samedi 28 octobre 2017

Alexander von Zemlinsky (1871-1942)


Alexander von Zemlinsky (1871-1942) est un compositeur post-romantique, pédagogue admiré et chef d’orchestre prestigieux né à Vienne, élevé dans le judaïsme, puis converti au protestantisme. Célèbre dans les années 1900-1930, il semble avoir manqué de confiance en lui, mais a su diriger des œuvres de Schönberg ou Berg, loin de son lyrisme. Fuyant l’antisémitisme nazi, il se réfugie aux Etats-Unis où il demeure méconnu. Depuis les années 1970, cet artiste au langage tonal, à la musique souvent sensuelle, est « redécouvert » et apprécié du public. Le 29 octobre 2017, à 15 h, dans le cadre de son Festival Mémoires d'Exil, le Forum des Voix Étouffées-CEMUT organise au Centre européen du résistant déporté Camp du Struthof - Natzwiller, un concert dont l'entrée est libre. Au programmeAlexander Zemlinsky - Trois pièces. Humoreske, Lied, Tarentell -, Alexandre Tansman - Cinq pièces. Toccata, Chanson et boîte à musique, Mouvement perpétuel, Aria, Basse ostinato -, Erich Wolfgang Korngold - Trio op. 1 -, interprétés par Beata Halska, violon, Laurence Disse, piano, et Bertrand Malmasson, violoncelle. Entrée libre. 

« Alexander von Zemlinsky est celui à qui je dois presque toutes mes connaissances de la technique et des problèmes compositionnels. J’ai toujours cru fermement qu’il était un grand compositeur, et je le crois toujours aussi fermement. Son temps viendra peut-être plus tôt qu’on ne le pense. Pour moi, une chose, cependant, ne fait pas de doute : je ne connais aucun compositeur post-wagnérien qui a pu satisfaire avec autant de noblesse aux exigences du théâtre. Ses idées, sa forme, sa sonorité ainsi que chaque tournure viennent directement de l’action, de la scène et de la voix du chanteur, avec une netteté et une précision de la plus haute qualité », estimait Schoenberg en 1949.

Mitteleuropa
Alexander Zemlinsky nait à Vienne, alors dans l’empire austro-hongrois : son grand-père Anton Semlinski, originaire de Žilina, actuellement en Slovaquie, a épousé une Autrichienne – tous deux étaient catholiques. Le père d’Alexander, Adolf, a été élevé dans la religion catholique. La mère d’Alexander est née à Sarajevo : son père était juif et sa mère musulmane bosniaque. Toute la famille d’Alexander se convertit au judaïsme, et Alexander est élevé dans le judaïsme. Bien que non noble, son père Adolf ajoute le titre « von » à son patronyme, et a commencé à utiliser le nom de « Zemlinsky ».

Enfant, Alexander Zemlinsky étudie le piano, et joue à l’orgue dans la synagogue lors des fêtes.

En 1884, il entre au Conservatoire de Vienne où il a pour professeur de piano Anton Door.

Il gagne le prix de piano du Conservatoire en 1890.

Il bénéficie aussi de l’enseignement de Robert Fuchs sur la théorie, de Johann Nepomuk Fuchs et Anton Bruckner sur la composition, de Franz Krenn sur le contrepoint.

Vers 1892, Alexander Zemlinsky commence à composer.

Il reçoit le soutien de Johannes Brahms qui, ayant entendu une symphonie et des quartets de Zemlinsky, le recommande auprès de l’éditeur N. Simrock qui publie son Trio avec piano opus 3 en 1897.

En 1895-1896, Alexander Zemlinsky dirige le Polyhymnia, et il noue une amitié avec Arnold Schönberg qui assure la partie de violoncelle. Tous deux composent ensemble. Arnold Schönberg  lui dédie ses Lieder opus 1 et épouse sa sœur Mathilde en 1901. Zemlinsky lui enseigne aussi le contrepoint, une écriture musicale superposant des lignes mélodiques distinctes (polyphonie).

En 1896, il est distingué par le Prix Luitpold à Munich pour son premier opéra, Sarema auquel a collaboré Schönberg.

En 1897, la symphonie n° 2 de Alexander Zemlinsky est créée à Vienne, et remporte un vif succès.

En 1899, Alexander Zemlinsky obtient le poste de Kapellmeister au Carltheater de Vienne. Volonté de contrer l’antisémitisme viennois ? Il se convertit au protestantisme, et insère dans certaines œuvres des références chrétiennes.

La consécration vient en 1900 : Gustav Mahler dirige la première de son opéra Es war einmal (Il était une fois) à l’Hofoper.

En 1900, Zemlinsky tombe amoureux de Alma Schindler, une de ses étudiantes en composition. Bien que partageant ses sentiments, mais en raison de l’influence de sa famille et d’amis et de sa rencontre avec Gustav Mahler, la jeune femme finit par rompre et épouse en 1902 Gustav Mahler. Une rupture qui blesse profondément Zemlinsky, persuadé que sa laideur a motivé le refus d’Alma Schindler. Celle-ci le décrit cruellement ainsi : « Un affreux gnome, un nabot sans menton et sans dents, les yeux protubérants ».

