Toute l'Histoire rediffusera le 24 octobre 2021 « Français, juifs, les enfants de Marianne », documentaire biaisé, en deux parties, réalisé par Coralie Miller. Un film partial révélateur des contradictions, des ignorances, partis pris, cliché (le "vivre ensemble") et amalgames infondés de la réalisatrice et de personnalités interviewées, souvent de gauche.
Demain les Juifs de France
Un sondage français biaisé sur l’évolution de la relation à l’autre
Rassemblement crépusculaire à l’appel d’organisations Juives françaises
Spoliations de Français juifs : l’affaire Krief (version longue)
L’affaire Krief, exemple d’antisémitisme d’Etat (version courte)
State-backed Anti-Semitism in France?
Krief Affair, an example of French state-backed anti-Semitism
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Petite-fille d’Eve et de Jean Miller, Juifs polonais seuls survivants de la Shoah dans leurs familles respectives, Coralie Miller a étudié la sociologique politique.
Journaliste et dramaturge trentenaire, elle a réalisé « Français, juifs, les enfants de Marianne ».
"J'ai eu l'idée du film il y a deux ans, après les épisodes de 2015. Netanyahu a dit qu'Israël était le foyer de tous les Juifs. J'ai alors écrit une tribune [La France est mon foyer (et je compte bien y rester)] pour Libération. J'ai eu des échanges, des engueulades. Certains m'ont dit merci. Je me suis rendue compte que ceci n'était pas si simple. Cette présence d’Israël méritait d’être creusée. J'avais besoin, envie de personnes ayant pour dénominateurs communs le fait d'être français et juifs, et très liés à la France. C'est mon parti pris", a déclaré Coralie Miller, sur Judaïques FM, le 13 février 2017.
Pour elle, concilier son identité juive et son attachement à la République française a été une « évidence jusqu’au retour de l’antisémitisme, jusqu’à l’obsession identitaire, jusqu’à ces débats parfois violents sur la prétendue menace que feraient peser les migrants ou leurs enfants. Tous ces discours qui remettent en questions les fondements d’une France aux cultures mélangées ».
Le 20 janvier 2015, après les attentats de début 2015, elle a écrit la tribune "La France est mon foyer (et je compte bien y rester)" dans Libération :
"Non, Israël n’est pas le foyer de tous les juifs. Ce n’est pas ancré dans nos gênes. C’est un choix personnel, moral, politique et pour beaucoup religieux. Ce n’est pas mon choix. Juive de famille et de cœur, je suis laïque, républicaine et Française jusqu’au fond de mes tripes. Je refuse l’ostracisme dans lequel notre supposé lien à Israël nous entraîne. Et je me sens presque insultée lorsque j’entends dire que là est mon foyer. Comme si je n’étais finalement qu’une étrangère dans mon propre pays. Comme si cette France que je chéris ne m’était pas totalement acquise, bien que ma famille y ait déposé ses bagages voilà près de 80 ans. Comme si planait toujours sur moi la menace d’en être un jour expulsée.
Si nous, juifs de France, considérons qu’Israël est notre vrai foyer, alors comment empêcher ceux qui nous haïssent de nous renvoyer à notre statut d’étrangers de l’intérieur? De nous envisager comme des traîtres potentiels? Nous portons, nous aussi, la responsabilité du vivre ensemble. Ce n’est pas parce qu’une part infime de la population française ressent à notre encontre une abjecte détestation, que nous devons remettre en cause notre appartenance à la communauté nationale. Ce n’est pas la France qui est antisémite, ce sont certains de ses membres, certes bruyants, certes violents, mais minoritaires.
