L’Action artistique de la Ville de Paris a publié le livre-catalogue d’une exposition itinérante consacrée à ces « temples du délassement et de la sociabilité » (Béatrice de Andia). Nés à la fin du XVIIe siècle à la foire de Saint-Germain-des-Prés, les cafés ont été des lieux d’inspiration, de travail et d’exposition de nombreux artistes, dont ceux de l’Ecole de Paris, et des symboles de modes de vie.
« Cafés, estaminets, débits de boissons, cafés-littéraires, tavernes, bistrots, troquets, bars, caf’ conc’, bals musettes, cabarets, drugstores, cafés-théâtres, cafés-librairies… ». La langue française est riche pour désigner ces lieux aux réalités différentes, mais qui tous ont concouru à « la renommée de la capitale » et ont « précédé ou suivi les modes : de la foire Saint-Germain-des-Prés, en passant par le Palais-Royal, les boulevards, Montmartre, Montparnasse ou les Champs-Elysées ».
Ces cafés ont accompagné la vie culturelle – littéraire, picturale, etc. – de la capitale, révélant ses centres d’attraction, de débats politiques et de création artistique, en particulier pour les artistes juifs attirés par la « Ville lumière ».
Ce livre exhaustif envisage tous les aspects des cafés parisiens, et notamment leurs innovations architecturales et décoratives.
Enseignes, aquarelles, bas-reliefs, livres, vitraux, céramiques, objets du service (tasses, chocolatière), sièges, présentation d’un verrier et d’un comptoir en zinc des années 1920 évoquant l’histoire des bougnats (marchants de charbon et cafetiers, souvent auvergnats), jeux, machines à sous, photographies souvent inédites, et bien d’autres éléments procurent une agréable promenade dans le temps, entre histoire et mythe, et dans des univers parfois disparus.
Le charme et l’âme des cafés d’antan
La mode du café fut lancée en 1669 lors de la visite de l’ambassadeur de la Sublime Porte auprès de Louis XIV.
C’est plus d’un siècle plus tard, en 1781, qu’un Sicilien Francesco Procopio dei Coltelli crée le fameux café-littéraire, Le Procope, près de la Comédie-Française.
L’ont fréquenté Rousseau, Voltaire, puis Balzac et Anatole France.
Le café est ce « lieu de rencontres et d’échanges, intellectuels et galants, lié au monde du spectacle ». Il devient aussi le vivier de révolutionnaires.
« Le comptoir d’un café est le Parlement du peuple » (Balzac)
Sous le Directoire, les Parisiens aiment se promener le long du boulevard du Temple. Puis les Cosaques campent dans les « bistrots » des Champs-Elysées.
Pendant près d’un siècle et demi, les Grands Boulevards donnent le ton.
Sur la butte Montmartre, le café Guerbois est fréquenté par les impressionnistes Auguste Renoir et Camille Pissarro et le théâtre d’ombres assure le succès du cabaret Le Chat noir. Là, sous les Années folles, Le Bœuf sur le toit et les cabarets de chansonniers constituent des pôles avenants.
La réussite des Auvergnats ou "Cantaliens"dans le CHR (café-hôtel-restaurant) ? Une histoire qui débute par un fils de paysan devenant garçon de café. A Paris, il pouvait résider au Foyer des jeunes travailleurs de la Cité des Fleurs dans le XVIIe arrondissement de Paris. Deuxième étape : la gérance appointée (gérant-salarié), puis gérance libre (location des lieux). Puis, le jeune professionnel acquiert son premier café, qu'il revend pour acheter "un plus grand, mieux situé, voire plusieurs autres. Omniprésents : les grands fournisseurs-brasseurs - Tafanel, Richard, Bertrand, tous auvergnats - qui dénichent les bonnes affaires, les fonds de commerce à racheter, accordent un prêt au-dessous du taux du marché et aident aussi lors de l'installation en offrant les stores, la pompe à bière ou la machine à café. En échange, il suffit de se fournir chez celui qui vous aura prêté main forte." Certes, mais sans pouvoir négocier les tarifs. Dans les années 1990, "60% des bars, des brasseries et tabacs appartiennent à des compatriotes du Massif central. Les success stories font saliver : Lipp, la Coupole, les frères Costes... Autrefois, les fournisseurs accordaient des prêts à des taux préférentiels, maintenant, ils sont plus élevés que ceux pratiqués par les banques traditionnelles", déplorait Christophe, 32 ans, propriétaire du Tabac de la Mairie, dans le 15e arrondissement. (Le Nouvel observateur). Sont installées à Paris des agences du Crédit agricole du Cantal - 80% des clients travaillent dans les bars-brasseries - et de celui de l'Aveyron. L'Auvergne comptait environ 200 associations en Ile-de-France. L'hebdomadaire "L'Auvergnat de Paris", qui compte 10 000 abonnés, "L’Aveyronnais" et le "Cantalien" publiaient des petites annonces.