Dès 1903, Alexander Zemlinsky enseigne l’orchestration au lycé privé Schwartzwald, à Vienne, dont la directrice, Eugenie Schwarzwald, prône l’émancipation féminine et des méthodes pédagogiques innovantes. Parmi ses élèves : Alban Berg, Karl Horwitz, Heinrich Jalowetz, Erwin Stein et Anton Webern. Wolfgang Korngold devient son élève, hors cadre institutionnel.

Avec Schönberg et le soutien de Mahler, Alexander Zemlinsky crée en 1904 la Vereinigung Schaffender Tonkünstler (Association de compositeurs créatifs) afin de « soutenir des ouvrages des compositeurs contemporains, dans la perspective d'un libre épanouissement de la personnalité artistique ».

En 1906, Alexander Zemlinsky est nommé premier Kapellmeister du nouveau Volksoper (Opéra populaire) viennois au répertoire varié – Mozart, Wagner, Strauss -, puis en 1907-1908 au Hofoper. Au Volksoper, il crée en 1908 Barbe Bleu de Paul Dukas, et son propre opéra Kleider machen Leute (L'Habit fait le moine) en 1910.

Alexander Zemlinsky épouse Ida Guttmann en 1907. Un mariage malheureux.

De 1911 à 1927, il dirige l’orchestre du Deutsches Landestheater à Prague, et crée Erwartung  de Schoenberg en 1924.

En 1913, un concert d’œuvres de Alexander Zemlinsky, Schönberg, Berg, Webern et Mahler suscite un scandale.

Dès 1920, recteur de l’Académie allemande de musique et des beaux-arts, il est assisté par Erich Kleiber en 1911–1912, Anton Webern, en 1917–1918), George Szell, en 1919–1920, et de 1921 à 1927, Viktor Ullmann est son chef de chœurs.

En 1923, Mathilde Schönberg décède. Un an plus tard, Alexander Zemlinsky crée Erwartung de Schönberg à Prague. Des divergences personnelles et artistiques, sur la technique sérielle, les éloignent.

Dans le sillage de Gustav Mahler et de Richard Strauss, Alexander Zemlinsky influe par son activité d’enseignant ses élèves : Erich Wolfgang Korngold, d’Arnold Schönberg et de Viktor Ullmann.

Il se rend à Berlin où il exerce son activité de pédagogue et travaille sous l’autorité d’Otto Klemperer comme chef d’orchestre au Kroll Opéra.

Veuf en 1929, il épouse Luise Sachsel en 1930, sa cadette de 29 ans à laquelle il donnait des leçons de chant depuis 1914.

L’ascension du parti nazi vers le pouvoir contraint Alexander Zemlinsky à fuir à Vienne en 1933. Sans poste officiel, il partage son temps entre la composition musicale et la direction d’orchestres.

Alexander Zemlinsky illustre musicalement des poèmes de Christian Morgenstern, Maurice Maeterlinck ou Rabindranath Tagore. Son œuvre la plus célèbre est la Symphonie lyrique (1923), illustration musicale du poète bengali Rabindranath Tagore.

Des contes de Oscar Wilde lui inspirent des opéras : Eine florentinische Tragödie (Une tragédie florentine), en un acte, op. 16, livret d'Oscar Wilde et Max Meyerfeld (1915/16, première à Stuttgart en 1917), Der Zwerg (Le nain), en un acte, op. 17, livret de Georg C. Klaren d'après L’anniversaire de l’Infante de Oscar Wilde (1919–21, création à Cologne en 1922 sous la direction d’Otto Klemperer. Sur des contes de Hans Christian Andersen, Alexander Zemlinsky conçoit une œuvre orchestrale, la fantaisie Die Seejungfrau créée en 1902-1903 à Vienne.

En 1938, après l’Anschluss (annexion de l’Autriche par l’Allemagne nazie), Alexander Zemlinsky se réfugie avec sa famille aux Etats-Unis, et se fixe à New York. Le Metropolitan de la Big Apple refuse de créer Der König Kandaules qu’il considère immoral.

Alors que Schoenberg est acclamé dans les années 1930 et 1940 à Los Angeles, Alexander Zemlinsky  survit péniblement. Malade, affaibli par un accident cérébro-vasculaire en 1939, il décède, pauvre, oublié, en 1942.
   
Redécouverte 
Après des décennies de quasi-oubli, l’œuvre de Alexander von Zemlinsky, qualifié de « romantique tardif », est réévaluée par les musicologues dans les années 1970, et appréciée du public.

L’orchestration de Der König Kandaules (Le roi Candaule), en trois actes, op. 26, livret du compositeur d'après André Gide (1935/36) a été complétée par Antony Beaumont en 1992–96. L’œuvre a été créée à Hambourg en 1996.

Créé en 1990 à l’université de Cincinnati, le Alexander Zemlinsky Prize for Composition perpétue la mémoire de l’artiste, promeut de jeunes compositeurs et des nouvelles compositions originales pour orchestres symphoniques.

Exposition
La Mairie du VIIIe arr. de Paris a accueilli l’exposition Alexander von Zemlinsky, l’étranger. Un musicien à la croisée des mondes (1871-1942).

« Paul Bernard-Nouraud, Thomas Vernet de la Fondation Royaumont et Alena Parthonnaud de la Médiathèque musicale Mahler, les curateurs de l’exposition ont rassemblé un grand nombre d’images, de photographies, de copies d’oeuvres et de partitions, de correspondance également qui permettront aux mélomanes, aux amateurs et aux curieux de découvrir les multiples facettes de la vie et de l’oeuvre de Zemlinsky ».

