jeudi 2 août 2018

Le foulard islamique en France, en Allemagne, en Belgique, en Autriche et au Danemark


Arte diffusa, dans le cadre du magazine Square Idée, Islam : l’Europe lève le voile et « Sous le signe du voile » de Hilka Sinning. Deux courts métrages sur le port du foulard islamique en France et en Allemagne. Au Danemark, la loi interdisant le port du foulard islamique intégral dans les lieux publics est entrée en vigueur.


En 2011, l’étude The Future of the Global Muslim Population du Pew Research Center a indiqué que la part des musulmans dans la population européenne devrait passer de 6 % à 8 % : de 7,5 % à 10,3 % en France (4,704 millions à 6,860 millions), de 5 % à 7,1 % (4,119 millions à 5,545 millions)…

Les gouvernants font face à des minorités quantitativement importantes qui, regroupées dans certaines zones, régies par la sharia, défient les valeurs nationales et représentent un poids électoral significatif.

Depuis plusieurs décennies, dans une Union européenne (UE) régie par la liberté de circulation des personnes, des biens et des services et développant un corpus normatif protégeant les migrants, de nombreux pays ont choisi d’adopter le relativisme culturel et le modèle d’une société multiculturelle gommant son histoire et qui peine à assimiler, voire intégrer un nombre très élevé d’immigrés.

Démocraties testées
Doit-on prohiber le voile islamique ? Comparant les situations en France et en Allemagne, ce documentaire “s'interroge sur les dangers, réels ou imaginaires, que représente cette pièce de tissu et sur les raisons de la fascination qu'elle exerce”. 

Il aborde la représentation picturale du voile ou foulard cachant ou dévoilant la chevelure, le visage ou le corps “déesses babyloniennes, dames de l’Antiquité ou madones médiévales”. 

Il étudie aussi le foulard islamique sous ses différentes variantes - burqa afghane, niqab arabe, burkini – qui inspirent de vives polémiques en Occident.

Dans les années 1980, la question du foulard ou voile islamique pour des collégiennes d’établissements scolaires publics a focalisé en France cette tension entre revendication islamique et modèle national. Ainsi testée, la démocratie a répondu avec faiblesse : en 1989, le gouvernement socialiste Jospin a feint de ne pas saisir la signification de cette question – égalité entre hommes et femmes, volonté de musulmans de défier la séparation entre l’Eglise et l’Etat et de subordonner celui-ci à l’islam - et a botté en touche en demandant l’avis du Conseil d’Etat. Pour la haute juridiction administrative, « dans les établissements scolaires, le port par les élèves de signes par lesquels il entendent manifester leur appartenance à une religion n'est pas par lui-même incompatible avec le principe de laïcité, dans la mesure où il constitue l'exercice de la liberté d'expression et de manifestation de croyances religieuses ».

Ce test à l’égard de la république s’est décliné en variantes – prières dans les rues, l'affaire de la crèche Baby Loup, etc. -, et a resurgi sous la présidence de Jacques Chirac. Le 15 mars 2004, suivant les préconisations de la Commission Stasi, une loi, assortie d'une circulairea prohibé  le port des « signes ostentatoires » dans les écoles, collèges et lycées publics.

Le 11 octobre 2010, la loi interdisant la dissimulation du visage dans l'espace public, dite loi anti-burqa, est entrée en vigueur six mois après sa promulgation, soit le 11 avril 2011. Les photographies publiées par de nombreux médias montrent Hayat Boumeddiene, compagne de l'islamiste Amedy Coulibaly, qui a assassiné une policière à Montrouge et quatre Juifs dans l'hypercacher de la porte de Vincennes à Paris, en niqab noir et s’entraînant à tirer dans une forêt. 

En décembre 2013, le site Internet du Premier ministre Jean-Marc Ayrault publie un rapport sur l'intégration favorable au retour du voile islamique dans les établissements publics scolaires. Un rapport vite ôté de ce site.

En France, le pouvoir politique, de droite et de gauche, a instrumentalisé le judaïsme et le christianisme pour éviter de demander à l’islam ce qui fut exigé des deux premières religions aux XIXe et XXe siècles. La France affronte « le problème de la non-intégration de l’islam dans le schéma républicain », a précisé Shmuel Trigano, professeur à l'université Paris X, en 2010. A la différence du christianisme et du judaïsme qui s’est réformé au début du XIXe siècle (Concordat, Sanhedrin, Consistoire) sous la férule de l’empereur Napoléon 1er, l’islam a en France, car l'Etat n'a pas su exiger de lui sa réforme, de facto (nolens volens) un « statut de religion la plus favorisée sans s’intégrer dans l’Etat » et sans avoir renoncé à ses ambitions politiques.

Ainsi que le rappelle Jean-Paul Brighellli le 11 janvier 2015, Richard Malka, disait il y a quelque temps que le foulard islamique était "l'anéantissement, l'ensevelissement du triptyque républicain "Liberté, Égalité Fraternité".

L’étoile de David, la kippa et la croix ont été assimilées à tort au foulard islamique. Au nom du « vivre ensemble » et de la laïcité, les dirigeants de ces deux religions ont accepté injustement l’abaissement de leur foi et des amalgames infondés.

Des mouvements féministes ou d'extrême-gauche ont soutenu le port du foulard islamique.

Au lieu que des musulmans se familiarisent avec les différents vocables attribués aux habits européens, ce sont les autochtones, Juifs, athées ou chrétiens, qui apprennent à distinguer les différents vêtements occultant la quasi-totalité du corps féminin.

Au « Parlement français, dans les pages Société des journaux allemands ou dans les forums néerlandais en ligne, l’image donnée par les femmes portant le voile ou le foulard dans les lieux publics est l’objet d’âpres discussions, qui ont parfois mené à des interdictions. Mais elle est aussi source d’inspiration culturelle ou artistique, comme pour l’artiste d'origine iranienne Shirin Neshat ou pour l’écrivain turc Orhan Pamuk ».

Le documentaire Sous le signe du voile « met au jour les champs de signification les plus complexes dissimulés sous le voile. En prenant tour à tour le point de vue français et le point de vue allemand, il s’interroge sur les dangers, réels ou imaginaires, que représente cette pièce de tissu et sur les raisons de la fascination qu’elle exerce”.

Voiles et niqabs inspirent curiosité et inquiétude tant ils symbolisent “une radicalisation islamique”. « Square » a recueilli les réflexions de deux féministes, l’artiste autrichienne Uli Aigner et la sociologue franco-turque Nilüfer Göle". Plasticienne, Uli Aigner "expose dans une vitrine du Museumsquartier de Vienne un mannequin habillé d'une burqa et demande aux visiteurs de régir. Car si elle même se sent « agressée » par ces nouvelles présences quotidiennes, elle se veut de réévaluer son rapport à l'islam et à l'autre. Nilüfer Göle spécialiste de la modernité musulmane, nous éclaire, hors des sentiers battus, sur le port du voile. Mais surtout, toutes deux croient fermement en une Europe qui doit se construire avec des citoyens venus de différents horizons".

Selon la sociologue Nilüfer Göle, "le débat dans les médias incite à la polarisation. La représentation de la burka est devenue populaire. L'islam entre dans l'imaginaire des artistes. C'est une forme de familiarisation avec l'autre" dans ce "moment de victoire de l'islam, en train de devenir un phénomène endogène en Europe". C'est une "hybridation des normes" qu'elle constate chez les musulmans interviewés qui "disputent leur place dans les sociétés européennes". Et d'ajouter : "L'Europe ne doit pas être une identité, mais un projet, un lieu à l'héritage énorme. On peut créer du nouveau. L'islam européen est un autre islam... Les jeunes qui partent en djihad ne retrouvent pas de sens dans leur vie... Le mouvement #NotInMyName sont des musulmans ordinaires ont affirmé leur citoyenneté européenne... L'exceptionnalisme européen n'était pas son identité".

Quant à Uli Aigner, elle essaie de "comprendre le contexte religieux" et souligne la diversité du monde musulman. Elle élude la guerre et s'intéresse aux images médiatiques, "espère que l'Europe arrivera à s'entendre avec l'islam".

Ces documentaires occultent le rôle de l'OCI (Organisation de la coopération islamique), de dirigeants politiques de pays musulmans, telle la Turquie, et de mouvements islamistes. Ils évitent aussi tout questionnement sur l'islam et l'immigration.

Interdiction partielle en Allemagne
Le 19 août 2016, Thomas de Maizière, ministre de l'Intérieur (CDU) et proche d'Angela Merkel, a évoqué l'interdiction du voile intégral, dont la burka, sans la justifier par des raisons de sécurité, mais en arguant que ce vêtement « n'est pas compatibles avec notre pays ouvert sur le monde ». " L'interdiction partielle du voile intégral fait partie d'une « déclaration de Berlin » comportant un catalogue de mesures sur la sécurité et l'intégration qui a été signée de tous les ministres de l'Intérieur conservateurs des Etats-régions allemands. Le débat sur le sujet a été poussé ces derniers jours par le quotidien populaire Bild, avec le slogan « un regard libre pour des citoyens libres ».

"Plusieurs politiques ont affiché dans le quotidien leur opinion en faveur de l'interdiction de la Burka, notamment le populaire Wolfgang Bosbach, de la CDU, spécialiste des questions intérieures. Le quotidien de centre-gauche ,,Süddeutsche Zeitung" s'est aussi vivement prononcé pour l'interdiction du voile intégral qui ne signifie pas, selon lui, un signe de croyance musulmane à l'instar du foulard, mais une « posture politique ».

"Pour l'instant, aucune loi fédérale n'interdit le voile intégral. Chaque Land a la décision responsabilité de légiférer. En 2011, plusieurs Länder ont légiféré sur le foulard, comme la France en 2004. Huit régions interdisent déjà les signes ostentatoires d'appartenance religieuse pour les enseignantes, voire pour tous les agents publics".

Le 27 avril 2017, les députés allemands ont voté un projet de loi interdisant, sauf exceptions, le port du voile intégral. Cette loi contraindra "les agents publics à avoir le visage totalement découvert dans le cadre de leurs fonctions, mais il n'interdit pas le port du voile intégral dans l'espace public. Un vote intervenu alors que le pays a récemment accueilli plus d'un million de migrants, en grande majorité musulmans... Pour les personnes non fonctionnaires, "lorsqu'une identification est nécessaire et requise", les autorités pourront également exiger qu'elles retirent le voile ou tissu dissimulant leur visage, ajoute le texte. Officiellement, cela ne concerne pas que le voile intégral islamique. La loi a pourtant été clairement rédigée pour la burqa ou le niqab. "L'Etat a le devoir de se présenter lui-même de façon idéologiquement et religieusement neutre", insiste le texte de loi. "Une dissimulation religieuse ou idéologique du visage dans l'exercice d'une fonction publique (...) va à l'encontre de ce devoir de neutralité", précise le texte. Pour prendre effet, ce texte doit encore être adopté par le Bundesrat, la chambre haute du Parlement. La France a été le premier pays européen à interdire le voile intégral dans l'espace public, par une loi entrée en application en 2011", mais rarement mise en vigueur par crainte de violences.

Burkini-symbole
Burkini ? "Le terme (parfois orthographié burqini) combine les noms de deux tenues vestimentaires féminines complètement opposées, à savoir la burqa (un voile islamique semblable à une tente qui recouvre l'ensemble du corps) et le bikini. Également connu sous la dénomination de maillot de bain halal, le burkini se compose de deux pièces, un haut et un bas, recouvrant pudiquement le corps à l'exception du visage, des mains et des pieds. Il ressemble à une combinaison de plongée qui couvre également la tête... C'est Aheda Zanetti de la société Ahiida Pty Ltd, en Australie, qui affirme avoir inventé ce mot-valise en 2003 pour désigner ce vêtement « plus léger qu'une burqa » et composé « de deux pièces comme un bikini. » Le croisement aussi curieux qu'étonnant entre deux types de vêtements aussi antagonistes et le besoin qu'il comble pour les femmes musulmanes à la fois pieuses et actives, ont fait du burkini (comme l'observe Ahiida) « l'objet d'une demande et d'un engouement immédiats », a écrit Daniel Pipes dans Interdisez la burqa et tolérez le burkini, le 23 août 2016.

"L’entrepreneuse libanaise qui a quitté son pays natal pour l’Australie à l’âge de 2 ans, est l’ambassadrice parfaite du storytelling qui s’échafaude autour du burkini. Dans un ouvrage paru en 2012, The click moment : seizing opportunity in an unpredictable world, ouvrage à mi-chemin entre l’essai et le manuel de développement personnel émaillé de quelques biographies très hagiographiques, Frans Johansson raconte la révélation d’Aheda Zanetti : « Pour Aheda Zanetti, l’un des déclics les plus importants de sa vie, celui qui allait changer sa carrière, intervint au début de l’année 2003. (…) Elle avait décidé d’aller voir sa nièce jouer au netball, la version australienne du basketball, dans un centre aéré du quartier, à Sydney. » C’est à ce moment, raconte le biographe, qu’Aheda comprend, en regardant évoluer sur le terrain sa nièce couverte de la tête au pied d’un pantalon, d’une chemise à manche longue et du maillot de son équipe, rouge comme un poivron apoplectique et à deux doigts du malaise, que l’uniforme de netball n’est pas adapté aux musulmanes pratiquantes, tout comme d’ailleurs, beaucoup de tenues sportives…et notamment les tenues de plage. Le burkini venait de naître. Ce fut une excellente intuition commerciale puisque 500 000 burkinis se sont vendus en l’espace de douze ans, à compter de la commercialisation en 2004. Le modèle de la femme d’affaire pragmatique présenté par Frans Johansson est aujourd’hui largement recyclé  dans la presse anglo-saxonne mais aussi française pour opposer une France éternellement rétrograde aux sociétés multiculturelles apaisées et pleines d’intiatives. Le problème est que l’Australie n’est pas vraiment l’idyllique paradis multiculti vendu par une partie des médias", a rappelé Laurent Gayard dans l'article "Burkini: le “paradis” multiculti qu’on nous vend. Derrière la jolie fable de sa créatrice australienne" (Causeur, 26 août 2016).

Et Laurent Gayard de poursuivre : "En 2004, le nouveau « maillot » commercialisé par la société Ahiida reçoit, à la demande d’Aheda Zanetti, l’approbation du grand mufti de Sydney, le cheikh Taj Aldin al-Hilali. « J’ai obtenu un certificat ou ce qu’on appelle une fatwa du mufti », explique l’Australienne qui a déposé les marques « burkini » et « burqini ». Le grand mufti de Sydney est un personnage qui gagne à être connu. Originaire d’Egypte, Aldin al-Hilali débarque en Australie en 1982 avec un visa touristique en poche, qu’il parvient à faire renouveler régulièrement durant plusieurs années. En 1988 cependant, alors qu’Hilali est depuis six ans sur le sol australien, il se lâche un peu trop lors d’un prêche enflammé à l’Université de Sydney, dans lequel il accuse les juifs de contrôler le monde « grâce au sexe, à la perversion sexuelle, ainsi que la promotion de l’espionnage, de la trahison et de la thésaurisation pécuniaire ». Le ministre de l’Immigration Chris Hurford3 tenta sans succès de le faire expulser et Hilali parvint même à obtenir un statut de résidant après avoir fait amende honorable et profité en 1990 du remplacement de Chris Hurford par le plus compréhensif Gerry Hand. Le 13 février 2004, s’exprimant devant les fidèles de la mosquée de Sidon, au Liban, Hilali s’emporte violemment contre les Etats-Unis et qualifie les attentats du 11 septembre 2001 d’« œuvre de Dieu contre les oppresseurs ». Interrogé par une journaliste de la chaîne de radio ABC quant à la signification de ses propos, Hilali se justifiera benoîtement : « En fait il s’agissait de poésie et dans la poésie nous faisons usage de l’imagination dans les représentations »4. Ah, ces poètes… Que ne leur pardonnerait-on pas ?"

