lundi 30 juillet 2018

« Europa Europa » par Agnieszka Holland


Arte diffusera le 1er août 2018 « Europa Europa » (Hitlerjunge Salomon) par Agnieszka Holland. « Comment un jeune Juif a survécu à la guerre en endossant tour à tour l’uniforme russe, puis nazi... Une saga mise en scène avec brio par Agnieszka Holland et produite par Artur Brauner, figure du cinéma européen du XXIe siècle. »


« Allemagne, 1938. Après la terrible Nuit de cristal, au cours de laquelle leur fille a trouvé la mort, la famille Perel décide de retourner vivre à Lodz, d'où le père est originaire. Lorsque les troupes allemandes envahissent la Pologne, les deux jeunes fils, Isaak, et Salomon, 13 ans, sont envoyés par leurs parents vers l'Est. Séparé de son frère au cours du voyage, Salomon est recueilli dans un orphelinat russe, où il apprend à devenir un patriote soviétique. Mais lorsqu'en juin 1941 Hitler rompt le pacte conclu avec Staline, l'orphelinat est pris d'assaut, et Salomon est capturé par la Wehrmacht. Refusant le sort réservé aux Juifs et aux communistes, immédiatement passés par les armes, Salomon se fait passer pour un Allemand de souche, retenu prisonnier en Russie. Vite repéré pour sa maîtrise du russe et du polonais, il devient la mascotte de son régiment. Devenu Joseph Peters, après un fait d'arme involontaire au front, il est choisi pour intégrer l'Institut des jeunesses hitlériennes, une école d'élite réservée aux futurs cadres du régime nazi… »

Inspiré de l'autobiographie de Salomon Perel, devenu Sally Perel en Israël, où il fit son aliyah à la fin de la Deuxième Guerre mondiale et combattit lors de la Guerre d'Indépendance, Agnieszka Holland (Sacrifice) "met en scène avec brio son odyssée dans l'Europe ravagée ». 

« Accueilli avec enthousiasme à sa sortie dans de nombreux pays, le film a été au centre d'une vive controverse, notamment à cause de l'image négative qu'il renvoie des Allemands, tous ou presque présentés comme des êtres mauvais et cruels. Une illustration, pour la cinéaste polonaise, des difficultés de l'Allemagne, à l'époque, à assumer son tragique passé ».

En 1991, le film a été sélectionné pour l’Oscar du Meilleur scénario adapté. Curieusement, l'Allemagne ne l'a pas proposé pour concourir dans la catégorie du Meilleur film étranger, alors qu'il était un succès commercial en Allemagne et aux Etats-Unis. Ce qui a dépité son producteur Artur Brauner, rescapé de la Shoah.

Arte le diffuse dans le cadre d’une soirée en hommage au producteur allemand juif Artur Brauner.


« Europa Europa  » par Agnieszka Holland
Allemagne, France, Pologne, 1990
Image : Jacek Petrycki
Montage : Ewa Smal, Isabel Lorente
Musique : Zbigniew Preisner
Production : Central Cinema Company Film, Les Films du Losange
Producteur/-trice : Artur Brauner, Margaret Ménégoz
Scénario : Agnieszka Holland
Acteurs : Marco Hofschneider, Marta Sandrowicz, René Hofschneider, André Wilms, Hanns Zischler, Julie Delpy
Auteur : Sally Perel
Sur Arte le 1er août 2018

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Les citations proviennent d'Arte.

mercredi 25 juillet 2018

James Nachtwey, photoreporter


James Nachtwey est un photoreporter engagé américain né en 1948. La qualité artistique - composition soignée, contrastes accentués noir/blanc… - de ses œuvres lui a valu de nombreuses distinctions, une célébrité mondiale et des expositions Pourtant, ses clichés n’expliquent guère l’événement saisi, révèlent ses partis pris et véhiculent la propagande anti-israélienne. La Maison européenne de la photographie (MEP) présente la rétrospective « Memoria, photographies de James Nachtwey ». 

« War Story, 1995-1996 » de Mikael Levin

« J’ai voulu devenir photographe pour saisir la guerre. Mais j’étais poussé par le sentiment inhérent qu’une image qui dévoilerait sans détour le vrai visage d’un conflit se trouverait être, par définition, une photographie anti-guerre », a déclaré James Nachtwey, photoreporter.

Et d’ajouter : « J’ai été un témoin. Un témoin de ces gens à qui l’on a tout pris - leurs maisons, leurs familles, leurs bras et leurs jambes, et jusqu’au discernement. Et pourtant, une chose ne leur avait été soustraite, la dignité, cet élément irréductible de l’être humain. Ces images en sont mon témoignage. ».


Maître du noir et blanc, dont il accentue souvent les contrastes, et des couleurs dont il sature les rouges vifs ou oranger, les bleus du ciel, unanimement loué, souvent primé, James Nachtwey a parcouru le monde pour couvrir des conflits. Mais qu’en a-t-il compris ? Les rend-il compréhensibles ou entend-il seulement jouer sur l’émotion ? Il ne « documente » pas un conflit, une famine. Il se place sur le registre de la « compassion ». La sienne, partiale, qu’il entend faire partager, imposer comme seule réalité.


C’est un photographe engagé, mais de quels côtés ? Et pourquoi ? Au Proche-Orient, il a choisi son camp : celui des anti-Israéliens. Sa célébrité aurait-elle été si grande sans ses clichés héroïsant les jeunes « Palestiniens » en « David-lançant-des-pierres-contre-le-Goliat-soldat-israélien ». Les victimes israéliennes amputées, handicapées, des attentats terroristes islamistes « palestiniens » ? Il les ignore.

BnF et film
2002. Quelques années après le déclenchement de l'Intifada II par Yasser Arafat, le photographe James Nachtwey était au centre d’une actualité culturelle en France. Dans l’exposition « L’œil témoin », la prestigieuse Bibliothèque nationale de France (BnF) présentait les clichés dont il lui avait fait don. Documentaire de Christian Frei (2001) « War photographer » était diffusé sur Arte puis dans les salles de cinéma.

Dans l’exposition « L’œil témoin », les photographies de James Nachtwey illustrait le stéréotype du jeune Palestinien luttant sans arme contre les soldats israéliens, et ne montraient aucun Israélien. S’il photographiait les enfants roumains, il ne s’était pas intéressé aux enfants israéliens, mutilés par le terrorisme islamiste palestinien. Il a sélectionné son camp. C’est son droit. Mais les visiteurs ne semblaient pas avoir saisi sa partialité.

Selon un adage maintes fois répété, un dessin ou une photo, par leur puissante concision, remplacent avantageusement le meilleur éditorial. Cette exposition contredisait cette assertion. Si ces photos étaient celles de « l’œil témoin », on aurait aimé voir aussi celles de l’autre œil. Foin d’ironie.

La raison de cette double désinformation réside peut-être dans l’appareil : sa mise au point, la distance et l’objectif. Mais comme l’ont confié les photographes que j’ai interviewés : ce n’est pas l’appareil qui importe, c’est celui qui photographie...

Avec James Nachtwey, le lanceur de pierre via une fronde est un double cliché, dans la mesure où la propagande palestinienne a retourné contre l’Etat juif ses hauts faits, ses caractéristiques, ses mots et maux. Le Palestinien lanceur de pierres contre un soldat israélien invisible reproduit le cliché David contre Goliath. Mais dans l'affrontement existentiel né du refus par le monde arabe ou/et musulman de l'Etat Juif, qui est David et qui est Goliath ? La perception du conflit dépend aussi de l'échelle de la carte que l'on choisit.

James Nachtwey fixe le mythe palestinien et fournit des images d’Epinal propres à conforter les stéréotypes imaginés, construits et diffusés par la propagande palestinienne, dans le cadre fixé par l'Autorité palestinienne (AP). Mais ce cadre du travail des photographes, James Nachtwey et les autres commissaires de l'exposition l'éludaient. En août 2002, le Syndicat des journalistes palestiniens "a interdit absolument", à peine de sanctions disciplinaires, aux photoreporters de photographier ou filmer des enfants portant des armes car ces images desservent leur cause.

