Toute l'Histoire rediffusera le 21 mars 2019 à 18 h 43 « Les évadés de Rawa Ruska, témoins de la Shoah », documentaire bouleversant par Chochana Boukhobza. Au camp nazi disciplinaire de Rawa Ruska, ville située en Galicie ukrainienne près de la frontière polonaise, étaient envoyés des soldats, généralement français, détenus comme prisonniers de guerre ayant tenté de s’évader ou ayant commis des actes de sabotage.
Dès 1940, des « soldats français, enfermés dans des camps de prisonniers en Allemagne, s'évadent pour tenter de rejoindre la France ». La Convention de Genève reconnait aux prisonniers de guerre le droit de s'évader.
« Plusieurs fois repris, 25 000 d'entre eux sont alors envoyés dans un camp de répression à l'Est, situé à Rawa Ruska, en Galicie » ukrainienne. Forte de 30 000 habitants, cette ville est « située à la frontière entre l’Ukraine et la Pologne, à quelques kilomètres des lieux de l’extermination nazis », le « Judenkreiss » (Triangle de la mort). Cette cité se trouve dans un angle d’un triangle dont le sommet a pour nom Treblinka. Dans l’angle opposé, vers l’ouest : le camp d’Auschwitz. Cette région ukrainienne s'avère une des principales zones d’extermination des Juifs européens, par les Einsatzgruppen.
Les Ukrainiens accueillent avec joie les Allemands après leur rupture du pacte germano-soviétique et leur offensive vers l'Est. A Lwów, les Allemands découvrent dans les prisons des cadavres d'Ukrainiens, et ils désignent à la vindicte populaire les Juifs comme boucs-émissaires. Les Ukrainiens provoquent un pogrom.
Dans ce camp, avant l’arrivée des militaires français, la quasi-totalité des officiers et soldats russes y étaient morts de faim, de froid, et de mauvais traitements. Les Juifs portaient les cadavres de Russes dans les fosses communes.
Les "fortes têtes" sont affectés au Stalag 325 du camp de répression à Rawa Ruska. En juillet 1942, devant l'insistance de la Croix-Rouge à visiter ce Stalag, les dirigeants du camp envoient des détenus dans des sous-camps, améliorent la présentation du camp, etc. Ce Stalag sera démantelé en janvier 1943. Les prisonniers sont envoyés en Poméranie ou chargés de déblayer les ruines de villes bombardées par les Alliés. Les tentatives d'évasion se poursuivent. Un des prisonniers alerte par un rapport sur la Shoah.
Le camp n'était pas illuminé le soir. Pour se débarrasser des poux, des prisonniers français utilisent le chlore. Si celui-ci s'avère efficace contre les poux, il brûle les cordes vocales des prisonniers. Près d'une centaine de prisonniers empruntent un tunnel pour s'évader. Ils sont traqués : certains sont abattus par les Nazis, d'autres parviennent à Varsovie et, avec l'aide de la Croix-Rouge, rejoignent Paris par train. D'autres encore, repris et ramenés au camp.
Certains militaires travaillent avec des Juifs dans les travaux imposés par les Nazis dans la ville. Les Nazis leur ordonnaient de casser les pierres tombales, les stèles en pierre des cimetières juifs pour construire une route.




Témoignages à Nuremberg
Lors du procès de Nuremberg, le camp de Rawa Ruska, est évoqué comme lieu où ont été commis des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité.