Et Laurent Gayard de conclure : "Le cas Hilali est intéressant car il est aussi le parfait exemple de ce qui peut aussi clocher dans le multiculturalisme anglo-saxon. Et si la presse étrangère regarde aujourd’hui avec horreur les « affrontements communautaires » de Sisco et l’oppression des malheureuses burkinistes, il faut rappeler que de tels incidents pourraient faire pâle figure à côté des émeutes de la plage de Cronulla près de Sydney. Le 11 décembre 2005, environ 5 000 personnes se rassemblèrent pour protester contre les vagues d’incidents récents perpétrés, selon les médias, par des jeunes d’origine libanaise habitant les banlieues Ouest de Sydney. Le rassemblement eut lieu à la suite de nombreuses confrontations et altercations, dont le viol d’une jeune Australienne et l’agression de trois sauveteurs une semaine plus tôt. Les violences se multiplièrent au cours des jours suivant : le 13 décembre, des coups de feu furent tirés sur une école catholique et une église dans le quartier de South Auburn et la violence commença à gagner d’autres quartiers de Sydney. Le 14 décembre, une église fut même détruite par le feu à Auburn. Comme de coutume dans les nations post-industrielles et postmodernes, tout se termina finalement par un rassemblement antiraciste, qui est un peu au vivre-ensemble ce que le banquet final est à un album d’Astérix... En dépit du contexte tendu, le cheikh Hilali n’était toujours pas décidé à se faire oublier. Dans un prêche enflammé tenu au cours du mois de ramadan entre septembre et octobre 2006, celui qui avait accordé au burkini d’Aheda Zanetti un certificat de conformité islamique, saisissait l’occasion de préciser un peu plus à ses fidèles la nature de ses préférences vestimentaires : « Si vous placez de la viande dans la rue, dans le jardin ou dans un parc sans la couvrir et que les chats viennent la manger… qui doit-on blâmer, les chats ou la viande à l’air ? La viande à l’air, voilà le problème. Si elle (la femme) était restée dans sa chambre, chez elle, portant son voile, aucun problème ne serait arrivé. » On ne peut en effet rêver meilleur patronage que celui-ci…"

Dès 2015, des hôtels marocains ont interdit le burkini dans leurs piscines.

En France, au cours de l'été 2016, des maires ont édicté des arrêtés municipaux pour interdire le port du burkini sur les plages publiques. Ils les ont justifiés par des raisons liées à l'ordre public.

Sisco
Ainsi, le 13 août 2016, sur une plage de Sisco (Haute-Corse), des musulmans d'origine marocaine "ont voulu, dans une logique de caïdat, s'approprier la plage et la privatiser. Ils ont multiplié (...) des incidents avec un certain nombre de personnes: jets de pierre à proximité d'autres personnes pour les intimider, tensions très fortes, insultes, menaces", a déclaré Nicolas Bessone, procureur de la république de Bastia, le 17 août 2016. L'épouse d'un des agresseurs portait un hijab.

« Quatre personnes blessées, dont une femme enceinte, ont été évacuées vers le centre hospitalier de Bastia. Leur pronostic vital n’est pas engagé. Trois véhicules ont été incendiés, provoquant de fortes perturbations de la circulation et un début de feu de végétation rapidement circonscrit. La rixe a pris fin grâce à l’intervention d’une centaine de policiers et gendarmes », a précisé Bernard Cazeneuve, ministre de l'Intérieur dans la nuit du 13 au 14 août 2016. "Plusieurs centaines de personnes se sont réunies, dimanche matin, devant la mairie de Bastia puis la préfecture de la Haute-Corse, pour protester après les débordements survenus la veille. Les protestataires ont dénoncé une « agression caractérisée » contre plusieurs enfants du village de Sisco qui se baignaient sur cette petite plage, avant d’être reçus en urgence par le secrétaire général de la préfecture de la Haute-Corse.

Le 15 août 2016, près de "500 personnes ont participé à Bastia à un rassemblement dans une atmosphère tendue. Criant « aux armes ! On va monter parce qu’on est chez nous », la foule s’est dirigée vers le quartier populaire de Lupino, dont les gendarmes mobiles ont bloqué l’entrée".

Le 15 août 2016, Ange-Pierre Vivoni, maire socialiste de Sisco, a édicté un arrêté prohibant le burkini sur les plages de la commune. Il a fondé son acte sur "deux arrêtés similaires : celui de la mairie de Cannes, validé par la justice, et celui de Villeneuve-Loubet, pris à la suite du premier".

Une enquête de flagrance « pour violence en réunion » a été ouverte pour « établir l’origine » des violences. "Cinq personnes - deux habitants de Sisco et trois frères, résidant aux alentours de Bastia et "d'origine maghrébine", ont été placées" le 17 août 2016 "en garde à vue dans le cadre de l'enquête, afin d'"établir l'intégralité des responsabilités".

Cinq prévenus comparaîtront devant le Tribunal le 15 septembre 2016.

Polémique
Une polémique a surgi. Quelques opinions.

Dans un article intitulé « Un vêtement comme les autres » et publié le 14 août 2016, le journaliste Edwy Plenel a écrit : "Le propre des époques de transition comme la nôtre, de trouble et d’incertitude quand un vieux monde se meurt lentement et qu’un nouveau monde tarde à naître, c’est la perte des repères les plus élémentaires. Et notamment l’oubli des libertés fondamentales… Ces libertés fondamentales pour lesquelles, depuis 1789 (puis 1830, 1848, 1871, 1898, 1936, 1944, 1968… pour ne prendre que les dates de surgissement des révoltes créatrices), notre peuple s’est battu contre des pouvoirs qui servaient les puissants et les dominants, au service en somme des injustices sociales. Parmi ces principes, qui sont ceux d’une République démocratique et sociale, il y a la liberté individuelle : l’égalité de droits pour toutes et tous, sans distinction d’origine, de condition, d’apparence ou de croyance, de sexe ou de genre, dont la seule limite est de ne pas imposer aux autres sa propre loi, celle d’une idéologie (politique) ou d’un dogme (religieux). Ainsi sur une plage, chacun d’entre nous peut penser ce qu’il veut des postures choisies par les autres estivants (selon leurs cultures, leurs convictions, leurs religions, etc.), mais aucun d’entre nous n’a le droit d’imposer autoritairement aux autres son choix à la manière d’un uniforme obligatoire. Ainsi, de même que je m’opposerai demain de toutes mes forces à un pouvoir qui obligerait les femmes à couvrir leur corps dans l’espace public, de même je m’oppose aujourd’hui à ce qu’on interdise sur les plages une tenue qui les couvre parce qu’elle serait liée à une religion. Dans les deux cas, nous cédons nos libertés individuelles au profit d’une logique autoritaire et discriminatoire qui, dans le premier cas, vise les femmes en continuant d’en faire une minorité politique opprimée et, dans le second cas, vise les musulmanes en les constituant comme minorité à exclure. La liberté ne se divise pas, et elle est donc aussi celle de ceux dont nous ne partageons pas les idées ou les préjugés. À condition, évidemment, qu’ils ne cherchent pas, à leur tour, à nous les imposer autoritairement – et ce n’est certes pas le cas de ces femmes musulmanes qui, comme en témoignent nombre de reportages, vont vêtues à la plage en compagnie d’amies aussi dévêtues qu’on peut l’être, affichant ainsi la diversité et la pluralité qui anime les musulmans de France. Faut-il rappeler à nos intolérants d’aujourd’hui qu’en 1905, lors du vote sur la loi de séparation des églises et de l’État, certains républicains conservateurs voulurent faire interdire le port de la soutane dans l’espace public ? Et qu’évidemment, Aristide Briand (qui portait la loi, fermement soutenu par Jean Jaurès) s’y opposa au nom de la liberté, celle d’afficher ses opinions (donc aussi sa croyance), avec le soutien de tous les républicains progressistes (lesquels hélas, comme les autres, oubliaient les femmes qui, alors, n’avaient pas voix au chapitre, ni droit de vote – avec parfois, ce prétexte, qui ne manque pas d’ironie rétrospective, qu’elles seraient sous l’emprise de l’obscurantisme religieux)... Toutes ces polémiques, qui n’ont pour effet que de tomber dans le piège tendu par Daech (stigmatiser les musulmans par quête de boucs émissaires à nos peurs – voir plus bas), sont profondément ridicules quand on les confronte à un raisonnement logique. Va-t-on interdire, demain, au nom du refus de toute visibilité des convictions religieuses dans l’espace public, que des religieuses catholiques en coiffe se rendent à la plage ? Ou que des juifs pratiquants s’y promènent avec une kippa sur la tête ? Mais, demain, va-t-on également, au nom de la « neutralité » de l’espace public interdire des T-shirts affirmant des opinions supposées subversives ou des tenues juvéniles supposées dissidentes ? Faire la chasse aux cheveux longs, aux piercings, aux tatouages, etc. ?"

Et de conclure : "À l’été 2014 (il y a deux ans donc, avant les attentats de 2015 et 2016), j’ai écrit ce qui suit, dans Pour les musulmans (Éditions La Découverte, lire ici). Est-il besoin de souligner que cette mise en garde est toujours d’actualité, plus que jamais ? Et qu’il est de notre devoir de soutenir toutes celles et tous ceux qui sont stigmatisés non pas pour ce qu’ils auraient fait mais pour ce qu’ils sont, en raison de leur croyance ou de leur apparence ? Voici donc l’extrait : « Sous toutes les latitudes, le sort fait aux minorités dit l’état moral d’une société. (…) Au-delà de mon pays, j’écris contre cette guerre des mondes dans laquelle on veut entraîner les peuples en fabriquant des haines identitaires dont la religion est l’alibi. Mais je suis en France, j’y vis, j’y travaille, et c’est ici même que, pour nous, se joue ce sursaut des consciences. Jamais les crimes commis par de prétendus musulmans ayant eux-mêmes sombré dans ces guerres sans fin ne justifieront qu’en retour, nous persécutions les musulmans de France. Jamais des dérives individuelles ou des conflits lointains n’autoriseront que, dans notre pays, on en vienne à assimiler en bloc des hommes, des femmes et des enfants à un péril qui menacerait l’intégrité, voire la pureté de notre communauté nationale, au prétexte de leur foi, de leur croyance, de leur religion, de leur origine, de leur culture, de leur appartenance ou de leur apparence. Jamais les désordres du monde ne sauraient excuser l’oubli du monde. De sa complexité, de sa diversité et de sa fragilité ».

Juriste, politiste et experte en genre et droits humains, Fatiha Daoudi a répondu le 18 août 2016, sur le Huffington Post Maghreb, par l'article intitulé Non Monsieur Plenel, le burkini n'est pas un vêtement comme un autre ! : "Non Monsieur Plenel, le burkini n'est pas un vêtement comme un autre et je sais de quoi je parle puisque je suis une femme de culture musulmane et vivant dans un pays, le Maroc, où l'islam est religion d'Etat. Pays où les droits des femmes ont évolué vers plus de liberté grâce aux femmes qui se sont battues becs et ongles pour que leur voix soit entendue et leur place dans l'espace public reconnue et qui continuent leur lutte encouragées par une volonté politique même si le gouvernement actuel est à majorité islamiste. Cependant, leurs droits ne sont pas à l'abri d'une régression par ces temps où la pratique de l'islam est plus une ostentation qu'une dévotion. Quand, Monsieur Plenel, vous comparez le burkini à la soutane en parlant de la sacro-sainte liberté individuelle, vous oubliez une chose importante c'est que la soutane est un habit porté par des personnes qui font de la religion une profession et qui bien entendu ne doivent aucunement être discriminées même lors de la séparation de l'Église et de l'Etat".

Et de poursuivre : " A l'opposé, le burkini n'est pas un vêtement professionnel mais une suite logique du voile et de la burqa. C'est un carcan sophistiqué dans lequel on enferme les femmes sur les plages qui sont censées être des lieux de villégiature et de détente. Par ce genre de vêtement, le corps des femmes est entravé afin, paraît-il, de ne pas mettre sans dessus dessous la libido masculine! Qu'une personne qui a votre audience dans les médias français et francophones, affirme que le burkini est un vêtement dans lequel une minorité se cherche et qui est une mode passagère me choque car vous oubliez que les musulmans ne sont pas une minorité, l'islam étant la deuxième religion de France et que par conséquent, le burkini pourrait y constituer un danger pour les femmes toutes confessions confondues. D'autre part, votre permissivité creuse la tombe des droits acquis par les femmes vivant dans les pays musulmans qui auront vite fait de légitimer cette entrave au corps féminin et toute autre en s'appuyant sur votre notoriété! Je ne sais pas si vous en avez connaissance mais, dans ces pays musulmans, nos mères portaient, dans les années soixante, le maillot sur les plages et leurs corps profitaient librement du soleil avant qu'il ne se résume à leur entrejambes. De nos jours, nombreuses sont les femmes qui évitent de porter le maillot à la plage de peur d'être agressées par les fous de la religion qui ne sont en fait que de simples obsédés du sexe... [Le] burkini fait partie d'une stratégie qui, si elle est encouragée par des avis permissifs, finira par arriver à son but final: interdire l'espace public aux femmes!"

"Ce qui heurte autant le commun des mortels dans le burkini, c'est qu'il représente un symbole agressif et militant du refus de l'intégration au monde occidental par une frange de l'islam qui ne doute pas de son droit de conquête. Il est devenu emblématique d'un communautarisme qui se définit contre la société d'accueil et qui entend même contester de la manière la plus visible qui soit sa manière de vivre et ses représentations sociales les plus profondes. Si le burkini heurte autant, c'est qu'il symbolise, bien plus qu'un refus de la laïcité. Il représente un refus de la France et de la civilisation dans laquelle elle s'inscrit. C'est le symbole militant d'une dissidence politique hostile qu'un relativisme inquiétant empêche de voir", analyse Mathieu Bock-Côté, docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada, dans Burkini : derrière la laïcité, la nation (Le Figaro, 18 août 2016).


Et de préciser : "Le burkini inscrit une frontière visuelle au cœur de l'espace public entre la nation et un islam aussi rigoriste que radical qui réclame un monopole sur la définition identitaire des musulmans, qu'il ne faudrait d'ailleurs pas lui concéder. Combattre le burkini s'inscrit ainsi dans une longue bataille qui s'amorce à peine contre un islamisme conquérant qui veut faire plier les sociétés européennes en imposant ses codes, et cela, en instrumentalisant et en détournant plus souvent qu'autrement les droits de l'homme, car il travaille à déconstruire la civilisation qui a imaginé les droits de l'homme... Il faut, d'une manière ou d'une autre, rappeler que la civilisation occidentale n'est pas optionnelle en Occident et que la culture française n'est pas optionnelle en France. C'est ainsi qu'à terme pourra émerger un islam de culture française acceptant d'évoluer dans un pays laïc de marque chrétienne. Et encore une fois, la gauche multiculturaliste se laisse prendre dans un piège qui l'amène à embrasser une pratique communautariste objectivement régressive qu'elle dénoncerait vigoureusement si elle se réclamait de la religion catholique. Mais elle est tellement habitée par le fantasme d'un Occident néocolonial et islamophobe qu'elle embrasse systématiquement tout ce qui le conteste. La sacralisation des minorités et de leurs revendications, quelles qu'elles soient, repose d'abord sur une diabolisation des majorités, toujours accusées d'être frileuses, portées au repli identitaire et animées par une pulsion xénophobe qu'il faudrait étouffer. Le burkini devient alors paradoxalement le nouveau symbole du combat pour les droits de l'homme, désormais associé aux revendications d'un islam qu'on s'imagine persécuté en Occident... Pour peu qu'on reconnaisse qu'une civilisation, fondamentalement, noue ses premiers fils anthropologiques dans la définition du rapport entre l'homme et la femme, on peut croire que c'est la grandeur du monde occidental d'avoir mis de l'avant l'idée d'une visibilité de la femme, appelée à prendre pleinement ses droits dans la cité. Le burkini témoigne d'un tout autre rapport au monde: la femme, dans l'espace public, doit être voilée, masquée, dissimulée. Elle est ainsi niée et condamnée à l'effacement culturel. La question du burkini témoigne moins d'une querelle sur la laïcité que d'un conflit des anthropologies et d'une contradiction des codes les plus intimes qui les définissent. Quelle que soit la solution politique ou culturelle retenue, le monde occidental ne doit pas céder aux illusions humanitaires qui l'amèneraient à banaliser un symbole aussi ouvertement hostile à son endroit".

Tribunaux administratifs français
Après avoir validé le 13 août 2016 l’arrêté du maire de Cannes interdisant le port du « burkini » sur les plages, le tribunal administratif de Nice a rejeté le 22 août 2016 le recours déposé par la Ligue des droits de l’homme (LDH) et le Comité contre l’islamophobie en France (CCIF) contre un arrêté similaire du maire de Villeneuve-Loubet.

Le tribunal a estimé que dans le « contexte » des attentats terroristes islamistes à Nice le 14 juillet 2016 et à l'église de Saint-Étienne-du-Rouvray le 26 juillet 2016, « qui a directement visé la religion chrétienne », cette interdiction du port du « burkini » est « nécessaire, adaptée et proportionnée » pour éviter des troubles à l’ordre public.