Ce cliché de James Nachtwey correspond à l'allégation de la propagande palestinienne, reprise par des diplomaties occidentales, que l'Intifada II aurait été un soulèvement populaire spontané causé par l'arrivée d'Ariel Sharon sur le mont du Temple ("Esplanade des mosquées") avec l'autorisation du WAQF. Or, cette guerre d'attrition a été planifiée par Yasser Arafat. Dès 2001, le ministre des Communications de l'Autorité palestinienne 'Imad Al-Faluji a déclaré au Liban : "Whoever thinks that the Intifada broke out because of the despised Sharon's visit to the Al-Aqsa Mosque, is wrong, even if this visit was the straw that broke the back of the Palestinian people. This Intifada was planned in advance, ever since President Arafat's return from the Camp David negotiations, where he turned the table upside down on President Clinton. [Arafat] remained steadfast and challenged [Clinton]. He rejected the American terms and he did it in the heart of the US." (Al-Safir, 3 mars 2001, traduction de MEMRI) Et le 16 décembre 2012, sur Dubaï TV, Souha Arafat, veuve de Yasser Arafat, a déclaré : "Yasser Arafat a pris la décision de lancer l’Intifada. Immédiatement après l’échec [des négociations] de Camp David, je l’ai rencontré à Paris à son retour, en juillet 2001 [sic]. Camp David a échoué, m’a-t-il dit: « Tu dois rester à Paris ». Je lui ai demandé pourquoi, et il m’a dit: « Parce que je vais déclencher une Intifada. Ils veulent que je trahisse la cause palestinienne. Ils veulent me faire renoncer à nos principes, et je ne le ferai pas. Je ne veux pas que les amis de Zahwa disent à l’avenir que Yasser Arafat a abandonné la cause et les principes palestiniens. Peut-être serai-je un martyr, mais je dois léguer notre patrimoine historique à Zahwa et aux enfants de Palestine. »

Quid des Palestiniens torturés pour une prétendue collaboration avec "l'entité sioniste" ou pour leur opposition à Yasser Arafat ? Quid des femmes victimes de crimes "dits d'honneur" ? Quid des villas somptueuses des millionnaires enrichis par la corruption de l'AP ? Quid des deux soldats israéliens Yossi Avrahami et Vadim Nurzhitz qui, égarés près de Ramallah, ont été torturésassassinés, mutilés, par des Palestiniens ? Photographe du Sunday Telegraph, Mark Sieger, alors âgé de 29 ans, a assisté à cette scène barbare :  « J’ai reçu un coup de poing en pleine figure et un Palestinien m’a averti : “Ne pas photographier”. Ensuite, plusieurs autres Palestiniens m’ont agressé, m’ont confisqué mes films et une partie de mon matériel. J’ai photographié beaucoup de scènes de violences à travers le monde, notamment au Congo et au Kosovo, mais c’est ce que j’ai vu de pire dans ma vie. J’ai couru, j’ai couru, pour m’échapper, car j’ai senti qu’ils reportaient leur rage contre moi ». Depuis leur arrestation et leur détention dans les prisons israéliennes, l'Autorité palestinienne a alloué généreusement à chaque assassin - Habbes Bayyoud, Muhammad Nawarah, Jawad Abu Qara - le salaire prévu par la loi palestinienne. Leurs salaires, calculés par Palestinian Media Watch à juin 2018, a atteint le montant total de 2 023 600 shekels (583 606 dollars).

Dans le Livre d’or de l'exposition, des visiteurs avaient écrit : « Il souffre pour nous ». Une opinion quelque peu christique. D’autres lui exprimaient leur gratitude pour cette souffrance « par procuration » et son courage sur des lieux dangereux. Mais à l’époque, où était le danger : photographier les djihadistes palestiniens ? Se déplacer en bus, déjeuner dans une pizzeria ou parcourir les allées d’un centre commercial en Israël où plusieurs fois par semaine, parfois plusieurs fois par jour, survenait un attentat terroriste islamiste palestinien ? James Nachtwey eût-il voulu photographier les enfants palestiniens lors de leur entrainement para-militaire ou lorsque leur mère leur ceinturait la taille d'une ceinture explosive, aurait-il reçu l'autorisation de l'Autorité palestinienne (AP) ? Les visiteurs avaient-ils compris que les Israéliens existent, qu’ils souffrent et qu’ils sont victimes d’une guerre existentielle imposée ?

A la suite de l’attentat terroriste palestinien du Seder de Pessah (Pâque juive) dans un hôtel de Netanya, Israël a lancé l’opération militaire « Rempart » (avril-mai 2002) afin d’éradiquer l’infrastructure des groupes terroristes palestiniens. Relayant la propagande palestinienne, des médias ont allégué des "massacres", voire un "génocide à Jenine", le « siège de l’Eglise de la Nativité par Tsahal » et couvert l’occupation de l’Eglise de la Nativité par des terroristes palestiniens. James Nachtwey a insisté sur les destructions à Jenine sans montrer qu'elles étaient limitées et correspondaient à des lieux de combats avec des terroristes palestiniens. 

Documentaire réalisé et produit par Christian Frei (2001, 1 h 36), « War photographer » a été tourné au au Kosovo, à Djakarta, à Ramallah... Il retrace le travail de James Nachtwey, ses motivations, ses peurs et sa vie au quotidien en tant que photographe de guerre. Il a été nominé aux Oscars 2002 dans la catégorie « meilleur documentaire ».

Dan David Prize
En 2003, dans la catégorie Dimension Présent - Presse écrite, Médias audiovisuels (Present - Print & Electronic Media), le Dan David Prize a été décerné à James Nachtwey et au documentariste Frederick Wiseman.
      
On peine à comprendre que ce Prix doté d’un million de dollars ait distingué un photographe si partial.

Les raisons avancées par le jury ? C’est un « journaliste-photographe qui a voué sa vie à couvrir les événements apocalyptiques de notre siècle: guerre, famine, exclusion et violents conflits sociaux dans le monde entier. A travers les yeux d'un artiste et avec l'instinct d'un journaliste, il a produit des images difficilement soutenables, mais impossibles à ignorer. Il réside aujourd'hui à New York ». Et d’expliciter : « James Nachtwey is no ordinary photojournalist. He has dedicated his life to documenting the apocalyptic events of our time: war, famine, man's inhumanity to man, the plight of the disenfranchised all over the world. With the eye of an artist and the instincts of a journalist, he creates images that are both appalling and profound. His photographs may not be easy to look at but they are impossible to ignore. This is Nachtwey's goal: to burden viewers with such an uncomfortable awareness that it will force them to seek justice and change. He says, "I have been a witness, and these pictures are my testimony. The events I have recorded should not be forgotten and must not be repeated." His photographs on AIDS in Africa were published in Time magazine and were shown in the U.S. Congress; they helped lead to legislation requiring drug companies to provide cheaper generic drugs to fight the disease. James Nachtwey's work is astonishing in its diversity, its beauty and in the electrical charge of Nachtwey's commitment to making incredible images even in the face of tremendous personal danger. He is an inspiration not only to photojournalists but to people everywhere. James Nachtwey grew up in Massachusetts and graduated cum laude from Dartmouth College, where he studied art history and political science. Images from the Vietnam war and the American Civil Rights movement had a powerful effect on him and were instrumental in his decision to become a photographer. Nachtwey has devoted himself to documenting wars, conflicts, and critical social issues. He has worked on extensive photographic essays in El Salvador, Nicaragua, Guatemala, Lebanon, the West Bank and Gaza, Israel, Indonesia, Thailand, India, Sri Lanka, Afghanistan, the Philippines, South Korea, Somalia, Sudan, Rwanda, South Africa, Russia, Bosnia, Chechnya, Kosovo, Romania, Brazil, and the United States. James Nachtwey has been a contract photographer with Time magazine since 1984. He has received numerous honors and awards. He is a fellow of the Royal Photographic Society and has an Honorary Doctorate of Fine Arts from the Massachusetts College of Art. »

MEP

James Nachtwey, « dont la carrière est jalonnée par de nombreux prix et récompenses dans des domaines variés, est mondialement reconnu comme l’héritier de Robert Capa  ». Il n’en a pas la stature, le regard humaniste et la variété de genres abordés. Robert Capa luttait par ses photographies contre le fascisme et espérait que la victoire des Républicains espagnols amènerait la chute du fascisme et du nazisme. James Nachtwey semble ignorer que c'est le même terrorisme qui assassine en Israël, aux Etats-Unis et en Europe.

