

« Quand j’ai commencé le processus, j’avais plein de préjugés. J’étais défavorable à cette communauté, comme beaucoup de Québécois déconfessionnalisés. Le contact n’était pas toujours évident, mais j’ai rencontré des gens avec un sens de l’humour incroyable et un sens de la fête évident. Plus j’avançais dans le processus et plus je voyais leur profondeur, une spiritualité que je n’ai pas, un sens de la communauté – mais en même temps je continuais de trouver aberrant de les voir enfermés, contraints à ne jamais pouvoir vivre autrement. Le film témoigne de tout cela, je pense », a confié le réalisateur Maxime Giroux. Né en 1976, il a réalisé une centaine de clips dont « Parce qu’on vient de loin », sur une chanson de Corneille, récompensé au NRJ Music Award de Cannes. « Félix & Meira » est son troisième long métrage de Maxime Giroux.
« En filmant, j’avais toujours le thème de la vulnérabilité et de la fébrilité en tête et, par-dessus tout, je voulais que la caméra aille chercher l’humanité des personnages », a déclaré Maxime Giroux, qui a vécu près de Juifs hassidiques, dans le quartier de Mile End, à Montréal. Parmi les acteurs de son film, des Juifs ayant quitté le monde hassidique, notamment le new-yorkais Luzer Twersky qui interprète le rôle de Shulem, le mari de Meira.
« Des intérieurs filmés comme des tableaux, des grandes villes, de Montréal à New York, dont les lumières d'hiver changeantes exaltent la beauté, des visages à contre-jour, nimbés d'une émotion secrète… : c'est par les images, beaucoup plus que les mots, que Maxime Giroux peint l'éclosion et la fragilité de cet amour improbable ».




Le 22 janvier 2021, le Festival français du film Juif proposera, en partenariat avec le Festival du Film juif de Toronto, « Félix &Meira » par Maxime Giroux (2014). En bonus : la projection inclue un débat avec le réalisateur.
Quand j’avais une vingtaine d’années, j’ai déménagé dans ce quartier. J’étais en pleine préparation du tournage de mon premier long métrage et j’ai été immédiatement fasciné par les habitants, particulièrement par les hassidiques. Mes observations et mes recherches ont encore accru mon intérêt jusqu’à ce que cela devienne une véritable fascination qui m’a finalement mené à réaliser Félix et Meira ».
« Ce film est surtout la rencontre de deux personnes marginalisées, de deux êtres humains fragiles qui sont attirés par le fruit défendu.
Je voulais également évoqué de la vulnérabilité et de la fébrilité et pardessus tout, je voulais que la caméra arrive à refléter l’humanité des personnages ».

Or, entrer à l’intérieur de la communauté juive hassidique n’est pas une mission facile. Même à travers les livres, on n’en a qu’une vision tronquée. L’histoire de Deborah Feldman, une hassidique qui a volontairement quitté sa communauté et s’est racontée dans un livre, fait un peu écho à notre scénario mais nous ne l’avons lu que bien plus tard dans notre processus. Ce livre a en plus été contesté aux États-Unis: certains disent que ce n’est pas une vraie ex Juive hassidique.
Tout ça est toujours très mystérieux, c’est difficile de connaître le vrai du faux. Je me suis donc promené à vélo, je suis entré dans les synagogues, en feignant naïvement de ne pas savoir que je n’y étais pas le bienvenu, et je me suis mis à rencontrer des Juifs hassidiques à New York et Montréal. Quand j’ai commencé le processus, j’avais plein de préjugés. J’étais défavorable à cette communauté, comme beaucoup de Québécois déconfessionnalisés. Le contact n’était pas toujours évident, mais j’ai rencontré des gens avec un sens de l’humour incroyable et un sens de la fête évident. Plus j’avançais dans le processus et plus je voyais leur profondeur, une spiritualité que je n’ai pas, un sens de la communauté – mais en même temps je continuais de trouver aberrant de les voir enfermés, contraints à ne jamais pouvoir vivre autrement. Le film témoigne de tout cela, je pense. »
« Quitter une communauté juive hassidique est une grosse décision, irrévocable et courageuse. On en sort sans éducation, sans d’argent, sans amis, complètement laissé à soi-même. Sans compter qu’une vie vécue dans la religion depuis l’enfance, ça ne s’efface pas du jour au lendemain. Ça prend une force incroyable, ça prend du courage, un peu de folie. C’est un film sur le courage de vivre en accord avec soi ».
« Quitter une communauté juive hassidique est une grosse décision, irrévocable et courageuse. On en sort sans éducation, sans d’argent, sans amis, complètement laissé à soi-même. Sans compter qu’une vie vécue dans la religion depuis l’enfance, ça ne s’efface pas du jour au lendemain. Ça prend une force incroyable, ça prend du courage, un peu de folie. C’est un film sur le courage de vivre en accord avec soi ».
« On voit dans ce film le paradoxe de deux communautés qui doivent vivre ensemble et qui, ni d’un côté ni de l’autre, ne font les efforts nécessaires pour se retrouver au milieu.
Je pense que dans une société pluraliste comme la nôtre, il faut faire un pas vers l’Autre.
C’était important pour moi de mettre en scène un Québécois francophone, qui représente une société gâtée qui a laissé de côté du jour au lendemain ses valeurs spirituelles et familiales, pour le faire se confronter au sens de la communauté des hassidiques. On est une société perdue, quand même, et je voulais mettre ça en relief. D’un côté une société avec trop de repères, trop de règles, et de l’autre une société gâtée, libre, qui est paradoxalement complètement désorientée ».
Je pense que dans une société pluraliste comme la nôtre, il faut faire un pas vers l’Autre.
C’était important pour moi de mettre en scène un Québécois francophone, qui représente une société gâtée qui a laissé de côté du jour au lendemain ses valeurs spirituelles et familiales, pour le faire se confronter au sens de la communauté des hassidiques. On est une société perdue, quand même, et je voulais mettre ça en relief. D’un côté une société avec trop de repères, trop de règles, et de l’autre une société gâtée, libre, qui est paradoxalement complètement désorientée ».

Canada, Metafilms, 2014, 102 minutes
Image : Sara Mishara
Montage : Mathieu Bouchard-Malo
Musique : Olivier Alary
Producteur/-trice : Sylvain Corbeil, Nancy Grant, Maxime Giroux
Scénario : Alexandre Laferrière, Maxime Giroux
Avec Martin Dubreuil, Hadas Yaron, Luzer Twersky, Melissa Weisz, Josh Dolgin, Anne-Elisabeth Bossé, Benoît Girard
Sur Arte le 2 août 2017 à 22 h 30
Visuels
Luzer Twersky
Hadas Yaron et Luzer Twersky
Hadas Yaron et Martin Dubreuil
Hadas Yaron
Martin Dubreuil
Credit : © UrbanDistribution
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Les citations sur le film sont d'Arte. Cet article a été publié le 30 juillet 2017.
Les citations sur le film sont d'Arte. Cet article a été publié le 30 juillet 2017.
Je n'ai pas vraiment aimé.
RépondreSupprimerTrop lent, qui s'écoute trop alors que peu est dit. Lumières un peu lugubres et même à Venise. Narration peu explicative des prises de décisions. Ennui.
Les lumières sont froides, peut-être pour rappeler la tension persistante sur le couple, pour éviter cette lumière célèbre et proche du cliché associée à Venise.
RépondreSupprimerLe réalisateur nous embarque dans un voyage qui suggère plus qu'il ne montre les deux mondes dans lesquels évoluent les personnages , c'est là toute la beauté et la profondeur de ce film émouvant
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