Et d'indiquer : « Le port d’un vêtement sur les plages, pour y afficher de façon ostentatoire, des convictions religieuses susceptibles d’être interprétées comme relevant du [fondamentalisme religieux islamiste] est non seulement de nature à porter atteinte aux convictions ou à l’absence de convictions religieuses des autres usagers de la plage, mais aussi d’être ressenti par certains comme une défiance ou une provocation exacerbant les tensions ressenties par la population. »

Le Tribunal a considéré : « Ce port vestimentaire sur les plages peut également être perçu comme étant l’expression d’une revendication identitaire » alors que « quelle que soit la religion, les plages ne constituent pas un lieu adéquat pour exprimer de façon ostentatoire ses convictions religieuses. Elles n’ont pas vocation à être érigées en lieu de culte et doivent au contraire rester un lieu de neutralité religieuse. Même si certaines femmes de confession musulmane déclarent porter le “burkini” selon leur bon gré pour afficher seulement leur religiosité », ce vêtement « qui a pour objet de ne pas exposer [leur] corps », peut aussi être perçu comme « l’expression d’un effacement » de la femme et d’« un abaissement de sa place qui n’est pas conforme à son statut dans une société démocratique ».

Alors que les demandeurs avançaient que le maire devait "assurer l’ordre public en renforçant les forces de police plutôt qu’en prenant un arrêté d’interdiction portant atteinte aux libertés", le tribunal a jugé qu’« il n’apparaît pas envisageable de mobiliser davantage ces forces [de police], notamment municipales, qui ont été et sont encore particulièrement sollicitées dans le contexte de l’état d’urgence mis en place pour faire face aux attentats suscités par l’extrémisme religieux islamique ».

La LDH et le CCIF ont saisi le Conseil d’Etat, juridiction administrative suprême, qui statuera dans un délai de quinze jours.

Divisions socialistes
Les "socialistes et les signes religieux, c'est la longue histoire d'un débat jamais réellement tranché dans lequel ils replongent à échéance régulière. Après s'être divisés en 2004 sur l'interdiction du voile islamique à l'école, après s'être abstenus en 2010 lors du vote à l'Assemblée nationale de l'interdiction du voile intégral, les voilà qui replongent dans les affres du débat à propos du burkini, que certains ont rebaptisé « la burqa de plage ». Sur ce sujet comme sur les précédents, les mêmes clivages se retrouvent à gauche avec, d'un côté, les partisans d'un strict respect de la laïcité, de l'autre, des défenseurs revendiqués de la liberté. Sans surprise, le premier ministre s'est inscrit dans la première catégorie". 


Le 17 août 2016, le Premier ministre Manuel Valls a déclaré à La Provence : "Les plages, comme tout espace public, doivent être préservées des revendications religieuses. Le burkini n’est pas une nouvelle gamme de maillots de bain, une mode. C’est la traduction d’un projet politique, de contre-société, fondé notamment sur l’asservissement de la femme. Certains cherchent à présenter celles qui le portent comme des victimes, comme si nous mettions en cause une liberté ... Mais ce n’est pas une liberté que d’asservir la femme. C’est pourquoi j’avais voté en faveur des lois de 2004 sur l’interdiction des signes religieux à l’école, ou de 2010 sur le port du voile intégral dans l’espace public. Je n’accepte pas cette vision archaïque. Il y a l’idée que, par nature, les femmes seraient impudiques, impures, qu’elles devraient donc être totalement couvertes. Ce n’est pas compatible avec les valeurs de la France et de la République. Face aux provocations, la République doit se défendre. Aujourd’hui, les musulmans de France sont pris en otage par ces groupes, ces associations, ces individus qui prônent le port du burkini et voudraient faire croire que la République et l’islam sont inconciliables. Ils crispent le débat et favorisent la confrontation. C’est donc aussi aux musulmans, à leurs autorités, à leurs familles, dans leurs engagements personnel, professionnel ou social, de dire qu’ils rejettent cette vision mortifère de l’islam... Je comprends les maires qui, dans ce moment de tension, ont le réflexe de chercher des solutions, d’éviter des troubles à l’ordre public. Je soutiens donc ceux qui ont pris des arrêtés, s’ils sont motivés par la volonté d’encourager le vivre ensemble, sans arrière-pensée politique. Le Conseil d’État se prononcera prochainement, après le tribunal administratif, sur ces arrêtés municipaux. Je ne crois pas qu’il faille légiférer en la matière: la réglementation générale des prescriptions vestimentaires ne peut être une solution... J’ai moi aussi été le témoin du non-respect de la loi sur le voile intégral. Cette loi reçoit pourtant le soutien de l’immense majorité de nos concitoyens. Et celle concernant l’interdiction des signes religieux à l’école est appliquée fermement. Si un texte, voté largement par l’Assemblée n’est pas appliqué, les citoyens perdent confiance dans la capacité de l’État à faire vivre nos valeurs. Avant de penser à légiférer, nous ferons appliquer la loi interdisant le port du voile intégral dans l’espace public – nous le rappellerons, avec le ministre de l‘Intérieur, aux préfets et aux forces de sécurité. Les autorités musulmanes doivent aussi condamner le voile intégral, condamner les actes de provocation qui créent les conditions d’une confrontation... Si nous voulons construire un islam de France compatible avec nos valeurs, nos libertés, l’égalité homme-femme, il faut que l’islam, comme les autres religions l’ont fait, accepte la discrétion dans la manifestation des convictions religieuses – elle s’impose à tous de la même manière dans l’espace public, avec les mêmes droits et les mêmes devoirs. En cette période très particulière où nous subissons des attaques terroristes, au nom d’un islam dévoyé, chaque citoyen doit prendre ses responsabilités. Il faut toujours revenir aux fondements de la République et de la laïcité. La laïcité, ce n’est pas la négation des religions. C’est protéger la liberté de chacun de croire, mais aussi de ne pas croire. 

La Provence s'est interrogée : "D’un côté Cannes ou Sisco, et de l’autre, Arthez-de-Béarn, un petit village du Sud-Ouest où le maire a autorisé le port du burkini dans sa piscine municipale faute de directive claire, est-ce que l’État ne se défausse pas alors que la situation pourrait dégénérer ? "


Le 17 août 2016, la Ligue des droits de l'Homme (LDH) a publié le communiqué Comme à son habitude le Premier ministre ajoute de la tension au grotesque :


"Au grotesque d’un débat autour d’un vêtement de bain, le Premier ministre, fidèle à lui-même, ajoute aux tensions en faisant de comportements individuels la marque d’un projet politique. Le Premier ministre s’aligne ainsi sur le trait d’union que les maires de Cannes et de Villeneuve-Loubet font entre les actes de terrorisme et le port de ce vêtement. En maniant cette rhétorique, le Premier ministre participe à la stigmatisation d’une catégorie de Français, devenue, en raison de leur foi, a priori des suspects.Quel que soit le jugement que l’on porte sur le signifiant du port de ce vêtement, rien n’autorise à faire de l’espace public un espace réglementé selon certains codes et à ignorer la liberté de choix de chacun qui doit être respectée. Après le « burkini » quel autre attribut vestimentaire, quelle attitude, seront transformés en objet de réprobation au gré des préjugés de tel ou tel maire ?Ces manifestations d’autoritarisme n’empêcheront rien mais elles constituent un dévoiement de la laïcité. Et assurément, elles renforcent le sentiment d’exclusion et contribuent à légitimer ceux et celles qui regardent les Français musulmans comme un corps étranger à la nation. La LDH continuera à engager les procédures nécessaires pour faire annuler des arrêtés provocateurs et appelle tous les acteurs de la vie publique à cesser d’ajouter de la tension au grotesque".
Le 18 août 2016, SOS Racisme a publié le communiqué "Rixe de Sisco : à quoi jouent les pouvoirs publics ?"
"SOS Racisme s’interroge sur le rôle des pouvoirs publics qui ont chacun à leur manière montré de lourdes défaillances.
Le maire du village, sur la base de récits embrouillés et volontiers fantaisistes de la rixe, prend un arrêté anti-burkini alors que là n’est pas l’objet de la rixe sur lequel toutes les zones d’ombre devront être levées.
C’est également avec consternation que nous apprenons que les partis nationalistes, majoritaires à l’Assemblée de Corse et donc responsables de l’exécutif local, ont, suite à la garde à vue de deux villageois de Sisco impliqués dans la rixe, appelé au rassemblement de soutien à ces derniers organisé ce jour.
En effet, il est peu admissible que des partis aujourd’hui en charge de l’exécutif local et donc représentants des pouvoirs publics épousent une logique de défiance vis-à-vis de l’enquête en cours ou, même, laissent penser que certaines personnes n’auraient par nature aucun compte à rendre à la justice et aux forces de l’ordre.
En outre, les pouvoirs publics, dans leur globalité, ont été plus que « tendres » suite aux démonstrations de force anti-maghrébines qui, dans une logique proche de l’auto-« justice », se sont déroulées dimanche dans le quartier Lupino de Bastia aux cris notamment de « On est chez nous ». Ces actes ne sont pas sans rappeler les manifestations à connotation raciste qu’avait eu à subir le quartier des Jardins de l’Empereur à Ajaccio en décembre dernier. En République, nul ne doit pouvoir être inquiété du fait de ses origines et ne peut évidemment être tenu pour responsable, dans une logique de globalisation mortifère, du comportement de personnes partageant la même origine.
Les pouvoirs publics avaient l’occasion et surtout le devoir de le rappeler avec force. Ce qui aurait peut-être permis que nous ne subissions pas une vision très ethnicisée de cette rixe complaisamment présentée par les pouvoirs publics eux-mêmes et par les médias comme une confrontation entre « jeunes Corses » et « jeunes d’origine maghrébine ».Est-ce à dire que les deux dimensions seraient exclusives l’une de l’autre ?"
Le 22 août 2016, sur France 2, Arnaud Montebourg, qui courtise le "vote halal", a considéré qu'il s'agissait d'une "affaire subalterne".


Le 23 août 2016, The Daily Mail a publié des photographies montrant des policiers ordonnant dans la plage de Nice, à une femme portant le burkini, de l'ôter. Comme elle refusait de se baigner dans une autre tenue - elle a soulevé sa tenue pour montrer qu'elle portait au-dessous un maillot de bain -, elle a été invitée à quitter la place. Ce qu'elle a fait. Diffusées sur les réseaux sociaux, ces clichés sont soulevé une polémique : certains s'indignent, d'autres avancent un coup monté : il faisait environ environ 28° C, la femme n'avait ni sac ni serviette de toilette, ni bouteille d'eau. Nice est l'une des 26 stations balnéaires ayant interdit le port du burkini. Avec Cannes, elle a dressé une vingtaine de procès-verbaux concernant le burkini.

Adjoint au maire de Nice, Christian Estrosi a prévenu : « Je dénonce ce qui apparaît comme une manipulation qui dénigre la police municipale, et met en danger ses agents. D'ores et déjà, des plaintes ont été déposées pour poursuivre ceux qui diffusent les photographies de nos policiers municipaux [verbalisant des contrevenantes] ainsi que ceux qui profèrent à leur encontre des menaces sur les réseaux sociaux.»

Le 23 août 2016, le bureau du CFCM s'était réuni. Ses membres ont saisi le 24 août le pouvoir politique qui a répondu en les recevant l'après-midi même.

Le 24 août 2016 après-midi, Bernard Cazeneuve, ministre français de l'Intérieur et chargé des Cultes, a reçu ses responsables du Conseil français du culte musulman (CFCM), menés par leur président, Anouar Kbibech. Avant de voir le ministre, Anouar Kbibech a déclaré au Figaro : « La question du burkini n'est pas d'ordre religieux. Quelques femmes le choisissent peut-être par provocation, mais la plupart le portent par pudeur et beaucoup d'autres, pas du tout. Le débat n'est donc pas religieux, mais il pose la question des libertés. Que dit la loi? Elle interdit de dissimuler le visage. Sur la question du burkini, nous attendons donc la réponse du Conseil d'État. Il va dire la loi et les musulmans seront respectueux de la loi du pays. En attendant, nous venons dire notre grande inquiétude au ministre et l'émotion des citoyens de confession musulmane. Aujourd'hui, c'est le burkini que des municipalités interdisent par arrêtés, mais qu'est-ce que ce sera demain ? »

Les représentants du CFCM se sont dits « choqués » pour "trois raisons : la multiplication des arrêtés municipaux contre le burkini, le fait qu'une femme assurant porter un simple voile ait été verbalisée sur une plage de Cannes et l'émoi provoqué par la diffusion de photos d'une femme en foulard obligée de retirer sa tunique qui cachait son maillot de bain à la demande d'agents municipaux sur une plage de Nice.

Après sa rencontre avec Bernard Cazeneuve, Anouar Kbibech s'est dit « totalement rassuré par l'engagement pris par le ministre», en particulier pour que soit « respecté l'État de droit. La communauté musulmane est attachée dans son ensemble au pacte républicain, à la République, à ses valeurs et à ses lois, [ainsi qu']à l'égalité hommes-femmes qui est fondamentale ». Et le président du CFCM a exhorté à « la tolérance pour conforter le vivre ensemble, loin de toute provocation et stigmatisation ».

Le ministre a ensuite déclaré que les arrêtés municipaux anti-burkini ne devaient pas induire « des stigmatisations » ou dresser les Français « les uns contre les autres ». Il "a refusé de se prononcer sur le comportement des policiers municipaux à l'origine de la polémique, « ne connaissant pas le déroulement de ce qui s'est passé ». Mais à propos des arrêtés municipaux qui fleurissent, il a rappelé que les lois qui régissent la laïcité devaient être appliquées de façon « extrêmement rigoureuse » et que si « des arrêtés pouvaient être pris restreignant la liberté en cas de trouble à l'ordre public, ils devaient l'être dans un cadre de mesures rigoureusement proportionnées, sans conduire à la stigmatisation ou à l'antagonisme poussant des Français les uns contre les autres ».

Il a annoncé "la tenue d'un important sommet, le 29 août, entre le ministère et les responsables de l'islam de France. Il visera à passer des « déclarations » aux « actes et aux mesures concrète s» - dont le « financement de l'islam » et « la formation des imams » - car « nous avons besoin de musulmans visibles dans l'espace républicain pour défendre avec nous les valeurs de la République. Des musulmans qui disent haut et fort leur attachement aux principes républicains ».

"Asservissement des femmes, condamnation de leur corps comme objet de péché et de provocation des hommes, étendard d’une pratique intégriste de l’islam. Passons aussi sur le mépris affiché pour les femmes en bikini qui seraient impudiques et les hommes qui ne seraient que de dangereux prédateurs sexuels… Beaucoup de commentateurs ont qualifié le burkini de vêtement « musulman ». C’est une grave erreur car le burkini est le prolongement de la burqa des islamistes… Ce raccourci rend service à ces intégristes qui se sentent renforcés numériquement, devenant grâce à cette erreur sémantique une majorité au sein de la minorité. C’est un amalgame dangereux car il laisse entendre qu’une pratique intégriste est devenue celle de la majorité des Français de confession musulmane... L’islam radical est un danger. Il est conquérant, provocateur, déstabilisateur et a des visées politiques assumées. Il a besoin de démontrer sa puissance et sa vigueur démographique. Pour cela, il a besoin de symboles qui marquent fortement les esprits... Par ces provocations incessantes les islamistes testent la solidité de notre culture et de nos valeurs. La République ne peut, sous aucun prétexte, se rendre complice de ces reculs. Aucune excuse, ni sociale, ni culturelle, ni religieuse ne doit être trouvée à ces promoteurs de l’islam radical. Le silence est une soumission, la faiblesse de l’action est une mort lente. Si les provocateurs ne comprennent que le rapport de force, la République, sans relâche, devra faire face avec la plus grande intransigeance car la France a aussi un modèle de civilisation à défendre. Cette défense doit désormais se mener avec fierté et fermeté. Nous n’avons ni à avoir honte, ni à douter car l’esprit de la République guidera ce combat", a écrit Lydia Guirous, auteur de Je suis Marianne (Grasset) et membre du Bureau politique des Républicains, dans L'Opinion du 24 août 2016.

Le 25 août 2016, sur Europe 1, Najat Vallaud-Belkacem, alors ministre socialiste de l'Education, a déclaré : « La prolifération d'arrêtés anti-burkini n'est pas la bienvenue. Je pense que ça pose un problème parce que cela pose la question de nos libertés individuelles : jusqu'où va-t-on pour vérifier qu'une tenue est conforme aux bonnes mœurs ? Et cela, par ailleurs, libère la parole raciste: on l'a remarqué dans les verbalisations, dans les incidents qui se sont déroulés. C'est une dérive politique dangereuse pour la cohésion nationale. Rien n'établit de lien entre le terrorisme, Daech, et la tenue d'une femme sur la plage. Najat Vallaud-Belkacem a refusé « à tout prix qu'on ne réserve (la) question de l'égalité femme-homme et de la lutte contre les inégalités qu'à la religion musulmane. Comme si seule la religion musulmane venait poser des problèmes en la matière ». Et de pointer le "silence supposé des « responsables de droite » sur « les violences conjugales ou les inégalités salariales ».