Ne les laissons pas gagner. Nous sommes plus forts que ça. Je suis plus forte que ça. Je suis Française, que cela leur plaise ou non. Je suis Française et je ne tolérerai jamais que quiconque puisse remettre cette évidence en question. Je suis Française avant d’être juive, résolument, fondamentalement, envers et contre tout. Je suis fille des Lumières et de la Révolution, je suis l’héritière de Voltaire et de Victor Hugo, je suis l’enfant de Mai-68 et de la Libération, je suis le produit de mes écoles et de tous mes professeurs, et chaque jour par mon métier je célèbre la langue et la culture qui m’ont été inculquées… Ma terre est celle qui a accueilli mon grand-père venu de sa Pologne natale pour devenir le médecin qu’il n’avait pas le droit d’être dans son pays. Celle pour qui il a combattu, membre de la Résistance, et qui a déposé sur son cercueil un drapeau bleu-blanc-rouge, symbole de la patrie reconnaissante. Celle qui a aidé ma famille à se construire, celle qui m’a vue naître et grandir, et qui désormais couve mon fils de sa main chaleureuse. Mon fils qui, du haut de ses 4 ans, n’a eu de cesse ces derniers jours de me dire que les méchants avaient attaqué son pays, et qu’il fallait le protéger – allant jusqu’à organiser un plan de bataille avec ses jouets, protégeant une Tour Eiffel par des bonshommes Transformers…
N’oublions que, de Charlie Hebdo à Hyper-Cacher, en passant par Montrouge, c’est la France sous toutes ses couleurs que l’on a voulu réduire au silence. La France dans son intégralité, avec ses grandes gueules blasphématoires, ses policiers, ses blacks, ses blancs, ses beurs et ses juifs. Alors, si hier nous nous sommes parfois sentis abandonnés face aux antisémites de tous bords, levons-nous aujourd’hui avec nos compatriotes pour que cela ne se reproduise plus. Marchons ensemble vers notre idéal. C’est assez de fuir, assez de se cacher et de se laisser exclure. L’heure est venue de se redresser et de dire à ceux qui en douteraient encore : «Je suis Français et fier de l’être. Dans mon pays, je suis, je reste".
Mais « qui sont-ils, ces Français juifs qui se pensent en effet comme les filles et fils de la République ? »
Juifs français
Coralie Miller a rencontré « des hommes et des femmes qui sont juifs, produits d’une mixité aux multiples contours, et Français, absolument Français. Des hommes et des femmes qui ont la même certitude, la même espérance du moins : d’être tous, sans exception, des enfants de Marianne ».
Ce « documentaire c'est aussi une réflexion où se mêlent narrations individuelles et interrogations collectives sur l’identité, sur la nation et la citoyenneté. Sur leur transmission, d’hier et de demain. Avec toujours, pour fil rouge, la question du vivre-ensemble sous le drapeau tricolore ». « Vivre-ensemble » ? Une expression mille fois utilisée par le « politiquement correct » et jamais définie.
Des « lumières aux ténèbres, les relations entre les juifs et la France sont faites d’enchevêtrements complexes où se mêlent le cœur, la chair et la conscience, l’amour et la détestation, la solidarité et l’exclusion, la laïcité et la religion, le patriotisme et la tentation de l’ailleurs. Faits citoyens français en 1791 par la République balbutiante, dans la droite ligne de sa Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen, c’est peu dire que les juifs de France sont enfants de la République, héritiers de la Révolution, filles et fils de Marianne ». Si la France n'est pas uniquement la fille de la Révolution, mais celle aussi de siècles de monarchie royale, alors les Juifs français, dont la présence en France remonte à plus de deux mille ans, sont aussi héritiers de cette histoire très ancienne. L'historien français juif résistant Marc Bloch avait écrit : « Il est deux catégories de Français qui ne comprendront jamais l’histoire de France : ceux qui refusent de vibrer au souvenir du sacre de Reims ; ceux qui lisent sans émotion le récit de la fête de la Fédération ». En outre, ce texte sur le film multiplie les imprécisions : cette haine n'a-t-elle pas été asymétrique, et subie par les Juifs ? Pourquoi évoquer les « juifs de France » quand le titre du documentaire souligne leur nationalité française ?
« Pourtant, plus de 200 ans plus tard, nous voilà en proie au doute cruel quant à notre place en ce si beau pays ».
« Français, juifs, les enfants de Marianne » dresse « le portrait de cette diversité et mène un outil de réflexion sur l’identité, la culture, la transmission, sur la nation et ses valeurs, avec toujours, pour fil rouge, la question du vivre-ensemble sous le drapeau tricolore. Parce que nous sommes tous des enfants de Marianne ».
