Le Jeu de Paume présente l’exposition « Corps en résistance » (Bodies, Resisting) de Valérie Jouve. Des clichés en grands formats, sans titre, sans grand intérêt artistique, et avec un caractère politique biaisé, en faveur de la « Palestine », revendiqué par la photographe. Un catalogue partial d’interview de Valérie Jouve par Marta Gili, directrice de ce musée, exprime ce même parti pris politique.
Lors du vernissage presse, Marta Gili, directrice de ce musée, avait présenté cette exposition de Valérie Jouve comme « un projet qui lui tenait à cœur depuis des années ». Elle a annoncé que l’exposition sera présentée à la Fundación Luis Seoane, à La Corogne (Espagne). On se demande pourquoi.
Un bla bla bla verbeux annonce ainsi cette exposition située au premier niveau du musée : la « démarche de Valérie Jouve (née à Firminy, France, en 1964) interroge la capacité des corps à résister face à la normalisation sociale et urbaine. Depuis le début des années 1990, ses différents ensembles photographiques – que l’artiste désigne sous le terme corpus – opèrent une inlassable exploration tant des manières d’habiter l’espace que du rapport que nous entretenons à la ville et au territoire. Afin de réinvestir les possibles des lieux qu’elle photographie, elle ne précise pas leur localisation, esquissant un espace trouble et fictif. Formant un ensemble ouvert, complété par l’artiste au fil du temps, chaque corpus est nommé Sans titre et identifié par un sous-titre générique entre parenthèses : Les Personnages, Les Façades, Les Passants, La Rue, Les Situations, Les Arbres… » De quoi désorienter les visiteurs.
En plus des photographies de Personnages, qui « ne sont pas des portraits mais des mises en scène résultant d’une étroite collaboration avec un modèle autour d’une idée commune » et sont présentés à l’échelle quasi réelle, cadrés assez serrés dans un lieu urbain qui se déploie en arrière-plan », et autres séries, l’exposition présente deux films, Grand Littoral et Traversée.
Traversée (2012) « s’apparente à un road-movie tendre, une traversée de la Palestine – où Valérie Jouve s’est rendue pour la première fois en 2008 –, menée par le trio décalé et improbable d’une enfant, d’un marionnettiste et de sa marionnette. Ces personnages, traités avec une forme volontaire de naïveté, agissent comme les passeurs de ce territoire : ils lui ré-insufflent la réalité de la vie quotidienne en dehors du conflit dramatique qui s’y déroule, créant ainsi une sorte d’utopie ».
Un diaporama couleurs s’intitule « 6 villes palestiniennes » (2011-2013, 26 minutes) : Bethléem, Hébron, Jéricho, Jérusalem, Naplouse, Ramallah. Il a été réalisé lors de son séjour à Jérusalem. La caméra filme des paysages, ruraux et urbains, la barrière de sécurité anti-terrorisme dans sa partie murale, la ville de Jérusalem en plongée…
Je l’ai interrogée sur cette vidéo : « C’est le [seul] lieu que je nomme. On refuse de le nommer. Ce travail est fait car je reconnais la Palestine, car ce territoire a une identité très différente de son voisin, Israël… Je peux donner un regard sur cette identité arabe de la Palestine… Un territoire ne peut pas tenir six villes aussi énormes, différentes sans qu’il y ait un pays… Là, où il y a une langue, un territoire culturel, et une population cohérente, il y a un pays. Ce travail, c’est une petite reconnaissante de la Palestine… Ce sont les civils que je connais le plus de la Palestine. Vous ne verrez pas Gaza, car je ne voulais pas donner un nom à cette Palestine. J’ai choisi les villes que j’ai le plus côtoyées… Un travail très documentaire… Il y a 140 images. J’ai parfois convoqué ces images sur les murs dans l’exposition ». Quand j’ai rappelé à Valérie Jouve que notamment Jérusalem est la capitale de l’Etat Juif, qu’elle est mentionnée dans la Bible, la photographe m’a répondu : « J’ai des amis chrétiens qui se fichent de la Bible ».
Je me suis éloignée de Valérie Jouve et de journalistes ignares qui la soutenaient en lançant un « Salut les ignares ! »
Curieusement, Hélène Hadas-Lebel – Prix 2009 de la Coopération féminine remis sous l'égide de la Fondation du judaïsme français - sur RCJ et Noémi-Colombe Bromberg (Actualité juive hebdo, 27 août 2015), qui ont chroniqué l’exposition « Germaine Krull (1897-1985). Un destin de photographe », montrée au rez-de-chaussée, ont omis de critiquer celle sur Valérie Jouve.
Pourtant, sous la direction de Marta Gili, le Jeu de Paume a présenté en 2013 l’exposition Phantom House (Foyer fantôme) d’Ahlam Shibli glorifiant les terroristes palestiniens, gommant la judéité du photographe André Kertész, etc. Et Valérie Jouve est une photographe ayant déjà exposé des clichés sur des « Palestiniennes ».
L’exposition est accompagnée d’un catalogue avec des textes d’Arlette Farge et de Marie-José Mondzain, et un entretien de Valérie Jouve avec Marta Gili et Pia Viewing. Le tout financé par le ministère de la Culture et de la Communication.
La direction de Marta Gili oriente le Jeu de Paume vers une direction politique, financée par l’argent public. Cela répond-il à la mission du service public culturel ?
Jusqu’au 27 septembre 2015
Au Jeu de Paume
1 place de la Concorde. 75008 Paris
Tel. : +33 1 47 03 12 50
Le mardi de 11 h à 21 h et du mercredi au dimanche de 11 h à19h
Visuels :
Affiche
Valérie Jouve — Sans titre (Les Personnages avec Josette),
1991-1995
C-print, 100 x 130 cm,
© Valérie Jouve / ADAGP, Paris 2015
Courtesy de la galerie Xippas, Paris
Valérie Jouve — Sans titre (Les Situations), 1997-1999
C-print, polyptyque 6 photographies, 80 x 100 cm chaque
Numéro d’inventaire : FNAC 09-556 (1 à 6)
Centre National des Arts Plastiques, Paris
© Valérie Jouve / ADAGP, Paris 2015
Valérie Jouve — Sans titre (Les Façades), 2000-2002
C-print, 80 x 100 x 3,5 cm
© Valérie Jouve / ADAGP, Paris 2015
Courtesy de la galerie Xippas, Paris
Valérie Jouve — Traversée, détails, 2012
Film 16 mm, durée 18 min
© Valérie Jouve / ADAGP, Paris 2015
Courtesy de la galerie Xippas, Paris
Catalogue
Valérie Jouve — Sans titre (Les Figures avec Tania Carl),
2011-2012,
C-print, 160 x 200 cm
© Valérie Jouve / ADAGP, 2015
Courtesy de la galerie Xippas, Paris
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