Le 25 août 2016, le Premier ministre socialiste Manuel Valls a déclaré sur RMC et BFMTV : "Un foulard est un foulard. Un burkini est un burkini. Une burqa est une burqa. C’est pour moi un symbole d’asservissement de la femme comme si la femme dans l’espace public était impudique". Il a nié toute "dérive".

Le Premier ministre a réitéré que l'interdiction de porter le burkini ou la burka dans l'espace public est "un combat pour la dignité de la femme". En effet, burka ou burkini sont "des symboles", Manuel Valls insiste : "Il faut lutter contre l'islamisme radical qui vise à occuper l'espace public car c'est une idéologie". "Poursuivant, le Premier ministre condamne le port de ces "symboles" dans la rue ou sur les plages, avec des propos proches de ceux de Nicolas Sarkozy qui assure que les femmes portant le burkini "testent la résistance la République". "Ce sont des signes de revendication d’un islamisme politique qui vise à faire en sorte que dans l’espace public on fasse reculer la République".

Le Premier ministre a répété que ces arrêtés municipaux sont "essentiels" car "il y a un risque d'atteinte à l'ordre public. Il y a des arrêtés qui ont été pris par des maires, avalisés par des tribunaux et le conseil d’Etat va trancher. Je pense que ces arrêtés ne sont pas des dérives. C’est une mauvaise interprétation des choses. Ces arrêtés ont été pris au nom de l'ordre public, à un moment donné quelques jours après l’attentat de Nice, dans un contexte particulier... Tout ce qui peut apparaître comme une stigmatisation, comme une volonté de s’en prendre à l’islam est évidemment condamnable (...). L'application de ces arrêtés doit se faire avec le plus grand discernement. Les maires doivent demander toute la lucidité dans l'application à leurs agents."

"Depuis quelques jours, Daesh se sert de ces photos montrant des agents municipaux verbalisant des femmes portant un burkini pour faire sa propagande. Interrogé sur la limite de ces arrêté, le Premier ministre s'emporte : "Dans ce cas, laissons les femmes voilées, abandonnons la laïcité, ne soyons plus la France ! "

Ministre de la Santé, Marisol Touraine a évoqué une "stigmatisation dangereuse pour la cohésion de notre pays".

Le 25 août 2016, lors d'une conférence de presse à Paris avec son homologue londonien  Sadiq Khan, Anne Hidalgo, maire socialiste de Paris, a déclaré : "Stop à l'hystérisation ! Aller chercher un sujet comme celui là et le poser comme l'alpha et l'oméga autour duquel toute la vie politique française devrait être tournée (...) je trouve que l'on est dans une sorte d'hystérie médiatique qu'il faut arrêter ! Il ne faut pas prendre des sujets qui sont symboliques pour en faire des sujets autour desquels tournerait le débat politico-médiatique. Il y a d'autres choses beaucoup plus importantes en France. Parfois la loi n'est pas la solution. La loi a été utilisée sur la question des signes religieux à l'école ou sur la burqa, qui a été une loi que j'ai soutenue, mais je pense que c'est aujourd'hui autour de l'éducation et du travail sur l'égalité qu'il nous faut travailler". La maire a dénoncé des "amalgames et des stigmatisations".

Quant au maire travailliste de Londres, il a indiqué son opinion : "Ma position est simple: je suis fier d'être féministe (...) et je pense que personne ne devrait dire aux femmes quoi porter", a déclaré le maire travailliste, comme il l'avait déjà expliqué jeudi dans une interview a quotidien Evening Standard. A ce média britannique, il avait affirmé le 25 août 2016 : "Je suis ferme sur ce point. Je ne pense pas que quiconque doive dire aux femmes ce q'elles peuvent et ne peuvent pas porter. Point final. C'est aussi simple que cela... Je ne dis pas que nous sommes parfaits, mais une des joies de Londres et que non seulement nous tolérons la différence, mais nous la respectons, nous l'embrassons, et nous la célébrons". Ironiquement, un Internaute s'est interrogé pour savoir si Khan dirait la même chose aux Saoudiens. Un autre Internaute a rappelé que Khan avait interdit les affiches publicitaires dans les transports publics londoniens qui donnaient une image négative du corps humain.

Devant l'ambassade de France à Londres (Grande-Bretagne), a été organisé le 25 août 2016, une fausse plage de sable où des femmes en burkini, accompagnées d'enfants, ont posé des banderoles : "Non à l'islamophobia. Oui aux burkinis", "Islamophobia is not freedom", "Don't hide islamophobia under a cloak of feminism".

"Le PS est revenu au pouvoir sans avoir pensé la citoyenneté à l’heure de la mondialisation de la culture. De même qu’il n’a pas pensé la société en mutation des années 2000. Pourquoi se retrouve-t-il dans un tel état de dislocation au moment de la confrontation au phénomène politique burkini? Parce qu’il n’a pas pensé le fait religieux musulman dans la France d’aujourd’hui, se contentant de laisser ses élus locaux, confrontés à cette question, la gérer en épicier du communautarisme désintégrateur. Ce qui n’est pas sans répercussion sur la vision de la laïcité des uns et des autres. Au PS, on ne discute plus de ces sujets (laïcité, citoyenneté, République…) au fond parce qu’on redoute de constater d’irréparables fractures. Résultat, quand survient le problème burkini, lourd de sens politique, les fractures apparaissent. Voilà pourquoi le PS explose sur ce bout de tissu symbolique, comme il a explosé sur la loi Travail et la déchéance de nationalité, Léonarda et la loi Macron. A la fin, il faut bien payer la note de vingt ans de paresse intellectuelle et de fuite en avant. Comme disait Machiavel: " On n’évite jamais une guerre que l’on veut éviter, on ne fait que la retarder, à son détriment". Et voilà pourquoi, aussi, prisonnier de lui-même et d’une situation dont il est désormais le principal créateur, quand il s’agit d’évoquer la question, François Hollande ne dit rien et se refuse à montrer la voie. Rien sur le burkini. Rien sur la laïcité. Rien, hormis cette invitation à une nouvelle synthèse vide de sens: "Ni provocation, ni stigmatisation". Ne pas braquer Manuel. Ne pas rompre avec Julien. Ne pas froisser Najat. Ne pas se couper d’Anne… Donc, un peu de Valls… Un peu de Dray... Un peu de Vallaud-Belkacem… Un peu de Hidalgo… Et au bilan, tant de politique pour si peu de politique…",  a analysé le philosophe Bruno-Roger Petit dans Challenges le 26 août 2016.

Droite unanime contre le burkini
Les candidats aux primaires de Les Républicains/Centre soutiennent unanimement l'interdiction du burkini.

Président de l'Association des Maires de France, François Baroin a apporté son appui à cette interdiction.

Nicolas Sarkozy, candidat à la primaire de la droite, a déclaré au Figaro le 24 août 2016 : « Porter un burkini est un acte politique, militant, une provocation. Les femmes qui le portent testent la résistance de la République. Ne rien faire, c’est laisser penser que la France apparaît faible et ce serait acter un nouveau recul de la République. » Il a prôné l'inscription "dans une loi de l'interdiction des signes religieux dans les entreprises, les administrations, les universités. Le Front national a dans la foulée demandé d'étendre à l'ensemble de l'espace public l'interdiction du port du voile".

Jean-Luc Mélenchon
Député européen, membre du Parti de Gauche, Jean-Luc Mélenchon a fondé la France Insoumise. Il est un des candidats de la gauche communiste et de l'extrême-gauche à l'élection présidentielle de 2017.

Le 25 août 2016, Jean-Luc Mélenchon a twitté : "Dans notre pays, on a persécuté les juifs, puis les protestants et aujourd'hui les musulmans. La solution, c'est la laïcité. #4Vérités".

Ce qui a soulevé l'indignation d'Internautes sur les réseaux sociaux et la blogosphère.

Le 26 août 2016, président du CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France), Francis Kalifat a twitté : "Douteuse comparaison des persécutions subies par les juifs et les protestans de france avec celles que subiraient les musulmans 1/2" et "Propos innaceptables de @JLMelenchon Entre stratégie éléctoraliste et réécriture de l'histoire francaise #LT 2/2."


Fahim lui a répondu sur Twitter : "drôle d'anniversaire que souhaite les politiques aux femmes musulmanes" en publiant une photographie de Hitler sur laquelle est écrit "22 août 1933. Les Juifs n'ont plus le droit d'aller à la plage pour se baigner". Puis Fahim a twitté : "cela a commencer par interdire aux juifs d'aller a la plages puis 7ans après a leur crimes". L'Allemagne nazie  assimilée à tort à la France de la Ve République !? Cette même France a rompu avec l'égalité en pratiquant une "discrimination positive" favorisant les "minorités visibles", principalement les musulmans, dans les entreprises publiques et privées, du recrutement à la formation continue.

Le CRIF a aussi publié sur son site Internet le communiqué Calculs électoraux et déclarations absurdes signé de son président :
"Je fais suite aux propos de Jean Luc Melenchon travestissant l'Histoire de France.
Depuis quelques jours nous assistons à un déferlement de déclarations au sujet du Burkini.
Chacun y va de sa déclaration en fonction de son propre agenda électoral
Dans ce domaine JL Mélenchon comme d’habitude atteint les sommets de l’absurde et de l’indécence en déclarant « dans notre pays, on a persécuté les juifs, puis les protestants et aujourd’hui les musulmans……. »
Ce relativisme et le parallèle  sont totalement inacceptables doivent être dénoncés.
Profiter de la polémique actuelle pour assimiler les arrêtés  «anti burkini » à la Saint Barthélémy et à la shoah est indigne et nauséabond.
Par ces propos JL Mélenchon nous montre une fois de plus qu’il est prêt à tout, pour attirer l’attention et instrumentaliser les polémiques allant jusqu’à travestir l’histoire de notre pays.
Un tel relativisme et de telles arrières pensées politiques sont indignes d’un candidat à la présidence de la République".

Professeur associé à Sciences Po, François Heilbronn a posté sur son compte Facebook :
"QUAND MELENCHON INSULTE L’HISTOIRE ET LA MEMOIRE DES JUIFS ET DES PROTESTANTS ASSASSINES EN FRANCE.
(...)
Il est scandaleux qu’un candidat à la Présidence de la République travestisse si gravement l’Histoire de France pour des petits calculs électoraux.
Après lecture du bref rappel historique ci-dessous des persécutions des Juifs et des Protestants en France (source wikipédia), vous me direz si l’interdiction du port du Burkini sur les plages et de la Burka en ville sont à mettre au même niveau.
Les Juifs se sont installés en Gaule au 1er siècle. Durant l’Empire Romain et sous le règne Carolingien, soit pendant plus de mille ans, ils vivent parfaitement intégrés au Royaume et dans les Provinces et ne subissent pratiquement aucune persécution.
Les premières persécutions débutent avec la 1ère Croisade :
- La première croisade prêchée par Pierre l'Ermite est un désastre pour eux. Les Croisés enferment les Juifs de Rouen dans une église et exterminent, sans distinction d'âge ou de sexe, tous ceux qui refusent le baptême.
- Les massacres les plus importants ont lieu dans la vallée du Rhin : des milliers de Juifs sont tués par les Croisés et des communautés entières disparaissent alors. À Strasbourg, les Juifs sont attaqués en 1146 après le prêche de la croisade par un moine appelé Radulph.
- En 1171, à Blois, 31 Juifs sont brûlés sur le bûcher.
- Le 10 mars 1182, un édit du souverain dépouille les Juifs de tous leurs biens et les contraint à quitter le royaume. Les synagogues sont transformées en églises, les biens des Juifs redistribués à des nobles ou à des corporations. Philippe-Auguste inaugure alors un modèle d'expulsion-spoliation des Juifs qui va se répéter à de nombreuses reprises dans l'histoire.
- En 1269, Louis IX (dit Saint-Louis) impose aux Juifs le port de la rouelle qui avait été décidé par le IVe concile du Latran en 1215. La rouelle est un morceau d'étoffe portant une roue, symbole des 30 deniers de Judas, que les Juifs doivent apposer sur leur vêtement. Pour Jacques le Goff dans son ouvrage Saint Louis, « ces conceptions et cette pratique, cette politique antijuive, ont fait le lit de l'antisémitisme ultérieur. Saint Louis est un jalon sur la route de l'antisémitisme chrétien, occidental et français »
- Le 17 septembre 1394, les Juifs sont expulsés du Royaume par Charles VI le Fol.
- Enfin de 1941 à 1945, 74.182 des 330.000 Juifs présents en France sont déportés, dont plus de 11 000 enfants. Seulement 3 % des déportés juifs de France vers les camps de la mort survivent. À ces chiffres, il faut ajouter les 1.200 Juifs assassinés par la police allemande ou ses complices français, et les 3.000 autres Juifs morts d'épuisement ou de maladie dans les camps français. On arrive ainsi à plus de 76.000 victimes juives.
Evoquons maintenant la persécution des protestants français:
- Nous venons de commémorer ce 24 août le triste anniversaire du massacre de la Saint-Barthélémy des 23-24 août 1572. Un Conseil royal se réunit, au cours duquel il est décidé d'éliminer les principaux chefs huguenots. L'amiral de Coligny et d'autres gentilshommes protestants sont assassinés tant au Louvre qu'en ville. Cette exécution d'un nombre limité de chefs huguenots est suivie d'une tuerie sauvage qui va durer jusqu'au 29 août et fait dans Paris 4 000 victimes. Le massacre s'étend alors à la province où l'on dénombre 10 000 tués.
- Le 18 octobre 1685, Louis XIV signe l'Édit de Fontainebleau révoquant l’Édit de Nantes. Le protestantisme est interdit dans le royaume de France, sauf en Alsace. Il s’ensuit alors une période de persécutions qui conduit 200 000 protestants à l'émigration (le Refuge) et l'autre partie à une sorte de résistance passive ou, dans sa majorité, à pratiquer un catholicisme de surface. Les dragonnades entraînèrent des "conversions en masse . On estime qu’à la fin de l’été [1685, soit avant l'édit de Fontainebleau], le nombre de ceux qui signèrent sous la contrainte une Confession de Foi catholique préparée à cette fin atteignit environ 400 000 protestants.
Et maintenant, parlons de cette « persécution » des Musulmans aujourd’hui en France ??
Veut-il parler des lois et règlements qui dans le cadre de la laïcité française réglemente le port des signes ostentatoires de TOUTES les religions dans l’espace public ??
Je cherche des formes de persécutions contre les « Musulmans aujourd’hui » mais je ne trouve pas.
Liberté de culte, reconnaissance des pratiques religieuses dans le cadre de la laïcité française qui s’applique de manière identique à toutes les autres religions. Protection de tous les citoyens, lois contre les insultes et discriminations raciales.
Alors où sont les bûchers, les spoliations, les expulsions, les massacres, les camps, les déportations contre les Musulmans en France, qu’on hélas subit effectivement les Juifs et les Protestants.
Jean-Luc Mélenchon, vous n’êtes pas digne de vous présenter à la Présidence de le République Française".
Le 4 septembre 2016, Francis Kalifat a poursuivi : "ce relativisme et ce parallèle devaient être dénoncés. Bien au-delà du Crif et par l'ensemble du monde politique. Hélas, les déclarations de Jean-Luc Mélenchon sont restées sans réaction forte du monde politi-que, ce qui est inadmissible. Vouloir profiter de l'actuelle polémique pour assimiler les arrêtés anti-burkini à la Saint-Barthélemy et à la Shoah, c'est tomber dans l'indigne et le nauséabond. Cette polémique va, bien entendu, aussi retomber sur la communauté juive. Si l'on veut raison garder, il faut donc revenir aux fondamentaux de la laïcité qui sont d'abord la loi de 1905, complétée en 2004 et en 2010 par les lois sur le voile et sur la burka. Il faut désormais que le législateur réfléchisse à faire la différence entre les signes religieux et les signes politico-religieux. L'islam intégriste et les salafistes qui sont dans notre pays cherchent aujourd'hui à déstabiliser la République dans le but de battre en brèche le modèle sociétal dans lequel nous vivons aujourd'hui".

Sondage en France
Publié le 24 août 2016, un sondage de l'Ifop pour Le Figaro montre que 64% des Français rejettent le burkini sur les plages. Ce sondage a été effectué "auprès d'un échantillon représentatif de 1001 Français entre le 22 et le 24 août". Les "autres personnes interrogées se disent indifférentes (30 %), seulement 6 % d'entre elles s'affichant favorables".

Le burkini "s'inscrit dans un débat récurrent en France sur la place de l'islam, émaillé de polémiques et de lois. Le pays a été le premier en Europe à interdire, en 2010, le voile intégral dans tout l'espace public. Le foulard islamique avait auparavant, en 2004, été banni dans les écoles, collèges et lycées publics".

