Pour le 70e anniversaire du premier vote des femmes (29 avril 1945) et l’entrée au Panthéon de deux illustres résistantes - Germaine Tillion et Geneviève de Gaulle-Anthonioz -, la France a rendu hommage aux femmes actives dans la résistance par une exposition centrée sur 15 d’entre elles. Sur les grilles de l’Hôtel de Ville de Paris, et du Panthéon, des panneaux illustrés de photographies ont retracé leur engagement. Une exposition historique et politique. Du 25 août à partir de 17 h au 13 décembre 2020, le musée de la Libération de Paris-musée du général Leclerc-musée Jean Moulin rendra hommage à la résistante Cécile Rol-Tanguy, disparue le 8 mai 2020, jour du 75 e anniversaire de la victoire sur l’Allemagne nazie, par l’exposition biographique « Cécile Rol-Tanguy, une vie d’engagement (1919-2020) ». Entrée gratuite.
Femmes et résistance
Résistance en région parisienne
Destinations Auschwitz. Convois des déportés tatoués
Joséphine Baker (1906-1975)
L’historiographie a longtemps méconnu le rôle actif et divers des femmes dans la Résistance française à l’Occupation nazie et au régime de Vichy.
"Alors que l’on célèbre le 70e anniversaire du premier vote des femmes (29 avril 1945) et que les résistantes Germaine Tillion et Geneviève de Gaulle-Anthonioz vont compter parmi les grandes figures honorées par la nation, en reposant pour toujours au Panthéon, la reconnaissance de la place des femmes dans l’Histoire est indispensable".
"Alors que l’on célèbre le 70e anniversaire du premier vote des femmes (29 avril 1945) et que les résistantes Germaine Tillion et Geneviève de Gaulle-Anthonioz vont compter parmi les grandes figures honorées par la nation, en reposant pour toujours au Panthéon, la reconnaissance de la place des femmes dans l’Histoire est indispensable".
« Agents de liaison, cantinières, infirmières, secrétaires, standardistes ou combattantes…. Les Françaises ont largement participé à la Résistance. Une fois l’armée française défaite et l’Armistice signé, alors que la France de Vichy entre en collaboration avec l’Allemagne, des voix s’élèvent pour dire non et résister dès l’été 1940 ».
« Parmi ces voix, celles des femmes. Durant les quatre années d’occupation, elles résistent, chacune à leur manière : hébergement de clandestins, organisation de réseaux, impressions de tracts et de journaux clandestins, préparation d’engins explosifs, évasions, collecte et transmission d’informations."
"Certaines s’engagent dans les Forces françaises libres (1 800 femmes). Ce qui incite le général de Gaulle à fonder le 7 novembre 1940 « le corps des volontaires françaises, la première unité féminine de l’armée française. C’est une révolution car ces femmes qui signent un engagement militaire n’ont pas encore le droit de vote ».
"En 1944, à la Libération, cet « engagement n’est pas valorisé ». Misogynie ? Ignorance ? Les femmes « sont les grandes oubliées du conflit : elles auraient représenté 15 à 20 % des membres de la Résistance, mais on compte seulement six femmes parmi les 1 038 Compagnons de la Libération et elles représentent à peine 10 % des médaillés de la Résistance ».
"A partir de la fin des années 1970, les études sur les femmes se multiplient, et « depuis une trentaine d’années, ces combattantes et résistantes sortent de l’ombre ».
"Le 29 avril 1945, les Françaises votaient pour la première fois. Après cinq années de guerre et de combats intérieurs, auxquels les femmes avaient largement participé, la France réparait tardivement l’injustice en accordant aux Françaises la citoyenneté pleine et entière. La première génération des droits des femmes voyait le jour, celle des droits civiques et politiques. Soixante-dix ans après, trop rares sont les voix qui s’élèvent pour rendre hommage à ces femmes qui se sont battues sur le front intérieur, dans la Résistance. Cette exposition est l’occasion de reconnaître à sa juste valeur le rôle joué par ces femmes, et de refuser que leur engagement moral, civil et politique ne sombre dans l’oubli. Aujourd’hui, c’est à nous de faire vivre la mémoire de ces femmes, en rappelant leurs combats, ici et ailleurs. Nous leur devons le refus de l’ordre imposé, l’émancipation et l’éclosion de l’égalité entre les femmes et les hommes. Par nos mots et par nos actes, nous devons poursuivre leur action et continuer à nous battre pour renforcer les droits des femmes", a écrit Marisol Touraine, Ministre des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des femmes.