Quels Français juifs sont interviewés par Coralie Miller ? Yvan Attal, acteur et réalisateur de « Ils sont partout »; Elie Wajeman, réalisateur, Delphine Horvilleur, rabbin du Mouvement Juif Libéral de France (MJLF), Dimitri Bodianski, ancien saxophoniste et claviériste du groupe Indochine, fondateur et président directeur général de la société de production KBP (Knockin'Boots Productions), de 1994 à 2013, puis fondateur en 2014 d’une société de production de films et programmes pour la télévision, Spoon & Partners, Pierre Kalfon, Noémie Madar, secrétaire nationale de l’UEJF (Union des étudiants juifs de France), Sacha Reingewirtz, précédent président de l’UEJF, Gabrielle Rosner, journaliste, Mireille Rosner, médecin, et Dominique Schnapper.
Bref, un choix de dix personnalités, où les Juifs ashkénazes sont largement majoritaires – les Français juifs lambda ou Sépharades/Orientaux ne sauraient pas s’exprimer ? -, et les représentants de « Gôche » thuriféraires de « la-solution-à-deux-Etats » sur-représentés.
"On peut être spécifique, lié à une religion, à une culture, et on peut être pleinement français. C'est notre propos. Ne gommons pas nos différences qui enrichissent la France. J'ai tourné mon documentaire quand j'étais enceinte de ma fille en 2016, après les élections régionales [et le score du Front national] et après les attentats du 13 novembre. Quel que soit le message qui nous est adressé, nous sommes français. Arrêtez de nous poser la question !" J'ai voulu rappeler l'histoire des relations très anciennes, et la position éthique de chacun. La famille de Pierre Kalfon est d’Algérie. Ils sont Berbères. Un jour, ils deviennent français. Comme ils sont Français, ils ont du quitter l'Algérie en 1962. A la base, ils étaient Arabes. J'ai voulu rappeler des similitudes formidables", a expliqué Coralie Miller, sur Judaïques FM, le 13 février 2017. Coralie Miller revendique la mixité des cultures et le "vivre-ensemble", mais ne laisse s'exprimer que ceux partageant ses idées. Elle ignore que les identités "Arabes" et "Berbères" sont inconciliables : les Berbères ou Amazighs, autochtones en Algérie, ont combattu l'invasion des Arabes musulmans, et à ce jour, luttent pour faire reconnaître leur culture, distincte de celle Arabe.
Et cette documentariste d'expliquer ses choix. Delphine Heurwilleur ? "Elle est rabbin. Je ne suis pas religieuse. Je l'ai choisie en raison de son discours religieux, de sa pratique et de son immersion dans la cité, la république, la laïcité". La rabbine Delphine Heurwilleur est membre d'un courant du judaïsme minoritaire en France.
Dimitri Bodianski ? Un jour, une de ses secrétaires lui a confié aimer ce que sont les Juifs, "soudés". Dimitri Bodianski s'est alors senti isolé des Français. Rassurons-le, le lâchage, l'indifférences de dirigeants d'associations juives françaises majeures à l'égard des Français juifs spoliés soulignent que cette "soudure" ne fonctionne pas à l'égard de certains coreligionnaires.
Quant à Yvan Attal : en tant que sépharade, il se sent "mieux avec des Arabes musulmans qu'avec des juifs ashkénazes". Il se définit ainsi : "Je suis d’Algérie. Je suis Arabe. Je me sens autant juif que français, qu'arabe". En quoi serait-il Arabe et comment pourrait-il l'être ? On ne peut que l'inviter à lire l'anthologie remarquable de David Littman et Robert Fenton pour comprendre qu'il ne peut pas être arabe. N'est-ce pas une posture de la part d'Yvan Attal de proférer une telle assertion ? Il a sciemment refusé d'évoquer l'antisémitisme arabe ou/et islamique dans son film « Ils sont partout ».