Un "dérivatif au vrai débat"
Le 26 août 2016, le professeur franco-israélien Shmuel Trigano, sociologue, a déclaré sur Radio J : "Ce n'est pas le burkini qui pose problème, mais le symbole qu'il représente. Le débat sur le burkini est un dérivatif au véritable débat sur l'intégration de l'islam, un débat repoussé de toutes parts. Les médias en profitent pour en diminuer l'enjeu capital en France. Le symbole que le burkini représente dans le débat français est capital. D'une part, il dit l'exclusion des femmes, pas seulement les musulmanes, et d'autre part, la différenciation des femmes qui portent ce vêtement dans la société et les mœurs. Il y a ici un problème qui concerne les droits de l'individu, de la femme, mais aussi une portée politique. Le burkini marque un marquage territorial dans certains quartiers. Sur les plages, la burka, prison ambulante, est sortie des quartiers".

Et d'ajouter : "Le paysage de la société française est en train de changer radicalement. Le statut des individus, de la femme, a une longue histoire en France. Les religions ont du se réformer - le judaïsme en premier -pour entrer dans la nation, et ont du reconnaître que le Code civil passait avant leur droit canonique, la halakha pour les Juifs. Sauf l'islam qui n'était pas là, donc il y a un retard dans sa modernisation. Israël a hérité du modèle ottoman où les communautés religieuses avaient leur autonomie interne, à l'écart de la société, pouvaient régler leurs mœurs selon leurs propres codes. Israël s'installe là-dessus : il y a des cours rabbiniques, de droit canon, de sharia, etc. En France, c'est impossible. En France, on n'appelle pas les choses par leur nom. Les enjeux en France sont toujours indirects. La logique médiatique interdit de poser les vrais problèmes. On occulte la réalité, mais on la réduit à quelque chose d'insignifiant pour la ridiculiser et l'exclure. Le burkini et la burka, est-ce un indicatif de religiosité ou un uniforme, un corps social qui veut se différencier de la société française et réclame des droits spécifiques ? Il y a un contexte politique très particulier. L'uniforme vise à marquer le territoire. Une fois le territoire marqué, la loi s'appliquera à toutes les musulmanes, à toutes  les femmes. Cela annonce la police islamique déjà à l'oeuvre dans certains quartiers et dont on voit les effets en Tunisie, au Moyen-Orient. A la différence d'Israël, Il y a un problème, car l'Etat ne maîtrise pas la dimension de sécurité sur ce plan. Je ne pense pas qu'il faut en faire une loi, mais il ne faut pas être naïf. Tarik Ramadan nous l'a bien appris : l'islamisme utilise la démocratie pour la subvertir. L'enjeu est aussi politique. Même si l'objet du débat est ridicule, il faut le prendre au sérieux. La gauche est déchirée par ses contradictions - sa tendance au multiculturalisme et le fait qu'elle est au pouvoir - : elle se voulait multiculturaliste et s'est découverte républicaine. Où est la république ? Ce n'est pas un supermarché. Le multiculturalisme est une catastrophe, car il annonce la fragmentation de la société. Et la France est moins libre qu'ailleurs car elle a toujours été centraliste".

Conseil d'Etat
Le Conseil d'Etat a été saisi pour déterminer si le maire a excédé son pouvoir en édictant l'arrêté municipal de police administrative pris par Villeneuve-Loubet ainsi rédigé :
« L'accès à la baignade est interdit, du 1er juillet au 31 août, à toute personne ne disposant pas d'une tenue correcte, respectueuse des bonnes mœurs et du principe de laïcité, et respectant les règles d'hygiène et de sécurité adaptées au domaine public. »
Par une ordonnance en référé du 22 août 2016, le tribunal administratif de Nice avait validé cet arrêté et débouté deux associations réclament son annulation.

Le 25 août 2016, Bernard Stirn, président de la section Contentieux du Conseil d'État, a centré les débats sur cette question : « Le maire de Villeneuve-Loubet a-t-il manifestement excédé ou non ce qu'il peut faire dans ses pouvoirs de police ? »

Devant le Conseil d'Etat, la LDH (Ligue des droits de l'homme), défendue par Me Patrice Spinosi, et le Collectif de lutte contre l'islamophobie en France (CCIF), défendu par Me Sefen Guez Guez, ont demandé "non seulement la suspension de l'arrêté qui exige une tenue de bain respectueuse "des bonnes mœurs et de la laïcité", mais une grande décision de principe, consacrant la liberté de religion". « S'il y avait une personne demain en soutane sur la plage, y aurait-il un risque de trouble à l'ordre public ? » a ironisé Me Spinosi en feignant d'assimiler un vêtement professionnel à un vêtement de loisirs. Et de poursuivre : « Vous allez devoir poser les limites des pouvoirs des maires en matière de réglementation des signes religieux dans l'espace public (…) Le burkini, c'est un voile porté sur une tenue courante, adaptée pour la baignade. Il n'y a pas de différence objective entre le burkini et le port d'un simple voile. Aujourd'hui, le maire a réglementé la mer. Demain, la plage. Après-demain, ce sera tout l'espace public, les bibliothèques, les transports en commun (…) En retenant, comme le tribunal administratif de Nice l'a fait, que le burkini pouvait être perçu comme l'expression de revendications identitaires, on est dans une position de principe, qui s'apparente plus à une prise de position politique que juridique. Il n'y a aucun élément objectif qui permette de justifier l'interdiction du burkini. Y a-t-il eu des personnes qui portaient des burkinis à Villeneuve-Loubet ? On ne le sait pas. Y a-t-il eu des violences à cause du burkini ? Aucun élément ne permet de le démontrer. On vous demande de croire sans voir (…) On vous dit : Avant [l'arrêté municipal, Ndlr] il n'y avait pas de trouble à l'ordre public, mais rassurez-vous, il n'y en aura pas non plus après ! Il n'appartient pas au Conseil d'État de se prononcer sur les motivations qui poussent les femmes à revêtir ces vêtements religieux  » Écartant la justification par l'attentat terroriste islamiste du 14 juillet 2016, les avocats ont souligné que la  "décision du Conseil d'État aura vocation à s'appliquer partout, ont-ils dit, et pas seulement dans les régions touchées par les attentats. « Les exigences du droit ne doivent pas céder aux exigences de la peur. Tout au contraire, le droit a vocation à pacifier. »

« Le seul trouble à l'ordre public, ce sont les communes qui l'ont créé en prenant ces arrêtés. En interdisant de plage les femmes porteuses de burkini, on a exclu les victimes de racisme. Et on a ainsi considéré que le racisme ne s'exprimera pas », a plaidé Me Guez Guez, pour le CCIF

"Sollicité, le représentant du ministère des cultes n'a pas pris position, s'en remettant à la sagesse du Conseil d'État. « Je n'ai pas bien compris de quel côté vous êtes, s'est moqué Me Spinosi. » Avant de sourire : « La neutralité bienveillante de l'État », sans doute". Ce qui révèle les atermoiements du gouvernement à moins d'un an d'élections politiques majeures.

Me François Pinatel, avocat de Villeneuve-Loubet, "a lui plaidé le souci de l'ordre public dans le "cas particulier" d'une commune sous tension à la suite des attentats. Dont celui ayant fait 86 morts le 14 juillet à Nice, ville proche". Ce défenseur a souligné le caractère préventif, inhérent à la police administrative, de l'arrêté municipal : « Il y a dans la région de Nice un climat de tension absolu. Ces maires ont juste voulu éviter que ça dégénère. Si cela se passe bien, c'est justement parce que l'arrêté a été pris »

Le 26 août 2016, à 15 h, le Conseil d'Etat a rendu son arrêt en arbitrant entre l'ordre public et la liberté de conscience.

Trois juges du Conseil d’Etat ont annulé l’ordonnance du tribunal administratif de Nice et suspendu l’arrêté de Villeneuve-Loubet. Ce "n'est pas un arrêt de principe, mais une décision d'espèce".

« Si le maire est chargé (...) du maintien de l’ordre dans la commune, il doit concilier l’accomplissement de sa mission avec le respect des libertés garanties par les lois », a rappelé le Conseil d’Etat.

Le Conseil d’Etat a souligné qu’une restriction de l’accès aux plages ne pouvait être justifiée qu’en cas de « risques avérés » pour l’ordre public, et pour garantir « le bon accès au rivage, la sécurité de la baignade ainsi que l’hygiène et la décence ».

L’ordonnance du Conseil d’Etat a précisé que, en l'absence de "risques avérés" de troubles pour l'ordre public, « l’arrêté litigieux a ainsi porté une atteinte grave et manifestement illégale aux libertés fondamentales que sont la liberté d’aller et venir, la liberté de conscience et la liberté personnelle... L'émotion et les inquiétudes résultant des attentats terroristes, et notamment de celui commis à Nice le 14 juillet dernier, ne sauraient suffire à justifier légalement la mesure d'interdiction ».

L'un des trois signataires de cette ordonnance suspendant cet arrêté municipal est Thierry Tuot, Conseiller d'Etat. En février 2013, il a remis au gouvernement socialiste un rapport, commandé par le Premier ministre Ayrault, sur l'intégration intitulé "La grande nation : pour une société inclusive".

Thierry Tuot "y dénonçait « la célébration du passé révolu d’une France chevrotante et confite dans des traditions imaginaires », défendant pour sa part une France « inclusive ». N’en jetez plus !", a rappelé Gabriel Robin, juriste (Boulevard Voltaire, 27 août 2016). Et d'ajouter : "Le burkini est une tenue de combat islamique, validée à la demande de sa créatrice par une fatwa du très radical cheikh Hilali, qui a applaudi aux attentats du 11 septembre".

Dans ce rapport, "le projet de Monsieur Tuot consiste à refonder "la base idéologique" de la politique de l'intégration (page 10). La veine idéologique dans laquelle s’inscrit le rapport de Monsieur Tuot — il n'y a rien de choquant à ce que ce rapport soit politique, c'était ce qui lui était demandé — est celle qui, de Terra Nova au Parti socialiste, en passant par les écologistes, domine la gauche et l'extrême gauche françaises depuis trente ans. La thèse, en rien méprisable, est que l’islam est une religion comme une autre, et que le devoir de la société française est de dépasser la stigmatisation et la discrimination pour inclure chacun dans une société rénovée. Bien entendu, cette thèse est fausse : l’islam est plus qu’une religion, il définit un projet politique et une code normatif complet (le fiqh, d’où la Sharia) qui se veut immuable, car enraciné dans la parole de Dieu (Coran) et les faits et gestes du prophète (la Sunnah). Méconnaître cette différence ontologique entre christianisme et islam n’est pas une question d’opinion, c’est une erreur intellectuelle.Toutefois, le problème n’est pas là. Il réside dans le fait que l’auteur d’un rapport idéologique sur l’islam rende un arrêt de droit — qui plus est au contentieux objectif de la légalité — sur le même sujet. Comme le résume parfaitement l’aphorisme anglo-saxon : "Not only must Justice be done ; it must also be seen to be done.” (La justice ne doit pas seulement être rendue, elle doit aussi en avoir l’apparence). Ce qui signifie qu’un conflit d’intérêts vicie nécessairement une décision de justice, quel qu’en soit le contenu. Ayant pris parti sur le plan idéologique, la justice exigeait de Monsieur Tuot qu'il s’abstienne de juger", a écrit Drieu Godefridi, docteur en philosophie (Sorbonne), juriste, et dirigeant d'entreprise, dans Atlantico (30 août 2016).


Selon Le Monde, "sur les trente et une communes ayant publié des arrêtés interdisant le port d’une tenue religieuse sur leurs plages, seules quatre ont verbalisé des estivantes pour ce motif. Au total, trente-deux procès-verbaux y ont été dressés pendant l’été".

Maire de Sisco (1 200 habitants en Corse), Ange-Pierre Vivoni a estimé sur BFM TV, que cet arrêt du Conseil d'Etat ne concerne pas sa ville et ne peut s'appliquer à son arrêté interdisant le port du burkini, car une rixe a eu lieu avant son arrêté municipal : "Tout objet ostentatoire peut être pris pour une provocation". Il a pris comme exemple une croix, et il a ajouté que l'islam est une religion de paix.

Une « décision de bon sens » et une « victoire du droit », a salué le secrétaire général du Conseil français du culte musulman (CFCM), Abdallah Zekri.

Candidat à la primaire du Parti socialiste et député socialiste des Yvelines, Benoît Hamon s'est réjoui « de la décision du Conseil d’Etat ». Il a confié au Monde : « Il s’agit d’un désaveu vis-à-vis de la position exprimée par Manuel Valls. Je suis frappé que le premier ministre ait ignoré que les arrêtés anti-burkini portent une atteinte grave et manifestement illégale, comme l’a rappelé le Conseil d’Etat, aux libertés fondamentales que sont la liberté d’aller et venir, la liberté de conscience et la liberté personnelle. »

« Ce n’est pas le Conseil d’Etat qui gouverne et qui fait la loi en France. Les islamistes veulent faire reculer la République ; c’est la République qui doit faire reculer les islamistes », a déclaré Guillaume Larrivé, député de l’Yonne et porte-parole du parti. Il a annoncé" préparer avec Eric Ciotti, député des Alpes-Maritimes et futur porte-parole de la campagne de Nicolas Sarkozy « une proposition de loi pour sécuriser les décisions des maires interdisant le burkini », qui sera présentée à l’Assemblée nationale en septembre".

« La tenue du burkini est incompatible avec nos mœurs, et plus précisément avec l’idée que l’on se fait en France des rapports entre les hommes et les femmes. Ce n’est pas seulement sur les plages de Cannes et de Villeneuve-Loubet mais sur l’ensemble du littoral et du territoire que le port du “burkini” comme celui de la burka doit être proscrit », a déclaré Nicolas Dupont-Aignan, président du parti souverainiste Debout la France. Il est favorable à une loi le prohibant.

Le "Front national s’est dit, lui, outré par cette décision et a suggéré le vote d'une loi. « Le Conseil d’Etat a fait le choix de la soumission face aux pressions islamistes. Une décision consternante. Au peuple de reprendre la main », a réagi le secrétaire général du parti d’extrême droite, Nicolas Bay. « Le Conseil d’Etat, otage du juge socialiste Stirn, recule face au communautarisme. Il est temps de réarmer la République ! », s’est exclamé de son côté le maire d’Hénin-Beaumont, Steeve Briois". Or, Bernard Stirn est un excellent juriste, et est apparenté à la famille du capitaine Dreyfus.

« Face à la faiblesse du Conseil d’Etat, au législateur maintenant d’être responsable et d’interdire ce vêtement d’apartheid ! », a réclamé le vice-président du FN, Florian Philippot. Le 26 août, le vice-président du Front national a rappelé la volonté de sa formation d’étendre à l’ensemble de l’espace public la loi du 15 mars 2004, qui encadre le port de signes religieux à l’école : « Cette loi de 2004 était excellente, elle a apaisé des tensions à l’école. Nous allons la faire appliquer dans l’ensemble de l’espace public », y compris dans la rue, a assuré M. Philippot sur le plateau de BFM-TV le 26 août. Et l'eurodéputé de préciser quels signes religieux seraient concernés par cette mesure : « Le voile, la grande croix – il n’y en a pas beaucoup mais ça peut arriver –, la kippa, d’autres… »

Une déclaration qui a agacé certains élus au sein de son camp, où la possibilité de bannir la « grande croix » de l’espace public a été perçue comme une atteinte à l’identité française.« La sortie de Philippot a sidéré tout le monde. « Mettre dans le même sac, le voile, la kippa et la grande croix, c’est ignorer les racines chrétiennes de notre pays », a reproché le maire de Béziers (Hérault), Robert Ménard".

"Pour lutter contre le communautarisme, pour protéger les femmes, pour affirmer la laïcité et notre mode de vie, le législateur est seul habilité à agir. Comme hier les professeurs sur la question du voile à l’école, les maires aujourd’hui au sujet du burkini ne peuvent pas être laissés seuls, démunis face à la pression des fondamentalistes islamistes. La balle est donc dès ce soir dans le camp du législateur français, qui doit faire voter au plus vite une loi d’extension de la loi de 2004 à l’école, pour bannir les signes religieux ostensibles dans l’espace public (hors personnel religieux). Le burkini en fera évidemment partie. Seuls nous faisons cette proposition, depuis 2012, qui s’impose de plus en plus évidemment. Plus largement, le débat sur le burkini est révélateur des conséquences de plus en plus néfastes de l’immigration massive et du communautarisme que les gouvernements de droite et de gauche ont organisés depuis de nombreuses années. Il faudra sur le fond s’attacher à résoudre ces problèmes majeurs", a déclaré Marine Le Pen.

