« Opération Barbie. Affaire d’Etats » est un documentaire de Bertrand Delais. Révélant des informations inédites, ce film relate l'enquête, la traque de dix ans nécessaire à l’arrestation en Bolivie, l’expulsion, puis au procès en France de Klaus Barbie (1913-1991), « boucher de Lyon » - une expression portant atteinte à la réputation des bouchers. Une traque réussie en raison de la conjonction de facteurs politiques : refus de l'Allemagne de juger un de ses anciens espions, changements politiques en Bolivie et en France avec l'arrivée au pouvoir de gouvernements de gauche, etc. PLANETE+ CI les 3 novembre 2020 à 23h50, 4 novembre 2020 à 17 h 05, 9 novembre 2020 à 05 h 50 et 13 novembre 2020 à 00 h 15 "Mon meilleur ennemi", documentaire de Kevin MacDonald.
30 ans après. Le procès Klaus Barbie. Lyon, 1987
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« Nuremberg le procès des Nazis » de Paul Bradshaw et Nigel Paterson
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Le chef de la section IV (SIPO-SD, Sicherheitspolizei und Sicherheitsdienst) des services de la police de sûreté allemande aux Pays-Bas, à Lyon, l’un des Nazis les plus actifs contre le ghetto d’Amsterdam, le tortionnaire de Jean Moulin, ancien préfet de la République, chef du Conseil national de la Résistance et Délégué général du général de Gaulle, l’organisateur de rafles de 44 enfants de la maison d’Izieu, le 6 avril 1944, fait permettant de le juger en France en 1987 pour crime contre l’humanité… C’est Klaus Barbie (1913-1991).
Une longue traque
A la Libération de la France, Klaus Barbie se rend en Allemagne. Il est recherché par les Alliés – Etats-Unis, France - pour ses crimes de guerre.
Dès 1948, la France demande l’extradition de Klaus Barbie. Refus du CIC : pendant la Guerre froide, l’expérience acquise sous l’Occupation par Barbie dans la lutte contre les résistants communistes s’avère un atout.
En 1951, la police allemande l’accuse de vol. Grâce à de nombreux appuis (CIA, prêtre catholique Krunoslav Draganović), Barbie échappe de nouveau à tout procès et se réfugie en Argentine au terme d’un périple qui le mène à Vienne où il bénéficie de l’aide de Kurt Waldheim, Milan, Rome, puis Gênes.

En Bolivie, dont il acquiert la nationalité, Barbie prend le nom de « Klaus Altmann ». Directeur d’une entreprise d’exploitation de bois, Barbie dirige une compagnie maritime (1966-1971) et effectue le trafic de drogues et d’armes pour des dictatures militaires sud-américaines.
Dès 1964, Barbie collabore avec l’armée bolivienne. Il met de nouveau au service des pouvoirs politiques successifs, en particulier au Pérou, son expertise en matière de recherche d’opposants politiques et de torture.
En 1966 et 1967, Barbie aurait aussi été un agent du Service de renseignement de la République fédérale d’Allemagne (RFA) sous le nom d’Adler.

Le 18 février 1972, Beate Klarsfeld affirme que Klaus Altmann et Barbie ne sont qu'un seul et même individu. Toujours en 1972, TFl diffuse l’interview, en Bolivie, par le journaliste Ladislas de Hoyos de Klaus Altmann, qui nie être Barbie. Mais ses empreintes digitales le trahissent et prouvent sa réelle identité.
Régis Debray et ses amis survivants de la guérilla, dont Gustavo Sanchez, militant d'extrême gauche en Bolivie, tentent d'organiser l'enlèvement de Barbie/Altmann, "symbole de l'oppression nazie et sur les peuples d'Amérique latine". Debray rencontre le couple Klarsfeld. Celui-ci veut traduire devant la justice l'ancien dirigeant nazi, et non un "règlement de compte". Serge Klarsfeld réunit les fonds, utilise un "faux" passeport prêté par un ami. Direction : la Bolivie. Klarsfeld remet l'argent aux "apprentis agents". Barbie est caché dans la "prison dorée" de San Pedro par les autorités boliviennes.
18 février 1973. La demande d'extradition de la France est rejetée par la Bolivie. Barbie est libéré.
Une amie des Klarsfeld entre dans le cercle d'amis de Barbie et le surveille. Pendant dix ans, Barbie continue de mener ses affaires sans être inquiété.
En février 1982, un émigré bolivien annonce au couple Klarsfeld son intention du tuer Barbie. Mais il renonce à son projet en espérant la fin de la dictature militaire. Peu après la Bolivie et la France sont présidées par un président de gauche. C'est la "période romantique" du début de la présidence de François Mitterrand.