« Grâce à l’appui d’un comité scientifique de spécialistes reconnus de l’œuvre du musicien et de la période historique concernée, l’exposition «Alexander Zemlinsky, l’étranger» sera organisée autour des différents « mondes » qu’il a traversés au cours de sa carrière, de la Vienne de Mahler à l’expérience de Prague, de son aventure berlinoise à la Krolloper de Klemperer et de Moholy-Nagy, de son retour à Vienne à son exil new-yorkais. »

Festival Mémoires d'Exil
Le 29 octobre 2017, à 15 h, dans le cadre de son Festival Mémoires d'Exil, le Forum des Voix Étouffées-CEMUT organise au Centre européen du résistant déporté Camp du Struthof - Natzwiller, un concert dont l'entrée est libre. Au programme : Alexander Zemlinsky - Trois pièces. Humoreske, Lied, Tarentell -, Alexandre Tansman - Cinq pièces. Toccata, Chanson et boîte à musique, Mouvement perpétuel, Aria, Basse ostinato -, Erich Wolfgang Korngold - Trio op. 1 -, interprétés par Beata Halska, violon, Laurence Disse, piano, et Bertrand Malmasson, violoncelle. Entrée libre.
       
    
Du 11 au 16 septembre 2017
A la Mairie du VIIIe arrondissement de Paris
3, rue de Lisbonne, 75008 Paris
Tél. : 01 44 90 75 08
Du lundi au vendredi de 12 h à 18 h, le jeudi de 12 h à 19 h et le samedi de 9 h à 12 h

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Cet article a été publié le 11 septembre 2017.

mercredi 25 octobre 2017

« L’histoire d’Oscar, victime de l’antisémitisme »


Arte diffusera le 26 octobre 2017 « L’histoire d’Oscar, victime de l’antisémitisme ». Ce «reportage se penche sur le cas d’un jeune de 14 ans vivant à Berlin. Pendant des mois, il a été insulté, harcelé et battu dans son école. Son tort : être juif... »

           
« Pour la première fois depuis deux ans, le nombre de délits antisémites a augmenté en Allemagne ». Selon « le ministère allemand de l’Intérieur, de janvier à août 2017, 681 incidents ont été recensés en Allemagne ; 92% ont été commis par des extrémistes d’extrême-droite. Dans 23 cas, des motivations politiques tel le conflit israélo-Arabe était impliqué ». Le député Vert Volker Beck a considéré que le problème vient de toute la société, et il craint que le nombre d’agressions antisémites non déclarées soit beaucoup plus élevé.

Josef Schuster, président du Conseil central des Juifs d’Allemagne, a déclaré au Bild am Sonntag : « Dans certains quartiers de villes importantes, je conseille aux gens de ne pas s’identifier comme juifs. L’expérience a montré que porter une kippa ou un collier avec l’Etoile de David suffit à attirer des menaces verbales ou physiques ». Il a accusé le gouvernement de ne pas prendre les mesures nécessaires, notamment de ne pas désigner un Représentant pour recenser les agressions et servir de contact aux victimes d’agressions. L’Union européenne a invité les Etats membres à nommer un tel Commissaire. Josef Schuster a aussi estimé que « toute la société doit traiter de l’antisémitisme islamique ».

Le 24 avril 2017, une étude gouvernementale allemande a révélé qu’environ 33 millions d’Allemands, soit 40% des 82 millions d’habitants de l’Allemagne, « éprouvent l’antisémitisme contemporain – la haine de l’Etat Juif » et approuvent cette phrase : “En me fondant sur des politiques israéliennes, je peux comprendre que des gens aient quelque chose contre les Juifs ». Ce rapport a cité le psychanalyste israélien Zvi Rex, qui, dans les années 1980, a affirmé : “Les Allemands ne pardonneront jamais Auschwitz aux Juifs ».

En juillet 2017, l’American Jewish Committee (AJC) a publié une étude sur 27 professeurs de 21 écoles de Berlin. Ces enseignants ont observé une recrudescence d’antisémitisme chez les élèves ayant une origine Arabe ou turque et une interprétation stricte de l’islam. Le mot « Juif » est utilisé de manière insultante, notamment à l’égard des homosexuels, des filles, des musulmans laïcs. Directrice de l’AJC à Berlin, Deidre Berger a souligné combien l'antisémitisme fait partie de l’idéologie salafiste, et la nécessité du dialogue sur le Moyen-Orient. Et d’ajouter que des enseignants rechignaient à évoquer ce sujet.

Si l’Allemagne a adopté le 20 septembre 2017 la définition de l’antisémitisme de l’International Alliance for Holocaust Remembrance (IAHR) qui regroupe 31 Etats, elle émet des signaux inquiétants : en septembre 2017, la police d’Ulm, ville natale d’Albert Einstein, a déclaré n’avoir aucune indication que l’individu ayant endommagé une synagogue à plusieurs reprises en août 2017 ait été motivé par l’antisémitisme, le gouvernement de la chancelière Angela Merkel a soutenu la directive de l’Union européenne en 2015 visant à étiqueter les articles produits en Judée ainsi qu'en Samarie et a autorisé à l'été 2015 l'entrée de plus d'un million d'immigrés illégaux venant essentiellement de pays inculquant des préjugés antijuifs, le ministre allemand des Affaires étrangères Sigmar Gabriela a dit au Hamburger Abendblatt en avril 2017 que « le gouvernement actuel n’est pas Israël » et en 2014 avait qualifié la présence israélienne à Hebron de « régime d’apartheid », l’Université HAWK de Sciences et d’Art appliqués a allégué pendant des années que le gouvernement israélien « d’apartheid » « faisait du trafic d’organes palestiniens et commettait des atrocités génocidaires », l’association catholique Pax Christi prône le boycott des produits israéliens, etc.