C'est sur son compte Facebook que le Premier ministre Manuel Valls a choisi d'exprimer longuement sa position :
"Le Conseil d’Etat s’est prononcé sur l’arrêté du maire de Villeneuve-Loubet interdisant les tenues qui manifestent, de manière ostensible, une appartenance religieuse. Il a jugé que la mairie n’avait pas établi le risque de trouble à l’ordre public et qu’elle avait par conséquent excédé ses pouvoirs.
Toute décision d’interdiction doit effectivement établir le risque d’atteinte à l’ordre public et être appliquée avec discernement – j’ai déjà eu l’occasion de le dire à plusieurs reprises. Mais, comme vient de le rappeler le ministre de l’Intérieur, le Conseil d’Etat « ne prive pas les maires de ce pouvoir ; il en rappelle à nouveau les conditions de son exercice, dans un cadre juridique conforme aux principes constitutionnels. »
Cependant, cette ordonnance du Conseil d’Etat n’épuise pas le débat qui s’est ouvert dans notre société sur la question du burkini. Ce débat n’est pas anodin. C’est un débat de fond, qui vient après d’autres : il y a trente ans, la question du foulard dans les écoles, puis la loi de 2004 sur le port de signes religieux, et celle de 2010 sur le voile intégral dans l’espace public.
Bien sûr, il ne faut pas être dupe de ceux, à droite et à l’extrême-droite, qui exploitent ce débat pour pointer du doigt les musulmans. Mais au-delà, une question fondamentale se pose : dénoncer cette tenue, est-ce stigmatiser les musulmans, ou bien est-ce justement le port de signes prosélytes de cette nature qui est un risque pour tous les musulmans de France, alors assimilés à l’islamisme politique militant ?
Je veux répondre clairement : dénoncer le burkini, ce n’est en aucun cas mettre en cause une liberté individuelle. Il n’y a pas de liberté qui enferme les femmes ! C’est dénoncer un islamisme mortifère, rétrograde. Une vision que je n’accepte pas au nom même de la place que l’Islam doit trouver dans notre société.
Car il faut faire une distinction très claire. C’est, je crois, la clé du débat.
Il y a, d’une part, cet islamisme politique, qui instrumentalise une religion, qui est le fait d’une minorité. Le burkini n’est pas un signe religieux, c’est l’affirmation dans l’espace public d’un islamisme politique.
Il y a, d’autre part, la très grande majorité des musulmans, qui savent bien que le burkini est l’alliance improbable entre le mot bikini et le mot burqa – un mot qui dit bien ce qu’il veut dire !
Ces Français musulmans savent qu’ils sont une part de la culture française. Qu’ils soient pratiquants ou non, ils forment une composante essentielle de la France. Cette composante s’est diversifiée, profondément mêlée à toutes les autres composantes de notre société, à la suite de mariages mixtes, de combats politiques, sociaux, à la suite d’engagements pour la France, dans la guerre et dans la vie quotidienne. C’est une chance, il faut le redire.
Une fois cette distinction faite, la question se pose de ce qu’il faut faire, face au burkini, face aux manifestations d’un islamisme politique.
Le combat est juridique, chaque fois qu’un risque de trouble à l’ordre public sera établi. Mais le combat est d’abord, et avant tout, politique, au sens le plus profond du mot, culturel, pour dire ce que nous n’acceptons pas, car cela met en danger la cohésion de la Nation.
Le silence serait sans doute plus confortable, pour ne pas risquer les généralisations, pour ne pas aviver des plaies ouvertes au sein de la société française. Mais rester silencieux, comme par le passé, c’est un petit renoncement. Une démission de plus. Petit à petit, c’est alors notre pacte républicain qui se fissure sous le poids des communautarismes et des réflexes xénophobes qu’ils engendrent.
Les Français, tous les Français, et les musulmans eux-mêmes, attendent un regard lucide, des réponses claires.
Ils attendent qu’un Islam de son temps, revendiquant pleinement les valeurs de la République, l’emporte. Et c’est en premier lieu aux musulmans de France de le construire, de mener ce combat culturel. Ils sont les premiers confrontés à la violence du message salafiste, radical.
L’Etat est là pour accompagner et protéger les musulmans de France. Il doit être implacable face aux actes anti-musulmans, comme il doit être implacable face aux actes antisémites, anti-chrétiens ou racistes.
Avec le ministre de l’Intérieur, nous avons voulu relancer la construction d’un Islam de France, apaisé, indépendant des influences étrangères. Bernard Cazeneuve fera des propositions ce lundi.
L’Etat est là pour réaffirmer ce qui fait, depuis plus d’un siècle, la condition de notre vie en société : la laïcité. Elle n’est pas la négation du fait religieux. Elle n’est pas un instrument pour viser ou exclure une religion en particulier. Je n’accepte pas ceux qui utilisent l’argument de la laïcité pour pointer du doigt les Français musulmans. Elle est ce socle républicain qui accueille chacun en son sein, quelle que soit sa culture, quelle que soit son histoire. Elle est cette liberté moderne, émancipatrice, qui consiste à tirer une ligne nette entre ce qui relève du temporel et des choix spirituels de chacun. La laïcité, c’est la liberté de croire ou de ne pas croire. Mais c’est l’exigence, aussi, de ne jamais imposer ses croyances ou ses pratiques à l’autre. Cet équilibre, la France a su le construire. C’est sa singularité. C’est pour cela, d’ailleurs, qu’elle est visée. Cet équilibre, c’est une part de notre identité. Nous devons tous le défendre". 
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"Journée noire pour les libertés, le conseil d'état donne à nouveau raison aux collabos du fondamentalisme. Désolant", "le conseil d'état était pour le foulard islamique à l'école en 89. Il a fallu faire une loi pour le contourner. Qui le regrette ?" et "Pour booster le FN et les milices corses, la décision calamiteuse du conseil d'état est idéale ! Les fanatiques nous testent", a twitté le philosophe Luc Ferry.

"Je suis étonnée de voir quelque chose d'aussi anodin prendre tellement d'importance. Mais je m'interroge : où est la liberté ? Il y a donc des personnes en France qui ne jouissent pas de la même liberté que les autres, puisqu'il s'agit d'interdire un espace à des citoyennes ? Les femmes en burkini qui veulent profiter de la plage ne sont pas responsables de tout ce qui se passe aujourd'hui, mais ce sont elles qui sont encore stigmatisées. Moi-même, je nage comme cela, alors cela m'a touché. Je suis choquée de voir des policiers arrêter une femme à la plage pour lui demander de se déshabiller. Cela revient à priver les femmes d'un choix, alors que le simple fait qu'elles soient à la plage fait d'elles des femmes libres et courageuses. C'est juste un loisir ! Il faut leur laisser leur chance au lieu de les humilier", a déclaré Latifa ibn Ziaten, mère d'un des soldats victimes du terroriste islamiste Mohamed Mérah, le 27 août 2016, à Franceinfo.

Et de poursuivre : "Il faut se demander qui sont ces femmes qui portent le burkini à la plage : ce ne sont  pas celles qui portent la burqa ! Ce sont des femmes qui, comme moi, ne veulent pas se dévêtir pour différentes raisons, que ce soit pour une question d'âge, de respect, de religion... Une femme qui adhère à l'idéologie de Daech, ce n'est pas à la plage que vous risquez de la trouver. Il est hors de question pour ces personnes de se baigner ou bien d'aller à la plage. Avec ou sans burkini. Nous ne sommes pas Daech. Je me bats contre cela. Je porte le foulard et je me bats pour la liberté, pour le vivre-ensemble, pour mon pays et les valeurs de la République. Et la République protège tout le monde, sans distinction. Cette polémique ne sert finalement qu'à diviser les Français... Quoi qu'il arrive, l'islam fait toujours la une des médias et je me demande sincèrement pourquoi il y a tant de polémiques. La religion est une affaire personnelle. En France, les musulmans doivent constamment se justifier, expliquer chacun de leur choix... Mais les gens n'aspirent qu'à vivre tranquillement !... Aujourd'hui, en France, on joue avec l'islam. Notre religion est devenue prisonnière de ces polémiques et les musulmans ne se sentent pas libres. Il y a de la peur en France et les gens sont méfiants après le traumatisme des attentats. Mais le foulard ou le burkini ne présentent pas de danger pour la société, que ce soit en Europe, au Maghreb ou ailleurs. Le danger n'est pas dans le voile. Le danger, c'est la pauvreté morale, le manque d'éducation, le manque de respect... Quelqu'un qui porte le foulard, comme quelqu'un qui porte la kippa, n'est pas dangereux, mais juste une personne avec des convictions religieuses et qui doit être respectée. Au même titre que n'importe qui. Je comprends l'interdiction de la burqa, qui cache le visage et je comprends que le foulard puisse être interdit dans certains lieux, comme les écoles ou les administrations. Mais à l'extérieur, dans la rue, sur la plage et jusque dans la mer - comme s'il fallait se demander si la mer était un espace laïc ! - c'est n'importe quoi. Rester bloquer sur la question du foulard ou du burkini empêche de s'attaquer aux vrais problèmes de la société. C'est ça qui est terrible. Il ne faut pas tomber dans ce piège".

"C'est moi républicaine, laïque, qui suis «amalgamée», « stigmatisée ». Je le suis, stigmatisée, quand je croise une femme en niqab ou burka dans la rue, quand un homme refuse de me serrer la main, quand je vois une fillette la tête couverte qui déserte soudainement les cours de dessin, de danse ou de musique, quand je constate que la loi du Coran, pour certains, transcende et doit s'imposer aux acquis constitutionnels, institutionnels, législatifs pour lesquels nous nous sommes tant battus... Qui est entravé dans l'exercice de sa religion aujourd'hui en France? A l'exception des radicaux salafistes et autres, même chez les musulmans vous n'entendez pas pareil son de cloche. Ils sont de plus en plus nombreux au contraire à comprendre l'intérêt de notre modèle, quoiqu'il doive s'adapter. C'est à gauche que règnent ceux qui dénoncent ainsi « l'intégrisme laïque », le « laïcisme », au nom de la diversité culturelle. Ce sont les partisans d'une « laïcité ouverte » à la Jospin que j'ai entendu me dire en 1989 : «Et que voulez-vous que ça me fasse que la France s'islamise?». Cette idéologie dominante est responsable, coupable de l'état des lieux. Adepte du «il est interdit d'interdire», c'est elle qui a porté les coups les plus durs à la laïcité. Avec une parfaite bonne conscience", a déclaré la journaliste Elisabeth Schemla (Le Figaro, 4 août 2016).

"Le Conseil d’État dit le droit, mais ce droit ne descend pas du ciel. Il a une source politique et idéologique, celle du multiculturalisme et des accommodements raisonnables avec l’Islam. Cette conception anglo-saxonne est l’exact opposé de la tradition républicaine française. La logique du burkini libre c’est la ségrégation libre", a déclaré Éric Zemmour sur RTL le 30 août 2016.

"Le burkini est le petit dernier de la liste de ces mots inquiétants devenus familiers... Le bikini est l'emblème des sociétés qui valorisent l'être humain... Invoquer la liberté des individus pour justifier un instrument de coercition sociale, la perspective d'une vision holistique est [un problème]... Une barrière entre deux mondes est érigée par le burkini... Ultime mystification : cette barrière trouve ses principaux soutiens parmi les soutiens du vivre ensemble et du métissage. Le Conseil d'Etat vient de donner la caution du droit à cette triple imposture. Parmi les rédacteurs de l'ordonnance en référé : Thierry Tuot, auteur d'un rapport où le danger est la "célébration ronchonne du village d'autrefois" et la France doit résilier le passé, inclure et non plus intégrer. Il conçoit le droit comme une machine de guerre contre nos mœurs. A cela, les Corses répondent "On est chez nous" pour rappeler qu'être Français, c'est une forme de vie, et que celle-ci n'est pas négociable", Alain Finkielkraut dans L'esprit d'escalier, sur RCJ, le 4 septembre 2016.

Et d'ajouter : "Le terrorisme n'est pas le seul défi auquel nous sommes confrontés... Il n'y va pas seulement de la cohésion nationale... Ce que disent le foulard et le maillot intégral est que la femme est obscène, c'est une atteinte à la dignité. Voilà pourquoi il aurait fallu interdire le maillot intégral  pour trouble à l'ordre de public, comme on a interdit le lancer de nains pour atteinte à la dignité... Le Conseil d'Etat a gagné la bataille... Il faut répondre à l'offensive de l'islamisme qui veut bâtir une contre-société en France ".

Faiblesse politique et incohérence juridique
Carence d'une déclaration claire du Président de la République François Hollande, cacophonie au sein du gouvernement socialiste - paroles fermes du chef du gouvernement Manuel Valls non concrétisées par des actes, oppositions publiques de ministres sans sanction -, défaut d'autorité pour maintenir l'unité du gouvernement... Les autorités politiques françaises ont de nouveau révélé leur faiblesse en confiant au Conseil d'Etat le soin de statuer sans indiquer, comme le droit le prévoit, la position officielle - laquelle ? - du gouvernement. Ce qui préserve le "vote halal".

En outre, cette ordonnance du Conseil d'Etat délite la confiance en cette haute juridiction administrative dont la jurisprudence apparaît peu compréhensible. 

A titre d'exemple, citons une affaire concernant les libertés publiques, en l'occurrence la liberté de réunion - spectacle de Dieudonné -, et l'ordre public, sur laquelle le Conseil d'Etat a statué en 2014. La loi du 30 juin 1881  sur la liberté de réunion précise que les organisateurs  doivent prévenir "toute infraction aux lois, interdire tout discours contraire à l'ordre public et aux bonnes mœurs, ou contenant provocation à un acte qualifié crime ou délit". Quant à la jurisprudence, elle exige un trouble à l'ordre public - salubrité, sécurité, tranquillité des biens et des personnes  - et une réponse proportionnée à ce trouble (Conseil d'Etat, Benjamin, 19 mai 1933) : "La liberté est la règle, la restriction de police l’exception". 

Le 7 janvier 2014, le préfet avait interdit un spectacle à Nantes de DieudonnéLa manifestation prévue par la famille Klarsfeld à Nantes en protestation contre ce spectacle Le Mur avait donc été annulée. Le juge des référés du tribunal administratif de Nantes avait autorisé ce spectacle.

Le 9 janvier 2014, le juge des référés du Conseil d'Etat a annulé cette ordonnance du juge des référés. Il a donc confirmé l'arrêté préfectoral interdisant ce spectacle. 

Le 13 janvier 2014, Jack Lang a analysé avec pertinence cette ordonnance qui infléchissait une jurisprudence constante du Conseil d'Etat : "Sous prétexte que les autorités judiciaires n'étaient pas parvenues à faire rendre gorge à Dieudonné, on a voulu donner à la police administrative un pouvoir de répression morale et pénale qu'elle ne détient. Aucun élément sérieux ne donnait à penser que la menace était irrésistible. Le Conseil d'Etat aurait donc dû, sur ce point, donner raison au tribunal administratif de Nantes. Plus grave encore, en évoquant l'atteinte à la dignité humaine, il a fragilisé sa décision en mettant en balance la liberté d'expression avec un autre principe, le respect de la dignité de la personne humaine, qui peut faire penser que, désormais, un ordre public moral s'ajoute à l'ordre public matériel... L'atteinte à la dignité humaine, c'est une notion beaucoup plus floue : on navigue ici dans des eaux plus incertaines où s'entremêlent des considérations philosophiques et politiques beaucoup plus que juridiques. Que vient faire dans le raisonnement, par exemple, la notion de « cohésion nationale » ? Le Conseil d'Etat nous a habitués à une langue plus rigoureuse, à des concepts plus limpides, à des démonstrations moins alambiquées... [Je suis choqué par] la confusion entre deux ordres juridictionnels, l'ordre administratif et l'ordre judiciaire. Par exemple, le principe constitutionnel de dignité ne regarde en rien la police administrative. Sa protection relève du juge judiciaire, du législateur et éventuellement du Conseil constitutionnel. La seconde chose qui me choque, c'est que cette ordonnance marque un retournement de jurisprudence. Par rapport à l'histoire du Conseil d'Etat qui a toujours été un gardien vigilant des libertés, c'est un vrai bouleversement, une profonde régression qui tend à instaurer une sorte de régime préventif, voire de censure morale préalable à la liberté d'expression. La boîte de Pandore aux dérives et aux abus est ouverte".

Ainsi, Najat Vallaud-Belkacem, porte-parole du gouvernement, avait alors annoncé en 2014, sur France 3, que cette jurisprudence pourrait permettre l'interdiction a priori de spectacles ou meetings politiques dès lors qu'il y "a atteinte à l'ordre public et à la dignité humaine".

