîner un grand nombre de mutilations », ajoutaient les ophtalmologues, en réclamant un moratoire dans l’utilisation de ces armes."
"Ces prises de position n’ont guère fait bouger le gouvernement. « Quand il y a une agression contre des policiers et qu’il y a une riposte proportionnée, oui il peut y avoir des blessés. Ce n’est pas parce qu’une main a été arrachée, parce qu’un œil a été éborgné, que la violence est illégale », estimait début juin sur RTL le secrétaire d’État à l’Intérieur, Laurent Nuñez."
"Des propos difficiles à entendre pour le professeur Thines : « Les LBD sont classés comme des armes de guerre et, en tant que soignant et citoyen, je trouve inconcevable qu’on les utilise contre des gens qui manifestent sur la voie publique. Ce qu’on oublie, ce sont les séquelles physiques et psychologiques que vont garder une partie de ces blessés. La perte d’un œil, c’est absolument dramatique chez une personne jeune qui, peut-être, ne pourra plus conduire ou travailler normalement. »
Le jeudi 30 janvier 2020, lors d'un déjeuner au Festival international de bande dessinée d'Angoulême, Jul a posé avec le Président de la République Emmanuel Macron tenant un T-Shirt montrant un fauve éborgné, taché de rouge, avec l'inscription "LBD 2020". Une déclinaison politisée du logo du festival BD, initiales de Bande dessinée ; le chat est l'emblème du festival. Des tirs de LBD ont blessé, parfois mutilé, des Gilets jaunes, mouvement politique et social, polymorphe et polyphonique, méfiant à l'égard des instances représentatives, des pouvoirs, dont celui politique, opposés à une taxe sur le carburant ainsi qu'à une vitesse réduite sur les routes et réclamant un pouvoir d'achat leur permettant de vivre, ou des passants. Le Président et Jul souriaient.
"Sur franceinfo, Jul est revenu sur les coulisses de cette photo. "C'est un petit peu lunaire", raconte-t-il. "En arrivant, les policiers m'ont confisqué le tee-shirt en disant que c'était du matériel séditieux, et qu'il était hors de question de rencontrer le président avec ce genre de choses dans sa poche. En fin de compte, je l'ai récupéré. Au déjeuner, j'ai dit que ces violences [policières] étaient insupportables, quel que soit le contexte. Emmanuel Macron a répliqué que c'était justifié sur un certain nombre de choses. Et je lui ai dit 'j'ai un tee-shirt pour vous'. Quand je lui ai donné, il l'a essayé en disant 'il est trop grand pour moi'. J'ai dit 'si vous voulez on prend une photo', il a dit 'oui oui d'accord'. J'ai dit 'vous êtes sûr, sûr ?' Je voyais les gens autour de lui tirer des têtes de trois kilomètres. Il a dit 'oui oui oui, sûr, sûr', et quelqu'un a pris une photo avec un portable, et voilà la genèse de cette photo insolite. D'intégrer la critique à ce point, c'est assez inédit", reconnaît Jul. "Ca montre aussi la place que peut avoir la satire, la critique, dans un moment où on parle aussi du droit au blasphème. Je pense que c'était important que ce genre de disruption ait lieu dans la communication institutionnelle bien huilée", a relaté Jul. "Qu’il pose avec le t-shirt, ça a surpris tout le monde. J’ai proposé une photo sur le ton d’une boutade, il a dit 'oui pas de problème' et quelqu’un a immortalisé le moment, à la stupéfaction de l‘assemblée", a raconté le 31 janvier 2020 sur RMC le dessinateur Jul.