Encouragé par Gaston Defferre, Garcia contacte alors Régis Debray, chargé de mission pour les relations internationales auprès de l'Élysée. Serge Klarsfeld renoue avec Régis Debray qui rédige une note au Président Mitterrand. Une réunion interministérielle décide d'une rencontre entre le président bolivien Zuazo et Garcia afin de proposer ce marché, et présenter Barbie à un juge à Cayenne. Contre Barbie, le président Zuazo demande "un équipement sérieux pour la police". Un accord est conclu entre les autorités au plus haut niveau des deux pays. Le 5 novembre 1982, Christian Riss, juge d'instruction, lance un mandat d'arrêt international. Refus surprenant d'Interpol. Influence de Kurt Waldheim ?
Robert Badinter, ministre de la Justice, est favorable à un procès de Barbie. Malgré le soutien du Premier ministre socialiste Pierre Mauroy, le Président Mitterrand hésite, est "embarrassé". Crainte de voir renaître les dissensions de l'Occupation ? "Mitterrand a un grand sens de l'Histoire. Il mesurait que ce serait le procès des criminels contre l'humanité. Ce serait porter à son crédit", analyse Robert Badinter.
La CIA évalue la transaction d'armes françaises à 10 millions de francs. Les "Etats-Unis décident de ne plus soutenir les dictatures d'Amérique latine de plus en plus liées au cartel de la drogue".
La demande d'extradition d'un juge allemand court toujours. La RFA ne souhaite pas un procès de Barbie sur son sol.

Après sept heures de vol, l'Hercule bolivien se pose sur l'aéroport de Cayenne, en Guyane française. Barbie est stupéfait. Le procureur lui signifie son mandat d'arrêt.
En France métropolitaine, Barbie est détenu, selon la volonté de Robert Badinter, à la prison de Montluc, là où a été torturé Jean Moulin pendant deux jours.
L'instruction débute. Il y a prescription pour la mort de Jean Moulin. Barbie ne peut être poursuivi que pour des crimes pour l'Humanité. Klarsfeld retrouve l'original de l'ordre de l'arrestation des enfants Juifs d'Izieu - le plus jeune enfant avait quatre ans -. D'autres crimes sont révélés, dont la rafle de la rue Sainte-Catherine au cours de laquelle le père de Robert Badinter a été arrêté. "En voyant l'ordre de déportation de son père, je mesure que l'abolition de la pine de mort concernait au premier chef l'assassin de mon père. Je me suis interrogé à ce sujet Ce que j'ai appris au long de cette affaire : l'abolition correspondait à ce qu'il était", déclare d'une voix émue Robert Badinter.
Le 11 mai 1987 « débute à Lyon le procès de Klaus Barbie, accusé de crimes contre l'humanité commis durant la Seconde Guerre mondiale. Détenu au fort Montluc d'où il avait ordonné les exactions contre les Juifs et les résistants, l'ancien chef de la Gestapo est condamné à la réclusion à perpétuité. Mais pour en arriver à ce procès hors norme, dix ans de traque et d'intrigues entre États ont été nécessaires. La colère de citoyens, de journalistes et de conseillers politiques qui refusaient de voir Barbie en liberté aura finalement eu raison du « boucher de Lyon ».

