lundi 30 novembre 2015

Des "belles âmes" sélectives à l'égard des Palestiniens


Le 12 juin 2014, trois adolescents Juifs israéliens ont été assassinés par le Hamas. Tsahal a éliminé leurs meurtriers. En juillet 2014, les médias internationaux ont titré sur l'assassinat de l'adolescent palestinien Mohammed Abu Khdeir. La police israélienne a arrêté trois individus soupçonnés d'avoir commis ce meurtre. Le 30 novembre 2015, un  tribunal israélien a reconnu coupables deux d'entre eux, et attend le rapport de l'expert psychiatre pour statuer sur le troisième. La présentation de cette condamnation par l'AFP est choquante.

Le 1er juillet 2014, ont été enterrés au cimetière de Modi’in les trois adolescents israéliens magnifiques (z''l) - Naftali Frenkel, âgé de 16 ans, Gilad Shaer, âgé de 16 ans, et Eyal Yifrach, âgé de 19 ans - kidnappés le 12 juin 2014 vers 22 h, au carrefour du Gush EtZion (Zone C), alors qu'ils avaient quitté les yeshivot (écoles talmudiques) où ils étudiaient pour rentrer à leur domicile, et assassinés peu après leur rapt. Des actes salués et revendiqués par le Hamas. Le 22 septembre 2014, les forces de sécurité israélienne ont éliminé à Hebron, Marwan Qawasmeh et Amer Abou Eisheh, assassins de ces trois jeunes israéliens.

Deux poids, deux mesures
Dès le 2 juillet 2014, la Une des médias internationaux se focalisait sur le cadavre de Mohammed Abu Khdeir, Arabe palestinien âgé de 16 ans, découvert dans une forêt de Jérusalem.

Dans cette photographie circulant sur Internet à partir du 6 juillet 2014, on voit semble-t-il ce jeune Palestinien, vêtu du keffieh, se réjouissant, par ses trois doigts debout, que ces trois jeunes Israéliens aient été kidnappés et tués. Un cliché non diffusé par les Palestiniens et non repris par les médias internationaux, car il n'aurait pas suscité la compassion instrumentalisée contre Israël et il aurait montré ce Palestinien haineux à l'égard des Israéliens et sans aucun sens moral. Bref, le résultat de l'éducation à la haine antisémite distillée par l'Autorité palestinienne et au sein de sa famille.

Une couverture médiatique inversement proportionnelle à celle accordée à l'enlèvement de ces trois jeunes Juifs, pardon Israéliens, qualifiés souvent à tort de "colons", selon parfois un "choix éditorial" (France 2).

Or, ces trois jeunes vivaient dans des villes reconnues internationalement comme relevant de la souveraineté israélienne : Eyal Yifrach vivait à Elad, et Naftali Frenkel, américano-israélien, à Nof Ayalon - "quartier orthodoxe de Nof Ayalon, à Modiin" -, deux villes situées à l'intérieur de la Ligne verte, en "territoire israélien internationalement reconnu" ; Gilad Shaer habitait à Tamon, située en Zone C, reconnue par les Accords d’Oslo acceptés par l'Autorité palestinienne comme sous souveraineté israélienne. Tous trois ont été kidnappés ensemble dans cette zone C. Par ailleurs, tous ces lieux se trouvent dans le territoire alloué au peuple Juif dès les accords de San Remo, puis par la Société des Nations et la charte des Nations unies.

Et la plupart de ces médias, reprenant les allégations des Palestiniens, et sans aucune preuve, désignaient des Israéliens Juifs comme auteurs présumés du meurtre de Mohammed Abu Khdeir. Parmi les médias communautaires, Michel Zerbib, rédacteur en chef de Radio J, a été l'un des rares à inviter sur Facebook à la prudence en évitant d'imputer sans fondement ce meurtre à des "vengeurs" israéliens.

Or, ce même 2 juillet 2014, on apprenait le meurtre de Omaima Jaradat âgée de 15 ans, poignardée par un de ses oncles à Kfar Sair, village au nord de Hébron. 

Cet assassinat n'a suscité aucune réaction des dirigeants occidentaux ou arabes. Même pas un communiqué de presse des droitsdel'hommistes ou des féministes. Seuls HNN, relayé par The Jewish Press, ont informé sur ce meurtre. Pourquoi ce silence politique et médiatique ? Est-ce parce qu'une fille, même palestinienne, assassinée par sa parentèle - "crime d'honneur" ? - n'intéresse personne ? Est-ce parce que nul Juif, pardon nul Israélien, ne peut être accusé de cet assassinat ? Selon un Tweet du journaliste Arabe israélien Khaled Abu Toameh, Omaima Jaradat "a apparemment surpris son oncle en train de voler".