"Nous sommes un pays libre, démocratique, qui aime l'insolence. J'ai eu une discussion avec Jul. Je suis en désaccord complet avec son approche. Je récuse le terme de violences policières. Je considère que la violence elle est d'abord dans la société. Donc je ne mets pas ces violences sur le même niveau. Néanmoins, de là où je suis, je dois défendre la créativité, la liberté d'expression, y compris l'insolence, y compris la création d'artistes qui disent des choses pour lesquelles je ne suis pas en accord", a expliqué Emmanuel Macron. Et de préciser devant le buzz créé : « Je suis en désaccord avec son approche, la violence est d'abord dans la société. En France, il y a un ordre républicain […] On est dans un pays où on a le droit de critiquer, de railler les dirigeants, c'est un trésor ! Mais il y a une contrepartie : on n'a pas le droit à la violence. Le problème vient de nos concitoyens qui ont décidé d'entrer dans la violence ». "Je dois défendre la liberté d’expression, la créativité et l’insolence y compris la création d’artistes qui disent ou font des choses avec lesquelles je ne suis pas en accord. Je récuse le terme de violences policières, la violence est d’abord dans la société", a commenté le Président de la République.
Cette photographie a indigné des policiers. « Il y a beaucoup de colère et d'incompréhension. Ça ne passe pas du tout dans les rangs », a notamment réagi dans la soirée Yves Lefebvre, secrétaire général de l'Unité-SGP-FO. Pour lui, « le selfie » (qui n'en est pas un) du chef de l'Etat est « une marque de défiance et de mépris à l'égard de ceux qui lui ont permis d'être encore président » grâce à leurs actions de maintien de l'ordre « du 1er décembre 2018 et de mars 2019, au moment où la République vacillait » pendant la crise des Gilets jaunes, a-t-il ajouté. « On attend autre chose d'un président. C'est scandaleux. On se demande s'il y a des conseillers en communication à l'Elysée », a-t-il poursuivi. Conseillers qui ont toutefois pris le temps de préciser que le président désapprouvait le message du tee-shirt".
Fabien Vanhemelryck, secrétaire général d'Alliance, a fait part de la colère des policiers ce jeudi soir : « On attend autre chose d'un président de la République qu'il pose avec un t-shirt insinuant que les forces de l'ordre éborgnent les gens. (...) Le problème, ce n'est pas le t-shirt, mais le fait que le chef de l'Etat pose avec », a-t-il encore précisé, en soulignant que « ce signal » était « ce qu'il y (avait) de pire dans le contexte actuel de chaos et au moment où la police et la gendarmerie sont les derniers remparts de la République ». Cette photo « pose question », a également réagi Philippe Capon, secrétaire général de l'Unsa Police, qui a « regretté que le président en rajoute dans un positionnement polémique sur un sujet important où l'ironie et la dérision n'ont pas leur place ». Et de rappeler « que les manifestations n'ont jamais été aussi nombreuses depuis mai 2017, date de l'élection du président Emmanuel Macron à la tête du pays (...) Les forces de l'ordre ont malheureusement passé plus de temps à faire du maintien de l'ordre qu'à se consacrer à la sécurité des Français. »
Linda Kebbab déléguée nationale du syndicat Unité SGP-Police a demandé des excuses au Président de la République, l'accusant de jeter les policiers "à la vindicte populaire". "Il se permet d’arborer un t-shirt qui nous jette à la vindicte populaire". Si certaines victimes ont dénoncé "un déni de réalité", le cliché a aussi irrité du côté des forces de l'ordre: "Quand on est président de la République, on prend de la hauteur, on prend du recul, on réfléchit à ce qu’on fait!", a dénoncé le 31 janvier 2020 sur RMC Linda Kebbab déléguée nationale du syndicat Unité SGP-Police.
Elle a assuré qu'Emmanuel Macron cautionnait le discours "à la mode" dénonçant l'utilisation du LBD en s'affichant ainsi avec le t-shirt tenu sur le cliché. "Moi j’aimerai proposer un autre t-shirt au président de la République", a-t-elle ensuite lancé avant de montrer à l’antenne un t-shirt ou l’on pouvait lire "59 suicides en 2019". "Cinquante-neuf policiers se sont suicidés l’année dernière dans l’indifférence totale de nos politiques et de notre administration. On a eu des centaines et des milliers de messages de collègues sur l’ensemble du territoire qui disent 'il y a quelques semaines on l’a sorti d’un pétrin au théâtre', on a permis à la République de tenir debout quand sa politique la faisait chanceler. Et aujourd’hui il se permet d’arborer un t-shirt qui nous jette à la vindicte populaire!", a lâché Linda Kebbab avant d'interpeller Emmanuel Macron. "Monsieur le président de la République nous demandons que vous fassiez des excuses aux forces de l’ordre et en même temps si vous pouviez arborer ce t-shirt ce serait bien. Mais ce serait surtout bien que vous luttiez contre les suicides", a-t-elle conclu.