« Sa force morale et ses engagements sociaux et civils l’ont mené à consacrer sa vie entière à la photographie documentaire. Il saisit les conditions les plus extrêmes de la vie humaine - qui ne prennent que trop souvent les formes d’un enfer terrestre - se faisant ainsi le témoin épique de la cruauté de la guerre ».

« Il n’a de cesse de photographier la douleur, l’injustice, la violence et la mort. Mais pour que jamais ne soient oubliées la souffrance et la solitude humaines, il crée des images d’une beauté vertigineuse, impeccablement cadrées et éclairées, et aux effets quasi cinématographiques. L’extraordinaire beauté et l’infinie tendresse qui en émanent sont autant de moyens de lutter et de résister ».

« Dans une posture toujours de compassion, il saisit des scènes et des contextes variés : en Bosnie, à Mostar, où un tireur d’élite vise à travers une fenêtre, la famine au Darfour, les malades de la tuberculose ou bien encore les terribles effets de l’agent orange au Vietnam. »

« Parmi ses images les plus emblématiques, on pense immédiatement à celle qui représente un jeune garçon rwandais, survivant d’un camp de concentration hutu, le visage balafré. Viennent également en tête les photographies de la deuxième Intifada en Cisjordanie, où Nachtwey était alors en première ligne ». Eh oui, James Nachtwey a beaucoup contribué aux stéréotypes anti-israéliens. Sa photographie ci-jointe est ainsi légendée : « Manifestants jetant des cocktails Molotov lors des heurts opposant l’armée israélienne à la population palestinienne locale. » Où sont les banderoles des manifestants ? Où sont leurs flyers ? Quelles sont leurs revendications ? James Nachtwey ne livre aucune information sur le contexte. Quid de l'enseignement de la haine des Juifs dans les manuels scolaires "palestiniens" ? Quid de l'incitation à la haine par l'Autorité palestinienne ?

Il « dépeint la guerre depuis 40 ans, montrant sans détour le sort des populations qui en font la terrible expérience. Comme le 11 septembre 2001, lorsque la guerre l’atteignit “chez lui”, sur le sol américain, lors de l’attentat des tours jumelles, suivi par la guerre en Irak et en Afghanistan. Les images de James Nachtwey révèlent une humanité mutilée par la violence, dévastée par les maladies et la faim, une humanité qui, par nature, semble se fourvoyer ». Pourquoi la MEP ne qualifie-t-elle pas cet attentat du 11 septembre 2001 d’attentat terroriste islamiste ? 

Cette exposition « est la plus grande rétrospective jamais dédiée au travail du photographe. À travers son regard personnel, elle propose une remarquable réflexion sur le thème de la guerre, dont la portée est nécessairement collective. »

Cette rétrospective se déroule en « dix-sept sections différentes, formant un ensemble de près de deux cents photographies » et offrant « un vaste panorama des reportages les plus significatifs de James Nachtwey : Le Salvador, les Territoires palestiniens, l’Indonésie, le Japon, la Roumanie, la Somalie, le Soudan, le Rwanda, l’Irak, l’Afghanistan, le Népal, les États-Unis avec entre autres un témoignage singulier des attentats du 11 septembre, ainsi que de nombreux autres pays ». Ce communiqué de la MEP s’avère partial : qu’appelle-t-il « territoires palestiniens » ? Les « territoires disputés » ?

« L’exposition s’achève sur un reportage traitant de l’immigration en Europe, aujourd’hui plus que jamais d’actualité ».

Elle « rassemble ainsi les photographies de celui que l’on peut considérer comme le photoreporter le plus prolifique de ces dernières décennies, un observateur exceptionnel de notre monde contemporain et probablement l’un de ses témoins les plus clairvoyants ». Oh, non !

Les commissaires de l’exposition, conçue et produite par Contrasto, sont Laurie Hurwitz, Roberto Koch et James Nachtwey.

« JAMES NACHTWEY, LE DEVOIR DE MÉMOIRE »
Par Roberto Koch, co-commissaire de la rétrospective à la MEP

« La mémoire est la chose la plus essentielle que nous ayons pour imaginer le futur et prévenir des erreurs du passé. À travers ses photographies et ses paroles, James Nachtwey nous rappelle ainsi que si nous sommes incapables de nous souvenir du passé, nous serons condamnés à sa perpétuelle répétition.

Depuis près de quarante ans, James Nachtwey photographie la douleur, l’injustice, la violence et la mort. Cette mort si particulière qui ne connaît ni la plénitude de la vieillesse ni la chaleur des êtres chers, mais qui a les yeux d’un enfant, les mains émaciées d’une femme ou le visage d’un homme que la pauvreté a ravagé.

Ce qui le fait tenir, coûte que coûte, au sein de cette “communauté affligée” que forme notre condition humaine, dans ce tourbillon “d’éternelle douleur”, c’est cette conviction infaillible que le photojournalisme, dans ce qu’il a de plus abouti, peut encore influencer l’opinion publique, comme les premiers jalons d’un livre d’histoire qui resterait à écrire.

Né à Syracuse dans l’État de New York en 1948, James Nachtwey grandit dans les années 1960. Ses yeux s’inondent des images de la guerre du Vietnam et des marches pour les droits civiques. Rapidement, il sent combien il est important de témoigner et, à travers son propre travail, il s’engage dès lors à combattre l’hypocrisie, celle qui si souvent nous fait détourner notre regard, tout autant que notre conscience.

Le reportage réalisé en Roumanie, qui suit la chute du mur de Berlin puis l’effondrement de l’URSS, marque un point de non-retour. Des portes commencent à s’ouvrir. Comme celles d’un enfer terrestre, un orphelinat où un dramatique crime contre l’humanité venait d’être commis.

L’insupportable réalité le bouleversa jusqu’à la moelle : “Je voulais m’enfuir, je ne voulais pas regarder plus loin. Mais c’était devenu un test. Devais-je me dérober ou bien assumer l’entière responsabilité d’être là, avec mon appareil photographique ?”.

Ces regards paniqués, saisis en gros plan, se succèdent comme autant de cercles infernaux : celui par exemple de la famine en Somalie, “où la privation de nourriture est utilisée comme une arme de destruction massive et où, depuis le milieu de l’année 1992, les épidémies et la faim ont causé la mort de plus de 200 000 personnes”. Le Soudan également, dévasté par la guerre et la famine, ainsi que la Bosnie en 1993, le Rwanda en 1994, le Zaïre ou bien encore la Tchétchénie.

L’objectif de James Nachtwey vise aussi la pauvreté en Inde et en Indonésie, le fléau du sida, de la drogue ou de la tuberculose, mais aussi les actes d’amour des proches qui restent au chevet des malades.

Puis vient le 11 septembre 2001. La guerre, qui n’avait pas touché la partie plus riche du globe depuis soixante ans, retourne à l’Ouest. Cette histoire marque un nouveau tournant. Nachtwey documente les guerres qui s’ensuivent en Afghanistan, en Irak, et qui rappellent amèrement les erreurs du passé.