A l’audience du 13 février 1946 de ce procès des criminels nazis, le Colonel Polrovky fait la déposition suivante :
Lors de l’audience du 29 janvier 1946, l’aspirant Paul Roser a déclaré :« Lors de l’audience du 29 janvier 1946, le témoin Paul Roser (prisonnier de guerre français) fut interrogé. Il a indiqué comment, en quatre mois de temps, sur 10 000 Russes qu’il avait vus, prisonniers de guerre dans le camp allemand de la ville de Rawa-Ruska, il ne resta que 2 000 hommes en vie [...] Ce camp fut organisé´ par les Allemands dans les baraquements à` proximité´ du chemin de fer. Des barbelés l’entouraient [...]. Les Allemands y avaient rassemblé´ de 12 000 à` 15 000 hommes. On les nourrissait avec des pommes de terre gelées et non épluchées. On les gardait dans des baraquements non chauffés pendant l’hiver... Les prisonniers de guerre étaient amené´s tous les jours sous escorte au travail de 4 à 5 heures le matin jusqu’à 10 heures du soir. Exténués, affamés, transis, ils étaient entassés dans des baraquements dont on avait pris soin de laisser tout le jour les portes et les fenêtres ouvertes, afin que le froid pénétrât dans les baraques et que l’on y gelât. Au matin, sous la surveillance des soldats allemands, les prisonniers eux-mêmes devaient transporter des centaines de cadavres avec des tracteurs, jusqu’au bois de Volkovitchski, où` ces cadavres étaient entassés dans des fosses préparées à` l’avance. Au moment où` les prisonniers étaient emmenés au travail, les Allemands postaient à la porte de sortie une troupe de soldats armés de fusils et de pieux. Les prisonniers, qui se mouvaient difficilement par suite de la faim et du froid, étaient poursuivis a` coup de pieux à la tête ou encore transpercés à` coup de baïonnette. »
« Nous étions obsédés parce que nous savions tout ce qui se passait autour de nous. Les Allemands avaient transformé´ la région de Lemberg Rawa-Ruska en une espèce d’énorme ghetto. On avait emmené´dans cette région, où` les Israélites étaient déjà nombreux, des Juifs de tous les pays d’Europe. Tous les jours, pendant cinq mois, sauf une interruption de six semaines environ, en août et septembre 1942, nous avons vu passer à 150 mètres de notre camp, un, deux, quelquefois trois convois de wagons de marchandises, dans lesquels étaient empilés hommes, femmes et enfants. Un jour, une voix venue de ces wagons nous cria : ‘‘Je suis de Paris, nous allons à la boucherie’’. Très souvent, des camarades qui sortaient du camp pour aller travailler trouvaient des cadavres le long de la voie ferrée. Nous savions vaguement à l’époque que ces trains s’arrêtaient à` Belzec, lieu situé à` 17 kilomètres de notre camp, et que là` on procédait à l’exécution de ces malheureux par des moyens que j’ignore. Une nuit en juillet 1942, nous avons entendu des rafales de mitraillette toute la nuit, des hurlements de femmes, d’enfants. Le lendemain matin, des bandes de soldats allemands parcouraient les seigles, au bord de notre camp, la baïonnette basse, et cherchant des gens cachés. Ceux de nos camarades qui sont sortis ce jour-là pour le travail nous ont rapporté avoir vu des morts partout en ville, dans les ruisseaux, dans les granges, dans les maisons. Par la suite, certains de nos gardiens, qui avaient participé à l’opération, nous ont complaisamment expliqué que 2 000 Juifs avaient été exécutés, cette nuit-là, sous le prétexte que deux SS avaient été assassinés dans la région. »


Son documentaire « Les évadés de Rawa Ruska, témoins de la Shoah » relate « l’histoire des détenus du camp disciplinaire de Rawa Ruska, qui était destiné aux prisonniers de guerre ayant tenté de s’évader », dont Raymond Dunand, Alain Fournier et Henri Brisson.
« Les évadés de Rawa Ruska, témoins de la Shoah » par Chochana Boukhobza
Les Films d’ici, avec la participation du Centre national du cinéma et de l’image animée, du Ministère de la défense, Secrétariat général pour l’administration, Direction de la mémoire, du patrimoine et des archives, de France 3, avec le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah et de la Fondation CARAC, 2015, 62 min
Sur France 3 les 9 février à 23 h 15 et 25 février 2017 à 2 h 30, 1er mars 2018 à 2 h 45
Sur Toute l'Histoire les 10 mars 2019 20 h 45, 13 mars 2019 à 7 h 53, 15 mars 2019 à 22 h 32, 21 mars 2019 à 18 h 43
Sur Toute l'Histoire les 10 mars 2019 20 h 45, 13 mars 2019 à 7 h 53, 15 mars 2019 à 22 h 32, 21 mars 2019 à 18 h 43
Visuels : © Les Films d'ici
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Les citations sont extraites du dossier de presse. Cet article a été publié le 9 février 2017, puis le 28 février 2018.
Les citations sont extraites du dossier de presse. Cet article a été publié le 9 février 2017, puis le 28 février 2018.
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