"Les femmes sont trop souvent les oubliées de l’Histoire dont elles sont pourtant actrices. Ce printemps 2015 nous offre l’occasion de célébrer leur rôle à travers plusieurs anniversaires ou hommages. 70 ans du premier vote des femmes en France le 29 avril, entrée au Panthéon de deux grandes figures de la Résistance, Germaine Tillion et Geneviève de Gaulle Anthonioz, le 27 mai. Nous voulons rendre hommage à ces femmes engagées qui se sont battues, face à la souffrance et la barbarie, pour défendre leurs idées. C’est le sens de cette exposition Femmes et Résistance, qui revient sur le rôle des femmes résistantes durant la seconde guerre mondiale. C’est finalement l’engagement civique de ces femmes dans la Résistance qui a apporté une contribution décisive à la conquête de l’égalité devant le suffrage. Leur courage, leur abnégation, leur combat civique a contribué à bâtir notre présent et doit continuer à nous inspirer aujourd’hui", a relevé Pascale Boistard, secrétaire d’Etat chargée des Droits des femmes.
« Nous n'avions pas le droit de vote […] mais nous avions une conscience politique et nous avions lutté contre l'oppression nazie, pour la patrie et les valeurs républicaines de liberté, de justice, de fraternité ». Par ces mots, Marie-José Chombart de Lauwe rappelle que les femmes ont été des résistantes avant d’être des citoyennes. Elles venaient de tout horizon. Elles étaient de toute condition sociale. Mais une chose les rassemblait : l’engagement. Certaines en ont payé le plus fort : Germaine Tillion et Geneviève de Gaulle Anthonioz, dont les destins furent liés dans l’enfer de Ravensbrück, et à qui la Nation rendra hommage le 27 mai 2015. Rares sont les résistantes qui sortirent de l’ombre. Pourtant, l’histoire de la Libération n’aurait pas pu s’écrire sans elles. Leur rendre toute la place qu'elles méritent dans la mémoire nationale, c'est dire que le combat pour leurs droits s'inscrit dans une longue histoire qu'elles ont marquée de leur empreinte par leur courage", a conclu Jean-Marc Todeschini secrétaire d’Etat chargé des Anciens combattants et de la Mémoire.
"Le 29 avril 1945, les Françaises votaient pour la première fois. Après cinq années de guerre et de combats intérieurs, auxquels les femmes avaient largement participé, la France réparait tardivement l’injustice en accordant aux Françaises la citoyenneté pleine et entière. La première génération des droits des femmes voyait le jour, celle des droits civiques et politiques. Soixante-dix ans après, trop rares sont les voix qui s’élèvent pour rendre hommage à ces femmes qui se sont battues sur le front intérieur, dans la Résistance. Cette exposition est l’occasion de reconnaître à sa juste valeur le rôle joué par ces femmes, et de refuser que leur engagement moral, civil et politique ne sombre dans l’oubli. Aujourd’hui, c’est à nous de faire vivre la mémoire de ces femmes, en rappelant leurs combats, ici et ailleurs. Nous leur devons le refus de l’ordre imposé, l’émancipation et l’éclosion de l’égalité entre les femmes et les hommes. Par nos mots et par nos actes, nous devons poursuivre leur action et continuer à nous battre pour renforcer les droits des femmes", a écrit Marisol Touraine, Ministre des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des femmes.
"Les femmes sont trop souvent les oubliées de l’Histoire dont elles sont pourtant actrices. Ce printemps 2015 nous offre l’occasion de célébrer leur rôle à travers plusieurs anniversaires ou hommages. 70 ans du premier vote des femmes en France le 29 avril, entrée au Panthéon de deux grandes figures de la Résistance, Germaine Tillion et Geneviève de Gaulle Anthonioz, le 27 mai. Nous voulons rendre hommage à ces femmes engagées qui se sont battues, face à la souffrance et la barbarie, pour défendre leurs idées. C’est le sens de cette exposition Femmes et Résistance, qui revient sur le rôle des femmes résistantes durant la seconde guerre mondiale. C’est finalement l’engagement civique de ces femmes dans la Résistance qui a apporté une contribution décisive à la conquête de l’égalité devant le suffrage. Leur courage, leur abnégation, leur combat civique a contribué à bâtir notre présent et doit continuer à nous inspirer aujourd’hui", a relevé Pascale Boistard, secrétaire d’Etat chargée des Droits des femmes.