Cette attention sur le seul meurtre de Mohammed Abu Khdeir me parait suspecte : c'est un moyen pour l'Autorité palestinienne d'exiger du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu une condamnation déjà exprimée, de  victimiser les Palestiniens - donc "Halte aux opérations israéliennes" -, de solliciter de la communauté internationale des pressions sur Israël pour qu'il mette un terme à ses recherches et actions défensives, de divertir l'attention loin du monstrueux assassinat des trois jeunes Israéliens, d'occulter sa responsabilité dans la haine et l'assassinat des Juifs - la "condamnation" de Mahmoud Abbas (Abou Mazen) n'est pas satisfaisante en raison du parallèle entre l'enlèvement des trois jeunes Israéliens et les opérations israéliennes - ainsi que son énième alliance avec le Hamas, de faire oublier la joie de la "rue palestinienne" apprenant ce rapt et ces trois assassinats, et de ternir l'image d'Israël et des Israéliens Juifs. En outre, condamner le Hamas ne coûtait guère à Abbas : c'était le minimum pour maintenir sa place à la direction de l'Autorité palestinienne et les avantages, notamment financiers, liés. Et c'était se démarquer d'un rival affaibli dans les territoires disputés. Et, il y a la volonté évidente de montrer que les Juifs, pardon, les Israéliens, eux aussi commettraient des actes criminels, et de forger un autre blood libel... Ce meurtre sert aussi de prétexte aux Palestiniens pour déclencher "spontanément" des violences contre les Israéliens et en imputer la responsabilité à l'Etat Juif. Ainsi que le rappelle Lee Kaplan, l'Intifada II a été soigneusement planifiée par l'Autorité palestinienne, en particulier par Arafat dès son retour des négociations à Camp David, et non provoquée par la visite d'Ariel Sharon sur le mont du Temple en 2000. De même, le Hamas verse, de l'aveu même d'un de ses membres Mahmoud Toameh, un salaire mensuel de 1 150 $-1 440 $/mois à des membres du Mouvement islamique pour qu'ils fomentent des émeutes "spontanées", harcèlent  les Juifs en leur jetant des pierres et les empêchent de prier sur le mont du Temple à Jérusalem.

Pour certains politiciens israéliens, c'est une instrumentalisation visant à discréditer des opposants Juifs religieux alors que l'enquête policière n'est pas encore achevée.

Évoquant l'émotion des ses coreligionnaires lors de ce triple kidnapping et de son tragique dénouement, l'essayiste Alain Finkielkraut a déclaré sur RCJ, le 6 juillet 2014 : "Les Juifs français ont pu mesurer leur solitude... L'horreur de ce massacre [des trois jeunes Israéliens] inexcusable aurait du être soulignée... Cette réalité - ces trois jeunes étaient en Cisjordanie - a inhibé la compassion... Ce crime échappe au schéma appliqué paresseusement sur la réalité. L'inintelligence reste façonnée par une phrase de la préface de Sartre au livre "Les Damnés de la Terre" de Frantz Fanon : "Le colon n'a qu'un recours : la force, quand il lui en teste ; l'indigène n'a qu'un choix : la servitude ou la souveraineté". Notre époque invoque sans cesse Camus, mais reste profondément sartrienne. Ces trois jeunes viennent du Gush Etsion. Il y avait un bloc Etsion dans le Yichouv, ce bloc de kibboutzim a été attaqué par la Légion arabe, et 150 personnes - hommes, femmes, enfants - y ont été abattus au cri de Deir Yassin, au nom de ce crime... Le 14 mai 1948, de nouveaux massacres se sont produits... Les maisons, le kibboutz, tout a été arasé {par les Arabes]... La barbarie est contagieuse. La stratégie du prix à payer demandée par des colons extrémistes, des appels à la vengeance ne cessent de retentir. Jamais le compromis n'a été aussi urgent. Il faut trouver les moyens d'une désintrication".

Le "crime" de Deir Yassin n'existe pas - c'est un élément de la propagande arabe et "palestinienne" -; et les "colons" non plus. QG. Des dirigeants palestiniens ont démenti le « massacre de Deir Yassin », en réalité une bataille rude (9-10 avril 1948) - 60 morts Arabes palestiniens -  dans un village situé à un lieu stratégique que les indépendantistes Juifs voulaient gagner - la Hagana a préparé cette bataille avec l'Irgoun et le Lehi - pour alléger le blocus par les forces militaires arabes de Jérusalem et de ses environs et ravitailler les Juifs qui y crevaient de faim, etc.

Quant aux récentes victimes israéliennes d'actes terroristes, dont la jeune Shelley Dadon âgée de 19 ans, commis en 2014 par des Palestiniens, elles ne suscitent aucune compassion de la part de ces "belles âmes", même Juives comme JewPop

Jugement israélien
Le 30 novembre 2015, le tribunal de district de Jérusalem (Israël) a reconnu coupables du meurtre d'Abu Khdeirle 2 juillet 2014  deux Israéliens mineurs, et attend le rapport de la commission psychiatrique pour statuer sur le troisième, Yosef Haïm Ben David, âgé de 31 ans, et apparaissant comme l'instigateur et exécutant. Les juges Yaakov Tsaban, Rafi Carmel et Rivka Friedman-Feldman se prononceront le 20 décembre 2015 sur la question de l'éventuelle irresponsabilité pénale et le 13 janvier 2016 sur la peine affligée aux meurtriers. La présentation de cette condamnation par l'AFP est choquante. Les trois prévenus avaient reconnu leur crime, et étaient présents lors de la reconstitution.

Le quotidien français Le Figaro a co-signé avec l'AFP un article intitulé "Palestinien brûlé vif: 2 Israéliens reconnus coupables" : "Un tribunal de Jérusalem a déclaré aujourd'hui deux juifs israéliens coupables d'avoir enlevé et brûlé vif un adolescent palestinien en 2014, mais a suspendu son jugement contre un troisième, le meneur du groupe, dans l'attente d'une expertise mentale. Dans son jugement, le tribunal dit que les trois accusés, un adulte et deux mineurs, ont bien enlevé et assassiné Mohammad Abou Khdeir en juillet 2014. Mais il ne prononce pas encore de peine et dit que, dans le cas de l'adulte, une expertise médicale devra déterminer s'il est ou pas pénalement responsable".

On n'a pas souvenir de dépêches de l'AFP ou d'articles du Figaro présentant des assassins français, ou belges, en évoquant leur religion chrétienne ou islamique. Les terroristes sont dénommés "assaillants", "jeunes Français", etc.

Quant à i24news, son site Internet  ne cite qu'un commentaire, celui d'un politicien gauchiste : "le député Esawi Frej du part Meretz (gauche progressiste)".

