Le Jeu de Paume présente l'exposition éponyme (Philippe Halsman, Astonish me! Philippe Halsman, Erstaunen Sie Mich!) consacrée au célèbre photographe américain auquel en 2013 le galeriste et collectionneur Serge Aboukrat et Maison Européenne de la Photographie (MEP) ont rendu un bel hommage à Paris. Né à Riga (alors empire russe, maintenant Lettonie) dans une famille Juive, Philippe Halsman (1906-1979) est injustement accusé de parricide, et sauvé de la peine capitale grâce à une mobilisation d'intellectuels européens. Novateur par ses « photographies d’idées » (photographs of ideas) et sa série Jumpology, cet artiste devenu américain devient célèbre par ses portraits de célébrités et ses photographies de mode.



En 2014, le musée de l'Elysée a présenté l'exposition Philippe Halsman, étonnez-moi ! (Philippe Halsman, Astonish me! Philippe Halsman, Erstaunen Sie Mich!)
C'est cette exposition itinérante que présente, en une version différente, le Jeu de Paume (20 octobre 20105-24 janvier 2016). L’exposition Philippe Halsman, étonnez-moi ! s'articule autour de quatre sections qui illustrent des périodes, des collaborations ou des thématiques marquantes de l’oeuvre et de la vie du photographe : Paris années 1930, portraits, mises en scène et Halsman/Dalí". Ce qui est gênant est que, de nouveau, rien n'indique la judéité de l'artiste, hormis l'antisémitisme ayant induit son procès.
"Loin d’être uniquement un photographe de célébrités, Philippe Halsman n’aura de cesse, toute sa vie, d’expérimenter et de repousser les limites de son médium. Il collabore notamment pendant plus de 30 ans avec Salvador Dalí et invente la « jumpology », qui consiste à photographier des personnalités en train de sauter, offrant ainsi un portrait plus naturel et spontané de ses sujets. Philippe Halsman se distingue par l’étendue de son champ d’activité : portraits, mode, reportages, publicité, projets personnels, commandes privées et institutionnelles. La photographie de Philippe Halsman se caractérise par une approche directe, une parfaite maîtrise technique et un soin du détail, et son œuvre révèle aussi une grande diversité animée par une constante exploration du médium. Au final, près de 300 images exclusives et documents originaux (planches et tirages par contact, épreuves préliminaires, photomontages, originaux et maquettes) sont présentés pour cette exposition rétrospective, apportant un éclairage unique sur l’œuvre et le processus d’un photographe exceptionnel et atypique".
L'exposition sera ensuite montrée au Kunsthal Rotterdam (27 février-5 juin 2016), au CaixaForum Barcelone (19 juillet-30 octobre 2016) et au CaixaForum Madrid (29 novembre 2016-12 mars 2017).
Mobilisation internationale pour Halsman
Philippe Halsman nait à Riga (alors dans l’empire russe, et dans l’actuelle Lettonie) en 1906, dans une famille Juive bourgeoise aisée dont le père est dentiste.

Major à sa sortie du lycée, il acquiert une formation d’ingénieur en électricité à Dresde.
En 1928, lors d’un séjour familial dans les Alpes autrichiennes, son père meurt dans des circonstances étranges.
Jeune étudiant brillant, Philippe Halsman est accusé de parricide, et condamné à mort.
"Grâce à la mobilisation de sa famille, de son avocat, et de nombreuses personnalités comme Albert Einstein, Thomas Mann et Sigmund Freud, il est libéré au bout de deux ans ; il sera gracié. Mais pour Philippe, accepter le pardon signifie être coupable. Cet épisode de sa vie aura une influence particulière sur sa personnalité : à cette culpabilité, son avocat et mentor lui opposera la nécessité de recouvrer sa dignité, en utilisant sa nouvelle liberté d'une manière constructive et créative. Ainsi, joie de vivre, don de soi et la diffusion du bonheur autour de lui deviendront des pôles centraux".
Les débuts parisiens
En 1931, l' intervention de Jean Painlevé lui permet d obtenir l' asile en France.
Philippe Halsman rejoint sa famille à Paris.
Là, en 1932, il ouvre un studio photographique au 22 rue Delambre, dans le quartier Montparnasse.
Philippe Halsman rejoint sa famille à Paris.
Là, en 1932, il ouvre un studio photographique au 22 rue Delambre, dans le quartier Montparnasse.



Dès 1936, Halsman, qui a étudié le travail d’autres artistes et photographes, en particulier les surréalistes dont il retient l’art de surprendre le lecteur, s’impose comme le meilleur portraitiste en France.

L'influence des surréalistes "sur son art du portrait se révèle dans la dimension particulière de l'exploration de l'inconscient de son sujet, et dans l'utilisation symbolique d'objets afin de composer des images qui suscitent le désir".