« Classe moyenne - Les révoltés »
Arte diffusera le 28 juillet 2021, dans le cadre de « La vie en face 2021 », « Classe moyenne - Les révoltés » (Nicht mit uns! Der Aufstand der Mittelschicht) de Frédéric Brunnquell.
« Vanessa, Pierre et Anne-Lise appartiennent à la petite classe moyenne. En 2018, ils ont rejoint le mouvement des "gilets jaunes" et se sont liés d'amitié sur les ronds-points. Ils nous livrent leurs espoirs, leurs peurs, et leur désir de transformer la société. »
« Pour le troisième été consécutif, ARTE ausculte les mutations de nos sociétés au travers d’une collection documentaire, « La vie en face 2021 », diffusée chaque mercredi, en deuxième et troisième parties de soirée, du 16 juin au 25 août. »
« Aide-soignante dans un service hospitalier du sud de la France, Anne-Lise a décidé de se battre avec Romain, son mari, technicien dans l’aéronautique, pour ne plus être en "mode survie". Elle se prend à rêver "d’un ciné, d’un resto" avec leurs deux filles et, pourquoi pas, "d’un toit sur la tête et du chauffage l’hiver" pour tout le monde ». Sa candidature à une élection politique obtient un nombre faible de suffrages, mais Anne-Lise ne manifeste aucune amertume.
« Ancienne commerciale trilingue, Vanessa, célibataire, a quant à elle repris ses études et quitté son département du nord de la France pour s’installer dans le Sud, au soleil. Devenue psychologue, elle ausculte de près la souffrance des patients qu’elle reçoit dans un centre médico-psychologique. Avec un salaire mensuel avoisinant les 1 600 euros, elle ressent une lassitude à devoir s’astreindre aux mêmes calculs tortueux que ceux auxquels se livrait sa mère pour économiser et parvenir ainsi à boucler les fins de mois ».
« Artisan métallier et formateur pour adultes en reconversion, Pierre, qui a la garde de son fils collégien, ne désarme pas contre "les politiques qui ne pensent pas au bien-être du peuple". Dédiant ses loisirs aux cortèges de manifestants qu’il rejoint le week-end à Paris quand il le peut, il veut encore croire "à un nouveau modèle".
« En 2020, Anne-Lise, Vanessa et Pierre ont rejoint le mouvement des "gilets jaunes", se liant d’amitié sur les ronds-points. »
« Comme des millions d’autres foyers en France, tous trois appartiennent à la petite classe moyenne. Longtemps, ils ont été convaincus qu’ils parviendraient à s’élever dans la société grâce à leurs efforts. Aujourd’hui, la désillusion, douloureuse, les fait douter de l’arrivée de jours meilleurs, pour eux et pour leurs enfants ».
« Plusieurs mois durant, ils partagent devant la caméra leur colère, leurs espoirs, leurs peurs et leur désir de transformer la société pour en faire un monde plus humain ».
« À travers l’engagement de ces citoyens combatifs, Frédéric Brunnquell dresse le portrait saisissant d’une classe moyenne qui ne se résout pas au déclassement. »
« Classe moyenne - Les révoltés » de Frédéric Brunnquell
France, 2021, 56 min
Coproduction : ARTE France, Nilaya Productions
Sur Arte les 28 juillet 2021 à 22 h 30 et 3 août 2021 à 3 h 40
Disponible du 04/06/2021 au 03/12/2021
Visuels : © Fred Brunnquell
Allemagne, 2019, 31 min
Sur Arte le 31 janvier 2019 à 13 h
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Les citations sur le reportage sont d'Arte. Cet article a été publié le 30 janvier 2019.
Les citations sur le reportage sont d'Arte. Cet article a été publié le 30 janvier 2019.
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