Le 30 novembre 2015, le quotidien Le Parisien publie l'article Deux Israéliens reconnus coupables du meurtre ayant mené à la guerre de Gaza. Or, ce sont les tirs de roquettes par le Hamas à partir de la bande de Gaza et l'assassinat de ces trois adolescents qui ont incité finalement l'Etat d'Israël à lancer l'opération militaire Bordure protectrice. Cette inversion induit en erreur le lecteur et rend coupable les victimes du terrorisme islamiste palestinien.Notons que, dans le corps de l'article, ce journal nuance son titre : "Leur crime avait contribué à l'escalade des violences menant à la guerre de Gaza à l'été 2014". Et ce n'est que vers la fin de l'article que le contexte est rappelé ! "Cet assassinat avait provoqué de violentes manifestations. Au même moment se multipliaient les tirs de roquettes de la bande de Gaza sur Israël et les raids israéliens sur le territoire gouverné par le Hamas, tenu par Israël pour responsable de la mort des trois adolescents israéliens trois semaines auparavant. Peu après commençait la plus dévastatrice des trois guerres qu'a connu la bande de Gaza en six ans". Ces attaques du Hamas sont occultées par l'expression "spirale de violences".

Articles sur ce blog concernant :

Cet article a été publié le 3 juillet 2014, puis le 23 septembre 2014. Il a été modifié le 30 novembre 2015.

dimanche 22 novembre 2015

Disparité et convivialité à Aulnay-sous-bois

Remontant aux années 1920, l’histoire de la communauté d’Aulnay-sous-bois  est cyclique - après un essor dans les années 1920, la communauté aulnaysienne majoritairement ashkénaze, est décimée par la Shoah, puis se développe dès les années 1960 par l’afflux de juifs d’Afrique du Nord - et marquée par la topographie. Dotée de deux synagogues – non consistoriale (ACIA Beth Mosché) et consistoriale (Beth Yaacov) -, essentiellement sépharade, elle présente une réalité nuancée – moins de 1 500 Juifs sur 80 300 habitants -, sans pôle Juif, éducatif ou commercial, susceptible de renforcer son dynamisme. Reportage effectué au printemps 2007. Dans la nuit du 11 au 12 juillet 2014, trois cocktails Molotov ont endommagé la porte de la synagogue aulnaysienne  ACIA Beth Mosché. La famille de Hasna Aït Boulahcen, proche de ceux ayant mené les attentats terroristes islamistes à Paris et à Saint-Denis et présentée peut-être à tort comme la première femme islamikaze en France, vit à Aulnay-sous-bois.

Installée à Aulnay-sous-bois, ville de la banlieue nord de Paris, la communauté française Juive aulnaysienne naît avec l’arrivée de Juifs immigrés à Paris au début du XXe siècle.

Dans l’entre-deux guerres, ces immigrants installés dans la capitale française se rendent, le dimanche ou à la belle saison, et grâce aux trains et tramways, notamment près du canal de l’Ourcq, y apprécier le bon air, se distraire ou se reposer.

L’ACIA Beth Mosché
Au sud de cette ville de Seine-Saint-Denis (93), « la synagogue  est localisée dans les environs de ce canal. Les raisons d’implantation [de la communauté] sont des lotissements et de faibles loyers. Dans un caveau au vieux cimetière, le texte est gravé en yiddish et en français », observait Elie Zajac, auteur de Quatre synagogues en banlieue parisienne Livry-Gargan, Aulnay-sous-Bois, Le Raincy, La Varenne-Saint-Hilaire. 1923-1935 (Archives juives, 2001-2 (volume 34) p. 109 à 121).

Selon le site internet  de la synagogue, « dans les premiers temps de leur regroupement, nos coreligionnaires se réunissaient au domicile Mr Neumann au 52 de la rue du 14 Juillet à Aulnay sous Bois et avaient jeté les bases de la première Association Cultuelle Israélite, appelé " Société de Secours Mutuels d'Aulnay sous Bois - l' Avenir ", leur permettant ainsi de se retrouver et de célébrer les Offices religieux ».

Les premiers statuts remontent au 19 juin 1914.

« L’histoire des communautés juives de la proche banlieue reste peu connue. À Aulnay-sous-Bois, les archives de la communauté sont peu importantes ; elles remontent à la fondation de la shoule par la Société de secours mutuels L’Avenir, déclarée en préfecture en 1924. La synagogue est également localisée dans les environs du canal de l’Ourcq. Les raisons d’implantation sont les mêmes qu’à Livry-Gargan : lotissements et faibles loyers. Les sources sont muettes sur la hevra Kaddisha [Auparavant, sainte confrérie qui s’occupait des inhumations, remplacée par les Sociétés de secours mutuels] et son origine ; seul un caveau au vieux cimetière est témoin de cette époque. Le texte, gravé en yiddish et en français, nous donne les noms de quelques anciens. Il a encore servi récemment. La synagogue est inaugurée en 1928, sans subvention du Consistoire. Les synagogues se sont affirmées comme des composantes avouées du paysage urbain, souvent discrètes, mais avec en façade une recherche architecturale élaborée, et comportant toujours une symbolique juive : tables de la Loi et étoile à six branches. Le judaïsme est reconnu, on peut donc avoir « pignon sur rue », posséder un monument comparable à ceux des autres cultes, dans un État républicain qui accepte les institutions religieuses comme composantes de la société civile ».

Tout se passe vite : le terrain de 210 m² situé 3, avenue Clermont Tonnerre est acquis à Mme Loevel en juillet 1927 pour 4206,20 francs, le permis de construire demandé le 11 août 1928 est accordé le 8 septembre, et la 1ère pierre est posée le 12 août 1928 lors d’une fête présidée par M. Neumann, et au cours de laquelle 72 fidèles, essentiellement d’origine russe et polonaise, ont fait un don. Les travaux débutent le 6 août 1928. Elle est inaugurée lors de Rosh Hachanah 1929.