Sa compassion lui inspire un sentiment indéfectible d’empathie envers ceux qui souffrent, des populations traumatisées par les tremblements de terre, comme au Népal, en Haïti ou au Japon, et par le tsunami qui frappe l’Indonésie. Puis il côtoie la terrible tragédie contemporaine des migrants  en Europe, chez nous, où des centaines de milliers de personnes sont obligées de fuir pour essayer de survivre dans un ailleurs qu’ils imaginent terre d’espoir et d’accueil.

Nachtwey écrit : “Mon travail photographique est fondamentalement lié à l’instinct humain, celui qui l’emporte lorsque les règles de la civilisation et de la socialisation volent en éclat. À ce moment-là, la loi de la jungle prend le dessus. Violence et revendications territoriales s’imposent alors, charriant avec elles leur lot de cruauté, de terreur et de souffrance, mais aussi un esprit de survie ancestral. C’est un mécanisme sombre et terrifiant, et je tente à travers mon travail d’y apporter une part de spiritualité. Essentiellement de la compassion.”

Un regard compassionnel est un regard de connaissance, de conscience et de mémoire : le seul antidote possible contre cette obscure étendue, ce cœur des ténèbres qui prend sa charge horrifique à l’aune de ce dont tout l’homme est capable. Nous regardons les images de Nachtwey et nous le savons désormais : nous ne pouvons plus jamais oublier. »

BIOGRAPHIE

« James Nachtwey est né en 1948 à Syracuse dans l’État de New York (USA).

Il étudie l’histoire de l’art et les sciences politiques au Dartmouth College de 1966 à 1970. En 1976, il travaille comme photoreporter pour un journal au Nouveau-Mexique puis, en 1980, il s’installe à New York en tant que photographe indépendant pour différents magazines.

C’est à partir de 1981 que James Nachtwey va se consacrer pleinement à photographier la guerre et les troubles sociaux majeurs. Il couvre les conflits dans le monde entier, convaincu que la sensibilisation du public demeure essentielle pour provoquer le changement, et que les photographies de guerre diffusées par les médias peuvent déclencher une réelle prise de conscience pour agir en faveur de la paix.

En Europe, il documente l’éclatement de l’ex-Yougoslavie, la guerre en Tchétchénie et les troubles civils en Irlande du Nord. En Afrique, il photographie le génocide au Rwanda, la famine qui devient une « arme de destruction massive » en Somalie et au Soudan et la lutte pour l’émancipation en Afrique du Sud. Il documente les guerres civiles qui engloutissent l’Amérique centrale dans les années 1980, du Salvador au Nicaragua en passant par le Guatemala, ainsi que l’invasion du Panama par les États-Unis. Au Moyen-Orient, il couvre le conflit israélopalestinien depuis plus de vingt ans ainsi que les guerres civiles au Liban et, plus récemment, la guerre en Irak, où il est blessé par l’explosion d’une grenade.

Il commence à travailler en Afghanistan pendant les années 1980, photographiant la résistance face à l’occupation soviétique, puis la guerre civile afghane et l’offensive contre les Talibans en 2001. En 2010, il photographie les combats militaires américains dans le Helmand, province du sud de l’Afghanistan. Ailleurs, en Asie, il documente la guérilla au combat au Sri Lanka et aux Philippines ainsi que la répression militaire sanglante contre des manifestants à Bangkok en 2010. Il a récemment témoigné de la crise des réfugiés en Europe, du tremblement de terre au Népal et de la « guerre contre la drogue » extrajudiciaire aux Philippines.

James Nachtwey couvre les sujets sociaux à travers le monde avec un dévouement toujours égal. Les sans-abris, la toxicomanie, la pauvreté ou bien encore le crime et la pollution industrielle se trouvent parmi les principaux sujets qu’il a largement photographiés. Depuis le début des années 2000, il porte un grand intérêt aux questions de santé à travers le monde, notamment dans les pays en développement, attestant ainsi du ravage des maladies dont les effets dévastateurs touchent un plus grand nombre de personnes que la guerre. En 2007, il reçoit le prix TED pour sa campagne mondiale de sensibilisation à la Tuberculose, fondée sur sa croyance que la prise de conscience collective peut encourager la recherche, faciliter le financement, mobiliser les donateurs et motiver la volonté politique.

De nombreuses distinctions sont venues couronner sa carrière de photojournaliste, mais aussi pour récompenser ses contributions à l’art et aux causes humanitaires. En 2001, il reçoit le Common Wealth Award.

En 2003, il reçoit le prix Dan David et, en 2007, le Heinz Family Foundation Award. En 2012, il est lauréat du Prix de la Paix de la ville de Dresde pour l’ensemble de ses reportages effectués depuis plus de 30 ans sur tous les conflits du monde. En 2016, James Nachtwey obtient le prix Princesse des Asturies.

Il remporte cinq fois la Médaille d’or Robert Capa, pour son courage et son travail exceptionnels. Il reçoit le titre de Photographe de l’Année à huit reprises ; le premier prix de la World Press Photo Foundation à deux reprises ; l’Infinity Award en Photojournalisme à trois reprises ; le Prix Bayeux-Calvados des correspondants de guerre à deux reprises et le Prix Leica à deux reprises. Récompensé par l’Overseas Press Club, par le TIME Inc., et par l’American Society of Magazine Editors, il reçoit également le Henry Luce Award, le prix de la Fondation de Leipzig pour la liberté et l’avenir des médias et le Prix de citoyenneté mondiale Dr. Jean Mayer.

En 2001, War photographer, un long-métrage documentant la vie et l’œuvre de James Nachtwey, est nominé pour l’Oscar du meilleur documentaire. Ses livres incluent Deeds of War et L’enfer.

Les photographies de James Nachtwey figurent dans les collections permanentes du Museum of Modern Art et du Whitney Museum of American Art à New York, du San Francisco Museum of Modern Art, du Getty Museum à Los Angeles, du musée des Beaux-Arts de Boston, de la Bibliothèque nationale de France ou bien encore du Centre Pompidou. Ses images ont fait l’objet de nombreuses expositions personnelles dans le monde entier.

Il a été invité à présenter son travail lors de plusieurs événements internationaux, dont les TED Talks, la conférence Bill et Melinda Gates Grand Challenges, le Pacific Health Summit, la conférence mondiale sur la tuberculose à Rio de Janeiro, la réunion annuelle de la Young President’s Organization à Sydney et, à l’occasion de la Journée de la Paix en 2011, devant le Comité International Olympique.
Le titre de Docteur honoris causa lui est décerné par quatre universités américaines, y compris le Dartmouth College, qui a récemment acquis l’ensemble des archives de son œuvre ».


Du 30 mai au 29 juillet 2018
A la Maison européenne de la photographie 
5/7 rue de Fourcy, 75004 Paris
Tél. : 01 44 78 75 00
Du mercredi au dimanche de 11 h à 20 h

Visuels :
Affiche
Afghanistan, Kaboul, 1996 © James Nachtwey Archive, Hood Museum of Art, Dartmouth
Femme errant dans les ruines de la ville.

Soudan, Darfour, 2003 © James Nachtwey Archive, Hood Museum of Art, Dartmouth
Une mère se tenant au chevet de son enfant.

Territoires palestiniens occupés, Cisjordanie, 2000 © James Nachtwey Archive, Hood Museum of Art, Dartmouth
Manifestants jetant des cocktails Molotov lors des heurts opposant l’armée israélienne à la population palestinienne locale.

New York, 2001 © James Nachtwey Archive, Hood Museum of Art, Dartmouth
Une pluie de cendres et de fumée s’abat sur le quartier de Lower Manhattan suite à la destruction du World Trade Center.

Afghanistan, Kaboul, 1996 © James Nachtwey Archive, Hood Museum of Art, Dartmouth
Femme errant dans les ruines de la ville.

Bosnie-Herzégovine, Mostar, 1993 © James Nachtwey Archive, Hood Museum of Art, Dartmouth
Une chambre transformée en terrain de guerre par un milicien croate tirant sur des cibles musulmanes.