« L’entrée récente au Parlement de l’AfD (Alternative pour l’Allemagne), qui compte dans ses rangs des extrémistes de droite et des nazis, n’arrangera probablement pas les choses ». Chi lo sa ? L’AfD, qui a recueilli 12,6% des voix aux élections législatives, est un "parti nationaliste conservateur" plutôt pro-israélien.

« Quelles sont les conséquences sur les 250 000 juifs d’outre-Rhin ? » Soit environ 0,25% de la population allemande.

Ce « reportage se penche sur le cas d’un jeune de 14 ans vivant à Berlin. Pendant des mois, il a été insulté, harcelé et battu dans son école. Son tort : être juif. Les brimades ont commencé pendant le cours d’éthique, lorsqu’Oscar a expliqué qu’il est juif ». Comme en 2003, au lycée Montaigne, établissement prestigieux parisien.

« Puis, son ami turc n'a plus voulu lui parler car « les juifs sont égoïstes et tuent les meurtriers et les Arabes ». Une allusion à l’affaire al-Dura ?

« À la fin, Oscar s'est fait menacer par un faux pistolet ressemblant à s’y méprendre à un vrai et a eu peur de mourir ». « Un simulacre d’exécution », résume le père, Wenzel Michalski.

Gemma et Wenzel Michalski, parents d’Oscar, « en ont tiré les conséquences et l'ont retiré de l’école... » Comme en France.
      

2017, 31 min
Sur Arte le 26 octobre 2017 à 13 h

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mardi 24 octobre 2017

« Brooklyn Yiddish » par Joshua Z. Weinstein


 « Brooklyn Yiddish » (Menashé), réalisé par Joshua Z. Weinstein, sortira en France le 25 octobre 2017. Les efforts de Ménashé, veuf américain juif orthodoxe, pour gagner la garde de son fils. Un film sensible sur la tentative de Ménashé, veuf juif vivant dans le quartier hassidique de New York pour obtenir la garde de son fils Ruben.


« Borough Park, quartier juif ultra-orthodoxe de Brooklyn. Menashé, modeste employé d’une épicerie, tente de joindre les deux bouts et se bat pour la garde de son jeune fils Ruben. En effet, ayant perdu sa femme, la tradition hassidique lui interdit de l’élever seul. Mais le Grand Rabbin lui accorde de passer une semaine avec son fils ; l’ultime occasion pour Menashé de prouver qu’il peut être père dans le respect des règles de sa communauté ».

Cinéaste documentariste (Drivers Wanted, Flying On One Engine) né aux Etats-Unis, Joshua Z. Weinstein a beaucoup voyagé, a découvert la complexité humaine. Aime les gens. Et cela se sent. Il présente Menashé, maladroit dans son travail modeste, maladroit dans la surveillance de son fils tant aimé Ruben, mais prêt à surmonter les problèmes, les réticences de certains de ses proches, pour obtenir la garde de Ruben. Ménashé ne dissimule pas combien son mariage arrangé fut peu heureux.

Mais, dans ce film, manquent les personnages féminins – par exemple, les mères des amis d’école de Ruben qui auraient pu l'aider – et la famille de Menashé.

Le film a été distingué par le Prix du Jury à la 43e édition du Festival de Deauville en 2017.


CITATIONS DE JOSHUA Z. WEINSTEIN
(Propos recueillis à Berlin, le 13 février 2017, 
par Séverine Danflous pour La Septième Obsession)

« J’ai fait ce film parce que l’univers hassidique me semblait noble – exotique aussi – mais noble : un univers à la fois éloigné et proche. Je me disais que cela faisait partie de moi, que les hassidim sont un peu mes frères : je suis juif, ils sont juifs. Mais rien ne nous relie si ce n’est nos racines. Il y a quelques années, on aurait été dans les mêmes endroits, nos racines plantées dans le même sol, mais là, nous sommes comme déconnectés les uns des autres. Pour moi, le cinéma est un moyen de comprendre ceux qui nous semblent différents, étrangers. J’ai fait ce film pour approcher cette différence. Je pense que l’émotion que procure le cinéma donne accès à la vérité, ou bien qu’elle est une part importante de la vérité. Ce film était une façon de comprendre la société et en particulier le microcosme hassidique – auquel je suis attaché – tout en épousant des problématiques plus larges. Le but était de comprendre dans quelle société évolue Menashé, qui a un point de vue singulier, unique et très particulier, car il ne se fond pas totalement dans le milieu hassidique ».