« Les fidèles ont équipé la synagogue avec des objets de culte transportés avec eux. Bien implantée, la population juive comptait une cinquantaine de familles », écrivait André Meyer, président de l’ACIA (Association de la communauté israélite d’Aulnay-sous-Bois) Beth Mosché (1946-1983).

Victime de la Shoah – une plaque à la mémoire des 35 juifs aulnaysiens morts dans les camps a été apposée dans les deux synagogues -, la communauté s’étiole en raison du vieillissement des fidèles.

« L’arrivée des juifs d’Afrique du Nord a évité la fermeture de cette synagogue alors de rite ashkénaze », indique Sisso Meyer, président de l’ACIA Beth Mosché, officiant et arrivé à Aulnay en 1973. Il estime que sa communauté s’est rajeunie en raison de l’afflux de coreligionnaires venant de quartiers difficiles du nord de la ville.

Vers 1981, l’office du samedi matin réunissait 5-6 personnes. En 2007, le samedi, on compte environ 70 fidèles. Pour Roch Hachanah et Kippour, la synagogue attire près de 200 personnes. Elle abrite un Talmud Torah d’une vingtaine d’enfants, recense plusieurs bars mitsva par an.

L’ACIA fait preuve d’une communication dynamique : dès novembre 1994, Le mensuel de Beth Mosché, un site internet et depuis 2005 La e-letter (hebdomadaire) de Beth Mosché (1-2 pages), sous la responsabilité de Freddy Silvera, son trésorier. Lancé en novembre 1994, Le mensuel de Beth Mosché, journal de quatre pages, est diffusé par Internet à 45 destinataires et par La Poste à 62 destinataires. Ces deux supports ont quadruplé leur audience depuis leur premier numéro.

Beth Yaacov, « un beau joyau »
« A l’indépendance de l’Algérie, de nombreuses familles se sont vu affecter un logement dans cette cité du Nord-est parisien ». On comptait alors jusqu’à 600 familles originaires d’Algérie dans les années 1960.

Dans les années 1960, la communauté Juive « obtient du Logement français, principal bailleur, une cave où elle place un Sefer emprunté, quelques chaises récupérées. Peu après, une seconde cave complète cet oratoire, auquel est joint le Talmud Tora grâce à la persévérance de deux familles Loubavitch, les Elbaz et les Djian. En 1972, venant de Paris et de toute la couronne, des fidèles s’installent dans la zone pavillonnaire. La création du centre commercial Parinor en 1976 amène beaucoup de commerçants Juifs qui répondent aux sollicitations de fidèles décidés à se doter d’une vraie synagogue. La collecte de fonds se déroule via des soirées, des tombolas, etc. Grâce à un généreux donateur, Jean-Claude Zemmour, acquiert en 1981 un grand pavillon alors bien placé dans une rue pavillonnaire, près d’immeubles modernes au nord de la ville. La nouvelle synagogue s’avère rapidement trop petite. En 1989, le bâtiment se métamorphose en une imposante synagogue agrémentée d’un jardin : vaste salle de prières, salle des fêtes, salle de jeux, trois classes de Talmud Torah, création d’un gan [jardin d’enfants, Nda]. Nous organisions des manifestations. Les jeunes publiaient leur journal Synavogue. Il y avait là une belle jeunesse », se souvient avec nostalgie Albert Oliel, président de Beth Yaacov, située « dans une rue pavillonnaire à la lisière des grandes barres » de la zone nord, la plus pauvre de la ville.

Lévy Betsalel, ancien Rabbin de Beth Yaacov (1995-2005) et actuellement chargé du service des divorces au Consistoire de Paris Ile-de-France, précise : « Nos offices attiraient chabbat matin 20 personnes, contre 110-120 fidèles dix ans plus tôt. Plusieurs paramètres expliquent cette baisse : vieillissement, aliyah, crainte avec l’Intifada II sans qu’on ait eu à déplorer beaucoup de violences [antisémites] (jets de tessons de bouteilles, canettes de bières). Nous avons d’assez bonnes relations avec les communautés voisines. J’ai toujours prôné qu’il ne fallait pas répondre à la bêtise par la violence ».

Et Albert Oliel d’ajouter : « Nous accueillons 205-300 fidèles à Kippour et célébrons 4-5 bars mitsva par an, peu de mariages. Je vois l’avenir avec pessimisme. Les jeunes qui se marient quittent la ville, les anciens disparaissent ou font leur aliyah. L’école a fermé en 1995, les évènements et l’environnement incitent beaucoup de familles à déménager ou à faire leur aliyah ».

« Elle part aussi car la vie économique s’est détériorée », explique Sammy Ghozlan, président du BNVCA (Bureau national de vigilance contre l’antisémitisme).

Pendant les émeutes de l’automne 2005, la sécurité a été renforcée aux abords de la synagogue lors des offices.

Cet étiolement pose un problème pour constituer un mynian (quorum de prière). Contre ce déclin, Albert Oliel organise des réunions festives. Il est aussi entré en contact avec ses homologues à Sevran et Villepinte. Il a organisé une ou deux manifestations avec l’ACIA Beth Mosché et entretient de bonnes relations avec des dignitaires chrétiens.

Ces deux communautés entretiennent de bonnes relations avec les autorités locales.

Leur avenir s’annonce en demi-teintes…

Synagogue Beth Mosché

1914
L’association cultuelle israélite Société de secours mutuels-L’avenir est créée.
1927
Le terrain de 210 m² est acheté.
1929
La synagogue est inaugurée.
1940
Elle est fermée et les scellés y sont apposés.
1946
L’Association cultuelles israélite est fondée.