Simone Lagrange
Simone Lagrange avait témoigné lors du procès de Barbie. Elle était née dans une famille juive originaire du Maroc, du nom de Kadoshe. La famille Kadoshe s'était fixée dans les années 1930 à Saint-Fons (métropole de Lyon). À l'âge de 13 ans, Simone "avait été arrêtée avec ses parents au domicile familial sur dénonciation le 6 juin 1944. Conduits dans les locaux de la Gestapo à Lyon, fille et parents avaient été interrogés et torturés par son chef Klaus Barbie, surnommé « le boucher de Lyon », qui voulait savoir où étaient cachés les plus jeunes des enfants de la famille". Détenues à Montluc, Simone et sa mère "avaient été transférées à Drancy le 23 juin, puis déportées sept jours plus tard vers le camp d'Auschwitz-Birkenau par le convoi n° 76. Mère et fille avaient été sélectionnées à leur arrivée pour le travail dans le camp des femmes de Birkenau, mais la mère de Simone avait été gazée dès le 23 août. Son père avait été déporté par le convoi parti de Lyon le 11 août 1944, avec deux des enfants de sa fille aînée âgés de 5 et 7 ans. Seule Simone avait survécu au travail forcé et aux marches de la mort, au cours desquelles son père fut tué sous ses yeux le 19 janvier 1945. De retour en France fin mai 1945, elle retrouva ses jeunes frère et sœur qui avaient été cachés dans une institution religieuse".

Grâce à des archives du ministère français des Affaires étrangères, des services secrets de l’ex-République fédérale allemande, et du ministère américain de la Justice, aux témoignages d’acteurs contribué à l'arrestation de Klaus Barbie, aux interviews de Serge et Beate Klarsfeld, qui avaient échoué à enlever Klaus Barbie, ainsi que de Robert Badinter, alors ministre de la Justice, Régis Debray, le « voile se lève sur les dix années de traque et d'intrigues entre Etats qui ont été nécessaires pour aboutir au procès de l'ancien nazi ».
A quand un documentaire sur une chaîne publique française sur le rôle du ministère français des Affaires étrangères, soucieux de la « politique arabe » de la France, dans la fuite en mai 1946 vers l’Egypte, après un séjour très agréable d’un an à Paris et dans sa banlieue, du grand mufti de Jérusalem Mohamed Amin al-Husseini, éminent collaborateur des Nazis, alors que la Grande-Bretagne et la Yougoslavie voulaient le juger pour crimes de guerre ?
Les 10 mai 2016 à 21 h 40, 12 mai à 18 h 15, 13 mai à 12 h 35, 15 mai à 23 h 23, Toute l'Histoire diffusera Opération Barbie, affaire d'Etats, documentaire de Bertrand Delais (2014, 52 min) : "Le 11 mai 1987 débute à Lyon le procès de Klaus Barbie, accusé de crimes contre l'humanité commis durant la Seconde Guerre mondiale. Détenu au fort Montluc, d'où il avait ordonné les exactions contre les juifs et les résistants, l'ancien chef de la Gestapo est condamné à la réclusion à perpétuité. Mais pour en arriver à ce procès hors norme, dix ans de traque et d'intrigues entre États ont été nécessaires. La colère de citoyens, de journalistes et de conseillers politiques qui refusaient de voir Barbie en liberté aura finalement eu raison du «boucher de Lyon ».