« Dans un premier temps, je suis allé m’immerger dans le milieu hassidique, dans les cafés. Je suis allé prier avec eux, me fondre un peu dans le décor, puis j’ai expliqué assez vite que je cherchais des acteurs pour jouer dans un film. On m’a dit très vite que ce ne serait pas possible puis j’ai rencontré un ami qui fait des vidéos et des clips musicaux au sein de la communauté et qui m’a présenté Menashé. On a fait des tests avec lui devant la caméra et ça a immédiatement fonctionné. Régulièrement, il fait des animations dans les fêtes religieuses, mariages et bar-mitsva... Il était d’emblée très drôle mais j’ai vu dans son regard quelque chose d’autre : tant de peine. Il me semblait si vulnérable mais avait une présence d’une rare intensité. Il savait être présent, juste présent. Alors j’ai su que j’allais faire ce film avec lui, avec son histoire à lui. Nous avons beaucoup parlé, il m’a raconté son histoire : la mort de son épouse et la perte de la garde de son fils. C’était à la fois spécifique aux pratiques de cette micro-société hassidique et en même temps, totalement universel : la paternité, se faire arracher son fils et essayer de tout faire pour le reprendre. Dans mon esprit, cela évoquait des films de Cassavetes comme Une femme sous influence par exemple. Nous sommes partis de la vérité de cette émotion pour faire le film ».

« Je dirais que mon film est le portrait d’un homme, le plus honnête possible, qui témoigne aussi bien des aspects négatifs que des aspects positifs des personnages et du hassidisme. Il ne s’agissait pas de proposer un panégyrique. J’ai cherché à montrer des choses pénibles aussi : les femmes qui n’ont pas le droit de conduire, les abus de pouvoir… mais cela passe en arrière-plan car ce n’est pas l’histoire que je devais raconter. Cela en fait partie mais comme toile de fond car je suis conscient des aspérités du sujet. Evidemment, j’aurais pu faire un film sur les travers du hassidisme, mais il existe tant de belles histoires à raconter qu’il est dommage de ne pas le faire – et je n’avais jamais vu cette histoire racontée au cinéma. Il est important de raconter des histoires inédites,. Je me devais de raconter une histoire qu’on avait encore jamais vue au cinéma. C’est ça qui m’excitait, m’enthousiasmait ».

« Je suis très admiratif du néo-réalisme, de la Nouvelle Vague française, du Nouvel Hollywood, et je suis sûrement influencé par quelques réalisateurs comme Cassavetes, Martin Scorsese, et plus récemment par les frères Dardenne. J’aime la vérité au cinéma : j’ai adoré Toni Erdmann, de Maren Ade, que je trouve tout à fait brillant. J’aime les films qui vous font éprouver une émotion forte, non factice ou fabriquée, pas une image de façade ou artificielle, et les films qui ont une certaine distance humoristique. Ce qui m’a plu dans Toni Erdmann c’est que l’on ressent cet humour derrière des choses plus graves : c’est un humour qui témoigne de l’ironie de la vie. Je crois en fait que si vous ne riez pas des sujets un peu lourds, il y a quelque chose qui ne va pas chez vous ».

« J’aime les acteurs. Et j’aime les acteurs qui ont quelque chose d’unique. Je ne choisis pas de filmer quelqu’un parce qu’il est beau ou photogénique. Filmer des personnes juste parce qu’elles sont belles ne présente pas d’intérêt à mon sens : pour voir ces personnes il me suffit d’ouvrir un magazine de mode. Je m’intéresse à la présence, à l’évolution d’un acteur dans le cadre. J’aime voir des acteurs qui ressemblent aux gens que l’on croise dans la rue. C’est cela qui me fascine, ce pourquoi j’aime raconter des histoires et des histoires qui soient celles de véritables gens ».

« Le symbolisme de l’eau m’intéresse particulièrement. Je pense que, de manière universelle et profonde, se laver est lié à une forme de renaissance spirituelle, une purification physique et psychique. Les femmes se rendent au Mikvé afin de se purifier après leurs menstruations. Il me semble que la scène est forte car elle est liée à cela. Quelque soit votre religion ou vos coutumes, l’eau véhicule un rapport d’ordre spirituel. Il ne s’agit pas seulement d’hygiène mais de régénération spirituelle et c’est une façon de se retrouver intimement, de se ressourcer. L’esprit et le corps se confondent et ce rapport à l’eau est commun à toutes les cultures. Cette scène dans laquelle Menashé relie son corps et son esprit est l’illustration métaphorique de la réconciliation heureuse de sa spiritualité et de sa paternité ».


« Brooklyn Yiddish » par Joshua Z. Weinstein
2017, 1 h 22
Avec Menashe Lustig (Menashe), Ruben Niborski (Rieven), Yoel Weisshaus (Eizik), Meyer Schwartz (Rabbi)
Prix du Jury à la 43e édition du Festival de Deauville en 2017.
Sortie le 25 octobre 2017 en France
Le 16 novembre 2017 à 20 h 15, projection-débat organisée par la Maison de la Culture Juive au Royal Palace de Nogent-sur-Marne

Visuels
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lundi 23 octobre 2017

« Hors champ, aka la révolution jusqu'à la victoire » par Mohanad Yaqubi


Arte diffusera le 24 octobre 2017 « Hors champ, aka la révolution jusqu'à la victoire » (Off Frame aka Revolution bis zum Sieg ; Off Frame AKA Revolution Until Victory) par Mohanad Yaqubi. « A partir de films militants palestiniens réalisés entre 1968 et 1982 sous l'égide de l'OLP (Organisation de libération de la Palestine) d'Arafat, une méditation en images sur les vaincus de l’histoire et leur inextinguible rêve de liberté ». Des "vaincus" souvent sans avoir combattu, mais au programme génocidaire visant les Juifs.
 