La Galerie de la Pléiade, boulevard Saint-Michel, organise alors sa première exposition.
Fuyant la France à l’été 1940, son épouse, leur fille, sa sœur et son beau-frère parviennent aux Etats-Unis comme citoyens lettons, bien qu’ils détiennent un passeport français.
A Marseille, après de longs mois d’attente, grâce à l’intervention d’Albert Einstein, qui avait rencontré la sœur d’Halsman dans les années 1920, Halsman obtient un visa urgent pour entrer aux Etats-Unis.
Célébrité aux Etats-Unis
Il se rend à Lisbonne, et de là, muni de son appareil photographique et d’une douzaine d’épreuves, embarque dans un navire de réfugiés pour les Etats-Unis en novembre 1940.
Sa rencontre avec Salvador Dali en 1941 marque "les débuts d'une collaboration et d'une amitié de plus de trente ans, avec la mise en commun de leurs idées en images, dont la plus connue demeure « Dali Atomicus ».
Sa rencontre avec Salvador Dali en 1941 marque "les débuts d'une collaboration et d'une amitié de plus de trente ans, avec la mise en commun de leurs idées en images, dont la plus connue demeure « Dali Atomicus ».




Il réalise aussi des photos pour des publicités pour des firmes aussi renommées qu’Elizabeth Arden cosmetics , NBC, Simon & Schuster, et Ford.

Familier des surréalistes, Philippe Halsman débute en 1941 une collaboration de 37 ans avec Salvador Dali, d’où sont nées des « photographies d’idées » (photographs of ideas).

Philippe Halsman utilise l'expression de « portrait psychologique », qu'il réutilise en 1962 au cours de ses célèbres séminaires de photographie à la Famous Photographers' School, rappelant les conférences de psychanalyse.

A l’époque, les Américains apprennent le monde par leurs journaux, à la radio et aux Actualités cinématographiques. Avec Life et les autres magazines populaires, ils découvrent une actualité présentée différemment, de manière attrayante, vivante, et illustrée de photos brillantes, dramatiques, mêlant histoires sur la politique internationale, vie quotidienne, célébrités, exotisme et humour. Les images d'Halsman illustrent la société américaine prospère du milieu du XXe siècle.

Quand Halsman a fait poser les comédiens de la NBC contre un papier blanc nu, en éliminant tout élément de contextualisation, ces artistes ont paru à la fois drôles et fragiles.
De l’exploration de l’inconscient érotique par les surréalistes, Philippe Halsman a appris comment associer glamour, sexe, l’énergie et la santé dans un portrait. Ce qui a fait de lui le photographe favori de Life pour des stars sensuelles.



Dès 1950, quand "cet artiste se met à faire sauter ses sujets pour les alléger de toute contrainte, cherche-t-il à se libérer de cette triste période de sa vie, en amenant de la joie et des rires ? Il nomme alors cette technique, avec beaucoup d'humour, du terme pseudo-scientifique de « jumpology ». Jusqu'en 1970, il photographie les plus grands de ce monde : de Marylin Monroe à Brigitte Bardot, de Mme Ford à Richard Nixon,des Windsor à Edward Steichen , artistes, écrivains, scientifiques, industriels, athlètes etc. Lors du saut, établi comme un rituel, avec une dimension onirique, le masque tombe, la vérité profonde de l'être apparaît. Pour lui, ils ont sauté, et ils se sont exposés à notre regard. La fine approche psychologique de cet artiste leur a permis lors de ce « colloque singulier » de partager leur sensibilité, leurs intérêts, d'être regardés pour ce qu'ils sont et non pour ce qu'ils représentent.
Philippe Halsman le dira et le répétera lors de séminaires donnés aux étudiants : « Dans le saut, le sujet ne peut contrôler à la fois ses muscles et son expression. »
Etait-il le seul à le savoir ? D'où lui venait son acuité sur les êtres, son empathie pour leurs fêlures et leurs joies ? D'où, si ce n'est de sa propre histoire... Il nous propose de nous voir et de nous reconnaître, dans tous ces « pseudo-fous sautant », désinhibés par ce « sérum de vérité » - donc tellement plus photogéniques. Et je me demande combien, parmi tous ces gens célèbres, ont été amenés à se remettre en cause, à se sentir mieux grâce à un saut halsmanien ?
Ainsi, lorsque Philippe Halsman veut faire sauter le Juge Learned Hand, 87 ans, celui-ci lui répond : « Ne croyez-vous pas que cela puisse me tuer ? Après tout, peut-être n'est-ce pas si mal de partir ainsi ». Philippe Halsman ne peut retenir ses larmes devant cet aveu sur la fragilité de la vie".