Synagogue Beth Yaacov

Années 1960
Le Logement français donne une cave.
1981
La communauté achète un pavillon.
1989
Elle en double la superficie.
1991
Elle transfère son patrimoine à l’ACIP pour 1 franc symbolique.


Agressions antisémites à Aulnay-sous-bois au début de l'Intifada II

4/01/2001 : Inscriptions antisémites " Mort aux juifs ", " Hitler n'a pas fini le travail ", sur le pallier d'un immeuble où exerce un docteur juif à Aulnay sous Bois (93). 
7/11/2001 : A deux reprises, des inscriptions "mort aux juifs" ont été peintes sur la porte du garage d'un pavillon d'une personne demeurant à Aulnay sous Bois (93).
25/01/2002 : Jet de pierres sur la synagogue d'Aulnay sous Bois (93). Une vitre a été brisée. 
Dans la nuit du 11 au 12 juillet 2014, un cocktail Molotov a endommagé  la porte de la synagogue aulnaysienne  ACIA Beth Mosché. Le 12 juillet 2014, Bruno Beschizza, Maire d’Aulnay-sous-Bois, s'est félicité « de la réactivité des services de la Police municipale et de la Police nationale qui mènent actuellement une enquête et leur affirme sa confiance pour identifier les coupables. La Ville d’Aulnay-sous-Bois et l’ensemble des communautés religieuses se sont réunis ce jour à l’Hôtel de Ville pour apporter solennellement leur soutien, à la communauté de cette Synagogue. La Synagogue de la rue Clermont-Tonnerre fait partie de l’histoire de la Ville d'Aulnay-sous-Bois. Le Maire d’Aulnay-sous-Bois, entouré des différentes associations religieuses de la Ville, refuse donc solennellement tout amalgame. La concorde régnant à Aulnay-sous-Bois entre les différentes communautés ne doit pas être remise en cause par cet acte isolé ou par la situation internationale ». Le 13 juillet 2014, le BNVCA a condamné "l'attentat terroriste commis contre la synagogue d'Aulnay-sous-bois" et a "réclamé de l'Etat des mesures préventives audacieuses". Il "a décidé de déposer plainte. Le crime a probablement été commis par des inconnus qui ont lancé la veille du Shabbat un engin incendiaire sur la porte du lieu de culte qui a été carbonisée". Il a demandé "que tout soit mis en œuvre pour identifier les auteurs antijuifs". Il "s'attendait à ce que des agressions contre les personnes et les biens de la communauté juive allaient être commises, comme c'est à chaque fois le cas lorsqu'il y a des turbulences au Moyen-Orient, notamment lorsque l'Etat d'Israël exerce son droit naturel de légitime défense, contre les terroristes islamo-palestiniens du Hamas de Gaza et du Liban qui bombardent la population civile israélienne. Pour le BNVCA, la sécurité des citoyens est du domaine exclusif de l'Etat qui doit prendre des mesures préventives de tous ordres". Le BNVCA a rappelé "que l'antisionisme et la propagande propalestinienne sont la source de l'antisémitisme depuis 14 ans. Le Président de la République, le Premier ministre, le ministre de l'Intérieur, le Président de l'Assemblée nationale l'ont confirmé. Le BNVCA demande que les mosquées salafistes du département de Seine-Saint-Denis qui font des prêches antisionistes soient fermées et leurs responsables sanctionnés. Le Hamas est une organisation terroriste qui commet des crimes de guerre en utilisant sa population comme bouclier, et des crimes contre l'humanité en bombardant les populations civiles d'Israël. Le BNVCA demande au Ministre de l'Intérieur de ne pas autoriser les manifestations organisées en France par ceux qui soutiennent les terroristes. Il demande au Préfet de Police d'interdire la manifestation prévue à Paris dimanche 13 juillet à Barbès qui va certainement comme d’habitude provoquer des troubles graves. Il a reçu un grand nombre de témoignages rapportant que dans les manifestions qui se sont déroulées à Paris ce samedi 12 juillet, des cris de "Mort aux Juifs" ont été scandés en français et en arabe. Le BNVCA demande aux médias de veiller à ce que leurs reportages soient sans parti pris, sans état d'âme, en veillant scrupuleusement à ne pas se faire le relais de la propagande mensongère palestinienne. Pour le BNVCA si ces mesures préventives ne sont pas observées l'antisémitisme va exploser". 

Crédits photos : Famille Oliel, ACIA Beth Mosché et synagogue Beth Yaacov.

Cet article a été publié en 2007 par Osmose en une version plus concise. Il a été publié sur ce blog le 13 juillet 2014.

vendredi 20 novembre 2015

Nonie Darwish, une Arabe pour Israël



Nonie Darwish est la fille du responsable des renseignements militaires égyptiens à Gaza. Élevée dans la haine des Juifs et d’Israël, installée aux Etats-Unis, elle prend conscience des dangers du jihad et de la charia. Convertie au christianisme, cette essayiste américaine prône, depuis les attentats islamistes du 11 septembre 2001, notamment via ses conférences et son site Internet ArabsforIsrael, la réforme de l’islam et la paix avec Israël. Interview réalisée en 2009. 




Née au Caire, vous avez grandi à Gaza sous domination égyptienne…

Mon père, le Lieutenant-Général Mustafa Hafez, était le responsable estimé des renseignements militaires égyptiens. Il a organisé les unités de fedayin, c’est-à-dire ceux qui se sacrifient en tuant des Juifs pour le jihad. Ces unités effectuaient des raids en Israël, puis retournaient à Gaza.

Gaza était une petite ville, avec le camp de réfugiés « palestiniens » Jabalia… qui existe toujours ! Mon père les critiquait car ils étaient peu nombreux à se battre.