« Nous n'avions pas le droit de vote […] mais nous avions une conscience politique et nous avions lutté contre l'oppression nazie, pour la patrie et les valeurs républicaines de liberté, de justice, de fraternité ». Par ces mots, Marie-José Chombart de Lauwe rappelle que les femmes ont été des résistantes avant d’être des citoyennes. Elles venaient de tout horizon. Elles étaient de toute condition sociale. Mais une chose les rassemblait : l’engagement. Certaines en ont payé le plus fort : Germaine Tillion et Geneviève de Gaulle Anthonioz, dont les destins furent liés dans l’enfer de Ravensbrück, et à qui la Nation rendra hommage le 27 mai 2015. Rares sont les résistantes qui sortirent de l’ombre. Pourtant, l’histoire de la Libération n’aurait pas pu s’écrire sans elles. Leur rendre toute la place qu'elles méritent dans la mémoire nationale, c'est dire que le combat pour leurs droits s'inscrit dans une longue histoire qu'elles ont marquée de leur empreinte par leur courage", a conclu Jean-Marc Todeschini secrétaire d’Etat chargé des Anciens combattants et de la Mémoire.
En brossant les portraits de quarante-six figures héroïques, l’exposition Femmes et Résistance vise à rendre hommage à toutes ces femmes. Exposés deux mois, en extérieur, vingt panneaux sont visibles par les passants de deux lieux symboliques : l’Hôtel de Ville de Paris, « lieu emblématique de la libération de Paris », et le Panthéon, où Germaine Tillion et Geneviève De Gaulle Anthonioz « sont entrées » au printemps 2015.
Curieusement, cette exposition occulte l’engagement politique de certaines résistantes : ainsi, Lucie Aubrac était engagée dans les Jeunesses communistes – la judéité de son époux Raymond est omise -.
Seule photographie détériorée par un « Beurck » : celle de Denise Vernay, née Denise Jacob en 1924 et sœur aînée de Simone Veil.
Germaine Tillion
"Ethnologue, historienne, voyageuse, scientifique, écrivaine, pionnière de l’ethnologie, elle a fait sa thèse avec Marcel Mauss (son manuscrit se perd au moment de sa déportation) et part vivre seule dans des montagnes en Algérie. Elle s’engage dans la résistance en juin 1940. D’abord dans un groupe d’assistance aux prisonniers de guerre, elle met en relation plusieurs réseaux et collecte des renseignements. Elle prend la tête du réseau Musée de l’Homme, mais se fait arrêter en 1942 et déporter à Ravensbrück en 1943."
"Au camp de Ravensbrück, malgré l’horreur du quotidien, elle impressionne par sa capacité à restaurer la solidarité et l’amitié parmi les détenues ; elle parvient même à les réunir autour de la création d’une pièce de théâtre d’opérette, puis d’une conférence sur les conditions de détention".
"Elle retourne en Algérie après la guerre, pour tenter d’améliorer les conditions de vie des Algériens. Elle met l’accent, dans ses recherches, sur la condition des femmes et la domination masculine. Elle décrit les mécanismes injustes des systèmes familiaux violents à l’égard des femmes."
"Née en 1907 elle est décédée en 2008 à l’âge de 101 ans, en laissant une importante oeuvre écrite. On peut citer sa lettre ouverte à Simone de Beauvoir en 1964, Le Harem et les cousins en 1966, et Les ennemis complémentaires."
Voici la lettre que Germaine Tiullion a écrit à la Gestapo après son arrestation :
"Après sa libération, elle travaille plusieurs années au cabinet du Ministre de la Culture André Malraux où elle s’attèle au développement et à la démocratisation de la culture. Elle rencontre le Père Joseph, fondateur d’ATD (agir tous pour la dignité) quart monde, et devient présidente de la branche française de 1964 à 1998. Elle a aussi présidé l’association nationale des anciennes déportées et internées de la Résistance (ADIR). En 1987 elle témoigne au cours du procès de Klaus Barbie."
"Nommée en 1988 au Conseil Economique et Social, elle met un point final à sa carrière dix ans plus tard, après avoir soutenu l’adoption, sous le gouvernement Jospin, de la loi du 29 juillet 1998 relative à la lutte contre les exclusions, défendue par Martine Aubry. Son action est guidée par sa foi catholique, sans en faire pour autant un sujet public."
"Née en 1920, elle est décédée en 2002 à l’âge de 82 ans, en laissant peu d’écrits. Il faut néanmoins citer La Traversée de la Nuit publié en 1998 sur sa vie au camp de Ravensbrück".
Rencontre au MDS
Le 27 mai 2016 de 19 h à 21 h, pour la troisième année, le Mémorial de la Shoah a célébré la Journée nationale de la Résistance. Une rencontre était organisée autour de descendants de figures de la Résistance juive en France, et du travail entamé pour perpétuer la mémoire de leurs engagements, à travers notamment les commémorations ou la littérature. Animée par Olivier Lalieu, historien, responsable de l’aménagement des lieux de mémoire et des projets externes, la rencontre réunit Georges Duffau-Epstein, président de l’Association nationale des familles de fusillés et massacrés de la Résistance française et ses amis, Guy Konopnicki, journaliste et romancier, et François Rachline, professeur à Sciences-Po.