En 1958, un sondage mené par Popular Photography auprès des photographes le désigne comme l’un des dix plus grands photographes au monde aux côtés d’Irving Penn, Richard Avedon, Ansel Adams, Henri Cartier-Bresson, Alfred Einsenstaedt, Ernst Hass, Yousuf Karsh, Gjon Mili et Eugene Smith.

De 1971 à 1976, Halsman enseigne dans le cadre du séminaire Psychological Portraiture à The New School.


En 1913, le Musée de l'Elysée a offert en 2014 tout son espace, du "second sous-sol aux combles" à une rétrospective de Philippe Halsman. "En complément de ses photographies iconiques, le musée a retrouvé les essais, les tentatives, les maquettes, les collages, les publications d’un créateur qui n’a eu de cesse d’expérimenter avec l’image". A noter son portrait de Churchill, de dos et si reconnaissable sur un fond bucolique.
L'exposition Paris Magnum (12 décembre 2014-25 avril 2015) a présenté notamment un portrait d'André Malraux par Philippe Halsman.
Au Jeu de Paume
1, place de la Concorde. 75008 PARIS
Tél. 01 47 03 12 50
Le mardi de 11 h à 21 h
Du mercredi au dimanche de 11 h à 19 h
1, place de la Concorde. 75008 PARIS
Tél. 01 47 03 12 50
Le mardi de 11 h à 21 h
Du mercredi au dimanche de 11 h à 19 h
Du 29 janvier au 11 mai 2014
Au Musée de l'Elysée
18, avenue de l'Elysée, 1014 Lausanne. Suisse
Tél. : +41 21 316 99 11
Du mardi au dimanche de 11 h à 18 h
Jusqu’à fin septembre 2013
A la galerie Serge Aboukrat
7, place de Furstemberg, 75006 PARIS
Tél. : 09 66 94 02 12/ 01 44 07 02 98
Du dimanche au vendredi, de 15 h à 19 h
Jusqu’au 15 septembre 2013
A la Maison Européenne de la Photographie (MEP)
5/7, rue de Fourcy, 75004 Paris
Tél. : 01 44 78 75 00
Du mercredi au dimanche de 11 h à 20 h
A la Maison Européenne de la Photographie (MEP)
5/7, rue de Fourcy, 75004 Paris
Tél. : 01 44 78 75 00
Du mercredi au dimanche de 11 h à 20 h
Visuels :
Grace Kelly, 1955
Grace Kelly, 1955
© Philippe Halsman / Magnum Photos
Albert Einstein, 1947
© Philippe Halsman
Albert Einstein, 1947
© Philippe Halsman
Salvador Dali, 1953
© Philippe Halsman / Magnum Photos
Expérimentation pour un portrait de femme, 1931-1940
© Philippe Halsman
Dalí Atomicus, 1948, planche contact
© Philippe Halsman
Folle Iseult, 1944
© Philippe Halsman
Sammy Davis Jr, 1965
© Philippe Halsman
Jean Seberg, 1959
© Philippe Halsman
Maria Felix, 1956
© Philippe Halsman
Portrait d’Alfred Hitchcock pour la promotion du film Les Oiseaux, 1962
© Philippe Halsman
Winston Churchill, 1951
© Philippe Halsman
Philippe Halsman, André Malraux, 1934
© Philippe Halsman/Magnum Photos
© Philippe Halsman / Magnum Photos
Expérimentation pour un portrait de femme, 1931-1940
© Philippe Halsman
Dalí Atomicus, 1948, planche contact
© Philippe Halsman
Folle Iseult, 1944
© Philippe Halsman
Sammy Davis Jr, 1965
© Philippe Halsman
Jean Seberg, 1959
© Philippe Halsman
Maria Felix, 1956
© Philippe Halsman
Portrait d’Alfred Hitchcock pour la promotion du film Les Oiseaux, 1962
© Philippe Halsman
Winston Churchill, 1951
© Philippe Halsman
Philippe Halsman, André Malraux, 1934
© Philippe Halsman/Magnum Photos
A lire sur ce blog :
Articles in English
Les citations proviennent du dossier de presse, de Linda Cukierman et Serge Aboukrat. Une partie de cet article a été publiée le 13 septembre 2013 dans l'article L'œil d'un collectionneur : Serge Aboukrat : du cliché-verre à Philippe Halsman. Cet article a été publié les 21 février et 9 mai 2014, 24 avril et 26 octobre 2015.
Les citations proviennent du dossier de presse, de Linda Cukierman et Serge Aboukrat. Une partie de cet article a été publiée le 13 septembre 2013 dans l'article L'œil d'un collectionneur : Serge Aboukrat : du cliché-verre à Philippe Halsman. Cet article a été publié les 21 février et 9 mai 2014, 24 avril et 26 octobre 2015.
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