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Articles in English
Les citations sont extraites des communiqués de la MEP, du dite des Prix Dan David.

jeudi 19 juillet 2018

Une lutte moderne. De Delacroix à nos jours


Le musée national Eugène-Delacroix  présente « Une lutte moderne. De Delacroix à nos jours », la « première exposition dédiée aux peintures de la Chapelle des Saints-Anges à Saint-Sulpice – La Lutte de Jacob avec l’ange, Héliodore chassé du temple, Saint Michel terrassant le démon -, depuis leur achèvement en 1861 ». 

Une passion pour Delacroix : la collection Karen B. Cohen
De Delacroix à Matisse. Dessins du musée des Beaux-arts d'Alger
« Une lutte moderne. De Delacroix à nos jours »
Le peintre-verrier Marc Chagall : Hadassah, de l’esquisse au vitrail
Zurbarán's Jacob and His Twelve Sons: Paintings from Auckland Castle

   « La peinture me harcèle et me tourmente de mille manières à la vérité, comme la maîtresse la plus exigeante ; depuis quatre mois, je fuis dès le petit jour et je cours à ce travail enchanteur, comme aux pieds de la maîtresse la plus chérie ; ce qui me paraissait de loin facile à surmonter me présente d’horribles et incessantes difficultés. Mais d’où vient que ce combat éternel, au lieu de m’abattre, me relève, au lieu de me décourager, me console et remplit mes moments, quand je l’ai quitté ? »
Eugène Delacroix, Journal, 1er janvier 1861

En 2018, deux musées parisiens rendent hommage à Delacroix : le Louvre présente une rétrospective  du peintre, le musée national Eugène-Delacroix dédie une exposition inédite à ses peintures de la Chapelle des Saints-Anges à l’église Saint-Sulpice, récemment restaurée : La Lutte de Jacob avec l’ange, Héliodore chassé du temple, Saint Michel terrassant le démon, depuis leur achèvement en 1861.

La lutte de Jacob et de l'ange est relatée dans le Livre de la Genèse. La Bible hébraïque indique que, de retour à Canaan, Jacob, ou Yaacov, craint la vengeance de son frère Essav - Jacob s'était fait passer pour Essav pour obtenir la bénédiction de son père Isaac, lui-même fils d'Abraham, et avait du fuir en rejoignant son oncle Lavan. Jacob demeure sur la rive du Jabbok, et, la nuit, il combat jusqu’à l’aurore un adversaire, "l'ange tutélaire d'Essav", qui le blesse à la hanche, "et plus précisément au nerf sciatique - ce qui rendra cette partie de la bête interdite à la consommation pour le peuple juif". Cet adversaire le bénit en raison de sa force et le nomme Israël, nom porté par sa descendance. Jacob est le patriarche du peuple Juif. Le Rav Yossef ‘Haïm Sitruk zatsal explique ainsi le sens de ce combat : "Nos commentateurs expliquent que l’inconnu veut cesser le combat mais Yaacov le somme de reconnaître que la bénédiction qu’il a reçue n’était pas usurpée. L’ange le lui confirme et à l’issue de ce combat, il bénit Yaacov et lui donne le nom d’Israël. C’est la première fois que l’on évoque ce mot « magique » dans la Torah. Et il est bon de se souvenir que si nous sommes appelés Israël c’est bien à la fin d’une confrontation. Comme pour nous signifier que l’appellation Israël se mérite, qu’elle n’est ni automatique ni fortuite, mais qu’il faut prouver sa capacité à porter ce nom qui signifie « celui qui lutte avec l’ange de D.ieu ». Depuis, le peuple Juif a toujours incarné ce combat dans la défense des valeurs voulues par le Créateur pour l’humanité tout entière. Ce combat est d’abord celui de la fidélité. En effet, Israël n’abdique jamais. Quelles que soient les circonstances, il ne baissera jamais les bras et demeurera le porteur de l’idéal divin. Même si de très nombreuses nations et civilisations ont tenté de nous suppléer, personne n’y est parvenu et, malgré sa fragilité, le peuple Juif est resté le défenseur de ces valeurs. Cette lutte nocturne contre Essav est un symbole. Elle est comprise par nos sages comme étant la nuit de l’Exil, cette longue période durant laquelle Israël, agressé un nombre incalculable de fois, n’a jamais cédé, et est resté égal à lui-même, prêt à défendre ses valeurs. Et un jour, à la fin des temps, lorsque l’aube se lèvera, il sera reconnu par le monde entier, qui viendra alors lui rendre l’hommage qu’il mérite. L’aboutissement de cette histoire sera glorieux. Elle viendra célébrer un combattant blessé mais toujours vivant qui a réussi à remplir sa mission malgré l’adversité."

« Commandée en 1849 à Eugène Delacroix, cette œuvre monumentale, riche et sublime l’occupe jusqu’en 1861 et peut être considérée comme son testament spirituel. Ce fut d’ailleurs pour achever ces décors qu’il installa son dernier atelier rue Fürstenberg soulignant ainsi le lien fort entre le musée Delacroix et ces œuvres magistrales ».

La « restauration des trois peintures de la chapelle des Saints-Anges, permet également de porter un regard renouvelé sur ces œuvres, en lien avec les études menées pour leur conservation ».

Cette exposition « offre l’occasion d’associer les œuvres de Delacroix aux créations des nombreux artistes du XIXe  et du XXe siècle qu’il a inspirés, de Gauguin à Epstein, de Redon à Chagall ».

« Portée par les recherches accomplies lors de leur récente restauration, conduite par la Ville de Paris, cette exposition offre de rassembler, grâce à des prêts exceptionnels des musées français et étrangers, les sources inédites de Delacroix – Raphaël, Titien, Rubens, Le Lorrain, Solimena -, les références à ses propres œuvres comme les principales études et esquisses qu’il a réalisées pour la conception de ces trois chefs-d’œuvre ». 

« Elle réunit également plusieurs des créations que l’œuvre de Delacroix a inspirée aux artistes du 19e siècle et du 20ème siècle, Gustave Moreau, Odilon Redon, William Strang, Jacques Lipschitz, René Iché, Charles Camoin, Jean Bazaine, Marc Chagall. Chacun d’entre eux s’est nourri de l’art de Delacroix pour concevoir leurs propres visions de la lutte ». 

Eugène Delacroix « avait reçu en 1849 la commande des peintures pour la chapelle. Pris par d’autres chantiers, dont la conception nourrit également celle des œuvres de Saint-Sulpice – le plafond de la Galerie d’Apollon, l’ensemble du Salon de la Paix dans l’Hôtel de Ville (détruit en 1871), son exposition personnelle à l’Exposition universelle de 1855 -, il s’y dédia pleinement à partir de 1856. Souhaitant être au plus près ce chantier immense, le peintre s’installa au plus près de l’église, rue de Fürstenberg, dans un espace unique entre cour et jardin, devenu le musée Delacroix ». 

Delacroix « avait choisi de dédier ce décor monumental à des épisodes mettant en scène des anges vengeurs, combattants, armés. Cette lutte était aussi une métaphore du combat qu’il menait, de son propre aveu, pour la peinture. Œuvre d’art totale avant la lettre, lutte moderne, la chapelle des Saints-Anges de Delacroix demeure comme un des grands modèles de l’art ». 

« Le peintre offrit à l’épisode biblique une transcendance nouvelle, celle de la lutte de l’homme avec son destin, de l’artiste avec sa création. Il conçut ainsi une lutte moderne ».

« Associant l’atelier du peintre et ses œuvres, le musée Delacroix et l’église Saint-Sulpice, l’exposition constitue un événement exceptionnel qui invite les visiteurs à marcher sur les pas de Delacroix. L’expérience au sein de l’exposition, se prolongeant de l’espace de conception aux œuvres finales, est ainsi inédite, offrant des clés de compréhension renouvelée ». 

Les commissaires de l’exposition sont Dominique de Font-Réaulx, directrice du musée national Eugène-Delacroix, et Marie Monfort, conservateur en chef à la DRAC Île-de-France. En collaboration avec la Ville de Paris.


