Helen Levitt (1913-2009) est une photographe de rue (street photographer) Juive américaine, célèbre pour ses portraits, souvent d’enfants jouant, et ses scènes narratives, lyriques, dramatiques et mystérieuses de sa ville natale, New York. Une photographe secrète, influencée par Cartier-Bresson, Evans, Shahn et Agee, pionnière dès 1959 dans la photographie en couleurs, mais fidèle au noir et blanc jusqu’aux années 1990, aimant la compagnie de ses chats et son appartement de la Big Apple.
« Helen Levitt travaillait dans des quartiers pauvres parce qu’ils regorgeaient de monde, et que la vie de la rue était socialement riche et visuellement intéressante. Ce qui est remarquable dans ses photographies, c’est que ces actes de vie anodins et routiniers y sont révélés pleins de grâce, de drame, d’humour, de pathos et de surprise. [Ses photographies] sont emplies des attributs de l’art, comme si la rue était une scène, et ses habitants étaient des acteurs, des mimes, des orateurs et des danseurs », note l’historien et photographe John Szarkowski (1925-2007).
« Cérémonie de l’innocence » (William Butler Yeats)
Helen Levitt est née le 31 août 1913 à Brooklyn (New York), dans une famille juive d’origine russe commerçante.
Helen Levitt est née le 31 août 1913 à Brooklyn (New York), dans une famille juive d’origine russe commerçante.
Elle quitte l’école précocement.
Dès 1931, elle apprend la photographie auprès d’un portraitiste, J. Florian Mitchell, dans le Bronx. Elle apprend notamment le développement des clichés.
Par des magazines et des expositions, Helen Levitt prend connaissance du travail documentaire de membres de la Film and Photo League et de Cartier-Bresson (1908-2004), de Walker Evans (1903-1975) et de Ben Shahn.
Autodidacte, attentive à la composition, elle aiguise son regard en fréquentant musées et galeries. En 1936, elle achète son deuxième Leica, appareil préféré de Cartier-Bresson.
Alors qu’elle enseigne l’art à des élèves en 1937 dans le cadre du Federal Art Project, elle est intriguée par les dessins à la craie (Sidewalk chalk) effectués par des enfants sur les murs et trottoirs, éléments caractéristiques de la culture des enfants des rues de la Big Apple.
Avec son Leica, elle filme ces œuvres belles pleines cde fantaisie, et leurs jeunes auteurs. En 1987, ces clichés sont rassemblées dans In The Street: chalk drawings and messages, New York City 1938–1948, un livre classé parmi les cent meilleurs livres de photos.
« Helen adore lire des romans policiers, elle est plus viscérale qu’intellectuelle. Elle n’a jamais eu aucun plan de carrière ou le moindre désir d’être célèbre même si elle est reconnue comme un maître de la photographie », a déclaré le galeriste new-yorkais Laurence Miller.
En 1938-1939, Helen Levitt étudie auprès de Walter Evans, photographe engagé par la Farm Security Administration lors de la Grande dépression. Elle l’accompagne dans le métro quand il prend ses photos incognito. Elle saisit aussi les habitants de quartiers pauvres, Spanish Harlem et Lower East Side.
En juillet 1939, Fortune publie ses photographies lors de son numéro sur New York.
En 1940, le cliché d'Helen Levitt sur Halloween est présenté dans l’exposition inaugurale du département photographie du Musée d’art moderne (MoMA ) de New York.
En 1941, elle voyage au Mexique et travaille comme monteuse pour le cinéaste Luis Buñuel, rencontré grâce à son amie peintre Janice Loeb. Ce réalisateur espagnol réalise des films de propagande pro-américains.
C’est en 1943 que Edward Steichen (1879-1973) organise son exposition individuelle au Musée d’Art moderne, puis Helen Levitt entame une carrière de photographe documentaire pour la presse.
Elle réalise avec James Agee (1909-1955), critique cinématographique et romancier, et Janice Loeb deux films considérés comme précurseurs du cinéma américain indépendant expérimental : The Quiet One (1949) et In the Street : Chalk Drawings and Messages (1952). Helen Levitt poursuit son activité de monteuse jusqu’en 1972.