Arte poursuit sa propagande anti-israélienne.

Refusant de diffuser les documentaires de Pierre Rehov depuis une quinzaine d’années, ayant rechigné à diffuser un documentaire soulignant l’antisémitisme islamique, Arte propose « Hors champ, aka la révolution jusqu'à la victoire » par Mohanad Yaqubi.

Aveuglement politique
« Entre 1968 et 1982, sous l’égide de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), des réalisateurs, palestiniens pour la plupart mais aussi sympathisants étrangers, ont entrepris de filmer la lutte du peuple palestinien, mettant en avant le combat de l’OLP, la légitimité de sa lutte et l’unanimité révolutionnaire du peuple derrière ses mots d’ordre ». Edifiant. Primo, il n’y a pas de « peuple palestinien ». Secundo, la lutte de l’OLP n’était pas légitime, mais terroriste. Tertio, le « peuple » n’a pas soutenu unanimement l’OLP : les opposants ont été assassinés. Quarto, en quoi « révolutionnaire » ?

« Seuls deux de ces films, produits en 1974, sont passés à la postérité : « Ici et ailleurs » de Jean-Luc Godard et Anne-Marie Miéville, à partir d’images tournées quatre ans plus tôt par le cinéaste suisse dans un camp palestinien d’Amman, l’expulsion violente des Palestiniens hors de Jordanie, lors du « Septembre noir » de 1970, ayant interrompu le projet initial ; et le méconnu mais emblématique « They Do Not Exist », de Mustafa Abu Ali, cofondateur du collectif Palestine Film Unit (PFU), dont la plupart des archives ont été détruites ou dispersées en 1982, lors de l’intervention israélienne au Liban ». En Jordanie, en septembre 1969, l’OLP a tenté un putsch contre le souverain hachémite Hussein de Jordanie. Autre film d’un réalisateur néerlandais : De Palestijnen (Les Palestiniens) de Johan van der Keuken (1975).

De fedayin à « héros » 
Réalisateur, producteur, Mohanad Yaqubi a co-fondé en 2004 Idioms Film, société de production Ramallah, et « la coopérative de conservateurs et de recherche, Subversive Films, qui se concentre sur les pratiques filmiques militantes ». Il enseigne le cinéma à l’Académie Internationale des Arts en « Palestine ». Parmi les films produits : Infiltrators, documentaire de Khaled Jarrar (2013), Pink Bullet, court métrage de Ramzi Hazboun (2014). Ont été co-produits Habibi de Susan Youssef (2010) et Though I Know the River is Dry, court métrage d'Omar R Hamilton (2012). En 2013, Mohanad Yaqubi « a initié et produit Suspended Time, la réflexion anthologique de neuf cinéastes sur les deux décennies qui ont suivi la signature des Accords de paix d’Oslo ». No Exit, qu’il a écrit avec Omar Kheiry, « a fait sa première au Festival international du film de Dubaï en 2015 ».

Mohanad Yaqubi produit et réalise des films politisés pour des festivals où il profitera d’une couverture médiatique, suscitera des débats, des conférences, etc. Et surtout accoutumera une audience variée au narratif palestinien, à la propagande anti-israélienne.

Sa devise semble être : « And for those who suffer from invisibility, camera would be their weapon ». (Et pour ceux qui souffrent de l’invisibilité, la caméra pourrait être leur arme)

Off Frame ou La Révolution jusqu'à la victoire poursuit sa carrière débutée au Festival international du film de Toronto, au Berlinale Forum Expanded en février 2016, au Cinéma du Réel et Haïfa Independent Film Festival (Palestinian Premier) en mars 2017, à Oslo Arab Cinema Days en avril 2017, au Latin Arab International Film Festival à Buenos Aires en septembre 2017, au Boston Palestine Film Festival en octobre 2017, au MUCEM

« Lui-même palestinien » - non, le réalisateur est né au Koweït en 1981 -, Mohanad Yaqubi, « comme la majorité de ses contemporains, ignorait tout du PFU et de ses films, tournés avant sa naissance. Il en a retrouvé bon nombre, puis a entrepris de monter, sans commentaire, ces fragments d’une révolution non advenue ». Ce qu’Arte appelle une « révolution » est la disparition de l’Etat juif et le génocide de ses citoyens juifs.

« De 1968 à la fin des années 1970, Mohanad Yaqubi restitue le moment charnière qui voit l’OLP substituer aux yeux du monde l'image d’un peuple de réfugiés à celle de combattants de la liberté ». En fait, des fedayins, des terroristes.

« Mais le jeune réalisateur laisse aussi entrevoir le hors champ de la geste révolutionnaire : le silence, la défaite, l’espoir, la résistance, la mort ».

« Entre fiction et propagande, rêve et réalité, ces séquences arrachées à l’oubli, telle une machine à voyager dans le temps, offrent une méditation cinématographique d’une poignante beauté sur les non-dits de l’histoire ».