Le deuxième livre des Maccabées relate qu'en 176 avant l'ère commune, Héliodore est envoyé par Séleucos IV, roi de la dynastie hellénistique des Séleucides, pour s'emparer du trésor du Temple de Jérusalem. Le grand prêtre Onias III refuse. 

« L’œuvre devant soi 
En 1913, le comité de don du Musée des Beaux-Arts du Havre décrit l’esquisse de Delacroix comme : la « première pensée de sa peinture décorative de Saint-Sulpice », reprenant ainsi la définition de l’encyclopédie de Diderot et d’Alembert (1755) : « faire une esquisse, signifie tracer rapidement la pensée d’un sujet de peinture ». 
L’esquisse conservée au MuMa est très sombre. On peut se demander si elle l’était à sa réalisation ou si la cause en est plutôt l’altération du support ou de la peinture. Dans un jus huileux, presque liquide, des virgules de couleurs plus épaisses émergent. Elles résument des directions et des parties de corps qui se suivent, s’enchaînent, s’incorporent. Cette animation est surmontée d’un grand vide circulaire. 
Bien que très fragile et actuellement en restauration, la peinture de Saint-Sulpice paraît en comparaison lumineuse et chatoyante. La profusion des ornements et la minutie de la description architecturale en font presque oublier, malgré la tenture couleur chair soulevée, le souffle qui anime l’esquisse. 
L’œuvre dans celle du peintre 
Alors qu’à ses débuts Delacroix s’inspire souvent de l’actualité (Le Massacre de Scio, 1824), avec l’âge il puise plus volontiers dans l’Histoire. Il rêve de plus en plus l’Orient qu’il avait vu dans sa jeunesse, pour l’associer au monde biblique. Pour l’Héliodore, il reprend le second livre des Maccabées (3, 24-27), où le général Séleucide, venu prendre le trésor du Temple, est mis à terre par un cavalier et des anges. Ce passage ne décrit pas un événement, mais une vision : « ils virent paraître un cheval, sur lequel était monté un homme terrible, habillé magnifiquement ». Delacroix peint son tableau comme une apparition, pleine de magnificence, de fureur et de cruauté, à laquelle assistent de multiples témoins. Il s’inspire de la version (1725) de Francisco Solimena du Louvre et de la fresque du Vatican (1511-12) de Raphaël. Delacroix puise ainsi dans l’histoire de la peinture, comme le « classique » qu’il clamait être. 
Dans l’étroite chapelle de Saint-Sulpice La lutte de Jacob et l’ange fait face à Héliodore. Delacroix crée entre ces deux peintures des similitudes et des oppositions saisissantes. Dans l’Héliodore, il croise en oblique les hachures fines de couleurs, dans le Jacob il utilise des touches beaucoup plus larges, dissociées et souples. Le MuMa conserve des recherches de ces deux peintures murales : une esquisse de l’Héliodore et un dessin préparatoire pour le Jacob. 
L’œuvre dans son époque 
Un goût pour la vivacité d’exécution des esquisses s’affirme au XVIIIe siècle, pour devenir au siècle suivant une catégorie académique. L’esquisse n’est plus seulement une étude préparatoire ou la condition d’une commande (La Chasse aux lions, 1854). Alors que Delacroix achève les peintures de Saint-Sulpice, il note dans son Journal le 14 avril 1860 : « presque achevé l’esquisse de l’Héliodore destiné à Dutilleux ». Une esquisse peut donc être peinte a posteriori, pour un ami ou un marchand, comme une œuvre autonome. Perché aux échafaudages, Delacroix consacre ses dernières forces à peindre l’Héliodore. Autour de lui il observe la vie qui lui échappe. Sur la place Saint-Sulpice, il voit un garçon batifoler dans la fontaine. Il note le contraste entre l’orangé de la peau éclairée et son ombre violette. Le même qui anime sa grande peinture murale qui sèche ». 


Du 11 avril au 23 juillet 2018. Prolongée au 3 décembre 2018
Au musée national Eugène-Delacroix 
6, rue de Fürstenberg, 75006 Paris
Tél. : 0033 (0)1 44 41 86 50
De 9 h 30 à 17 h 30, sauf les mardis

Visuels :
Affiche
Eugène Delacroix, La lutte de Jacob avec l’ange (détail), 1856-1861, Paris, Eglise St-Sulpice, chapelle des Saints-Anges
© COARC /Roger-Viollet

Eugène Delacroix, La Lutte de Jacob avec l’ange
1854-1860. Paris musée national Eugène-Delacroix © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Mathieu Rabeau

Claude Gellée, dit le Lorrain, Paysage avec Jacob et l’ange. Après 1672.
Londres, The British Museum © The trustees of the British Museum

Marc Chagall, Etude pour la lutte de Jacob et de l’ange, Nice musée national Marc-Chagall © RMN-Grand Palais (musée Marc Chagall) / Gérard Blot © Adagp, Paris 2018

Eugène Delacroix, Héliodore chassé du temple (détail), huile et cire sur enduit, 1856-1861. Paris Eglise St-Sulpice, chapelle des Saints-Anges
© COARC /Roger-Viollet

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Les citations sur l'exposition sont extraites du communiqué de presse.

mardi 17 juillet 2018

Chefs-d’œuvre de la Collection Leiden. Le siècle de Rembrandt


Le musée des Beaux-arts Pouchkine présente l’exposition The Age of Rembrandt and Vermeer: Masterpieces of The Leiden Collection« La collection Leiden, la plus riche collection particulière de tableaux de l’école de Rembrandt au Siècle d’or hollandais, doit son nom à la ville de Leyde, lieu de naissance de Rembrandt ». La finesse du goût du couple Kaplan, mécènes américains juifs.
Chefs-d’œuvre de la Collection Leiden. Le siècle de Rembrandt
La collection Jonas Netter. Modigliani, Soutine et l'Aventure de Montparnasse
« Osiris, mécène juif et nationaliste français », par Dominique Jarrassé
Les Rothschild en France au XIXe siècle
« La famille Stein : la fabrique de l'art moderne » d’Elizabeth Lennard
Matisse, Cézanne, Picasso... L’aventure des Stein
À triple tour. Collection Pinault

En 2017, « dans le cadre de sa saison dédiée au Siècle d’or hollandais, le musée du Louvre a présenté Chefs-d’œuvre de la Collection Leiden. Le siècle de Rembrandt, une sélection des principaux chefs-d'oeuvre des peintres du 17e siècle hollandais, issue de la collection de Thomas Kaplan et son épouse Daphné Recanati Kaplan ». Une exposition itinérante présentée à Moscou en 2018.

« Rassemblée pour la première fois dans un grand musée international, cette sélection met à l’honneur la plus importante collection d’œuvres de Rembrandt aujourd’hui en mains privées ». 

Les visiteurs découvrent « ainsi une trentaine de peintures et de dessins des plus grands peintres du Siècle d’or originaires de la région de Leyde (Leiden aux Pays-Bas), au premier rang desquels dix oeuvres de Rembrandt et une onzième, récemment attribuée ».

« Parmi les peintures de Rembrandt rassemblées en son sein, la Leiden Collection possède en particulier la Minerve, un grand format spectaculaire, issu d’une série représentant des femmes fortes et des déesses de la mythologie ». 

La « sélection présentée au Louvre compte aussi des tableaux de « rembranesques » et met en lumière les « peintres fins » de Leyde qui constituent le cœur de cette collection. L’ensemble est ainsi composé de peintures de très grande qualité réalisées par les plus grands peintres (Jan Steen, Jan Lievens, Frans van Mieris, Gerard Dou) et illustre les spécialités de l’art hollandais. L’accrochage thématique permet de montrer qu’un seul et même artiste peut pratiquer différents genres et entend également rappeler que la peinture hollandaise s’appuie sur un répertoire mêlé pratiquant tous les modes, du satirique au solennel ».