En 1959 et 1960, la fondation Guggenheim lui accorde deux bourses pour étudier les techniques de la photographie couleurs. Helen Levitt arpente donc les rues newyorkaises.
En 1976, elle est associée au National Endowment for the Arts (NEA).
Ses œuvres ont notamment été acquises par le Museum of Modern Art de New York et le Tokyo Metropolitan Museum of Photography.
En 2007, la Fondation Henri Cartier-Bresson (FHCB) a présenté une centaine d’épreuves argentiques d’Helen Levitt, noir et blanc - souvent des tirages d’époque - et couleurs, parfois inédites, réalisées entre les années 1930 et 1980, pour la plupart à New York, sa ville natale et sa cité de prédilection, ainsi que de rares images de son voyage au Mexique en 1941. Ces dernières ont été mises en parallèle avec les clichés pris quelques années auparavant par Henri Cartier-Bresson, « un génie » qui l’influence dès leur rencontre en 1935.
En 2010, le centre d’art Le Point du Jour à Cherbourg a présenté la rétrospective Un lyrisme urbain de l’artiste.
Figure emblématique de la photographie documentaire du XXe siècle, Helen Levitt montre, sans a priori ni imposer un quelconque message, la vie dynamique et bigarrée des quartiers pauvres, les jeux des enfants.
« Tout ce que je peux dire à propos du travail que j’essaye de faire, c’est que la beauté est dans la réalité elle-même », observe cette artiste très primée.
Helen Levitt est l'une des photographes mises à l'honneur dans l'exposition Qui a peur des femmes photographes ? 1839 à 1945 présentée en deux parties chronologiques au musée de l'Orangerie et au musée d'Orsay.
Rencontres d'Arles 2019
Lors des Rencontres d'Arles (1er juillet-22 septembre 2019), l'Espace van Gogh proposa l'exposition "Helen Levitt, observatrice des rues new-yorkaises". Le Commissaire de l’exposition est Walter Moser. L'exposition est produite par l’Albertina, Vienne, en collaboration avec les Rencontres d’Arles. Wallpapers réalisés par Processus, Paris.
Est publié "Helen Levitt" par Duncan Forbes, Astrid Mahler, Walter Moser, Christina Natlacen, Bert Rebhandl (Kehrer Verlag, 2019), catalogue d'exposition. "Helen Levitt (1913 – 2009) numbers among the foremost exponents of street photography. As a passionate observer and chronicler of everyday street life in New York, she spent decades documenting residents of the city’s poorer neighbourhoods such as Lower East Side and Harlem. Levitt’s oeuvre stands out for her sense of dynamics and surrealistic sense of humour, and her employment of color photography was revolutionary: Levitt numbers among those photographers who pioneered and established color as a means of artistic expression. The book accompanying the retrospective of the Albertina Museum features around 130 of her iconic works. Many of these photos come from Helen Levitt’s personal estate, and this exhibition represents their first-ever public showing."
Du 1er juillet au 22 septembre 2019
A l'Espace van Gogh
Place Félix Rey, 13200 Arles
Tél. : +33 4 90 49 39 39.
De 10 h à 19 h 30
Encadrements réalisés par l’Albertina, Vienne.
Avec le soutien de la Collection Florence & Damien Bachelot.
Visuel :
Helen Levitt, New York, 1980. Collection privée. Film Documents LLC, avec l’aimable autorisation de Thomas Zander Gallery, Cologne
Visuel :
Helen Levitt (1918-2009)
New York, vers 1940
Tirage argentique, 9 x 14,7 cm
Washington, National Gallery of Art
© Estate of Helen Levitt
© Photo courtesy of the National Gallery of Art, Washington
A lire sur ce blog :
Cet article a été publié en une version plus concise par L'Arche. Il a été publié sur ce blog le 31 août 2013, puis les 12 novembre 2015, 19 juillet 2019.
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