Selon Cinemed, « ce film est une méditation sur la lutte du peuple palestinien pour créer sa propre image et sa propre représentation dans les années 60 et 70, avec l’établissement de l’Unité du Film Palestinien comme partie de l’Organisation de Libération de la Palestine. Exhumant des films conservés dans des archives à travers le monde après un travail inédit de recherche pour y accéder, le film débute par des représentations populaires de la Palestine moderne et suit le travail de cinéastes militants pour se réapproprier les images et le récit du cinéma révolutionnaire et militant. En ressuscitant une mémoire de lutte oubliée, Off Frame fait revivre ce qui est contenu dans ce cadre, mais il intègre aussi une réflexion critique en cherchant ce qui est hors champ  ».
  
          

« This is very important because 1948 marks not only the establishment of the state of Israel and not just the occupation of Palestine, but also the disappearance of Palestinian people from any international registry, from the media, from everywhere… 
For somebody who has disappeared, the camera would be the weapon.1 From that perspective we can see the whole struggle — it’s not a struggle of liberation, it’s not a civil rights struggle, it’s a struggle of visibility. How to be again, how can you see yourself again, whether in the media or in front of yourself. And you can see how international filmmakers were part of [forming] that perspective… 
I think it’s surprising today, like the media coming out of [the] Cinéma du Réel [film festival] celebrating the fact that there were two Palestinian films shown for the first time in however long… 
I was thinking that in the ’70s, strikers, workers would watch Palestinian films as part of their daily political education somehow. We’re not talking about intellectuals or people working in culture, we’re talking about the base, the people: workers, students, anyone, they could see these films. These kinds of films were not meant to be screened in big commercial cinemas. They used the 16mm format and 16mm projectors, which were easy to move and to put into classrooms and into public squares. I think it was very important to show the international movement, and I wanted to show that strongly because it’s not our image only, it’s how the world saw us as well… 
I see more of a need to go outside of this entertainment circuit of filmmaking and also to use film as part of a process of political engagement. We can see that happening in many of the struggles or revolts in the Arab world and other places that are going back to the traditions of political cinema and building up that network of distribution again. It’s happening today, you can see more and more independent small screenings here and there. But it’s not organised, because [that distribution] in the ’60s and ’70s was more organised, politically and ideologically. There were more alternative sources of support. Today, everything is monetised somehow and with distribution, it’s all based around the state or private money. There are no political parties or social movements that are [involved] in that. I can’t generalise, of course there are trials and efforts happening, whether in Egypt or Palestine — like taking movies around on small caravans. It ‘s coming but I can’t see it, it’s not the same heritage. It’s not the daughter of that period. It’s something new… 
It was funny that the film was screened at Cinéma du réel because some of these movies [from the ’60s and ’70s] screened there in the ’70s. I think film festivals are the place to show these films now, not to have a chance to distribute them — they’re very hard to distribute today — but I think it is a kind of place where we can discuss them. That’s what’s interesting about watching Off Frame at festivals… 
We had a screening in Ramallah yesterday, the first screening of the film. It’s there [for people] to discuss, to talk. To talk about their own personal knowledge and to connect it to film practices, and I think that is what [screening] Off Frame is for me, whether at a festival or elsewhere. It’s a beginning of a discussion. To take us somewhere to discuss notions of our production and of our own image and how to produce it…
[Here and Elsewhere] totally cut his relationship with the Palestinians: they hated it in 1976. And I totally understand that. It was the time of revolution and it didn’t represent what they wanted as propaganda, as a way to tell their story. [Instead] it showed how you are making an image. This is what I tried to do all throughout Off Frame. How do we make our own images? How can we preserve our thoughts and our revolution or our struggle through the making of the film itself? At the same time, how do we keep that sense of self-critique and dialectic? It’s part of the process. Once you believe that you are in the revolution and that you are winning, that’s the beginning of the end. That’s what he was trying to tell us, and obviously he was telling the truth and we lost [that truth] somehow ».

  
« Off Frame AKA Revolution Until Victory » traces the fragments of a revolution, splicing images then from a dream for freedom, using films from the Palestinian struggle cinema, a term used for films produced in relation to the Palestinian revolution during the period between 1968 and 1982. For the outside world, these films represented a model of a people in struggle, explaining why they are fighting and against whom. But for Palestinians these films marked the transformation of their identity, from a refugee to that of a freedom fighter. wither its staged or not, wither its personal or collective.
The film borrows moments from a selection of militant films. These shots were edited together in one timeline , the only coherent relation between all the shots, clips, sequences is that they all lay on the boarders between fiction and propaganda, dream and reality, in order to represent a narrative of a people in struggle. As history is written/recorded while the camera rolls, the film negative not only captures what is before the camera, but it also indicates to what is missing from its cadre.
The Palestinian revolution collaborated with filmmakers, actors and activists from Syria, Italy, UK, Lebanon, France, Germany, Argentina amongst many others, and made partnerships with institutions in Berlin, Moscow, Baghdad and Cuba. Despite their prolific output, very few of their works remain. Yet there is much to learn from revisiting this era and piecing together the narrative of Palestinian militant cinema. “Off Frame” aims to fill this gap in the collective memory, making the past an urgent element of the present day analysis of Palestinian cinema. The film attempts to bring forth all that was happening behind the cameras and the creation of these films.
Resorting to cinema’s temporal nature and time being an elastic concept, “Off Frame” assumes the role of a time machine, transporting the audience back in time, by opening a portal into the life, hopes and desires of a people living in a revolution, fighting to be recognised and to reclaim control over their representation.”