La maison d'Izieu





Il a déclaré : "Le crime contre l’humanité s’est produit, ici, dans ce cadre admirable et paisible, sur ce terre-plein où je me situe et qui domine la vallée du Rhône, au milieu des montagnes du Bugey et du Dauphiné. Il était 8h30, le 6 avril 1944. C’était le début des vacances de Pâques. L’innocence avait trouvé refuge dans cette Maison. Des enfants avaient confiance dans la vie, ils pensaient être, ici, à l’abri. Ils ignoraient qu’ils étaient une proie. Ordre avait été donné par Klaus Barbie aux soldats SS et à la Gestapo de ratisser la région et de rechercher tous les juifs qui pouvaient s’y cacher, et notamment les enfants, pour les déporter et les conduire au supplice. Une voiture, deux camions se sont donc arrêtés devant la Maison et ont emmené vers la mort les 44 enfants et les 7 adultes qui étaient avec eux. Ces enfants – dont certains n’avaient pas 4 ans – ont d’abord été conduits dans la prison de Montluc à Lyon, puis transférés à Drancy, inscrits sous les numéros 19185 à 19235 ; et quelques jours après, ce fut le départ pour un voyage dont la seule survivante fut Léa Feldblum. Les plus jeunes ont péri dans la chambre à gaz d’Auschwitz, tandis que les plus âgés, c'est-à-dire les adolescents et les éducateurs ont été fusillés à Reval en Estonie".
Les 10 mai 2016 à 21 h 40, 12 mai à 18 h 15, 13 mai à 12 h 35, 15 mai à 23 h 23, Toute l'Histoire diffusa Opération Barbie, affaire d'Etats, documentaire de Bertrand Delais (2014, 52 min).
Mémoires vives a interviewé le réalisateur Bertrand Delais.
"Klaus Altmann alias Barbie. La seconde vie du "boucher de Lyon"




"Mon meilleur ennemi"
PLANETE+ CI les 3 novembre 2020 à 23h50, 4 novembre 2020 à 17 h 05, 9 novembre 2020 à 05 h 50 et 13 novembre 2020 à 00 h 15 "Mon meilleur ennemi" (My Enemy's Enemy), documentaire de Kevin MacDonald. On connaît le nazi Klaus Barbie, chef de la Gestapo et «Boucher de Lyon», tortionnaire de Jean Moulin, condamné en 1987 à la prison à vie pour crimes contre l'humanité. Mais l'agent Barbie travaillant pour les services secrets américains ? Et Klaus Altmann, l'homme de l'ombre de la répression bolivienne ? Kevin Macdonald nous révèle les trois vies barbares de Klaus Barbie. A travers l'itinéraire d'un bourreau ordinaire, ce film retrace l'histoire secrète du XXe siècle, ses omissions, ses contradictions et ses atrocités : pour comprendre, pour ne pas oublier".
"Mon meilleur ennemi", documentaire de Kevin MacDonald
Etats-Unis, 2007, 85 minutes
Sur PLANETE+ CI les 3 novembre 2020 à 23h50, 4 novembre 2020 à 17 h 05, 9 novembre 2020 à 05 h 50 et 13 novembre 2020 à 00 h 15
Allemagne, 2015
Sur Arte le 23 janvier 2019 à 01 h 40
Visuels :
Klaus Barbie , officier SS
Klaus Barbie , Alvaro de Castro
Photo signaletique française de Klaus Barbie à partir de 1948
Klaus Altmann avec des représentants de Transmaritima Boliviana. La publication de cette photo a conduit plus tard à l'identification de Barbie.
© Peter F. Müller

Arte France / Siècle Productions, avec le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, 2014, 53 min
Sur Arte les 10 mars à 22 h 30, 8 septembre à 22 h 50 et 28 septembre 2015 à 16 h 25, 14 août 2017 à 3 h 50
Klaus Barbie, le chef de la Gestapo de Lyon, est considéré comme l'un des plus grands criminels de guerre
© Siècle Productions
Klaus Barbie, surnommé le "boucher de Lyon" lors de son procès
© Marc Riboud
Le politicien Robert Badinter
© Siècle Productions
Un article dans le journal "Presencia" sur l'extradition de Klaus Barbie en France, 1983.
© Siècle Productions
© Présidence de la République - C.Chavan
Colonie d'Izieu, été 1943 (maison d'Izieu, succession S. Zlatin)
Télex du 6 avril 1944. (CDJC, Mémorial de la Shoah)
A lire sur ce blog :
Les citations proviennent d'Arte. Cet article a été publié sur ce blog les 10 mars et 7 septembre 2015, 18 février et 9 mai 2016, 30 mars et 13 août 2017, 21 janvier 2019.
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