A l’école, on nous apprenait, par des poèmes et des chansons – « Les Arabes sont nos amis, les juifs sont nos chiens » -, la vengeance et la haine d’Israël. Les Juifs étaient décrits comme fourbes, traîtres. On nous disait : « Les Juifs fabriquent des gâteaux avec le sang des enfants Arabes ». On ne nous indiquait jamais les liens des Juifs dans cette région. J’étais antisémite.

Enfants, nous souhaitions mourir en shahada.

En 1956, votre père a été éliminé par Israël…

Oui, c’était la première élimination ciblée d’Israël qui avait beaucoup hésité auparavant, car mon père était très estimé. Après deux ans à Gaza, mon père avait demandé à plusieurs reprises à cesser son activité à Gaza, et à retourner en Egypte. On lui avait alors répondu de patienter…

Toute ma famille a été très choquée.

Avec le temps, j’ai compris les fedayin ont tué beaucoup d’Israéliens, et qu’Israël cherchait à protéger ses citoyens et agi pour la paix. Mais à l’époque, on ne nous parlait pas des morts israéliens.

Avec le temps, j’ai adopté une perspective historique et en faveur de la paix. Sinon, c’est le jihad permanent.

Votre famille est revenue en Egypte où votre père est enterré…


Le président d’Egypte, le général Gamal Nasser, a prononcé en octobre 1956, à Alexandrie, son grand discours sur la nationalisation du canal de Suez. Il a annoncé que l’Egypte allait venger mon père, mais n’a pas donné la raison de son assassinat. J’ai pensé que les Juifs aimaient tuer les Arabes.

Des dirigeants égyptiens sont venus nous présenter leurs condoléances, à la maison. L’un d’eux a dit, à mon frère, mes sœurs et moi qui avais 8 ans : « Lequel de vous va venger le sang de son père en tuant des Juifs ? » Nous sommes restés sans voix. J’avais l’impression que si j’aimais mon père, alors je devais tuer des juifs.


Comment s’est déroulée votre scolarité ?

Ma famille a reçu une pension de l’Etat égyptien.

J’ai étudié au collège catholique britannique, où l’on ne me parlait plus de haine, puis la sociologie et l’anthropologie à l’Université américaine du Caire.

J’ai été journaliste.


Pourquoi êtes-vous partie aux Etats-Unis ?

Mon premier mari était Copte, et je ne pouvais pas épouser un non-musulman en Egypte. Ma mère était tolérante. Les coptes sont toujours persécutés en Egypte.

J’ai apprécié l’égalité, la démocratie, la liberté aux Etats-Unis où je travaillais comme secrétaire.

Dans une mosquée américaine, on exhortait les musulmans à ne pas s’intégrer dans ce pays – « Nous sommes ici pour islamiser l’Amérique » -, et les musulmanes à porter fièrement le hijab que je n’avais jamais revêtu en Egypte.


Quels évènements vous ont fait évoluer ?

 Cela a été progressif. Par des lectures et des rencontres, je me suis rendue compte que les Juifs étaient différents de ceux portraiturés par l’endoctrinement de ma prime jeunesse.

En 1995, mon frère a eu un accident vasculaire cérébral en Egypte. Les médecins cairotes ont dit à ma famille : « Si vous voulez qu’il survive, il faut l’envoyer à l’hôpital Hadassah ». Soigné en Israël, mon frère a récupéré miraculeusement 95% de ses facultés. Je me suis alors dit : « Si des médecins égyptiens conseillaient de confier un patient à leurs confrères israéliens, c’est que les Juifs ne sont pas comme on nous les avait décrits ».

Les attentats du 11 septembre m’ont horrifiée. Je revenais d’un séjour en Egypte où j’avais perçu chez de jeunes Egyptiens l’anti-américanisme, l’antisémitisme, l’anti-israélisme et leur demande de visas pour les Etats-Unis. En voyant les avions s’écraser sur les Twin Towers, j’ai pensé : « C’est le jihad ». Des amis en Egypte ont alors allégué qu’il s’agissait d’un « complot Juif » !

Comme Arabe, je n’ai pas été discriminée en Amérique. Mes amis américains ont été très gentils avec moi. J’ai écrit une lettre à mes amis américains pour exprimer mes sentiments. Diffusée sur Internet, cette lettre a eu un large écho inattendu.

J’ai reçu des messages d’Arabes partageant mes idées, mais voulant garder l’anonymat, par peur. J’ai senti leur besoin d’un forum. En 2004, j’ai créé le site Internet ArabsforIsrael, décliné en anglais, arabe, français, espagnol...

Certains qualifient l’islam de « religion de paix »…

L’islam signifie la soumission, pas la paix (salam). La paix n’est pas une valeur pour l'islam. Elle n'est pas enseignée aux musulmans comme un objectif, et résulte d’une situation de faiblesse pour eux.

Quelle est votre analyse des problèmes du monde musulman?


Les problèmes centraux sont le jihad et la charia qui constituent l’essentiel du Coran. Mener le jihad pour l’expansion de l’islam et l’avènement d’un califat mondial, c’est un impératif pour chaque musulman. Même si son dirigeant ne mène pas le jihad. Dans le Coran, le jihad est associé à la violence dans 97% des occurrences, et dans 3% c’est le jihad intérieur : il s’agit des efforts du musulman pour se soumettre à Allah et à la charia sans se poser de question.

Le mensonge est obligatoire si c’est dans l’intérêt de l’islam [Nda : taqyia]. Si votre objectif est le jihad, vous devez le dissimuler.

Il n’y a pas de démocratie dans le monde musulman. Cela vient de la charia qui prévoit des modalités d’accès au pouvoir suprême – la désignation par le titulaire du pouvoir ou par les plus hauts dirigeants du monde islamique, la force -, ignorant des élections libres, et le devoir d’obéir au chef d’Etat musulman, même s’il est un tyran.