« A l’occasion de cette exposition », Thomas Kaplan et Daphné Recanati Kaplan ont officiellement donné au musée du Louvre le grand format Eliezer et Rebecca au puits, peint par Ferdinand Bol (1616-1680), un des plus brillants élèves de Rembrandt. « Acquise par les Kaplan en 2009, l’œuvre est prêtée par le collectionneur dans les galeries hollandaises du Louvre depuis 2010 ».

« Après l’exposition Chefs-d’oeuvre de la collection Leiden, le siècle de Rembrandt, une soixantaine de chefs-d’œuvre de la collection sera présentée au Long Museum de Shanghai et au musée national de Pékin en 2017 et 2018 puis au Louvre Abu Dhabi avant de retourner en Europe puis en Amérique ». 

« Dans le cadre d’un projet scientifique mené sous la direction d’Arthur K. Wheelock Jr., conservateur à la National Gallery of Art à Washington, Thomas et Daphne Kaplan ont souhaité rendre leur collection accessible aux chercheurs et aux passionnés par le biais d’un catalogue en ligne, consultable dès le 23 janvier 2017 sur www.theleidencollection.com ».

Rembrandt van Rijn, dit Rembrandt (1606-1669). Minerve 
« Minerve, de Rembrandt, est daté de 1635, c’est-à-dire de l’année où l’artiste ouvre son atelier à Amsterdam. Ce chef-d'oeuvre grandiose est l’aboutissement d’une série de peintures d’histoire qui, toutes, représentent des femmes héroïques de l’Antiquité : Bellone (1633) au Metropolitan Museum of Art à New York, Artémise (1634) au musée du Prado à Madrid, Flore (1634) au musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg, et Flore (1635) à la National Gallery à Londres. On ne sait pas exactement ce qui a motivé cette série, mais il est probable qu’elle ré-pondait à l’ambition de Rembrandt de devenir peintre d’histoire, ce qui, pour lui comme pour ses contemporains, était la plus haute forme d’expression artistique. Dans cette composition monumentale, Rembrandt représente la femme assise à un bureau dans la pose traditionnelle des érudits masculins dans leur étude. En tant que déesse vierge de la guerre, de la sa-gesse, de l’art, de la médecine, du filage et du tissage, Minerve est entou-rée de ses divers attributs : de luxueuses tapisseries, d’épais volumes, un globe terrestre, un casque et un bouclier à tête de Gorgone. En rendant avec minutie les vêtements brillants de Minerve, Rembrandt montre sa bonne connaissance d’Homère, lequel ex-plique qu’Athéna – l’homologue grecque de Minerve – portait une robe qu’elle avait elle-même brodée et une « splendide cape ». 

Éliézer et Rébecca au puits
"Éliézer et Rébecca au puits, huile sur toile de Ferdinand Bol (1616-1680), a été donnée au musée du Louvre par le collectionneur américain Thomas Kaplan et son épouse Daphné Recanati Kaplan, philanthropes et amis de la France, en collaboration avec les American Friends of the Louvre. Le musée du Louvre tient à les remercier pour leur exceptionnelle libéralité. Acquise en vente publique en 2009 par le couple Kaplan, cette œuvre avait également suscité l’intérêt du Louvre sans qu’il puisse s’en porter acquéreur. Le collectionneur et le musée nouant des relations à cette occasion, le tableau put être présenté à partir de 2010, sous forme de dépôt, dans les galeries hollandaises du musée, favorisant ainsi la découverte par le public du musée, d’un chef-d’œuvre récemment redécouvert. Le Louvre se félicite que cette présentation aboutisse à un don en faveur du département des Peintures. Bol traite ici une scène de" la Bible hébraïque : "selon la Genèse (24, 10-20), Abraham envoie son serviteur Éliézer à la recherche d’une épouse pour son fils, Isaac. Éliézer s’adresse à Dieu, priant pour un signe distinguant la jeune fille. L’épisode du puits est la réponse à cette prière : Rébecca donne à boire à Éliézer, selon les termes mêmes de la prière. Le peintre a choisi de montrer le moment précis du don de l’eau. Natif de Dordrecht, Bol suivit l’enseignement de Rembrandt à Amsterdam, avant de s’établir dans cette métropole comme maître indépendant avant 1642. Il est connu comme portraitiste, mais a aussi laissé des tableaux religieux ou mythologiques d’une grande sensibilité. Le tableau vaut par la beauté des types (l’homme dans la force de l’âge, la jeune fille à la peau pâle), la composition orchestrée (jeu des regards, contre-plongée, contrepoint du paysage), la lumière. C’est de Rembrandt que vient cette manière d’entrer de plain-pied dans l’histoire, en même temps que l’ampleur dans le traitement d’un thème aux résonances universelles : une jeune femme donnant à boire à un homme."

Lievens, Garçon à la cape et au turban (Portrait du Prince Rupert du Palatinat), Vers 1631 

« L’un des plus beaux portraits des débuts de la carrière de Jan Lievens est ce Garçon à la cape et au turban, exécuté à Leyde vers 1631, à une époque où le peintre était au sommet de sa première période de maturité. Ce jeune et digne garçon porte des vêtements exotiques, à la mode à la cour des Pays-Bas et à celle d’Angleterre, confectionnés dans des étoffes chatoyantes qui attestent sa richesse et son prestige. Il est coiffé d’un turban bleu et or richement tissé, orné d’une magnifique plume de paradisier. La peau souple et lisse du garçon, ses larges joues et son regard pénétrant sont magnifiquement dépeints dans une lumière forte et diffuse. On a reconnu dans le modèle le prince Rupert, comte palatin, un des fils de Frédéric V et Élisabeth Stuart, qui vivaient alors en exil à La Haye avec leurs enfants. On pense que le portrait est une commande obtenue par Constantijn Huygens, secrétaire du stadhouder, qui, impressionné par le talent de Lievens, souhaitait promouvoir sa carrière. Les commandes de portraits de la cour de Bohême étaient essentielles pour Lievens, qui aspirait à devenir peintre en Angleterre à la cour de Charles Ier, où il devait tenter sa chance l’année suivante après avoir quitté sa ville natale de Leyde. » 

Rembrandt, Autoportrait au regard plongé dans l’ombre, 1634
Rembrandt "peint cet autoportrait en 1634, l’année où il épouse Saskia van Uylenburgh. Il se représente en jeune homme confiant, affrontant son public avec assurance, mais il a les yeux dans l’ombre produite par le bord ondulé de son béret, ce qui empêche le spectateur de voir pleinement son regard. L’artiste porte des vêtements démodés, et notamment un manteau doublé de fourrure qui ressemble à un surcot de savant. Rembrandt a exécuté ses premiers autoportraits à Leyde dès les années 1620. Beaucoup de ces premières oeuvres se rapprochent des tronies, ces études de caractère qui offrent des possibilités infinies d’exploration des expressions faciales, des costumes exotiques et du jeu des ombres et des lumières sur le visage du modèle. Rembrandt se peindra durant toute sa vie, souvent dans des compositions qui seront copiées ou retravaillées par ses élèves. Le présent portrait en est un exemple. Peu après son achèvement, probablement en 1636-1637, Rembrandt a chargé un élève de le retravailler pour en faire un tronie plus vendable représentant un homme exotique d’âge mur, en l’habillant avec plus de raffinement et en le coiffant d’un haut chapeau de fourrure. Depuis les années 1950, une grande partie de ces ajouts ont été ôtés, dans une volonté de retrouver l’autoportrait d’origine."