"Résistantes. Les femmes seules face à l'adversité" Le 4 mai 2017, à 23 h 45, France 3 rediffusera Résistantes. Les femmes seules face à l'adversité, documentaire de Pierre Hurel (60 min). "Militaires, mères, infirmières, épouses ou espionnes : de 1939 à 1945, les femmes entrent en guerre et reprennent les rênes d'une Europe traumatisée. Une armée de femmes, célèbres ou anonymes, se bat pour échapper à la misère, s'affranchir du joug des hommes et du gouvernement, quitter le foyer et retrouver sa (...)"
France Bloch
Germaine Tillion
"Ethnologue, historienne, voyageuse, scientifique, écrivaine, pionnière de l’ethnologie, elle a fait sa thèse avec Marcel Mauss (son manuscrit se perd au moment de sa déportation) et part vivre seule dans des montagnes en Algérie. Elle s’engage dans la résistance en juin 1940. D’abord dans un groupe d’assistance aux prisonniers de guerre, elle met en relation plusieurs réseaux et collecte des renseignements. Elle prend la tête du réseau Musée de l’Homme, mais se fait arrêter en 1942 et déporter à Ravensbrück en 1943."
"Au camp de Ravensbrück, malgré l’horreur du quotidien, elle impressionne par sa capacité à restaurer la solidarité et l’amitié parmi les détenues ; elle parvient même à les réunir autour de la création d’une pièce de théâtre d’opérette, puis d’une conférence sur les conditions de détention".
"Elle retourne en Algérie après la guerre, pour tenter d’améliorer les conditions de vie des Algériens. Elle met l’accent, dans ses recherches, sur la condition des femmes et la domination masculine. Elle décrit les mécanismes injustes des systèmes familiaux violents à l’égard des femmes."
"Née en 1907 elle est décédée en 2008 à l’âge de 101 ans, en laissant une importante oeuvre écrite. On peut citer sa lettre ouverte à Simone de Beauvoir en 1964, Le Harem et les cousins en 1966, et Les ennemis complémentaires."
Voici la lettre que Germaine Tiullion a écrit à la Gestapo après son arrestation :
« Fresnes, 3 janvier 1943
Messieurs,
J’ai été arrêtée le 13 août 1942, vous le savez, parce que je me trouvais dans une zone d’arrestation. Ne sachant encore au juste de quoi m’inculper et espérant que je pourrais suggérer moi-même une idée, on me mit, pendant trois mois environ, à un régime spécial pour stimuler mon imagination. Malheureusement, ce régime acheva de m’abrutir et mon commissaire dut se rabattre sur son propre génie, qui enfanta les cinq accusations suivantes, dont quatre sont graves et une vraie:
1. Assistance sociale. J’ai en effet fondé et dirigé personnellement pendant un an un service dont le but était de venir en aide à tous les prisonniers de nos colonies relâchés immédiatement après l’armistice. Des appuis officiels sont venus, et mon organisation a fini par prendre une telle ampleur que je devais cesser de la diriger ou renoncer à mes travaux scientifiques, ce qui ne se pouvait pas. J’ai eu la chance de pouvoir confier mes équipes de visites d’hôpitaux et de confection de colis dans de très bonnes mains (un commandant de l’armée coloniale) en juillet 1941. À partir de cette date, je me suis consacrée exclusivement à mon œuvre d’ethnologie berbère, mais sans renoncer à venir en aide (à titre strictement privé et personnel) aux malheureux que le hasard mettait sur mon chemin. Je demande donc: En quoi cela est-il contraire aux lois de l’occupation ou à une loi quelconque?