La plupart des Arabes n’acceptent pas la moindre interrogation sur l’islam. Il faut le réformer en enlevant les mentions sur le jihad et la charia.

J’ai signé la déclaration du Sommet de l’islam laïc (5 avril 2007) qui prône la séparation de la mosquée et de l’Etat dans les pays islamiques.

Les autres problèmes sont le manque de liberté, l’analphabétisation, le statut inférieur de la femme, l’absence de loyauté dans un couple islamique.

L’éducation musulmane induit deux sentiments exacerbés : l’honneur et la honte.

Comment votre combat est-il perçu par des musulmans ?

Je ne suis pas contre les musulmans et les Arabes.

La censure perdure dans le monde arabe. Quand des médias arabes m’interviewent, je me rends compte qu’ils n’ont pas lu mes livres.

Je m’exprime sur les campus d’universités américaines, qui souvent abritent une association musulmane radicale. Je cite les sourates et hadiths du Coran à l’appui de mes dires. Au premier rang, il y a généralement une musulmane voilée qui défend la charia. Quelques Arabes à la fin d’une conférence viennent me voir pour me chuchoter qu’ils me soutiennent.

Que devrait faire l’Occident face au terrorisme islamiste ?

L’Occident ne doit pas se haïr. Il ne doit pas pratiquer la politique de l’apaisement ni demander tout le temps pardon, au détriment de ses valeurs. Tous les pays ont des faits à se reprocher.


Comment analysez-vous le conflit au Proche-Orient : une guerre israélo-palestinienne, israélo-arabe ou entre le monde musulman et Israël ?
C’est une guerre religieuse sainte de jihad, du monde musulman contre Israël. Ses racines sont en partie dans l’islam. Ce n’est pas un conflit pour donner un territoire aux « Palestiniens ».  Ce terme se réfère à un espace géographique, et non aux musulmans ou aux Arabes.

Les non-musulmans n’ont pas le droit de se gouverner ; ils doivent être sous autorité musulmane. Les concessions territoriales ne servent à rien.

Contre Israël, la Ligue Arabe a maintenu les « Palestiniens » dans le statut de réfugiés et soutient les mouvements terroristes.

Le 15 avril 2009, vous vous êtes exprimée avec le Dr. Tawfik Hamid lors d’une conférence sur « le Hamas, le vrai obstacle à la paix ? » au Parlement européen. Comment votre message a-t-il été perçu ?

Bien. J’ai dit que le Hamas est un mouvement terroriste, islamiste, qui opprime son peuple et vise la destruction d’Israël en lui substituant un Etat régi par la charia.


Nonie Darwish est l'auteur de Now They Call Me Infidel, Why I Renounced Jihad for America, Israel and The War On Terror (Sentinel, 2006) et de Cruel and Usual Punishment, The Terrifying Global Implications of Islamic Law (Thomas Nelson, 2008).


Articles sur ce blog concernant :
 Cet article avait été commandé, mais non publié par L'Arche. Il a été publié sur ce blog le :
- 20 juin 2012 à l'approche de la présence de Nonie Darwish à la Summer Night for Human Rights du 23 juin 2012, et en raison de l'actualité tragique des chrétiens persécutés notamment par le mouvement islamiste Boko Haram au Nigéria ;
- 19 mars 2015. Nonie Darwish est l'une des invités du Global Faith Institute pour son événement Israel in the Heartland. A Night to honour Israel, le 19 mars 2015, à Omaha (Nebraska, Etats-Unis).

mardi 17 novembre 2015

Interview de Wafa Sultan


Née en Syrie, Wafa Sultan s’est installée aux Etats-Unis en 1989. Âgée de 48 ans, cette psychologue est une musulmane aux idées modérées. Elle est devenue célèbre en février 2006 lors de sa participation à un débat sur Al-Jazeera, traduit et diffusé par MEMRI. Elle y décrivait le clash entre « la civilisation et le retard » du monde musulman. Selon Time Magazine (avril 2006), elle est l’une des 100 personnes les plus influentes, dont « le pouvoir, le talent et l’exemple moral transforment le monde ». Elle nous avait accordé une interview le 13 novembre 2007, à Paris.


Vous êtes née en Syrie. Qu’est-ce qui vous a fait changer ?

Je n’ai pas changé en une nuit. Cela m’a pris beaucoup d’années pour devenir ce que je suis aujourd’hui. Par ma nature, j’aime poser des questions et douter afin d’arriver à une conclusion. Je pose toujours des questions. Je n’accepte pas qu’on m’impose quoi que ce soit. C’est mon caractère, et cela a joué un rôle pour que je devienne ce que je suis maintenant. Etre une femme issue d’un background musulman a joué un rôle. Etre mariée à un homme large d’esprit a joué un rôle. Emigrer d’un pays musulman vers les Etats-Unis et y vivre depuis 17 ans ont joué un rôle.

Qu’entendez-vous par clash entre « la civilisation et le retard », la démocratie et la rationalité, la liberté et l’oppression ?

Le retard signifie vivre au Moyen-âge alors qu’on vit en réalité au XXIe siècle.

Comment expliquez-vous que les gens sont emprisonnés dans cette période ancienne ?

Parce que les gens ont conservé les mentalités du Moyen-âge. Vous ne faites pas cela quand vous vivez au XXIe siècle. Il vous faut changer votre système de croyances, votre pensée et vos idées afin de les adapter à votre époque.

Pour vous, ce retard est constitué de la barbarie, du fait que la femme est traitée comme une bête, de l’ignorance massive parmi le monde musulman… Ce sont des conclusions de deux rapports célèbres du PNUD (Programme des Nations unies pour le développement) en 2002 et 2005. Pourquoi le monde musulman est-il dans cette situation grave ?