Une jurisprudence que, deux ans plus tard, le Conseil d'Etat n'a pas appliqué au port du burkini.

Valls vs New York Times
Le 2 septembre 2016, The New York Times a publié l'article en américain ‘The Way People Look at Us Has Changed’: Muslim Women on Life in Europe et en français (Regards ‘changés’ et ‘langues déliées’ : Des musulmanes évoquent l’Europe d’aujourd’hui).

Le quotidien américain avait sollicité sur Internet les témoignages de musulmanes vivant en Europe, notamment en France, sur le burkini : "La polémique autour de l’interdiction du burkini divise la France, et l’Allemagne se penche sur une proposition de loi limitant le port du voile. Nous aimerions recueillir des témoignages de musulmanes en Europe qui vivent avec ces débats au quotidien". Il a publié 22 messages sur le vécu présenté comme douloureux - insultes, préjugés, “sensation d’être une hors-la-loi”, etc. - de musulmanes stigmatisant un “régime d’apartheid”. 
"Comment est-il possible que dans un monde “moderne”, bronzer toute nue soit acceptable, mais garder ses vêtements à la plage ne le soit pas ?", s'est interrogée Dina Srouji, 23 ans, Lebbeke, Belgique, étudiante et apprentie journaliste à l’Université de Gand. "On m’insulte, me crache dessus (littéralement) tous les jours dans le métro, le bus, mon école. Pourtant, je n’ai jamais insulté, frappé quelqu’un. Non, je suis juste musulmane. Je pense sérieusement partir vivre ailleurs, où le regard des autres ne me fera plus pleurer chaque soir dans mon lit. … J’ai peur un jour de porter une lune jaune sur mes habits, comme l’étoile de David pour les Juifs il n’y a pas si longtemps. Merci à vous de nous écouter et nous donner la parole", a écrit Charlotte Monnier, 23 ans, Toulouse, étudiante en architecture. "Quand bien même vous faites tous les efforts inimaginables en croyant ainsi vous “intégrer”, il vous est toujours martelé que pour bien faire et ainsi répondre à une intégration “complète” il nous faut renoncer à nos principes et notre religion. Dans nos foyers, au bureau ou entre amis, une sorte de pression sévit. On n’ose plus répondre favorablement à une invitation “d’amis”, car nous en avons marre de devoir refuser un verre d’alcool et justifier poliment en y mettant les formes, tout ça en veillant à ne pas dire de choses préjudiciables dans ce que l’on peut presque appeler des excuses. Au bureau, les petites vannes du genre “tu as aidé tes cousins ?” à la suite d’un attentat. Et nos familles lors des repas qui maudissent ces terroristes et sont insultés par la nouvelle législation. Alors quoi. On s’isole. Et lorsqu’on s’isole, on ne s’intègre plus", déplore Mira Hassine, 27 ans, Orléans, responsable administrative dans une entreprise du bâtiment. Elle "est musulmane mais ne porte pas le voile". "Être musulmane en France, c’est vivre dans un régime d’apartheid dont l’interdiction de plage n’est que le dernier avatar. ... Je crois que les femmes françaises musulmanes seraient fondées à demander l’asile aux USA, par exemple, tant les persécutions que nous subissons sont nombreuses", allègue Karima Mondon, 37 ans, professeur de français qui "vient de quitter Lyon avec sa famille pour s’installer à Casablanca, au Maroc". "Je trouve fou que les Français ont l’air de découvrir l’islam et nous parlent encore d’intégration alors qu’on en est aujourd’hui à la troisième voire quatrième génération de maghrébins musulmans installés en France", observe Assia Boukhelifa, 22 ans, Lille, étudiante en sciences politiques. "Je suis une femme qui porte ce maillot couvrant (burkini étant un terme trop connoté). Alors qu’avant je me contentais d’observer les autres profitant des plaisirs de la baignade, au mieux je rentrais avec mes vêtements de ville (ce qui n’est absolument pas pratique). Ce vêtement a cassé mes chaînes", considère Ennaji Loubna, 30 ans, Perpignan, "étudiante en Master de sociologie". "En tant que jeune femme musulmane, je ne me sens plus en sécurité. … Je m’apprête à partir au Royaume-Uni où je peux travailler et vivre normalement. Cela m’attriste, car j’aime vraiment mon pays", confie Sarah Nahal, 24, Grenoble. étudiante en économie et gestion".

Le 5 septembre 2016, de manière rare, peut-être pour répondre aux critiques exprimés dans la presse internationale, notamment anglo-saxonne, le Premier ministre socialiste français Manuel Valls, a répondu par la tribune En France, les femmes sont libres publiée par le Huffington Post. Il a vivement critiqué l'article qui “donne une image insupportable, car fausse, de la France”. Il en a contesté "avec la plus grande vigueur, [le fait] que la journaliste donne la parole à des femmes de confession musulmane en prétendant que leur voix serait étouffée, et ce, pour dresser le portrait d’une France qui les oppresserait. Par ailleurs, elle n'explique pas ce que sont les principes républicains : liberté, égalité, fraternité, et la laïcité à la française... Par son histoire, sa géographie, ouverte sur le bassin méditerranéen et le continent africain, par son immigration, la France entretient des liens très forts avec l'Islam. Elle s'enorgueillit que l'Islam soit la deuxième religion du pays”. 


Il affirmé : “L’exigence aurait dû porter la journaliste du New York Times à interroger l’immense majorité des femmes musulmanes qui ne se reconnaissent pas dans une vision ultra-rigoriste de l’islam. Il ne s’agit pas d’une enquête de terrain, qui permet les différents éclairages ou la nuance dans l'analyse. Ces témoignages ont été pour la plupart obtenus à la suite d’un événement scandaleux organisé en France : un ‘camp d’été décolonial’. Un camp qui, et cette information a son importance, était interdit - je cite - aux "personnes à la peau blanche"! Son but était de rassembler tous les partisans des communautarismes, tous les opposants à la mixité entre les personnes "blanches" et "non-blanches", tous ceux qui veulent, je cite encore, dénoncer le "philosémitisme d'Etat" dont la France serait victime”. Il a rappelé : "Le burkini n'est pas une tenue de bain anodine. C'est une provocation, l'islamisme radical qui surgit et veut s'imposer dans l'espace public !"deux principes fondamentaux qui font notre pays. Cette initiative, loin d'être isolée, montre au grand jour les contestations prosélytes qui sont à l'œuvre en France. Elles veulent revenir sur deux principes fondamentaux qui font notre pays” : l’égalité entre hommes et femmes et la laïcité. “En lecteur assidu de la presse internationale, j'ai vu comment une partie d'entre elle a hâtivement conclu à la stigmatisation, à l'atteinte à la liberté des musulmans à pratiquer leur culte... Mais enfin ! C'est précisément pour la liberté que nous nous battons... Le corps des femmes n'est ni pur ni impur. Il est le corps des femmes. Il n'a pas à être caché pour protéger de je ne sais quelle tentation. Car voici l'incroyable retournement : dans les témoignages cités, le burkini est présenté comme un instrument de libération de la femme ! Nous nous battons, aussi, pour la liberté de la grande majorité des musulmans, qui ne se reconnaissent pas dans cette minorité prosélyte qui instrumentalise leur religion”.


Et de conclure : "La conviction sur laquelle s'est bâtie la Nation française, c'est que pour avoir des citoyens libres et égaux, la religion devait relever de la sphère privée. La France, à la différence d'autres pays, ne se pense pas comme une juxtaposition de communautés, qui auraient chacune leur parcours autonome. Pour dire les choses autrement : nous ne concevons pas l'identité comme quelque chose d'ethnique. L'identité française, c'est une adhésion, vouloir partager un même destin... La France défendra toujours la raison et la liberté de conscience face au dogme. Car elle sait que, sans cela, ce sont le fondamentalisme et l'intolérance qui l'emportent. La France a à cœur de faire vivre cet Islam moderne, fidèle à son message d'ouverture et de tolérance. Nous protégeons nos concitoyens musulmans contre ceux qui veulent en faire des boucs émissaires. Là où l'extrême droite voudrait que les musulmans soient des citoyens de seconde zone, nous voulons, au contraire, faire la démonstration éclatante que l'Islam est pleinement compatible avec la démocratie, la laïcité, l'égalité femmes-hommes. C'est le coup le plus cinglant que nous pourrons porter à l'islamisme radical, qui n'aspire qu'à une seule chose : nous dresser tous les uns contre les autres".

Le New York Times a immédiatement répondu en citant Danielle Rhoades Ha, porte-parole du quotidien, précisant que l’article “était fondé sur les réponses de plus de 1200 lecteurs à un appel à témoignages en ligne en anglais, en français et en arabe, sollicitant les points de vue de femmes musulmanes en Europe après l’interdiction du burkini [dans certaines villes françaises]. Nous maintenons l'article”.  

Sur ces "tribunes incendiaires", Alain Finkielkraut a déclaré sur RCJ le 11 septembre 2016 : "Le Monde a pris parti en faveur du New York Times, car il est la plus parfait incarnation du néo-progressisme qui a remplacé l'exploitation par l'exclusion, le combat anti-raciste. L’université américaine est devenue le Politburo de ce combat". Et de stigmatiser les "Studies", dont les "Subaltern Studies" L'objectivité n'est plus de mise. L'Amérique se veut libérale. La culture, "l'héritage de la noblesse du monde" (Malraux), cède au multiculturalisme. Ce qui prime c'est désormais non la beauté, mais leur représentativité. Il faut que la diversité soit représentée. C'est le nouveau critère. On passe d'une éducation humaniste à une éducation humanitaire visant à réparer les dommages causés par la culture dominante, à inculquer un mécontentement. C'est le "Closing de l'American Mind" (Allan Bloom)... Armani a défendu le port de la burka comme choix vestimentaire. On en vient à défendre un islam rigoriste qui punit de mort l'apostasie et interdit à une femme musulmane d'épouser un non-musulman au nom de la liberté de conscience. C'est une confusion... On mobilise le droit à la différence pour favoriser le maintien et la progression de cet islam rigoriste, pour le bien des musulmans eux-mêmes. L'urgence n'est pas de retrouver un "islam des Lumières" largement fantasmé pour que l'islam puisse passer l'épreuve des Lumières. Le politiquement correct met les droits de l'homme au service de [cet islam rigoriste] et a de puissants relais en France. Le Monde est notre New York Times.. On est raciste aujourd'hui quand  on dit : "Le roi est nu"... C'est notre situation et elle est insupportable... Trump est un grand danger. Le pire serait que nous ayons le choix entre cet antiracisme fanatique et cette vulgarité d'un discours à la Trump. Cet antiracisme idéologique se réduit dans la société, mais il devient de plus en plus persécuteur".

Sisco
"Contrairement aux juges de Toulon et de Nice, qui ont suspendu des arrêtés similaires à Nice, à Cannes et à Fréjus après la décision du Conseil d'État, le tribunal administratif de Bastia a rejeté la requête de la Ligue des droits de l'homme (LDH), qui a immédiatement annoncé son intention de se pourvoir devant le Conseil d'État".

L’arrêté déféré de Sisco est ainsi rédigé : « L’accès aux plages et la baignade à toute personne n’ayant pas une tenue correcte, respectueuse des bonnes mœurs et de la laïcité ainsi que le port de vêtements pendant la baignade ayant une connotation contraire à ces principes ».

Le 6 septembre 2016, saisi en référé , le tribunal administratif de Bastia a rejeté la requête de la LDH. Il a repris l'argumentation d'Ange-Pierre Vivoni, maire socialiste de Sisco, village de 1500 habitants, qui avait ainsi justifié son arrêté municipal devant le tribunal : « Contrairement aux arrêtés de Cannes et Nice rédigés à titre préventif, j'ai écrit le mien le 16 août, trois jours après une violente rixe sur ma commune, pour rétablir le calme ».

Le Tribunal a considéré : « Compte tenu des récents événements du 13 août 2016, de leur retentissement et du fait que l'émotion n'est pas retombée, la présence sur une plage de Sisco d'une femme portant un costume de bain de la nature de ceux visés par l'arrêté du 16 août 2016 (…) serait de nature à générer des risques avérés d'atteinte à l'ordre public qu'il appartient au maire de prévenir ». Cinq personnes avaient été blessées lors de cette rixe "sur une plage de Sisco le 13 août, opposant des villageois de la région de Sisco à trois frères marocains de Furiani".

« Je ne connaissais pas l'existence du burkini avant le 13 août. Je n'allais pas imposer le couvre-feu ! J'ai donc choisi cette solution d'arrêté antiburkini pour calmer ma population… J'ai usé de mon pouvoir de police. Je n'en ai pas abusé », a expliqué le maire de Sisco. Jusqu'au 30 septembre, l'accès aux plages et la baignade seront interdits à Sisco « à toute personne n'ayant pas une tenue correcte, respectueuse des bonnes mœurs et de la laïcité » selon l'arrêté qui précise : « Le port de vêtements pendant la baignade ayant une connotation contraire à ces principes y est également interdit.»

« En statuant ainsi alors que les événements qui servent d'alibi à cette décision ne reposent en rien sur le port de ce vêtement, le tribunal administratif de Bastia cautionne l'idée que le simple port de ce vêtement de bain serait de nature à troubler l'ordre public », a réagi la LDH, qui estime que « cette thèse, qui fait fi de la liberté individuelle, n'est pas acceptable ».

« C'est un soulagement pour moi et ma population, et même, je crois, pour toute la Corse », a réagi le maire socialiste de Sisco Ange-Pierre Vivoni. Notant que « beaucoup d'élus et de Siscais étaient présents pour (le) soutenir », il s'est dit satisfait que le tribunal administratif ait « donné raison à un élu. Tout le monde parlait du burkini, moi, je n'ai jamais parlé de burkini », a-t-il précisé.

"Quinze autres maires corses, appartenant à l'Association des maires ruraux de Corse, ont annoncé mardi avoir pris par « solidarité » envers Ange-Pierre Vivoni, le même arrêté".

Le 7 septembre 2016, l'association des maires ruraux de Corse a exhorté à soutenir le maire de Ghisonaccia qui comparaîtra devant le Tribunal de Bastia pour défendre un arrêté municipal similaire.

"La France n'opprime pas les musulmans. Elle réprime les islamistes", a résumé Pascal Bruckner, essayiste, dans 28', magazine d'Arte, le 7 septembre 2016.

"Saisi par la Ligue des droits de l’Homme, le Tribunal administratif de Bastia a annulé, le 26 janvier 2017, la délibération du maire de Ghisonaccia visant à interdire sur les plages de sa commune les costumes de bain communément dénommés "burkinis", mais il a validé l’arrêté du maire de Sisco des mêmes costumes de bain pour la période du 16 août au 30 septembre 2016".

Dans ce jugement, le Tribunal a appliqué l'arrêt du juge des référés du Conseil d'Etat n° 402742 et 402777 du 26 août 2016, Ligue des droits de l'homme et autres et Association de défense des droits de l'homme - Collectif contre l'islamophobie en France, "selon lequel les mesures de police que le maire d’une commune du littoral édicte en vue de réglementer l’accès à la plage et la pratique de la baignade doivent être adaptées, nécessaires et proportionnées au regard des seules nécessités de l’ordre public, telles qu’elles découlent des circonstances de temps et de lieu, et compte tenu des exigences qu’impliquent le bon accès au rivage, la sécurité de la baignade ainsi que l’hygiène et la décence sur la plage. Il n’appartient pas au maire de se fonder sur d’autres considérations et les restrictions qu’il apporte aux libertés doivent être justifiées par des risques avérés d’atteinte à l’ordre public".

Concernant la commune de Ghisonaccia, "si le maire a pris son arrêté « anti-burkini » pour prévenir les troubles à l’ordre public susceptibles de se produire compte tenu de l’état de « tensions fortes suite aux attentats commis partout dans le monde », il ne fait état d’aucun trouble en résultant sur la commune alors même que l’arrêté note que l’apparition de tenues de plage manifestant de manière ostentatoire une appartenance religieuse a été signalée et constatée à plusieurs reprises sur les plages de Ghisonaccia. Dans ces conditions, le Tribunal a considéré que le maire de Ghisonaccia a porté une atteinte excessive à la liberté de pouvoir aller et venir vêtue conformément à ses convictions religieuses".

Concernant la commune de Sisco, il "ressort des faits de l'espèce qu'après une violente altercation, ayant abouti notamment à des hospitalisations et à l’incendie de trois véhicules, survenue le 13 août 2016 entre un groupe de baigneurs et une quarantaine d’habitants de la commune de Sisco, le lynchage des baigneurs n’a pu être évité que grâce à l’intervention des forces de l’ordre. La présence sur la plage de burkinis ayant été perçue comme l’étincelle ayant mis le feu aux poudres, le Tribunal a estimé que la présence sur une plage de cette commune d’une femme portant un tel costume de bain aurait été de nature à générer des risques avérés d’atteinte à l’ordre public qu’il appartient au maire de prévenir. Compte tenu du fait que l’interdiction expirait le 30 septembre 2016, le Tribunal a estimé que cette interdiction était adaptée, nécessaire et proportionnée au regard des nécessités de l’ordre public."

