Arte diffusera le 1er août 2016 « Scarface » (Scarface: The Shame of the Nation, 1932), de Howard Hawks et Richard Rosson avec Paul Muni, comédien ayant débuté dans le théâtre yiddish. « Directement inspiré de la vie d'Al Capone et d'une rare audace pour l'époque, « Scarface » retrace « l'ascension et la chute d'un gangster amoral durant la prohibition. Un classique du film de gangsters dont Brian De Palma donnera une version « gore » cinquante ans plus tard ».
« Chicago, dans les années 1920, en pleine prohibition. Tony Camonte, un jeune et ambitieux gangster, tue son patron, « Big Louis », et rejoint le gang du sud de la ville contrôlé par Lovo dont il devient le garde du corps. Aidé de son ami Rinaldo, il gravit rapidement les échelons de l'organisation. Mais Tony a une faiblesse : sa sœur Cesca, dont il est amoureux et qu'il veut à tout prix protéger des autres hommes... »
Fascination criminelle
En 1931, d’autres films - Little Caesar, de Mevyn LeRoy avec Edward G. Robinson, Douglas Fairbanks, Jr. et Glenda Farrell, et The Public Enemy, de William A. Wellman avec James Cagney, Jean Harlow, Edward Woods et Joan Blondell - ont représenté des gangsters.
Scarface est adapté en onze jours par Ben Hecht du roman Scarface (1929) de Armitage Trail et dont la trame est l’ascension puis la chute d’Al Capone (1899-1947) surnommé Scarface. Ainsi, Tony Camonte, le personnage incarné par Paul Muni, a le visage balafré, comme Al Capone. Celui-ci a fait tuer le chef du gang concurrent chez un fleuriste en 1924. Et le film reproduit la scène…
Le film est perçu pour sa valeur documentaire sur la guerre entre gangs rivaux, italiens contre irlandais, pour contrôler Chicago pendant la Prohibition (1919-1933) – interdiction de ventes de boissons alcoolisées. Une guerre marquée par le massacre de la Saint-Valentin.
« Audacieux et d'une rare violence pour l'époque, Scarface de Howard Hawks mit plus de deux ans à sortir en salles, retardé par les menaces du « milieu » et surtout par la censure ».
« Accusant le film de faire l’apologie du gangstérisme, l'industrie cinématographique imposa en effet au réalisateur et à son producteur de nombreuses modifications (l'adjonction d'un sous-titre « La honte de la nation » et de cartons moralisateurs, une fin remodelée, des coupes...) »
« Il est vrai que décrire l'ascension et la chute d'une figure de la pègre, d'un personnage veule, cynique, amoral et amoureux de sa sœur, il fallait oser. Car les gangsters ont ici l'air d'enfants ignorants qui passent leur temps à jouer. Parmi eux, Tony Camonte le balafré flirte avec la figure du héros glamour, séduisant et protecteur ».
« Au moment où Al Capone - dont Howard Hawks s'est inspiré - purge une peine de prison, pas étonnant que cette vision fascinée de la criminalité ait suscité un scandale ».
Paul Muni (1895-1967) est né Meshilem Meier Weisenfreun, à Lviv (Galicie) dans une famille juive de comédiens itinérants d’origine austro-hongroise. En 1902, sa famille émigre aux Etats-Unis. Âgé de douze ans, Paul Muni débute dans le théâtre yiddish. Il interprète ses premiers rôles à Broadway en 1927 – The Four Walls – et pour le cinéma en 1929 (The Vaillant de William K. Howard). Avec Scarface et Je suis un évadé de Mervyn LeRoy, Paul Muni accède au vedettariat.
Il excelle dans les rôles de composition pour lesquelles son art du maquillage et sa technique de placement de voix font merveille : films biographiques - Docteur Socrate, La Vie de Louis Pasteur, La Vie d’Émile Zola, Juarez, réalisés par William Dieterle – ou romancés sur un registre dramatique : Visages d'Orient ou La Terre chinoise (The Good Earth) signé par Sidney Franklin,Victor Fleming, Gustav Machatý et Sam Wood (1937) et adapté du best-seller de Pearl Buck La Terre chinoise. Son interprétation de Pasteur lui vaut en 1936 l’Oscar du meilleur acteur et la Coupe Volpi pour la meilleure interprétation masculine. Des problèmes de santé l’amènent à mettre un terme à sa carrière vers 1959.
« Bien que méconnu de la nouvelle génération qui lui préfère la version de Brian De Palma » en 1983 avec Al Pacino, Scarface « fit la renommée de son réalisateur et réserve des scènes inoubliables, maintes fois pastichées par la suite : la pièce de monnaie que fait sauter Rinaldo » incarné par George Raft, « l'éphéméride mitraillée... À déguster sans remords ! »
En 1994, ce classique a été inscrit sur le Registre national du film américain par la Library of Congress pour être « culturellement, historiquement, ou esthétiquement signifiant ».
« Scarface » de Howard Hawks
United Artists, The Caddo Company, Howard Hughes, 1932, 90 min
Auteur : Armitage Trail
Image : Lee Garmes, L. William O'Connell
Montage : Edward Curtiss
Musique : Adolph Tandler, Gus Arnheim
Scénario: Ben Hecht, Seton I. Miller, John Lee Mahin, W. R. Burnett, Fred Pasley
Avec Paul Muni, Ann Dvorak, Karen Morley, George Raft, Boris Karloff
Sur Arte le 1er août 2016 à 22 h 35
Visuels : © 1932 Universal Studios
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