Choisissez un pays musulman. N’importe lequel. Qu’y observez-vous ? Rien, si ce n’est ce retard, la pauvreté, la dictature, l’ignorance, la maladie… Pourquoi ? Nos vies dans le monde musulman sont le produit des enseignements islamiques, car nos vies sont ce que sont nos croyances. Vous ne pouvez pas améliorer votre vie tant que vous ne voulez pas améliorer vos croyances. Votre situation résulte de vos comportements qui sont liés à vos croyances. Donc, pour changer votre situation, vous devez changer vos comportements, et donc vos croyances.

C’est difficile de changer ses croyances…

C’est difficile, mais ce n’est pas impossible. C’est ce que je veux dire à l’Occident. Je vis depuis 17 ans aux Etats-Unis. J’y ai appris que rien n’est impossible.

Vous pensez que l’islam est une religion et une idéologie…

Bien sûr.

Vous condamnez le lien entre l’islam et la violence, ou plutôt la manière dont certains utilisent l’islam pour tuer…

Je pense que la religion islamique n’a jamais été mal comprise. Je pense que l’islam est le problème, mais personne n’ose dire cette vérité. Personne ne veut analyser précisément les racines profondes du problème. L’islam n’est pas seulement une religion, mais aussi une idéologie politique. Un musulman qui se veut un vrai musulman doit accepter l’islam à la fois comme religion et comme idéologie politique.

Vous citez certaines phrases du Coran qui comparent les juifs et les chrétiens à des animaux…

Bien sûr. On nous a fait un lavage de cerveaux dès le plus jeune âge pour que nous croyions en cela. L’islam est composé du Coran et des hadîths. Il y a un célèbre hadîth – un hadîth est une parole du prophète Mahomet – qui dit : « Le jour [de la résurrection] les arbres et les rochers crieront : « Un Juif se cache derrière moi, viens et tue-le ! »

Vous dites qu’aucun juif n’a tué quiconque dans un restaurant allemand. Des Palestiniens ont tué dans des restaurants israéliens…

Seuls les musulmans défendent leur religion, leur enseignement, en tuant, en détruisant les églises et temples, en brûlant les ambassades. Je n’ai jamais entendu dire qu’un juif s’est fait exploser dans un restaurant allemand.

Que proposez-vous ? Adapter le Coran ? Changer le Coran ?

Je n’ai aucun espoir dans l’islam. Mais j’espère en les musulmans car ce sont des êtres humains comme on en rencontre dans toutes les communautés. Il y a parmi eux des personnes bien ; il y en a de mauvaises. La plupart utilisent leur bon sens. Donc nous pouvons changer leurs mentalités. Je n’ai aucun espoir à l’égard de l’islam car quand une idée est corrompue, on ne peut pas la réformer, mais on peut en changer. Il est possible de changer l’esprit qui croyait en cette idée. On peut remplacer cette idée ou ce système de pensée par un meilleur système de pensée. Vous ne pouvez pas réformer une idée corrompue : elle est corrompue. Jetez-la et remplacez-la par une meilleure idée.

Vous sentez-vous musulmane ou athée ?

Je ne pratique pas l’islam. Je n’y crois plus. Je ne suis aucune religion. Je me considère culturellement comme musulmane. Ce n’est pas mon choix d’être ou non musulmane. Je suis née et j’ai été élevée dans la religion musulmane. C’est dans ma peau. Je ne peux pas enlever ma peau.

Quelle est votre position à l’égard des juifs et de l’Etat juif ?

Je crois que les juifs ont le droit de vivre dans leur pays en paix.

Avez-vous rencontré des musulmanes favorables à une réforme de l’islam, Ayaan Hirsi Ali, Irshad Manji, Taslima Nasreen ?

J’ai rencontré la plupart d’entre elles. Chacune d’entre nous a une approche différente du problème. Le monde doit entendre nos voix, quelles que soient nos approches respectives.

Que pensez-vous de la controverse sur les dessins danois sur Mahomet ?

Je ne suis pas contre eux. Les musulmans ont besoin d’apprendre à écouter les autres, même s’ils n’aiment pas ce qu’on dit d’eux. Il nous faut continuer à critiquer l’islam pour le forcer à être réformé et changé. Je ne sais pas si vous vous souvenez des réactions des musulmans aux propos du pape. Elles étaient moindres que leurs réactions aux dessins. Plus vous agissez, moins les musulmans seront réactifs.

Nous devons être fermes à l’égard des extrémismes, ne pas être lâches, faibles…

Absolument. L’Occident souffre d’un manque de connaissance sur les réalités des mondes arabe et musulman. L’Occident ne pourra jamais gagner cette guerre tant qu’il ne comprendra pas l’esprit, la mentalité musulmane. Vous avez besoin de vous informer sur l’islam, vous forger votre jugement et le confronter à vos questions sur la religion.

Quels sont vos projets ? Allez-vous écrire un livre ?

J’ai écrit un livre qui est entre les mains de l’éditeur. J’espère qu’il paraîtra dans deux à trois mois. Ce n’est pas facile de suivre le processus éditorial. C’est un bon livre. Dans sa première partie, il traite de ma vie personnelle. Dans sa seconde, il présente ce que l’Occident doit savoir sur l’islam. Le lecteur pourra lier ma vie personnelle à ce que je dis sur l’islam.


Wafa Sultan, A God Who Hates: The Courageous Woman Who Inflamed the Muslim World Speaks Out Against the Evils of Islam. Saint Martin's Press Inc., 2009. 256 pages. ISBN-10 : 0312538359


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Cet article a été publié par Guysen en 2007, et sur ce blog le 9 février 2010.