Musées Pouchkine et Hermitage
Pour la première fois, en 2018, lmusée des Beaux-arts Pouchkine puis le musée Hermitage présentent l’exposition The Age of Rembrandt and Vermeer: Masterpieces of The Leiden Collection du Dr. Thomas S. Kaplan et de son épouse Daphné Recanati Kaplan"The Leiden Collection is among the largest collections of 17th-century Dutch paintings, and represents the most significant privately-held collection of Rembrandt and Rembrandt School paintings in the world. The exhibition of The Leiden Collection at The Pushkin State Museum of Fine Arts in Moscow and The State Hermitage Museum in St. Petersburg "explores the artistic world of the Dutch Republic through a selection of 82 paintings and drawings by Rembrandt van Rijn and his contemporaries, many of which have never been on view in Russia. Focusing on the artistic center of Leiden and the larger circle of artistic creativity that emerged around it, the exhibition elucidates Rembrandt’s artistic beginnings, his relationship to rivals and contemporaries or peers, and the artistic traditions that flourished in cities across Holland during the Dutch Golden Age. Artists such as Jan Lievens, Gerrit Dou, and Frans van Mieris, as well as Frans Hals, Hendrick ter Brugghen, and Johannes Vermeer, provide a remarkable glimpse into the ideas and traditions that shaped the Dutch Golden Age. Seen together with the renowned collections in Moscow and St. Petersburg, the works in this exhibition reflect the enduring interest in collecting Dutch art, one that has existed in Russia for nearly four hundred years. Seen together with the renowned collections existing in Moscow and Saint Petersburg, the works featured in this exhibition reflect the deep interest in Dutch art that has endured in Russia for nearly four hundred years."

"Named after the city where Rembrandt was born and launched his career, The Leiden Collection was assembled by the Kaplans in a remarkably short period of time through a combination of enthusiastic research, profound dedication to the art of the Dutch Golden Age, and a measure of what Dr. Kaplan terms “collector’s luck.” Dr. Kaplan had loved the works of Rembrandt and the Dutch Golden Age from his early youth. It was not until 2003, however, when he learned that masterpieces from his most-admired era —including paintings by Rembrandt himself— were not all held in museums and indeed were still available on the market, that he and his wife Daphne began their extraordinarily ambitious collecting initiative."

The Leiden Collection, "at its spiritual core, represents the largest assembly of Rembrandt paintings in private hands, rivaling in scope and depth all but the largest national museums. Twelve of the Master’s paintings are on display in Russia, including his earliest known works from Leiden, the “Allegories of the Senses” series: Stone Operation (Allegory of Touch), Three Musicians (Allegory of Hearing), and the recently discovered Unconscious Patient (Allegory of Smell), which stands as the earliest art work possessing the Master’s signature. Rembrandt’s mature period, when he worked in Amsterdam, is highlighted by works including Young Girl in a Gold-Trimmed Cloak, Portrait of a Man in a Red Coat, and Self-Portrait with Shaded Eyes. Visitors to the museum will also have an opportunity to see the famous Minerva in her Study, which belongs to a series of stylistically similar paintings created by Rembrandt between 1633 and 1635, and currently held in the collections of the Hermitage (Saint Petersburg), Prado Museum (Madrid), and Metropolitan Museum (New York)."

"Other rarities abound for the Russian public in this exhibition. Young Woman Seated at a Virginal by Johannes Vermeer, the only mature work by the famed artist that remains in private hands, will be on display. Only 36 art works by this great master are known to exist, making this exhibition a truly unique opportunity for the public given the lack of representation of Vermeer’s legacy in Russian museums. This painting was produced in his later years, on a canvas believed to have come from the same bolt as Vermeer’s The Lacemaker, currently in the Louvre’s permanent collection. Another extremely rare masterpiece to be shown is Hagar and the Angel by Carel Fabritius. Painted by the greatest of Rembrandt’s pupils, this piece represents one of only 13 surviving art works by the master and the sole remaining example in a private collection."

"The rich selection of art works in the exhibition comprises many other of Rembrandt’s contemporaries: Pieter Lastman, his teacher, and Jan Lievens, the friend and colleague with whom he shared a studio in Leiden. Among the many beloved “cabinet” paintings by the so-named Leiden fijnschilders (“fine-manner painters”) are several pieces by Gerrit Dou, one of the first and most renowned of Rembrandt’s apprentices, as well as works by Frans van Mieris the Elder. Additional masters represented are Gerard ter Borch, Ferdinand Bol, and Gabriel Metsu. The Collection also features paintings by Frans Hals of Haarlem quite prominently. Hals was celebrated throughout Europe for his original portraits of people stemming from various segments of society, such as merchants, pastors, or military leaders, whom he painted in an extraordinarily liberated and vivid manner. The exhibition at The Pushkin State Museum of Fine Arts will show his jewel-like Portrait of Samuel Ampzing, painted on copper, as well as the larger Portrait of Conradus Vietor on canvas. As exemplified by the collections in Moscow and Saint Petersburg, works by all of these artists constituted some of the most sought-after paintings in Europe during their time and beyond."

"Two drawings of animals beautifully complement the collection of paintings: a bravura drawing of a lioness by Rembrandt, and the exquisite Study of a Bear's Head, by Leonardo da Vinci."

"In 2018 the Hermitage is staging an exhibition of Dutch masterpieces from the Leiden Collection, one of the world’s best-known private collections of 17th-century Dutch painting, owned by Thomas Kaplan. The display comprises 83 works by outstanding painters from the Golden Age in the Netherlands: Rembrandt (including works from his early Leiden period and his later work), Frans Hals, Johannes Vermeer and Rembrandt’s pupils (Ferdinand Bol and Govert Flinck). A special section of the exhibition consists of examples of Leiden fine painting. These small works were painted in pure colours on wood or copper using a special virtuoso technique and have always been of great interest to collectors (Gerard Dow, Frans van Mieris the Elder, Gabriel Metsu, Godfried Schalcken). The works in the display show the wide range of genres in 17th-century Dutch painting. Besides historical compositions, portraits and genre scenes, they also include charming animalistic compositions. The exceptionally high standard of preservation of these masterpieces makes it possible to admire the technical perfection and virtuoso painting technique of the Dutch masters".


Du 5 septembre 2018 au 13 janvier 2019
Dvortsovaya Naberezhnaya (Embankment), 34. 190000 St Petersbourg, Russie
Tél. : +7 (812) 571-34-65
Mardi, Jeudi, Samedi, Dimanche de 10 h 30 à 18 h, mercredi et vendredi de 10 h 30 à 21 h
Fermé les 1er janvier et 9 mai

Du 28 mars au 22 juillet 2018
12 rue Volkhonka. Moscou. Russie
Tél. : +7 (495) 609-95-20
Du samedi au mercredi de 11 h à 20 h. Jeudi, Vendredi de 11 h à 21 h 

Du 22 février au 22 mai 2017
Au Louvre
Salles Sully
Aile Sully, 2e étage
Tél. : 01 40 20 53 17
De 9h à 18h, sauf le mardi. Nocturne mercredi et vendredi jusqu’à 22 h

Visuels
Catalogue russe
Rembrandt van Rijn (1606–1669), Minerve, 1635. Huile sur toile, 137 x 116 cm. Leiden Collection. Image courtesy of the Leiden Collection, New York

Gerrit Dou
Un chat à la fenêtre d’un atelier d’artiste
1657. Huile sur panneau. 34 x 26,9 cm.
© New York, The Leiden Gallery

Rembrandt van Rijn, dit Rembrandt (1606-1669)
Le Patient inconscient (allégorie de l’Odorat)
Vers 1624-1625. Huile sur panneau. 21,6 x 17,8.
© New York, The Leiden Gallery

Ferdinand Bol 
Eliezer et Rebecca au puits
Huile sur toile, 1645-1646
171 x171,80
(c)The Leiden Collection, New York

Lievens (1606-1674)
Garçon à la cape et au turban (Portrait du Prince Rupert du Palatinat)
vers 1631, Huile sur panneau, 66,7 x 51,7cm 
© New York, The Leiden Gallery

Rembrandt van Rijn, dit Rembrandt (1606-1669) 
Autoportrait au regard plongé dans l’ombre
1634. Huile sur panneau.. 71,1 x 56 
© New York, The Leiden Gallery

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Les citations proviennent du dossier de presse. Cet article a été publié le 19 mai 2017.