2. Espionnage. Je nie formellement avoir jamais fait quoi que ce soit pouvant être qualifié ainsi. Depuis mon retour à Paris, je ne suis pas sortie une fois des limites du département de la Seine, fait que la police allemande ne conteste pas. En outre, je n’ai aucune compétence en matière militaire et, si j’avais eu des curiosités dans ce sens, vous auriez ou en trouver des traces chez moi car vous avez pu constater, par l’énorme fatras de mes papiers, tout ce qui m’intéresse fort. D’autre part, la police allemande a contrôlé le fait que c’est dans un café, par hasard, quelques mois avant mon arrestation, que j’ai rencontré un géologue, M. Gilbert T., vaguement connu six ans plus tôt et perdu de vue. Heureuse de reconnaître son obligeance d’il y a six ans, je l’invitai cordialement à venir chez moi et je l’ai revu trois ou quatre fois sans y attacher d’importance, car je connais beaucoup de gens à Paris et, en outre, mes activités sociales et scientifiques m’amenaient de nombreux visiteurs. N’oubliez pas que pendant 2 ans, je me suis trouvée à peu près seule spécialiste de l’ethnologie berbère de ce côté-ci de la Méditerranée, les autres résidant à Alger ou au Maroc. J’ai demandé à mon commissionnaire si, étant chef d’une organisation d’espionnage, il ferait ses confidences à une femme qu’il aurait connue dans un café et vue une ou deux fois (ce qui me laissait une semaine ou deux pour « espionner » en ne perdant pas de temps — et espionner quoi?). J’ajouterai ceci: si ce monsieur rencontré dans un café et vu une ou deux fois m’avait fait de telles confidences, cela n’aurait pu me paraître que très suspect; en 1942, un homme assez imprudent pour commettre une inconséquence pareille ne peut être considéré que comme un fou ou un agent provocateur. Bien au contraire, M. Gilbert T. me fit la meilleure impression: extrême obligeance, bonté, droiture, dévouement. Et son ami, M. Jacques Legrand, me parut être un homme lettré, d’un excellent milieu, modéré et sûr dans ses jugements, très humains (en outre, ce sont des hommes spartiates et courageux, mais c’est uniquement par vous, messieurs, que je le sais). […] Je demande donc: quelle sorte d’espionnage ai-je fait? Pour le compte de qui? Est-ce qu’un verre de bière pris à la terrasse d’un café constitue à lui seul une preuve suffisante à vos yeux?
3. Evasion. J’aurais (si l’on en croit mon acte d’accusation) fait évader, en compagnie de gens que je connais à peine, des gens que je ne connais pas du tout. «Et comment m’y suis-je prise?» ai-je demandé. Mais il ne fut pas répondu à cette question. D’où je conclus que mon commissaire, présumant (non sans raison) que je ne savais rien, préférait ne pas me mettre au courant. D’accord. Je demande donc si je suis accusée ou non. Et, si je suis accusée, comment puis-je me défendre si je ne sais pas avec détails de quoi je suis accusée?
4. Parachutistes. J’aurais été très certainement ennuyée si un parachutiste était descendu dans mon jardin, car il m’est absolument impossible de loger quelqu’un chez moi sans que tout le quartier le sache: ma grand-mère, âgée de 93 Ans, va encore chez quelques fournisseurs très proches et cause volontiers avec eux: en outre, nous sommes servies depuis 25 ans par une excellente femme, mais la plus bavarde et la plus peureuse du département. Je n’ose même pas imaginer quelles auraient pu être leurs réactions à toutes deux en présence desdits parachutistes. La seule chose dont je suis sûre, c’est que j’aurais jamais eu l’audace de m’y exposer. Au surplus, si on les interroge avec adresse et douceur, elles vous attesteront que pas un personnage du sexe masculin n’a reçu l’hospitalité chez moi depuis l’armistice. Je demande donc: d’où sortent ces parachutistes? Où les ai-je pris? Où les ai-je mis? Car je ne les ai pourtant pas dissimulés dans un repli de ma conscience (en admettant que celle-ci ait des replis).
5. Entreprise contre la police allemande. Je serais profondément navrée si l’on m’accusait d’ironie, c’est pourquoi je me fais un devoir de citer mot à mot et en détail ce qui me fut notifié au sujet de cette dernière et extraordinaire accusation. Après avoir consulté (d’un œil un peu trop rapide) le dictionnaire, mon commissaire me dit: «Vous êtes accusée d’avoir voulu naturaliser la police allemande et les traîtres français». Il se rendit compte que ça ne «collait» pas, car il repiqua dans son lexique. Simple lapsus. […]
Pendant que je réfléchissais sur ce thème, mon commissaire, émergeant enfin de son dictionnaire me disait: «Cette fois, je sais. Vous êtes chargée de rendre leur innocence aux membres de la police allemande».