La réussite des Auvergnats ou "Cantaliens"dans le CHR (café-hôtel-restaurant) ? Une histoire qui débute par un fils de paysan devenant garçon de café. A Paris, il pouvait résider au Foyer des jeunes travailleurs de la Cité des Fleurs dans le XVIIe arrondissement de Paris. Deuxième étape : la gérance appointée (gérant-salarié), puis gérance libre (location des lieux). Puis, le jeune professionnel acquiert son premier café, qu'il revend pour acheter "un plus grand, mieux situé, voire plusieurs autres. Omniprésents : les grands fournisseurs-brasseurs - Tafanel, Richard, Bertrand, tous auvergnats - qui dénichent les bonnes affaires, les fonds de commerce à racheter, accordent un prêt au-dessous du taux du marché et aident aussi lors de l'installation en offrant les stores, la pompe à bière ou la machine à café. En échange, il suffit de se fournir chez celui qui vous aura prêté main forte." Certes, mais sans pouvoir négocier les tarifs. Dans les années 1990, "60% des bars, des brasseries et tabacs appartiennent à des compatriotes du Massif central. Les success stories font saliver : Lipp, la Coupole, les frères Costes... Autrefois, les fournisseurs accordaient des prêts à des taux préférentiels, maintenant, ils sont plus élevés que ceux pratiqués par les banques traditionnelles", déplorait Christophe, 32 ans, propriétaire du Tabac de la Mairie, dans le 15e arrondissement. (Le Nouvel observateur). Sont installées à Paris des agences du Crédit agricole du Cantal - 80% des clients travaillent dans les bars-brasseries - et de celui de l'Aveyron. L'Auvergne comptait environ 200 associations en Ile-de-France. L'hebdomadaire "L'Auvergnat de Paris", qui compte 10 000 abonnés, "L’Aveyronnais" et le "Cantalien" publiaient des petites annonces.
La Première Guerre mondiale marque le déplacement vers la rive gauche, vers le quartier Montparnasse. La Coupole, café-brasserie, devient le lieu de réunions de Picasso et d’artistes juifs ayant fui l’Europe centrale et la Russie. En témoignent la photo de Picasso, Modigliano et d’André Salmon devant la Rotonde, prise par Jean Cocteau avant 1916. Sur celle prise lors de l’inauguration de La Coupole, on peut reconnaître Moïse Kisling, Per Krohg, Foujita et Hermine David, épouse de Pascin.
De 1915 à 1916, sur trois cahiers de musique, Modigliani esquisse des portraits. Le peintre Pascin croque ses amis artistes et se dessine avec humour.
L’Entre-deux-guerres voit l’apogée de cafés littéraires avec Le Flore, les Deux Magots et la Brasserie Lipp dans le quartier de Saint-Germain-des-Prés. Ouvert en 1885, le Café de Flore a une réputation solidement établie quand l’écrivain Tristan Tzara y convoque les assistes du mouvement dada.
Cette tradition des auteurs écrivant dans les cafés – Simone de Beauvoir et Sartre – semble reprise par Georges Pérec, attablé au Café de la Mairie. Cet écrivain s’installe plusieurs semaines en octobre 1974 dans ce café de la place Saint-Sulpice, pour décrire ce qu’il voyait depuis sa table : passants, circulation, etc.