Journaliste, Gabrielle Rosner avait déclaré à Libération (26 septembre 2014) à propos de la soirée du 13 juillet 2014 : « Ce soir-là, j’ai eu un choc, oui, quand les premières images de la rue de la Roquette ont commencé à circuler. Beaucoup d’entre nous se souviendront toujours de l’endroit où ils étaient et de ce qu’ils faisaient ce soir-là, un peu comme le 11 Septembre. Même s’il y a eu des provocations de la LDJ [la Ligue de défense juive], s’attaquer à une synagogue, c’est un réflexe qui vient du fond des âges. De mon point de vue, cela a refermé la parenthèse de l’histoire d’après la Shoah ». Quelles provocations de la LDJ ? Sans la protection de la synagogue par des membres de la LDJ, un pogrom aurait été commis par des manifestants ayant défilé contre l'Etat d'Israël. Cette parenthèse n’aurait-elle pas été fermée plus tôt, par exemple à l’automne 2000 avec la brutale recrudescence d’actes antisémites consécutive au déclenchement de l’Intifada II par l’Autorité palestinienne dirigée alors par Yasser Arafat ?
L’UEJF ? Elle est ancrée depuis plus d’une vingtaine d’années à gauche. Ce qui lui fait perdre un nombre croissant d’étudiants et d’associations membres soucieux de pluralité.
Le 17 janvier 2017, à l’issue de la présentation par l’Observatoire de la Fondation du judaïsme français (FJF) et IPSOS de « la vague 2 » de leur « baromètre » sur « l’évolution de la relation à l’autre au sein de la société française », je lui avais demandé d’intervenir auprès de Francis Kalifat, président du CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France), en faveur des Français juifs spoliés, tels le Dr Lionel Krief, Eva Tanger. En vain.
Destins communs
« La France sans les juifs de France, n’est pas la France », a asséné Manuel Valls, alors Premier ministre, en particulier après l'attentat contre l'hypercacher de la Porte de Vincennes du 9 janvier 2015.
Et pourtant, la France a expulsé ses Juifs et est demeurée la France. Certes, les Juifs sont vécu dans des territoires constituant aujourd’hui la France français, tels le Comtat Venaissin et en Avignon, cédés respectivement en 1274 et 1348 au Saint-Siège qui les a administrés jusqu'à la Révolution française en 1791, ainsi que l’Alsace.
"L'expression "Juifs de France" m'a posé beaucoup de questions. J'ai compris ce n'est pas si mal que ça. Valls a prononcé sa phrase en réaction, car les Juifs étaient isolés par actes dirigés à leur encontre, et il voulait répondre à cela", a expliqué Coralie Miller, sur Judaïques FM, le 13 février 2017. Une formule qui dénaturalise les Français juifs et les place au même niveau que les immigrés musulmans de France à l'histoire différente de celle des Français juifs.
Mais l’antienne de Manuel Valls a été entonnée en 2015 par Theresa May, alors ministre britannique de l’Intérieur (Home Secretary), et en 2016 par Antonio Tajani, premier vice-président (EPP, IT) du Parlement de l’Union européenne (UE), et Jean-Claude Juncker, président de la Commission de l’UE.
« S’il n’y a pas d’avenir pour les Juifs en Europe, il n’y a pas d’avenir pour l’Europe », a renchéri Frans Timmermans, premier vice président de la Commission de l’UE.
Beaucoup de mots. Peu d’actions efficaces pour endiguer l’antisémitisme. Sans parles des actes diplomatiques ou médiatiques alimentant cet antisémitisme et indiquant un antisémitisme d'Etat en France, et un antisémitisme de l'Union européenne.
Deux cafés l’addition, France Télévisions, France 3 Paris Ile-de-France et Toute l’Histoire, avec le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah , 2016, 55 min
Sur France 3 en Île-de-France, dans le cadre de Qui sommes-nous ?, le 13 février à 23 h 20
Sur Toute l’Histoire les 17 février 2017 à 20 h 45, 26 février à 21 h 40, 28 février à 17 h 38, 3 mars à 23 h 08, 4 mars 2018 à 5 h 18, 24 octobre 2021 à 6 h 25
Sur France 3 Centre-Val de Loire, Haute-Normandie et Basse-Normandie le 20 février 2017 à 23 h 40
Visuels : © Deux cafés l’addition
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Les citations proviennent du communiqué de presse du film. Cet article a été publié le 13 février 2017, puis le 22 février 2018.
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