Mise en scène ?
Le 20 septembre 2016, le quotidien Nice-Matin a publié l'article Femme en burkini chassée d'une plage à Villeneuve-Loubet, un coup monté ? L'article cite des témoins de la scène filmée et largement diffusée dans le monde entier, notamment par l'AFP. Tous les témoins s'accordent à relater un groupe composé d'un homme et de deux femmes en burkini s'installant devant une équipe télé. Une scène attirant des regards curieux. D'autant que des parents s'opposent à ce que leurs enfants soient filmés par la caméra et que les trois individus se sont "mis en plein milieu du couloir à jet-ski de la plage privée. Comme ils gênaient, le propriétaire de la plage est sorti leur demander de se pousser... Ce n'est qu'après que Stéphane aperçoit la journaliste et son cameraman "planqués" derrière les voitures, en train de filmer. Il raconte qu'à ce moment-là, le propriétaire de la plage a fait entrer le petit groupe dans son restaurant. "Ils sont ressortis au bout d'un moment. L'homme et les deux femmes ont continué à marcher le long de la plage en direction de la Siesta. Des fois, ils se posaient. Puis ils repartaient." Le journaliste et le cameraman, qui avaient fait mine de partir, étaient en fait toujours cachés derrière les voitures. "On aurait dit qu'ils attendaient des réactions"... Le petit groupe finira par quitter les lieux. "Il y avait un véhicule qui les attendait en haut de la plage, comme pour les exfiltrer au cas où..."

Restrictions européennes
Le 2 août 2018, La libre Belgique a publié la tribune victimaire "Les droits des musulmanes font partie des droits des femmes" signée notamment par Rokhaya Diallo, journaliste, Julie Pascoët, Réseau européen contre le racisme (ENAR), Lila Charef, Collectif contre l’islamophobie en France, Chafika Attalai, Collectif contre l’islamophobie en France, Ndella Paye, Ibtissam Abaaziz, Stichting Meld Islamofobie (Netherlands), Hiba Latreche, Etudiants Musulmans de France, Hassiba Kechiche, Forum of European Muslim Youth and Student Organisations :
"Selon un rapport récent de l’Open Society Justice Initiative, presque un Etat membre de l’Union européenne sur trois a introduit des restrictions juridiques sur les tenues vestimentaires des femmes musulmanes, que ce soit au niveau local ou national. En outre, les interdictions du port du voile ou d’autres vêtements portés par les femmes musulmanes, tant par des institutions publiques que privées, sont de plus en plus répandues dans plus de la moitié des pays de l’Union européenne. Avec pour conséquence d’empêcher ces femmes d’avoir accès à des emplois. Comment peut-on sérieusement réconcilier cela avec les principes européens de non-discrimination et d’égalité des genres ?
Il y a néanmoins de l’espoir pour une Europe inclusive : dans la plupart des pays, des propositions d’interdictions ont été rejetées soit par des législateurs soit par des tribunaux...
les analyses montrent que nombre de ces interdictions de porter des signes religieux ciblent clairement les femmes musulmanes, même si elles sont présentées comme s’appliquant à tous les groupes religieux de manière égale. En effet, ces restrictions sont souvent adoptées suite à des débats publics houleux sur les tenues vestimentaires de femmes musulmanes et sur la présence des musulmans en Europe. L’argument de la "neutralité" est souvent utilisé afin de discriminer de manière légale les femmes musulmanes. D’autre part, de nombreux partis d’extrême droite se font les défenseurs de telles interdictions, en prônant des discours islamophobes
La neutralité demeure bien entendu un principe clé de nos sociétés. On ne peut néanmoins pas déconnecter son usage actuel ainsi que ces politiques restrictives du contexte de suspicion généralisée envers les musulmans, de l’impact disproportionné de ces restrictions sur les femmes musulmanes, et de la dimension structurelle de cette exclusion, qui a aussi un impact sur la manière dont la société perçoit les femmes musulmanes.
Il faut faire preuve de courage politique et célébrer la diversité en s’assurant que toutes et tous, avec leurs identités multiples, puissent contribuer à nos sociétés. Il faut choisir des approches inclusives et positives plutôt que l’exclusion et les entraves aux droits fondamentaux. Une telle approche constituera également un moyen puissant d’empêcher les partis les plus xénophobes de gagner en force dans plusieurs pays européens...
Il y a déjà de nombreux exemples positifs d’employeurs dans les secteurs publics et privés qui ont fait le choix de l’inclusion et qui influencent les développements politiques et juridiques dans différents pays de l’UE. Nous espérons que d’autres pays et institutions privées leur emboîteront le pas.
Les Etats membres de l’UE doivent évaluer les effets spécifiques de règles concernant le port de signes religieux dans les institutions publiques et privées sur les femmes musulmanes. Ils doivent également s’assurer que leurs pratiques et politiques promeuvent des lieux de travail et d’enseignement et des espaces publics inclusifs, notamment en rejetant toute nouvelle proposition d’interdiction de signes ou vêtements religieux dans l’emploi et/ou le secteur public. Pourquoi est-ce si difficile de choisir l’inclusion et de soutenir l’émancipation des femmes ?
Le débat au Parlement européen sur la situation d’exclusion vécue par un groupe spécifique de femmes en Europe constitue un soutien à la solidarité féministe plus large avec les femmes musulmanes qui commence à se manifester en Europe. A l’heure où les femmes musulmanes sont aussi victimes d’attaques racistes et sexistes, il est temps de reconnaître que les discriminations structurelles auxquelles elles sont confrontées alimentent le racisme et le sexisme."
Un texte exigeant tout d'une Europe sans contrepartie. Porter la burka serait un signe "d'émancipation des femmes" ?!

Le 3 août 2018, sur son blog, Christine Le Doaré a répondu dans la tribune intitulée "Non, les droits des musulmanes ne sont pas des Droits des Femmes !" :
"La façon de faire n’est pas nouvelle : se victimiser « femmes musulmanes exclues » et détourner les référentiels droits humains, droits des femmes «  solidarité féministe « pour obtenir des privilèges spécifiques communautaires et religieux .
Pourtant le risque est grand de compromettre l’objectif d’égalité entre les femmes et les hommes dans chaque pays, comme au niveau européen ainsi que compromettre le principe de neutralité religieuse dans les secteurs privé et public.
Sur le « féminisme » revendiqué dans cet article, je note que la question des violences faites aux femmes est survolée, quasiment accessoire dans le texte ;  elle n’est que prétexte à promouvoir l’idée d’une islamophobie généralisée en Europe. Instrumentalisation des luttes féministes s’il en est !
Le port d’un signe distinctif ostentatoire tel que le voile islamique, hijab, abaya… est un marqueur sexiste puisqu’il ne concerne que les femmes. Il est sensé marqué la pudeur des femmes face à l’avidité sexuelle des hommes, et par voie de conséquence,  accuse les femmes qui ne se voilent pas d’impudeur. Etrange manière de lutter contre les stéréotypes sexuels et sexistes et d’avancer vers l’égalité femmes-hommes.
Ce marqueur et drapeau de l’islamisme est une entrave à l’émancipation des femmes et la marche vers l’égalité femmes-hommes, nous ne le dirons jamais assez. Les musulmanes ne se voilent pas toutes loin de là, celles qui le font affichent une revendication politique...
Sur « la place des femmes musulmanes en Europe », je pense utile de rappeler que les femmes musulmanes n’ont pas de droits spécifiques en tant que musulmane, pas plus que les catholiques, les juives, les boudhistes, …, elles ont des droits en tant que citoyenne d’un état membre de l’UE, et en France citoyenne d’une République laïque.
Elles ont donc le droit de pratiquer leur culte dans leur sphère privée et intime, culte qui ne doit en rien interférer avec la vie de la République, ses institutions, ses services.
Dans l’entreprise, imagine t’on des salariés organisés et divisés selon leur conviction religieuse ? A quoi veut-on aboutir exactement ici ? A favoriser le vivre ensemble ou à afficher le religieux avant le reste, à exacerber les communautarismes, à diviser les citoyens d’un pays de l’UE, à fragmenter une UE déjà fort fragilisée ?
Des signataires de cet article sont aussi celles qui se revendiquent soit du féminisme essentialiste, relativiste, racialiste, intersectionnel, « pro-sexe »/queer d’une Joan Scott ou d’une Christine Delphy par exemple, ou du « féminisme islamique », aussi celles qui signent les tribunes exigeant la libération de Tariq Ramadan…, étrange coalition, pas étonnant qu’elle ait si peu à voir avec le féminisme. Pour s’y retrouver dans le féminisme, ses « versions » et dérives : https://christineld75.wordpress.com/2016/10/07/combien-y-a-t-il-de-feminismes/
L’action d’un tel Collectif représente un danger pour nos démocraties nationales comme pour l’Union Européenne. Il serait temps d’en prendre pleinement conscience. C’est-à-dire pour les féministes occidentales refuser toute alliance avec cette imposture de « féminisme », et pour les parlements et gouvernements, ne pas se laisser aussi facilement influencer, manipuler, et à l’inverse consolider le socle toujours imparfait mais irremplaçable de valeurs d’égalité sur lequel se fondent nos démocraties."
Belgique
"C’est Daniel Bacquelaine, alors chef de groupe MR à la Chambre, qui introduisit fin 2009 une proposition de loi, visant à sanctionner la dissimulation partielle ou totale sur la voie publique du visage par un vêtement. Le but était de permettre l’identification permanente par la police. Le texte n’évoquait pas explicitement le niqab (de tradition saoudienne) ou la burqa (de tradition afghane) mais tout le monde avait compris que c’étaient ces coutumes vestimentaires qui étaient visées. A l’époque, on parlait de 200 femmes concernées sur environ 400 000 fidèles musulmans.

La loi du 1er juin 2011 dite "anti-niqab et burqa" interdit le port de tout vêtement dissimulant entièrement le visage. Elle est entrée en vigueur le 23 juillet 2011.

Le 11 juillet 2017, la Cour européenne des droits de l’homme a débouté deux musulmanes portant le niqab, voile intégral couvrant tout le visage sauf les yeux.

Les requérantes alléguaient "que la loi du 1er juin 2011 et le règlement de police de la commune de Dison interdisant les "tenues vestimentaire dissimulant le visage des personnes" violaient leur droit au respect de la vie privée, leur droit à la liberté de manifester sa religion et, pour l’une d’entre elles, son droit à la liberté d’expression."

La Cour n'a pas accueilli leurs demandes. Selon une jurisprudence constante, elle a considéré que "l’interdiction des vêtements cachant le visage est proportionnée au but poursuivi, à savoir la préservation du "vivre ensemble", et qu’elle peut donc être considérée comme nécessaire dans une société démocratique."

Autriche
L'Autriche a songé à interdire le foulard intégral dans les lieux publics.

En mai 2017, le Parlement a interdit le port de vêtements masquant le visage dans les rues et les organismes publics. Cette prohibition est assortie d'une amende de 150 €. Cette loi a été mise en vigueur en octobre 2017. La police constatera et sanctionnera le non respect de la loi.

Danemark
Au Danemark, la loi interdisant le port du foulard islamique intégral dans les lieux publics est entrée en vigueur en août 2018.

A Copenhague, pro et anti-loi ont manifesté. Les manifestants hostiles à la loi : des gauchistes, des organisations musulmanes. Des femmes s'opposent aussi à cette loi.

Grande-Bretagne
Le 5 août 2018, The Telegraph a publié la tribune "Denmark has got it wrong. Yes, the burka is oppressive and ridiculous – but that's still no reason to ban it" (Le Danemark a tort. Oui, la burka opprime et est ridicule, mais ce n'est pas une raison pour l'interdire !) signée par Boris Johnson, ancien maire de Londres et ministre des Affaires étrangères de gouvernement May :
"Il est absolument ridicule que les gens doivent choisir de marcher en ressemblant à des boites à lettres ; et je n'aime pas toute tentative par un gouvernement - invariablement masculin - afin d'encourager de telles démonstrations de "modestie"...
 I sur contre une interdiction totale car c'est inévitablement interprété - à raison ou à tort - comme visant à marquer un bon point à l'égard de l'islam.
If a constituent came to my MP’s surgery with her face obscured, I should feel fully entitled – like Jack Straw – to ask her to remove it so that I could talk to her properly. If a female student turned up at school or at a university lecture looking like a bank robberthen ditto: those in authority should be allowed to converse openly with those that they are being asked to instruct.
As for individual businesses or branches of government – they should of course be able to enforce a dress code that enables their employees to interact with customers; and that means human beings must be able to see each other’s faces and read their expressions. It’s how we work.
All that seems to me to be sensible. But such restrictions are not quite the same as telling a free-born adult woman what she may or may not wear, in a public place, when she is simply minding her own business."

Diverses personnalités, dont le président du Parti conservateur, Brandon Lewis, lui ont demandé de présenter des excuses pour ses écrits. "Le secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères, Alistair Burt, a quant à lui qualifié d' "offensants" les propos de l'ancien ministre. Pour Sayeeda Warsi, ancienne vice-présidente du parti conservateur, l'ex ministre a agi de manière calculée pour s'attirer le soutien de la droite du parti."

"Le Conseil musulman du Royaume-Uni (MCB) a estimé qu'"en choisissant intentionnellement ces mots dans un journal national", Boris Johnson "léchait les bottes de l'extrême-droite". Des excuses sont le "minimum" mais le parti conservateur oit aussi s'interroger sur l'islamophobie en son sein, estime le Conseil.

Le 13 août 2018, Brendan O'Neill a publié "Boris Johnson is a victim of the modern inquisition", une tribune dans laquelle il défendait Boris Johnson.
"Muslim Council of Britain wants Theresa May to subject Boris to a ‘full disciplinary inquiry’ over his comments on the niqab and burqa. Let’s call this by its true name: an inquisition. This inquiry would be a 21st-century inquisition of a man simply for speaking ill of a religious practice. May must resist this borderline medieval demand that she punish a member of her party for expressing a ‘blasphemous’ thought. She must put aside her Borisphobia and stand up for freedom of conscience against the inquisitorial hysteria that has greeted Boris’s remarks.
Burqagate has been mad from the get-go. Reading some of the coverage of Boris’s Daily Telegraph column you could be forgiven for thinking he had called for a pogrom against Muslims and even against all people of colour. He has been denounced as a racist, a fascist, and of course an Islamophobe: anyone who raises even the slightest question about Koranic ideology or Islamic dress now runs the risk of being branded a ‘phobe’, just as those who queried the Bible or Christ in the past would be denounced as heretics. The bizarre return of blasphemy law.
But in truth, Boris said nothing racist. He didn’t mention people of colour or any ethnic group. He didn’t even call for intolerance against women who wear the niqab or burka. in fact he defended their rights. He said no ‘free-born adult woman’ should be told what she may and may not wear in public. That someone can be written off as ‘racist’ despite not saying anything racist, and despite writing in defence of the rights of a minority group, confirms how emptied of meaning the word racist has become. It now means nothing more than ‘bad person’; person we don’t like; person we wish to harry and shame out of public life by attaching to him the reputation-destroying brand of racist. Such a cynical misuse of language...
 There should be no inquiry into what Boris said. There should be no sanction against him, no punishment, no more hounding. Because if we are not free to question religion, then what has been the point of the past 500 years of struggle for the freedom of thought, the freedom of speech, and the freedom to disbelieve in gods and devils and anything else we judge to be a bit backward?"


2014, 27 minutes
Sur Arte, le 11 janvier à 13 h et le 17 janvier 2015 à 5 h 30

« Sous le signe du voile » de Hilka Sinning
52 mn
Diffusion le  12 janvier 2015 à 3 h 30

Visuels : 
Une jeune Turque voilée à Berlin-Kreuzberg
© Ion Casado/Medea

© Christoph Lerch/Medea
Une musulmane porte un burqini, un maillot de bain qui couvre tout le corps

Une jeune Turque voilée à Berlin-Kreuzberg
© Christoph Lerch/Medea

L’artiste et cinéaste iranienne Shirine Neshat
© Adnan Hodzic/Medea

Necla Kelek, sociologue et critique de religion
© Christoph Lerch/Medea

Nilüfer Göle et Uli Aigner
© Arte

A lire sur ce blog :
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Les citations viennent d'Arte et du documentaire. Cet article a été publié le 11 janvier 2015, puis les 19 août 2016, 2 février et 7 mai 2017.

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