Il y a là peut-être (probablement) un autre contresens, mais je fus si abasourdie (et réjouie) devant cette entreprise grandiose que je ne songeai pas sur l’instant à demander d’explication. J’ai pourtant l’habitude des requêtes les plus extraordinaires, car, comme vous le savez, j’ai vécu seule, en Afrique, pendant des années, en compagnie de tribus dites sauvages: des femmes mariées à des démons m’ont demandé de les divorcer; un vieux bonhomme (pire que Barbe-Bleue) qui avait, m’a-t-il dit, mangé ses huit premières épouses, m’a demandé une recette pour ne pas manger la neuvième; des tribus en guerre m’ont chargé d’un commun accord de leur tracer une frontière; j’ai vu des paiements de prix du sang, des jemaâ secrètes, des sorciers dansant une fois par an sur une montagne sacrée… Je ne parle pas de ceux qui, en transe, avalent des charbons rouges et jouent avec des vipères, la chose étant trop banale. Malgré ces compétences variées, je déclare formellement que, si ces messieurs de la police allemande ont réellement perdu leur innocence, je suis incapable de la leur rendre. Toutefois, s’ils tiennent à la retrouver, ils ne doivent pas désespérer. […] Je ne puis que conseiller à mon commissaire un pèlerinage sur les rives de ce fleuve fameux, d’où il nous reviendra, espérons-le, paré des grâces de Parsifal, mais je souhaite vivement qu’on n’attende pas cet heureux événement pour me dire que signifie cette histoire et en quoi elle me regarde.
Voilà, messieurs, tout ce que je sais au sujet de mon accusation. Vous reconnaîtrez vous-mêmes que c’est peu et que, en apparence, ce n’est guère sérieux. Remarquez que je ne proteste pas contre mon incarcération car je comprends parfaitement que le ratissage actuel est nécessairement trop sommaire pour qu’il n’y ait pas un grand nombre de personnes arrêtées sans raison. (Cela fait, peut-être, compensation, à un plus grand nombre de personnes qui, ayant des raisons d’être arrêtées, ne le sont pas. Et comme dit La Fontaine: «Si ce n’est toi, c’est donc ton frère.») Très franchement, je vous assure que j’envisage sans peur et sans mauvaise humeur tout ce qui n’atteint que moi —avec tout au plus un peu de curiosité, mais vous ne la trouverez ni injustifiée ni prématurée, car il y a près de six mois que je suis en prison.
C’est dans cette espérance, messieurs, que je vous prie d’agréer l’expression de mes sentiments choisis.
Germaine Tillion"
Geneviève de Gaulle-Anthonioz
"Femme politique, militante, dirigeante associative, elle entre dans la résistance en juin 1940 et intègre le mouvement de Défense de la France en 1943. Arrêtée la même année, Geneviève de Gaulle-Anthonioz est déportée en février 1944 au camp de femmes de Ravensbrück.""Après sa libération, elle travaille plusieurs années au cabinet du Ministre de la Culture André Malraux où elle s’attèle au développement et à la démocratisation de la culture. Elle rencontre le Père Joseph, fondateur d’ATD (agir tous pour la dignité) quart monde, et devient présidente de la branche française de 1964 à 1998. Elle a aussi présidé l’association nationale des anciennes déportées et internées de la Résistance (ADIR). En 1987 elle témoigne au cours du procès de Klaus Barbie."
"Nommée en 1988 au Conseil Economique et Social, elle met un point final à sa carrière dix ans plus tard, après avoir soutenu l’adoption, sous le gouvernement Jospin, de la loi du 29 juillet 1998 relative à la lutte contre les exclusions, défendue par Martine Aubry. Son action est guidée par sa foi catholique, sans en faire pour autant un sujet public."
"Née en 1920, elle est décédée en 2002 à l’âge de 82 ans, en laissant peu d’écrits. Il faut néanmoins citer La Traversée de la Nuit publié en 1998 sur sa vie au camp de Ravensbrück".
Rencontre au MDS
Le 27 mai 2016 de 19 h à 21 h, pour la troisième année, le Mémorial de la Shoah a célébré la Journée nationale de la Résistance. Une rencontre était organisée autour de descendants de figures de la Résistance juive en France, et du travail entamé pour perpétuer la mémoire de leurs engagements, à travers notamment les commémorations ou la littérature. Animée par Olivier Lalieu, historien, responsable de l’aménagement des lieux de mémoire et des projets externes, la rencontre réunit Georges Duffau-Epstein, président de l’Association nationale des familles de fusillés et massacrés de la Résistance française et ses amis, Guy Konopnicki, journaliste et romancier, et François Rachline, professeur à Sciences-Po.
"Résistantes. Les femmes seules face à l'adversité" Le 4 mai 2017, à 23 h 45, France 3 rediffusera Résistantes. Les femmes seules face à l'adversité, documentaire de Pierre Hurel (60 min). "Militaires, mères, infirmières, épouses ou espionnes : de 1939 à 1945, les femmes entrent en guerre et reprennent les rênes d'une Europe traumatisée. Une armée de femmes, célèbres ou anonymes, se bat pour échapper à la misère, s'affranchir du joug des hommes et du gouvernement, quitter le foyer et retrouver sa (...)"