Les cabarets, notamment Les Trois baudets dirigé par Jacques Canetti, voient l’éclosion de jeunes talents, dont l’auteur-compositeur-interprète Barbara ou le chanteur Jean Ferrat récemment disparu.
Tandis que le Golf-Drouot accueille les Yés-Yé et autres adeptes du rock and roll.
Lieux de rencontres et de conversations (« Brèves de comptoir » par Jean-Marie Gourio), les cafés se sont dotés d’attractions, comme un juke-box ou la télévision dans les années 1960.
Plus récemment, sont apparus des cafés étudiants, des cafés-philosophies, des cafés visant dans certains groupes (homosexuels), des cafés de musées, des cyber-c@fés, des cafés branchés ou conçus autour d’un concept...
Le renouvellement des clientèles se conjugue avec celui des cafetiers : aveyronnais ou auvergnats, puis chinois, usant de méthodes similaires : tontine, patronage amical ou familial. Modifiant, animant ou accompagnant l’évolution de quartiers.
Le renouvellement des clientèles se conjugue avec celui des cafetiers : aveyronnais ou auvergnats, puis chinois, usant de méthodes similaires : tontine, patronage amical ou familial. Modifiant, animant ou accompagnant l’évolution de quartiers.
Les cafés épousent les mouvements de la capitale et de l’histoire... Les fils de paysans montaient à Paris pour travailler dans le CHR (Café/Hôtel/Restaurant).
Brasseries
Arte évoqua le 20 décembre 2014, dans Repas de fêtes, Le temps des brasseries : "À la fin du XIXe siècle, la brasserie incarnait le nec plus ultra de la restauration. Des plats et des lieux deviennent l’emblème d'un Paris où se font et se défont les courants artistiques, politiques et littéraires. Dans cet épisode, Michel Roth joue avec les codes de la cuisine régionale et populaire des brasseries. Son menu : œuf cocotte sur son lit d’asperges et d’écrevisses, choucroute revisitée et baba au rhum".
Tradition du vin remet chaque an La Bouteille d'or.
Pop-up cafés
Temporaires, nomades, des pop-up cafés apparaissent. Ils sont tendance aussi sur les réseaux sociaux.
Ils sont liés à des événements. Ainsi, le musée Cognacq-Jay en a créé un dans sa cour, les week-ends, lors de son exposition Thé, café ou chocolat ? L'essor des boissons exotiques au XVIIIe siècle. La Fashion week a aussi bénéficié d'un pop-up café.
Attentats du 13 novembre 2015
Les attentats terroristes islamistes revendiqués par l'Etat islamique (ISIS) et commis à Saint-Denis et à Paris ont ciblé des terrasses de cafés parisiens, emblématiques d'un mode de vie honni par ISIS.
Brasseries
Arte évoqua le 20 décembre 2014, dans Repas de fêtes, Le temps des brasseries : "À la fin du XIXe siècle, la brasserie incarnait le nec plus ultra de la restauration. Des plats et des lieux deviennent l’emblème d'un Paris où se font et se défont les courants artistiques, politiques et littéraires. Dans cet épisode, Michel Roth joue avec les codes de la cuisine régionale et populaire des brasseries. Son menu : œuf cocotte sur son lit d’asperges et d’écrevisses, choucroute revisitée et baba au rhum".
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Pop-up cafés
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Attentats du 13 novembre 2015
Les attentats terroristes islamistes revendiqués par l'Etat islamique (ISIS) et commis à Saint-Denis et à Paris ont ciblé des terrasses de cafés parisiens, emblématiques d'un mode de vie honni par ISIS.
Delphine Christophe et Georgina Letourmy, Paris et ses cafés. Action artistique de la Ville de Paris, 2004. 248 pages. ISBN : 2-913246-50-8
A lire sur ce blog :
Cet article a été publié sur ce blog les 27 mars 2010, 19 décembre 2014, 27 avril 2015.