« Hors champ, aka la révolution jusqu'à la victoire », par Mohanad Yaqubi
Idioms Films, co-producteur Monkey Bay Production avec Subversive Films, Sak A Do, Tulpa Productions, avec le soutien de l’Arab Funds for Arts and Culture, et une bourse pour la post-production du Doha Film Institute, une subvention pour le développement d’Eurimage, du soutien pour le développement de Dubaï Film Connection, en association avec Screen Institute Beirut, avec le soutien du Palestinian Cultural Fund, « Palestine »/France/Qatar/Liban, 2016, 62 min
Production : Sami Said, Mohanad Yaqubi, Delphine Landes
Scénario : Reem Shilleh, Mohanad Yaqubi
Image : Sami Said, Rami Nihawi, Sara Sea
Montage : David Osit, Ramzi Hazboun
Son : Carl Svensson
Avec Mustafa Abu Ali, Sulafa Jadallah, Hani Jawaharieh, Yaser Arafat, Jean-Luc Godard, Salah Ta'amari
Sur Arte le 24 octobre 2017 à 0 h 55
Au 39e Cinémed (Festival Cinéma Méditerranéen Montpellier) les 23 et 26 octobre 2017

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Les citations sont d'Arte.

samedi 21 octobre 2017

« Pérou / Israël »


Arte a diffusé le 21 octobre 2017 dans le cadre de ARTE Reportage « Pérou / Israël » (Peru: Die Mauer der Schande) présenté par Andrea Fies. Deux reportages sur le « mur de la honte  » à Lima - « érigé à Lima, un mur long de 10 kilomètres et haut de trois mètres est destiné à « protéger » la haute société péruvienne des « indésirables », les naufragés du système » -, et sur « la course des migrants » en Israël : « L’athlétisme pour s’intégrer : c’est le pari de Rotem Genossar, qui entraîne des réfugiés dans son club de sport ». Une émission encore visible sur le site de Arte.
 
  
Pérou
« Eviter de mélanger « ceux d’en haut avec ceux d’en bas »… A Lima, un mur de dix kilomètres de long et trois mètres de haut a été érigé pour repousser les « indésirables ».

« Environ deux tiers de la population vit à Pamplona Alta, à la périphérie de la capitale péruvienne. Ici, ni gaz ni électricité ni eau courante, mais des cabanes en bois et en tôle à flanc de montagne ».
« De l’autre côté, à Las Casuarinas et la Molina, des rues goudronnées ourlées d’espaces verts accueillent des villas cossues avec jardins et piscine. Pour se protéger des naufragés du système, considérés comme des délinquants par la haute société péruvienne, les habitants de Las Casuarinas ont, avec l’appui des autorités, bâti ce mur ».

« Une séparation qui contribue à créer une ségrégation sociale, territoriale mais aussi raciale ». Et qui est née de la peur de la criminalité et du terrorisme du Sentier Lumineux.

Israël
« Ils sont quarante mille en Israël : Erythréens, Soudanais, Nigérians, entrés illégalement dans le pays il y a dix ans, après avoir traversé le désert et franchi la frontière avec l’Egypte ».

« Issus de zones de guerre, donc non-expulsables, ils vivent ici mais sans aucun droit ni perspective : Israël accorde peu de statuts de réfugiés à des migrants non-juifs ».

« Pour eux, Rotem Genossar, trente-trois ans, professeur d’éducation physique, a fondé un club d’athlétisme, avec pour objectif de leur donner un statut, une image positive et, un jour peut-être, des papiers ». Professeur en éducation physique, il a obtenu un an de congés pour se consacrer à cette activité de coach. Il est parvenu à faire changer les règles de la Fédération d'athlétismes afin que de jeunes immigrés illégaux puissent participer à des épreuves sportives. Les athlètes qu'il entraîne enregistrent des résultats remarquables : une jeune Érythréenne âgée de douze ans monte sur la troisième marche du podium

"Quatre-vingt athlètes de six à vingt-deux ans suivent son entraînement. Opiniâtre, Rotem a obtenu que plusieurs de ses protégés, bien que privés de nationalité israélienne, participent à des compétitions officielles" notamment en représentant l'Etat d'Israël à l'étranger, par exemple en Pologne. Grâce à leurs bons résultats, certains ont même pu bénéficier d’une bourse d’études » dans une université américaine.

« C'est une catastrophe démographique. Il y a deux millions d'émigrants. Le Sud de Tel Aviv est devenu une porcherie. Le situation évolue de pire en pire. Les immigrés illégaux prennent le travail des Israéliens », s'indigne un Israélien sexagénaire portant kippa. "Non, ce n'est pas vrai", rétorque Rotem Genossar. Tous deux se serrent la main, et s'éloignent.

« Il faut être responsable. Que fait-on des migrants ? Il faut avoir une politique migratoire positive. Cela manque en Israël », déclare Rotem Genossar qui parcourt le pays pour sensibiliser à la question des immigrés. A de jeunes appelés, il affirme : « Cela ne nous donne pas le droit de renvoyer chez eux les immigrants entrés illégalement ». Un Etat souverain est libre de déterminer sa politique migratoire.

Ce reportage est émaillé de confusions. Un des athlètes est un falashmura, donc un Juif originaire d'Ethiopie, et détenteur de la nationalité israélienne. Ce n'est pas un immigrant illégal, comme les autres athlètes interviewés dans ce reportage.

2016, 52 min
Sur Arte le 21 octobre 2017 à 18 h 35