France Bloch
Le 12 mai 2019 à 16 h 30, le Mémorial de la Shoah proposa, dans l'Auditorium Edmond J. Safra, la conférence sur France Bloch-Sérazin, chimiste française juive, fille du journaliste, historien et poète communiste Jean-Richard Bloch et nièce de l'écrivain André Maurois, résistante communiste guillotinée à Hambourg (Allemagne). La conférence était animée par Cécile Vast, docteure en histoire, chercheuse associée au Laboratoire de recherche historique Rhône-Alpes, en présence des auteurs d'un documentaire et d'un livre sur cette résistante juive communiste française, et "autour de la parution de France Bloch-Sérazin. Une femme en résistance (1913-1943), d’Alain Quella-Villéger, éd. des femmes - Antoinette Fouque, 2019 et de Mon Frédo, de Marie Cristiani, Arcane 17, 2018. « Mon Frédo » sont les deux premiers mots de la lettre d’amour que France Bloch écrivit à son mari, quelques heures avant son exécution, en Allemagne, le 12 février 1943. Cette lettre, Frédo Sérazin ne la recevra jamais. Il sera lui-même exécuté par la Gestapo, juste avant la fin de la guerre."
Suivi de "France Bloch, Frédo Sérazin" de Marie Cristiani (France, documentaire, 52 mn, C production/France 3, 2005) : "Fille de l’écrivain Jean-Richard Bloch, France appartient à l’élite intellectuelle. Frédo Sérazin est un ouvrier métallurgiste. Militants communistes engagés dans les luttes sociales et le soutien à la République espagnole, ils se marient en mai 1939, mais sont bientôt séparés par la guerre et confrontés à la répression antijuive et anticommuniste. Tous deux sont exécutés. France, qui rejoint dès 1940 l'organisation armée du PCF clandestin, est arrêtée en mai 1942, condamnée à mort par un tribunal allemand et transférée à la prison de Hambourg où elle est décapitée le 12 février 1943. Mobilisé en septembre 1939, puis renvoyé en usine comme « affecté spécial », Frédo est interné, s'évade par deux fois et rejoint les FTPF de la Loire. Arrêté par la Gestapo à St-Etienne en juin 1944, il est torturé et exécuté. Il n'a jamais reçu la lettre que France lui a adressée avant sa mort. Ils laissent un petit garçon, Roland, né en 1940. Le film France Bloch, Frédo Sérazin, réalisé en 2005 par Marie Cristiani pour France 3 Corse et primé à Nice en 2006 meilleur documentaire au Festival du film sur la Résistance, retrace le parcours croisé de ce « couple en résistance » auquel Evelyne Bouix et Pierre Arditi prêtent leur voix, et tisse le fil conducteur du coffret multimédia. Le cédérom et le livret d'accompagnement proposent un riche ensemble documentaire - banques d'images ; facsimilés de documents d'archives ; synthèses d'historiens ; pistes d'exploitation pédagogiques diversifiées et transdisciplinaires - qui éclaire l'histoire des femmes et des communistes dans la Résistance."
« Cécile Rol-Tanguy, une vie d’engagement (1919-2020) »
Du 25 août à partir de 17 h au 13 décembre 2020, le musée de la Libération de Paris-musée du général Leclerc-musée Jean Moulin rendra hommage à la résistante Cécile Rol-Tanguy, disparue le 8 mai 2020, jour du 75 e anniversaire de la victoire sur l’Allemagne nazie, par l’exposition biographique « Cécile Rol-Tanguy, une vie d’engagement (1919-2020) ».
"Cécile Rol-Tanguy fut résistante, agent de liaison de son mari Henri Tanguy, militant communiste et dirigeant syndical. Celui-ci, sous le nom de colonel Rol, installa le 20 août 1944 l’état-major des FFI de la région parisienne qu’il commandait dans un abri souterrain donnant dans un bâtiment municipal de la place Denfert-Rochereau. C’est là que Cécile transcrivit ses appels et ses courriers clandestins pendant la semaine de la Libération de Paris. Elle travaille aux côtés de son mari jusqu’à son décès en 2002 puis prend son relais pour faire connaître l’aide à l’Espagne républicaine et la Résistance à l’Occupation nazie".
"Désireuse de faire entrer les lieux de la Libération dans la mémoire de la ville de Paris, elle convainc en 2013 la future maire de Paris, Anne Hidalgo, de transférer le musée de la Libération de Paris-musée du général Leclerc-musée Jean Moulin à Denfert-Rochereau pour permettre la visite du poste de commandement du colonel Rol."
"Textes biographiques, photographies, témoignages vidéos brosseront le portrait de cette grande résistante, engagée pour la transmission de l’histoire : celle de la résistance et de la place des femmes dans cette lutte, mais aussi celle du combat antifasciste."
"Dans le prolongement de cet hommage, une rencontre scientifique sur ce thème sera organisée au mois de mars 2021 au musée."
Suivi de "France Bloch, Frédo Sérazin" de Marie Cristiani (France, documentaire, 52 mn, C production/France 3, 2005) : "Fille de l’écrivain Jean-Richard Bloch, France appartient à l’élite intellectuelle. Frédo Sérazin est un ouvrier métallurgiste. Militants communistes engagés dans les luttes sociales et le soutien à la République espagnole, ils se marient en mai 1939, mais sont bientôt séparés par la guerre et confrontés à la répression antijuive et anticommuniste. Tous deux sont exécutés. France, qui rejoint dès 1940 l'organisation armée du PCF clandestin, est arrêtée en mai 1942, condamnée à mort par un tribunal allemand et transférée à la prison de Hambourg où elle est décapitée le 12 février 1943. Mobilisé en septembre 1939, puis renvoyé en usine comme « affecté spécial », Frédo est interné, s'évade par deux fois et rejoint les FTPF de la Loire. Arrêté par la Gestapo à St-Etienne en juin 1944, il est torturé et exécuté. Il n'a jamais reçu la lettre que France lui a adressée avant sa mort. Ils laissent un petit garçon, Roland, né en 1940. Le film France Bloch, Frédo Sérazin, réalisé en 2005 par Marie Cristiani pour France 3 Corse et primé à Nice en 2006 meilleur documentaire au Festival du film sur la Résistance, retrace le parcours croisé de ce « couple en résistance » auquel Evelyne Bouix et Pierre Arditi prêtent leur voix, et tisse le fil conducteur du coffret multimédia. Le cédérom et le livret d'accompagnement proposent un riche ensemble documentaire - banques d'images ; facsimilés de documents d'archives ; synthèses d'historiens ; pistes d'exploitation pédagogiques diversifiées et transdisciplinaires - qui éclaire l'histoire des femmes et des communistes dans la Résistance."
« Cécile Rol-Tanguy, une vie d’engagement (1919-2020) »
Du 25 août à partir de 17 h au 13 décembre 2020, le musée de la Libération de Paris-musée du général Leclerc-musée Jean Moulin rendra hommage à la résistante Cécile Rol-Tanguy, disparue le 8 mai 2020, jour du 75 e anniversaire de la victoire sur l’Allemagne nazie, par l’exposition biographique « Cécile Rol-Tanguy, une vie d’engagement (1919-2020) ».
"Cécile Rol-Tanguy fut résistante, agent de liaison de son mari Henri Tanguy, militant communiste et dirigeant syndical. Celui-ci, sous le nom de colonel Rol, installa le 20 août 1944 l’état-major des FFI de la région parisienne qu’il commandait dans un abri souterrain donnant dans un bâtiment municipal de la place Denfert-Rochereau. C’est là que Cécile transcrivit ses appels et ses courriers clandestins pendant la semaine de la Libération de Paris. Elle travaille aux côtés de son mari jusqu’à son décès en 2002 puis prend son relais pour faire connaître l’aide à l’Espagne républicaine et la Résistance à l’Occupation nazie".
"Désireuse de faire entrer les lieux de la Libération dans la mémoire de la ville de Paris, elle convainc en 2013 la future maire de Paris, Anne Hidalgo, de transférer le musée de la Libération de Paris-musée du général Leclerc-musée Jean Moulin à Denfert-Rochereau pour permettre la visite du poste de commandement du colonel Rol."
"Textes biographiques, photographies, témoignages vidéos brosseront le portrait de cette grande résistante, engagée pour la transmission de l’histoire : celle de la résistance et de la place des femmes dans cette lutte, mais aussi celle du combat antifasciste."
"Dans le prolongement de cet hommage, une rencontre scientifique sur ce thème sera organisée au mois de mars 2021 au musée."
Du 25 août à partir de 17 h au 13 décembre 2020
4 Avenue du Colonel Henri Rol-Tanguy, 75014 Paris
(Place Denfert-Rochereau)
Téléphone : 01 40 64 39 44
Du mardi au dimanche de de 10 h à 18 h.
Ouverture de 17 h à 19 h le 25 août
Gratuit
Visuels :
Cécile Rol-Tanguy dans le poste de commandement souterrain de la place Denfert-Rochereau. Septembre 1944.
© INA
© Photo Emilie Chaix / ville de Paris
Jusqu’au 6 juillet 2015
Au Panthéon
Place du Panthéon, 75005 Paris
Articles sur ce blog concernant :
Les citations proviennent du dossier de presse. L'article a été publié le 6 juillet 2015, puis les 27 mai 2016, 4 mai 2017, 13 mai 2019.
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